vendredi 24 mai 2019

Exposition Hammershoi au musée Jacquemart André_Paris


Le 02 mai 2019, dans le magnifique musée jacquemart André situé 158 Boulevard Haussmann à Paris, nous avons vu l’exposition du grand maître de la peinture danoise, Vilhelm Hammershøi.
L’exposition se tient du 14 mars au 22 juillet 2019.
Quelques photos du musée Jacquemart André avant la visite de l'exposition.

Sur le patio à l'étage nous pouvons voir la célèbre fresque de Tiepolo (1696-1770) : la réception d’Henri III à la villa Contarini.

Elu roi de Pologne en 1573, le futur Henri III décide de rentrer un an plus tard en France pour succéder à son frère Charles IX qui vient de mourir.

En chemin, il séjourne à Venise pendant une douzaine de jours, où il reçoit un accueil grandiose.

Au moment de quitter la Vénétie, il s’arrête dans la villa du procureur Federico Contarini sur les rives du Brenta.

En 1745, c’est cette visite que peindra Gianbattista Tiepolo pour décorer le vestibule de la villa Contarini.

Un siècle et demi plus tard le couple André découvre qu’elle est à vendre et l’achète pour leur hôtel parisien.

En 1998, Les assurances Generali financent la restauration de la fresque murale que nous admirons aujourd’hui.

Nous arrivons aux salles consacrées à l'exposition;
Vilhelm Hammershøi (1864-1916) était considéré comme un phénomène à part dans l'art danois et européen. Il peignait avec un certain conservatisme dans une époque marquée par le modernisme.

Nous découvrons une quarantaine d’œuvres, présentées pour la première fois en France, issues de la Ambassador John L. Loeb Jr. Danish Art Collection mais aussi de musées du Danemark et de Suède, du musée d'Orsay, de la Tate de Londres et de collections particulières. Les tableaux exposés évoquent l'ensemble de son œuvre avec son atmosphère profonde et énigmatique.

Les tableaux exposés illustrent toutes les facettes de son œuvre : les premiers portraits, les nus, les vues d'architecture et les paysages, et bien sûr l’extraordinaire série d’intérieurs.

Les 1er portraits Cinq portraits_1901-1902.
Hammersoi a longtemps considéré ce tableau comme son œuvre la plus importante. Le tableau rappelle la Cène mais aussi les stricts intérieurs nordiques. L’atmosphère funéraire de ce tableau fit scandale lors de sa présentation en 1902 à "la libre exposition" créé sur le modèle du salon des refusés parisiens.

Trois jeunes femmes.
Ce tableau peint en 1895, représente son épouse Ida entourée de ses deux belles sœurs. les figures se détachent sur un fond clair et annoncent les célèbres intérieurs de l'artiste.

Portrait d'ida Ilsted, future femme de Hammershoi de1890.
Les tons sont noirs et bruns sur un fond neutre sur lequel se détache le visage de la jeune fille, les yeux dans le vide.
Cette œuvre a joué un rôle important dans la vie de l'artiste car c'est après avoir vu ce tableau en 1904 que l'écrivain Rainer Maria Rilke a voulu le rencontrer.

Portrait d’Ida_1892

Vilhelm Hammershoi_ autoportrait_1890

Les paysages

Paysage de Virum près de frederiksdal_1888
 

Paysage à Leijre_1905

Paysage (vue de Refsnaes)_1900
Ce tableau fait penser à une esquisse. Un ciel infini occupe les 2/3 du tableau sur un champ dans les tons de gris qui laisse apparaître en fond à gauche la mer. Tableau absolument remarquable et fascinant dans sa simplicité.

l'architecture

L'école juive de Guilford street (Londres)_1912-1913

Ruines du château de Koldinghus_1911

Les nus

Trois études de nu féminin_1909-1910
Nu féminin_1910

La palette est dans les dégradés de gris et de blanc

Les scènes d'intérieur

Intérieur avec un jeune homme lisant_1898
Il s'agit du frère de l'artiste, également peintre.

Intérieur avec femme debout

Intérieur. Coin de salle à manger, standgade 30_1899

Intérieur strandgade 30_1899
En 1898, Hammershoi aménage dans un appartement à Strandgade 30. C'est dans cet intérieur qu'il va peindre la plupart de ses scènes d'intérieur qui vont le rendre célèbre.
La silhouette d'Ida se découpe sur le fond de la pièce composée de 2 portes blanches.

Huile dit aussi Repos_1905. Conservée au musée d'Orsay depuis 1996, cette toile est l'une des plus célèbres d'Hammershoi.
Ida est assise de dos. Les tons sont bruns noirs et gris. Il se dégage beaucoup de douceur de ce tableau.

Etude d'une femme debout vue de dos_1884-1888

Intérieur avec un pot de fleurs, Bredgade 25_1910-1911

Intérieur avec une chaise Windsor_1913

Intérieur, Strandgade 30_1904

Intérieur, rayon de soleil sur le sol_1906
Dans une gamme restreinte de couleurs, le peintre représente les motifs qui lui sont chers. Une porte fermée à côté d’une fenêtre.

Cette visite fut pour nous une magnifique découverte. Vilhelm Hammershøi nous était inconnu. Il nous a subjugué avec ses tableaux d'intérieur dans les gammes de couleurs blanc, gris, noir et ocre avec ou sans les silhouettes, ainsi que ses jeux de lumière.

