lundi 20 janvier 2025

Exposition Philippe de Champaigne au musée de Grenoble_La Grâce et le silence


Du 19 octobre 2024 au 13 janvier 2021, au musée de Grenoble, se tient l'exposition "La grâce et le silence autour de Philippe de Champaigne"

Nous bénéficions grâce à Nicole et Solange de l'ARDDS d'une visite guidée de cette exposition avec notre guide attitré, Eric Chaloupy du musée de Grenoble.

À l'occasion du 350ᵉ anniversaire de sa mort, le musée invite à redécouvrir ses œuvres majeures qui font partie de sa collection permanente, l'une des plus importantes après celle du Louvre.

Le parcours de l'exposition est enrichi par un accrochage de dessins français du XVIIᵉ siècle, exécutés par Philippe de Champaigne, ses élèves, ainsi que par des contemporains tels que Charles Le Brun et Laurent de La Hyre. Certains de ces dessins sont présentés pour la première fois au public.

Philippe de Champaigne,  né le 26 mai 1602 à Bruxelles et mort le 12 août 1674 à Paris, est l'un des peintres les plus célèbres de la France du XVIIᵉ siècle, connu pour ses portraits, ses compositions religieuses et son style marqué par une grande maîtrise.
Philippe de Champaigne

Dès l'âge de douze ans, il est formé au portrait miniature auprès de Jean de Bouillon, il continue son apprentissage chez Michel de Bourdeaux avant d'apprendre le paysage avec le grand maître Jacques Fouquières.

Jacques Fouquières est né dans les années 1580 à Anvers en Belgique. Il a été formé par Jan Brueghel l'Ancien et Joos de Momper. Il devient membre de la guilde de Saint-Luc d'Anvers en 1614.
Vers 1616, il s'installe à Paris, où il devient peintre à la cour de Louis XIII.
Il est connu pour ses paysages décoratifs qui ornaient des résidences prestigieuses, notamment des hôtels particuliers et des palais.

Philippe de Champaigne souhaite se rendre à Rome, mais il s'arrête d'abord à Paris (qu'il ne quittera plus), en 1621, et s'installe au collège de Laon, dans le Quartier latin.
Il se lie d'amitié avec Nicolas Poussin et travaille chez le maniériste Georges Lallemant, où il pratique la peinture d'histoire.

Il quitte l'atelier de Lallemant vers 1625 et commence à travailler pour son compte.

Philippe de Champaigne sera au service de Marie de Médicis (femme d'Henri IV et mère de Louis XIII), de Louis XIII, de la régente Anne d'Autriche (mère de Louis XIV) et Louis XIV.

Peu d'années après son arrivée en France il obtient des commandes d'importance grâce au soutien de Marie de Médicis.

Ses Œuvres majeures sont des Portraits, des Peintures religieuses et des oeuvres décoratives.

Parmi les portraits, il y a les Trois Portraits de Richelieu (1642). Ses portraits sont célèbres pour leur capacité à saisir la personnalité et le statut des sujets.
Richelieu_Photo de photo

Il s'impose également comme l'un des principaux peintres religieux de son temps, en concurrence avec Simon Vouet.
Parmi les peintures religieuses nous pouvons citer, l'Ex-Voto de 1662 qui est une œuvre emblématique représentant Catherine de Sainte-Suzanne (sa nièce) et Agnès Arnauld, deux figures du couvent de Port-Royal. Ses peintures religieuses, souvent commandées par des institutions religieuses, témoignent de son adhésion à la pensée janséniste.
Ex-Voto_ Catherine de Sainte-Suzanne et Agnès Arnauld_photo de photo

Il a peint de nombreux tableaux dans des résidences royales et notamment une copie de "Notre Dame" du Caravage dans les chambres de la reine mère, Marie de Médicis au palais du Luxembourg.

Eric nous présente les tableaux de l'exposition propriété du musée de Grenoble.

Le tableau représentant Louis XIII est un dépôt de la Banque de France depuis 1850.
A l'origine, il avait pour pendant un portrait du Cardinal de Richelieu.

Cette oeuvre est commandé à Champaigne pour affirmer l'autorité et le statut de Louis XIII comme monarque absolu dans une France en plein renforcement du pouvoir royal.

