Le 27 Mai 2022, lors d'une escapade de deux jours dans l'Ain, nous visitons l'abbaye d'Ambronay l'une des principales abbayes de la Région Rhône-Alpes.
Ambronay est une petite commune de 3 000 habitants.
Puissante rivale de l'abbaye de Cluny
l'abbaye d'Ambronay est fondée vers l'an 800 par Barnard de Romans, ancien officier de Charlemagne devenu moine puis saint Bernard. Elle connait l'apogée de sa puissance au XVe siècle.
Elle est fondée selon la règle de Saint Benoît. La vie monastique est dirigée par un abbé élu à vie.
En 1282, lors des guerres entre la Savoie et le Dauphiné, l'abbé Jean de Baume choisit de placer l'abbaye sous la protection du Comte de de Savoie. C'est à cette date que la Tour des Archers est édifiée, son rôle étant de permettre aux garnisons savoyardes de défendre le site. Elle devient Tour des Archives, quand les Bénédictins de Saint Maur y transportent "le trésor" de l'abbaye.
Elle est inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1928. Restaurée en 2009, elle devient la salle de travail et de documentation pour le Centre Culturel de Rencontre d'Ambronay.
A partir de 1500, l'abbaye est placée sous la tutelle du pape (à l'instar de Cluny), ce qui lui assure l'indépendance par rapport aux Seigneurs locaux.
Au XVIe siècle, l'abbaye a connut des difficultés liées aux guerres de religion et au relâchement de la vie monastique.
A partir de 1651, l'Abbaye d'Ambronay est rattachée à la congrégation de Saint Maur. Les moines mauristes renouent avec les origines de la vie bénédictine et rénovent et transforment les bâtiments. Ils transforment en profondeur l'abbaye. L'église, le cloître supérieur et la salle capitulaire sont restaurés. L'aile ouest du cloître a été entièrement rebâtie, un escalier monumental menant à l'étage supérieur du cloître qui accueillait une bibliothèque et un hospice.
En 1792, l'abbatiale devient l'église Notre Dame de l'Assomption de la paroisse et en 1794, Temple de la Raison.
Après la Révolution les bâtiments deviennent, grange, prison, école, bâtiment de garnison, logements sociaux...
Avec son classement en 1889, des restaurations vont être entreprises.
Elle revient au culte catholique au début du XXe siècle et retrouve une certaine importance grâce aux restaurations et à son célèbre festival de musique baroque créé en 1980.
Depuis 2003, l'abbaye est labellisée Centre Culturel de Rencontre.
D'architecture gothique, elle présente des parties des Xe siècle, XIIIe siècle et XVe siècle.
Située sur l'une des routes du pèlerinage de Compostelle elle accueille de nombreux pèlerins.
Sa façade a subi des destructions, des transformations et des restaurations qui se sont succédées du Moyen Âge jusqu'à la fin du XXe siècle.
Le grand cadran solaire a été recréé en 2011, dans la tradition. L'inscription en grec signifie "grâce au travail des artisans, ce lieu est passé de l'ombre à la lumière".
Au XIIIe siècle, les moines prévoyaient d’élever deux clochers encadrant trois portails. Aujourd'hui ne restent que les portails central et nord et le clocher nord.
Nous pouvons visiter librement l'église et le cloître.
Le parvis de l'abbaye est différente de celui du Moyen-Âge, l'escalier n'existait pas, il y avait à la place le mur d'enclos monastique.
Une ancienne porte d'accès existe encore avec son fronton sculpté, sûrement martelé à la Révolution française.
La façade occidentale a subi les destructions, les transformations et les restaurations au fil du temps depuis le Moyen-Âge.
Du XIIIe siècle ne subsistent aujourd'hui que les portails nord et central.
Les linteaux d'origine ont été martelés.
Nous pénétrons dans l'église abbatiale qui a été construite au XIIIe puis au XVe siècle sur une église carolingienne.
L’église et le cloître conservent encore des vestiges des décors peints du Moyen-Âge. Une peinture médiévale très endommagée date de la fin du XIIIe siècle. Elle montre une procession. Elle est un témoignage des décors peints qui ornaient l'abbatiale.
Une pietà du XVIe siècle, classée monument historique. Elle est en bois polychrome et dorée. La Vierge et le Christ sont représentés dans une position rare car habituellement le Christ est placé de l'autre côté sur les genoux de sa mère.
On peut découvrir plusieurs pierres tombales du XVe siècle. Certains laïcs, souvent des serviteurs qui travaillaient pour le monastère, sont enterrés dans l'abbatiale.
