dimanche 13 octobre 2024

La grotte Chauvet_27-09-2024


Le 27 septembre 2024, avec Marie Christine et Michel, par une belle journée automnale nous avons visité la grotte Chauvet 2.

En Ardèche, à Vallon Pont d’Arc, le 18 décembre 1994 , trois spéléologues, Jean-Marie Chauvet, Éliette Brunel et Christian Hillaire ont fait l'extraordinaire découverte d'une grotte qui va révéler un ensemble d’œuvres d’art exceptionnel et unique par son ancienneté, son envergure et ses multiples qualités picturales.

Jean-Marie Chauvet avait identifié un « trou souffleur » dans le cirque d’Estre, ce qui signifiait qu’une cavité se trouvait de l’autre côté.

Après avoir dégagé l’ouverture, ils sont entrés dans une cheminée étroite de 10 m de long qui a débouché dans une cavité.

Il y a 21.500 ans, le porche d’entrée préhistorique de la grotte s’est effondré empêchant depuis aux animaux et aux humains de pénétrer à l’intérieur jusqu’à la découverte providentielle des trois spéléologues.

Grâce à cet éboulement, cette cavité qui renferme des peintures pariétales dans un état exceptionnel a été protégé.
Elle conserve les plus anciens chefs-d'oeuvres de l’humanité connus à ce jour.

Les peintures sont datées de 36.000 ans BP (before present), soit 18.000 ans plus anciennes que celles de la grotte de Lascaux en Dordogne.

A ce jour, il n’y a pas d’équivalent connu dans le monde.

Elles sont l’œuvre de sociétés de chasseurs-cueilleurs du Paléolithique.

Le Paléolithique est la première et la plus longue période de la Préhistoire pendant laquelle les humains sont des chasseurs-cueilleurs qui se déplaçaient au fil des saisons en fonction des végétaux et animaux qu’ils trouvaient.

Le Paléolithique commence avec l’apparition des premiers outils en pierre il y a 3,3 millions d'années en Afrique, et s'achève il y a 11.700 ans avec la fin de la dernière période glaciaire.

La grotte que nous visitons, Chauvet 2 est une reproduction fidèle de la grotte originelle fermée au public, qui est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2014.

Chauvet 2 est construit non loin de la grotte originelle située à Vallon Pont d'Arc dans l'Ardèche.

La reconstitution a été un défi technologique, artistique et scientifique.

Deux projets de restitution de la grotte échouent à la fin des années 1990 et au début des années 2000, en raison des obstacles administratifs et financiers.

En 2006, le Président du Conseil Général de l'Ardèche et spéléologue passionné, Pascal Terrasse, relance le projet et met en place en 2007 un syndicat mixte, le SMERGC (Syndicat mixte Espace de restitution de la Grotte Chauvet).

En 2010, la région Rhône-Alpes, le Conseil Général de l'Ardèche, l'État et l'Europe décident de la création d'un espace de restitution de la grotte.

Le SMERGC est chargé de sa mise en œuvre sur sur le site du Razal à Vallon-Pont-d'Arc.


Le projet architectural est conçu par le cabinet Fabre/Speller et la maîtrise d'œuvre de la réplique est confiée à la société parisienne Scène.

La construction de l'espace débute à partir d'octobre 2012.

Le 8 juin 1998 les trois découvreurs de la grotte déposent deux marques (« grotte Chauvet » et « grotte Chauvet-Pont d’Arc ») mais oublient de les renouveler ce qui entraîne une bataille judiciaire lorsque le syndicat mixte dépose ces deux noms le 
9 février 2009 et le 22 juillet 2012.

Ce même syndicat, en juillet 2013, dépose le nom « espace de restitution de la grotte Chauvet » pour la réplique, mais le Tribunal de Grande Instance de Paris juge le 5 juillet 2013 que le syndicat a déposé frauduleusement les marques, lui reprochant notamment de n’avoir pas averti les découvreurs de leur oubli par rapport au renouvellement du dépôt des marques.

Selon un protocole d’accord, signé le 15 février 2000, l’État s’engage à veiller « à ce que les inventeurs soient convenablement associés à la valorisation du site et en particulier au futur espace de restitution ».

