La Conciergerie est l’un des monuments les plus anciens de Paris, situé sur l’Île de la Cité, au bord de la Seine. Elle fait partie du vaste ensemble du Palais de la Cité, qui a été la résidence des rois de France du Xe au XIVe siècle.
Aujourd’hui, c’est surtout un monument historique que l’on peut visiter.
Avant d’être une prison, la Conciergerie était intégrée au palais des rois capétiens.
On peut encore y voir la Salle des Gens d’Armes, l’une des plus grandes salles gothiques d’Europe et les cuisines du roi datant du XIVe siècle.
À partir du XIVe siècle, quand les rois quittent le palais pour le Louvre et Vincennes, l’espace est en partie transformé en prison royale, administrée par un officier appelé le concierge, d’où le nom “Conciergerie”.
Elle devient surtout célèbre pendant la Révolution Française car c’est là que sont emprisonnés de nombreux accusés du Tribunal Révolutionnaire.
La plus célèbre prisonnière a été Marie-Antoinette, qui y attendra son procès puis son exécution en 1793. On peut visiter une reconstitution de sa cellule.
Aujourd’hui la Conciergerie est un monument national ouvert au public.
On peut y découvrir les salles médiévales, la partie consacrée à la Terreur Révolutionnaire, les anciennes cellules.
Elle fait partie du Quartier judiciaire de Paris situé à côté du Palais de Justice.
Le bâtiment est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO avec les rives de la Seine.
La Conciergerie se situe près de la Sainte-Chapelle, le long du quai de l’Horloge, reconnaissable à ses tours médiévales donnant sur la Seine.
Le quai de l'horloge tient son nom de l'horloge qui se trouve sur la façade de la Conciergerie.
C’est la plus ancienne horloge publique de Paris, installée en 1370, célèbre pour son cadran richement décoré, entouré de sculptures et d’ornements dorés.
Elle est installée en 1370 par le roi Charles V sur la tour de l’Horloge du Palais de la Cité, à cette époque, Paris ne possède presque aucune horloge publique, la population dépend surtout des cloches.
Son installation marque une innovation majeure, permettant aux Parisiens de connaître l’heure avec précision. Elle est conçue par Henri de Vic, un horloger lorrain.
Elle a été restaurée plusieurs fois et reste un symbole du pouvoir royal et judiciaire.
Le Palais de la Cité, où se trouve l’horloge, est alors la résidence des rois de France et le cœur administratif du royaume, placer une horloge sur ce lieu symbolique revient à incarner l’ordre et la régulation du temps par l’autorité royale.
Vers 1585, elle est restaurée et surtout richement décorée. Deux figures allégoriques encadrent le cadran, des inscriptions latines louent la justice et la monarchie.
C’est à cette époque que le cadran prend l’aspect doré et flamboyant qu’on connaît aujourd’hui.
Pendant la Révolution française, de nombreux emblèmes royaux sont détruits mais elle reste un repère temporel essentiel pour les Parisiens.
Elle est un monument historique classé et le symbole de la continuité de Paris du Moyen Âge à nos jours.
Le Hall d’Entrée de la Conciergerie est l’espace moderne où nous trouvons une introduction rapide à l’histoire du Palais de la Cité, des cartes interactives expliquant l’évolution du bâtiment.
Historiquement, cet emplacement correspondait aux dépendances du palais médiéval, mais l’organisation intérieure a été largement remaniée aux XIXᵉ/XXᵉ siècles.
Ce hall sert de transition entre l’extérieur et les grandes salles médiévales, salle des Gens d’armes et la salle des Gardes.
Au Moyen Âge (XIIIᵉ–XIVᵉ siècles), la Conciergerie faisait partie du palais de la Cité, résidence principale des rois capétiens jusqu’au départ pour le Louvre.
Les espaces proches de l’entrée actuelle étaient utilisés pour les services domestiques du palais c'est à dire cuisines, dépôts, zones de circulation...
A la période classique et révolutionnaire (XVIIᵉ–XVIIIᵉ siècles), le palais devient principalement un palais de justice.
La Conciergerie se transforme en prison, particulièrement célèbre durant la Révolution.
Au XIXᵉ siècle lors des grands travaux Haussmanniens et la restructuration du Palais de Justice, de vastes réaménagements sont faits pour moderniser la circulation.
Aux XXᵉ–XXIᵉ siècles, le hall devient un point d’accueil des visiteurs.
Le hall montre le caractère médiéval du monument. Les voûtes ou arcs en pierre, parfois restitués ou reconstitués sont en pierre calcaire blonde, typique de l’architecture parisienne médiévale.
