vendredi 28 novembre 2025

Visite de la sainte Chapelle sur l'île de la Cité à Paris



Le 14 novembre 2025, nous visitons la Sainte Chapelle située sur l’Île de la Cité à Paris.

 Elle est un joyau du gothique rayonnant et un monument véritablement unique. Elle faisait partie du palais de la Cité, résidence principale des rois de France jusqu’au XIVᵉ siècle.

Édifiée entre 1241 et 1248 par Saint Louis (Louis IX), elle été conçue pour abriter les reliques de la Passion du Christ, dont la Couronne d’épines.

Elle est connue pour ses 15 immenses verrières de 15 mètres de haut .

C'est un ensemble de vitraux parmi les plus spectaculaires d’Europe.

La Sainte-Chapelle se compose de deux chapelles superposées .

La chapelle basse est dédiée à la Vierge où l'atmosphère et sombre et les voûtes décorées d’étoiles dorées.

Elle servait de lieu de culte au personnel du palais royal.

La chapelle haute était réservée au roi et à son entourage. Elle est entièrement entourée de vitraux qui racontent plus de 1 000 scènes bibliques.

Lorsque la lumière traverse les vitraux, l’intérieur se transforme en une véritable cathédrale de lumière.

Ces vitraux ont survécu à la Révolution française, malgré de lourds dégâts, et ont été restaurés au XIXᵉ siècle.

La chapelle basse est dédiée à la Vierge Marie. Elle est plus sombre que la chapelle haute, car les murs sont plus épais et les fenêtres moins grandes.

A l’entrée, se trouve une statue de la “Vierge à l’Enfant” sur le trumeau, c'est à dire la partie centrale verticale du portail qui accueillait symboliquement les visiteurs.

Cette statue visible aujourd’hui n’est pas médiévale, mais une restauration du XIXᵉ siècle. Elle a été sculptée par Adolphe Victor Geoffroy Dechaume (vers 1854-1858). L'originale était en ivoire.

Le tympan (la partie au-dessus de la porte) représente le couronnement de la Vierge.






En entrant, on ressent une certaine sérénité liée à cet espace silencieux, voûté, presque souterrain, mais très raffiné.


Les voûtes sont construites selon le principe des voûtes d’ogives, typiques du gothique rayonnant du XIIIᵉ siècle.

Elles sont entièrement peintes en bleu profond, décorées de fleurons dorés et d’étoiles. Elles donnent l’impression d’un ciel nocturne.

La hauteur est modeste surtout comparée à la chapelle haute. Son aspect presque «souterrain» est dû au fait qu’elle servait aussi de crypte et de base structurelle pour la chapelle supérieure.

On parle parfois de « crypte lumineuse » grâce à la polychromie qui compense le faible éclairage naturel.

L'ensemble crée une impression de grâce et de légèreté malgré la relative pénombre.



Le chœur se trouve à l’extrémité orientale de la chapelle. C'est l’espace le plus sacré du monument, conçu pour abriter la Couronne d’épines acquis par Saint Louis au XIIIᵉ siècle grâce à une série de négociations diplomatiques et financières complexes avec l’empereur latin de Constantinople, Baudouin II.

Vers 1238, l’Empire latin de Constantinople Baudouin II est en difficulté financière, il cherche de l’argent et accepte de mettre en gage plusieurs reliques précieuses, dont la Couronne d’épines, considérée comme l’une des plus sacrées du christianisme.

Baudouin II la met en gage en 1238 auprès de marchands vénitiens. En 1239 Saint Louis négocie son rachat pour éviter qu’elle ne reste aux mains des créanciers. Il verse une somme considérable, environ 135 000 livres tournois, soit plus que le coût de la Sainte-Chapelle elle-même.

La relique est remise officiellement à deux dominicains chargés de la transporter en France. Elle arrive à Paris en août 1239.

Saint Louis l’accueille pieds nus et en tunique simple, en signe de respect.

Pour l’abriter, il fait construire la Sainte-Chapelle (achevée en 1248), chef-d’œuvre du gothique rayonnant.

Saint Louis l'a voulue pour affirmer Paris comme une nouvelle « capitale spirituelle » de la chrétienté, pour renforcer le prestige religieux de la monarchie capétienne et par profonde piété personnelle.

Les vitraux du chœur comptent parmi les plus précieux de la chapelle, ils représentent en grande partie l’Histoire de la Passion et les épisodes bibliques liés au Salut.

Au centre du chœur se trouvait autrefois le reliquaire monumental avec la couronne, reposant sur un soubassement sculpté.

Depuis 1806 elle est conservée à Cathédrale Notre-Dame de Paris, dans le trésor de la cathédrale,

La relique a été préservée au moment de l'incendie de 2019.

Depuis fin 2024, un nouveau reliquaire a été conçu en bois de cèdre et verre par le designer Sylvain Dubuisson. Elle est à nouveau exposée lors de cérémonies de vénération et depuis le 10 janvier 2025, des présentations publiques sont organisées à la cathédrale, les vendredis entre 15h et 18h30.

Cette “couronne” fait 21 centimètres de diamètre, est constituée d’un cercle de joncs réunis en faisceaux, maintenu par des fils d’or. Les épines originales ont été dispersées au cours des siècles. Elle est considérée comme l’un des objets les plus sacrés et vénérés du christianisme.

La chapelle inférieure est un lieu très élancé, baigné de lumière grâce à l’immense verrière qui l’entoure presque entièrement.


Dans le chœur se dresse une statue de Saint Louis (Louis IX), très symbolique pour la Sainte-Chapelle, puisqu’il en est le fondateur et celui qui a acquis les reliques de la Passion.

La statue représente le roi debout, dans une attitude noble et pieuse.




Il est vêtu d’un manteau royal, le visage est idéalisé, exprimant à la fois dignité royale et ferveur religieuse, conformément à l’image que l’on veut transmettre du souverain canonisé.

Cette statue n’est pas un simple élément décoratif, elle relie le monument à son fondateur, un roi devenu saint.

Elle rappelle que la Sainte-Chapelle a été voulue comme un écrin spirituel et politique, affirmant la puissance sacrée de la monarchie capétienne.
Aujourd'hui elle mériterait quelques rénovations et d'être débarrassée des marchands du temple.

La chapelle basse sert de soubassement à la chapelle haute, les colonnes sont donc indispensables.
Elles supportent les voûtes d’ogives de la chapelle basse.
Elles transmettent le poids immense de la chapelle haute (dont les murs sont presque entièrement en verre).

La multiplication des colonnes crée un espace qui évoque une crypte gothique, très élancée.

Ce sont des colonnes fines et élancées, typiques du gothique rayonnant (vers 1240–1248). Elles sont disposées en alignements réguliers, formant une sorte de « forêt de piliers » qui accompagne le rythme des voûtes.

Elles sont surmontées de chapiteaux souvent sculptés de feuillages stylisés. Elles sont peintes en rouge, bleu, vert et or, avec alternance de motifs héraldiques et floraux.
Les bases et chapiteaux sont soulignés d’or.

Le bleu et or renvoient à la royauté capétienne, les motifs des colonnes répondent à ceux des voûtes à savoir fleurs de lys (royaume de France), châteaux à trois tours (armes de Blanche de Castille).

Au XIXe siècle, lors de la grande campagne de restauration menée par Viollet-le-Duc et Geoffroy Dechaume, les colonnes ont été nettoyées, repeintes selon les traces médiévales retrouvées, parfois complétées quand les éléments d’origine étaient trop dégradés.

L’objectif était de restituer l’ambiance chromatique du XIIIᵉ siècle.



Les vitraux y sont plus petits et moins nombreux, avec des motifs colorés mais moins narratifs que ceux de la chapelle haute. Leur rôle est surtout décoratif et spirituel, créant une lumière tamisée et colorée.


photo empruntée à internet

La chapelle inférieure offre une atmosphère quasi monastique, avec ses voûtes peintes d’un bleu profond constellé d’étoiles, ses colonnes élancées aux couleurs vives et son pavement polychrome aux motifs géométriques raffinés.