Il est représenté en costume d'apparat, porté lors de son sacre.
Le manteau est orné de fleurs de lys, symbole de la monarchie française, et bordé d'hermine, indiquant la dignité royale.
Il adopte une posture majestueuse, debout, avec une main posée sur un sceptre ou une épée, et l'autre peut-être sur un globe ou un autre symbole de souveraineté, arborant la croix de l'ordre du Saint Esprit.

Son expression est solennelle, traduisant sa responsabilité et sa gravité en tant que roi.

Le drapé rouge souligne la grandeur royale.

Champaigne utilise des couleurs riches et contrastées, comme le bleu, l’or et le blanc pour accentuer le prestige et la lumière qui émane de la figure royale

Sa formation flamande transparaît dans le soin apporté aux détails et dans la maîtrise des jeux de lumière.
Philippe de Champaigne (1602-1674)_Portrait de Louis XIII_Vers 1639_Huile sur toile_Banque de France, déposé au musée de Grenoble en 2019


Le lendemain du sacre de Louis XIV, le 8 juin 1654, a lieu à Reims un événement de grande importance, symbolique et politique.

Il s'agit du serment de fidélité de son frère cadet, Philippe de France, alors connu sous le titre de Duc d'Anjou, qui deviendra plus tard Monsieur, un titre réservé au frère cadet du roi.

 Le sacre du roi, alors âgé de 15 ans, s'était déroulé le 7 juin 1654 dans la cathédrale de Reims, selon la tradition monarchique française. 

Ce rituel symbolisait son rôle de roi de droit divin, choisi par Dieu pour gouverner la France.

Le 8 juin, dans un geste solennel, Philippe prête serment à son frère aîné en tant que chevalier de l'ordre du Saint-Esprit

C'était un ordre prestigieux créé en 1578 par Henri III  au XVIe siècle, qui symbolisait la fidélité au roi et à la couronne. 

Par cette cérémonie, Philippe promet fidélité et obéissance à Louis XIV, affirmant son rôle de soutien auprès du roi et reçoit les insignes de l'ordre, la croix à huit pointes et le cordon bleu céleste.

Avec la fin de la Fronde encore récente, ce geste hautement symbolique montre la consolidation de l'autorité royale et l'unité de la dynastie des Bourbons, essentielle pour asseoir le pouvoir de Louis XIV face aux tensions politiques et aux rivalités aristocratiques.

Le tableau du musée de Grenoble est une réplique, de la main de Champaigne, d'une oeuvre destinée à la cathédrale d Reims.
 
Il montre la cérémonie par laquelle le jeune Louis XIV reçoit son frère dans l'ordre du saint esprit.

Autour du roi se trouve quatre officiers de l'ordre : le trésorier et secrétaire d'Etat à la guerre, Michel le Tellier; le chancelier et surintendant des finances, Abel Servien; le greffier, Noël de Bullion et le grand Maître des cérémonies, Hugues de Lionne.

Au moment de cet évènement le roi était âgé de 15 ans. Les personnages peints par Philippe de Champaigne sont beaucoup plus âgés. Par ce moyen, Champaigne cherche à projeter une image de maturité, de sagesse et de puissance anticipée, renforçant ainsi l'idée de légitimité et de stabilité.
Philippe de Champaigne (1602-1674)_Louis XIV au lendemain de son sacre, reçoit le serment de son frère Monsieur, Duc d'Anjou, comme chevalier de l'ordre du Saint Esprit, à Reims, le 8 juin 1654_1665_Huile sur toile_Peint pour la salle d'entrée de l'hôtel de Bullion, Paris

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L'Assomption de la Vierge illustre la dévotion religieuse de Philippe de Champaigne.

Il célèbre la montée de la Vierge Marie au ciel, corps et âme.

Il utilise un clair-obscur maîtrisé pour souligner la nature divine de la scène. La lumière céleste baigne la figure de la Vierge, la distinguant nettement des éléments terrestres.

Elle est vêtue de bleu, symbole de pureté et d’éternité et de blanc, symbole de virginité. Les anges et les nuages symbolisent le monde céleste, tandis que les témoins terrestres représentent l’humanité.