Il émane de ces tableaux une atmosphère profonde, mystérieuse et douce.

Vilhelm Hammershøi est un artiste de la solitude, du silence et de la lumière.

Pour connaître un peu mieux Hammersoi, le Hors série de Connaissance des arts.


Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze

lundi 6 mai 2019

Le chateau de Voltaire à Ferney


06 juin 2018, le château de Voltaire ré ouvre ses portes à la visite après deux ans de restauration.

Il est situé à Ferney (devenu Ferney-Voltaire), dans l’Ain tout près de Genève.

Notre amie B… nous invite à la 1er visite après sa réouverture. Il a été inauguré la semaine précédente, le 31 mai 2018 par le président de la république .

Mon texte s'inspire des explications données par notre guide lors de la visite.

En mars 1755, Voltaire s’installe dans les environs de Genève et achète une propriété qu'il appelle Les Délices, mais inquiété par la République de Genève pour sa participation à l’Encyclopédie, il cherche à s’éloigner de Genève tout en restant loin de Paris où il est persona non grata et achète en 1758 la seigneurie de Ferney (Fernex à l'époque), situé dans le pays de Gex, province française qui jouissait de certains privilèges et d'une certaine autonomie.

L’acte de vente du château est conclu le 9 février 1759, au nom de sa nièce, Madame Denis.

Il y entreprend des travaux, aidé de l’architecte genevois, Jean-Michel Billon.
Il s'y installe en 1760 et y résidera pendant près de vingt ans.

Nous arrivons dans la propriété du château tout près de la chapelle qui était l'ancienne église paroissiale de Ferney.
Elle a été reconstruite en 1761 par Voltaire qui lui donne une façade monumentale en pierre de taille, et fait poser la plaque où est inscrit en latin "Érigée par Voltaire à Dieu en 1761"

La restauration du château par Voltaire est terminée en 1762 et présente, côté cour, une façade classique organisée symétriquement autour d'une entrée encadrée de colonnes doriques jumelées, surmontée de pilastres corinthiens et d'un fronton portant les armes du seigneur et celles de sa nièce, Mme Denis.

La façade, côté jardin, a un avant-corps en arrondi, encastré de pilastres ioniques et couronné d'un fronton curviligne.

Il a été remplacé au XIXe siècle par une façade plate à fronton triangulaire.

Voltaire aménage également le parc avec un jardin à la française, une pièce d'eau et une grande terrasse.

Ce parc comporte une orangerie, créée au début du XXe siècle, qui sert aujourd'hui aux rencontres culturelles.

Nous entrons dans le château par le vestibule destiné aux invités où se trouve dans deux niches les statues de Voltaire et de Rousseau édifiées par E Lambert.

Cette pièce conserve deux faux poêle de faïence évoquant celle de Delft.
Dans l'antichambre nous pouvons voir le buste de Voltaire exécuté par François Marie Poncet lors de son passage à Ferney durant l'hiver 1775-1776

La salle à manger et la bibliothèque, ont été réunies au XIXe siècle par Griolet.
Deux vitrines mettent en scène les glorifications de Voltaire, à savoir son triomphe à l'académie française en 1778 et le transfert de son corps au Panthéon en 1791.

Sa bibliothèque était composée de 7 000 livres dont 2000 étaient marginés de sa main. En 1778, Catherine II a acquit la collection qu'elle a installé à St Petersbourg.

C'est là que Voltaire travaillait mais nous ne verrons pas son bureau qui n'est pas exposé mais stocké dans les réserves du château.

Le cabinet des tableaux aujourd'hui dévolu à la collection était du temps de Voltaire sa chambre.

La chambre de Voltaire représentée par une gravure

La chambre aujourd'hui
portrait de Catherine II


Après la mort de Voltaire, sa nièce, Madame Denis vend le château et une partie des meubles.
Le marquis de Villette nouveau propriétaire des lieux entre 1778 et 1785, démembre le domaine et fait du château de Ferney le premier lieu de mémoire dédié à un écrivain.
Après être revenu dans la famille Budé, le château est vendu en 1845 à M.Griolet, ancien maire du Ve arrondissement de Paris, qui est déclaré en faillite en 1847.
Pendant le bref temps où il est propriétaire il bouleverse le château, abat plusieurs cloisons, et modifie la distribution d’origine.
Claude-Marie David-Missilier, propriétaire du château après 1847, rachète des terres afin de remembrer le domaine ainsi que des collections de meubles et tableaux ayant appartenu à Voltaire. Il crée un nouveau lieu mémorial dans l’ancienne salle de billard, et y réaménage la chambre.
Son gendre, le sculpteur Émile Lambert (1828-1897), hérite du domaine en 1878 et place dans le parc plusieurs de ses créations.
Les descendants de la famille Lambert cèdent le château à l’État en 1999.
L’ensemble comprend aujourd’hui le château (globalement conservé dans ses dispositions extérieures d’origine, mais largement remanié à l’intérieur), le parc dont la composition paysagère remonte pour l’essentiel au XIXe siècle, l’orangerie et le pavillon de gardien, édifiés vers 1900, et la chapelle.
Le site est actuellement géré par le Centre des monuments nationaux.

Le château a été acquis par l'État en 1998, et est classé monument historique depuis 1958.



Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze