Ce 12 août 2021, après la découverte du secteur archéologie du musée Unterlinden,
nous continuons la visite par le secteur mérovingien et roman, pour terminer par l'art du Moyen-Âge et de la Renaissance exposé dans les salles adjacentes au cloître.
Avec l'avènement de la dynastie mérovingienne (481-754) va survenir des changements importants dans le domaine des arts en Gaule, car au VIe siècle la culture chrétienne va se développer par l'action des évêques et des monastères.
De nos jours, aucun monument mérovingien ne subsiste : les églises, les monastères... ont été détruits ou remplacés par des monuments romans et gothiques. Seuls des cryptes souterraines et des baptistères sont parvenus jusqu'à nous. Ils sont les derniers vestiges pour nous donner une idée du style mérovingien.
C'est avec l'avènement des Carolingiens au IXe siècle et jusqu’au XIe siècle
que va se développer l'art roman.
Un grand nombre d’abbayes et de monastères voient le jour, et l’art roman se diffuse notamment depuis l’abbatiale de Cluny.
A Unterlinden, l'art mérovingien et roman du 5e au 12e siècle est faiblement représenté.
Les chapiteaux et consoles figuratifs en pierre présentés ne sont que de rares vestiges d’édifices détruits.
Ils représentent les symboles des évangélistes, des animaux et des scènes tirées de
la Bible ou de la légende des saints.
Le Musée conserve un ensemble de sculptures lapidaires provenant de l’abbaye d’Albach située sur la commune de Kaysersberg et dont l’église reconstruite au 12e siècle a été consacrée en 1149 par l’évêque Ortlieb de Bâle.
Chapiteau du 12e siècle, les justes dans le sein d'Abraham (église abbatiale d'Albach)
Lion de st Marc du 12e siècle (église abbatiale d'Albach)
Deux serpents enlacés du 12e siècle (église abbatiale d'Albach)
Chapiteau triton du 12e siècle (église abbatiale d'Albach)
Chapiteau du 12e siècle, dernière communion de Marie l’Égyptienne, ancienne courtisane recluse dans le désert, qui reçoit de la main du moine
Zozime la dernière communion (église abbatiale d'Albach)
Chapiteau, enfance et passion du Christ du 12e siècle. Provient du prieuré st Marc de Gueberschwihr.
Chapiteau de la fin du 11e siècle, provient de Rouffach
Bénitier de la fin du 11e siècle, qui provient de l'abbaye disparue des chanoinesses augustines de Schwartzenthann est le seul vestiges de cette abbaye romane.
La visite continue dans le cloître médiéval avec l’art du Moyen-Age et de la Renaissance. Les œuvres exposées proviennent pour la plupart, d’une zone qui s'étend de Bâle à Strasbourg qui dépendait du Saint-Empire romain germanique.
L’art médiéval couvre plus de 1 000 ans d'histoire de l'art en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
La majorité de l'art qui nous est parvenu de cette époque relève du domaine du religieux, mais sur une période aussi longue l'art médiéval a évolué au fil des siècles. Hommes d’églises et seigneurs locaux, font construire églises et couvents, châteaux et demeures, qu’ils décorent de peintures, et meublent de sculptures et d’objets d’art.
La plupart des peintures, sculptures et objets d’art exposés au musée, provient du séquestre révolutionnaire, et est de provenance locale. Les historiens d’art ont qualifié ce style de « gothique international »
2 statues de prophètes qui proviennent de la Collégiale St Martin de Colmar (environ 1350).
La Collégiale Saint Martin se situe au cœur de Colmar.
Déjà avant l'an mil il existait une chapelle dédiée à Saint Martin y fut érigée
Des fouilles qui ont eu lieu en 1972 ont révélé un sanctuaire à abside carrée qui remonterait au XIe siècle. Cet édifice a été détruit par un incendie en 1106 et remplacé par une basilique romane.
La reconstruction de l'édifice actuel a été effectuée de 1234 à 1365.
Ange de l'Annonciation (vers 1300), provient de la collégiale st martin de Colmar
Ste Elisabeth (vers 1400), retrouvée au sous-sol de la collégiale de st martin de Colmar
Saint Martin, (environ 1300) provient de la collégiale St Martin de Colmar.
Homme de douleur (vers 1300), provient de la collégiale st Martin de Colmar
Gargouille, le Diable aux juifs (vers 1300) provient de l'église Notre Dame de Rouffach.
Rouffach, ancienne capitale du Haut-Mundat, était possession des princes-évêques de Strasbourg.
A ce titre elle se devait de posséder une imposante église à l’échelle de ses puissants seigneurs et maîtres. A la suite d’un incendie en 1199, l’édifice a été reconstruit et devient la première église de style gothique en Alsace.
Pierre tombale de Philippe Hunolt de Limberg (environ 1358).
La Dalle funéraire de Philippe Hunolt de Limberg, représentant d’une ancienne et
influente famille colmarienne, renvoie aux pratiques funéraires.
L'effigie gravée du prêtre est entourée d'une inscription : "l'an du Seigneur mille trois cent cinquante huit le 18 avant les calendes d'octobre (14 septembre), est mort le seigneur Philippe Hunolt de Limberg, chapelin de cette chapelle de son père et sa mère qu'il repose en paix".
Crucifixion et nativité (vers 1400) en ivoire
Dans les salles adjacentes au cloître médiéval sont exposées des œuvres de Lucas Cranach, Martin Schongauer, Hans Holbein... peintres du 15e et 16e siècles.
Lucas Maler dit Lucas Cranach l'ancien (1472-1553) est un peintre et graveur de la Renaissance allemande. Son patronyme dérive de celui de sa ville natale.
Il a produit de nombreuses œuvres dont l'attribution est parfois difficile car les signatures sont différentes et l'activité de son atelier est très importante (près de 600 œuvres)
Après sa mort, son fils Lucas Cranach dit le Jeune (1515-1586) continue l’activité de son père et de son atelier.
Portrait de Lucas Cranach l'ancien
Entre 1501 et 1504, il voyage dans la vallée du Danube jusqu’à Vienne. Il fréquente les milieux humanistes. Il peint durant cette période des tableaux d’inspiration religieuse (Saint-Jérôme - 1502, Crucifixion - 1503, Le Repos pendant la fuite en Égypte - 1504)
crucifixion vers 1503_huile sur bois
L’œuvre est une réinterprétation de la gravure "Melancolia I" d'Albrecht Dürer.
À cette époque, son style, proche de celui d'Albrecht Dürer, se caractérise par la prédominance de paysages aux couleurs fastes avec quantité de détails et de symboles.
Dans cette oeuvre Dürer fait l'apologie de la mélancolie, propice à la créativité artistique. Lucas Cranach, proche des idées de Luther condamne ce tempérament et préconise les nourritures terrestres pour s'en préserver.
La Mélancolie_de Lucas Cranach_Huile sur bois
De Hans Holbein l'Ancien (env1465 en Bavière-env 1524 à Issenheim)_portrait de femme_huile sur bois.
Lui et son frère Sigmund Holbein ont réalisé des œuvres religieuses de style gothique tardif. Hans l'Ancien est le principal artisan de l'évolution de l'art allemand du style gothique vers le style Renaissance.
Hans l'Ancien a également illustré des livres, dont le plus célèbre d'entre eux est "l’Éloge à la folie" d’Érasme.
La visite continue avec de nombreuses œuvres religieuses et notamment des retables.
De nombreuses gravures d’Albrecht Dürer ont servi de modèles aux artistes du 16e siècle. Le retable de Bergheim est l’un des exemples les plus caractéristiques. Cette œuvre est attribuée à Veit Wagner (1420 - vers 1517) sculpteur allemand actif à Strasbourg de 1492 jusqu'à sa mort.
Pour l’église de Bergheim proche de Colmar, il a réalisé un retable en s’inspirant de gravures de Dürer. Veit Wagner reprend notamment le Saint Georges terrassant le dragon, l’Annonciation et l’Adoration des Bergers. À ces trois panneaux, Veit Wagner en ajoute un, représentant un ermite en prière, peut-être saint Onuphre.
Une fois fermé, le retable présente deux volets peints des figures de saint Jean-Baptiste et de saint Jean l’Évangéliste.
Le retable est sculpté en relief sur du tilleul.
