Le 11 mai 2025 après avoir visiter Ripatransone et Offida, nous partons pour Ascoli Piceno, connue pour son patrimoine architectural exceptionnel, ses traditions gastronomiques et son ambiance authentique.
Ascoli Piceno a été fondée bien avant Rome par le peuple italique des Picéniens. Selon la légende, elle serait née là où un pivert sacré (picus) aurait guidé les premiers habitants.
Conquise par Rome en 269 avant notre ère, Ascoli devient une municipalité romaine prospère, traversée par la voie Salaria, et dotée de monuments importants comme des ponts, un théâtre et des remparts en travertin.
Au Moyen Âge, elle devient une commune libre puissante, marquée par la construction de nombreuses tours médiévales (plus de 200 à son apogée), et par un riche patrimoine religieux et civil. L'église San Francesco et la cathédrale Sant'Emidio en sont des témoignages majeurs.
Très typiques en Italie au Moyen âge, les tours avaient une triple fonction, une fonction défensive, un symbole de pouvoir et de prestige, un moyen d'agrandir le logement car les villes italiennes, très densément peuplées, manquaient d’espace horizontal. Les familles aisées bâtissaient donc en hauteur, souvent directement sur leur terrain familial.
À la Renaissance, Ascoli connaît un essor architectural, avec la splendide Piazza del Popolo et plusieurs palais nobles. Elle passe sous domination des États pontificaux jusqu’à son intégration au Royaume d’Italie en 1860.
Aujourd’hui, Ascoli Piceno est célèbre pour son centre historique en travertin, son ambiance médiévale intacte, ses festivals traditionnels comme la Quintana (reconstitution historique de joutes médiévales), et sa gastronomie, notamment les fameuses olives farcies all’ascolana (olives farcies et frites, "à la mode d’Ascoli").
Nous arrivons sur la Piazza Arringo, « centre civique » et spirituel d'Ascoli Piceno.
Elle était le forum à l’époque romaine. C'est la plus ancienne place de la ville.
C'est un espace ouvert et aéré entouré de la cathédrale Sant’Emidio, siège de l’évêché, qui abrite un retable exceptionnel de Carlo Crivelli (1473), du baptistère de San Giovanni, structure octogonale d’origine paléochrétienne (VIᵉ–IXᵉ siècle) et du Palazzo dell’Arengo, aujourd’hui musée (Pinacoteca Civica)
Deux fontaines monumentales ornent la place, avec des groupes sculptés représentant des chevaux, des tritons, des lions…



La cathédrale Sant'Emidio est dédiée au saint patron de la ville.
Sant’Emidio (Saint Émygde) est un évêque et martyr du IVᵉ siècle, considéré comme le protecteur de la ville, notamment contre les tremblements de terre.
Selon la légende, Sant’Emidio aurait porté sa propre tête (c'est un saint céphalophore) jusqu’au lieu où il voulait être enterré c'est à dire l’actuelle crypte.
L'église a été construite à l'emplacement d’un temple païen, puis d’une première église paléochrétienne.
Le bâtiment actuel a été reconstruit à partir du XIᵉ siècle et modifié jusqu’au XVIIIᵉ siècle.
Construite entre 1529 et 1539 la façade est se style Renaissance.
Elle est réalisée en travertin avec une colonnade corinthienne monumental, une balustrade en haut (1592), et un grand portail flanqué de colonnes ioniques.
La cathédrale Sant’Emidio est un magnifique mélange de vestiges romains et byzantins aux styles roman, gothique, Renaissance et baroque. Elle est incontournable à Ascoli Piceno.
L'intérieur est en travaux et nous ne voyons que la vaste nef de 70 × 30 m, en forme de croix latine.
Le retable exceptionnel de Carlo Crivelli (1473), connu sous le nom de Polyptyque de Sant'Emidio, est l’un des chefs-d’œuvre de la peinture gothique tardive en Italie.
Carlo Crivelli (vers 1430 – vers 1495) est un peintre vénitien actif principalement dans les Marches.
Son style mêle éléments gothiques, ornements luxueux, et rigueur formelle, avec une influence flamande dans le traitement des détails. Il se distingue par l’usage intensif de l’or, des décors sculpturaux peints, et une forte expressivité religieuse.