Une somme forfaitaire d'1 M€ leur est proposée, mais ils négocient 3 % sur chaque ticket d'entrée, et ce pendant vingt-cinq ans, ce qui équivaut environ à une somme de 22 M€.

Baptisé « Caverne du Pont-d'Arc » en janvier 2014, le site est inauguré le 10 avril 2015 en présence du Président de la République François Hollande.
Il est accessible au public à partir du 25 avril 2015.

En février 2019, la Caverne du Pont-d'Arc change de nom pour devenir la Grotte Chauvet 2-Ardèche, à la suite de la résolution du litige entre les découvreurs de la grotte et le SMERGC.

Notre journée de visite se décompose en trois temps, d'abord nous visualisons l'animation Son et Lumière "Animal", puis nous visiterons la grotte et enfin nous terminerons par la visite de la galerie de l'Aurignacien.


Nous assistons donc à une animation Son et Lumière à 360° qui s'intitule "ANIMAL".

A l’entrée du site se trouve une salle de 500m2 entièrement modulable.

Elle a été conçue pour accueillir des expositions ou des spectacles d’envergure internationale.

C'est un spectacle féerique qui nous fait voyager à travers 36.000 ans au milieu d’un bestiaire extraordinaire, dans les grottes avec l'art pariétal et dans les villes avec le street art contemporain.
Hélas, les photos sont statiques et ne rendent ni la beauté ni la magie du spectacle.



































Après ce beau moment, nous nous rendons dans le monument circulaire où se situe la réplique de la grotte.

La façade évoque les escarpements calcaires des gorges de l'Ardèche.

Nous accédons à l'entrée de la grotte par une rampe en déclive et sommes immergés dans la réplique de la grotte Chauvet.
Chemin d'accès à la grotte

La grotte Chauvet-2


L'entrée

Six mille photos numériques ont servi à réaliser la reproduction de la grotte Chauvet.

Les fresques, les gravures, les éléments géologiques (sols, concrétions, voûtes, stalactites, stalagmites...), les vestiges archéologiques (ossements, foyers, empreintes...) sont tous restitués à l'identique par des artistes et des sculpteurs.

La grotte originelle s'étend sur 8.500 m2 mais seulement 3.000m2 ont été répliqués car il y avait peu à voir sur le reste.

Nous visitons la grotte avec un guide qui va détailler pendant 50 minutes les oeuvres, sur un parcours d'une dizaine de stations.

 Pour ne pas détériorer, nous cheminons, comme dans la grotte originelle, sur une passerelle. Les photos sont interdites.

Nous pourrons restituer dans notre dernier chapitre quelques images grâce à la visite de la galerie de l'Aurignacien.

Au milieu des stalactites, des stalagmites nous voyons au fil du parcours des crânes d’ours, un os planté verticalement dans le sol, l'empreinte d'un pied d'enfant ou d'une femme, des traces de griffes d'ours...et les superbes fresques.

Il y a de nombreux signes abstraits, points, traits, carrés, des symboles en forme d'oiseaux dont les spécialistes ne connaissent pas encore le sens.

Nous voyons des mains négatives et positives. 
Une main négative fine et petite, (probablement celle d'une femme), des mains positives (un petit doigt tordu), des signes énigmatiques.

Tout le long du parcours l'ornementation se compose de chevaux, rhinocéros, des lions...saisis sur le vif qui courent ou s'affrontent.

La salle du fond avec ses fresques majestueuses est l'espace le plus emblématique de la grotte.

Elle renferme la plus grande concentration au monde d'animaux, 80 félins et 72 rhinocéros, panthères, hiboux, bœufs musqués.

Les artistes ont surtout représenté des animaux et ce à des fins mystiques et symboliques.

Pour les Aurignaciens la grotte était un endroit sacré où ils rentraient en contact avec le monde des esprits.

Ils ont exprimé leurs croyances en dessinant des animaux et des signes.

Le choix de l'emplacement des oeuvres n'est pas aléatoire mais répond à une logique imposée par la grotte elle-même.


Nous déjeunons au restaurant "La terrasse" situé sur le site.
Les murs de ce restaurant sont joliment peints d'animaux qui rappellent ceux de la grotte.





Après le déjeuner nous visitons la galerie de l’Aurignacien qui nous permet une immersion dans la vie de nos ancêtres.
Elle est aussi un centre d’interprétation de la Grotte.

Cette exposition permet de mieux comprendre qui étaient ces chasseurs-cueilleurs artistes et de mieux appréhender cette période du Paléolithique.


Elle s’articule autour de trois thèmes majeurs :

- L'Ardèche il y a 36.000 ans et les animaux de l'ère glaciaire
- Nos ancêtres préhistoriques
- L'art pariétal et ses origines

Les archéologues font partir la période Paléolithique des premiers témoins de l’activité humaine, il y a plus de trois millions d’années, jusqu’au grand changement des sociétés humaines qu’est l’invention de l’agriculture et de l’élevage.

Le Paléolithique a été divisé en plusieurs périodes qui correspondent aux changements techniques visibles sur les vestiges découverts (outils en pierre ou en os, peintures, sculptures...).

Ces grandes subdivisions sont pour l’Europe :
- Le paléolithique inférieur qui s'étend de -800.000 à -300.000 BP environ.
Cette période voit l'apparition et la diffusion de l'homme de Néandertal depuis son berceau africain.

- Le Paléolithique moyen (environ de – 300.000 à – 40.000), qui voit le développement, l'apogée et l'extinction du Néandertalien en Europe. Il est progressivement remplacé par l'homo sapiens venu du Proche-Orient.
Ces deux humanités se sont rencontrées et ont eu des échanges culturels mais aussi biologiques.

- Le Paléolithique supérieur (environ -40.000 à -9.500) qui voit l'expansion de l'homo-sapiens à travers le monde.

Le Paléolithique supérieur se subdivise en plusieurs cultures marquées par des changements techniques et des innovations.

Ces différentes cultures sont nommées à partir du nom des lieux où ont été trouvées les pièces archéologiques.

En Europe, on trouve successivement, du plus ancien au plus récent :
le Châtelperronien, (doit son nom au site de la grotte des Fées, à Châtelperron, dans l'Allier, en Auvergne.).
l'Aurignacien, (Le nom provient du site éponyme de l'abri d'Aurignac en Haute-Garonne).
le Gravettien, (doit son nom au site de La Gravette, situé sur la commune de Bayac, en Dordogne)
le Solutréen, (doit son nom à la Roche de Solutré, près de Mâcon (Saône-et-Loire).
le Badegoulien (doit son nom au site de Badegoule sur la commune du Lardin-Saint-Lazare en Dordogne.)
et le Magdalénien (d'après le nom du site préhistorique de la Madeleine, à Tursac, en Dordogne)

Les êtres humains étaient peu nombreux, par contre les animaux de la mégafaune (ensemble des grands animaux qui vivaient sur la Planète jusqu'au quaternaire) étaient plus prolifiques.

Il y a 36.000 ans, le nord de l'Europe était recouvert par une calotte glaciaire.

Le sud avait un climat subarctique avec des étés doux voire frais (15°) et des hivers très froid (environ -20° à -30°).

Il était occupé par des animaux et des hommes nomades vivant de chasse et de cueillette.

La première partie de l'exposition, "l'Ardèche il y a 36.000 ans" explore les transformations géologiques de l’Ardèche, alors que la Terre vit une période glaciaire, et présente les paysages fréquentés par nos ancêtres ainsi que la riche et extraordinaire faune préhistorique qu’ils côtoyaient.

Lion et ours des cavernes, mammouth et rhinocéros laineux, mégacéros et bisons sont mis en scène dans des dioramas et présentés en taille réelle.

Il y a 36.000 ans, la Combe d'Arc et la Grotte Chauvet présentaient des paysages autres que ceux que nous voyons actuellement.

Le climat a fortement contribué à l'évolution du paysage de la Combe d'Arc en raison principalement du gel qui a érodé les versants des vallées.

Certaines traces subies il y a 36.000 ans subsistent encore aujourd'hui.

Le climat a aussi influencé la composition de la faune et de la flore, ainsi que le mode de vie des hommes qui évoluaient dans ces lieux pendant la période froide.

L'arche naturelle de Vallon Pont d'Arc existait déjà du temps de la période paléolithique, cependant le niveau de la rivière Ardèche était plus haut de 5 mètres.