Attribué à l'atelier de Veit Wagner le retable de Bergheim_st Georges, Annonciation, Nativité, saint Ermite (1515-1517)_ provient de la chapelle de la commanderie des Chevaliers de Saint Jean de Bergheim
Saint Georges de Dürer_ gravure sur cuivre
Martin Schongauer (1445/1450 env-1491) dit "le beau Martin" est l'un des plus grands peintres et graveurs sur cuivre allemand, de la fin du 15e siècle.
Il reçoit une solide formation dans l'atelier d'orfèvre de son père, où la rigueur et la précision et la rigueur du métier auront une influence majeure sur sa maîtrise future de la gravure au burin. Il a eu ensuite une formation de peintre. Il va fréquenter l'atelier de Hans Pleydenwurff (env 1420-1472; peintre bavarois) où il sera fortement inspiré par les maîtres de l'art flamand.
Son style est un équilibre entre naturalisme (dû aux Flamands) et la douceur des peinture du Rhin supérieur.
Sa renommée s'étend jusqu'en Italie (Michel Ange l'admirait) et aux Pays-Bas. Albrecht Dürer veut devenir son disciple, mais Schongauer meurt prématurément avant son arrivée.
Retable de la vie de la Vierge, Visitation, Nativité, Présentation au temple, Adoration des mages, Annonciation (sculptée)_Rhin supérieur_1490 environ_Peinture à l'huile sur bois polychromé.
Adoration des mages_peinture sur bois_env 1500
Retable de l'enfance du Christ_circoncision, sainte Parenté, St Jean de Patmos, Martyre de saint Jean l’Évangéliste_env 1512_peinture sur bois
Nous pouvons également voir de nombreuses sculptures.
Ce haut relief devait probablement constituer l’élément central de la caisse d’un petit retable d’un autel secondaire. Certains éléments de la sculpture ont permis d’attribuer cette œuvre à l’atelier du Maître de Rabenden.
Ce nom vient du village de Rabenden en Haute Bavière où se trouve un retable à partir duquel a été défini le style du sculpteur Jürgen Rohmeder. Certaines sculptures datées ont permis de fixer sa période d’activité aux alentours des années 1510-1525 et son atelier serait localisé à Munich.
Sainte Anne trinitaire (qualifie le groupe formé de sainte Anne en position centrale, de Marie et de l’Enfant Jésus) avec figure du donateur-env 1520_bois de tilleul polychromé
Vierge à l'enfant_env 1510_bois de tilleul
Cette oeuvre serait de Jos Gunstersumer (cité à Bâle entre 1489 et 1526) et de son fils Dominicus Guntersumer.
Sainte Catherine est une vierge et martyre, supposée être née à Alexandrie, et morte vers 307.
Sa biographie est entièrement imaginaire. Selon sa légende, elle aurait été de sang royal et aurait eu un songe la nuit qui a suivit son baptême. Dans ce songe la Vierge lui serait apparue en tenant dans ses bras son enfant Jésus.
Jésus se serait fiancé à elle en présence la Vierge et d'une multitude d'anges et de saints.
Il lui aurait donné un anneau comme à une vraie épouse et en se réveillant Catherine, aurait trouvé l'anneau à son doigt.
Martyre de sainte Catherine_attribué à l'entourage du Maître H L_env 1530_bois de tilleul polychromé.
Nous savons peu de chose sur le dernier grand sculpteur gothique Maître H. L du Rhin supérieur. Son œuvre est datée et monogrammée ce qui permet de le situer dans les années 1511 à 1526.
en hommage à Martin Schongauer une statue effectuée par Auguste Bartholdi
Voir article consacré à A Bartholdi
https://ballades-page3873.blogspot.com/2021/10/le-musee-bartholdi-colmar.html
Dans les anciens bains inaugurés en 1906 sont exposés des artistes majeurs du 20e siècle tels que Monet, de Staël, Picasso, Dubuffet, Yan Pei-Ming... Ce sera l'objet de notre prochain voyage en Alsace.
Yan Pei-Ming_Shanghai 1960_autoportrait
Texte de Paulette Gleyze
Photos de Paulette, Anne et Gérard Gleyze
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