Le Polyptyque de Sant’Emidio, signé et daté 1473, est de type polyptyque à plusieurs panneaux, avec architecture peinte illusionniste. Il présente des figures de saints, de la Vierge à l’Enfant, et au centre, Sant’Emidio, saint patron de la ville.
C’est l’un des rares retables de Crivelli encore in situ, c’est-à-dire toujours dans l’église pour laquelle il a été conçu.
Nous visitons plus longuement la crypte située sous le presbytère.
On y descend par deux escaliers latéraux, installés près des nefs de la cathédrale .
Elle a été édifiée au XIᵉ siècle par Bernard II, elle est composée de sept 7 nefs, soutenues par environ 64 colonnes en travertin et marbre rouge de Vérone. Elle s’étend sur 13 travées.
Au début du XVIIIᵉ siècle, Giuseppe Giosafatti réaménage le lieu, remplace les colonnes par du marbre rouge de Vérone et surélève la voûte. Son fils Lazzaro ajoute la sculpture représentant le baptême.
Les décorations en mosaïques ont été réalisées en 1954 par l’atelier du Vatican, elles évoquent des scènes locales de la Seconde Guerre mondiale (processions, retraite des troupes, tremblement de terre).
Le sarcophage romain du IVᵉ siècle qui renferme les reliques de Saint Émidio probablement employé auparavant pour un personnage de l’aristocratie ou un guerrier.
Il a été adapté pour la crypte au XIᵉ siècle afin d’y déposer les reliques du saint.
Placé au centre de la crypte, il sert aussi d’autel pour la célébration, surmonté du groupe sculptural de Saint Émidio baptisant Polisia.
L’inscription médiévale gravée en façade — « CUM SOCIIS ALIIS EMINDIUS HIC REQUIESCIT » (avec d'autres personnes associées Emindius repose ici) — rappelle que Émidio repose ici avec ses compagnons.
Le sarcophage de Capitano Costanzo Malaspina († 1546), est un monument funéraire en travertin présentant une niche (édicule).
Le couvercle porte un gisant en armure, le capitaine appuyé sur son cyclas (robe arrondie) et le casque posé près de lui.
La façade est décorée de reliefs représentant une panoplie d’armes, un drapé, ainsi qu’un écu héraldique et des loricae (armures et cuirasse portées par le guerrier), soulignant son rang militaire.
Le Capitano Costanzo Malaspina, membre d’une importante famille d’aristocrates militaires, est mort en 1546.
La statue en marbre de Lazzaro Giosafatti, réalisée entre 1730 et 1734, représente le baptême de Polisia une scène centrale de la légende du saint
Selon la tradition hagiographique, Polisia, la fille de l’empereur romain Dioclétien, touchée par la foi chrétienne, aurait été convertie et baptisée par Sant’Emidio, malgré les persécutions de son père contre les chrétiens.
Après son baptême, elle aurait trouvé refuge dans une grotte près d’Ascoli, et serait morte en martyre.
Cette statue est sculptée en marbre blanc, dans un style baroque tardif. Elle représente Sant’Emidio en train de baptiser Polisia, dans une posture théâtrale mais empreinte de douceur.
Les fresques murales, sont assez discrètes. Elles datent de différentes périodes, avec des ajouts depuis le XVe siècle jusqu’au XVIIIe siècle. Selon la période de réalisation, elles sont de styles gothique et baroque, et réalisées par des artistes locaux.
Elles représentent la vie de San ’Emidio avec des scènes de sa prédication, de son martyre, et de son transport miraculeux. Elles présentent aussi l'iconographie chrétienne classique avec des apôtres, des saints, la Vierge, le Christ.
Les fresques avaient pour but autant d'éduquer les fidèles que de célébrer le culte du saint patron.
Situé à l’angle de la Piazza Arringo, jouxtant la cathédrale, le baptistère de San Giovanni (Battistero di San Giovanni), a été bâti sur l’ancienne forum romain probablement dédié au culte d’Hercule, comme l’attestent les fouilles de 1828 et 1870–1880
Dès le VIᵉ siècle, la structure est utilisée comme lieu de baptême. Il est inscrit comme monument national via le décret royal du 20 juillet 1890.
Sa base est carrée en blocs massifs de travertin, symbolisant la terre avec ses quatre éléments, les points cardinaux, les saisons et les étapes de la vie.
