mardi 10 juin 2025

Voyage dans la Région des Marche en Italie_Ponzano di Fermo_Monterubbiano_Moresco



Nos amis nous font découvrir le 09 mai 202, de magnifiques villages aux noms chantant, à savoir, Ponzano di Fermo, Monterubbiano, Moresco.

Ponzano di Fermo est un charmant village médiéval situé dans la province de Fermo dans la région des Marches

Il est situé à environ 15 km de Fermo et 20 km Porto San Giorgio sur la côte adriatique.

Son histoire remonte à l'époque romaine, avec des traces d'occupation dès le IIe ou IIIe siècle. 

Au VIIIe siècle, le territoire a été donné aux moines de l'abbaye de Farfa, qui y construiront la remarquable église de Santa Maria Mater Domini, également connue sous le nom de San Marco, qui date du XIIe siècle .

Le village est construit sur une collineà 248 mètres d'altitude, comme beaucoup de villages des Marches pour des raisons historiques, stratégiques et pratiques. Il offre des vues panoramiques sur les collines environnantes et, par temps clair, jusqu'à la mer Adriatique.

Les principales raisons étaient la défense et sécurité, pour se protéger contre les invasions des romains, des lombards, de francs, des sarrasins...la construction en hauteur permettait de voir l’ennemi de loin, de mieux contrôler les accès au territoire, et de résister plus facilement aux attaques.

Une autre raison était aussi l'éloignement des zones insalubres. Les vallées étaient souvent marécageuses, avec moustiques, paludisme et eaux stagnantes. Les collines offraient un air plus sec et sain, meilleur pour la santé.

Les vallées fertiles étaient réservées à l’agriculture (blé, oliviers, vignes). Les  villageois descendaient chaque jour cultiver les terrains en contrebas.

Ces villages perchés sur les collines douces, créent aujourd’hui des paysages spectaculaires.

 Il fait partie des nombreux "borghi" (bourgs historiques) qui jalonnent cette région encore peu connue du grand tourisme, mais riche en patrimoine, paysages et traditions.

Le centre de Ponzano di Fermo, conserve une structure urbaine typique du Moyen Âge, avec des ruelles étroites pavées, des maisons en briques et des portes d’entrée fortifiées.

L’entrée du bourg est dominée par une ancienne tour médiévale, probablement un vestige de l’ancien système défensif.



Le village comme tous ceux de la région, portent encore les stigmates du tremblement de terre de 2016.

Ponzano di Fermo abrite plusieurs édifices religieux importants, dont la Parrocchia di Santa Maria e San Marco, église néoclassique principale du village et la Chiesa di San Marco (Santa Maria Mater Domini), ancienne église romane du XIIe siècle, très précieuse sur le plan historique.

La Parrocchia di santa Maria e San Marco est l'église paroissiale principale de Ponzano di Fermo, située au cœur du village, sur la Via Garibaldi. 

Elle est distincte de l'église romane Santa Maria Mater Domini, également connue sous le nom de Chiesa di San Marco, qui se trouve à environ 500 mètres du centre du village.

Cette église, construite en 1792, présente une architecture néoclassique sobre. Elle abrite des œuvres d'art sacré des XVIIe et XVIIIe siècles. 





L'église romane de Santa Maria Mater Domini, qui se situe à 500 mètres du centre du village, aujourd'hui connue sous le nom de Chiesa di San Marco, est un joyau architectural.

Elle trône sur la butte au milieu d'un champ planté d'oliviers centenaires.

La façade est dominée par une tour triangulaire du XVe siècle, ornée de détails du XVIe siècle.

L'entrée de l'église

L’arrière de l’église est caractérisé par trois absides semi-circulaires, correspondant aux trois nefs de l’édifice. Ces absides, construites en briques, présentent des lignes sobres et harmonieuses, typiques du style roman.


L'arrière de l'église

La plantation d'oliviers

Les origines de l'église remontent au VIIIe siècle, quand les moines de l'abbaye de Farfa établissent une curtis (domaine agricole) et construisent une église dédiée à Santa Maria Mater Domini. 

