Lors de notre séjour dans l'Ain, après la visite de l'abbaye d'Ambronay
et de la visite de la cité médiévale de Pérouges,
Marguerite d'Autriche (1480-1530), fille de l'Empereur Maximilien d'Autriche, chef de la maison de Habsbourg et de Marie de Bourgogne, fille du dernier grand duc de Bourgogne Charles le Téméraire, a été princesse de Bourgogne, fille de France, infante d'Espagne et duchesse de Savoie.
Deux fois mariée, une fois fiancée, la duchesse de Savoie accouche aussi de deux enfants mort-nés. Une vie d’infortune qui a fait d’elle une férue d’art et de lettres.
En 1504, à 24 ans elle perd son mari, Philibert le Beau, duc de Savoie (1480-1504). En 1506, elle est nommée régente des Pays-Bas pour le compte de son père puis de son neveu l'empereur Charles Quint.
Elle décide de faire bâtir le Monastère Royal de Brou près de Bourg-en-Bresse pour perpétuer la mémoire de son mari et le souvenir de l'amour qu'elle lui portait.
La construction commence en 1505 par les bâtiments conventuels où les moines s'installent dès 1513, puis en 1512 démarre la construction de l'église. L'ensemble de l'édifice et des décors sculptés et vitraux est achevé en 1532.
Marguerite d'Autriche suit depuis la Belgique le chantier qui dure de 1505 à 1532.
Elle confie d'abord la construction du monastère à une équipe française dirigée par le peintre lyonnais Jean Perréal.
En 1512, elle charge l'architecte et entrepreneur bruxellois Louis van Boghem d'édifier l’église. Il va superviser la construction jusqu'à son achèvement en 1532.
Ce monastère est un chef d'œuvre du gothique flamboyant dont les décors sculptés sont de véritables dentelles de pierre.
Elle a fait de ce monument à la fois un acte d'amour avec le mausolée, une fondation religieuse avec le monastère, et un manifeste politique avec la demeure princière.
Le monastère royal de Brou est constitué de bâtiments monastiques, d'une église et de trois cloîtres à deux niveaux, ce qui est un exemple unique en France.
Le site de Brou est celui d'un ancien village siège de la paroisse primitive de Bourg en Bresse. Le monastère est construit sur un site funéraire et religieux antique.
Sur le parvis du monastère se trouve le cadran analemmatique.
Construit au début du XVIe siècle, il est souvent considéré comme le premier du genre à avoir été réalisé. Au centre de l'ellipse se trouve une méridienne en courbe en huit.
L'ellipse mesure environ huit mètres sur dix mètres, et autour de l'ellipse se trouvent vingt quatre cubes en pierre de taille qui représentent les heures.
Le cadran a été restauré au XVIIIe siècle par l'astronome Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande.
La tour du clocher était surmontée à l'origine d'un dôme de pierre surmonté lui-même d'une lanterne, d'un globe et d'une croix évoquant la couronne impériale. En 1659, il est remplacé par un dôme en bois sur lequel s'élevait une flèche en fer blanc. Ces derniers ont été détruits pendant la Révolution Française, en 1794, et les cloches ont été envoyées à la fonderie de canons. La terrasse actuelle a été aménagée au XIXe siècle.
Une représentation de la tour à l'origine
La tour aujourd'hui
vue sur le clocher et l'église avec sont toit vernissé depuis le cloître
Nous commençons la visite par "le cloître des hôtes". Le bâtiment côté porche était destiné à loger Marguerite d'Autriche et sa suite, où elle avait prévu de se retirer à la fin de sa vie.
Ces logements abritent aujourd’hui un espace consacré à la vie de la princesse.
Le premier cloître est entouré au rez-de-chaussée de galeries voûtées d'ogives ainsi qu'à l'étage. Il est orné en son centre d'un puit et d'un magnolia du japon.
L'église est pourvue de trois portails, chacun était dédié aux aux saints patrons de l'ordre des augustins : au sud Sainte Monique, au Nord Saint Augustin et à l'ouest Saint Nicolas de Tolendin. La profusion de la décoration gothique se concentre sur la façade Saint Nicolas de Tolendin à l'ouest.
façade nord, saint Augustin
façade ouest, saint Nicolas de Tolendin
Nous entrons dans l'église par le portail Sainte Monique au sud.
A droite de l'entrée, dans le transept sud, se trouve la chapelle de l'abbé Antoine de Montecuto, aumônier et confesseur de la princesse.
Il est représenté sur le vitrail des pèlerins d'Emmaüs.
L'église est placée sous la protection de saint Nicolas de Tolendin, qui était un moine augustin dont la fête est célébrée le 10 septembre, date de la mort de Philibert le Beau.
D'architecture gothique flamboyant, elle est bâtie sur le plan traditionnel de la croix latine. Ses mesures sont impressionnantes, elle est longue de 72m, large de 30m et ses voûtes dans le chœur culminent à 21m de haut.
La nef voûtée d'ogives est relativement sobre en contraste avec le chœur. Sur les bas-côtés se trouvent des chapelles.
A l'entrée du chœur se dresse un des rares jubés de France. Il sépare le chœur réservé aux moines de la nef accessible aux fidèles.
Il est composé de trois arcades festonnées. Les décors flamboyants annoncent la beauté du chœur.
Les jubés habituellement destinés à séparer le chœur de la nef sont ici construits pour porter une galerie de circulation qui relie l'oratoire de la chapelle de Marguerite à la galerie haute du premier cloître au nord de l'église, aux appartements du bâtiment des hôtes.
Les deux autels situés de part et d'autre de la porte du chœur sont surmontés par deux tableaux du XVIIe siècle. Celui de droite représente saint Augustin, patron des moines de Brou et celui de gauche représente saint Nicolas de Tolendin, patron de l'église.
Le chœur a de vastes proportions et un décor luxuriant. Il contraste avec la nef. Il renferme tombeaux, stalles, retable.
Les vitraux conservés presque intacts, offrent de magnifiques harmonies de couleurs.
Ils ont été exécutés entre 1525 et 1531 par des maîtres verriers probablement de Bourg et de Lyon à partir de cartons grandeurs réelles réalisés à Bruxelles. Les vitraux des cinq fenêtres du chœur forment un triptyque.
La verrière centrale montre les apparitions du christ à sa mère Marie et à Marie Madeleine.
Les vitraux de part et d'autre de la verrière centrale représentent le couple royal. Philippe le Beau présenté par saint Philibert de Tournus, et Marguerite d'Autriche par sainte Marguerite.
Une généalogie retrace leurs lignages.
Les stalles de chêne, disposées de part en part du chœur, sont richement sculptées. Des scènes et des personnages de l'ancien testament au Sud et du Nouveau Testament au Nord. Les miséricordes, taillées dans la masse sont ornées de scènes profanes.
Ces stalles ont été réalisées entre 1530 et 1532 sont composées d'une double rangée de seize stalles basses et de vingt et une stalles hautes.
Les miséricordes sont ornées sous les abattants de scènes profanes. Elles sont l'œuvre d'artistes locaux.
Les tombeaux sont de véritables chefs-d’œuvre.
L'architecture et la petite statuaire des trois tombeaux ont été réalisées avant 1516 par Jean Van Roome, dit Jean de Bruxelles. Les gisants par le sculpteur Conrad Meit, sculpteur d'origine allemande.
Après la mort de son époux, son premier projet était de l'élévation de deux tombeaux destinés à Philibert le Beau et à sa mère Marguerite de Bourbon abrités dans une simple église. En 1509, Marguerite d'Autriche décide d'être aussi enterrée à Brou. Elle va faire construire un édifice digne de son rang et faire des trois tombeaux de véritables monuments funéraires.
Les corps embaumés sont déposés dans un seul caveau sous le sol du chœur.
Le tombeau de Marguerite de Bourbon, mère de Philibert, est le plus simple et le plus traditionnel. il est creusé sous forme de niche funéraire, dans le mur sud et est entouré d'un décor flamboyant qui représente des statuettes de saintes comme sainte Marguerite écrasant un dragon, sainte Catherine d'Alexandrie qui foule aux pieds un philosophe païen, saint André qui porte une croix en X sur laquelle il a été supplicié.
Le gisant de la duchesse est en albâtre et la représente avec un manteau de cour. Les pieds de la reine reposent sur une levrette symbole de la fidélité.
Au 1er plan le tombeau de Philibert le Beau et en fond le tombeau de Marguerite de Bourbon
Tombeau de Marguerite de Bourbon
Le tombeau de Philibert le Beau occupe le milieu du chœur. Il est figuré deux fois : il est représenté vivant, les yeux ouverts en tenue d'apparat à l'étage supérieur et en dessous il est représenté mort avec les yeux clos et quasi nu dans l'attente de la résurrection. Les niches qui l'entourent abritent des sibylles, prophétesses de l'antiquité auxquelles on attribuait des prédictions sur la vie et la mort du christ.
Le tombeau de Marguerite d'Autriche composé d'un monumental baldaquin de pierre, évoque les parades des funérailles princières. Les trois emblèmes de Marguerite sont sculptés :
- l'emblème personnel : le fleur de marguerite,
- l'emblème conjugal : P&M
- l'emblème dynastique : briquet et croix de saint André des ducs de Bourgogne.
Le long de la corniche, la devise de la princesse : "FORTUNE INFORTUNE FORT UNE" (le destin accable beaucoup une femme. Le tombeau comporte également des gisants la représentants vivante et morte).
C'est un magnifique tombeau à l'architecture gothique flamboyant. Comme celui de Philibert le Beau, le tombeau de Marguerite d'Autriche comporte deux représentations : à l'étage supérieur le gisant est un portrait réaliste de la défunte en costume de cour, en dessous Marguerite est enveloppée dans son linceul et est représentée jeune.
Tombeau de Marguerite d'Autriche
Le mur de la chapelle de Marguerite d'Autriche est occupé par un monumental retable d'albâtre qui surmonte l'autel. Dédié aux Sept Joies de la Vierge, il retrace ses moments heureux :
- en bas, l'annonciation et la visitation,
- au dessus, l'adoration des bergers et l'adoration des mages,
- au dessus, l'apparition du Christ ressuscité à sa mère et la Pentecôte.
Ces quatre scènes encadrent une niche où est représentée l'Assomption, c'est à dire la Vierge en apothéose.
Le vitrail qui surmonte le retable est consacré à l'Assomption, c'est à dire à la gloire de la femme et à la résurrection dans la vie éternelle.
Depuis l'oratoire nous empruntons un escalier et traversons la tribune du jubé pour rejoindre le passage de Marguerite et la galerie haute du cloître des hôtes. Ce passage permettait à Marguerite de rejoindre ses appartements depuis sa chapelle privée.
Louis Van Boghem avait installé les appartements de Marguerite et ses dames d'honneur à l'étage au niveau du premier cloître. Ils sont composés de trois pièces en enfilade qu'elle n'a jamais occupées, car elle est décédée deux ans avant la fin de la construction.
Aujourd'hui, dans cet espace, une exposition est dédiée aux principaux aspects de sa vie.
Dans la première salle nommée "l'amour" Marguerite nous accueille avec un diaporama qui nous conte sa vie mouvementée, la deuxième salle nommée "le pouvoir" évoque son rôle dynastique et politique et la troisième nommée "l'art" montre son rôle de mécène et de collectionneuse.
La 1ère salle : l'amour
Nous pouvons voir un riche diaporama où Marguerite (son hologramme) nous conte sa vie.
A l'âge de 2 ans elle perd sa mère. Les villes flamandes se soulèvent et prennent la jeune princesse en otage avec son frère Philippe âgé de 4 ans, et contraignent leur père Maximilien, à signer une paix défavorable avec le roi de France, Louis XI. Ce traité est accompagné d'un accord de mariage de Marguerite avec le Dauphin, le futur Charles VIII. A la mort de Louis XI, elle mène une vie de reine de France à Amboise et reçoit une éducation raffinée. A 11 ans elle est répudiée, la France vient d'annexer la Bretagne et le traité prévoit le mariage du roi de France avec la jeune duchesse Anne de Bretagne.
En 1497, en Espagne à la cour d'Isabelle de Castille et de Ferdinand d'Aragon ont lieu les mariages de leur fils Don Juan avec marguerite d'Autriche, et de leur fille, l'infante Jeanne d'Aragon avec Philippe, le frère de Marguerite. Ce double mariage scelle l'alliance de l'Espagne avec la France. Don Juan, gravement malade décède à l'âge de 20 ans, Marguerite est veuve à 17 ans.
En 1501, Marguerite d'Autriche épouse Philibert le Beau, duc de Savoie.
Le 05 août 1502, Bourg en Bresse, une des capitales du duché de Savoie, les accueille. Ils ont 21 ans et vont vivre quelques années de bonheur. Le 10 septembre 1504, le duc âgé de 24 ans meurt d'un accident de chasse.
Marguerite décide alors de réaliser le vœu de sa belle-mère, Marguerite de Bourbon, réalisé 20 ans plus tôt, de reconstruire à Brou, le petit prieuré bénédictin quasi abandonné.
reproduction de la robe portée par Marguerite d'Autriche telle qu'on la voit sur les vitraux de Brou. Réalisée par Nathalie Cussenot
La deuxième salle : le pouvoir
A l'automne de la même année, son frère Philippe décède et laisse les Pays-Bas sans souverain et une veuve un peu "folle" avec ses six enfants dont le futur souverain Charles Quint qui n'a que 6 ans. L'empereur Maximilien nomme sa fille Marguerite d'Autriche régente des pays-Bas et lui confie l'éducation des enfants.
Elle quitte le duché de Savoie et s'installe à Malines. Elle s'impose par ses qualités de chef d'état et réussit à maintenir la paix pendant 1/4 de siècle. Elle contribue à assurer l'élection de son neveu Charles Quint à la dignité impériale en 1519.
La troisième salle : l'art
Marguerite est passionnée par l'art. Elle engage d'énormes dépenses pour enrichir ses collections et notamment sa "librairie", riche de manuscrits enluminés. Elle fréquente Erasme et Dürer.
Sa collection, l'une des plus riches au Nord des Alpes, comprenaient entre autres des oeuvres hérités de sa famille. On dénombrait des peintres de l'école flamande comme Bernard van Orley, Jan van Eyck, Jérôme Bosch...
Parmi les 200 oeuvres collectionnées, 126 étaient des portraits de souverains alliés de la famille, les autres représentaient des scènes religieuses ou mythologiques.
C'est de Malines qu'elle va diriger et suivre la construction du Monastère Royal de Brou qui doit refléter la splendeur du rang de la princesse.
Elle ne verra jamais ce monastère. En novembre 1530, alors qu'elle s'apprêtait à venir le visiter, elle tombe malade et meurt dans la nuit du 30 novembre, elle avait 50 ans. Son corps attendra deux ans à Bruges, la fin des travaux du monastère de Brou.
Des portraits de Marguerite d'Autriche
La grande salle appelée aussi "salle des Etats" était la salle de réception et d'apparat des appartements de la princesse. C'est une vaste galerie de 28 m de long et de 9 m de large qui relie les appartements de la princesse au dortoir des moines. Elle est aujourd'hui le début du musée et abrite des oeuvres d'art du XVe et XVIe siècle, des sculptures, des peintures, des tapisseries, des meubles et objets d'art contemporains de Marguerite d'Autriche. Ils proviennent des Pays-Bas mais aussi des duchés de Savoie et de Bourgogne... Je ne présente ici qu'une qu'une infime partie de la riche collection de cette galerie.
Ces chasses, commandées probablement par Charles Quint, représentaient les douze mois de l'année associées à des scènes de chasse. Elles proviennent de l'atelier Leyniers d'après les dessins de Bernard van Orley.
Chasse de Maximilien_Juillet (le départ) sous le signe du lion_tissage de 1650 d'après un carton de 1528-1533_laine et soie
Chasse de Maximilien_Juillet (le lancer) sous le signe du lion_tissage de 1650 d'après un carton de 1528-1533_laine et soie
Portrait de Charles Quint vers 1516, huile sur bois par Bernard van Orley (Bruxelles 1488-1541).
A la mort de son père Philippe le Beau (frère de Marguerite d'Autriche)
Charles d'Autriche est élevé par sa tante. Le futur Charles Quint est ici jeune et porte le collier de la toison d'or qui rappelle son héritage bourguignon. Le médaillon ovale de son béret indique qu'il vient d'hériter du royaume d'Espagne de par sa mère.
Buste de Charles Quint vers 1541-1543, attribué à Giovanni Angelo Montorsoli (1507-1543) est représenté à la façon d'un empereur romain. Il porte sur sa cuirasse de chef militaire, le collier de la toison d'or. Pendant son séjour à Gênes, Montorsoli, disciple de Michel Ange a sculpté deux portraits de Charles Quint. Le deuxième est conservé à Naples.
La Vierge à l'enfant vers 1520-1540, en ronde-bosse en bois, tient devant elle son enfant nu. Elle est vêtue à la mode de la première Renaissance. Sa silhouette élancée, ses drapés et sa démarche la font apparenter par les experts à la sculpture bourguignonne des années 1520-1540.
Repas chez Simon vers 1460-1470, est un relief en bois qui appartenait à un retable à Bruxelles.
Sous la table, Marie-Madeleine essuie les pieds du Christ avec ses cheveux, à droite sa sœur Marthe apporte à boire. Le Christ se tourne vers un homme richement vêtu, probablement Simon. Il est entouré de deux hommes qui pourraient être Lazare et Judas.
Lamentation sur le Christ mort vers 1520-1530, est un relief en chêne de provenance des Pays-Bas Méridionaux. Absent des évangiles, le thème de la déploration se développe à la fin du Moyen-Âge.
Triptyque de l'Adoration des Bergers de 1526 est une huile sur bois. Il est attribué à Grégoire Guerard (actif en Bourgogne de 1518 à 1530). Le panneau central montre l'adoration des bergers, les deux volets, saint Nicolas et sainte Catherine, et au revers une Annonciation en grisaille.
Vierge à l'enfant sous un dais_1520 d'après Jan Gossart dit Mabuse (1478-1532)_huile sur bois chantournée.
Sainte Véronique vers 1500 huile sur bois de Petrus Christus (1420-1473). Cette peinture est le volet gauche d'un triptyque représentant la déploration et sainte Marie-Madeleine.
Vierge à l'enfant_vers 1460-1480_origine Bresse_ronde-bosse en bois polychrome.
Saint Christophe_fin du XVe siècle_huile sur bois.
Armoire à deux corps et à retrait_vers 1590_ en noyer sculpté_meuble lyonnais.
Au XVIe siècle l'armoire autonome se généralise. Ce meuble a sans doute été le cadeau de mariage entre les Fiot de Mongré et Bessie en 1590 à Villefranche sur Saône, les armoiries sur le fronton sont aux deux familles.
Dressoir néogothique aux effigies de Marguerite d'Autriche et Philippe le Beau_fin XIXe siècle. Ce buffet, imitant les dressoirs du Moyen-Âge, est orné des portraits reproduisant les vitraux de Brou. Il est l'un des témoins de la diffusion d'images du monastère et de ses fondateurs à la fin du XIXe siècle, lorsque se développe le tourisme notamment grâce aux Chemins de fer.
Le dortoir et les cellules des moines font suite à cette grande galerie. Une vingtaine de cellules s'alignent le long d'un large couloir. les moines augustins disposaient d'une cellule individuelle.
Cet espace présente les collections des beaux-Arts et des Arts décoratifs constituées à partir des dépôts d'oeuvres par l'Etat en 1843.
Dans cet espace est présenté, l'art romantique, l'art moderne ainsi que des sculptures.
L'art romantique.
En 1861, Gustave Doré publie le premier volet de la divine Comédie de Dante, l'Enfer et expose au salon cette immense toile. On y voit le poète médiéval florentin en rouge accompagné du poète antique Virgile en bleu, arrivant au terme de leur voyage en enfer.
Gustave Doré_Dante et Virgile dans le 9e cercle de l'enfer_1861
Gustave Doré parcourt l'Ecosse en 1873, fasciné par l'aspect sauvage de ses paysages. Paysage fantastique et théâtral.
Gustave Doré_Paysage d'Ecosse_après 1873
Attribué à Pierre Revoil_ l'atelier de Filippo Lippo_vers 1820. Sur ce tableau inachevé le jeune peintre Filippo Lippi montre le portrait d'une belle jeune fille à son père. Selon Vasari, il s'était épris de son modèle, alors qu'il était pensionnaire au couvent.
Luigi Mussini_célébration platonicienne à la cour de Laurent de Médicis_1852
Le sujet, tiré d'un texte de l'historien Roscoe, évoque l'Académie néoplatonicienne de Florence. Devant la villa des Médicis à Careggi, il réunit autour du buste de Platon et de Laurent le Magnifique des personnages clefs de la Renaissance italienne, tels Alberti, Pic de la Mirandole...
Le musée présente également des oeuvres d'art contemporain.
Renonçant à la figuration elle met en valeur le geste, le signe, la spontanéité.
Pierre Soulages_1964, est un des plus grands représentants de la peinture informelle, forme d'abstraction dans laquelle les signes produisent du sens.
Simon Hantaï_Composition_1956, l'artiste réalise un fond très coloré qu'il recouvre entièrement d'un jus noir. Il gratte ensuite pour faire réapparaître de manière hasardeuse la 1er couche colorée. D'abord proche des surréaliste, Hantaï connait, entre 1955 et 1956, sa période gestuelle, dense en signes et formes graphiques.
Judith Reigi_Guano n°2_1963-1964. Les Guano-du nom de l'engrais obtenu à partir des matières organiques laissées par les oiseaux sur le littoral, sont des toiles ratées que l'artiste a posées sur le sol. La matière picturale s'y est accumulée peu à peu par strates, se transformant en terreau fertile que l'artiste retravaille ensuite.
Les sculptures.
David d'Angers_plâtre vers 1840-1841_ Xavier Bichat soignant un enfant.
Cette maquette préparatoire a été réalisée pour le monument élevé à Bourg en Bresse à la gloire du médecin Xavier Bichat.
Mathurin Moreau (1822-1912)_ Ondine dite aussi libellule_1873_bronze argenté.
Mathurin Moreau, couvert d'honneur et de commandes publiques a aussi produit des statues répondant au goût d'une clientèle privée. Il a présenté cette statuette au salon de 1873. Ce modèle a été utilisé pour des fontaines.
Georges Salendre (1890-1895) Jeanne d'Arc-1930
Jeanne d'Arc-1930
Issu d'une famille de l'Ain, Salendre est un sculpteur reconnu à Lyon.
A gauche : Annonciation : Ange Gabriel-1935 de Gustave Miklos.
Le peintre et sculpteur Gustave Miklos quitte la Hongrie pour la France en 1909. Il voit son œuvre reconnue et exposée aux côtés de Picasso ou Matisse. Son Annonciation appartient au mouvement Art déco à l'exposition d'Art sacré moderne.
A droite : Annonciation : Vierge marie-1935.
Après le musée, nous arrivons au cloître des commis. De style Bressans.
Il comporte trois galeries hautes et basses, appuyées sur le bâtiment principal. Voisin du réfectoire, il desservait la cuisine et le chauffoir et la procure (magasin à provisions), une chambre pour les domestiques et une prison.
Il comporte un puit couvert.
La procure accueille aujourd'hui l'espace "quel chantier" qui met en valeur les savoir-faire des bâtisseurs et des restaurateurs du monument à travers les différents métiers : maître d'œuvre, charpentiers, couvreurs, tailleurs de pierre, sculpteurs et maîtres-verriers.
Près de 50 ans avant la création par Prosper Mérimée de la liste des Monuments historiques, le monastère royal de Brou a été inscrit dès 1791 aux "monuments à conserver aux frais de la nation".
En 2014, le monastère royal de Brou a été élu Monument préféré des Français.
Cette magnifique visite a été une véritable découverte.
Avec son très beau jubé, ses stalles richement sculptées, les tombeaux de Philibert de Savoie, de sa mère et de Catherine d'Autriche, ses vitraux, l'église gothique avec ses sculptures en fines dentelles, laissent sans voix.
La vie de Marguerite d'Autriche est émouvante.
Les trois cloîtres et le musée sont incontournables.
C'est une grande chance, le monument n'a pas été abimé pendant la Révolution.
Texte : Paulette Gleyze
Photos : Paulette et Gérard Gleyze
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