Le Tiburio octogonal (structure qui recouvre une coupole) est orné de trifora aveugles (fenêtre triple, composée de trois ouvertures verticales séparées par deux petites colonnes et un arc supérieur.).
La coupole ronde est surmontée d’un lanternon, symbolisant le ciel et la vie éternelle.
A l'intérieur, se trouve une piscine baptismale circulaire qui date du V‑VIᵉ siècle.
Elle a été retrouvée en 1839. Elle était utilisée pour les baptêmes par immersion, dirigés face à l'est.
La fontaine gotique (XIV‑XVᵉ siècle) sur colonne torsadée, est richement décorée de motifs végétaux et de visages.
On voit des niches irrégulières en correspondance avec les angles de la base carrée.
Il est aujourd'hui en restauration suite au dernier tremblement de terre.


Sur cette Place, cœur politique, religieux et social de la ville depuis l’époque médiévale. le palazzo dell’Arengo du XIIᵉ–XIIIᵉ siècle regroupe la mairie et la Pinacothèque civique.
Le palais est le résultat de l’union de plusieurs bâtiments médiévaux, notamment l’ancien Palais du Peuple (ou des Anciens Consuls) et le Palais de l’ancien Évêché.
Il se distingue par une grande façade en travertin, un portique à cinq arcades en plein cintre surmonté de fenêtres géminées, un escalier monumental à l’intérieur menant aux étages et une cour intérieure de style Renaissance.
Le palais dell’Arengo a été restauré à plusieurs reprises, notamment après des séismes.
Il conserve un cachet austère mais solennel, reflétant la puissance civique des républiques communales italiennes. Il est un symbole du pouvoir communal médiéval.
La cour intérieure (ou cortile interno) est datée principalement des XVe et XVIe siècles.
Elle offre aussi un accès monumental à la Pinacothèque Civique, qui conserve des œuvres du Maître d'Offida, de Crivelli, de Tiziano, ou encore de Guido Reni.
La pinacothèque civique, installée à l’intérieur du Palazzo dell’Arengo, s’est développée depuis 1861 et expose des œuvres majeures (Crivelli, Titien).
C'était le siège du pouvoir communal au Moyen Âge (lieu des arringhi, ou assemblées publiques).
Le bâtiment était utilisé par les consuls de la commune, puis par les podestats et autorités civiles. C’était un centre administratif, judiciaire et politique majeur.
Aujourd’hui, le Palazzo dell’Arengo abrite la Pinacoteca Civica, une des plus importantes galeries d’art des Marches et possèdent un certains nombres d'oeuvres notables.
Elle propose un parcours chronologique avec deux grandes sections : art ancien (Moyen Âge – Renaissance) et art moderne (XVII–XXᵉ siècles).
Le lieu restitue l’atmosphère d’un palais aristocratique historique : marbres, lustres de Murano, consoles dorées, tentures en velours.
Elle compte aujourd’hui 15 salles, couvrant des œuvres du XIVᵉ au XXᵉ siècle, ainsi que des sculptures, céramiques, instruments de musique et mobilier.
Les principales salles au rez-de‑chaussée sont :
- La salle Ventidio Basso qui est le Hall d’accueil avec des peintures de divers styles et sculptures du XIXᵉ siècle
- La salle della Vittoria destinée à Cola dell’Amatrice, artiste italien de la Renaissance (vers 1480 – après 1547), actif notamment dans les Marches et les Abruzzes, connu pour ses fresques, peintures religieuses et travaux d’architecture. Il a laissé des traces notamment dans des églises ou édifices civils. d' Ascoli Piceno.
Cola dell'Amatrice_env 1505_Polyptyque de saint François_Montée au Calvaire_ Abraham et Isaac_David_Sibylles_Anges portant la croix_ Découverte de la Vraie Croix_Huile sur toile_Melbourne, National Gallery of Vittoria
Cola dell'Amatrice_env 1505_Madonne allaitant l'enfant avec saint Sebastien, saint Antoine, saint françois et saint Roch.
- La salle du Piviale présente des oeuvres de Carlo Crivelli et de Pietro Alemanno et Paolo da Visso.
Carlo Crivelli est un peintre du XVe siècle, principalement actif dans la région des Marches.
Bien qu’il ait été formé dans l'esprit de la Renaissance florentine, son style reste profondément gothique, avec des touches orientalisantes.
Il est surtout connu pour ses retables religieux très détaillés, son usage intensif de la tempera sur bois, parfois enrichie de dorures, reliefs en stuc, faux bijoux et son sens du décor très raffiné et parfois étrange, presque byzantin ou flamboyant.
Son style combine un dessin très précis, des effets de relief en trompe-l’œil (clous, larmes, bijoux) et une spiritualité intense, presque visionnaire dans ses figures de saints.
Né à Venise, il effectue la majeure partie de sa carrière dans les Marches, notamment à Ascoli Piceno, Macerata, Camerino, Fermo, et Fabriano.
Carlo Crivelli_1430/1435-1494/1495_Saint Bernardin de Sienne, tempera sur panneau_ provenant de l’église des Capucins d’Ascoli Piceno.
Pietro Alemanno, né probablement en Allemagne ou en Autriche et formé en Italie.
Il a été actif surtout à Ascoli Piceno, où il a été influencé par Carlo Crivelli.
Il a collaboré à plusieurs retables, fresques et panneaux, en adoptant un style décoratif proche du gothique tardif.
Son œuvre se caractérise par une grande finesse de trait, des détails ornementaux, et des visages expressifs.
Pietro Alemanno _?-1497– Sainte Lucie – Tempera sur panneau – 1497
Pietro Alemanno _?-1497– Vierge en majesté avec l’Enfant et des saints – Tempera sur panneau
Pietro Alemanno _?-1497– Vierge en majesté avec l’Enfant et des saints – Tempera sur panneau.
Paolo da Visso (actif entre 1437 et 1481) est un peintre italien du XVe siècle, originaire de Visso, une ville des Marches. Il est rattaché au courant du gothique tardif.
On ne connaît ni sa date de naissance ni sa date de mort exactes, mais il est documenté entre 1437 et 1438. Il a probablement appris son art en Ombrie, peut-être auprès de Bartolomeo di Tommaso.
Il ouvre une bottega (atelier) à Visso en 1455, où il réalise de nombreux retables, fresques et tableaux de dévotion.
Paolo da Visso, documenté de 1437 à 1481 – Mariage mystique de sainte Catherine, Pietà et saints – tempera sur bois
- La salle de Tiziano, contient "la Stigmatisation de saint François" de Tiziano Vecellio, ou simplement Le Titien.
Il s'agit du nom complet de Titien, l’une des plus grands peintres de la Renaissance italienne, actif au XVIe siècle (vers 1488/1490 – 1576).
Il est originaire de Pieve di Cadore, près de Venise, et est célèbre pour ses portraits, ses scènes mythologiques et religieuses, ainsi que pour sa maîtrise exceptionnelle de la couleur.
Tiziano Vecello_1490-1576_saint françois recevant les stigmates_huile sur toile_provient de l'église saint françois d'Ascoli Piceno
- La Galerie présente des oeuvres de Guido Reni (Annonciation, 1629) et Luca Giordano (Transito di San Giuseppe, 1677), provenant des églises locales.
Guido Reni (Bologne, 1575 – 1642), est un peintre majeur du baroque italien, célèbre pour son style classique, lumineux et profondément spirituel.
Contrairement à Caravage, plus sombre et réaliste, Reni incarne une veine plus idéalisée, proche de Raphaël, où la grâce et l'harmonie dominent.
L’Annonciation a été commandée par la marquise Dianora (Leonora) Alvitreti pour l’église de Santa Maria della Carità (la “Scopa”) à Ascoli Piceno.
L’œuvre est restée en place jusqu’en 1861, année où elle fut transférée à la Pinacoteca Civica.
Guido Reni (Bologne, 1575 -1642)_L’Anonciation_Huile sur toile
Luca Giordano, né à Naples en 1634, mort en 1705, était un peintre baroque.
Il a travaillé à Naples, Rome, Florence, Venise, et a passé dix ans à la cour d’Espagne .
Il était surnommé « Luca fa presto » (« Luca fait vite ») car il peignait remarquablement vite, possédant une grande virtuosité technique.
Il mixait la profondeur dramatique napolitaine (influencé par Ribera), la couleur vénitienne et la composition grandiose baroque inspirée de Pietro da Cortona et Véronèse.