L'édifice actuel fut érigé au XIIe siècle sur les vestiges d'une structure antérieure datant du VIe ou VIIe siècle. Vers 1530, l'église commença à être appelée San Marco, probablement en lien avec le développement de la Foire de San Marco, instituée par le pape Paul III en 1537

En 1805, le cardinal Brancadoro a transféré la paroisse à une autre église de Ponzano. Après une période d'abandon, l'église a été rouverte au culte en 1966.

Elle a subi d'importants dommages causés par le séisme de 2016.

Elle a été restaurée. Nous la visitons la veille de son inauguration, fête à laquelle nous sommes gentiment conviés. Le maître d'oeuvre de la restauration pourtant très occupé par les derniers travaux avant l'inauguration nous fait une visite guidée impromptue. 

Elle est composée de trois nefs se terminant par trois absides, avec un presbytère surélevé. 



Elle abrite plusieurs peintures murales remarquables, témoins de son riche passé artistique.

- Sur l'Arche triomphale, des fresques du XIIe siècle représentant des scènes bibliques.

- Dans l'abside gauche, on peut voir des traces de peintures du XVIIe siècle, notamment des représentations de saint Marc et de son symbole, le lion.

- Sur le pilier droit de l'entrée, un ex-voto daté de 1478 représente saint Jacques et saint Thomas. Les visages des saints, ainsi que les fragments d'autres fresques sur le pilier, sont attribués à Pietro Alima, un artiste actif dans la région de Fermo au XVe siècle.






À l'intérieur de l'église, un capitelle corinthien d'époque romaine a été réutilisé comme bénitier. Un capitelle est la partie supérieure d'une colonne, d'un pilier ou d'un pilastre, qui fait la transition entre le fût (le corps de la colonne) et l’élément horizontal qu’il soutient (comme un arc ou un linteau).

 Ce remploi témoigne de la continuité entre l'Antiquité et le Moyen Âge dans la région, ainsi que de la pratique fréquente de réutiliser des matériaux anciens dans les constructions médiévales. 

Ce capitelle, avec ses feuilles d'acanthe finement sculptées, offre un exemple remarquable de l'art romain intégré dans un contexte chrétien ultérieur.

La façade de l'église est dominée par une tour-clocher imposante, érigée au XVe siècle. Bien que des informations spécifiques sur la cloche elle-même (telles que sa date de fonte, ses inscriptions ou son fondeur) ne soient pas disponibles dans les sources consultées, il est courant que les cloches de cette période portent des inscriptions religieuses ou des motifs décoratifs. La cloche de cette tour pourrait ainsi présenter des caractéristiques similaires, reflétant les pratiques artisanales et religieuses de l'époque.


Le lendemain nous sommes donc invités à l'inauguration et à la sacralisation de l'église.


Elle va accueillir des événements tels que des mariages, des fêtes locales ou des concerts pendant le festival "Armonie della sera" (harmonie du soir).

    Ponzano di Fermo est un village médiéval authentique, préservé et paisible, riche en patrimoine historique et religieux.

 Comme d'autres villages de la région, Ponzano organise des fêtes inspirées de son passé médiéval, avec des costumes d’époque, des marchés anciens et des dégustations de produits locaux.

Les fêtes de la Vierge Marie, de Saint Marc, et du Sacré-Cœur sont des moments forts de la vie du village.

Ponzano di Fermo séduit par son authenticité rurale et son patrimoine discret, par son paysage agricole et ses ruelles calmes.

Nous quittons Ponzano di Fermo pour Monterubbiano, charmant village médiéval perché à 463 mètres d'altitude, situé à environ 8 km de la mer Adriatique.

Il offre des vues panoramiques sur les collines environnantes, les vallées de l'Aso et de l'Ete, et les monts Sibyllins.

Fondé à l'époque des Picènes (IXe-IIIe siècle avant notre ère), Monterubbiano devient une colonie romaine en 268 avant notre ère. Au Moyen Âge, elle a été une commune libre avant d'être intégré aux États pontificaux. 

En 1443, Francesco Sforza fait construire les murailles qui entourent encore le centre historique.

Le centre historique conserve ses ruelles pavées, ses maisons en pierre et ses portes médiévales, comme la Porta del Pero et la Porta San Basso. Le Ghetto degli Ebrei, datant du XVIe siècle, témoigne de la présence juive dans le village.

Le Palazzo Comunale de Monterubbiano est un édifice emblématique du centre historique de ce village médiéval.

Construit au XIVe siècle dans un style romanico gothique, il a toujours servi de siège au gouvernement municipal.

Il présente une façade en briques avec des arcs en plein cintre et des fenêtres géminées, caractéristiques de l'architecture médiévale.

À l'intérieur, le Palazzo abrite la Pinacoteca Civica, une galerie d'art municipale inaugurée en 1994.



Nous souhaitions visiter la Collegiata di Santa Maria dei Letterati qui est l'église principale du village, mais elle est fermée suite aux ravages du tremblement de terre de 2016.

Elle abrite des œuvres du peintre local Vincenzo Pagani.


A Monterubbiano, se tient à la Pentecôte, la fête de Sciò la Pica qui est une reconstitution historique mêlant traditions picènes et chrétiennes, avec des défilés en costumes et des jeux médiévaux .

Les 10, 12 et 13 août c'est le festival des Tagliatelles frites, spécialité culinaire locale.

Monterubbiano, se distingue par son dynamisme culturel (théâtre, pinacothèque, festival médiéval Sciò la Pica) et ses nombreux monuments comme la  Collegiata di Santa Maria dei Letterati, le Palazzo Comunale, le Polo San Francesco.

Nous partons pour Moresco, village médiéval perché à 405 mètres, à environ 30 km de Fermo et 60 km d’Ancône.

C'est un  paisible village de 600 habitants aux ruelles pavées, bordées de maisons en pierre et de petites places fleuries. Son emplacement stratégique sur une colline offre des vues spectaculaires sur la campagne environnante, les montagnes Sibyllines et, par temps clair, jusqu’à la côte adriatique.

Il est classé parmi "I Borghi più belli d’Italia" (Les Plus Beaux Villages d’Italie), et offre un panorama exceptionnel sur la vallée de l’Aso et les collines environnantes.

Son patrimoine est constitué,

- par la Tour heptagonale, symbole du village. Cette tour du XIIe siècle, haute de 25 mètres, présente une forme à sept côtés, rare en Italie. Elle servait probablement de tour de guet dans le système défensif de la région.

Érigée au XIIe siècle, cette tour de 25 mètres de haut se distingue par sa forme unique; C'est une rareté architecturale en Italie. à sept côtés,

Construite à l'origine comme tour de guet pour surveiller la vallée de l'Aso, la tour faisait partie intégrante du système défensif du château médiéval de Moresco. Son plan heptagonal, dont la signification exacte reste inconnue, pourrait avoir été conçu pour se démarquer des autres tours de la région ou pour des raisons symboliques. Au fil des siècles, la tour a subi des modifications, notamment l'ajout de créneaux gibelins au début du XXe siècle, remplaçant une flèche d'inspiration orientale effondrée auparavant.

La tour est accessible grâce à un escalier intérieur moderne. Depuis son sommet, on peut admirer un panorama exceptionnel s'étendant du mont Conero au nord jusqu'au Gran Sasso au sud, et par temps clair, jusqu'aux côtes de l'Albanie. Malheureusement les escaliers et la terrasse ne sont plus accessibles aux visiteurs.




- par les arcades situées près de la tour heptagonale de Moresco constituent l'un des éléments architecturaux les plus évocateurs du village. Elles sont les vestiges de l'ancienne église de Santa Maria in Castro, dont la nef gauche a été conservée sous forme de portique. Ces arcades bordent la Piazza Castello, la place principale du bourg, et témoignent du riche passé religieux et artistique de Moresco.

Le portique, formé par une série d'arcades en briques, est ce qui subsiste de la nef latérale gauche de l'église de Santa Maria in Castro, démolie au début du XIXe siècle. Ce vestige architectural offre un aperçu de l'importance de cette église dans la vie religieuse de Moresco à l'époque médiévale. Les arcades, avec leurs colonnes et arcs en plein cintre, créent un espace ombragé qui invite à la contemplation et à la détente.

