Dans la suite de notre séjour à Claret, ce 09 octobre 2019, nous empruntons le sentier du bois de Lèque, depuis St Jean de Cuculles pour nous rendre à "les Matelles".
Nous arrivons au village les Matelles dont le nom vient de l’occitan "Mata" : bosquet.
Les Matelles est un village médiéval bâti sur les rives du Lirou, au pied du Pic Saint-Loup, à une quinzaine de kilomètres au nord de Montpellier.
Le Lirou est une rivière qui prend sa source dans une grotte située au dessus du village, il est quasiment sec en été mais aux saisons des pluies il peut sortir de son lit, comme en témoignent les indications des niveaux d'inondation sur une maison voisine.
Le site des Matelles a été occupé depuis le paléolithique. Des archéologues ont effectué de nombreuses fouilles autour du village.
Le village médiéval Les Matelles a été construit à partir du XIIe siècle autour du péage du pont qui traverse le Lirou. Les Matelles devient alors un lieu de passage et d’échanges.
Le village se développe et se dote de ses premiers remparts qui seront renforcés en 1425 avec la construction de fortifications supplémentaires (portes, créneaux et meurtrières).
Les remparts comportent deux tours, l'une à l'est, l'autre à l'ouest, qui sont les portes d'entrée dans le village.
Nous commençons la visite du site par la place du Lirou et entrons par la Porte du Pont Levis, l'une des deux entrées fortifiées du XVe siècle.
L'unique puits au sein des remparts
Nous découvrons ce charmant village authentique en déambulant dans ses ruelles étroites et pavées, découvrons les remparts, des passages voûtés, des porches, des escaliers extérieurs qui mènent aux paliers de hautes maisons de pierre, de beaux détails architecturaux, sans oublier son clocher fortifié et sa belle place du château.
Les escaliers extérieurs menaient au logis alors que le rez de chaussée était consacré aux locaux artisanaux ou commerciaux.
L'impasse du gargalhol (du gosier). Il s'agit d'une sortie des eaux pluviales vers le Lirou.
La rue haute et la rue des grenadiers qui mènent à la place du château forment la 1ère enceinte.
La place du château est l'emplacement supposé d'une maison forte ou d'une tour de guet.
L'église, intégrée aux ramparts, a été détruite au début du XVIIe siècle. Lors de sa reconstruction la tour médiévale, située au dessus de la porte fortifiée, a été rehaussée au début du XVIIIe siècle pour accueillir les cloches de l'église détruite. La décoration "Tubulae" a été réalisée par l'artiste Monsieur QQ. Monsieur QQ est diplômé d'arts plastiques à l'institut St Luc en Belgique.
Des tubes sont emmenchés sur une longueur de 1/2 mile nautique soit presque 1 kilomètre. Ils virevoltent et gribouillent l'espace.
l'impasse
le côté opposé du clocher
L'église (fermée) a été construite au début du XVIIIe siècle.
et une photo de l'intérieur datant de 1909.
La porte de la Barre a été ouverte au début du XIXe siècle dans les remparts de la 1ère enceinte.
Dans la rue principale, se trouve la maison des Consuls construite au XIIIe siècle, près d'une des trois portes de l'enceinte fortifiée. Elle devient par la suite une bâtisse agricole où se trouvent caves, silos et four à pain.
Grâce à deux familles, l'une qui a fait don du bâtiment, l'autre de sa collection archéologique, ce bâtiment est devenu le Musée d'Arts et d'Archéologie.
Les très belles salles voûtées abritent le musée d'archéologie créé en 1954 qui expose des objets datant du paléolithique (30 000 avant JC) jusqu'à l'âge du cuivre (2400 ans avant JC), trouvés par l’archéologue Pierre Pannoux aux alentours de Les Matelles.
Le musée possède environ 14000 pièces dont 3500 sont exposées.
Nous pouvons voir des poteries, des outils, des silex, des bijoux...mais aussi des
ossements d’animaux paléolithiques (dents d’ours, des os d’urus, de cheval, de bouquetin, de renne et d’antilope)
Le secteur du Pic St Loup présente une concentration de stèles menhirs à vocation funéraire.