Ce tableau révèle l’interaction entre le sujet religieux, les choix esthétiques, et son adhésion au Jansénisme

Le Jansénisme, mouvement spirituel austère, est une théologie influencée par Cornelius Jansen et centrée sur des principes tels que la prédestination, la grâce divine, l'humilité spirituelle et qui prônait le rejet du spectaculaire.

Son Assomption de la Vierge incarne une synthèse entre la grandeur du sujet religieux et la retenue imposée par ses principes jansénistes.

Philippe de Champaigne (1602-1674)_L'Assomption de la Vierge_Vers 1638_Huile sur toile_Peint pour la chapelle de la Vierge, dans l'église St Germain l'Auxerrois, Paris

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 La "Résurrection de Lazare" présente l’un des miracles du Christ selon les Evangiles.

Le miracle se déroule à Béthanie, où Jésus ressuscite Lazare enveloppé dans son linceul, quatre jours après sa mort. Ce récit illustre la puissance divine de Jésus sur la mort et préfigure sa propre résurrection.

Cette oeuvre montre le talent artistique de Champaigne, mais aussi ses valeurs spirituelles et théologiques jansénistes.

Philippe de Champaigne utilise un procédé théâtral efficace.

Il montre les sœurs de Lazare (Marie et Marthe) et les spectateurs qui expriment des émotions variées, stupeur, joie, émerveillement, dégoût (un personnage se pince le nez).

La résurrection de Lazare est une métaphore du salut, de la démonstration de foi et de la grâce divine. Champaigne, influencé par le Jansénisme, souligne la toute-puissance de Dieu et l’incapacité humaine à atteindre seul le salut.

Son style mêle austérité janséniste et réalisme émotionnel.

Philippe de Champaigne (1602-1674)_Résurrection de Lazare_1631-1632_Huile sur toile_Peint pour l'église du Carmel de l'Annonciation, rue st Jacques, Paris

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Philippe de Champaigne est le peintre de la religion fervente mais aussi aussi un portraitiste exceptionnel, héritier de la tradition flamande.

Il tisse un lien personnel avec les religieuses de Port-Royal-des_Champs à qui il confie l'éducation des ses deux filles.
L'aînée, Catherine y prend le voile en 1657.

A cette occasion, il lui offre deux tableaux, une Madeleine pénitente et le Saint jean Baptiste de Grenoble.

Ces pendants offrent deux pendants de renonciation au monde, l'un masculin et l'autre féminin.

Fils d’un prêtre juif, Zacharie, et d’Elisabeth, une sœur de Marie, Jean Baptiste choisi une vie d’ermite et prophétise la venue du christ.

Champaigne utilise les éléments symboliques traditionnels :

L’agneau : Symbole du Christ, l’Agneau de Dieu.

La croix ou le bâton croisé : Représente son rôle prophétique.

Le vêtement de poil de chameau : Montre sa vie d’ascète dans le désert.

Le doigt pointé vers le ciel : Un geste qui rappelle sa mission de désigner Jésus comme le Messie.

Dans ce tableau, le rôle de précurseur de Jean Baptiste est mis en scène avec théâtralité.

Philippe de Champaigne (1602-1674)_Saint Jean Baptiste_Huile sur toile_1667

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La dévotion de Champaigne trouve un écho dans la spiritualité des Chartreux. Il a travaillé à plusieurs reprises pour cet ordre religieux. 

L'oeuvre frappe par sa représentation frontale.

Il choisit le moment où le Christ expire et où le ciel s'obscurcit en plein jour.
Philippe de Champaigne (1602-1674)_Le Christ mort sur la croix_Huile sur toile_1655_Peint pour la Grande Chartreuse, St Pierre de Chartreuse

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Jean Duvergier de Hauranne (1581-1643) était une figure importante du mouvement janséniste en France. Il est le fondateur du monastère de Saint-Cyran, un lieu essentiel dans l'histoire de l'abbaye de Port-Royal, qui deviendra un centre majeur du Jansénisme.

 Il prônait une spiritualité stricte et s'opposait fermement aux idées plus laxistes de l'époque, notamment celles portées par les jésuites (la casuistique).

L'opposition de Richelieu au Jansénisme vaut à Jean Duvergier de Hauranne d'être emprisonné 10 ans. Il meurt quelques mois après sa libération en 1643.

Champaigne a peint ce tableau plusieurs années après la mort de l'abbé, d'après son masque funéraire.

Le dépouillement de l'oeuvre souligne la profondeur psychologique de celui qui pouvait être considéré par certains comme un martyr.
Philippe de Champaigne (1602-1674)_Portrait de Jean Duvergier de Hauranne, abbé de Saint Cyran_Vers 1647-1648_Huile sur toile_Peint pour l'église du Carmel de l'Annonciation, rue st Jacques, Paris

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Champaigne était entouré de nombreux assistants capables de reproduire précisément son style.

Nicolas de Plattemontagne était l'un de ses plus proches collaborateurs.

Née à Alexandrie, sainte Catherine subie le martyr sous le règne de l'empereur Maximien.
L'instrument de son supplice a été une roue munie de crochets qui devient son attribut tel que le représente Plattemontagne.

La représentation de Sainte Catherine dans l'art baroque et classique est souvent associée à la jeunesse, à la beauté et à la vertu et souvent représentée avec la roue brisée, la palme du martyr et le livre, qui rappellent sa sagesse.
Attribué à Nicolas de Plattemontagne (1631-1706)_Sainte Catherine_Vers 1650-1670_Huile sur toile

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L'autoportrait de Philippe de Champaigne est l'une des œuvres les plus célèbres de cet artiste.

Dans cette œuvre, il se représente avec une expression sérieuse dans une position pleine de dignité et dans un style sobre.

L'accent est mis sur les détails du visage et la lumière.
Il porte un costume de l'époque et regarde directement le spectateur, avec un regard à la fois introspectif et résolu.

Cet autoportrait est un exemple de l'art classique du XVIIe siècle, et il incarne l'idée d'un artiste maîtrisant son art et conscient de son rôle dans la société.

Ce genre de portrait était courant à l'époque pour affirmer l'identité de l'artiste en tant que professionnel respecté.

Philippe de Champaigne (1602-1674)_autoportrait _2e moitié du XVIIe siècle_Huile sur toile

La suite de l'exposition est consacrée aux dessins de Philippe de Champaigne et de ses élèves, et d'artistes du XVIIe siècle.

Toutes les oeuvres proviennent du fond du musée de Grenoble, qui est le musée de France qui détient le plus de dessins.

Sa collection comprend des œuvres allant de la Renaissance à l'époque contemporaine, mettant en avant des artistes célèbres tels que Jean-Auguste-Dominique Ingres, Edgar Degas et Pablo Picasso. Le musée s'efforce de présenter ces œuvres dans le cadre d'expositions temporaires et permanentes, permettant ainsi aux visiteurs d'apprécier l'évolution du dessin à travers les siècles.

Le XVIIe siècle correspond à l'âge d'or du dessin.
De plus en plus d'artistes à l'exemple de Nicolas Poussin, Simon Vouet ou Charles Le Brun multiplient les esquisses.

En 1648, l'Académie de peinture et de sculptures est créée. Philippe de Champaigne en est un des membres fondateurs.
Cette institution a pour vocation d'encadrer la formation des futurs peintres, en donnant au dessin une place centrale, surtout pour les dessins d'après des modèles vivants.

Jusqu'à sa mort, Richelieu entretient une relation privilégiée avec Philippe de Champaigne qui l'immortalise dans onze portraits.
Il le dessine ici en train de présenter à la Vierge la maquette d'une abbaye dont il a la charge.
La présence de St Bernard, protecteur des cisterciens, pourrait indiquer qu'il s'agit de Sainte marie de Cîteaux.
Philippe de Champaigne (1602-1674)_Le cardinal de Richelieu présenté par St Bernard, dédicace une abbaye à la Vierge et à l'enfant Jésus_Entre 1633-1642_Sanguine sur papier belge

En 1633, Champaigne reçoit la commande d'un portrait de groupe montrant Louis XIII recevant dans l'ordre du Saint Esprit le duc de Longueville. 
Il reprendra plus tard la disposition de ces personnages dans le tableau "La Reception du duc d'Anjou par Louis XIV".
Philippe de Champaigne (1602-1674)_La réception du duc de Longueville dans l'ordre du Saint Esprit le 15 mai 1633_1633-1634_Pierre noire, trait d'encadrement au graphite sur papier vergé

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Nicolas de Plattemontagne de l'atelier de Philippe de Champaigne apprend probablement la gravure auprès de son oncle, Jean Morin.