Son œuvre la plus célèbre « Transito di San Giuseppe » (1677). Joseph est accompagné par un ange, le Christ bénit , la Vierge prie. Luca Giordano_ 1634-1705_« Transito di San Giuseppe avec saint Michel archange» (1677)_huile sur toile
_ Le plafond de la Salle Ceci est décorée d’une fresque de Domenico Ferri (1895).
Romolo del gobbo_1858-1912_Paola et francesco_bronze, 1905
Cette salle présente la donation d’Antonio Ceci : tableaux, sculptures et céramiques...
Art des Abruzzes_XVe siècle_La dormition de la Vierge _bois polychrome et doré
Art des Abruzzes_XV-XVIe siècles_Vierge avec l'enfant
- La salle de Cecco est consacrée à Cecco d’Ascoli de son vrai nom Francesco Stabili, né vers 1257 à Ascoli Piceno est mort brûlé vif à Florence en 1327 pour hérésie.
Il était poète, médecin, philosophe et surtout connu pour ses travaux en astrologie.
La toile "Cecco d’Ascoli tiene una lezione a Firenze de Giulio Cantalamessa" (1875),
- La salle du Pastorello : on y voit au centre la sculpture “Il riposo del Pastorello” de Raffaele Belliazzi, une statue en marbre représentant un jeune berger endormi, emblème de la salle.
Cette statue représente un jeune berger endormi, allongé paisiblement, un bâton de berger posé à côté de lui. Elle incarne à la fois la douceur du monde paysan et une nostalgie pour une vie simple et pastorale.
Sculpteur italien d’origine napolitaine, Raffaele Belliazzi est connu pour ses œuvres réalistes ancrées dans la vie rurale italienne, notamment du Sud.
Il a été l’un des principaux représentants du vérisme en sculpture, un courant artistique qui cherchait à représenter la réalité sociale de manière objective et parfois émotive.
Raffaele Belliazzi_1835-1917_Il riposo del pastorello_marbre
L’agencement révèle également des éléments baroques, comme les portraits romains du XVIIᵉ siècle, notamment un portrait de Giovanna Garzoni attribué à Carlo Maratta, figure majeure du baroque classique romain.
Il a peint ce portrait en hommage à la célèbre miniaturiste née à Ascoli, un signe de son prestige artistique. Giovanna Garzoni (1600‑1670) est une artiste reconnue pour ses natures mortes délicates (fruits‑fleurs‑plantes) et ses travaux en détrempe sur parchemin.
Elle a exercé dans les cours de Turin, Florence et Rome, avant d’être accueillie à l’Academia di San Luca.
Cette œuvre est importante car c'est la reconnaissance d'une femme artiste mais aussi parce que c'est l'un des rares portraits d'une femme artiste peint par Maratta.
Carlo Maratta_portrait de Giovanna Garzoni_huile sur toile, 1665
Œuvres de Carlo Maratta
Le mobilier, les tentures, et un lustre de Murano ajoutent au charme XVIIIᵉ de l’espace.
- La salle Fior di Vita doit son nom à une sculpture en marbre intitulée Fior di Vita, réalisée par Cesare Reduzzi et placée au centre de la salle (dont on n'a pas pris la photo).
Le mobilier néo classique élégant (consoles, boiseries dorées et sculptées), provenant du Palazzo des marquis Sgariglia
Tapisseries et lampadaire en cristal de Murano (XVIIIᵉ siècle), complétant l’atmosphère raffinée .
Les oeuvres exposées sont du XIXᵉ siècle, notamment des peintres comme Filippo Palizzi (dépôts de la Galleria Nazionale d’Arte Moderna di Roma en 1924).
Des sculptures de Ugolino Panichi. L'Artiste est né à Ascoli Piceno en 1839 qu'il a quitté ensuite pour étudier à Florence où il s’imprègne de l’ambiance artistique florentine. Il séjourne également à Paris et côtoie les milieux artistiques européens.
En 1864, il remporte le concours pour le monument à Giacomo Leopardi à Recanati. Il réalise le modèle en plâtre.
Décédé à Rome le 14 février 1882, il reste reconnu pour son réalisme expressif et ses œuvres ciselées avec rigueur.