Le hall a été conçu pour donner une impression de profondeur et de verticalité, rappelant l’ampleur des salles médiévales toutes proches.
Le hall prépare le visiteur à découvrir la Salle des Gens d’Armes, chef-d’œuvre de l’architecture gothique civile, la Salle des Gardes qui a servi au Tribunal révolutionnaire, les cuisines, les espaces carcéraux (cellules, cachot supposé de Marie-Antoinette, des espaces archéologiques exposant des éléments du palais ancien).
Le contraste entre ce hall relativement sobre et les salles médiévales spectaculaires qui suivent est volontaire, il fonctionne comme un prélude.
La salle des Gens d’armes est l’un des plus grands vestiges civils médiévaux de Paris. C’est l’un des rares témoignages encore visibles du palais médiéval des rois de France, avant que le pouvoir ne s’installe au Louvre puis aux Tuileries.
Construite sous Philippe le Bel vers 1314-1328, c’est une immense salle voûtée de plus de 60 mètres de long, et de 1 785 m2 de superficie, soutenue par quatre nefs et d’impressionnants piliers gothiques de pierre.
Nous avons une impression de force et d’harmonie.
Le plafond voûté, élancé et régulier, rappelle la grandeur austère de l’ancien palais des rois de France.
Elle servait de réfectoire aux soldats et au personnel royal.
Elle offre aujourd'hui un voyage dans le temps. C'est un espace monumental, solennel et étonnamment émouvant, où l’on sent encore le poids de l’histoire.
Au dessus de cette grande salle, se trouvait la salle d'apparat de la même superficie.
les deux salles étaient reliées par des escaliers à vis aménagées aux angles.
La salle des Gens d'Armes reste aujourd'hui la plus vaste salle civile gothique en Europe.
Elle a servi au fil des siècles au stockage des armes, de denrées de bois de chauffage ou encore de dortoir.
La Salle des Gardes (ou Salle des Gens d’Armes des Gardes du Roi, selon les sources historiques) est l’une des pièces les plus anciennes et les plus emblématiques de la Conciergerie.
Elle date de la fin du XIVᵉ siècle, période où le Palais de la Cité était la résidence principale des rois capétiens.
Elle mesure 280m2. Ses deux nefs voûtées sous croisées d'ogives, sont séparées par une rangée de pilier.
Sous les Capétiens (987-1328), elle servait aux gardes du roi et au contrôle des accès vers les appartements royaux et la Sainte-Chapelle.
Ils avaient pour mission d’assurer la protection du palais et de contrôler les accès aux pièces royales.
On l’utilisait également pour certaines tâches administratives, ou comme lieu d’attente et de circulation.
Séance royale du Parlement de Paris pour la majorité de Louis XV_Grand chambre 1723_Nicolas Lancret_Musée du Louvre
Ce n’était pas une salle de réception, mais un espace fonctionnel et stratégique dans l’organisation du palais.
Lorsque Charles V quitte le Palais au XIVe siècle, la salle des gardes est aménagée en cachots, affectés à la justice du concierge administrateur du bâtiment.
Situés en bordure de Seine, ceux-ci sont réputées inondables, l'inconfort incitant aux aveux.
A la fin e de l'Ancien Régime, la salle sert d'annexe au quartier des hommes de la prison du Parlement, la Conciergerie.
Des cellules y sont organisées sur deux niveaux. Entre paille et humidité, les rats pullulent et les odeurs nauséabondes empestent l'atmosphère.
Comparée à la gigantesque Salle des Gens d’Armes, qui se trouve juste au-dessus, elle paraît plus modeste, mais conserve un caractère très martial, fidèle à son usage initial.
Lorsque la Conciergerie devient prison d’État à partir du XIVᵉ siècle et surtout pendant la Révolution française, la Salle des Gardes change de fonction.
Elle devient un espace administratif judiciaire.
On y installe notamment des pièces annexes liées au Tribunal révolutionnaire, créé en 1793.
À proximité immédiate se trouvait la salle du Greffe, où les prisonniers (dont Marie-Antoinette) étaient enregistrés avant leur jugement.
C’est dans ce secteur que les prisonniers attendaient les étapes de leur procédure, souvent la veille d’un transfert vers la guillotine.
Aujourd’hui, on peut y observer la structure originelle médiévale parfaitement conservée ainsi que des reconstitutions historiques, notamment en lien avec la Révolution française, le Tribunal révolutionnaire, la vie quotidienne des prisonniers.
De nombreux supports explicatifs sur l’histoire du lieu.
La Salle des Gardes est importante car elle est un témoignage précieux de l’architecture civile gothique du Moyen Âge, elle fait partie du plus ancien vestige subsistant du Palais royal médiéval à Paris et elle est intimement liée à l’histoire dramatique de la Conciergerie prison, et en particulier aux événements révolutionnaires.
C’est aujourd’hui un espace d’exposition sur la vie dans le palais.
Depuis la salle des gens d'armes, un escalier nous mène aux vastes cuisines qui datent d'environ 1353, sous le règne de Jean II le Bon.
Elles faisaient partie du vaste ancien palais royal nommé Palais de la Cité, la résidence des rois de France et siège du pouvoir.
Le pavillon de cuisines était en deux niveaux, les « cuisines du commun » (pour le personnel) au rez-de-chaussée, et les cuisines royales à l’étage, destinées à préparer les repas du roi et de ses invités.
Pour les grands banquets, les deux niveaux fonctionnaient ensemble. Les plats étaient acheminés à l’étage via une rampe extérieure qui reliait le pavillon des cuisines à la grande salle d’apparat (la « Grand Salle », au-dessus de l’actuelle Salle des Gens d’Armes).
Les denrées et boissons étaient livrées par voie fluviale, directement par bateau via un port d’embarquement sur la Seine, jouxtant le palais.
La cuisine mesure environ 280m2 sur un plan carré.
L'espace est voûté de style gothique, et divisé en quatre travées.
Elle possède quatre grandes cheminées massives d'angle. Elles servaient à rôtir des animaux entiers.
Le sol est pavé de pierres. A l'origine, il y avait huit grandes fenêtres pour éclairer la cuisine. Aujourd'hui il n'en reste que deux, les autres ont été murées lorsque le palais a été transformé.
Le bâtiment des cuisines était volontairement séparé du reste du palais, en angle et légèrement isolé, pour minimiser les risques d’incendie, ce qui était un souci majeur à l’époque.
Aujourd’hui ne subsiste que la salle du rez-de-chaussée (l’ancienne « cuisine du commun »).
Les cuisines royales à l'étage ont disparu.
Ces cuisines qui ont vu l’âge d’or de l’État capétien font partie des derniers vestiges civils gothiques du palais médiéval.
Leur dimension (280 m², 4 grandes cheminées, voûtes d’ogives…) montre l’ampleur de l’organisation nécessaire pour nourrir un palais, illustrant la puissance et le faste de la cour royale au Moyen Âge.
Grâce à l’éclairage moderne et à des dispositifs de mise en valeur (panneaux explicatifs, parfois reconstitutions ou images), on peut réellement se représenter l’activité d’antan , l’organisation des cuisines, les dimensions impressionnantes, le contraste entre l’effort du service et le luxe des banquets royaux.
En quittant les cuisines de la Conciergerie, on mesure toute l’ampleur du passé royal du palais. Ces espaces voûtés, leurs cheminées monumentales et l’organisation ingénieuse témoignent du quotidien intense d’une cour médiévale.
C’est un lieu rare, qui rappelle la puissance mais aussi la vie pratique du Moyen Âge. Les vidéos nous permettent d'en saisir mieux encore la grandeur.
Après les salles médiévales, nous entrons dans la partie “prison”.
L'intérieur de la Conciergerie_Charles-Aimé Dauban
Elle raconte la vie des prisonniers sous la Terreur et l’organisation de la justice révolutionnaire.
Un long couloir "Le Couloir des Prisonniers" structure la zone carcérale.
Sur les murs, des panneaux expliquent les catégories de prisonniers, les règlements, les conditions d’incarcération.
Le couloir mène aux cellules reconstituées. Il dessert les anciennes cellules où étaient enfermés des criminels de droit commun, des suspects politiques, et surtout les condamnés par le Tribunal révolutionnaire.
C’est le dernier lieu que voyaient les prisonniers avant leur départ en charrette pour la guillotine.
Le couloir conserve les pierres d’origine, un sol en dalles médiévales usées, des portes en bois massif avec judas et verrous, des anneaux d’attache et ferrures, des cellules reconstituées.
Le couloir aurait compté plus de 100 cellules, très différentes selon la richesse du prisonnier.
Des cellules communes infectes, humides avec le sol en paille souillée, des cellules individuelles pour les prisonniers « aisés », des cachots pour les détenus dangereux ou politiques.
Beaucoup de personnages historiques ont traversé ce couloir, notamment, Marie-Antoinette, Charlotte Corday, Georges Danton, Maximilien Robespierre et des centaines d’autres condamnés.
Le couloir constituait la frontière entre la vie et la mort, d’où une forte charge émotionnelle lorsqu'on le visite.
Les Cellules des Prisonniers sont présentées selon les différentes classes sociales.