Au début de sa carrière, il reproduit plusieurs oeuvres de son maître Philippe de Champaigne, dont le Christ mort.
Nicolas de Plattemontagne (1631-1706)_D'après Philippe de Champaigne, le Christ mort couché sur son linceul_1654_gravure à l'eau forte

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Dès 1630, Champaigne travaille à faire largement diffuser son oeuvre par la gravure. Il collabore notamment avec Jean Morin, qui exerce un monopole sur la reproduction à l'eau-forte des oeuvres du maître.

Il met au point une technique nouvelle, dite du "pointillé granité". Des points plus ou moins serrés modulent les ombres et les lumières.
Jean Morin (1605-1650)_D'après Philippe de Champaigne, Portrait de Jean Duvergier de Hauranne, abbé de st Cyran_Vers 1646_gravure à l'eau forte

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Comme dessinateur, Nicolas de Plattemontagne se distingue de son maitre par un trait plus rapide et plus appuyé.
Nicolas de Plattemontagne (1631-1706)_Le Christ et ses disciples_Après 1680_Pierre noire, rehauts de craie blanche sur papier vélin

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Le portrait est considéré comme un art mineur par l'Académie Royale.
Néanmoins de nombreux artistes du XVIIe siècle ont laissé des oeuvres dessinées, étant des oeuvres en elles mêmes ou des préparations de peintures ou de gravures.

L'esquisse a alors deux fonctions : 
Prise sur le vif, elle sert à conserver les traits et l'expression du modèle.
En atelier, elle permet d'étudier une pose ou le rendu d'un drapé.
A la fin du XVIIe siècle, des artistes comme François de Troy, constituent un répertoire d'attitudes qu'ils proposent à leurs clients.
François de Troy_1645-1730_Etude pour un portrait de femme en buste_Vers 1700-1710_Pierre noire, rehauts de pierre blanche sur papier chamois

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A ce jour, le modèle et l'auteur de cette oeuvre n'ont pas été identifiés.
Elle a été longtemps attribué à Philippe de Champaigne.
Le prélat est représenté en pied, dans un décor limité à quelques meubles.
Ecole française du XVIIe siècle_Prélat debout devant un fauteuil_XVIIe siècle_Sanguine et rehauts de craie blanche sur papier vergé

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Originaire du Doubs, François Perrier mène sa carrière entre la France et l'Italie.
Au XVIIe siècle, l'allégorie est représentée par des figures humaines.
Ici la justice tient la balance et l'épée.
On personnifie l'envie par le serpent qui s'enroule à son bras.
Ce dessin fait partie d'une série des quatre vertus cardinales, la prudence, la tempérance, la force et la justice.
François Perrier_1594-1640_La justice triomphant e l'envie_Pierre noire, plume et encre brune, lavis d'encre brune, trait d'encadrement à la plume et à l'encre brune sur papier vergé

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Ecole Française du XVIIe siècle_Etude de personnage en buste_Seconde moitié du XVIIe siècle_pierre noire sur papier vergé

Ecole française du XVIIe siècle_
Au verso de Etude de personnages en buste, Etude de draperie et de bras_seconde moitié du XVIIe siècle_pierre noire sur papier vergé

Né à Bruxelles, Jean Daret quitte la Flandre pour l'Italie, avant de s'installer en Provence en 1636. Mère de l'empereur romain Constantin, Hélène découvre, lors d'un pèlerinage à Jérusalem, l'instrument du supplice du Christ, relique majeure de la chrétienté.
Jean Daret_1614-1668_Sainte Hélène_Après 1641_Pierre noire sur papier vergé, découpé irrégulièrement et complété

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Après la mort du Christ, la tradition veut que Marie-Madeleine se retire en Provence et renonce au monde. 
La Hyre devient un peintre majeur du groupe "atticisme parisien" qui se caractérisait par la rigueur de ses références classiques.
Laurent de la Hyre_1606-1656_Sainte Marie Madeleine en méditation sur les instruments de la passion_Vers 1630-1640_Pierre noire et rehauts de craie blanche sur papier vergé

