lundi 30 septembre 2024

exposition Jean Michel Folon au Belgisch Design Belge_jour3_22-07-2024


Le Belgisch Design Belge organise des expositions temporaires.

Du 10-04-2024 au 15-09-24 se tient l'exposition Olivetti Folon.
Encre sur papier_Fondation Folon_1968

Jean Michel Folon est né et a grandi à Bruxelles en 1934.

Il suit un cursus d'architecture et fréquente les cours de design industriel à l'école supérieure des arts visuels.

En 1955, il s'installe près de Paris et travaille comme dessinateur de presse pour des magazines belges (Pan, Moustique) et français (Paris-Match).

En 1960, il envoie quelques dessins à des revues New-Yorkaises dont certaines montrent un grand enthousiasme.

Le succès de Folon en Amérique lui ouvre les portes des galeries et des magazines en Europe.

Il voyage en Italie et rencontre l'écrivain Giorgio Soavi qui le présente à Olivetti et entame en 1965 une longue collaboration avec la firme italienne.

En 1968, Folon crée une fresque pour le Pavillon Français à la Triennale de Milan.

En 1970, il représente la Belgique à la biennale de Venise et en 1973 il participe à la biennale de Sao Paulo où il remporte le grand prix.

En 1976, il crée le générique de début et de fin des programmes de la télévision Antenne 2 qui va passer jusqu'en 1983.

Il est engagé et met son art au service de causes qui lui sont chères, comme la défense de l'environnement et les droits humains.

Il illustre la déclaration Universelle des Droits de L'homme pour Amnesty international.

En 2000, il crée la Fondation Folon sur le site de Solvay (Solvay est un groupe belge de chimie) qui rassemble une bonne partie de son oeuvre.

Il est décédé en 2005 à Monaco.

Son travail se situe au croisement de l'illustration, de l'animation et des arts visuels.

Son imaginaire est marqué par le surréaliste René Magritte, par Saul Steinberg et par Paul Klee.
JM Folon devant son projet de fresque pour le pavillon français à la Triennale de Milan_1968

JM Folon commence sa carrière dans un langage très épuré : il dessine à la plume, à l'encre de chine noire sur papier.

A partir des années 1960 et pendant près de trois décennies, il va entretenir avec l’entreprise italienne Olivetti une riche collaboration artistique.

En 1967, un contrat a été conclu pour garantir à Olivetti l'exclusivité des oeuvres publicitaires de Folon en Italie.
He needs an Olivetti calculator_1962_Offset d'après une encre de couleur.

Encre de couleur sur papier_1968

La folla_1967_Sérigraphie en couleur sur papier_exemplaires numérotés et signés (80/92)_imprimé par jacques Marquet, Paris

Fondée en 1908, à Ivrea dans le nord de l'Italie, la société Olivetti s'impose comme l'un des leaders mondiaux dans la fabrication des machines à écrire et à calculer, avant de se lancer dans l'informatique.

Cette société s’impose aussi par le modèle social qu’elle met en place et les liens qu’elle entretient avec le monde de l’art.

JM Folon travaillera à de nombreuses reprises pour la firme, en lui livrant des affiches et des produits publicitaires, mais aussi des livres et des dessins animés.

Entre 1932 et 1960, Adriano Olivetti, le fils du fondateur a conduit l'entreprise vers le succès international en menant en parallèle pour son entreprise une réflexion sur le progrès matériel, l'efficacité technique et l'éthique de la responsabilité.

Dans les années 1960, Olivetti sous l'impulsion du chef de bureau des projets spéciaux d'Olivetti, Giorgio Soavi s'adresse à de jeunes artistes pour le lancement de ses produits.

Georgio Soavi va commander à Jean-Michel Folon en 1965, une affiche pour "la lettera 32", le nouveau modèle de machine à écrire portable d'Olivetti, qui va remplacer la Lettera 22.
Les modèles Lettera 32

Lettera 32_Olivetti per tutti_1968_Offset d'après une sérigraphie

Lettera 32_Olivetti per tutti_réalisé en deux versions_Offset d'après une sérigraphie

Cette première commande marque le coup d'envoi d'une longue collaboration avec l'entreprise qui va faire appel aussi à d'autres artistes comme Roland Topor, Bob Blechman, Milton Glaser et Pierre Alechinsky.

En 1967, à l'occasion de la rénovation de la boutique Olivetti à Paris, Folon conçoit une histoire sans paroles.

L'histoire raconte la rencontre d'un petit homme avec une machine à écrire géante dans un univers urbain oppressant.

Folon écrit : " L'humour, c'est le refus de parler de choses tragiques de manière tragique".

A partir de 1957, Folon s'initie à la sérigraphie, une technique qui reprend celle du pochoir.

On applique un dessin sur un écran de toile, ensuite chaque zone à colorier fait l'objet d'un travail sur un nouvel écran.

Les zones destinées à rester blanches ou à recevoir des couleurs sont isolées de l'écran à l'aide d'un système de bouchage de mailles.

L'encre est appliquée sur la surface à l'aide d'un racloir qui permet le passage de l'encre à travers les interstices laissés libres.

Les écrans sont passés successivement sur la feuille de papier de manière à superposer ou à combiner les couches de couleur.

Cette technique a la particularité d'utiliser des couleurs non mélangées sur le support, d'où l'aspect très contrasté des différentes zones.
Le rêve de pierre_1970_Reproduction d'après une sérigraphie couleur sur papier en 120 exemplaires_imprimé par Jacques Marquet, Paris

Je vous écris d'un pays lointain_1972_Sérigraphie couleur originale en 100 exemplaires numérotés et signés

 
Je vous écris d'un pays lointain_sérigraphie

Folon pour Olivetti_1990_Affiche

Au début des années 1950, Olivetti débute la production d'objets-cadeaux de Noël pour promouvoir son image.
C'est ainsi que des calendriers illustrés d'oeuvres d'artistes, des créations de designers, des agendas et des livres-cadeaux sont envoyés à leurs clients et à leurs fournisseurs.

Dans les années 1960, Georgio Soavi, directeur artistique suggère de publier des oeuvres littéraires en y intégrant des oeuvres d'artistes contemporains.
Livre relié imprimé_Lettre dactylographié de G Soavi_1967

JM Folon reçoit une commande de Soavi pour illustrer les "La métamorphose" de Kafka publié en 1973.

Les images représentent le sentiment d'aliénation et presque d'aversion du corps qui est un obstacle à la croissance intellectuelle et spirituelle.
photo empruntée à internet de l'illustration de "La Métamorphose"

En janvier 1978 Soavi commande à Folon des illustrations pour "Les Chroniques martiennes de Ray Bradbury".

L'artiste produit douze aquarelles pour ce Recueil qui se compose se de 28 Nouvelles de science-fiction relatant l'exploration de Mars

L'artiste produit douze aquarelles mais l'entreprise décide d'en acheter que trois.
Cronache marziane_aquarelles sur papier_1978
paysage
martiens dans un paysage
figure avec faucille

Cronache marziane_aquarelles sur papier_1978
paysage entouré de têtes
Ce sont des éditions spéciales offertes comme cadeau de Noël.

Livre d'étrennes_1973

En 1979, un tirage supplémentaire d'environ 700 exemplaires en anglais ont été imprimé à la demande de la filiale New-Yorkaise d'Olivetti.
Livre d'étrennes_1979

Sous l'influence de son épouse, Colette Portal il apprivoise la couleur vers 1965 avec des encres de couleur.

Il va adopter cette technique dès 1971.
Très pigmentées, ces encres confèrent aux tons un éclat intense et un aspect lisse et brillant.

Depuis longtemps Soavi réfléchissait à produire des agendas de bureau pour Olivetti.

Les flèches de Folon aux encres de couleurs offrent la solution à Soavi : une oeuvre illustre chaque mois dans un agenda élégant.

Le premier sort en 1969, il sera suivi d'une trentaine d'agenda Olivetti.
Chaque année il y aura des illustrations nouvelles réalisées par de jeunes artistes.










Après la commande pour l'agenda, Folon réalise un dessin pour le calendrier 1971 d'Olivetti.

Dans un paysage de collines un homme solitaire qui ressemble presque à un monolithe, présente une tête qui consiste en un meuble muni de douze petits tiroirs, soit un pour chaque mois.

Sur le calendrier original, produit par Olivetti sur la base du dessin de Folon, le tiroir avant doté d'un bouton pouvait être retiré afin de révéler le véritable calendrier.
Sérigraphie_Fondation Folon_dessin pour le calendrier 1971


Au printemps 1970, la société Olivetti, à travers sa filiale japonaise et le journal Mainichi Shinbun organise à Tokyo une exposition consacrée aux travaux de Folon.

Elle présentait 45 oeuvres originales, 11 affiches et toute une série de supports imprimés.

Le ministre japonais de la culture assiste à la cérémonie d'ouverture et l'exposition attire plus de 10 000 personnes.

Vingt ans plus tard, Olivetti a organisé une exposition au Metropolitan Museum of Art de New York, intitulée Folon's Folon.

Elle se compose de 50 aquarelles, 15 travaux à l'encre et un ensemble d'objets trouvés et transformés, le tout réalisé entre 1968 et 1988 provenant de la collection privée de l'artiste.





Il réalise un grand panneau mural (aujourd'hui disparu) destiné à la Waterloo Station de Londres au printemps 1975 suite à un partenariat entre Olivetti et l'entreprise ferroviaire British Rail.

Jean-Michel Folon a proposé une série de croquis à partir de 1974 et a reçu 40 000 dollars pour ce travail.



Waterloo Station_1975_Encres et couleurs sur papier.


L'exposition du Belgisch Design Belge montre la grande liberté artistique dont disposait Folon chez Olivetti.

Il en a profité pour mettre en images ses inquiétudes et ses questionnements sur les rapports entre l’homme et la machine, ou entre l’homme et la ville comme on peut le voir dans les dessins réalisés pour l’agenda annuel offert au personnel et aux clients dès 1969.

Grâce à la puissance du réseau d’Olivetti dans le monde, l’artiste a pu présenter ses oeuvres dans de grandes expositions à Tokyo ou à New York et réaliser une fresque murale à la gare Waterloo de Londres.

En 2000, il a inauguré à La Hulpe (Belgique), la Fondation Folon, qui présente l’essentiel de son œuvre dans un lieu et un paysage symboliques de son enfance.


Cette exposition a été une belle découverte de l'artiste et de l'oeuvre.



Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette, Anne et Gérard Gleyze


mardi 24 septembre 2024

Voyage en Belgique_Bruxelles_Belgisch Design Belge_jour 3_22-07-2024


Après la découverte de l'Atomium, nous avons visité le Design Museum Brussels qui se situe sur le plateau du Heysel à proximité de l'Atomium .

Il a été créé en 2015 à partir de la collection privée Plasticarium constituée par Philippe Decelle.

Philippe Decelle accumule, depuis 1987, dans une maison au 35 de la rue du Locquenghien, une collection d'éléments de design en plastique.

C’est un plasticien et collectionneur belge né le 26 novembre 1948. Son travail est principalement centré sur les structures géométriques dans la nature et dans les paysages.

Il commence à collectionner à partir de 1974 des pièces en verre opalescent produites en majeure partie en France durant la période art déco.

A partir de 1987, il décide de constituer une large collection d'objets en plastique conçus par les designers européens dès 1957.

Il a rassemblé quelques 2000 pièces datant de la fin des années 1950 jusqu'au années 2010.
Elles sont signées par des artistes et designers tels que César, Evelyne Axell, Joe Colombo, Verner Panton, Philippe Starck, Maurice Calka.
Joe Colombo_Universale_1967

Sans héritier, il souhaite transmettre sa collection.
Portrait de Philippe Decelle _Le Plasticarium, rue Locquenghien, Brussels_1954

Exposée dans un premier temps dans un espace privé – le Plasticarium – la collection est acquise en 2014 par l'Atomium qui engage, avec le soutien financier de la Ville de Bruxelles, la construction d'un nouvel espace de 5 000 m2 sur le plateau du Heysel, près de l’Atomium, le Plasticarium - Art & Design Atomium Museum. qui ouvre ses portes le 11 décembre 2015.

C’est grâce à la puissance du réseau d’Olivetti dans le monde qui a permis à l’artiste de présenter de grandes expositions à Tokyo et à New York ou de réaliser une fresque murale à la gare Waterloo de Londres.

Le « Plasticarium » désigne alors un espace, une collection permanente, occupant environ la moitié de la surface totale du musée, le reste étant consacré à des expositions temporaires.

Par la suite, le Plasticarium devient la Plastic Design Collection.

Le 2 octobre 2020, le lieu devient le Design Museum Brussels pour mieux refléter l'évolution de sa mission vers la création dans le design.

Il offre le panorama d'une histoire du design en Belgique et de ses identités.

De l'Art Nouveau à la création contemporaine, cette exposition partage un récit autour de figures majeures, des mouvements et avant-gardes qui l'ont dessiné.


Les pièces présentées montrent les innovations et ses impacts sur la société et notre vie quotidienne.


L'exposition montre à travers des documents d'archives, l'évolution de cette collection privée et la vie de son propriétaire.

Elle illustre la relation passée et présente entre le design et les matières plastiques.

Le voyage commence par un aperçu de l'impact de la production de masse. et comment les procédés industriels ont rendu les objets du quotidien moins chers et plus accessibles.

Nous voyons aussi l'influence qu'ont eu certains aspects de la vie, tels que la politique, l'art et les mouvements esthétiques sur le design plastique depuis les années 1960.

La quête de l'identité esthétique en Belgique allant de pair avec les "arts industriels" remonte au 19e siècle au moment de la naissance de l'Etat Belge.

Dans cette rencontre entre art et industrie, l'Etat Belge a soutenu une série d'initiatives visant à "promouvoir le bon goût" et à favoriser l'étude des arts décoratifs.
Ceci a contribué à la naissance de l'Art Nouveau.

Pendant l'entre deux guerres, les débats sur les arts décoratifs et le "bon goût" va favoriser une alternance entre les styles historicistes (basés chacun sur d'anciens courants architecturaux) comme l'Art Déco et des expériences avant-gardistes et modernistes.

La rencontre des arts et de l'industrie et l'utopie sociale défendues par les collectifs d'avant-garde va favoriser l'émergence en Belgique du design en tant que discipline.




Dans la Belgique d'après-guerre, le fonctionnalisme repose sur le concept du "meuble social".
Face à la pénurie de logement, architectes et designers s'engagent à construire des logements sociaux et des meubles modernes.





Les designers exposés :
Huib Hoste (1884-1957) n'est pas le seul architecte de sa génération à concevoir du mobilier dans les années 1930. Il est considéré comme l'une des pionniers du Mouvement moderne en Belgique.
Diplômé de l'université de Gand il a d'abord réalisé une trentaine de projets architecturaux dans le style néo-gothique.
Durant la 1ère guerre mondiale, il s'exile aux Pays Bas et découvre l'architecture moderniste avec l'école d'Amsterdam et le mouvement De Stijl.


Au lendemain du conflit il aide la Belgique à se reconstruire en réalisant des cités jardins.
Il est un des membres fondateurs en 1928 des Congrès Internationaux des Architectes Modernes (CIAM) dont l'objectif est la promotion d'une architecture fonctionnelle.


L'évolution des meuble de Huib Hoste suit celle de son architecture.
A la sévérité de ses débuts, comme la chauffeuse en chêne noirci et en toile (1930) s'est substitué un mobilier rationnel et pur aux couleurs primaires qui révèlent le triomphe de l'avant-garde et du modernisme.


Georges Charles Van Rijk, né en 1933 à Bruxelles est depuis toujours architecte d'intérieur, un designer industriel et un concepteur de meubles. En 1991, il a créé son propre studio de design industriel à Rotterdam. Il a travaillé sur une variété de projets, allant des meubles aux produits électroniques grand public.
Georges Charles Van Rijk,_Chaise et ottoman_1968_Heather, Steel_fondation roi Baudoin_Koning

Pierre Guariche (1926 _1995), Il participe, de 1953 à 1957, à l'Atelier de recherches plastiques (A.R.P.). Architecte d'intérieur, il réalise, avec son agence, plusieurs centaines d'aménagements. En 1965, il reçoit le Prix René-Gabriel.

Le designer Maarten Van Severen (1956-2005) créé des meubles à partir du milieu des années 80, qu’il produit tout d’abord lui-même dans son atelier de Gand. Ses créations se démarquent par leurs lignes sobres et leur confort. Sa collaboration avec Vitra qui débute en 1995 donne naissance à la collection Van Severen.
 
Maarten Van Severen_chauffeuse _2002


Jacques Dupuis (1914 _1984), est considéré par beaucoup comme l’un des architectes belges de l’après-guerre les plus originaux, il réalisa des logements collectifs, des églises, des écoles, des centres sociaux, des infrastructures sportives et des maisons unifamiliales. Il conçoit un modèle de bibliothèque en bois laqué pour les foyers sociaux.



Willy Van Der Meeren (1923-2002) collabore avec l'entreprise Tubax à Vilvarde spécialisée dans la production de mobilier en acier.
Il est reconnu pour la construction et la production de masse et son engagement social. Il est également considéré comme l'un des plus importants designers de meubles belges de l'après-guerre.

fauteuil


Pierre Guariche (1926-1995).
Architecte d'intérieur, il réalise, avec son agence, plusieurs centaines d'aménagements dont le Conseil Général et la préfecture de l'Essonne, le Tribunal de Grande Instance de Créteil, Le Méridien porte Maillot, l'aménagement de plusieurs centaines de studios et appartements à La Plagne (ainsi que les télécabines 6 places en aluminium de la Grande Rochette, de nombreuses boutiques, une chapelle, deux cinémas...).

Il a conçu le mobilier pour la Maison de la Culture Le Corbusier à Firminy dans la Loire.

Il a apporté aux meubles une dimension fonctionnaliste et esthétique. Il répond aux besoins de son époque en faisant appel à des procédés de fabrication en série.

Ses créations sont devenues des pièces mythiques comme la chaise Tonneau (1953 et 1954), la chaise Tulipe (1956) ou encore le bureau Président (1961).

En 1957, il est nommé Directeur Artistique de l’entreprise de fabrication de meuble Meurop.
Le fabricant de meubles Meurop est fondé en 1958, année d'entrée en vigueur de Marché Commun. (Le nom Meurop contraction de "meuble" et "Europe" s'explique aisément).

Grâce à une production en série, l'entreprise a proposé du design de qualité à des prix accessibles.

Afin de pouvoir évoluer directement sur le marché, Meurop a développé son propre système de distribution, qui couvrait la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, la France et l'Allemagne.

Meurop fait appel au designer français Pierre Guariche (1926-1995) qui renouvelle la collection dès janvier 1961.

La chaise coquillage qui a connu un large succès est lancée en 1962.
Disponible en une dizaine de couleurs, elle se compose d'une coque en polyester renforcée de fibres de verre, posée sur une base métallique.

Pierre Guariche_coquillage_Design Museum Brussels_1961


En 1958, un ingénieur anglais du nom de Kewley invente un procédé d’assemblage de pièces de bois et en dépose le brevet. Le nom « Kewlox » a donc pour origine le « Kewl-» du nom de son inventeur et le « -lox », du verbe anglais « to lock » qui signifie « verrouiller ».

Ce procédé est découvert par un négociant en produits métallurgiques bruxellois, Jacques Le Clercq, qui en acquiert la licence d’exploitation pour le Benelux et commence la production des premiers meubles.

En 1960, il présente le meuble au Salon des Inventeurs de Bruxelles et décroche la médaille d’or.
Kexlox_Meule de rangement-1980

Marcel-Louis Baugniet (1896-1995) est designer, artiste, critique d'art et philosophe né à Liège. Peintre il réalise des affiches, des décors et des costumes avant de se lancer dans la conception du mobilier. En 1930, il fonde son entreprise de design d'intérieur, Baugniet et Cie qui sera active jusqu'aux années 1970.
Marcel-Louis Baugniet_Lampadaire_1950_Fondation roi Baudoin_Koning

Renaat Braem (1910-2001) est un architecte urbaniste né à Anvers.
Surtout connu pour ses projets de logements sociaux tels que Het Kiel ou la Tour de police De Oudaan à Anvers, il n’a conçu que peu de meubles, et produits en éditions limitées. Un meuble de sa main est donc une pièce particulièrement rare et difficile à trouver. Néanmoins, avec l’aide du Fonds Marie-Jeanne Dauchy(link is external), la Fondation Roi Baudouin a pu acquérir une pièce unique qui est désormais exposée au Design Museum Brussels
Chaise_1952_Renaat Braem_Fondation roi baudoin_Koning


A la fin du 19e siècle les inquiétudes grandissantes au sujet de l'exploitation massive des matières naturelles encourage à la recherche d'alternatives qui conduit à l'introduction du celluloïd en 1969 par John Wesley Hyatt (1837-1930) et de la bakélite en 1907, 1er plastique synthétique inventé par le chimiste d'origine belge, Leo Baekeland (1863-1944).

Les plastiques rendent les produits de luxe accessibles à la classe moyenne. Ils signent le début d'une nouvelle ère de commercialisation.

Pendant les années folles, de nouveaux objets électriques entrent dans les foyers et les font rentrer dans la modernité.

A l'Exposition Universelle de 1939 de New York, les visiteurs découvrent le nylon, le plexiglas et le monde en plastique.

La 2e guerre mondiale limite la production de plastic à la seule industrie militaire.

A la fin de la 2e guerre mondiale le monde est à l'aube de la consommation de masse.

Le Plastic Design Collection valorise la création hétérogène et diversifié du design en plastique qui a transformé l'univers domestique et urbain depuis les années 1950.

Les plastiques incarnent le besoin de liberté et les revendications d'une génération rejetant les valeurs traditionnelles.




Anon_Rasoir calor_1950

Fer à repasser_1946

Tasse pliable_1930

Souvenirs de New_York_1939

Giancarlo Piretti (1940)_Porte-manteau_1972


En 1973, la crise pétrolière et les prémices d'une conscience écologique poussent à la redéfinition du rôle des pastiques.

Depuis les années 1980, on assiste à une redéfinition du design autour de la technologie numérique qui conditionne ses procédés de conception et de production.

Aujourd'hui la question écologique et la dénonciation de la culture du jetable favorisent l'utilisation de plastiques recyclés et recyclables.

Au cours des années 1960, les passerelles entre le design et la science fiction prennent un ampleur inédite. Il s'agit de vivre chez soi comme si on voyageait dans l'espace interstellaire. La perspective de marcher sur la lune influence le quotidien. Ainsi en pleine guerre froide, confortablement installé dans son salon, chacun peut imaginer prendre part à la conquête spatiale qui oppose les deux blocs ennemis.

Visiona est le nom d'un projet expérimental d'aménagement intérieur présenté entre 1968 et 1971 dans le cadre du salon du meuble de Cologne.

Sponsorisé par l'entreprise chimique Bayer, le projet se tient sur un bateau.
Pour chaque édition, un designer célèbre est invité à transformer cet environnement en mettant en avant les ambitions esthétiques et spatiales de l'époque pour l'aménagement intérieur.

Verner Panton (1926-1998) conçoit Visiona O en 1968 et Visiona II en 1970. Il crée des espaces utopiques de couleurs vives.
Il y expose sa Panton chair (1968)

En 1969, pout Visiona I, Joe Colombo (1930-1971) expose des structures plus modulaires et multifonctionnelles.


En 1971, Olivier Morgue (1939) sollicité pour Visiona III la dernière édition, y déploie une approche inspirée de la nature.


Maurice-Claude Vidili (1937)_Sphère d'isolement S2_Unité d'habitation_1971

Maurice Calka(1921-1999)_Grand PDG_Bureau et assise_1969

Maurice Calka (1921-1999)_Boomerang_Bureau et assise_1970

Le fauteuil à bascule Dondolo est le fruit des recherches de Cesare Leonardi et franca Stagi sur la performance de matière plastique. Il est construit en une seule pièce, les bords latéraux permettent de supporter une résistance importante au poids.

Dondolo est l'une des pièces phares de l'exposition Italy, the Domestic Landscape (MoMa, USA, 1972) qui a célébré le design italien.


Cesare Leonardi (1935-2021) et franca Stagi (1937_2008)_Fauteuil Dondolo


A la fin des années 1960, des créations ironiques et provocatrices de groupes de jeunes architectes, designers et artistes, font écho aux mouvements politiques et sociaux.

Face aux conceptions désuètes du Mouvement Moderne, de jeunes architectes et designers privilégient le matériau gonflable, mobile et léger.

A Florence, épicentre du mouvement contestataire de l'architecture radicale,
Lapo Binazzi et le groupe UFO bloquent la circulation avec de larges structures gonflables recouvertes de slogans et devinettes.

En France, le groupe Utopie donne forme à la révolte étudiante de mai 1968 en imaginant un univers entièrement gonflable.

