vendredi 9 novembre 2018

Le cimetière St Roch de Grenoble


Aujourd'hui 25 octobre 2018, sous un beau soleil automnal, nous effectuons avec l'office du tourisme de Grenoble la visite guidée du cimetière St Roch.
Le thème est axé sur les sculpteurs, les architectes et les industriels grenoblois sans ordre précis, seulement la découverte au fil de nos pas.

Cet article est largement inspiré des commentaires de notre excellente guide, Caroline.

Le cimetière St Roch est situé rue en bordure de l'Isère, dans le quartier de l'Île Verte.
Il compte 25 000 tombes sur une superficie de 13 hectares.

Il est le plus ancien cimetière municipal de Grenoble inauguré solennellement le 19 août 1810 par l'évêque Raymond entouré des évêques de toutes les paroisses de Grenoble.

Le plus ancien cimetière paroissial de Grenoble, date du VIe siècle. Il s'agit du cimetière St Laurent.
Au fil des siècles, chaque paroisse avait son cimetière : Notre Dame, St André, st Hugues, st Laurent...

En 1804, une réforme interdit d'enterrer dans les villes. La raison n'est pas forcément sanitaire (épidémies) mais pour l'esprit des morts.

Par la suite, St Roch va être agrandi à 5 reprises au XIXe siècle et 3 fois au XXe siècle.

Les bourgeois se réservent très vite des emplacements et commandent des tombeaux aux meilleurs sculpteurs grenoblois.

Lors de l'inventaire réalisé en 2005 par la ville de Grenoble, 824 tombes ont été classées remarquables, tant sur le plan architectural qu'historique.

Après avoir passés l'entrée monumentale nous avançons jusqu’à la 1ère tombe monumentale, dans une grande et large allée bordée de magnolias.

Il s'agit de la tombe de Joseph-Marie Vagnat, architecte.

La sculpture de 1846 est de Pierre-Victor Sappey.
Le monument a été commandé par la Société de Secours de la ville en mémoire de son bienfaiteur.

La sculpture est la représentation d'une femme à l'antique sur un socle corinthien.
On retrouve les deux symboles de l'architecture, le parchemin et le compas.

Pierre-Victor Sappey, sculpteur né et mort à Grenoble (1801-1856), travaille dans l'atelier de Roggi à Paris en 1824.
Il part pour deux ans en Égypte avec son ami Jean Achard et un groupe de saint-simoniens.

A son retour, il est professeur puis devient directeur de l'école des beaux-arts de Grenoble.

Il est l'un des premiers utilisateurs du ciment comme matériau de sculpture, avec par exemple, la statue du Génie des Alpes à Uriage, réalisée en ciment prompt naturel.

Ami de Théodore Ravanat, il est proche des membres de l'école dauphinoise de peinture qu'il fréquentait à Proveysieux, mais aussi d'Henri Fantin-Latour.

Il est le beau-père du sculpteur grenoblois Aimé Charles Irvoy (1824-1898).

Parmi ses œuvres citons :
La Fontaine de Boigne, dite aussi Fontaine des éléphants, ou Fontaine des quatre sans cul, à Chambéry
La Fontaine aux amours et aux dauphins, dite aussi Fontaine du château d'eau, place Grenette à Grenoble
La Fontaine du lion, quai St Laurent à Grenoble.

Il est inhumé dans ce cimetière.

A quelques pas se trouve un monument dédié aux victimes de la guerre franco-prussienne de 1870.
À l'initiative d'un avocat, maître Farge, le conseil municipal du 17 février 1874 décide de concéder gratuitement un terrain pour l'emplacement d'un monument aux morts.
Inauguré le 5 novembre 1893 et réalisé par le sculpteur grenoblois, Eustache Bernard (né et mort à Grenoble -1839/1936).
Il représente une femme en deuil appuyée contre une haute pyramide,
le bras accoudé sur la corniche du piédestal, la main gauche tenant une couronne d'immortelles.
C'est l'Isère regardant à ses pieds une épée brisée.
La couronne représente les remparts de Grenoble, et les trois roses sont le symbole de la ville.

Près de ce mémorial se trouve la chapelle St Roch, qui est le monument le plus emblématique du cimetière.
Elle a été construite en 1826 par l'entrepreneur Joseph Gallet et a remplacé l'ancienne chapelle dédiée à saint Roch, construite à la fin du XVe siècle.