Ce dessin a souffert d'une exposition prolongée à la lumière. Charles de La Fosse, élève de Charles Le Brun,  grâce à l'utilisation des "trois crayons" (sanguine, pierre noire, et craie blanche) développe un style qui se concentre sur le mouvement et la lumière.
Le dessin prépare un détail de la coupole qui représentait le roi Saint Louis déposant les armes aux pieds du Christ.
Charles de la Fosse_1636-1716_Etude pour la coupole des Invalides_Fin des années 1690_Sanguine, pierre noire, plume et encre brune, rehauts de craie blanche sur papier vergé

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Ecole française du XVIIe siècle_La Vierge et l'enfant Jésus_XVIIe siècle_Pierre noire et rehauts de craie blanche sur papier beige

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Dans la 2e moitié du siècle, les artistes sont de plus en plus sollicités par le roi Louis XIV pour des chantiers du château de Versailles ou de l'Hôtel des Invalides.
Le principal artiste est Charles le Brun, premier peintre du roi et directeur de l'Académie Royale.
Le Louvre conserve 4000 dessins de Charles le Brun.
On retrouve l'importance du dessin chez ses élèves comme François Verdier et Michel II Corneille.
L'art se réfère à l'antiquité.

Depuis la Renaissance, la copie dessinée d'après les sculptures de l'antiquité romaine constitue la première étape de la formation des artistes.
Elle commence à l'atelier et s'achève par un voyage en Italie.
Ce dessin reproduit un des reliefs des monuments commémoratif à l'Empereur Marc Aurèle.
Ecole française du XVIIe siècle_Scène de triomphe, d'après un relief de l'arc de triomphe de Marc Aurèle_XVIIe siècle_Pierre noire et rehauts de craie blanche sur papier bleu

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La production de Charles le Brun se caractérise par la multiplicité de techniques qu'il utilise aux différentes étapes de sa création.
Attribué à Charles Le Brun_1619-1690_L'ordre rétabli dans les finances_1679-1684_Pierre noire, lavis gris, traces de rehauts de gouache blanche sur papier brun

François Verdier est l'un des trois principaux élèves et collaborateurs de Charles Le Brun. On connait peu de peinture de sa main, mais c'est un dessinateur fécond.
François Verdier_1651-1730_Guerrier antique_seconde moitié du XVIIe siècle_Pierre noire, rehauts de craie blanche sur papier beige

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Au cours le la deuxième moitié du XVIIe siècle, s'impose en France la gravure "d'interprétation", c'est à dire en reproduisant une oeuvre d'art.
Louis Desplaces reproduit une oeuvre d'art de Michel Anguier et qui faisait parti d'une série de six dieux et déesses de l'Olympe.
Louis Desplaces_1612-1739_Cérès éplorée_Vers 1700_Pierre noire et rehauts de craie blanche, mise au carreau à la pierre noire sur papier vergé

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A Paris, la propagande royale s'exprime par la construction de plusieurs monuments commémoratifs qui réinterprètent les codes triomphaux de la Rome antique.
Louis XIV commande à François Blondel un arc célébrant ses victoires militaires pendant la guerre de Hollande.
Ecole du XVIIe siècle_D'après François Blondel et Michel Anguier_Relief de la Porte Saint Denis, allégorie du Rhin vaincu et trophée d'armes_seconde moitié du XVIIe siècle_Pierre noire, plume et encre brune sur papier vergé 

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Boulogne le jeune choisit de représenter le moment qui suit la métamorphose de la nymphe. La version se concentre sur l'action.
Attribué à Louis II de Boulogne, dit Boullogne le jeune_1654-1733_Apollon et Daphné_Seconde moitié du XVIIe siècle_Pierre noire, lavis d'encre brune et grise, rehauts de gouache blanche sur papier vergé.

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Louis II de Boulogne, dit Boullogne le jeune_1654-1733_Apollon et Daphné_Seconde moitié du XVIIe siècle_Pierre noire, rehauts de gouache blanche sur papier vergé 

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La dernière section présente les dessins préparatoires à la représentation du corps et du mouvement, des esquisses à la plume qui définissent les compositions d'ensemble et des études d'anatomie ou de draperies.

Elle présente des dessins de Simon Vouet qui découvre la manière italienne lors d'un séjour à Rome de 1615 à 1627.

Revenu en France, il forme dans son atelier une nouvelle génération d'artistes, dont François  Dorigny et François Perrier.

Il pratique le dessin d'après des modèles vivants. Dans ses dessins il montre les passions, la colère, la tristesse, la joie... sur les visages et les corps.


Artiste autodidacte, Raymond la Fage mort à 28 ans, se consacre exclusivement au dessin. Il produit des dessins pour le marché. Il dessine des scènes de banquets et de fêtes à l'antique, placés sous la protection du dieu Bacchus. Après sa mort ses oeuvres sont gravées et publiées dans un recueil.
Attribué à Raymond la Fage_1656-1684_Bacchanale_seconde moitié du XVIIe siècle_Pierre noire, plume et encre brune, lavis brun sur papier beige

La mère d'Adonis, Myrrha, a été poussée par Vénus à une relation incestueuse avec son père.
Lorsque celui-ci le découvre, il cherche à la tuer et les dieux la protègent en la transformant en un arbre à myrrhe. De son écorce naît l'enfant recueilli par les nymphes. La femme voilée est probablement Ilithyie, la déesse de l'enfantement.
Louis I de Boullogne, dit Boullogne le Vieux_1608-1674_La naissance d'Adonis_Milieu du XVIIe siècle_Pierre noire, lavis gris, trait d'encadrement à la plume et à l'encre noire sur papier vergé

Le bateau à l'arrière plan permet d'identifier un épisode de la bible, l'arche de Noé.
Plutôt que l'horreur du désastre, l'artiste s'attache la scène où les vivants rejoignent la terre ferme.
Attribué à Charles Alphonse Dufresnoy_1611-1668_La sortie de l'Arche_Vers 1640-1650_Pierre noire, plume et encre grise, lavis d'encre brune et trait d'encadrement de pierre noire

Dans le 2e quart du siècle, l'atelier de Simon Vouet est le plus important de Paris. Ses oeuvres équilibrent le mouvement du baroque italien et la rigueur classique de l'école française.
Michel Dorigny_1616-1655_Tête de Femme_XVIIe siècle_Pierre noire, rehauts de craie blanche et traits d'encadrement à la pierre noire sur papier vergé

Ecole française du XVIIe siècle_Un faune_XVIIe siècle_Pierre noire et blanche et rehauts de craie blanche sur papier vergé

Ecole française du XVIIe siècle_Etude de têtes d'enfants_Seconde moitié du XVIIe siècle_Pierre noire et rehauts de craie blanche sur papier beige

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Les études de ce genre sont rares chez Verdier qui préférait les dessins finis. L'attention est portée sur la pose et l'expression du visage. Le linceul rappelle la Résurrection de Lazare.
François Verdier_ 1651-1730_Homme drapé et étude de bras_Vers 1675-1680_Pierre noire, rehauts de craie blanche sur papier vergé

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Claude II Audran est issu d'une famille de graveur lyonnais.
Il intègre l'équipe de Charles le Brun dès les années 1660.
Il schématise ses figures dans les esquisses, les visages et les mains se réduisent à quelques traits.
Claude II Audran_ Vers 1639-1684_Femme assise au torse dénudé_Seconde moitié du XVIIe siècle_Pierre noire, rehauts de craie blanche, mise au carreau à la pierre noire, trait d'encadrement à la plume, au crayon et à l'encre brune sur papier beige

Ce dessin a probablement été fait lors d'une séance de pose avec un modèle.
Attribué à Charles Le Brun_1619-1690_Femme présentant un objet, étude pour l'Allégorie de l'Afrique_seconde moitié du XVIIe siècle_Sanguine sur papier vergé

Détail


Cette exposition a offert une belle opportunité de redécouvrir l’œuvre de ce maître du XVIIᵉ siècle.

Le parcours permet de comprendre comment Champaigne a mêlé influences flamandes et classicisme français pour créer des œuvres empreintes de gravité et de profondeur et comment il a introduit la théâtralité de l'action dans ses peintures.

L'exposition de ses dessins et de ceux de ses contemporains de la collection du musée de Grenoble met en lumière un aspect moins connu des œuvres du XVIIe siècle.


Texte de Paulette Gleyze

Photos de Gérard Gleyze


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