Les cellules communes très dures avec paille au sol, peu de lumière...
Les cellules “payantes” ou “pistoles” pour les prisonniers ayant un peu d’argent avec un lit, du linge, quelques meubles.
Les cellules de “cachot”, plus sombres, humides, pour les punis ou les prisonniers dangereux.
Des textes expliquent que la Conciergerie pouvait héberger plus de 300 détenus durant la Terreur.
La Conciergerie n'a jamais été un lieu d'exécution, mais c'est de la cour que partent les charrettes qui amènent les condamnés vers la guillotine.
La salle des Noms est une salle mémorielle située dans la Conciergerie. Sur ses murs sont inscrits les noms de plus de 4 000 personnes ayant été jugées par le Tribunal révolutionnaire entre 1793 et 1795.
Ces personnes viennent de divers milieux sociaux, la grande majorité du « tiers-état », mais aussi une part de l’ancienne noblesse ou du clergé.
Un écran tactile permet de consulter les biographies d’une cinquantaine de prisonniers « célèbres » parmi les condamnés.
La salle joue un rôle de mémoire collective, elle rend hommage non seulement aux figures historiques, mais aussi aux milliers d’inconnus, hommes et femmes emportés par la révolution.
Elle illustre l’ampleur de la répression de l’époque et la diversité des victimes.
La salle des Noms est un moment fort qui rend tangible le destin de milliers de personnes anonymes ou célèbres, victimes de l’arbitraire révolutionnaire.
Quelques figures emblématiques inscrites :
Marie‑Antoinette
Reine de France, emprisonnée à la Conciergerie de la nuit du 1ᵉʳ au 2 août 1793 jusqu’à son procès qui débute le 14 octobre 1793.
Le 16 octobre, elle est condamnée à mort et guillotinée le jour même.
Olympe de Gouges (Marie Olympe Grouze)
Femme de lettres, engagée politiquement, auteure de la fameuse Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791).
Elle a été arrêtée, emprisonnée à la Conciergerie, jugée puis guillotinée le 3 novembre 1793.
Georges Danton

Figure importante de la Révolution française, avocat puis député radical.
Jugé et emprisonné à la Conciergerie après s’être opposé à certains excès de la Révolution, il est guillotiné en avril 1794.
Camille Desmoulins

Journaliste et député, proche de Danton, il avait dénoncé la radicalisation de la Révolution.
Arrêté, emprisonné à la Conciergerie puis guillotiné en 1794 suite à sa condamnation.
Manon Roland (Jeanne-Marie Roland)
Femme politique, intellectuelle, figure du courant girondin.
Jugée le 8 novembre 1793, condamnée à mort par le Tribunal révolutionnaire,
La Salle des Noms ne recense pas uniquement des anonymes mais aussi, reine, nobles, gens de lettres, députés, militantes.
Elle reflète la diversité sociale des prisonniers jugés, nobles, membres du clergé, bourgeois, artisans, femmes engagées. Beaucoup venaient du « tiers-état ».
Certaines de ces personnes, comme Olympe de Gouges ou Manon Roland, ont été condamnées pour leurs idées.
D’autres, comme Marie-Antoinette pour des motifs politiques et symboliques.
La chapelle est souvent appelée la chapelle des Girondins ou la chapelle expiatoire de Marie-Antoinette. C’est un lieu très marquant de l’histoire de la Révolution française.
À l’origine, la Conciergerie possédait une chapelle médiévale intégrée au palais royal des Capétiens.
Après la Révolution, elle a été transformée et réaménagée pour devenir un espace de mémoire.
Pendant la Terreur (1793–1794), une partie de la chapelle a été utilisée comme salle commune pour les prisonniers politiques, notamment les députés girondins avant leur exécution, d'où son surnom.
La chapelle est assez sombre, volontairement silencieuse et solennelle.
Buste de Marie Antoinette_biscuit signé au dos Lord Ronaldo (1740-1815).
Marie Antoinette partant à l'échaffaud
La salle des prisons clôt la visite sur une note profondément humaine.
Elle nous invite à réfléchir à ce que ces murs ont vu, et à ne pas oublier les tristes moments de l'histoire et ceux qui y ont passé leurs derniers instants.
Entre architecture médiévale et souvenirs de la Révolution, la Conciergerie rappelle combien le passé continue de vivre à travers ses murs.
Elle offre un parcours saisissant à travers les siècles, ancien palais royal devenu prison révolutionnaire, elle témoigne à la fois du pouvoir, de la justice et de la violence de l’histoire.
Texte de Paulette Gleyze
Photos de Anne Paulette et Gérard Gleyze
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