La grotte Chauvet a été fréquentée par des aurignaciens.

L'entrée, était large d'environ 15m et haute de 8m.

Il y a 29.500 ans l'entrée de la grotte commence à être obstruée pour être complètement comblée 8.000 ans plus tard.
Cette fermeture a permis sa conservation.

Le paysage de nos ancêtres aurignaciens était recouvert de steppe.

Les analyses polliniques ont mis en évidence la présence de graminées et d'armoise correspondant à des paysages à plantes sèches et froides.

Les alentours de la grotte étaient fréquentés par les animaux de la mégafaune qui procuraient aux nomades, viande pour l’alimentation, ossements pour les armes, outils et ornements, peaux pour les vêtements et habitats.

Les animaux, lions des cavernes, ours des cavernes, mammouths laineux, rhinocéros laineux, mégacéros et bisons tiennent une grande place dans les croyances figurées sur les parois de la grotte Chauvet.


Plus grand que le lion d'Afrique, le lion des cavernes mesurait 2,50 m de long (sans la queue). Il ne possédait pas de crinière. Il disparaît il y a 10.000 ans avec la fin de la période glaciaire.

L'aurignacien ne chassait pas le lion des cavernes.

Dans la grotte, il est un des animaux les plus représentés. Les chasseurs-cueilleurs l'ont observé de très près jusqu'à s’identifier à lui comme nous pouvons voir des peintures d'êtres mi-homme mi-félin.


L'ours des cavernes est très peu représenté dans le bestiaire des grottes ornées mais les aurignaciens l'ont tout de même côtoyé en partageant les mêmes lieux.

Il mesurait environ 2,5 à 3m de haut. Il pouvait atteindre 500 kg pour les mâles, 250 à 300 kg pour les femelles.

L'homme ne chassait pas l'ours des cavernes mais ils se nourrissait de l'animal mort. Il utilisait aussi sa peau et ses dents pour les parures.

Dans la grotte la présence de l'ours reste visible grâce aux empreintes, bauges, traces de griffes sur les parois, ossements, dessins.

Le culte de l'ours tel qu'il a été évoqué et entretenu depuis le début du XXe siècle n'est pas encore confirmé par les archéologues.


Le mammouth laineux est le plus grand animal terrestre de la dernière glaciation (-100.000 à - 10.000 ans).

Il était plus petit que l'éléphant d'Afrique. Les mâles atteignaient une hauteur de 2,60m pour une masse de 4 tonnes.

 L'aurignacien ne chassait pas le mammouth mais consommait sa viande prélevée sur l'animal mort. 

Il utilisait aussi les ossements pour fabriquer des outils, des armes et des parures.

C'est l'animal le plus emblématique de cette période.


Le rhinocéros laineux était peu chassé mais tient dans la grotte Chauvet une bonne place avec 65 représentations.

Cet animal mesurait 2m de haut et jusqu'à 3,60m de long pour une masse de 1,5 à 2 tonnes.


Le mégaceros, cerf géant du paléolithique se caractérise par ses ramures gigantesques qui atteignent jusqu'à 3m d'envergure.

Disparu il y a 8.000 ans, il est très peu représenté dans la grotte. 

Il semble ne pas avoir tenu une grande place dans la spiritualité chez les chasseurs cueilleurs aurignaciens.



Le bison des steppes est une proie pour l'homme de la préhistoire. 

Il est aussi, avec le cheval, l'animal le plus représenté dans la grotte.

Il était un animal emblématique dans la spiritualité des aurignaciens.

Le bison des steppes était plus grand que le bison actuel. 

D'une hauteur de 2,10 m il pouvait peser une tonne.



La deuxième partie de l'exposition fait un état des lieux des connaissances sur les Aurignaciens qui ont peint les parois de cette grotte.
Qui étaient-ils ?
D’où venaient ils ?
Comment vivaient-ils ?
Quelle était leur structure sociale ?

Les aurignaciens étaient des homo-sapiens avec les mêmes capacités physiques et cognitives que nous. 