Le gonflable incarne les aspirations d'une génération prête à lutter pour une société égalitaire et fraternelle.

Ce mobilier connaît le succès d'un autre mode de vie, auprès des jeunes.

En 1968, l'exposition "les assises du siège contemporain" est organisé par le groupe AJS Aérolande au Musée des Arts Décoratifs de Paris.

Le collectif s'intéresse particulièrement à l'architecture gonflable et à la conception de meubles réalisés en PVC.

Parmi les exposants figure Nguyen Manh Khanh, dit Quasar, un ingénieur né à Hanoï.

Le PVC, matière transparente fétiche du Pop permet à Quasar de libérer l'intérieur.

Avec la collection Aérospace, inspiré de la science fiction, il conçoit un environnement totalement gonflable qui comprend des parois des sièges, des tables et des luminaires.

L'ensemble est réalisé à partir de film de PVC souples, colorés ou transparents, soudés à la main.

En raison du coût de fabrication et de la fragilité du matériau, Quasar se rend compte que le mobilier gonflable a un avenir fragile.
Satellite Junior_Quasar Khanh (1934-2016)_1968



Le développement des techniques et des technologies de production stimule la recherche des nouvelles formes.
Buffet_1965_Raymond Loewy (1893-1986)


Joe Colombo (1930-1971)_Fauteuil modèle 4801



Sergio Brazzoli et Ermanno _Lampe_1973

Coquille_Anne Tribel_1968_Table banquette

Jean Luc Favriau, Dominique Prevot_Banc_1970




Depuis les années 1920, la conception d'une chaise en une seule pièce est un terrain d'expérimentation par les créateurs.

L'arrivée des plastiques après la 2e Guerre Mondiale et le progrès des techniques de moulage permet d'obtenir la forme souhaitée en une seule étape.

Les premiers modèles produits en série comprennent la chaise Bofinger (1964-1968) de l'architecte allemand Helmut Bätzner et la chaise Panton (1958-1968) du designer danois Verner Panton.

La forme en S et le perfectionnement des propriétés mécaniques du plastique permettent la disparition des pieds postérieurs, donnant l'impression de s'assoir dans le vide .
Marc Berthier (1955)_Modèle 600_chaise




La chaise Floris de 1968, traduit les recherches techniques et ergonomiques de Günter Beltziz.


Le 28 mai 1972, l'exposition "Italy : The New Domestic Landscape, Achievements and Problems of italian Design" est inaugurée au Muséum of Modern Art de new York 'MoMa').

Critiquée comme le chant du cygne italien, elle est depuis considérée comme une des manifestations majeures de l'histoire du design.
L'exposition engage une réflexion sur le rôle sociétal et contestataire du design.

Gufram présente le fauteuil Pratone. qui est conçu comme une réinterprétation ironique des règles traditionnelles de fabrication de meubles, Pratone joue avec les dimensions, les matériaux et l'acte de s'asseoir.
Bon exemple du design radical italien des années 1970, la forme de cette chaise invite l'utilisateur à imaginer des possibilités nouvelles et inhabituelles de s'asseoir.

Gufram est un fabricant italien de meubles basé à Barolo (région du Piémont).

Fondée en 1966 par les frères Gugliermetto, Gufram, acronyme de "Gugliermetto Fratelli Arredamenti Moderni", prend la forme d'un laboratoire créatif.
Ils associent leurs connaissances de l’artisanat local avec les architectes et artistes émergents de l’époque.
Leurs objets d'art sculptures bouleversent l’esthétique des meubles des années 1960.


Giorgio Ceretti (1932), Pietro Derossi (1933), Riccardo Rosso_Pratone_Assise_1986

Fauteuil "Pratone" de Ceretti / Derossi / Rosso pour GUFRAM.


Cette visite nous a permis une meilleure connaissance et compréhension de cet art. et de voir des pièces surprenantes .


L'exposition est articulée autour de figures majeures du design, des mouvements et avant-gardes qui l’ont dessinée, des réalisations qui l’ont marquée et des lieux qui l’ont promue.

Elle montre bien aussi l'évolution de ce mouvement dans le temps .

Les designers s'éloignent de la production en série et montrent une production plutôt artisanale.



Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette, Anne et Gérard Gleyze