Ugolino Panichi_1839-1882_Giacomo Leopardi_plâtre
Ugolino Panichi_1839-1882_Les chinois_bronze_don de Francesco Merli, 1922
Les salles du second étage,
- La salle des Colonnes, est l’un des espaces les plus élégants de la Pinacoteca.
Son nom provient des colonnes en travertin qui découpent la salle en une succession d’arches.
La salle présente principalement des portraits féminins du XIXᵉ siècle appartenant à divers artistes italiens, souvent prêtés par la Galleria Nazionale d’Arte Moderna de Rome.
- La salle De Carolis – Ferri porte le nom d’Adolfo De Carolis (1874–1928), figure majeure du Liberty italien et décorateur renommé, notamment pour son travail dans la région de Piceno.
Il s’agit d’une salle historique, réaménagée après le séisme de 2016.
Elle accueille un ensemble d'œuvres de la fin XIXᵉ–début XXᵉ siècle .
Trittico “I cavalli del Sole” d’Adolfo De Carolis, une œuvre symboliste réalisée dans le style Liberty, représentant des chevaux mythologiques liés au soleil.
“Dolore” (1900), tableau expressif de Giuseppe Amisani, montrant une figure féminine dans la peine et l’émotion.
Un autoportrait d’Augusto Mussini, artiste contemporain d’influence symboliste.
- La salle Giosafatti est dédie aux sculpteurs du XVIIIᵉ siècle (Lazzaro & Giuseppe Giosafatti), avec leurs maquettes, et peintures locales du XVII–XVIIIᵉ
- La salle Pasqualini expose une collection de luths et instruments à cordes du XVIII–XXᵉ siècle .
La Pinacoteca Civica offre un riche panorama artistique avec des chefs-d’œuvre de la Renaissance (Crivelli, Tiziano, Cola dell’Amatrice…), trésors baroques (Reni, Giordano…), de l' art du XIX–XXᵉ siècle (Pellizza da Volpedo, De Carolis), des sculptures, des céramiques, des instruments anciens et du mobilier historique.
Elle a été classée meilleur musée public italien en 2022.
Sur cette belle Piazza Arringo, entourée par la cathédrale, le baptistère, le palais de l’Arengo, et d’autres palais, on trouve deux fontaines jumelles ovales, érigées en 1884, en travertin et décorées de sculptures en bronze.
Elles ont été installées en remplacement d’un grand olivier médiéval.
Leurs structures elliptiques en travertin, est une œuvre de Giovanni Jecini. Elles sont ornées de chevaux de mer, de poissons, des angelots et et de masques grotesques en bronze réalisés par Giorgio Paci.
Toujours en état de marche, elles procurent de l’eau potable et sont un point de rencontre apprécié.
Nous partons pour la piazza del Popolo après avoir déjeuners à l'osteria dell'anno Mile.
Au menu, amatriciana, maiale grigliata al'olive ascolane.
La Piazza del Popolo est la deuxième place à Ascoli Piceno qui structure le cœur historique de la ville.
Elles incarnent toute sa richesse artistique, architecturale et sociale.
La Piazza del Popolo (Place du Peuple), surnommée : « le salon d’Italie » est une place de style Renaissance et gothique tardif.
Le travertin local poli, confère à la place un aspect clair et lumineux.
C'est un lieu de rassemblement, de flânerie, de vie sociale, et d’événements (concerts, foires, carnavals).
Les éléments principaux sont le Palazzo dei Capitani del Popolo (XIIIe–XVIe siècle), ancien siège du pouvoir civil, avec une tour d’horloge imposante, l'église San Francesco (XIIIe s), : chef-d'œuvre du gothique italien, avec un cloître adjacent et le caffè Meletti, café historique Art nouveau, ouvert en 1907, célèbre pour sa liqueur d’anis.

Le Palazzo dei Capitani del Popolo du XIII–XIVᵉ siècles a été édifié à partir de trois bâtiments médiévaux et d’une tour noble, fusionnés pour devenir le siège du Capitano del Popolo, représentant des corporations artisanales et défenseur du « peuple ».
Au XXᵉ siècle, il a été le siège du pouvoir civil, du parti fasciste (“Casa del Littorio”), puis du commandement de libération.
D'importantes restaurations ont eu lieu de1982 à 1987.
La façade en travertin sur la Piazza del Popolo à trois niveaux d’arcades et fenêtres, couronnée par une tour médiévale crénelée. La façade a été unifiée au XVe siècle, notamment grâce au pape Paul III Farnese .
Le portail principal est une œuvre de 1546 de Lazzaro “Ferrone” et son équipe lombarde. Il est surmonté d’une statue de Paul III, en remerciement pour la paix restaurée.
Le palais est composé :
De la Salle della Ragione (salle de la Région), ancien Consiglio dei Cento (ancien Conseil des Cent). Le plafond est orné de 12 panneaux en bois peints (XVIII–XIXᵉ siècles). Une fresque du XVe siècle attribuée à Pietro Alamanno, datée de 1484, est visible dans cette salle
De la Sala degli Stemmi (salle des armoiries) avec un décor héraldique rappelant les gouverneurs pontificaux du XIXᵉ siècle.
Et, sous le rez-de-chaussée, à la fin du XXᵉ siècle, une galerie archéologique suspendue a été découverte, où l'on peut observer des couches du forum antique romain jusqu’à l’èpoque médiévale.
Aujourd’hui, le Palazzo est la maison de la Culture. Il abrite des expositions temporaires.
La tour a été érigée au XIIIᵉ siècle comme une tour noble indépendante, typique des familles influentes de l'époque.
Au XVIᵉ siècle, elle a été intégrée au Palazzo dei Capitani del Popolo et transformée en clocher.
Cette transformation a inclus l'ajout de monoforums (fenêtres étroites), de corniches marcapiano (bandes horizontales décoratives), d'une merlure (battement crénelé) et d'une cuspide (flèche pointue).
Elle abrite deux cloches :
La Pacifica, la plus grande, fondue en 1547 par Giovanni Antonio di Pietro da Cremona. Elle porte des inscriptions et des figures en l'honneur de la Vierge Marie et de Christ Roi, ainsi que des armoiries de Paul III et des lilies (lys) de la famille Farnèse.
Une plus petite cloche, probablement volée par les habitants de Fermo pendant une période d'instabilité.
Suite aux dommages causés par le séisme de 2016, un projet de consolidation sismique a été approuvé en 2025.
Le Palazzo dei Capitani del Popolo est un chef-d’œuvre urbanistique qui incarne le pouvoir citoyen médiéval. Avec son architecture raffinée et son riche intérieur, il offre une plongée dans l’histoire, de l’Antiquité romaine aux institutions municipales modernes.

A côté du Palazzo dei Capitani del Popolo se trouve le Caffè Meletti.
C'est l’un des cafés les plus emblématiques d’Italie.
Inauguré le 18 mai 1907 par Silvio Meletti, industriel de la liqueur, il est rapidement devenu un lieu de rencontre pour les intellectuels et artistes de l’époque, et est aujourd’hui classé parmi les Locaux d’intérêt historique et artistique par le Ministère italien de la Culture.
Le bâtiment qui abrite le Caffè Meletti a été construit entre 1881 et 1884 pour accueillir les bureaux de la Poste et des Télégraphes.
Après son acquisition par Silvio Meletti en 1905, l’architecte Enrico Cesari et le peintre Pio Nardini ont transformé l’intérieur en un élégant café de style Art nouveau.
La façade néoclassique, peinte en rose antique, se remarque sur la place tout en s’harmonisant avec les autres bâtiments historiques.
L’intérieur conserve des éléments d’origine tels que des tables en marbre de Carrare, des banquettes en velours vert, des miroirs muraux, des lampadaires en verre de Murano et un plafond peint par Pio Nardini entre 1906 et 1907, illustrant des motifs liés à l’anisette.
La spécialité de la maison est l'Anisetta Meletti, une liqueur à base d’anis vert, perfectionnée en 1870 par Silvio Meletti.
Une tradition locale consiste à déguster l’anisette avec un grain de café, surnommée “l’anisetta con la mosca”.
Le café a accueilli de nombreuses personnalités célèbres, dont les écrivains Jean-Paul Sartre et Ernest Hemingway, le compositeur Pietro Mascagni, le peintre Renato Guttuso, ainsi que les poètes Trilussa et Stuparich. Il a également servi de décor pour des films tels que I delfini (1960) et Alfredo, Alfredo (1971).
Aujourd’hui, le Caffè Meletti continue d’offrir une expérience unique pour son café et ses pâtisseries.
Un restaurant gastronomique est situé au premier étage. Il propose une cuisine locale raffinée, avec une terrasse offrant une vue sur la piazza.
Le sous-sol abrite des vestiges romains.



Face au Palazzo dei Capitani del Popolo se trouve un bâtiment à cinq arcs appelé la Loggia dei Mercanti ("Loge des Marchands" ou "Galerie des Marchands").
Elle a été commandée au début du XVIe siècle par la puissante Corporazione dei Mastri Lanai (Corporation des Maîtres Tisserands), afin de disposer d'un espace couvert pour exposer leurs marchandises.
Les travaux ont débuté en 1509 sous la direction de Bernardino di Pietro da Carona et ont été achevés en 1513 par Francesco Rubei da Villagona.
La conception est attribuée à des architectes tels que Cola dell'Amatrice, Benedetto da Maiano ou même Donato Bramante.
Elle servait de lieu de réunion et de commerce pour les marchands de la ville. Elle jouait un rôle central dans la vie économique médiévale.
Le bâtiment se distingue par ses cinq grands arcs en plein cintre qui ouvrent sur la piazza, formant une sorte de galerie ouverte.
Cette structure permettait aux marchands de vendre leurs produits tout en étant protégés des intempéries.
La loggia a des caractéristiques architecturales de la Renaissance et du gothique tardif.
Sur la Piazza del Popolo se trouve aussi la Cathédrale San Francesco, chef-d'œuvre de l'architecture gothique italienne.
La construction débute en 1258, suite à la visite de Saint François d'Assise à Ascoli en 1215.
Les Franciscains obtiennent en 1257 l'autorisation papale de s'établir en ville. La première pierre est bénie par le pape Alexandre IV en 1258, mais les travaux ne commencent réellement qu'en 1262.
La façade principale, orientée vers Via del Trivio, est construite en travertin et présente trois portails gothiques.
Le portail central est particulièrement décoré, avec des colonnes soutenant des statues de saints franciscains.
Au sommet, un agneau pascal symbolise les tisserands locaux qui ont financé la construction.
La basilique est actuellement en travaux suite au tremblement de terre de 2016.
Elle présente un plan en croix latine avec trois vastes nefs séparées par dix piliers octogonaux. Elle mesure environ 62 m de long, 22 m de large, les voûtes ont une hauteur de 21 m.
Les voûtes, de style roman, sont remplacées au XVIᵉ siècle par des voûtes en croisée d'ogives.
La coupole culminant à 32 m est achevée en 1549, complétant l'édifice.
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Elle possède de grandes verrières illustrant des scènes bibliques et des épisodes de la vie de saint François, et d'autres saints.
Une remarquable chaire sculptée vers 1605–1607 par Antonio & Ventura Giosafatti, est adossée au quatrième pilier de la nef gauche.
Nous quittons cette belle ville d'Ascoli Piceno pour rentrer à Porto san Giorgio. En route nous faisons une halte à Grottamare, charmante station balnéaire et cité historique située sur la Riviera delle Palme.
Elle fait partie des "Borghi più belli d’Italia" (plus beaux villages d’Italie), un label prestigieux qui reconnaît la richesse patrimoniale, paysagère et culturelle de certains bourgs italiens.
La partie basse de la ville est une élégante station balnéaire.
Accrochée à flanc de colline, la ville haute est un véritable bijou médiéval haute médiévale) avec ses ruelles pavées, ses arcades, ses maisons en brique, ses petites places fleuries.
Elle bénéficie d'une vue panoramique splendide sur la côte adriatique.
Le vieux village a connu de nombreuses restaurations après des tremblements de terre et des attaques turques aux XVIe et XVIIe siècles.
Ascoli Piceno et Grottammare sont deux joyaux complémentaires des Marches.
Ascoli Piceno, riche de son histoire millénaire, de son architecture de travertin doré, de ses places harmonieuses et de son atmosphère élégante et authentique est une ville d’art et de profondeur.
À seulement quelques kilomètres, Grottammare invite à la douceur de vivre avec ses plages et sa vieille ville médiévale perchée sur la colline, baignée de lumière et ouverte sur la mer.
Texte de Paulette Gleyze
Photos de Paulette et Gérard Gleyze