Ils sont arrivés en Europe il y a 48.000 ans. 
C'était des chasseurs-cueilleurs. Il vivaient dans des campement en plein air ou à l'entrée des grottes aux périodes froides. 
Ils n'habitaient pas à l'intérieur de la grotte.

Leurs outils sont des sagaies et des silex taillés.

Ils sont à l'origine de l'art de la parure, de la peinture, de la sculpture, de la musique et du dessin.

Par rapport aux découvertes et en l'état des connaissances actuelles ce sont eux qui sont à l'origine des premiers motifs décoratifs figuratifs.

Il y a 37.000 ans, ils maitrisaient complètement leur art.

Arrivés du Moyen-Orient il y a 48.000 ans ils choisissent des territoires où ils vont pouvoir exploiter les ressources naturelles.

Dans la communauté des chasseurs-cueilleurs, les femmes participent activement à la survie du groupe notamment par la cueillette des plantes alimentaires.

L'enfant est au centre des préoccupations de l'homme aurignacien.

 Il bénéficie de l'attention de tout le groupe qu'il accompagne.

Il observe leur activité de chasse, de collecte, leurs gestes de la
vie quotidienne.

La chasse est une pratique primordiale, elle sert à nourrir la communauté.



La peinture est un acte culturel essentiel au sein de cette communauté.

Elle matérialise leurs croyances par le dessin de symboles, d'animaux ou de motifs abstraits, mais très rarement par des représentations humaines.

Elle est aussi le résultat d'un acte spirituel entre l'homme et la matière.

La collecte et la préparation des matériaux fait partie de la chaîne de la création dans l'art préhistorique. Ce travail demande une bonne connaissance des matériaux.




La troisième partie de l'exposition traite de l'art pariétal, art des origines et de la description de la grotte.

La Grotte Chauvet 2 est un des rares lieux au monde qui traite de l’art pratiqué par nos ancêtres aurignaciens.

Des fresques sont disséminées tout le long du parcours, elles ne couvrent pas la totalité des parois.

On trouve des motifs décoratifs dont certains rappellent des formes animales (oiseau, papillon, insectes), d'autres des formes géométriques comme des points, des croix des triangles ou des W.
Il y a des mains positives et des mains négatives et des points-paumes que l'on trouve essentiellement dans la salle Brunel.

La datation effectuée au carbone 14 sur les sols, à partir des vestiges de foyers et des parois et par rapport au mouchage des torches (c'est à dire les traces laissées par une torche) et des dessins au fusain, a mis en évidence deux grandes phases d'occupation et d'ornementation.

- Une attribuée à l'Aurignacien pour la période de –37.000 à 
–35.000 ans,

- L'autre à la période -31.000 à -29.500 ans attribuée aux Gravettiens. Cette datation a pu être faite par les mouchages de torches dans la Salle Hillaire.

Sinon, l'essentiel des peintures a été réalisé par les Aurignaciens.

Les méthodes sont diverses :
Ils utilisent le fusain réalisé avec du charbon de bois pour Les dessins noirs. 

Ils maîtrisaient parfaitement la combustion du bois.



Le tamponnage à main nue consiste à appliquer sur la paroi une paume de main enduite d'ocre.




Le soufflage ou la projection permet des figures comme les points rouges ou les mains négatives.
 Ils préparaient le colorant et le soufflaient directement autour de leur main ou ils utilisaient un tube d'os évidé.


Mains négatives et technique du soufflage

Pour les gravures sur les parois dures en calcaire, ils utilisaient des silex ou des fragments d'os aigus pour inciser les parois et y graver des figures.


Pour les gravures sur les parois tendres ils utilisaient leurs doigts, des bâtons ou des os pour racler l'argile et graver leurs dessins.



Ils pratiquaient l'estompe qui consiste dans un premier temps en l'application d'une marque charbonneuse sur la paroi et dans un deuxième temps à repousser et étaler avec le doigt le charbon.

Cette technique a pour but de donner du volume et du relief mais aussi d'obtenir des nuances chromatiques variées selon la nature et la texture de la paroi.




La grotte s'étend sur 500m. 
 C'est une suite de galerie compartimentée en salles.

Elle est très belle dans son aspect géologique.
( A noter que les salles Hillaire et Brunel portent les noms de deux des 3 découvreurs).

Dans la première salle des Bauges nous sommes saisis par les volumes. Elle est quasi aussi longue que large, 70 mètres de longueur pour une largeur pouvant atteindre 50 mètres. 

Les voûtes peuvent atteindre jusqu'à 10 mètres.

La salle d’Entrée par laquelle on accède actuellement à la grotte présente deux dessins pariétaux dont un profil de mammouth laineux dessiné à l’ocre. Il épouse la forme de la roche.

Aujourd’hui l’accès se fait par la voûte de la salle Brunel.

La géologie de cette salle est très chaotique. Des rochers énormes jonchent le sol.

Dans cette salle, les peintures sont essentiellement des points-paumes réalisés par l’application de paumes de main chargées d'ocre.

 Le bison ou le rhinocéros situé en hauteur est également réalisé avec la technique des points-paumes.
Pour peindre à cette hauteur l'aurignacien devait mesurer au moins 1.80m.

Des restes osseux sont dispersés dans la salle.



A la différence de la salle Brunel et de son chaos de calcaire la salle des Bauges a un sol argileux. 
C'était un accès privilégié pour les hommes et les animaux dont en témoignent les pistes d’ours et les foyers.

Depuis la salle des Bauges, nous descendons dans la galerie du cactus qui est un cul de sac d'une longueur de 20m environ.

Cette salle est riche en stalactites et stalagmites et il s'y trouve le « cactus » qui est une magnifique stalagmite.

Les représentations animales relativement altérées se concentrent du côté gauche et les signes du côté droit.

Une trentaine de dessins sont recensées : 4 mammouths, 4 félins, 3 ours et 11 indéterminés. Les signes sont des tirets groupés par 2 ou 3.



La Galerie des Panneaux rouges se situe dans le prolongement nord de la salle des Bauges.

Sur la paroi droite se trouve une première grande fresque avec des animaux rouges, des mains positives et un symbole en W sur la bordure supérieure de la paroi.

L'animal le plus abondamment représenté est le rhinocéros laineux.
Il y a également de grands félins.

Au pied de la grande frise des rhinocéros, les hommes ont amassé des blocs qu’ils ont ordonnés en un amoncellement.

Le bloc le plus gros pèse environ 65 kg ce qui demande la participation d'au moins deux personnes pour le déplacer.

Est-ce que cette accumulation est symbolique ?

Des ossements d’ours des cavernes sont éparpillés.

Dans le prolongement, la galerie du Cierge est le seul passage pour rejoindre les dernières salles de la grotte.

Le sol argileux a gardé des empreintes d’ours.

Les parois très altérées portent l’empreinte de griffades d'ours, d’une silhouette de mammouth et de plusieurs traces charbonneuses qui ont été datée au carbone 14 de -30.000 ans.

Entre les galeries du Cierge, des Mégacéros et la salle du Crâne se trouve la Salle Hillaire dans laquelle se trouve une grande quantité d'ossements et de traces de l’ours des cavernes ainsi que de nombreuses marques du passage de l'homme comme du charbon, des empreintes de branches, des silex..

A droite sur une voûte est dessiné un ours noir.


Faisant suite à la salle Hillaire se trouve la salle du Crâne, pratiquement circulaire au centre de laquelle se trouve posé sur un bloc rocheux un crâne d’ours des cavernes.

53 autres crânes jonchent le sol à proximité du crâne central ce qui laisse supposer une disposition intentionnelle. A des fins cérémonielles ?


Tout au fond de la salle du crâne se trouve la galerie des Croisillons.

Une vingtaine de traces de pieds humains réparties sur environ 70 m de longueur ont été repérées.

Leur espacement régulier, leur taille (pointure 36) et leurs proportions ont conduit à suivre une piste laissée par un(e) adolescent(e) qui marchait pieds nus et venait du fond de la galerie.

Les mouchages de torche proches de ce cheminement ont été datés de l'époque gravettienne.

A droite de la salle du crâne se trouve la galerie des Mégacéros aux parois ornées.

Au débouché de la galerie des Mégacéros se situe la salle du Fond qui occupe un vaste espace parsemé de bauges à ours.