Stèle de Cambous du néolithique final découverte par Henri Canet en réemploi dans le mur d'une maison du site de Cambous.
Des céramiques du néolithique final (3200-2700 av JC)
Une exposition d'outils allant du paléolithique moyen jusqu'au néolithique final (25000 à 2200 av JC) : des burins, des perçoirs, des bifaces en silex, des racloirs...
Une grande quantité d'éléments de parure (perles et pendeloques) du néolithique final (3200-2200 av JC).
La diversité des formes et des matériaux indique le goût et le raffinement de ces populations. Ces objets proviennent de fouilles effectuées par M. Pannoux à Les Matelles.
Une exceptionnelle vertèbre humaine transpercée par une pointe de flèche, qui date du néolithique final (env 2500 av JC) et qui provient de la grotte du Papillon aux Matelles. La blessure mortelle est un témoignage que la violence existait déjà au néolithique.
Des outils en roche polie : hache, herminette, ciseau du néolithique
De l'outillage en os, avec des dents ou du bois de cervidés datant du néolithique final (3200 - 2200 av JC)
Une grande gamme et variété de pointes de flèches qui datent du néolithique final (3200-2200 av JC) sont en provenance de Ferrières, des Treilles et de Fontbouisse.
Des objets métalliques plus récents datant du néolithique final (2800-2200 av JC) et de l'âge du bronze (2300-750 av JC).
Reconstitution par Jacques Coularou d'après les fouilles d'Henri Canet et de Jean Louis Roudil du village néolithique de Cambous (2700-2200 av JC)
Aujourd'hui, 180 villages de pierre sont recensés dans la garrigue.
A l'étage se tient une exposition temporaire « Ce qui naît de la brume »
Nous entrons par une exceptionnelle porte en fer forgé constituée de clefs
Les photos de Johann Fournier se situent entre réalité et fiction et vont de la poésie à l'onirisme, en passant parfois par l'angoisse. Etonnant !
et encore de nombreuses œuvres plus exceptionnelles les unes que les autres...une exposition qui ne nous laisse pas insensible.
Une vraie découverte !
Nous revenons par le même sentier et arrivons au joli petit village de St Jean de Cuculles, de moins de 500 habitants, perché sur sa colline.
Ce nom amusant de Cuccules viendrait de Cucullus qui en latin signifie cape, capuchon. La cuculle désignait la robe à capuchon portée par les moines.
Le nom du village vient peut-être de ce capuchon que portait les moines, et qui ont occupé pendant des siècles l’ancien prieuré, situé au cœur du village.
Au centre du village l'imposante église romane, église de la Nativité de St-Jean-Baptiste, a été bâtie au onzième siècle par les moines qui s’installent à St-Jean pour y fonder le prieuré.
Elle est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historique depuis le 21 décembre 1925.
La partie inférieure de l'église date du douzième siècle. Elle a été rehaussée et fortifiée au XIVe siècle pour servir de refuge à la population pendant la Guerre de Cent Ans. Elle a été également surmontée de mâchicoulis à la même époque.
Le cadran solaire
Le cloître attenant sert aujourd'hui de lieu d'exposition
Face à la mairie, se trouve le puits de la place, creusé dans dans de la roche sur une profondeur de 18m environ dans les années 1880 par un couple de Piémontais qui est venu travailler dans la région.
A l'origine ce puits était entouré d'une tour carré en pierre de Castries.
Le puits de la Clastre (de l'occitan clautra qui signifie presbytère) a été construit probablement au moyen âge pour l'alimentation en eau de l'ancien presbytère.
Dans la 1ère moitié du XXe siècle il servait pour l'alimentation en eau des habitants du quartier bas.
Il a été restauré en 2011 pour lui redonner son aspect initial (perdu au fil des ans). C'est un puits citerne de 1,70m de diamètre et de 8m de profondeur.
Nous quittons ces jolis villages et lieux pittoresques mais il y a encore bien des villages et des châteaux médiévaux à découvrir alentours et de balades à faire, sans oublier les nombreux domaines viticoles réputés de l’AOP Pic-Saint-Loup.
Nous reviendrons...
Texte de Paulette Gleyze
Photos de Paulette et Gérard Gleyze