mardi 19 août 2025

Visite du château Vaulx le Vicomte


Le Château de Vaux‑le‑Vicomte, joyau du patrimoine français situé à Maincy, en Seine‑et‑Marne, à environ 50 km au sud-est de Paris, est intimement lié à l’ascension et à la chute de Nicolas Fouquet

Le site de Vaux, était déjà occupé au Moyen Âge par un manoir fortifié et des terres agricoles. En 1604, les terres passent à Nicolas de Neufville, marquis de Villeroy, mais il n'y fait pas d'ménagement.

En 1641, Nicolas Fouquet, alors maître des requêtes, achète Vaux pour transformer le domaine en une résidence de prestige.

Devenu surintendant des finances de Louis XIV, il veut un lieu capable de rivaliser avec toutes les demeures aristocratiques de son temps.

Il confie le chantier à trois talents majeurs, Louis Le Vau, architecte; Charles Le Brun, peintre-décorateur; André Le Nôtre, jardinier-paysagiste.
L'architecte Louis Le Vau

Le peintre-décorateur, Charles Le Brun

Le jardinier-paysagiste André Le Nôtre

Le trio, réuni sur un même projet, invente un concept unifié où architecture, décoration et jardin s’harmonisent parfaitement. Le modèle inspirera Versailles.

Les travaux débutent en 1656

En seulement 5 ans, en 1661, Vaux-le-Vicomte est achevé dans le but d'éblouir, ce qu'il réussira, mais ce succès aura aussi pour lui des conséquences dramatiques.

Nicolas Fouquet a été le surintendant des finances de Louis XIV de 1653 à 1661. Il nait à Paris en 1615 dans une famille aisée et influente. Fait des études de droit et devient rapidement avocat au Parlement de Paris.
Nicolas Fouquet

Il entre au service du roi grâce à sa fidélité durant la Fronde (1648-1653).

En 1653, nommé Surintendant des finances par Mazarin.

Il gère les finances de la France à une époque où l’État est très endetté et use de son intelligence financière, mais aussi de ses réseaux d’alliances, pour renforcer sa puissance.

Il devient très riche grâce à ses fonctions et à ses investissements personnels.

Il fait construire le somptueux château de Vaux-le-Vicomte.

En l'honneur du roi Louis XIV, Fouquet organise le 17 août 1661 pour l'inauguration du château une fête d’une somptuosité spectaculaire, avec feux d’artifice, buffets royaux et jardins illuminés.

Cette fête fastueuse impressionne et irrite Louis XIV, jaloux de tant de splendeur.

Peu après cette fête, Colbert, rival de Fouquet, convainc Louis XIV que le surintendant détourne des fonds et menace l’autorité royale.

Le 5 septembre 1661, Fouquet est arrêté à Nantes par d’Artagnan.

Après le procès qui dure de 1661 à 1664, il est accusé de malversations financières et d’ambitions politiques.


Il est condamné à la prison à vie et enfermé au fort de Pignerol dans le Piémont.

Il meurt en prison dans l’oubli, affaibli physiquement et moralement en 1680 après 19 ans d’emprisonnement, à l'âge de 55 ans.

L'histoire retient la citation célèbre de Colbert au sujet de Fouquet :
« Il n’est pas prudent de briller plus que le roi. »

Le château devient une référence pour l'esthétique du classicisme français.

Avec 33 hectares de jardin à la française, c’est le modèle précurseur des jardins de Versailles. L’agencement, les perspectives, les bassins et statues incarnent l’art de Le Nôtre.

Axé sur plus de 3 à 4 km de perspective, le domaine combine cascade, grotte et canal central, avec une statue de l’Hercule Farnèse.

Aujourd'hui, propriété de la famille de Vogüé, descendante de la famille Sommier (acquéreur en 1875) le château est ouvert au public depuis 1968 et est la plus grande propriété privée classée Monument Historique de France.

Il conserve ses décors et ses meubles d’origine comme s’il était encore habité, avec salons, chambres, cuisine, grotte et salle des équipages.

La visite de l’intérieur du château de Vaux-le-Vicomte est un véritable voyage dans l’art de vivre du XVIIᵉ siècle, à l’époque de Nicolas Fouquet.

Pour la visite, nous accédons d’abord aux appartements privés au premier étage, destinés à Nicolas et à Madame Fouquet,

Les appartements privés de Nicolas Fouquet et de son épouse sont situés au premier étage, côté cour pour l'appartement de Nicolas Fouquet et côté jardin pour celui de Madame.

Ces appartements comprenaient chacun, une antichambre, une chambre, et un cabinet. Ces pièces se répartissaient dans un agencement novateur en double enfilade, une innovation architecturale introduite ici par Louis Le Vau.

On y accède par un magnifique escalier décoré de tableaux, gravures et tapisseries.



À Vaux-le-Vicomte, il y a deux appartements pour le surintendant Fouquet, un au rez de chaussée et un au 1er étage.

On distingue ainsi l’appartement d’apparat et l’appartement privé.

Au 1er étage, l’appartement est plus intime, plus petit, plus confortable, avec des pièces adaptées à la vie quotidienne.
Il y a sa chambre privée, son cabinet de travail, et une bibliothèque.

C'est un espace de retraite, de travail et de vie personnelle.




Le cabinet  de Fouquet (aussi appelé « cabinet des jeux » ou cabinet de travail de Nicolas Fouquet) illustre l’atmosphère intime et décorée de ce lieu raffiné.

C'était le lieu de travail et de retrait privé à côté de sa chambre et de son antichambre où il recevait des proches et où il se retirait.

Le bureau Mazarin, du XVIIᵉ siècle, tire son nom du cardinal Mazarin. Il se distingue par ses huit pieds reliés par des entretoises formant des X ou H, ainsi qu’un espace de genou unique sur le côté, une disposition qui permettait à l’utilisateur de conserver son épée attachée à la ceinture .

Souvent considéré comme un symbole de prestige, ce meuble servait aussi bien de bureau que de coiffeuse. 


Le mobilier, très soigné, comprend aussi des objets comme une pendule de voyage, des bronzes décoratifs, et d’autres pièces précieuses reflétant le goût raffiné du surintendant.

Le tableau est une "Allégorie de la fidélité conjugale".

Au plafond un ovale peint  "Le Ciel", signé Charles Le Brun. représentant Le Sommeil, entouré par une frise ornée de motifs animaliers.

La décoration du cabinet offre une atmosphère de détente élégante avec finesse picturale et mobilier précieux.

L’appartement de Marie-Madeleine de Castille, épouse de Nicolas Fouquet. Il comprenait une antichambre, une chambre, et le cabinet de travail, disposés en double enfilade.

On entrait d’abord par une antichambre, puis on passait par la chambre avant d’accéder au cabinet.

Ces trois pièces étaient en double enfilade, un agencement alors peu répandu.

Les pièces ont été transformées au XVIIIᵉ siècle.

Le cabinet donne sur les jardins à la française dessinés par André Le Nôtre.


Durant le XVIIIᵉ siècle, la chambre et l'antichambre ont subi d'importantes modifications, menant à leur reconfiguration selon les styles en vogue à l'époque.

Le cabinet correspond à un espace intime de réception ou de retrait, typique des demeures aristocratiques du XVIIᵉ siècle.

Le décor y est raffiné. Les boiseries finement travaillées, le mobilier élégant, les éléments du parquet, les lustres, et les objets d’époque contribuent à une ambiance chaleureuse et sophistiquée.  







La pièce était à l'origine intégralement revêtue de glaces, ce qui agrandissait visuellement la pièce et reflétait la lumière.

Les boiseries sont sobres mais élégantes, peintes et dorées, typiques du style Louis XIII finissant.

Le mobilier est composé d'une tables d’écriture, de sièges de petite taille, de coffres ou cabinets à tiroirs.

Dans la chambre a été aménagée "La Chambre Louis XV " qui a conservé une grande partie de son décor d’origine, notamment ses plafonds ornés de trompe-l’œil en forme de coupole.




Le plafond est orné en son centre d’un médaillon ovale peint représentant un ciel lumineux, symbole d’élévation et de raffinement.

Les coins du plafond affichent le blason de Madame Fouquet. Il représente une tour crénelée surmontée d'un écureuil, emblème de la famille Fouquet.

La chambre, dans son apparat modernisé, montre une alliance entre les codes du XVIIᵉ (notamment via ses stucs et coupoles décoratives) et le goût du XVIIIᵉ siècle, duquel émane son appellation « Louis XV ».

L'atmosphère intime et féminine contraste avec les salons d’apparat beaucoup plus imposants du rez-de-chaussée.

Nous redescendons au rez-de-chaussée pour découvrir
plusieurs pièces d’apparat comme le Grand Salon (salle des Gardes), l'antichambre d'Hercule, la chambre carrée, la Chambre des Muses, le cabinet des jeux, la Chambre du roi, la Salle des Buffets.

Le château adopte un plan en "corps double", avec deux enfilades parallèles — une face jardin et une face cour, une innovation majeure pour l’époque.

Au centre, se trouve un vestibule d’entrée (côté cour), et une rotonde ou Grand Salon (côté jardin), s’ouvrant sur les perspectives des jardins.
Côté jardin, à gauche de la rotonde, se situe l’appartement du roi et à droite l’appartement de Nicolas Fouquet.

Sa forme ovale avec ses deux étages et voûtures à l’italienne est exceptionnelle dans l’architecture française du XVIIᵉ siècle.

C'est un espace spacieux (environ 19 m de long, 14 m de large et 18 m de haut) ouvert sur les jardins par de grandes baies vitrées.

La coupole est soutenue par seize termes sculptés par François Girardon, représentant les signes du zodiaque et les saisons.

Les bustes d’empereurs romains, sont des vestiges du décor voulu par Fouquet ou ajoutés ultérieurement par la famille Sommier vers 1880.

Au sol, un cadran solaire est intégré dans le carrelage central, voulu par Fouquet.

La salle était à l’origine destinée à recevoir des fêtes et offrir un accès direct aux jardins.

C'est un chef-d'œuvre architectural de Le Vau, avec dorures et effets de lumière.

Cette salle relie symboliquement l’intérieur et l’extérieur, ce qui est une innovation pour l’époque.

Ce hall est témoin du rôle de représentation du château : il fallait marquer les visiteurs dès le seuil.


Le projet de Charles Le Brun prévoyait un décor central sur la voûte centrale représentant un écureuil (symbole de Fouquet) devant un soleil, jamais exécuté entièrement, laissant la voûte en plâtre pendant deux siècles jusqu’à une tentative de décoration en 1844 par Dutenhoffer, inachevée en raison du coût.



À Vaux-le-Vicomte, il y a deux appartements pour le surintendant Fouquet, un au rez de chaussée et un au 1er étage. On distingue l’appartement d’apparat et l’appartement privé.

Au rez-de-chaussée : l’appartement d’apparat situé côté sud, donnant sur les jardins, comprend notamment la chambre de parade et de vastes pièces de réception.

Son rôle était de recevoir ses hôtes, d'afficher son pouvoir et sa richesse.
Au rez de chaussée, situé à gauche de la rotonde, côté jardin,  l'appartement est composé d'une antichambre, de la Chambre des Muses qui est une chambre d’apparat conçue pour impressionner ses visiteurs autant que pour l’usage personnel, et un cabinet attenant et la chambre carrée côté cour.

L'Antichambre appelée « salon d’Hercule" en raison de la décoration choisie par le Brun pour symboliser la puissance et la réussite de Nicolas Fouquet.

Elle  est située à côté du Grand Salon. Elle fait partie de l’appartement de Nicolas Fouquet.

Elle sert d’entrée vers ses appartements privés et joue un rôle de transition vers les espaces plus intimes, comme la bibliothèque ou les appartements du Roi.

C'est une pièce de réception et de transition, située juste avant la chambre principale.

L’ensemble de l’antichambre s’inscrit dans un décor luxueux, pensé à la fois comme un espace fonctionnel et un manifeste visuel du prestige de Fouquet.

La pièce conserve des tables, qui sont parmi les rares meubles de Fouquet qui n'ont jamais quitté le château.


On peut voir une statue d'Hercule terrassant le centaure Nessus et une maquette en bronze de la statue équestre de Louis XIV par Girardon réalisée en 1699 pour la place Vendôme. Elle se trouve actuellement à Versailles.







La statuette de Neptune, marbre attribué à Michel Anguier, l'un des sculpteurs favoris de Fouquet.




Son plafond peint par Le Brun représente Hercule accueilli par l’Olympe, avec des médaillons illustrant les douze travaux d’Hercule.

L’ensemble offre un contraste entre la magnificence du Grand Salon et une ambiance plus personnelle où se mêlent mythologie et pouvoir personnel de Fouquet.


La chambre carrée fait partie de l’appartement de Nicolas Fouquet. Elle est attenante à la chambre des Muses.

Elle est la seule pièce à conserver son plafond à la française, c’est-à-dire un plafond en bois avec poutres apparentes et solives visibles, un style typique et rare dans le château.

Les murs sont recouverts de cinq grandes tapisseries illustrant l’histoire de Diane d’après Toussaint Dubreuil, exécutées à la Manufacture de La Planche, à Paris vers 1635.




Au-dessus de la cheminée, le buste de Fouquet et son portrait de Nicolas Fouquet, souriant, attribué à Le Brun.
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Les tapisseries, le mobilier d’apparat, la cheminée et le plafond à la française créent une ambiance majestueuse.

Le petit salon tout en bleu et or est le plus intime des salles d'apparat. Les lambris qui l'habillent présentent un décor de fleur en guirlandes et en bouquets d'amours et d'écureuils, l'emblème de Fouquet.





La chambre de Fouquet, appelée chambre des Muses, était destinée à marquer son prestige et son raffinement. 
Elle servait à la fois de lieu de réception intime et de chambre officielle pour affirmer son statut et son rôle de mécène mais pas forcément de chambre à coucher privée au sens moderne.

 Elle se distingue par son haut décor réalisé par Charles Le Brun.

Sur les murs, des lambris d’appui et des tapisseries du XVIIe siècle.

Au plafond l'huile sur toile octogonale exceptionnelle, "Le Triomphe de la Fidélité" (4 m × 4 m), symbolise la loyauté de Fouquet envers Louis XIV durant la Fronde.

Elle représente neuf Muses, Clio (Muse de l’Histoire et de la Renommée), Euterpe (Musique), Calliope (Poésie épique), Terpsichore (Danse), Melpomène (Tragédie), Thalie (Comédie), Erato (Poésie lyrique), Polymnie (Peinture) et Uranie (Astronomie).

C'est une œuvre de l’atelier de Charles Le Brun. 

Ce plafond fortement influencé par le maniérisme italien est emblématique du premier style Versaillais,

On y trouve une cheminée dite « à la romaine » qui, contrairement aux cheminées « à la française », ressort peu du mur.

La pièce est dotée d’une alcôve avec une estrade surélevée destinée au lit d’apparat, et un plafond peint représentant La Nuit.
Cette installation est restée inachevée et le lit n’a jamais été installé.

La plateforme, a été transformée en une scène de théâtre. C’est là que, le 12 juillet 1661, Molière a joué "L’École des maris" devant la famille royale.

Au plafond du petit cabinet des jeux une peinture de Le Brun représentant "Le Sommeil".

La Chambre des Muses est un chef-d’œuvre baroque, alliant arts, science, et allégeance politique.

C'est l’une des pièces les plus emblématiques de Vaux-le-Vicomte, incarnant le mécénat artistique et l’ambition de Nicolas Fouquet.

 Grâce à une restauration récente de grande envergure, ses décors ont retrouvé leur éclat d’origine.

La Chambre du roi a été prévue pour accueillir Louis XIV, car traditionnellement, les grands châteaux se devaient de prévoir un appartement pour le roi en cas de visite.

Contrairement à l’usage de l’époque, qui plaçait souvent les appartements d’apparat à l’étage noble, Fouquet choisit de les installer au rez-de-chaussée dans la partie Est pour offrir au roi un accès direct aux jardins et aux réceptions extérieures.

Louis XIV n’y a jamais séjourné.

L'appartement est disposé en enfilade côté jardins, bénéficiant ainsi d’une lumière abondante et d’une vue directe sur la perspective dessinée par André Le Nôtre.

Il est composé de plusieurs pièces alignées.

L'antichambre, servait initialement de salle d’attente avant l’audience royale.
Au XVIIIᵉ siècle, elle a été transformée en bibliothèque.

Le corps de bibliothèque est en acajou ornée de boiseries fines et d’un bureau attribué à André Charles Boulle. 

La bibliothèque communique avec la salle des buffets.




Le plafond à voussures est resté en grande partie inachevé.

Le projet de Charles Le Brun n’a pas été réalisé, et une peinture datant du XVIIIᵉ siècle occupe l’ovale central.

Autour, quatre scènes peintes ornent les voussures, Diane se déchaussant après la chasse, l’Amour et la Foudre, Achille implorant Vénus de lui rendre le bouclier que l’Amour lui a dérobé et l’Amour et un cep de vigne.

Aux angles des voussures se trouve le chiffre « F », emblème personnel de Fouquet, rappelant discrètement son appartenance.

L’appartement du Roi incluait une chambre d'apparat destinée à accueillir Louis XIV en visite. 
C'est la pièce la plus fastueuse du château. Elle a été pensée pour glorifier l’autorité royale à travers stucs, symboles, ornements mythologiques et décor peint.



L’alcôve, toujours inachevée, est cependant dotée d’un lit de style Régence, encadré par des commodes, ainsi que d’une tapisserie brodée illustrant L’Histoire de Psyché.









Un portrait équestre de Louis XIV orne l’un des murs.

Le plafond est orné d’une peinture de « La Vérité soutenue par le Temps », œuvre de Charles Le Brun.

Les lunettes (angles du plafond) dévoilent quatre figures mythologiques, Bacchus (Abondance), Mars (Valeur), Mercure (Vigilance) et Jupiter (Puissance).

Dans les médaillons octogonaux, figurent des scènes mythologiques, parmi lesquelles Léda, Diane, les Parques et des cavaliers combattants.


La Chambre du Roi de Vaux-le-Vicomte représente l’apogée du goût baroque du XVIIᵉ siècle.
Cette pièce témoigne d’une ambition somptueuse, symbolique et politique.

La Salle des Buffets est la première salle dédiée aux repas du genre à cette époque.
Elle est située au rez-de-chaussée et reliée aux cuisines du sous-sol .

Elle servait probablement comme ancienne salle à manger de Nicolas Fouquet, avec un buffet, c'est à dire un espace de présentation où l’on disposait les plats avant le service, d'où son nom.

Les boiseries qui ornent la salle sont décorées d'arabesques et de rinceaux, inspirés des loges de Raphaël au Vatican.

Au-dessus des glaces, des représentations mythologiques placent les attributs de la Guerre face aux symboles de la Paix (fleurs, fruits), tandis qu’à la base des lambris on trouve des scènes ludiques représentant des jeux d’enfants.

Le plafond de la salle a été peint par Charles Le Brun, ajoutant une note artistique de grand prestige à cette pièce fonctionnelle.

Aujourd’hui, la salle est mise en scène. Les tables sont dressées avec des plats d’époque (marrons, fruits confits, tourtes, etc.), des menus du XVIIᵉ siècle décorent les murs.




La Salle des Buffets montre le raffinement et la théâtralité qui caractérisaient l’art de vivre au XVIIᵉ siècle.

Pensée comme un espace de transition vers les cuisines, elle n’était pas seulement fonctionnelle, ses boiseries sculptées, ses arabesques inspirées de l’Italie et son plafond signé Charles Le Brun en font une véritable pièce d’apparat.

Au-delà de sa vocation culinaire, elle illustre l’importance accordée à la mise en scène des repas dans la haute société, le buffet y servait autant à présenter les plats qu’à exposer le faste de l’hôte.

La salle des buffets communique directement aux cuisines situé au rez-de-chaussée par un couloir longitudinal, système pratique permettant aux serviteurs d’acheminer les plats de manière discrète et efficace.
Deux couloirs latéraux ajoutés en 1659, sous l’impulsion de Vatel, maître d’hôtel de Nicolas Fouquet permettaient d'améliorer davantage cette liaison entre la cuisine et la salle des buffets.

L'escalier menant aux dépendances, notamment aux cuisines, offices, et réserves situés dans les sous-sols de Vaux-le-Vicomte, est un espace fonctionnel, mais qui témoigne malgré tout d’un souci décoratif, révélateur du goût du XVIIe siècle et de l'importance accordée à l'ensemble du château, même aux zones de service.


Même s’il est sobre, il marque la transition entre deux mondes, l’univers noble, luxueux des étages supérieurs et le monde pratique, discret et indispensable du service, souterrain et invisible.

Ce contraste est un reflet architectural de la société d’Ancien Régime, où la beauté et le raffinement sont mis en scène, tandis que le travail reste caché.

L'escalier est en calcaire, usée par le temps, mais solide et noble malgré son usage secondaire. Les marches usées montrent l’intense circulation entre les niveaux.

Contrairement aux escaliers principaux comme le grand escalier d’honneur ou les escaliers d’apparat des appartements, cet escalier est moins orné. Les murs sont blanchis à la chaux, il n'y a pas de boiseries ou de fresques.

Dans certaines zones proches des cuisines, on peut apercevoir des niches murales pour les lampes à huile, parfois encadrées de moulures très sobres.

Aujourd'hui les murs sont ornés de gravure relatives aux divers métiers, ce qui renforce l’atmosphère historique.





En France, le grand Siècle est une période où s'épanouissent les arts dans tous les domaines.
La gastronomie devient riche et savoureuse.
La grande cuisine française établit des règles au milieu du siècle, un savoir-faire se met en place et devient très prisé en Europe.

Grâce à Vatel, Vaulx le Vicomte se fait le héraut de l'Art de vivre à la française.

Les sous-sols ont été crées entre 1656 et 1661 par l'architecte Louis le Vau. Il semblerait que Vatel ait eu une grande influence sur leur aménagement.

Ils sont partiellement enterrés au château de Vaux‑le‑Vicomte et souvent appelés « le domaine des serviteurs ». 

Ils desservent toutes les pièces, cuisines, offices, couloirs du personnel et chambres pour officiers.

La cuisine principale, celle où Vatel lui-même officiait est reconstituée pour évoquer l’atmosphère du XVIIᵉ siècle, avec des scènes animées.








La salle à manger des serviteurs fait partie des sous-sols.
Elle servait aux repas quotidiens du personnel, composé de nombreux domestiques, cuisiniers, valets, lingères, etc...



Elle était relativement sobre, mais spacieuse, avec de longues tables de bois, des bancs, et des murs blanchis à la chaux.


On peut y voir aujourd’hui une reconstitution avec des objets d’époque (vaisselle, ustensiles, chandeliers).


À l’époque de Nicolas Fouquet, le château comptait des dizaines de serviteurs, et l’organisation devait être rigoureuse pour assurer le bon fonctionnement de la maison.

Elle est un témoignage social et illustre bien la hiérarchie sociale très marquée de l’Ancien Régime. Les serviteurs vivaient dans l’ombre, mais leur rôle était essentiel.

La cave voûtée, fraîche et sombre, conserve des reconstitutions de stockage d’aliments et de vins, typiques de l’époque.

Le Jardin du Château de Vaux-le-Vicomte est un chef-d'œuvre du jardin à la française conçu entre 1652 et 1661 par le célèbre paysagiste André Le Nôtre.

Il s'étend sur 33 hectares, aligné avec l’axe central du château et organisés autour d'un axe principal de 1,5 km, avec des perspectives soigneusement calculées. 

Il est pensé comme un théâtre de perspectives avec des lignes droites, des jeux d’eau, des illusions d’optique, des terrasses, des parterres géométriques, des fontaines, des bassins en enfilade, des jeux de perspectives.

Des motifs géométriques complexes sont réalisés avec des haies taillées, des buis et des allées de gravier.

Le Nôtre a intégré des systèmes hydrauliques innovants pour alimenter les fontaines, bassins et canaux, créant une symphonie aquatique.

L'utilisation de l'anamorphose abscondita permet d'élargir visuellement l'espace et de surprendre le visiteur.

