Le 19 août 2022, nous visitons l'exposition d'art moderne de François Pinault qui se tient dans l'ancienne Bourse de Commerce, locaux qu'il gère pour la ville de Paris pour une durée de 50 ans.
La Bourse du commerce a été construite à l'emplacement de l'ancien hôtel de Soissons, palais construit au XVIe siècle par la reine Catherine de Médicis.
Au XVIIIe siècle, le propriétaire des lieux Victor-Amédée Ier de Savoie-Carignan ruiné par la banqueroute de Law meurt en 1741. Son hôtel est saisi par ses créanciers qui obtiennent l'autorisation de le démolir pour en vendre les matériaux. L'hôtel est finalement détruit en 1748-1749.
En 1755, la propriété est acquise par la ville en vertu de lettres patentes de 1755 (acte législatif émis par le roi).
Des lettres patentes du 25 novembre 1762 autorisent la construction d'une nouvelle halle au blé sur cet emplacement, qui va être réalisée par l'architecte Nicolas Le Camus de Mézières. Il va construire la halle au blé et le quartier avoisinant entre 1763 et 1767.
La halle au blé sera un bâtiment circulaire de 122 mètres de circonférence percé de 25 arcades. La partie centrale était à ciel ouvert, mais deux galeries concentriques, ouvertes sur l'extérieur par 24 arcades et couvertes de voûtes supportées par des colonnes, formaient des abris pour le blé.
Néanmoins, la cour intérieure laissée ouverte, nuisait à la conservation des grains.
Ce sont les architectes Jacques-Guillaume Legrand et Jacques Molinos qui, entre septembre 1782 et janvier 1783, sont chargés de la couvrir. Il vont y installer une coupole en bois qui a été détruite par un incendie en 1802.
Un décret impérial du 4 septembre 1807 prévoit que la Halle sera couverte d’une charpente en fer.
La reconstruction entre 1807 et 1811 a été confiée à l'architecte François-Joseph Bélanger et à l'ingénieur François Brunet. Une lanterne éclairait la rotonde. En 1838, les plaques de cuivre ont été remplacées par des vitres.
Le bâtiment est à nouveau ravagé par un incendie en 1854.
La halle au blé a été définitivement fermée en 1873 et le bâtiment attribué en 1885 à la Chambre de commerce, qui devient la bourse de commerce. Son activité à pris fin en 1998 en raison de l'informatisation des marchés.
Il a été occupé ensuite par la Chambre de Commerce et d'industrie de Paris jusqu'en 2016.
Le 27 avril 2016, la mairie de Paris et François Pinault annoncent qu'une partie des collections d'art contemporain de François Pinault (10 000 œuvres) sera accrochée dans le bâtiment circulaire.
La Bourse, qui était une propriété privée, est rachetée en 2017 pour 86 millions d'euros par la Ville de de Paris, qui en confie la gestion à une filiale d'Artémis ( société de portefeuille de la famille Pinault ) via un bail de 50 ans.
L'architecte Tadao Andō, architecte japonais qui travaille beaucoup avec le béton et la lumière réalise une coursive intérieure qui dessert les salles d'exposition.
Entrée dans la coursive
La coursive avec les entrées dans les salles d'exposition
Le site a ouvert le 22 mai 2021.
Sur le parvis devant l'entrée, une œuvre de Charles Ray_ Horse and rider de 2014 en acier inoxydable _ 278*102*269cm.
Lorsque nous entrons dans la rotonde notre regard est immédiatement attiré et happé par la coupole qui culmine à quarante mètres de haut.
Tout autour se trouve un immense décor de 40 mètres de hauteur pour 140 mètres de long. C'est une toile marouflée peinte en 1889.
Le thème est l’expansion et la modernité de la France à travers le commerce dans le monde entier. C'est l’œuvre de cinq artistes. Quatre d'entre eux ont traité le commerce dans les différentes parties du monde.
Évariste Vital Luminais (1821-1896) a représenté l’Amérique. Peintre académique, Évariste Vital Luminais pratique aussi bien la peinture de genre que la peinture d'histoire.
Désiré François Laugée (1823-1896) a représenté la Russie et le Nord. Désiré François Laugée est un peintre naturaliste, historique, religieux et un poète.
Georges Jules Victor Clairin (1843-1919) a représenté l’Asie et l’Afrique. C'est un peintre du mouvement orientaliste.
Marie-Félix Hippolyte-Lucas (1852-1925) a, quant à lui, représenté l'Europe.
Alexis-Joseph Mazerolle (1826-1889), qui supervise l’ensemble, peint entre chacune de ces quatre scènes, dans la direction des quatre points cardinaux, des allégories des continents et régions peintes par les autres artistes. L’Europe est symbolisée par les arts et l’architecture, l’Afrique par le lion et la chasse, l’Orient et l’Asie par le narguilé et les éléphants et le Grand Nord par l’ours polaire.
Vue de la coupole et des décors depuis la coursive.
L'escalier à double révolution est le dernier vestige de la halle au blé du XVIIIe siècle.
Le blé était stocké sur deux niveaux, an rez de chaussée et dans un grenier auquel menait l'escalier à double révolution. Les deux rampes qui s'entrelacent en deux hélices distinctes, permettaient aux porteurs qui montaient et descendaient les sacs de blé de ne pas se croiser.
L'exposition qui se tient jusqu'au 02 janvier 2023, s'intitule "Une seconde d'éternité".
"Une seconde d'éternité" rassemble une vingtaine d’œuvres de la collection François Pinault.
Dans la rotonde nous pouvons voir Echo 2, une production de Philippe Parreno, en collaboration avec la musicienne Arco et l'artiste Tino Sehgal.
"Philippe Parreno né en 1964 produit une œuvre souvent éphémère, qui remet en question les formats d'expositions et la nature des images. Il est passionné par le passage de la réalité à la fiction et par l'exposition conçue comme médium et espace de fiction." Wikipédia
Une interview de P Parreno sur l'exposition :
Echo 2
Dans les vingt-quatre vitrines qui courent le long de la coursive, Bertrand Lavier
(né en 1949) expose ses oeuvres.
Il nomme son exposition "chantiers", terme qu'il utilise pour qualifier ses recherches artistiques. Il peint, superpose, détourne de leur fonction des objets quotidiens "créant des zones de porosité entre le réel et la représentation".
"L'artiste bouscule les conventions artistiques les plus élémentaires, qu'il s'agisse de la nature de l’œuvre, de la signature, du genre artistique, de l'original, comme du nom des couleurs" .
"L'artiste évolue vers des superpositions (réfrigérateur posé sur un coffre-fort, enclume posée sur un meuble à tiroirs) et des combinaisons d'objets dont la valeur d'ensemble dépasse la somme des valeurs de chaque composant pris isolément."
Lavier s'inspire de Marcel Duchamp et des nouveaux réalistes.
Nous accédons aux salles d'exposition. Dans une première salle, du 06 avril au 26 septembre 2022, se tient une exposition des oeuvres de Félix Gonzalez-Torres et Roni Horn.
Je reprends les explications du carton : "Cette exposition s'ancre dans la force, la radicalité et les affinités artistiques qui lient deux figures majeures de l'art de notre temps dont l'influence sur toute une génération de plus jeunes artistes a été marquante : Roni Horn et Félix Gonzales-Torres".
"Ce qui fait œuvre à leurs yeux c'est l'expérimentation artistique qui unit l'artiste, le spectateur et l’œuvre"
L'eau, en raison de son caractère évolutif, sa nature métaphysique, est une source d'inspiration pour Roni Horn. Les dix blocs de verre semblent contenir de l'eau. L'artiste joue de nos perceptions en "fusionnant le mouvement en statique, l'état solide en liquide".
Roni Horn_Well and Truly,_2009-2010_verre moulé
L'installation d'un rideau de perles en plastique de Félix Gonzalez-Torres est renouvelée à chaque exposition. Les visiteurs doivent toujours être autorisés à le traverser. C'est une expérience à la fois corporelle et conceptuelle.
Les perles rouges et les perles transparentes évoquent les globules sanguins et par extension l'épidémie du sida.
Félix Gonzalez-Torres"Untitled"_1992_rideaux de perles et dispositif de suspension
Roni Horn_2009-2018_double Möbius_deux rubans en or pur et deux chevilles en plastique
Roni Horn_2016_Dog's chorus_Let Slip Until the Cows Come Home_aquarelle, plume et encre, gomme arabique sur papier
Roni Horn_1997_Dead Owl_ensemble de deux photos, tirages iridescents sur papier
Roni Horn_2006-2007_White Dickinson He Inherits His Uncle Emily's_aluminium massif et plastique blanc moulé
Cette œuvre de Félix Gonzalez-Torres est composée de douze guirlandes électriques sur chacune desquelles sont fixées 42 douilles en porcelaine blanche avec ampoules. Cette œuvre peut être interprétée comme évocation de fête et ou de mémorial.
"Philippe Parreno travaille sur le décalage entre les différentes formes de représentation des images, entre réalité et fiction, langage et narration, la temporalité, le théâtre, les codes télévisuels et cinématographiques, qu'il fusionne entre eux."
Pour Philippe Parreno, les éléments de cette œuvre sont des "quasi-objets" c'est à dire à mi-chemin entre l'objet et le sujet. L’œuvre se place dans une tension entre le rationnel et l'aléatoire, certains mouvements, comme ceux des poissons, ne sont pas prévisibles.
My room et another fish bowl_2002 |
Les treize panneaux en verre de Larry Bel, agencés en angle droit, mesurent 2,44m de haut sur 1,83m de largeur. Ils décomposent et recomposent les points de vue.
"Larry Bell renverse le précepte qui veut que la sculpture se définit d'abord par sa capacité à représenter une figure. La transparence et le reflet créé une forme de fusion entre l'oeuvre, le spectateur et le lieu.
Les panneaux isolants de Rudolf Stingel tapissent les murs et occupent une pièce entière.
Ils donnent l'illusion d'un lieu en expansion. Les visiteurs peuvent écrire, dessiner, creuser, faire des graffitis sur ces panneaux...
L'oeuvre montre la relation entre la création et la vie qui l'entoure.
Exposition déroutante.
Pour finir voici la petite souris animatronique de Ryan Gander, qui balbutie en anglais tout en hochant la tête.
Paulette Gleyze pour le texte
Paulette, Anne et Gérard Gleyze pour les photos
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