dimanche 12 mars 2017

Bourg st Andéol

Ce mercredi 8 mars 2017, nous partons avec l’UIAD pour une sortie culturelle d’une journée à Bourg St Andéol dans l’Ardèche.

Nous sommes accueillis de façon très sympathique et sous un beau soleil printanier, par nos guides dans la cour d’honneur du palais des évêques.

Après le café-croissant d’accueil fort apprécié, nous entamons la visite du palais des évêques avec un guide historien qui nous fait voyager avec maestria à travers les siècles.

Le palais est classé monument historique depuis 1946. Il est situé au cœur du bourg et domine les bords du Rhône.

Il se présente comme un vaste ensemble de 4 000 m2 sur cour fermée.
vue de la terrasse et du Rhône

Bourg Saint Andéol est la deuxième ville de Rhône-Alpes après Lyon, pour le nombre de monuments inscrits ou classés.

Grâce au Rhône qui permet le transport tant des humains que des biens, et à sa situation géographique, Bourg Saint Andéol va se développer.

Fondé sur le rocher Saint Michel, site de l’ancien castrum dépendant des sires de Montdragon, le palais devient la résidence privée des évêques de Viviers, seigneurs dominants de Bourg Saint Andéol, dès le milieu du XIIIe siècle.
le Rhône

C' est un fort médiéval à l'architecture complexe.

Du XVe siècle au XVIIe siècle il va être embelli par les évêques de Viviers, Seigneurs de Bourg Saint Andéol, qui l’occupent.

Plus de quarante évêques vont se succéder dans les lieux.

Vers 1500, Claude de Tournon, évêque de Viviers, poursuit l’œuvre entreprise par ses prédécesseurs, dont celle de la famille des Poitiers-Valentinois.

La façade gothique donnant sur le Rhône est un témoignage des travaux entrepris par Claude de Tournon.
Vue du palais depuis le Rhône

La tour de ronde du 16e siècle est imposante avec ses poivrières (tours de guets), ses gargouilles et ses fenêtres croisées encadrées de moulures et de colonnes torses.

Monseigneur Louis-François de la Baume de Suze, évêque de 1621 à 1690, exerce une réelle influence sur l’aspect actuel du Palais : en 1637, il fait peindre les plafonds à la française de ses appartements.

De 1729 à 1792, le Palais va être transformé en petit séminaire qui sera réputé pour ses études en philosophie.

De 1792 à 1826, la Révolution française le transforme en Hôtel de Ville et gendarmerie. Il a aussi servi de caserne et a subi au fil des ans de graves mutilations.

Il devient ensuite une école privée pendant 140 ans, jusqu’au mois de juin 1998 et est propriété privée depuis 2000. Les propriétaires font d'énormes restaurations très respectueuses de l'histoire du bâtiment et l'ouvre au public.

A notre plus grand regret les photos à l’intérieur du palais sont interdites.
La visite richement commentée nous fait découvrir la salle à manger avec sa cheminée monumentale, la cuisine double, les chambres avec de magnifiques cheminées médiévales, la chambre dite de « Mazarin » où le cardinal a séjourné en 1642, les plafonds à la française, et certains couverts de fresques du 17e siècle représentant des scènes de l’ancien testament qui alternent avec des coupes de fruits godronnées et autres motifs.

Toutes les pièces sont richement meublées, décorées et agrémentées de vaisselle, tableaux, costumes…. La chambre épiscopale possédait de la vaisselle d’argent rehaussé d’or.

Les évêques qui ont apportés la plus grande contribution à la modification du palais sont Guillaume de Poitiers, Hélie de Pompadour, Jean de Montchenu, Claude de Tournon (aumônier d’Anne de Bretagne) et Louis de la Beaume de Suze.

Nous voyons également une grande chapelle de style néo-gothique du XIXe siècle construite sur un cimetière celtique, décorée de tableaux et de vitraux du peintre René Margotton, élève de Fernand Léger.


Nous nous dirigeons ensuite vers la cours d'honneur et le grenier d’Abondance, pour une conférence qui précède l’excellent repas qui nous attend.

L’après-midi, une guide va nous faire découvrir la ville de Bourg Saint Andéol et ses richesses historiques, ou plutôt ce qu’il en reste car le 15 août 1944 les américains qui avait pour objectif de détruire le pont suspendu qui traversait le Rhône entre l’Ardèche et la Drôme ont bombardé la ville en faisant 149 victimes et 300 blessés et ont détruit une partie de la ville en endommageant quelques-uns de ses plus beaux monuments, comme l’hôtel Nicolaÿ (XVe siècle), dont il ne reste plus qu’une tour octogonale.

Le premier nom connu de la ville de Bourg Saint Andéol est Bergoïata, nom d’origine celtique. Au début de l’ère romaine, ce nom devint Bergus ou Burgum.
Le nom actuel, qui remonte au XVe siècle, perpétue la mémoire d’Andéol, sous-diacre de l’église de Smyrne venu évangéliser la région.

L’hôtel particulier Nicolaÿ a été construit par la famille en deux temps, à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle. Il marque le passage entre le gothique tardif et la Renaissance.
La tour octogonale renferme un escalier à vis hélicoïdal. Deux corps de bâtiment ont disparu lors du bombardement.
La famille Nicolaÿ doit sa notoriété à Jean II de Nicolaÿ qui au XVe siècle a exercé des fonctions de chancelier en Italie auprès de Louis XII, puis celle de 1er président de la Chambre des Comptes à Paris.
Ses successeurs ont occupé cette charge jusqu’à la révolution française.