L’anamorphose est une technique artistique et optique qui consiste à déformer une image de façon volontaire, de telle sorte qu’elle ne soit visible correctement que depuis un point de vue précis ou avec un dispositif spécial.

Dans le cas des jardins du château de Vaux-le-Vicomte, cette technique est utilisée pour manipuler la perspective. Certaines allées, bassins ou éléments décoratifs sont conçus pour étirer visuellement l’espace ou cacher des détails qui ne se révèlent qu’en se plaçant à un endroit précis.

Cela crée une illusion d’optique qui fait paraître le jardin plus grand, plus profond, ou  différent selon l’angle de vue.

Cette astuce esthétique participe à l’aspect théâtral et spectaculaire des jardins, renforçant la grandeur et la sophistication de l’ensemble.

Le bassin agit comme une surface réfléchissante, un miroir d’eau qui déforme et joue avec les perspectives.

A un point précis du bassin nous pouvons voir le reflet révélant une image cachée 
du château dans l'eau qu’on ne perçoit pas directement. C’est donc une anamorphose "cachée" (abscondita), visible uniquement grâce à l’effet miroir de l’eau.

Des statues, des grottes, des obélisques et des bassins ponctuent le paysage, renforçant l'aspect théâtral du jardin.









La statue monumentale de l’Hercule Farnèse, est le point focal de la perspective, à l’extrémité du jardin.
Symbole du pouvoir et de la force, visible depuis la rotonde du château, mais elle semble toujours plus proche qu’elle ne l’est vraiment. C'est un bel exemple d’illusion d’optique.














Les bassins et plans d’eau (dont un canal central de 875 m) créent des effets de miroir et de profondeur.

Les jardins de Vaux-le-Vicomte ont servi de modèle pour les jardins de Versailles et ont inspiré l'aménagement de nombreux autres sites royaux.

Les Écuries sont situées à l’entrée du domaine et sont aujourd’hui transformées en Musée du Carrosse.
Elles illustrent le luxe et la puissance de Nicolas Fouquet.



Construites dans le cadre du grand projet du château elles sont une partie essentielle du domaine et témoignent de l’importance des chevaux à l’époque pour le transport, la chasse et le prestige social.

Elles servaient à loger les chevaux, les attelages, et tout le personnel nécessaire à leur entretien.

Elles sont réputées pour leur grandeur et leur élégance architecturale, conçues dans un style classique qui s’harmonise avec le château et les jardins.

Le bâtiment est spacieux, bien organisé, avec des boxes et des installations permettant de soigner les chevaux dans des conditions optimales.

Posséder de belles écuries était un signe de richesse et de statut social élevé.

Fouquet, en homme ambitieux et puissant, voulait montrer sa supériorité et son raffinement à travers cet aspect du domaine.

Après l'arrestation et la mort de son mari, Madame Fouquet poursuit difficilement la sauvegarde des biens.

Pendant 44 ans, avec l'aide des frères de Fouquet, elle va s'efforcer de rembourser ses énormes dettes.

Son fils unique étant mort sans descendance, elle vend le chateau en 1705 au Maréchal de Villars.

La conclusion revient à Jean-Charles, Alexandre et Ascanio de Vogüé, propriétaires du château : "Dans ce château se sont déroulés des évènements majeurs de l'histoire de France.
C'est ici que Louis XIV et Colbert font basculer la France dans la monarchie absolue.

Mais Vaulx le Vicomte est un chef d'oeuvre artistique dû au génie de Le Vau, Le brun, le Nôtre et à Nicolas Fouquet, homme d'exception.

Ce château a servi d'inspiration pour tous les grands palais royaux d'Europe pendant près d'un siècle."

En 1875, Vaulx le Vicomte a été sauvé de la ruine par Alfred Sommier, bisaïeul des trois frères Vogüé.

Aujourd'hui ils poursuivent leur devoir de préservation des lieux, mais derrière sa splendeur se cache une réalité, l'entretien nécessite la somme de 9 millions d'euros chaque année.

Vaux-le-Vicomte est resté un modèle d’harmonie classique.

Il toujours considéré comme l’un des plus beaux châteaux de France et un jalon décisif dans l’histoire de l’architecture.


Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze

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