C'est dans cette dernière salle qu’est réalisée la grande fresque des Félins. Sur près de 15 mètres de long, cette fresque montre plus d'une centaine d'animaux représentés au sein de scènes de vie animale très naturalistes.

La plupart des animaux paraissent en mouvement.

Des rhinocéros laineux sont regroupés avec une démultiplication des cornes, l’un d’eux semble même en mouvement.

A l’extrémité droite de cette grande fresque, sont peints deux grands bisons d'une longueur d’environ 1 mètre chacun.

Sur une paroi se trouve la fresque des Félins. Face à elle se trouve isolée la seule représentation humaine de la grotte. Il s'agit d'une figure qui montre le bas d'un corps de femme reconnaissable au triangle pubien et aux jambes.

Les peintures sont groupées de part et d’autre d’une concavité.



Sur les 500 motifs répertoriés dans la grotte, ce sont essentiellement des mammifères, un oiseau et quelques motifs figuratifs comme une vulve et une moitié inférieure d'un corps humain.

Le dessin, la peinture et la gravure sont les techniques les plus employées. La paroi qui doit accueillir la représentation pariétale est préalablement préparée. Elle fait partie de l’œuvre.

Chez les aurignaciens, le dessin est un acte culturel qui matérialise les croyances par des symboles abstraits ou des animaux.

Les Aurignaciens avaient maîtrisés tous les procédés : préparation des supports, raclages, gravures au silex ou au doigt, peintures par soufflage de pigments, par apposition de la paume des mains ou au pinceau, dessins au charbon de bois ou à l’ocre rouge, estompes, recherche de la profondeur et de la perspective.

Ils ont su donner vie aux scènes comme le combat des rhinocéros ou superposer des images successives qui expriment le rythme ou le mouvement comme la course des chevaux.

Le geste retrouvé


La galerie aurignacienne montre aussi dans sa dernière partie de l'exposition, une mosaïque d’images qui permet d'avoir une vue générale de l’art pariétal en Europe, de -40.000 à -10.000 ans, à travers une quarantaine de représentations animales, humaines et symboliques retrouvées dans les autres grottes européennes.




Cinq vitrines présentent par thème (anatomie, outils du quotidien, art mobilier, musique) des fac-similés d’objets de cette période.

Des parures corporelles finement travaillées mettent en évidence le statut social.

Les outils du quotidiens en silex qui servent à traiter les matières animales et végétales

Avec la sculpture, les aurignaciens représentent le monde vivant à travers des animaux et des Vénus.

Nous pouvons voir des statuettes du Jura Souabe (Homme-lion de Hohlenstein-Stadel, Vénus de Willendorf et Hohle-Fels, félins, mammouths et chevaux de Vogelherd).

L'Homme-lion de Hohlenstein-Stadel est la plus grande sculpture en ivoire du paléolithique. Elle est contemporaine des oeuvres de la grotte Chauvet. L'original se trouve au Musée d'Ulm en Allemagne.

La Vénus de Willendorf (Autriche) en calcaire a été sculptée il y a 30.000 ans. Elle est une représentation symbolique de la femme du paléolithique supérieur. L'original se trouve au Muséum d'Histoire Naturelle de Vienne en Autriche.






Sur une table tactile, nous pouvons aussi explorer et découvrir les activités essentielles de la vie d’un groupe aurignacien.


Pratiqué pendant 30.000ans, l'art pariétal est présent dans toute l'Europe. Il est souvent localisé dans des grottes.
Pour transmettre leurs mythes et croyances, ils ont utilisés la peinture, la gravure et la sculpture.

Cette escapade nous a permis de découvrir la belle reconstitution de la grotte Chauvet et d'admirer les premiers grands chefs-d’œuvre de l’humanité vieux de 36.000 ans.

Les Aurignaciens ont réalisé d'innombrable peintures et gravures, dont 447 représentent des animaux.

La Galerie de l'Aurignacien nous propose une excellente exposition et nous donne des explications claires sur le mode de vie de nos ancêtres et sur l'art pariétal..

Le son et lumière "Animal" est un moment féérique

Des nocturnes avec un parcours lumineux et sonore sont proposées pendant les périodes de vacances scolaires.



Texte de Paulette Gleyze


Photos de Paulette et Gérard Gleyze


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire