Le Belgisch Design Belge organise des expositions temporaires.
Du 10-04-2024 au 15-09-24 se tient l'exposition Olivetti Folon.
Encre sur papier_Fondation Folon_1968
Jean Michel Folon est né et a grandi à Bruxelles en 1934.
Il suit un cursus d'architecture et fréquente les cours de design industriel à l'école supérieure des arts visuels.
En 1955, il s'installe près de Paris et travaille comme dessinateur de presse pour des magazines belges (Pan, Moustique) et français (Paris-Match).
En 1960, il envoie quelques dessins à des revues New-Yorkaises dont certaines montrent un grand enthousiasme.
Le succès de Folon en Amérique lui ouvre les portes des galeries et des magazines en Europe.
Il voyage en Italie et rencontre l'écrivain Giorgio Soavi qui le présente à Olivetti et entame en 1965 une longue collaboration avec la firme italienne.
En 1968, Folon crée une fresque pour le Pavillon Français à la Triennale de Milan.
En 1970, il représente la Belgique à la biennale de Venise et en 1973 il participe à la biennale de Sao Paulo où il remporte le grand prix.
En 1976, il crée le générique de début et de fin des programmes de la télévision Antenne 2 qui va passer jusqu'en 1983.
Il est engagé et met son art au service de causes qui lui sont chères, comme la défense de l'environnement et les droits humains.
Il illustre la déclaration Universelle des Droits de L'homme pour Amnesty international.
En 2000, il crée la Fondation Folon sur le site de Solvay (Solvay est un groupe belge de chimie) qui rassemble une bonne partie de son oeuvre.
Il est décédé en 2005 à Monaco.
Son travail se situe au croisement de l'illustration, de l'animation et des arts visuels.
Son imaginaire est marqué par le surréaliste René Magritte, par Saul Steinberg et par Paul Klee.
JM Folon devant son projet de fresque pour le pavillon français à la Triennale de Milan_1968
JM Folon commence sa carrière dans un langage très épuré : il dessine à la plume, à l'encre de chine noire sur papier.
A partir des années 1960 et pendant près de trois décennies, il va entretenir avec l’entreprise italienne Olivetti une riche collaboration artistique.
En 1967, un contrat a été conclu pour garantir à Olivetti l'exclusivité des oeuvres publicitaires de Folon en Italie.
He needs an Olivetti calculator_1962_Offset d'après une encre de couleur.
Encre de couleur sur papier_1968
La folla_1967_Sérigraphie en couleur sur papier_exemplaires numérotés et signés (80/92)_imprimé par jacques Marquet, Paris
Fondée en 1908, à Ivrea dans le nord de l'Italie, la société Olivetti s'impose comme l'un des leaders mondiaux dans la fabrication des machines à écrire et à calculer, avant de se lancer dans l'informatique.
Cette société s’impose aussi par le modèle social qu’elle met en place et les liens qu’elle entretient avec le monde de l’art.
JM Folon travaillera à de nombreuses reprises pour la firme, en lui livrant des affiches et des produits publicitaires, mais aussi des livres et des dessins animés.
Entre 1932 et 1960, Adriano Olivetti, le fils du fondateur a conduit l'entreprise vers le succès international en menant en parallèle pour son entreprise une réflexion sur le progrès matériel, l'efficacité technique et l'éthique de la responsabilité.
Dans les années 1960, Olivetti sous l'impulsion du chef de bureau des projets spéciaux d'Olivetti, Giorgio Soavi s'adresse à de jeunes artistes pour le lancement de ses produits.
Georgio Soavi va commander à Jean-Michel Folon en 1965, une affiche pour "la lettera 32", le nouveau modèle de machine à écrire portable d'Olivetti, qui va remplacer la Lettera 22.
Les modèles Lettera 32
Lettera 32_Olivetti per tutti_1968_Offset d'après une sérigraphie
Lettera 32_Olivetti per tutti_réalisé en deux versions_Offset d'après une sérigraphie
Cette première commande marque le coup d'envoi d'une longue collaboration avec l'entreprise qui va faire appel aussi à d'autres artistes comme Roland Topor, Bob Blechman, Milton Glaser et Pierre Alechinsky.
En 1967, à l'occasion de la rénovation de la boutique Olivetti à Paris, Folon conçoit une histoire sans paroles.
L'histoire raconte la rencontre d'un petit homme avec une machine à écrire géante dans un univers urbain oppressant.
Folon écrit : " L'humour, c'est le refus de parler de choses tragiques de manière tragique".
A partir de 1957, Folon s'initie à la sérigraphie, une technique qui reprend celle du pochoir.
On applique un dessin sur un écran de toile, ensuite chaque zone à colorier fait l'objet d'un travail sur un nouvel écran.
Les zones destinées à rester blanches ou à recevoir des couleurs sont isolées de l'écran à l'aide d'un système de bouchage de mailles.
L'encre est appliquée sur la surface à l'aide d'un racloir qui permet le passage de l'encre à travers les interstices laissés libres.
Les écrans sont passés successivement sur la feuille de papier de manière à superposer ou à combiner les couches de couleur.
Cette technique a la particularité d'utiliser des couleurs non mélangées sur le support, d'où l'aspect très contrasté des différentes zones.
Le rêve de pierre_1970_Reproduction d'après une sérigraphie couleur sur papier en 120 exemplaires_imprimé par Jacques Marquet, Paris
Je vous écris d'un pays lointain_1972_Sérigraphie couleur originale en 100 exemplaires numérotés et signés
Je vous écris d'un pays lointain_sérigraphie
Folon pour Olivetti_1990_Affiche
Au début des années 1950, Olivetti débute la production d'objets-cadeaux de Noël pour promouvoir son image.
C'est ainsi que des calendriers illustrés d'oeuvres d'artistes, des créations de designers, des agendas et des livres-cadeaux sont envoyés à leurs clients et à leurs fournisseurs.
Dans les années 1960, Georgio Soavi, directeur artistique suggère de publier des oeuvres littéraires en y intégrant des oeuvres d'artistes contemporains.
Livre relié imprimé_Lettre dactylographié de G Soavi_1967
JM Folon reçoit une commande de Soavi pour illustrer les "La métamorphose" de Kafka publié en 1973.
Les images représentent le sentiment d'aliénation et presque d'aversion du corps qui est un obstacle à la croissance intellectuelle et spirituelle.
photo empruntée à internet de l'illustration de "La Métamorphose"
En janvier 1978 Soavi commande à Folon des illustrations pour "Les Chroniques martiennes de Ray Bradbury".
L'artiste produit douze aquarelles pour ce Recueil qui se compose se de 28 Nouvelles de science-fiction relatant l'exploration de Mars
L'artiste produit douze aquarelles mais l'entreprise décide d'en acheter que trois.
Cronache marziane_aquarelles sur papier_1978
paysage
martiens dans un paysage
figure avec faucille
Cronache marziane_aquarelles sur papier_1978
paysage entouré de têtes
Ce sont des éditions spéciales offertes comme cadeau de Noël.
Livre d'étrennes_1973
En 1979, un tirage supplémentaire d'environ 700 exemplaires en anglais ont été imprimé à la demande de la filiale New-Yorkaise d'Olivetti.
Livre d'étrennes_1979
Sous l'influence de son épouse, Colette Portal il apprivoise la couleur vers 1965 avec des encres de couleur.
Il va adopter cette technique dès 1971.
Très pigmentées, ces encres confèrent aux tons un éclat intense et un aspect lisse et brillant.
Depuis longtemps Soavi réfléchissait à produire des agendas de bureau pour Olivetti.
Les flèches de Folon aux encres de couleurs offrent la solution à Soavi : une oeuvre illustre chaque mois dans un agenda élégant.
Le premier sort en 1969, il sera suivi d'une trentaine d'agenda Olivetti.
Chaque année il y aura des illustrations nouvelles réalisées par de jeunes artistes.
Après la commande pour l'agenda, Folon réalise un dessin pour le calendrier 1971 d'Olivetti.
Dans un paysage de collines un homme solitaire qui ressemble presque à un monolithe, présente une tête qui consiste en un meuble muni de douze petits tiroirs, soit un pour chaque mois.
Sur le calendrier original, produit par Olivetti sur la base du dessin de Folon, le tiroir avant doté d'un bouton pouvait être retiré afin de révéler le véritable calendrier.
Sérigraphie_Fondation Folon_dessin pour le calendrier 1971
Au printemps 1970, la société Olivetti, à travers sa filiale japonaise et le journal Mainichi Shinbun organise à Tokyo une exposition consacrée aux travaux de Folon.
Elle présentait 45 oeuvres originales, 11 affiches et toute une série de supports imprimés.
Le ministre japonais de la culture assiste à la cérémonie d'ouverture et l'exposition attire plus de 10 000 personnes.
Vingt ans plus tard, Olivetti a organisé une exposition au Metropolitan Museum of Art de New York, intitulée Folon's Folon.
Elle se compose de 50 aquarelles, 15 travaux à l'encre et un ensemble d'objets trouvés et transformés, le tout réalisé entre 1968 et 1988 provenant de la collection privée de l'artiste.
Il réalise un grand panneau mural (aujourd'hui disparu) destiné à la Waterloo Station de Londres au printemps 1975 suite à un partenariat entre Olivetti et l'entreprise ferroviaire British Rail.
Jean-Michel Folon a proposé une série de croquis à partir de 1974 et a reçu 40 000 dollars pour ce travail.
Waterloo Station_1975_Encres et couleurs sur papier.
L'exposition du Belgisch Design Belge montre la grande liberté artistique dont disposait Folon chez Olivetti.
Il en a profité pour mettre en images ses inquiétudes et ses questionnements sur les rapports entre l’homme et la machine, ou entre l’homme et la ville comme on peut le voir dans les dessins réalisés pour l’agenda annuel offert au personnel et aux clients dès 1969.
Grâce à la puissance du réseau d’Olivetti dans le monde, l’artiste a pu présenter ses oeuvres dans de grandes expositions à Tokyo ou à New York et réaliser une fresque murale à la gare Waterloo de Londres.
En 2000, il a inauguré à La Hulpe (Belgique), la Fondation Folon, qui présente l’essentiel de son œuvre dans un lieu et un paysage symboliques de son enfance.
Cette exposition a été une belle découverte de l'artiste et de l'oeuvre.
Texte de Paulette Gleyze
Photos de Paulette, Anne et Gérard Gleyze
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