La tour est toujours propriété de la descendance de la famille.
L’église est dédiée à St Andéol.


C’est une église romane, elle remonte à l’époque carolingienne (IXe siècle).
Elle a été église paroissiale (Bourg Saint Andéol en comptait trois) jusqu’au XVIIIème siècle. Elle est originale par son organisation : elle possède un chœur surélevé sur une crypte de plan tréflé, sous laquelle s'est trouvé à une époque le tombeau de Saint Andéol.
l'intérieur de style roman

Remaniée au XIIe siècle elle a connu depuis, des modifications comme la construction du campanile au XVIe siècle, la suppression de la contre-abside romane à l’ouest remplacée par la façade actuelle (début XVIIIe siècle), et l’adjonction de chapelles latérales.

A l’origine, la porte d’entrée était latérale, orientée vers le sud.
la façade avec la statue de st Andéol

A l’intérieur, à la croisée du transept on peut admirer une belle coupole octogonale.

Le tombeau de St Andéol, situé à l’intérieur, à droite du chœur, est un sarcophage antique, qui a été réutilisé pour recevoir les reliques du Saint. Il a été sculpté au début du XIIème siècle
La légende indique qu’après son martyr en 208, le corps de St Andéol échoua à peu de distance de l’église actuelle. Sa dépouille aurait été recueillie et enterrée par une Romaine convertie à la religion chrétienne.
Ses reliques ont fait jusqu’à la Révolution, l’objet de culte et de pèlerinage.
le sarcophage contenant les reliques de st Andéol

L’orgue date de 1609, commandé pour la cathédrale de Viviers, elle à été acheté en 1841 par la paroisse de Bourg Saint Andéol. Elle est classée monument historique depuis 1987.

Vue du Sud Est, on apprécie la progression des élévations jusqu’aux différents étages du clocher.

Après la visite de l’église, nous visitons la chapelle St Polycarpe, qui été désacralisée et est utilisée aujourd'hui pour des expositions et des conférences.

St Polycarpe, évêque de Smyrne et successeur de St Jean, aurait envoyé St Andéol en Gaule pour l’évangéliser.

L'église st Polycarpe est de style roman. Elle est du XIIe siècle. Elle est originale car elle possède un chœur surélevé sur la crypte.

La crypte est en pierres de taille de plan tréflé, formée de trois absides semi-circulaires voûtées en cul-de-four. Elle a certainement été construite pour abriter les reliques de saint Andéol, ce que tend à confirmer une inscription du XIIe siècle, dans l’escalier nord, ainsi rédigée : « Sce Andeole intercede pro nobis ».

Nous allons maintenant sauter quelques siècles et visitons 2 hôtels particuliers du 18e siècle.

Tout d’abord, l’Hôtel de Digoine qui n’était pas prévu au programme mais que l’aimable propriétaire des lieux nous a ouvert à la visite.

Il nous a donné des explications sur l’histoire de sa demeure aujourd’hui faisant partie des « demeures et châteaux »

A la fin du XVIIIe, Monsieur Giraud, négociant en soie aménage cette demeure par la réunion de deux immeubles contigus, le sien et celui de la famille de Digoine.

Cet hôtel particulier est composé d’un corps de logis principal flanqué de deux ailes autour d’une cour pavée. La grille en ferronnerie présente un couronnement décoré de feuilles et des initiales des propriétaires.
Nous visitons maintenant l’Hôtel Bonot de Villevrain.

Nous sommes accueillis par l’hôte qui nous explique que l’hôtel est en cours de restauration et ce grâce au travail de personnes sans-abris accueillis par une association qui s’est donné l’objectif la réinsertion par le travail.
Un sympathique goûter nous est servi.
Cette demeure appartenait donc à la famille de Bonot qui était une très vieille famille bourguésanne enrichie dans le commerce du drap.
Paul de Bonot acquiert et aménage cet hôtel particulier en 1748 pour le mariage de son fils Emmanuel, marquis de Villevrain, avec Marie-Élisabeth Robert d’Acquéria, issue d’une famille appartenant à l’ancienne noblesse.
Il s’agit d’un hôtel entre cour et jardin, composé d’un corps principal et de deux ailes. La façade est harmonieuse, des motifs végétaux sur des cuirs enroulés sont disposés autour de la porte cochère. A noter la remarquable restauration du perron de la cour d’honneur.

Nous terminons notre promenade découverte par le bas-relief dédié au dieu Mithra. Ce bas-relief constitue le fond du temple du dieu Mithra sculpté à même le rocher, entre les deux sources, au cœur du Vallon de Tourne.
On voit le jeune dieu enfonçant le poignard dans le cou du taureau. Par ce sacrifice, il assure le salut du monde menacé par les forces du mal représentées ici, par le serpent et le scorpion. De l’animal jaillit une vie nouvelle, illustrée par l’épi de blé que l’on distingue à l’extrémité de la queue du taureau. Le soleil et la lune à l’extérieur de la scène donnent une dimension cosmique au sacrifice.
Numinibus augustorum deum invictum titus aureliys de sua pecunia fecit... soit : Titus Aurelius a fait faire cette image du dieu invincible à ses propres frais.


Sur le chemin du retour une photo de ce magnifique lavoir du 19e siècle et du ruisseau qui l'alimente.

Il reste encore bien de belles choses à voir mais il est l’heure de rentrer à Grenoble, nous rejoignons le car, heureux de cette belle journée.
Que Andrée et Michèle T.. en soit remerciée.


Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze