Reprenons notre périple en Egypte et partons aujourd'hui le 15 février 2018, pour Karnak faire la visite de son temple dédié au dieu Amon ainsi qu'à sa forme solaire d'Amon-Rê.
Le complexe de Karnak a 4700 ans et sa construction s'est étalée sur plus de deux millénaires avec une succession de constructions, de modifications, de rajouts, de destructions...
Dans l'antiquité, il s'appelait Ipet Sout, ce qui signifie "La Place très vénérée".
C'était la maison terrestre du dieu Amon, le centre religieux le plus vaste et le plus grandiose de l'Égypte antique (123 hectares).
C'est là que les Pharaons, qui étaient les seuls serviteurs du dieu Amon, faisaient leur dévotion au dieu.
Ils lui apportaient de grandes richesses et étaient aidés dans leurs tâches par 8 000 prêtres.
Chaque matin le dieu était éveillé en musique, parfumé, encensé. Pendant la journée on lui amenait des offrandes et des repas.
Le soir le Pharaon refermait les portes du naos (niche où se trouve la statue du dieu) et sortait à reculons en signe de respect.
Le site comprend l'enceinte du dieu faucon Montou au nord, celle d'Amon-Rê, au centre, et celle de la déesse Mout, son épouse, au sud.
Les pharaons successifs ont contribué à l'agrandissement et à l'embellissement du site.
La majeure partie du temple a été bâtie sous le Nouvel Empire entre 1580 et 1160 avant JC.
Pendant 20 siècles les artisans ont travaillés ici à la gloire du dieu Amon.
Les prêtres étaient très riches et très puissants. Des registres rapportent qu'ils possédaient 80 000 serviteurs, 420 000 têtes de bétail, 350 000 ha de terres cultivées, 80 bateaux, 65 villes...
Le clergé était si puissant qu'il a transformé son pouvoir en un État dans l'État.
Ils vont garder sur plusieurs millénaires une influence prépondérante sur la monarchie pharaonique.
Ce n'est qu'en 391 de notre ère, qu'un décret de Théodose, entraîne la fermeture des derniers sanctuaires qui seront dépecés et serviront de carrière sous Mehemet Ali.
Karnak a été redécouvert par le capitaine Norden et le révérant Poclocke au début du XVIIIème siècle.
C'est l'expédition de Bonaparte qui en a fait l'inventaire et c'est Auguste Mariette à la tête du Service des Antiquités égyptiennes et à la demande du khédive Ismâel Pacha, qui a commencé le dégagement des temples en 1858.
Devant l'entrée s'étendait un bassin relié au Nil par un canal artificiel qui était la voie qu'empruntait la barque d'apparat pour les processions qui se rendaient au temple d'Amon de Louxor pour la fête d'Opet et pour permettre l'accostage de la grande barque d'Amon.
Le dieu Amon, accompagné de son épouse Mout et de leur fils Khonsou était porté en procession à l'intérieur d'un naos posé sur une barque, portée par des prêtres.
C'était l’une des fêtes religieuses les plus somptueuses de l’Égypte pharaonique.
Ce débarcadère en grès est orné de deux petits obélisques de Séthi II dont un seul subsiste.
Le temple était entouré d'une enceinte en brique de 8 m d'épaisseur et de 12 m de haut dont les ondulations évoquaient les vagues des eaux de l'océan primordial, le Noun.
Pour les prêtres, l'intérieur de l'enceinte représentait l'île où s'était déroulée la création originelle.
Avant d'accéder au 1er pylône, on passe entre la double rangée de sphinx de criosphynx, (corps de lion et tête de bélier, animal sacré d'Amon) .
Entre les pattes de chaque bélier, se trouve la statue de Ramsès II, protégé par la bête.
On arrive devant le premier pylône . C'est le plus grand et le plus récent des édifices. Il date de la XXXe dynastie (époque ptolémaïque).
Il mesure 113 m de longueur et 15 m de large. Il s'élevait probablement à 40 m de hauteur.
Il est resté inachevé.
Sa façade principale est ornée de huit niches, qui accueillaient des mâts à oriflammes aux couleurs des dieux de Karnak.
La grande porte a perdu son linteau de granit.
La grande cour (100m sur 82m) est bordée de portiques de chaque côté.
Au centre s'élevait la colonnade de Taharqa (XXVe dynastie) dont il ne reste qu'un seul pilier debout dont le chapiteau est en forme de papyrus ouvert.
Nous continuons vers le deuxième pylône dont la construction a été entreprise par Horemheb (1327-1295 – XVIIIe dynastie), et achevée à l'époque Ramesside.
A l'entrée du deuxième pylône se trouve la statue de Ramsès II en granit rose d'une hauteur de 15 mètres, avec sa fille, la princesse Bentata, placée entre ses jambes.
Le deuxième pylône dont la construction a été entreprise par Horemheb (1327-1295 – XVIIIe dynastie), a été achevée à l'époque Ramesside.
Il est long de 98 m et large de 14 m.
Il contient de nombreux réemplois de monuments d'Akhenaton.
La salle hypostyle représente toute la grandeur de Karnak .
C'est une forêt de 134 colonnes de calcaire en forme de papyrus dans une salle de 102 m de longueur et de 53 m de largeur, soit d'une superficie de plus de 5 400 m².
Quelques détails de la décoration
Les murs extérieurs, sont décorés par les campagnes militaires de Séthi Ier au nord , de Ramsès II au sud.
On sort de la salle hypostyle par le passage du troisième pylône.
Le troisième pylône a été édifié sous Aménophis III, près du quatrième pylône de Thoutmosis 1er.
Ce pylône est particulièrement endommagé. On a retrouvé ici plus de 13 000 blocs provenant de 13 monuments différents.
Dans la cour d'Aménophis III se dressaient quatre obélisques, deux érigés par Thoutmosis 1er et deux par Thoutmosis III. L'un de ces derniers est le seul qui soit encore debout.
Le quatrième pylône, plus petit que le 3e, a été construit par Thoutmosis Ier (1504–1492 – XVIIIe dynastie), et a été au début de la XVIIIe dynastie la véritable entrée du temple de Karnak, la demeure secrète du dieu Amon.
La porte du quatrième pylône donne accès à un vestibule que les textes égyptiens nommaient Ouadjyt, "la verdoyante" ou "celle des colonnes-papyrus".
Hatshepsout fera rajouter deux obélisques à l’occasion de son jubilé, en l’An 16 de son règne, qui passent pour être les plus beaux d’Égypte.
L’obélisque de gauche (au nord) est resté debout ; les fragments de celui de droite jonchent le sol.
D’après l’inscription de la base de l’obélisque nord il fallut 7 mois pour tailler les deux obélisques dans le granit d’Assouan
Ils mesuraient près de 30 m de haut et étaient entièrement plaqués d’électrum.
L'étroite cour entre les 4e et 5e pylônes de Thoutmôsis Ier (1504–1492 – XVIIIe dynastie) est appelée "Ouadjyt" par les égyptiens de l'antiquité, en référence aux colonnes papyriformes qui la soutenaient;
Le cinquième et sixième pylônes sont l’œuvre de Thoutmosis Ier et Thoutmosis III.
L’espace entre les deux pylônes est occupé par des salles en enfilade en ruine.
Le sixième pylône, le dernier dans l’axe est-ouest, date de Thoutmosis III est de petite taille.
Sur ses faces apparaissent deux documents historiques de la première importance : d’une part, les fameuses « listes géographiques », sortes de cartouches crénelés dans lesquels sont inscrits les noms des villes et des peuples soumis à l’Égypte ;
d’autre part, les Annales de Thoutmosis III qui narrent les campagnes victorieuses du roi et dressent la liste des butins de guerre offerts au sanctuaire d’Amon.
Après le 6e pylône, deux piliers héraldiques carrés en granit rose érigés par Thoutmosis III en avant du sanctuaire des barques sacrées.
Leur décoration évoque la Basse Egypte au nord : le papyrus et la haute Egypte : le lotus, au sud, unis devant le dieu d’empire Amon.
Le Sanctuaire des barques sacrées, a été édifié par Philippe Arrhidée, frère et successeur d’Alexandre le Grand, et devenu roi d’Égypte, à l'emplacement du sanctuaire reposoir de barque édifié par Thoutmosis III.
Ce monument en granit est composé de deux salles : un vestibule et un sanctuaire.
L'une des salles abritait la barque portative du dieu Amon.
Elle est ouverte de deux côtés, à l’est où le soleil se lève et à l’ouest où il se couche.
Ainsi, Râ le dieu solaire pouvait éclairer la barque sacrée d’Amon et son effigie divine.
Des statues d'Amon et d'Amonet (contrepartie féminine du dieu) en grès rouge gardent l'entrée d'une salle à proximité de la chapelle reposoir.
Elles ont été érigées par Toutankhamon .
Le dieu Amon a le visage du roi régnant représenté avec sa double couronne.
En l'an 23 de son règne Thoutmosis III a fait bâtir la grande salle des fêtes ou l'Akh-Menou. Elle servait aux cérémonies jubilaires, les heb-sed, au cours desquelles le roi retrouvait
« force, santé, jeunesse ».
Le mur oriental décrit l’intronisation du roi.
Au fond de cette salle, au nord, trois chapelles consacrées à Amon, Maât et l'Ennéade.
Devant la Statue de la Triade : Amon, Mout et Khonsou.
Nous arrivons au "jardin botanique". Il s'agit d'un vestibule dont le plafond est écroulé.
Dans de lieu, Thoutmosis III a fait représenter la faune et la flore rapportées de ses campagnes en Asie. C'est lui qui introduit la poule en Égypte.
Les berges du lac sacré étaient rongées par les eaux stagnantes riches en salpêtre et s’étaient effondrées. Il a été restauré par H. Chevrier dans les années 1920, et a ainsi retrouvé ses anciennes dimensions, 120 sur 77 mètres.
L'eau est un des éléments de la cosmogonie égyptienne . Elle intervient dans les rituels de purification et dans de nombreuses offrandes. Ce lac est alimenté par les eaux d’infiltration de la nappe phréatique.
L'édifice de Taharqa du lac date de la XXVe dynastie est un temple est consacré à Rê-Horakhty.
le soleil levant qui est le plus souvent représentée sous la forme d'un scarabée.
Aménophis III fait sculpter un monumental scarabée en ronde-bosse qui aujourd'hui est conservé juste à l'angle sud-ouest de l'édifice de Taharqa. Une superstition veut que faire plusieurs fois le tour assure aux femmes une maternité dans l’année.
Le sommet de l'obélisque Sud de la reine Hatshepsout repose allongé entre le Lac Sacré et le mur Ouest de la cour de la cachette.
La cour qui séparait la Grande Salle Hypostyle du septième pylône a été aménagée par Ramsès II.
Le Traité de Paix de Ramsès II avec les Hittites apparaît sur la face extérieure du mur occidental de la cour de la cachette et l'inscription de son fils Merenptah racontant sa victoire contre les Peuples de la Mer.
Tous les pharaons ramessides laisseront ici une trace de leur passage, sous forme de stèles, de statues de dieux ou de rois. l'archéologue, Georges Legrain exhumera dans cette cour, entre 1903 et 1906, 779 statues en pierre et 17 000 petits bronzes et des ex-voto datant
du Moyen Empire à la XXVème dynastie. La plupart sont conservés au Musée égyptien du Caire.
Le VIIe pylône a été édifié par Thoutmosis III. Devant ce pylône, quatre colosses en granit rose encadrent la porte. Ils représentent le roi debout croisant les bras et vêtu d'un linceul.
Sur le huitième pylône a été édifié par la reine Hatshepsout et le roi Thoutmosis III à la XVIIIe dynastie. Aménophis II est représenté massacrant ses ennemis en les tenant par les cheveux.
La face sud du VIIIe pylône est ornée colosses royaux très endommagés.
Les 7e, 8e, 9e et 10e pylônes correspondent à l’allée des processions. Au-delà, une allée de sphinx criocéphales conduisait au temple de Montou.
Nous quittons le site de Karnak pour nous rendre maintenant à Thèbes (Louxor) pour la visite du temple.
Texte de Paulette Gleyze
Photos de Paulette et Gérard Gleyze
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