Sous ces arcades se trouve une fresque attribuée à Vincenzo Pagani, peintre de la Renaissance originaire de Monterubbiano. Cette œuvre, bien que partiellement conservée, représente une scène religieuse et témoigne du talent de l'artiste ainsi que de l'importance de l'art sacré dans la région. La fresque ajoute une dimension artistique au portique, faisant de cet espace un lieu de convergence entre architecture et art.





L'œuvre intitulée « Madonna del Rosario con i Misteri del Rosario » de Vincenzo Pagani représente la Vierge Marie assise sur un trône élevé, tenant l'Enfant Jésus sur ses genoux. Cette composition est entourée des Mystères du Rosaire, illustrant les épisodes clés de la vie du Christ et de la Vierge.

Vincenzo Pagani (vers 1490 – 1568), peintre originaire de Monterubbiano, a réalisé plusieurs œuvres représentant la Vierge en trône avec l'Enfant Jésus, souvent accompagnée de saints. 

Ces compositions, typiques de la Renaissance italienne, reflètent l'évolution stylistique de l'artiste, influencée par des maîtres tels que Carlo Crivelli et Lorenzo Lotto.




- par la Tour de l’Horloge (Torre dell’Orologioqui date du XIVe siècle. Elle marque l’entrée principale du bourg et abrite une cloche du XVIe siècle qui sonne encore quotidiennement. 

Elle surmonte l'ancienne porte d'entrée du château, marquant ainsi l'accès principal au bourg fortifié.


La tour édifice emblématique datant du XIVe siècle, faisait partie intégrante du système de fortifications de Moresco, servant de point de contrôle et de défense à l'entrée du village, elle présente une architecture médiévale typique, avec une porte en arc brisé à sa base, permettant l'accès au centre historique.

Elle s'élève à 29,5 mètres et offre une silhouette imposante qui domine le centre historique de Monterubbiano.

 Elle présente des éléments architecturaux romanico-gothiques, avec des lignes épurées et des détails soignés. Elle est ornée de créneaux gibelins, des merlons en forme de queue d'hirondelle, typiques des constructions médiévales associées aux Gibelins.

La Tour de l’Horloge abrite plusieurs cloches d'importance historique, la Campanone de 1764, fondue par Giovanni Battista Donati et son neveu Pietro Donati d'Aquila. Elle porte l'inscription "Christus Vincit Christus, Regnat Christus, Imperat Christus Non Ab Omni Malo Defendat." ("Le Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande, que le Christ nous défende de tout mal.").

 Deux autres cloches datent de 1764 et 1795, ajoutant à la richesse sonore et historique de la tour

Au-delà de sa fonction initiale de défense et de mesure du temps, la Tour de l’Horloge est devenue un symbole de l'identité civique de Monterubbiano. Elle représente la continuité historique et le patrimoine culturel du village, attirant les visiteurs intéressés par l'histoire médiévale et l'architecture.

Près de la Tour de l’Horloge se trouve l'église Santa Sofia transformée en petit théâtre (lu teatrì). Elle conserve un fragment de fresque attribué à l’école de Carlo Crivelli. 

 Chaque 10 août, le village célèbre son saint patron, saint Laurent, avec des concerts en plein air sur la Piazza Castello, des processions et des festivités populaires. 

La tour heptagonale accueille régulièrement des expositions d’art et de photographie, principalement pendant la période estivale. 

Moresco, classé parmi les plus beaux villages d’Italie, offre un cadre presque théâtral avec sa tour heptagonale,  ses petites églises et son ambiance suspendue dans le temps. sa piazza Castello panoramique, C’est un véritable village-musée.

 Ponzano di Fermo, Moresco et Monterubbiano sont trois joyaux perchés des Marches, protégés par des remparts, baignés de silence et riches d’un patrimoine religieux, artistique et architectural remarquablement bien préservé.

Leur implantation stratégique sur les hauteurs, reflet d’un passé défensif et d’un souci de visibilité et d’air sain, les unit.

Ils sont riches de monuments religieux : collégiales, églises romanes, sanctuaires.

Ces trois villages sont parfaits pour les amateurs d’histoire, de calme, d’art sacré et de paysages, ils rappellent combien les petits villages italiens sont des trésors vivants de mémoire.

Demain nous visiterons Notre dame de Lorette et Recanati

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Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze

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