Pourquoi St Roch ?
Parce que nous sommes en pleine période de peste et qu'à chaque épidémie on l'invoquait car son histoire est liée à cette maladie.
Né en 1295 à Montpellier dans une famille aisée, il distribue son argent aux pauvres.
A l’âge de 20 ans, il se fait pèlerin et se rend en Italie où sévit une épidémie de peste.
Il soigne de nombreux malades, et est atteint à son tour par le mal.
Ne voulant pas communiquer cette terrible maladie à autrui, il s’enfuie et se cache.
Alors qu’il est sur le point de succomber, il est découvert par le chien d’un gentilhomme, nommé Gothard. Ce dernier le recueille et le guérit. Saint Roch décédera en 1327.

Saint Roch est toujours représenté accompagné d’un chien et soulevant sa tunique afin de montrer son bubon.

Dès 1813, le conseil municipal et l'évêque s'accordent pour étudier la construction d'une nouvelle chapelle, mais en cette période de fin de 1er Empire l'argent manque
et le projet n'est repris qu'en 1820-1824, par le nouveau maire, Charles Planelli de Lavalette.
Le 6 mai 1824, le maire reçoit l'autorisation du ministre de la guerre pour la construction de cette chapelle, et le roi Louis XVIII cautionne l'opération en 1824.
L'évêque Claude Simon donne 3 000 francs et un donateur anonyme promet la même somme.
Le premier devis des travaux est établi le 20 mars 1819 à 19 772 francs, et le coût final est de
20 328 francs, somme qui sera réglée en ...1829.

Cette chapelle se situe au point de convergence des allées principales et est face à l'unique entrée du cimetière de l'époque.
Elle est en pierre blanche de Sassenage.
Sa façade est classique avec fronton et colonnes.
Sur son fronton, sont sculptés les attributs de la mort, à savoir un sablier ailé, une torche renversée et une faux.
Au-dessus de l'entrée, est gravée l'inscription BEATI QVI IN DOMINO MORIVNTUR (Heureux ceux qui sont morts dans le Seigneur).

Fermée pendant longtemps au public pour cause de vétusté, elle a été récemment rénovée.
La décoration intérieure du chœur a été effectuée par l’artiste peintre Virginia Alfonso qui l'a illustré avec le cycle de la vie.

Une exposition sur l'histoire du cimetière et ses hommes illustres se tient dans la chapelle.
Elle est organisée par l'association "saint Roch", dynamique association qui œuvre activement pour les recherches historiques et la conservations des tombes remarquables.

En 1884, un chemin de croix avec ses quatorze stations est installé tout autour de la chapelle.

Près de la chapelle une croix en fer haute d'environ trois mètres a été installée au terme d'une Mission Religieuse de passage à Grenoble en 1818.
Cette « Mission » avait pour but de revivifier la foi parmi les fidèles.
Initialement cette croix était située au milieu du pont Créqui en pierre (actuel pont Marius-Gontard).
Au moment de la reconstruction du pont à la fin des années 1830, la croix a été déplacée au cimetière Saint-Roch.

La tombe de la famille Bovier-Lapierre est une tombe monumentale
où l'on peut voir la couronne d’immortelles et le lierre, symbole d'éternité, de fidélité et de longévité, et la couronne de roses et de pavots . Une rose fanée symbolise la vanité et la fragilité de la vie.

Édouard Bovier-Lapierre est un homme politique né le 28 avril 1883 à Grenoble et décédé le 3 mars 1958 à Paris, affilié au groupe parlementaire des républicains-socialistes.
Il a été maire de Morestel de 1925 à 1928 et ministre dans le gouvernement Herriot de 1924-1925.
Docteur en sciences politiques et économiques et licencié en sciences, fils du député Amédée-Pierre Bovier-Lapierre, est professeur à l'École des travaux publics.
Élu député républicain socialiste de l'Isère de 1919 à 1928,
Ministre des Pensions du 14 juin 1924 au 17 avril 1925 dans le gouvernement Édouard Herriot.

La tombe de l'abbé Gerin, sculptée par Aimé Charles Irvoy (1824/1898), est le seul gisant du cimetière Saint-Roch.
Jean Gerin (1797-1863) est né aux Roches-de-Condrieu en Isère a été curé de la cathédrale Notre-Dame de Grenoble de 1835 à 1863.
On lui donnait une réputation de sainteté et on lui attribuait des guérisons miraculeuses dues à ses prières.
En 1925, les premières démarches sont entreprises en vue d'une béatification, mais en 1928, la procédure est interrompue à cause de la mort accidentelle de l'abbé Charpin, chargé du dossier .
Près d'un siècle plus tard, lors de son Assemblée plénière tenue du 20 au 23 mars 2018, la Conférence des évêques de France approuve par vote l'ouverture de la cause en vue d’une éventuelle béatification.

Ce tombeau est une œuvre exceptionnelle, dans un style néo-roman, avec colonnes et chapiteaux. Le curé Gerin est représenté mort.
La sculpture des vêtements est particulièrement soignée.
C'est la tombe la plus vénérée du cimetière et toujours fleurie par les fidèles.

Beaucoup d'anciennes tombes sont entourées de gardes-corps en fer forgé ornés de pavot symbole du sommeil.

Pas très loin du monument du curé Gerin se trouve le tombeau du père Louis Toscan, curé de St Louis.
Les sculptures ornementales représentent les attributs du prêtre, le livre de la parole, les palmes de la victoire, la croix.... C'est la représentation d'un autel grandeur nature.
Les sculptures représentant les tissus sont de véritables dentelles.

Nous continuons par la tombe de Joseph de Miribel.
C'est un général né en 1831 à Montbonnot dans le château familial et mort en 1893 à Hauterives, près de Beaurepaire,.

Il a été le chef d'État-Major des armées françaises de 1878 à 1879 puis de 1890 à 1893.
Il participe à la guerre de Crimée, puis à la campagne d'Italie comme capitaine d'artillerie.
Il est de la campagne du Mexique sous les ordres du général de Laumière.
Il reprend du service en 1870, il est nommé colonel le 23 novembre 1870 et participe à la défense de Paris et au combat contre la Commune.

C'est le sculpteur Charles Aimé Irvoy, qui a réalisé son monument.
Le général de Miribel est représenté sur le médaillon en marbre avec ses décorations et la couronne de laurier et de chêne.

Charles Renauldon a activement participer à la création du cimetière St Roch.
La biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 le présente de la manière suivante :
"Représentant aux Cent-Jours, né à Grenoble (Isère) le 16 février 1757 « fils légitime de noble Jean-Baptiste Renauldon ingénieur pour le Roi dans les ponts et chaussées de cette province et de Dame Marie-Magdeleine Samuel, mariés », mort à Grenoble le 22 août 1824, avocat, il devint maire de sa ville natale au Consulat et remplit ces fonctions jusqu'au mois d'avril 1815. "

Il assiste au sacre de Napoléon 1er à Notre Dame de Paris en 1804, et est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1805. Il assiste en 1810 au mariage de Napoléon avec Marie-Louise d’Autriche.
Il est élevé au titre de baron de l'empire en 1810.

Il est élu, le 13 mai 1815, représentant à la Chambre des Cent-Jours par le grand collège de l'Isère et est nommé maire de Grenoble par arrêté du Premier Consul en date du 28 fructidor an VIII (15 septembre 1800).

Renauldon laisse à Grenoble de nombreux souvenirs de son administration, il créé les soupes populaires pour les malheureux, installe la halle aux grains dans l'ancienne église des Dominicains, trace et fait planter la promenade de l'Esplanade de la Porte de France, organise le 1er corps des sapeurs-pompiers Grenoble .
Il fait également paver les rues, amélioré l'éclairage public et la propreté des rues...

Mais surtout, en 1803 il crée une société de secours mutuels pour venir en aide aux gantiers en difficulté, suite à la crise qui touche l'activité gantière pendant la Révolution Française. Il apportera son concours à cette société jusqu'à sa mort.

Quand il meurt à Grenoble le 22 mars 1824, 3 000 ouvriers se disputent l'honneur de porter son cercueil. La municipalité de Grenoble reconnaissante donna son nom à l'une de ses rues.

Près de lui repose de façon anonyme son beau Joseph-Gaspard Dubois-Fontanelle, né et mort à Grenoble (1727/1812).
Il était journaliste, homme de lettres, auteur dramatique et traducteur
Il collabore à Paris à L'Année littéraire, à la Gazette des Deux-Ponts, à la Gazette de France et au service politique du Mercure de France.
En 1762 et 1763, il donne au Théâtre-Français deux comédies qui n'ont aucun succès.
Il publie des ouvrages de commande : contes, traductions, opuscules philosophiques.
Le nom de Dubois-Fontanelle sort de l'obscurité quand une de ses pièces, Éricie, ou la Vestale, tombe sous les ciseaux de la censure.
Imprimée clandestinement, la pièce est représentée à Lyon en 1768, avec pour résultat la condamnation de trois malheureux colporteurs aux galères.
Quand éclate la Révolution, il revient à Grenoble et devient professeur de belles-lettres à l'école centrale de l'Isère à partir de 1796,
puis professeur d'histoire à l'Académie de Grenoble à partir de 1804 et directeur de la bibliothèque.
C'est lui qui initie Stendhal (Henri Beyle) à la littérature.
C'est Champollion qui a fait son discours funèbre.

Après le la tombe de Charles Renauldon, la tombe d'un autre maire de Grenoble, celle de Honoré-Hugues Berriat, né et mort à Grenoble (1778 - 1854).
Il a été maire de Grenoble de 1835 à 1842.

Grenoble lui doit l'éclairage au gaz des rues, la construction du pont Marius-Gontard, la percée au travers des remparts de quartiers anciens, la percée d'une nouvelle voie vers l'ouest de la ville et qui porte son nom, la construction des quais de l'Isère, le pavage de rues.

C'est sous sa mandature que débute, en 1840, la construction de la citadelle Rabot dans le cadre de la fortification de la Bastille.

Il est le beau-frère de frère Jacques-Joseph Champollion, qui a épousé sa sœur Zoé.
Jacques-Joseph est le frère de Jean-François Champollion.

Nous arrivons devant la tombe de Albert Raymond, industriel célèbre a Grenoble.
En 1865, Grenoble est la capitale mondiale de la ganterie et les industriels sont à la recherche d'un procédé permettant de remplacer les boutonnières et les boutons des gants
Albert-Pierre Raymond dépose en 1865 un premier brevet d'invention concernant une agrafe à diamant, encore appelée agrafe en « T »
L'entreprise s'est diversifiée au fil des années dans les fermetures des chaussures de skis, dans la santé vétérinaire, dans l'automobile etc....
Aujourd'hui l'entreprise existe toujours et en est à la 5ème génération des Raymond.
La société possède 24 sites de production dans le monde, et 86 % de son chiffre d'affaires est réalisé à l'international.
Le sculpteur Bernard a effectué un portrait ressemblant et sans concession de Albert Raymond et un livre ouvert pour les générations suivantes.

Albin Crépu est un médecin naturaliste grenoblois (1799 - 1859).
Il est l'introducteur de l'homéopathie à Grenoble.

De 1825 à 1847, il occupe le poste de conservateur du Cabinet d'histoire naturelle de Grenoble, ancêtre du Muséum d'histoire naturelle.
Il en est évincé au profit de Louis Hippolyte Bouteille, sûrement pour des raisons politiques car il a des opinions fouriéristes.
Il fait partie de l'important groupe de phalanstériens de Grenoble et participe en 1850 au projet de fondation d'un restaurant sociétaire destiné aux plus démunis.

Sur le fronton de son tombeau on retrouve les instruments du botaniste : le serpent, le caducée, la coupe...
Il se passionne pour la fritillaire impériale appelée aussi couronne impériale. C'est une plante herbacée vivace de la famille des Liliacées.
Le nom ancien de la couronne impériale était Larmes de Marie. Elle est sculptée sur sa tombe.

La tombe de la famille Papet.
A. Papet est l'architecte qui a construit le monoprix de Grenoble et les immeubles de la place Grenette.
L’immeuble de monoprix fait partie de l’îlot bâti qui a remplacé un ancien couvent dans un souci de modernisation du centre ancien.
Il est destiné dès l’origine à accueillir un grand magasin. Il s’agit de l’un des tout premiers bâtiments édifiés à Grenoble en ossature poteau/poutre et béton armé. Il est de style Art Nouveau, avec son décor floral.
Nous trouvons dans le cimetière St Roch beaucoup de sculptures de vases drapés qui est le symbole de la mort.

La tombe d'Ernest Calvat, de son vrai nom Claude-Irénée Calvat (1823 Grenoble - 1898 La Tronche).
Sa tombe est en ciment moulé, c'est du faux bois.
Il est le quatrième maire de Grenoble au cours de l'année 1871, en pleine période insurrectionnelle de la Commune, et c'est avec Auguste Arnaud, Joseph Flandrin, Alphonse Finet, Auguste Gaché, Victor Raoult et Édouard Rey,
qu'au nom du conseil municipal, il demande à l'assemblée nationale d'arrêter l'écrasement de la Commune de Paris.

C'est lui qui ouvre au public la bibliothèque du musée-bibliothèque de la place de Verdun en 1872. Il est à l'origine du projet de construction d'une halle dans le quartier Sainte-Claire.

Il est aussi le fondateur d'une ganterie rue Saint-Laurent à Grenoble.

Son fils, prénommé également Ernest, était horticulteur et a été le créateur de nouveaux chrysanthèmes.

La tombe de Joseph-Marie de Barral, marquis de Montferrat né et mort à Grenoble (1742-1828) est une chapelle funéraire, un mausolée à l'antique, avec des cariatides. Sur le fronton, deux anges portes le blason de la famille.

Il est maire de Grenoble à trois reprises pendant la période révolutionnaire.
Haut dignitaire de la franc-maçonnerie, il devient en 1770 président à mortier au parlement du Dauphiné et sera très impliqué en 1788 dans la journée des Tuiles.

En 1789, il renonce à ses privilèges et ses titres et organise avec quelques amis, la Société des amis de la Constitution.

Apparenté par sa belle-sœur, épouse du général André Horace François de Barral de Rochechinard, à la famille de Beauharnais, il se rallie au général Bonaparte au coup d'État du 18 brumaire.

En 1814, il se rallie aux Bourbons.

Quelques pas plus loin un autre maire de Grenoble, Louis Crozet (1784-1858), maire de 1853 à 1858.
Élève à l'école Centrale il était un ami de Stendhal. Il devient ingénieur des Ponts et Chaussées, on lui doit notamment le pont suspendu sur le Drac.
Dans "La Vie de Henry Brulard" - chap.XXIX Stendhal écrit de son ami :"Il était un de mes amis les plus intimes... maintenant ingénieur en chef... C'est sans comparaison celui des dauphinois auquel j'ai connu le plus d'esprit et de sagacité et il avait cette audace mêlée de timidité nécessaire pour briller dans un salon de Paris".
A son décès, son épouse a donné au musée Stendhal 40 manuscrits de Stendhal.

Nous arrivons à une tombe dont la composition est très harmonieuse. C'est la tombe de Madame Recoura. Son mari a fait représenter sur son tombeau ses trois enfants en bas âge.

Nous terminons la visite par la tombe monumentale de la famille Claude Jouvin (1796/1871).
Claude Jouvin était le demi frère de Xavier Jouvin gantier né et mort à Grenoble (1801/1844)
Xavier Jouvin a étudié l'extensibilité des peaux et la forme des mains. Il va les classer en 322 types et 32 tailles.
Il invente ainsi le calibre et dépose un brevet en 1832 et 1834 et obtient l'exclusivité de son système qui rend la coupe plus précise..
En 1838, il perfectionne son système avec la « main de fer », un emporte-pièce à la forme du calibre qui permet de découper six gants à la fois, qu'il fait breveter
et pour lequel il obtient une médaille de bronze à l'exposition industrielle de Paris de 1839.

Il s'associe avec son demi-frère aîné Claude-Joseph Jouvin, dit Claude. Leurs deux maisons de ganteries s'accroissent et les Jouvin s'enrichissent.
Claude est à Paris et Xavier à Grenoble
Xavier meurt à l'âge de 43 ans et la société continue avec Claude et un associé, Monsieur Doyon.
En 1849, les brevets tombent dans le domaine public, tous les gantiers peuvent alors utiliser le système Jouvin.
En 1850, la veuve de Xavier écartée de l'affaire et brouillée avec son beau frère Claude, fonde une nouvelle société : la société Veuve Xavier Jouvin et Cie, qui va prendre une importance considérable.
Après un procès avec son beau frère, Claude et son associé Doyon, elle devient seule propriétaire de la marque "Gants Jouvin". Elle va employer plus de 100 personnes en atelier et 1200 couseuses à domicile.
La production va atteindre jusqu'à 50 000 paires de gants chaque année et son entreprise prend une taille d'envergure internationale.

La magnifique statue qui se trouvait dans la niche a été volée. Les mains de la femme représentée étaient mis en valeur en rappel aux gants. Les symboles sont ici représentés, le sablier, la croix, le griffon et l'aigle symbole de puissance, ainsi que l'urne recouverte.

Cette visite, certes insolite, a été un moment de découverte de l'histoire de Grenoble, de certains sculpteurs et de quelques familles et personnalités qui ont compté dans l'évolution de la ville.


Texte et photos de Paulette Gleyze

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