Le deuxième jour de notre voyage, après un passage à l’aéroport pour récupérer les voyageurs parisiens qui n’ont pas eu leur correspondance la veille, nous partons vers le nord.
Nous faisons une étape à Krujë pour une visite de la citadelle qui abrite le musée Gjergy Kastrioti Skanderberg, héros national, qui a battu les turcs au XVe siècle.
Nous visitons aussi le musée ethnographique et le vieux bazar hérité de la période ottomane.
Après le déjeuner nous reprenons la route pour Shkodra (ou Skhoder), une des plus vieilles villes d’Albanie.
Krujë
Krujë ou Kruja est une petite ville du centre de l’Albanie (environ 20 000 habitants), perchée à près de 600 m d’altitude sur une impressionnante falaise.
De là nous avons une formidable vue.
Krujë occupe une place importante dans le coeur des Albannais car c'est la ville natale du héros national albanais Skanderberg, qui a lutté contre l’envahissement de l’Albanie par les Ottomans au XVe siècle.
Le père de Gjergy Kastrioti Skanderberg , seigneur de la Moyenne Albanie, avait été obligé par les Ottomans de payer un tribut à l'Empire. Pour s'assurer de la loyauté de ses dirigeants régionaux, le sultan avait l'habitude de prendre leurs enfants en otage et de les élever à la cour ottomane.
En 1423, Gjergy Kastrioti Skanderberg et ses trois frères ont été emmenés par les Turcs. Gjergy suit l'école militaire de l'Empire ottoman et remporte plusieurs victoires militaires en Europe pour le compte des Turcs. Il rejette ensuite l'islam et devient défenseur de la chrétienté dans les Balkans.
Le surnom de Skanderbeg est d'origine turque : les Ottomans l'appellent Iskander Bey, c'est-à-dire « prince Alexandre », en référence à ses talents de chef militaire qui leur évoquent Alexandre le Grand.
La citadelle est encore habitée et abrite une tour de garde, une tour de l'horloge, deux fontaines, ainsi que les ruines d'une église médiévale.
Le château accueille le musée Skanderberg conçu en 1982 par la fille d'Enver Hoxha (le dictateur communiste). Sur trois étages, il retrace l'épopée du héros et de la nation albanaise. La ville de Krujë a d’ailleurs été utilisé par le dictateur Enver Hoxha pour sa propagande nationaliste en exaltant le patriotisme de Kjenderberg.
Nous effectuons la visite de ce très beau musée de grande taille avec un riche exposé de la part de notre guide.
Après la visite du musée Skanderberg, nous nous rendons au musée ethnographique national, situé en contrebas dans une très belle demeure traditionnelle construite en 1764.
Nous pouvons voir comment vivaient les familles albanaises entre le 18e et le 19e s.
Le rez-de-chaussée est réservé aux domestiques et au bétail.
A l'étage, la pièce des femmes, des hommes, des invités, la cuisine, le hammam. Les pièces sont richement meublées et décorées.
La dernière pièce expose des costumes rares de catholiques et de musulmans, typiques de la région de Krujë.
De belles pièces en bois sculptés sont exposées.
Après les visites nous flânons dans le vieux bazar coloré et typique réhabilité en 1960.
C'est un lieu plein de charme avec sa longue ruelle aux pavés grossiers et polis sur lequel il est difficile de marcher. De petites échoppes en bois la borde.
Nous pouvons y trouver de l'art traditionnel ancien en bois, en fer, mais aussi de l'artisanat local actuel, tissus, broderies, tricots, crochets, poteries, travail du bois, des tisserands...
Le vieux bazar a été restauré avec soin et respect du site.
À l'extrémité sud-ouest de la citadelle, s’élève le Tekké Dollma, un lieu de culte construit en 1769, et consacré au bektachisme (une branche modérée de l'Islam caractérisée par une très grande tolérance) où officie le baba (guide spirituel).
Nous faisons une halte déjeuner dans un restaurant panoramique et nous reprenons la route pour Shkodra.
Shkodra
Shkodra est composée de 86 000 habitants est le principal centre économique du pays et la plus grande ville catholique. La ville a longtemps été connu sous le nom italien de Scutari.
Elle se développe depuis l'antiquité sous le nom Illyrien de Scodra, ce qui en fait la ville la plus ancienne d’Albanie.
Située à une trentaine de km de la mer Adriatique la ville occupe une vaste plaine encadrée au nord par les Alpes albanaises et le mont Tarabosh et bordée à l'ouest et au sud par deux fleuves, le Kir et le Drin. Au nord-ouest s'étend le lac Shkodra.
Au début du 20e siècle la ville est le principal foyer démocratique du pays.
Shkodra sera la ville la plus durement touchée par la répression communiste dès 1944.
En 1973, le dictateur Enver Hoxha y fera ouvrir un musée de l'athéisme, symbole de sa politique antireligieuse. En 1979, un tremblement de terre détruit quasiment toute la ville.
Depuis le retour de la démocratie, Shkodra renoue avec ses traditions intellectuelles (université Luigj Gurakuqi) et religieuses puisqu'on y compte la plus grande concentration de mosquées du pays.
Nous commençons les visites par la forteresse de Razafa.
La citadelle de Rozafa domine la ville et offre un vaste point de vue.
Perchée à 133 m d'altitude, au sommet de la colline de Tepe, la citadelle de Rozafa a été le théâtre du terrible siège de 1479.
Formant un vaste triangle de 200 ha, c'est l'une des forteresses les mieux préservées du pays. L'occupation du site remonte au moins à l'âge de bronze. Les murs, qui reposent par endroits sur des fondations illyriennes, ont été érigés en grande partie durant la période vénitienne (fin du XIVe s.).
La forteresse a été prise en janvier 1479 par l'armée ottomane commandée par le sultan Mehmet II le Conquérant.
Parmi les nombreuses ruines à l'intérieur, celles de la mosquée Mehmet Fatih, ancienne cathédrale Saint-Stéphane(katedralja e Shën Shtjefnit, XIIIe s.) à laquelle a été ajouté un minaret qui se caractérise par sa forme orthogonale en hauteur et carrée à la base.
À la pointe ouest se trouvent la poudrière et l'ancienne résidence des pachas aujourd'hui convertie en musée.
Celui-ci, restauré en 2011, abrite une belle collection d'objets de toutes époques découvertes sur place, dont une mosaïque romaine du III-IVe s. À signaler également : le hammam, à côté de la mosquée, plusieurs réservoirs d'eau dispersés sur le site, et, juste avant l'entrée principale, la tombe d'une famille de vizirs (ministres de l'Empire ottoman) de Shkodra.
La forteresse Rozafa a sa légende. Elle raconte que trois frères engagés pour construire les murs de la forteresse ne parvenaient pas à achever leur tâche : ce qu'ils faisaient le jour, s'écroulaient la nuit. Pour faire cesser ce prodige, un vieillard à qui les frères avaient demandé conseil leur recommanda de sacrifier l'épouse qui le lendemain leur apporterait leur déjeuner. Ce fut Rozafa, la femme du plus jeune frère qui dut subir ce triste sort, ce dernier, contrairement aux autres, n'avait pas averti son épouse. Elle accepta de se sacrifier à la condition qu'elle puisse continuer à allaiter son fils nouveau-né. Les bâtisseurs acceptèrent et firent trois trous dans les murs afin qu'elle puisse allaiter caresser et bercer son enfant Ainsi Rozafa put continuer à allaiter son enfant jusqu'à ce qu'il soit sevré et la citadelle put être achevée.
Depuis la forteresse nous avons une vue sur le fleuve et le lac Shkodra.
C'est le plus grand lac de la péninsule balkanique, il est situé sur la frontière entre l'Albanie et le Monténégro. La partie monténégrine du lac et ses environs ont été décrétés parc national en 1983 ; c'est une des plus grandes réserves aviaires d'Europe avec 270 espèces d'oiseaux, dont les derniers pélicans du continent.
Nous avons également une vue plongeante sur la mosquée de plomb.Elle ne sert pratiquement plus mais elle est considérée comme l'une des 50 plus belles mosquées du monde selon un sondage réalisé par le site américain Huffington Post. Achevée en 1773/1774, la mosquée de plomb présente une architecture remarquable. Elle doit son nom aux 18 coupoles et à son grand dôme couvert de plomb. Elle était jadis située dans le vieux bazar de Shkodra, mais les séisme du début du XIXe siècle, modifièrent le cours du Drin qui inonde désormais régulièrement le site. Il ne reste donc que la mosquée et quelques maisons ottomanes traditionnelles. Elle est construite sur le modèle de la mosquée du sultan (Istanbul).
Nous redescendons dans la plaine pour une visite de la ville.
Ville frontière, Shkodra est le fruit de plusieurs civilisations, elle a aussi été victime de tremblements de terre.
Dans le cœur de ville nous voyons de jolis immeubles colorés mais aussi des immeubles décrépits. Dans tous les cas des nœuds de fils électriques courent au-dessus de nos têtes.
Nous visitons la cathédrale Saint Etienne. Construite entre 1858 et 1867 elle est une fierté de la communauté catholique albanaise. Elle est dédiée à St Etienne protecteur de la cité depuis le XIIIe siècle. De forme rectangulaire avec un clocher de 23m de hauteur elle ne présente pas beaucoup d’intérêt architectural. Par contre l’intérieur possède un très beau plafond cloisonné décoré en 1908 par le grand peintre Kolë Idromeno.
C’est ici que fut dite la 1er messe en Albanie le 11 novembre 1990 après que le droit de culte fut autorisé. Jean Paul II, y a célébré la messe le 25 avril 1993.
Au mur les photos des victimes de la dictature.
Tout près, de l'église se trouve la statue du patriote Luigy Gurakuqi.
Nous continuons notre découverte de la ville et arrivons devant l'église orthodoxe de la nativité.
Les icônes sont récentes.
Après les églises chrétienne et orthodoxe nous visitons la mosquée Al Zamil. A noter qu’en Albanie, tant les hommes que les femmes peuvent rentrer dans les mosquées à condition de laisser leurs chaussures à l’entrée bien sûr !
L'architecture est banale mais elle est vaut le détour d'une visite.
Encore un peu de marche sous un soleil de plomb et nous arrivons à notre Hôtel. Il s’agit d’un très beau bâtiment construit en 1694 et restauré en 2004. Les chambres sont spacieuses et confortables.
Après cette journée bien remplie en visites, en culture et en découvertes un bon repas albanais aux sons de la musique et de chansons locales nous attend dans le patio de l’hôtel.
Demain, 4h de route sont prévues pour aller à Durrès et Berat.
Texte de Paulette Gleyze
Photos de Paulette et Gérard Gleyze
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