Celle-ci est celle de Jean Robelin et de sa femme Péronette décédés en 1497. L’épitaphe gravé en lettres gothiques précise que Jean était charpentier. Il a participé à l'édification de la charpente du clocher, à l'époque de l'abbé Etienne de Morel. Ses outils sont gravés sur la pierre : hache, compas et équerre.
Le chœur est éclairé par trois grandes baies gothiques qui conservent toujours les vitraux commandés par Jacques de Mauvoisin. Il est représenté en prière dans le vitrail central, entre saint Jacques de Compostelle et Sainte Catherine d'Alexandrie.
Dans le chœur, il y a de très belles stalles en chêne commandées par Etienne de Morelen en 1498 . Elles permettaient aux moines d'être assis ou debout selon les exigences de la liturgie. Lorsqu'ils étaient relevés les sièges laissaient apparaître des "miséricordes", c'est à dire des petites consoles de bois servant d'appuis. Chaque miséricorde représente un motif différent : un visage, un animal...
Elles ont été restaurées en 1975.
Quelques marches plus bas, dans une allée latérale, sous le sol vitré on aperçoit la base d'un pilier carolingien (IXe siècle) mise à jour lors de travaux en 1982. Cette découverte montre la forme cruciforme des colonnes initiales ainsi que le niveau originel du sol de l'église primitive. Cette base marquerait l'emplacement du transept de l'ancienne église abbatiale romane.
Le cloître gothique adossé au bas-côté droit de l'église, était une cour intérieur exclusivement réservée aux moines pour la prière et la méditation. C'est un quadrilatère de 20m de côté, épaulé par des contreforts.
Au centre se trouvait un jardin évoquant le paradis terrestre avant le péché originel. Le cloître reliait les espaces de prière (église), de réunion (salle capitulaire et parloir), de vie (réfectoire et cuisine).
Les cellules des moines et le scriptorium se situaient à l'étage. La configuration d'aujourd'hui correspond aux aménagements effectués par les mauristes après 1652.
La partie basse est reconstruite sous l'abbatiat d’Étienne de Morel vers 1490. Chaque galerie longue de 25m compte 5 baies à fenestrage en gothique flamboyant.
Les moines se faisaient enterrer dans l'abbatiale. Des pierres tombales se trouvent dans le cloître.
La salle capitulaire a été reconstruite à la fin du XVe siècle par l'abbé Etienne de Morel. Cette salle est le lieu où les moines se réunissent chaque jour pour écouter un chapitre de la règle de St Benoit, commenté ensuite par l'abbé. C'est là que sont réglés les détails de la vie interne du monastère et les prises de décisions concernant les domaines de l'abbaye. Une banquette en pierre court le long des murs, elle permettait à la communauté de se ressembler. Aujourd'hui la salle capitulaire est aménagée en chapelle.
La galerie supérieure est restaurée après l'incendie de 1632 par l'abbé Charles de Livron de Bourbonne.
Le grand escalier de style Louis XIV, bordé d'une rampe à balustres construit par les mauristes, conduit à la galerie supérieure du cloître.
Au sommet de l'escalier sur le mur face à l'arrivée est exposé une reproduction extraite du "Terrier d'Ambronay" réalisé vers 1760. C'est l'ancêtre du cadastre. Il a été réalisé par un notaire. Ce registre dressait l'inventaire foncier de la seigneurie et consignait les revenus des terres. Ce document est témoin de l'importance et de la richesse de l'abbaye à la veille de la Révolution.
Des colonnes galbées de la galerie supérieure supportent les toits en appentis à l'italienne. De là nous pouvons admirer le grand cadran solaire sur le mur sud de l'église abbatiale.
Nous remarquons aussi à l'extrémité de la toiture de l'aile sud, un petit kiosque avec charpente de toit de dôme de cuivre posé en 2010 par l'architecte des monuments historiques.
Nous terminons la visite en nous engageant dans le passage qui sépare le logis abbatial de l'église, ce qui nous permet d'apprécier l'architecture et les contreforts.
L’Église Notre-Dame a fait l’objet d’un classement aux monuments historiques par arrêté du 21 décembre 1889 ; le cloître et la salle capitulaire ont fait l’objet d’un classement par arrêté du 27 décembre 1905, la tour des Archives a fait l’objet d’une inscription par arrêté du 26 novembre 1928, les façades et toitures de la tour Dauphine font l’objet d'une inscription par arrêté du 16 novembre 1964, les parties non classées des bâtiments dits conventuels et des bâtiments de l'infirmerie font l’objet d'une inscription par arrêté du 26 mars 1991, et les bâtiments composant l'abbaye, bâtiments dits conventuels, bâtiments de l'infirmerie, logis abbatial, pigeonnier font l’objet d’un classement par arrêté du 14 décembre 1992.
Texte : Paulette Gleyze
Photos : Paulette et Gérard Gleyze
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