samedi 25 août 2018

voyage en Egypte_jour 6_Le village des artisans de Deir el-Médineh et le temple


Le 6e jour de notre voyage, le 16 février 2018, tôt le matin, nous quittons notre bateau pour Deir el-Médineh (ou Deir al-Médîna).

Nous traversons le Nil

Quelques images de l'architecture égyptienne aujourd'hui.

Les Pharaons de la XVIIIe dynastie ont décidé d'aménager leurs sépultures au pied de la montagne thébaine, qui deviendra la Vallée des Rois.
Pour construire leurs tombes ils ont besoin d'artisans qualifiés.
C'est Aménophis 1er (- 1525-1504) qui met en place le premier, une équipe d'ouvriers affectés à à la construction de ces tombes.
C'est son successeur Thoutmosis 1er (1504 -1492 av JC) qui décide de regrouper tous les ouvriers sur un même site et fait construire le village appelé aujourd'hui Deir el-Médineh (ou Deir al-Médîna), pour loger les artisans.

Il se situe sur le chemin qui mène du Ramesséum à la vallée des reines. Il était relié à la vallée des rois par un sentier traversant la montagne.

Son nom antique est, Set Maât her imenty Ouaset qui signifie « La place de Maât (ou Place de vérité) à l'occident de Thèbes ».
C'est le seul village qui se situe à l'ouest du Nil.

Durant le Nouvel Empire (de la XVIIIe à la XXe dynastie) qui a duré près de 500 ans, cette confrérie a construit les tombes des Amenhotep, des Thoutmôsis, des Ramsès et de Toutânkhamon.

Ce sont également eux qui ont bâti le temple monumental d'Hatchepsout sur le site de Deir el-Bahari

La déesse Mertseger était la protectrice du village. Elle résidait au sommet de la pyramide naturelle, la Cime, formée par un pic de la montagne thébaine (450 m).

À son apogée, le village couvrait une superficie de 5 600 m2 et comptait environ 120 ouvriers (soit 1 200 personnes au total, en comptant les familles).
Deux équipes se partageaient les tâches d'aménagement et de décoration des sépultures pharaoniques. Chaque équipe était constituée de contremaitres, de maçons, de peintres, de graveurs, de sculpteurs, etc...

C'est là qu'à la fin du règne de Ramsès III (vers 1166 av. J.-C), il y a eu une grève des ouvriers. Cette grève (la 1er connue de l'histoire) est relatée sur le Papyrus de la Grève conservé au Musée de Turin.

Le village était composé de 68 maisons mitoyennes donnant sur une rue principale.
Toutes les maisons étaient similaires.
Les pièces étaient disposées en enfilade. Elles disposaient d’une cuisine et de dépendances. Elles avaient une surface moyenne de 70m2.

Les murs étaient en pierres et en briques crues séchées. Ils étaient recouverts d’un enduit d’argile lissé appelé mouna.

Le linteau de la porte d’entrée était en pierre gravé au nom du propriétaire, et c'est d'ailleurs grâce à cela que onze propriétaires ont pu être identifiés.
A l’intérieur, le linteau et la porte d’entrée étaient peints en rouge pour protéger les occupants.
Le sol était en terre battue.
Les deux premières pièces étaient les plus grandes et destinées à la vie de la famille.
Dans la plupart des maisons on remarque une estrade d’environ 80cm de haut desservie par un escalier. Il s’agissait d’un autel pour les dieux protecteurs.
Les murs des pièces étaient percés de niches pour y déposer des ex votos.
Le toit était en feuilles de palmiers afin de laisser passer la lumière (ces maisons n’avaient pas de fenêtres) et pour protéger de la chaleur.
Après ces 2 pièces il y avait un couloir qui servait de lieu de stockage puis la cuisine qui était à ciel ouvert.
Un escalier permettait d’accéder au toit utilisé comme terrasse.

Le village était protégé par une muraille de cinq mètres de haut percée d'une porte gardée nuit et jour.

Sur le flanc de la colline hors de l'enceinte et jouxtant le village, les ouvriers ont construit et décoré leurs tombes.
Nous visitons la tombe d'Inherkhaou et de son épouse Ouab(et) ("la Pure").
Il était chef des artisans sous le règne de Ramsès III et de Ramsès IV qui est une période d’appauvrissement où seulement les plus aisés pouvaient faire décorer leurs tombes.
Celle-ci contient les meilleurs exemples de peintures de la XXe dynastie.
 

Nous voyons aussi la tombe de Sennedjem. Elle est très belle et les peintures relatives au livre des morts sont très bien conservées.

Sennedjem a vécu à la XIXème Dynastie, sous le règne du pharaon Sethy I et les premières années de Ramsès II.
La sépulture a été découverte en 1886 par l'égyptologue Bernard Bruyère qui écrit :
"La tombe N°1 est non seulement une des plus belles et des mieux conservées de Thèbes; mais c'est, de plus, un exemple parfait, complet et typique d'un grand tombeau de famille
comprenant les quatre composants réguliers, la cour et les chapelles accessibles aux vivants, le puits et le caveau réservés aux morts".
 

Construit en même temps que le village au début de la XVIIIe dynastie (début du Nouvel Empire), le temple de Deir El medineh est dédié à Hathor, était destiné aux habitants du village des artisans.
Il a été modifié pendant les XIXe et XXe dynasties avant d'être totalement
détruit et reconstruit sur des temples précédents sous le règne de Ptolémée IV Philopator (221-203 av JC).

Il se trouve au milieu d’une grande cour entourée d’un mur en briques crues.
Il est de modestes dimensions : 9 mètres (soit environ 17 coudées, 2 paumes) de large pour 22 mètres (soit environ 42 coudées, 2 paumes) de long.

Plan du temple

Une première salle hypostyle forme l'entrée.

La chambre du milieu, vestibule ou pronaos est séparée de cette salle par un portique avec des colonnes hathoriques.

En face de l'entrée du pronaos, se trouvent les entrées de 3 chapelles complètement peintes.
La chapelle Nord, est consacrée à Amon-Rê-Osiris.

La chapelle Centrale est décorée de nombreuses scènes d’offrandes à diverses divinités. Cette chapelle était dédiée à Hathor-Maât. Le plafond, orné d’étoiles à cinq branches, est complété en son centre par une succession de vautours volant vers la porte.

La chapelle Sud, dédiée à Amon-Sokaris-Osiris, contient une scène, rarissime dans un sanctuaire : la pesée du coeur avec la dévoreuse Ammit.
 

Le temple a servi pendant plus d'un millénaire au culte égyptien puis pendant trois siècle à la célébration du culte chrétien.
Nous pouvons d'ailleurs voir de nombreuses inscriptions coptes gravées sur la paroi de sa façade et de son mur septentrional.

Ce village a été abandonné, puis pillé, dès la Troisième période intermédiaire qui a débuté à la fin du règne de Ramsès XI.

À partir de 1810, de nombreuses tombes et maisons encore en excellent état sont littéralement pillées et saccagées.
C'est l'archéologue français, Auguste Mariette qui met fin à ce pillage sauvage dans les années 1850.

Le village est fouillé dans sa partie nord de 1905 à 1909 par l’archéologue italien Ernesto Schiaparelli pour le compte du musée égyptologique de Turin.

C'est Bernard Bruyère qui pendant 30 ans de 1917 à 1947 va explorer systématiquement le site et découvrir de nouvelles tombes.

Nous quittons ce magnifique site archéologique pour nous rendre au temple à Medinet Habou à quelques kilomètres.




Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze