dimanche 4 octobre 2020

Grenoble et ses artistes au XIXe siècle



Initialement prévue du 14 mars au 28 Juin 2020, l'exposition "Grenoble et ses artistes au XIXe siècle" au musée de Grenoble est prolongée jusqu'au 25 Octobre 2020.

En s’appuyant sur sa collection, le musée rend hommage aux peintres et sculpteurs qui ont participé à l’effervescence artistique de la ville.

Au travers des 13 salles d'exposition, riche de cent cinquante œuvres et documents, notre guide Eric va faire découvrir à une assemblée attentive et masquée l'histoire de l'art local et ses artistes au XIXe siècle. (septembre 2020)

Au XIXe siècle, Grenoble était une grande ville industrielle et une ville de garnison. Elle a vu sa population tripler au cours du XIXe siècle.

À partir du Second Empire, elle devient un un centre commercial et bancaire et voit l’émergence d’une bourgeoisie passionnée par les arts ce qui a entraîné un développement de la vie culturelle et artistique.

Une école gratuite de dessin voit le jour dès 1796, une école de sculpture architecturale et des salons sont également ouverts.

En 1798, Louis-Joseph Jay, va ouvrir le premier musée de province. Il sera installé dans le Palais de l’Évêché puis dans l'ancien collège des Jésuites (actuel Collège et Lycée Stendhal). Sa fondation est actée par un courrier ministériel du 3 Brumaire an VII, soit le 24 octobre 1798. Son ouverture inaugurale date du 10 Nivôse an IX, soit le 31 Décembre 1800.

Louis-Joseph Jay va rassembler des œuvres saisies pendant la Révolution et il devient le 1er conservateur du musée jusqu'en 1815.

Pour L-J Jay, la vocation d'un musée des beaux-arts est "d'exciter l'émulation", les œuvres étant un support éducatif dans l'apprentissage artistique.

Il écrira quelque chose de très beau dans l'introduction au 1er catalogue du musée de Grenoble, An IX (1801) : "Si on considère le bien moral que les beaux arts peuvent produire, et quel est leur but dans une nation libre, on voit que c'est d'agrandir l'imagination, d'élever le caractère du peuple, d'échauffer et d'entretenir cet enthousiasme par le beau qui enfante les grande pensées comme les grande actions et de servir enfin au perfectionnement de l'esprit humain"

Devant l'ampleur de la collection auquel s'ajoute les dépôts de l'Etat et les achats et dons, la construction d'un nouveau musée s'impose.

Le musée-bibliothèque conçu par l'architecte Charles-Auguste Questel sera érigé place de la Constitution (actuelle place de Verdun) et ouvrira progressivement ses portes à partir de 1870.

Tout au long du XIXe siècle ce sont des artistes-peintres qui dirigeront le musée sous la gouvernance d'une commission municipale.

Quatre conservateurs vont se succéder :

Conservateur de 1798 à 1815, Louis-Joseph Jay a été le fondateur visionnaire pour qui le musée est un lieu d'apprentissage. Il sera également professeur de dessin à l'école centrale de l'Isère. A chacun de ses passages à Paris il ramenait des toiles, des moulages, des dessins, des gravures pour illustrer son enseignement. Il met également en place, à la fin du 18e siècle, une classe de paysage

Portrait de Louis-Joseph Jay par Jacques Augustin Pajou vers 1798-1799

Conservateur de 1817 à 1853, Benjamin Rolland, né à la Guadeloupe apporte un regard extérieur et continue de développer les collections. C'est lui qui acquiert les premières œuvres régionales en favorisant les paysages de Grenoble et de ses environs.

Il continue la démarche de L-J Jay concernant la classe de paysage et aura pour élève Jean Achard (1807-1884) qui entrainera derrière lui de nombreux peintres du paysage comme Diodore Rahoult (1819-1874), Henri Blanc Fontaine (1819-1897)... On va même parler de "l'école dauphinoise du paysage" .

Benjamin Rolland a également été le maître d'Ernest Hébert (1817-1908).

Portrait de Benjamin Rolland peint par son élève Eugénie du Colombier.

Conservateur de 1853 à 1887, Alexandre Debelle est celui qui permet l'aboutissement du grand chantier du musée-bibliothèque. C'est lui qui donne ses lettres de noblesse à la peinture d'histoire.De nombreux dépôts de l'Etat viennent compléter la collection.

Portrait d'Alexandre Debelle par Jacques Gay (1881)

Conservateur de 1887 à 1917, Jules Bernard a fait ses études à l'école des beaux-arts de Paris et a été l'élève d'Isidore Pils et d'Ernest Hébert.

Il fréquentait les peintres de l'école dauphinoise lors de leurs rencontres dans le massif de la Chartreuse à Proveysieux.

Il ouvre la collection à d'autres genres comme la collection d'objets asiatiques du général de Beylié, ou encore plus de 3 500 estampes et dessins de Léonce Mesnard.

Portrait de Jules Bernard par Tancrède Bastet (1902)

"Visiteurs au musée" (1911), représentation du musée de Grenoble par Jules Bernard, qui illustre l'organisation et l’atmosphère du musée à l'aube du XXe siècle. On reconnait la Vénus de Milo et la Vénus accroupie du musée du Louvre.

Le plus grand mécène du musée de Grenoble reste encore aujourd'hui le Général De Beylié qui a offert au musée de Grenoble près de 130 œuvres dont 4 rares tableaux de Francisco de Zurbaràn.

Son buste a été sculpté par Urbain Basset (1849-1910).

L’exposition offre, dans 13 salles, une déambulation à travers peintures et sculptures d'artistes dauphinois en mettant en lumière l'évolution artistique.

Les portraits, très en vogue parmi la bourgeoisie locale, sont devenus une manne pour les artistes.

Edouard d'Apvril était apprécié par ses portraits et les scènes de genre consacrées à la vie quotidienne des paysans. Il joue avec l'ombre et la lumière qui évoquent Rembrandt.

Ici la mère et l'enfant (environ1889)

Edouard Brun est surtout connu pour ses paysages de montagne et ses grands décors muraux. Ici c'est un rare portrait de sa part qui représente une fillette de la bourgeoisie d'affaire grenobloise dans ce portrait de Marguerite Charlon.

La peinture de genre se développe aussi en mettant en scène les aspects originaux de la vie paysanne dans les Alpes.

Henri Blanc-Fontaine peint le quotidien des populations paysannes, Jacques Gay peint les artisans et les ouvriers dans leur monde du travail, Tancrède Bastet montre les pratiques religieuses dans les campagnes.

Henri Blanc-Fontaine "Souvenir de la Grave en Oisans" : ému par la vue d'une scène d'enterrement, il décide d'en faire le sujet d'une de ses compositions. Récompensée lors de l'exposition universelle de Paris en 1855, l’œuvre obtient la mention honorable et une médaille de première classe.

Henri Blanc-Fontaine, "Peine d'amour perdu" (1866). Il évoque la tristesse d'une déception amoureuse.

Jacques Louis Gay (1851-1925) est un peintre de genre, portraitiste et paysagiste, ayant peint de nombreuses scènes campagnardes.

Il peint les villages dauphinois, ses habitants, les intérieurs dans un style réaliste.

De Tancrède Bastet, les Rogations; confrérie des pénitents blancs (1897). Les Rogations correspondent aux trois jours qui précèdent le jeudi de l'Ascension au cours desquels les confréries pratiquent le jeûne et organisent des processions

Scène d'intérieur, "paysans au coin du feu" (1897) d'Edouard d'Apvril. C'est dans le registre des scènes de genre que se distingue E. d'Apvril, les enfants occupent toujours une grande place dans ses tableaux. Il est le peintre de son temps, attentifs aux petites gens.

De Diodore Rahoult "La porte close". Deux fillettes aux profonds yeux noirs, manifestement des petites mendiantes, se tiennent devant une porte close. Traitement sobre et lumineux pour ce superbe tableau.

"Les Cervarolles" par Ernest Hébert/Auguste Félix. Ce tableau a été commandé par le général de Beylié à E Hébert, pour l'offrir au musée de Grenoble. Le peintre qui n'est plus en âge de réaliser des toiles de grands formats lui propose une copie des Cervarolles qui est aujourd'hui conservé au musée d'Orsay.
Hébert confie le travail à son élève Auguste Félix.

Face à face se trouvent une œuvre romantique d'Alfred Bellet du Poisat "les trois Bohémiens" (1857) et une œuvre classique de Jacques-Denis Pilliard, "Naissance de Benjamin et mort de Rachel" (1841).

Fasciné par Delacroix, Alfred Bellet du Poisat a développé son œuvre dans le sillage du maître romantique. Ce tableau est une ode à la liberté et à l'indifférence des biens matériels.

Il s'est inspiré d'un poème de Nikolaus Lenau, célèbre auteur autrichien, né en 1802 :

" Leurs vêtements n'étaient que haillons rapiécés d'étoffes bariolées, mais tous les trois libres et fiers, se moquaient du monde et des hommes. Par trois fois, ils m'ont montré comment quand la vie pour nous se fait grise, on la dissipe en fumée, en rêves et chansons, et triplement on la méprise."
J-

D Pilliard s'installe à Rome en 1837 et bénéficie des conseils d'Ingres alors directeur de la Villa Médicis. L'importance des drapées rappellent la formation du peintre auprès des œuvres des artistes de la Renaissance.

L'enseignement artistique se développe dès la 1er moitié du XIXe siècle avec la création de l'école municipale de dessin (1817) et de l'école de sculpture architecturale (1831). L'enseignement gratuit est ouvert à tous les jeunes. Ernest Hébert prix de Rome, a été élève de cette école.

Parallèlement aux cours municipaux, des artistes ouvrent leurs ateliers pour donner des cours privés, notamment aux femmes exclues des écoles municipales. C'est un revenu supplémentaire pour eux.

Des salons voient le jour : Le salon de la Société des Amis des Arts de Grenoble créé en 1832, pour "favoriser et encourager à Grenoble le progrès des beaux-arts". Elle organise un salon de peinture, dessin, sculpture et architecture au sein du musée. Son objectif est de promouvoir les artistes grenoblois et isérois. En 2020, l'association des amis des beaux arts organise la 97e édition de son salon.

En 1848, un groupe d'artistes (dont H. Blanc Fontaine, D. Rahoult, A. Debelle, E. Faure et V. Sappey) créent une Académie de dessin, peinture et sculpture d'après l'étude du modèle vivant.

Création d'un cours de dessin municipal pour les jeunes filles (1878).

"L'atelier de Cabanel à l'atelier des beaux arts" de Tancrède Bastet

Firmin Gautier (1838-1877) suit des cours de l'école municipale et expose pour la 1er fois au Salon de Grenoble à l'âge de 15 ans. En 1866, il offre ce tableau "intérieur d'atelier" au musée. On peut voir des des peintures accrochées au mur, mais aussi des moulage et une réduction du "Gladiateur Borghèse" du musée du Louvre.

Alexandre Debelle est le seul parmi les artistes dauphinois à peindre l'histoire grenobloise avec notamment "L’Entrée de Napoléon à Grenoble en 1815 ", qu’il peint en 1840 et le siège de Grenoble par les Alliés qu'il peint en 1860/1861. Sa démarche va permettre de donner corps à des évènements qui deviendront emblématiques de l'histoire régionale.

Il est aussi l'auteur, en collaboration avec Victor Cassien, de l'Album du Dauphiné, Grenoble (1835-1839) composés de 192 planches lithographiques, .

Dans le tableau monumental de "L’Entrée de Napoléon à Grenoble en 1815", il met en scène l'arrivée de Napoléon Ier à Grenoble le 7 mars 1815 lors de la période des 100 jours. L'Empereur se présente devant la porte de Bonne en compagnies de ses fidèles généraux (Cambronne, Bertrand, Drouot et le colonel Labédoyère). Autour de lui se trouvent, hommes, femmes, enfants, soldats et grenadiers de la garde impériale. L’œuvre est achetée par l'Etat l'année de son exposition au salon de Paris et envoyée directement au musée de Grenoble.

Le siège de Grenoble par les Alliés en 1815 peint par Alexandre Debelle (don de l'artiste au musée). En 1816, la ville de Grenoble est envahie par une division Austro-Sarde. Pour peindre ce tableau Debelle fait appel à ses souvenirs d'enfance en se remémorant le récit de son père, Joseph-Guillaume Debelle, capitaine des armées. Il est reconnaissable avec sa jambe de bois au milieu du tableau, dirige les opérations. L'artiste se représente, enfant à droite du tableau. La scène se situe au carrefour de la rue du chemin neuf et de la rue Très-Cloîtres.

C'est Benjamin Rolland qui acquiert les premières œuvres régionales de Jean Achard, d'Alphonse Blanc, de Charles Bertier, d'Alexandre Debelle... qui représentent les paysages de Grenoble et de ses environs.

Conservateur du musée de Grenoble de 1817 à 1853, il a été également professeur à l'école de dessin, et a eu notamment pour élèves les peintres Ernest Hébert, Théodore Fantin-Latour (père d'Henri Fantin-Latour), Jules Guédy et Eugénie du Colombier.

« Le Lac de L'Eychauda » (1886) de Laurent Guétal (1841 -1892). Laurent Guétal est, avec Jean Achard, le principal peintre de paysages dauphinois de la seconde moitié du XIXe siècle.

Il découvre en 1880 une photographie du lac de l'Eychauda, situé dans le massif du Pelvoux. Il se rend alors sur les lieux, à 2514 mètres d'altitude, où il fait une étude du paysage à partir du même point de vue que la phototgraphie.

En 1881, il exécute un tableau à l'huile à partir des deux documents.

Ce tableau a été peint pour le Salon de 1886, pour lequel le jury lui a décerné la troisième médaille.

La municipalité de Grenoble l'a immédiatement acheté pour le Musée.

"La vallée du Vénéon à St Christophe en Oisans" (1894). Charles Bertier mise sur l'effet spectaculaire des grands formats pour émouvoir le public. Ici dans ce paysage grandiose, sans personnage, il rend le caractère majestueux du lieu.

"Le lac Merlat et la Grande Lauziere, massif de Belledonne"(1902) par Edouard Brun. Comme Charles Bertier, il est un peintre-alpiniste membre du club alpin français qui a recours à la photographie.

"Une vallée dans le Briançonnais" (1887) de Laurent Guétal. Ce peintre utilise autant l'ombre que la lumière. Il peint la nature à la manière d'un géologue avec nuances et détails.

"Entre deux pluies, lac Robert (Chamrousse) de Charles Bertier. Ce paysage évoque le "Lac en Ecosse après l'orage" de Gustave Doré.

"Vue de la vallée de l'Isère prise à St Egrève" (vers1864) de Jean Achard.

Il présente ce tableau à sa 2e participation au Salon. C'est un paysage composite et équilibré.

Achard va s'intégrer dans le mouvement national de paysage réaliste. Ce tableau, remarqué au salon et obtient une médaille de 3e classe, est acquise par l'Etat pour le musée de Grenoble.

"La Bérarde en Oisans et la vallée de la Pilatte" (1882) par Laurent Guétal. Grâce à ce tableau il est admis pour la 1er fois au Salon de Paris en 1882. Cette reconnaissance l'encourage à faire de la montagne son thème principal.

L'exposition laisse aussi un grande place aux sculpteurs isérois.

Le sculpteur grenoblois Henri Marius Ding (1844-1898) était professeur à l'école des Beaux-Arts de Grenoble. Il est à l'honneur dans cette exposition avec plusieurs œuvres:

"Stella montis, muse de Berlioz"de 1844

"Gratianopolis" de 1884

"Buste de Jean Achard" de 1888

"La Vénus de la Pogne" de 1882

"Jésus le nazaréen, Ecce homo" de 1878

Elégante œuvre "Stella montis, muse de Berlioz" évoque Estelle Duboeuf, dont le jeune Hector Berlioz âgé de 12 ans est tombé follement amoureux. Il est âgé de 62 ans lorsqu'il lui avoue sa flamme alors qu'elle n'a jamais partagé les mêmes sentiments pour lui.


Jean Achard faisait figure de patriarche dans la communauté artistique de Grenoble. Il a peint de nombreuses vues de de Grenoble et se ses environs.

Après son décès en 1884, une souscription est ouverte pour lui élever un monument à la hauteur de sa réputation.

Son buste est sculpté par Henri Ding pour le musée.

Gratianopolis, (1884) est une allégorie de la ville de Grenoble, appelée à l’origine Cularo puis Gratianopolis. Une jeune femme au regard profond et aux allures conquérantes est ornée par des attributs symboliques. Sur le casque ailé se trouve un coq bicéphale, elle porte les armoiries de la ville (d'or aux trois roses de gueules). Les pans du vêtement sont couverts d'écailles (un motif de Gorgone selon certains), et des serpents sur l'encolure.

"La Vénus de la Pogne" bronze, qui marque la naissance le la Société de la Pogne créée par un groupe d'artistes dont Charles Bertier, Alexandre Debelle et Jacques Gay. Le sujet est joyeux. La jeune femme porte un pichet et une pogne (brioche régionale) sur un grand plateau alors que le jeune homme (sûrement un artiste, lui chuchote à l'oreille). Des objets sur le sol évoquent les arts et la littérature (un buste, un chapiteau corinthien, des livres, un cor). Le pichet, la brioche et le tonneau sont aux armoiries de Grenoble.

"Jésus le nazaréen, Ecce homo" (1878) de Henri Ding. La tête couronnée d'épines, assis sur un bloc de pierre sur lequel est tombé son manteau, Jésus a les mains liées et tient un roseau aujourd'hui disparu. Cette sculpture n'a pas reçu le résultat escompté au Salon de Paris de 1878 , mais sera bien accueilli au Salon de Grenoble de 1880. La Société des Amis des Arts l'achète pour le musée.

"Moïse" (1879) de Victor Chappuy. Il est élève de Victor Sappey à l'école architecturale de Grenoble. Il rejoint l'Ecole des Beaux Arts de Paris en 1852. La municipalité de Grenoble acquiert l’œuvre en 1881, après son exposition au Salon de la Société des Amis des Arts.

"Berlioz mourant" (1893) de Pierre Rambaud (1852-1893). Il suit les cours de l'Ecole de sculpture de Grenoble dirigé par Aimé Irvoy, et se rend en 1878 à Paris à l'Ecole des Beaux Arts. 24 ans après la mort de Berlioz, il sculpte le "Berlioz mourant". C'est une représentation réaliste et saisissante, empreinte de dignité.

Grâce au développement industriel et commercial, le XIXe siècle va voir un élan dans la restauration et la construction d'édifices.

A Grenoble, l’industrie du ciment occupe une place prépondérante dans le développement de la ville et c'est grâce aux cimentiers qu'une école municipale de sculpture industrielle de moulages décoratifs va voir le jour en 1882.

La ville s'agrandit et se restructure, et le pays lance un campagne nationale de restauration et de construction d'édifices religieux.

L'Isère a rebâti plus de 300 églises au cours du XIXe siècle.

Cela donne lieu à des programmes décoratifs religieux et civils.

Une grande partie des pierres utilisées provient de la carrière du Fontanil pour le calcaire bleu, de celle de Sassenage pour le calcaire blanc, de l'Echaillon pour la pierre et du Grand Ratz pour la pierre blanche.

De nombreux artistes grenoblois vont participer à l'embellissement de la ville par des sculptures, par des fontaines, par la décoration des façades...

Paul Virieu réalise la statue de St Bruno à Saint Laurent du Pont, la statue de St Ferjus pour la chapelle du cimetière de la Tronche. Diodore Rahoult et Henri Blanc-Fontaine vont réalisés des peintures iconographiques pour l'église st André (aujourd'hui disparues), Alexandre Debelle réalise les peintures murales du chœur de l'église st Laurent...

Pierre-Victor Sappey (1801-1856) travaille dans l'atelier de Nicolas Raggi à Paris, en 1824. Il part pour deux ans en Égypte avec son ami Jean Achard.

Il est professeur puis directeur à l'École des beaux-arts de Grenoble.

Il est l'un des premiers utilisateurs du ciment comme matériau de sculpture, qu'il emploie pour la statue du Génie des Alpes (1849) à Uriage, réalisée en ciment prompt naturel.

Cette personnification des Alpes est représentée sous les traits d'un vieillard au front chauve et à la barbe flottante. Il trône sur un rocher et tient dans sa main droite un sceptre et sa main gauche retient un chamois. Cette oeuvre monumentale à été installée entre les thermes et le château à Uriage. Réalisée en ciment, elle a subit les infiltrations d'eau et la statue a fini par s'effondrer.

Victor Sappey, va sculpter des monuments privés pour le cimetière st Roch.

Il va réaliser les ornements en bronze de la fontaine aux amours et aux dauphins de la place Grenette. L'ornementation en est constituée de quatre dauphins (symboles du Dauphiné) chevauchés par des angelots.

Il sculpte aussi la fontaine du Lion et du Serpent de la place de la Cymaise, la fontaine des éléphants à Chambéry, la statue du général Championnet à Valence...

Modèle en terre cuite, pour la fontaine du Lion et du Serpent (1840). Au XIXe suite aux travaux de canalisation pour atténuer les crues, Grenoble décide de construire de nombreuses fontaines; Pour la commande de la fontaine place de la Cymaise sous l'escalier qui mène au couvent de Ste Marie d'en haut, Victor Sappey choisit de symboliser les deux cours grenoblois, le Drac et l’Isère, l'un par un lion impétueux (le Drac) qui tient dans ses griffes un serpent évoquant l'Isère sinueuse.

Urbain Basset (1842-1924) va sculpter les têtes d'éléphant (1907) au 6 rue Félix Poulat sur l'immeuble édifié en 1903 par les architectes Chatrousse et Ricoud. Les quatre têtes d’éléphant ont été exécutées en pierre de taillée .

"Le Torrent" (1878) d'Urbain Basset. Présenté au Salon de Paris, la sculpture haute de 2,50 est acquise par l'Etat et envoyé au musée de Grenoble. Installé sur la place de la constitution (place de Verdun actuelle), la sculpture est ensuite déplacée en 1888 dans le jardin de ville où elle s'est brisée en septembre 2009. Après restauration elle a été installée au jardin de plantes.

Durant la 2e guerre mondiale, elle échappe miraculeusement à la fonte après avoir été envoyée en Allemagne et revient à Grenoble en 1950. L’œuvre représente un torrent, figuré sous les traits d'un jeune homme nu portant une cruche sur laquelle sont gravés les signes du zodiaque excepté le verseau symbolisé par la statue elle même.


Victor Chappuy (1832-1896) va sculpter la statue de l'inventeur et mécanicien Jacques Vaucanson (1709-1782). Elle est inaugurée sur la place Vaucanson à Grenoble en 1896. La statue en bronze a été fondue pendant la 2e G.M. par l'Allemagne nazie.

Ce modèle préparatoire en plâtre et quelques photographies sont le témoignage de cette oeuvre.

Cette riche exposition permet de découvrir la naissance de l'histoire de l'art à Grenoble, la vie artistique de la ville et ses différents courants, d'admirer de nombreuses œuvres et de découvrir ou de redécouvrir de nombreux artistes.

Au fil des 13 salles, nous avons découvert des artistes qui pour certains ont poursuivi leurs carrière à Paris ou tenter le prix de Rome. Le plus célèbre d'entre eux est Ernest Hébert qui a dirigé la Villa Médicis à Rome à deux reprises.

Le genre du portrait se développe, apparition de la peinture du paysage qui valorise le patrimoine Isérois, et la sculpture monumentale et décorative nait avec le développement des monuments religieux, civils et privés.

Ce parcours est un véritable voyage dans le temps et dans l'art dauphinois.

C'est une très belle réussite.


Texte : Paulette Gleyze

Photos : Paulette et Gérard Gleyze


























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