Longtemps réservée au personnel du palais, elle témoigne de la volonté des architectes du XIIIᵉ siècle d’unir sobriété fonctionnelle et richesse symbolique. Malgré sa modestie apparente, elle constitue la clef structurelle du monument et une belle introduction à la splendeur lumineuse de la chapelle haute.

La chapelle basse impressionne par son harmonie, la finesse de ses restaurations (bien que certaines parties mériteraient d'être à nouveau rénovées) et sa capacité à plonger le visiteur dans une ambiance médiévale préservée, presque hors du temps.
L’ensemble donne une impression d'écrin gothique chaleureux et très décoré.

L’entrée de la chapelle supérieure n’est pas visible directement depuis l’extérieur.

On y accède aujourd’hui, comme au Moyen Âge par un escalier raide, étroit et en colimaçon situé dans l’un des contreforts du bâtiment, sur le côté nord-ouest.

 À l’époque médiévale, le roi entrait directement dans la chapelle haute depuis la galerie du Palais Royal qui reliait les bâtiments de la cour au sanctuaire. Cette entrée royale n’existe plus.

Une fois monté l’escalier assez sombre, on débouche dans la lumière éclatante de la chapelle haute.

Au centre du tympan qui surmonte le portail de la chapelle haute se trouve un Christ en majesté donnant la bénédiction.

Autour de lui figurent la Vierge et Jean-Baptiste, tandis que deux anges tiennent la couronne d'épines et la croix, symboles des reliques conservées dans la chapelle.

La sculpture du portail d’origine a été très endommagée pendant la Révolution ; la composition visible aujourd’hui (dont le tympan) a été recréée au XIXᵉ siècle par le sculpteur Adolphe Victor Geoffroy Dechaume, qui s’est appuyé sur des descriptions et des gravures anciennes.

Le registre inférieur du portail montre, en particulier, la scène de Saint Michel pesant les âmes (Allégorie du Jugement), et d’autres panneaux illustrent des épisodes de l’Ancien Testament.



À l’intérieur, la chapelle haute est presque entièrement constituée de verrières.

Quinze grandes baies verticales s’élèvent sur environ 15 m de haut chacune.

Elles couvrent une surface vitrée d'environ 615 m² hors rosace).
Ces 15 verrières contiennent 1 113 scènes qui racontent, de la Genèse à l’Apocalypse, la narration biblique et l’histoire des reliques.

Deux tiers environ des panneaux sont d’origine médiévale, le reste a été restitué.

La chapelle haute est la partie reliquaire et cérémonielle, elle a été consacrée en 1248.

Elle a subi au fil des siècles de nombreux dommages (Révolution, incendies, stockage) et a connu des campagnes de restauration majeures au XIXᵉ siècle et plus récemment la restauration des verrières achevée au début des années 2010.

Dans la Sainte-Chapelle, la lumière colorée joue le rôle d’un « texte » .

Les vitraux racontent la Bible et la lumière qui les traverse symbolise aussi la présence divine.

En réduisant les murs au profit du verre, les maîtres bâtisseurs réussissent une prouesse technique.

C'est un écrin de lumière, l’effet est saisissant.

Les quatorze verrières racontent de grands épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testaments : La Genèse, l’Exode, le Livre des Nombres, le Livre de Josué, le Livre des Juges, le Livre d’Isaïe, le Livre de Saint Jean l’Évangéliste, l’Enfance du Christ, la Vie du Christ, la Passion du Christ, la Vie de Saint Jean-Baptiste, le Livre de Job, le Livre d’Esther, le Livre de Tobie.



Jeu de miroirs


photo empruntée à  internet

Une verrière relate La Reconstitution de l’Histoire des Reliques. Elle raconte l’acquisition des reliques de la Passion par Saint Louis.
Il les a acheté à l’empereur Latin de Constantinople et ont été transportés solennellement en 1239 jusqu’à Paris .
Elle est unique car elle n’est pas biblique, mais politico-religieuse, glorifiant la figure du roi.


La rosace de la Sainte-Chapelle est l’un des éléments les plus spectaculaires du monument.

Contrairement aux grandes verrières de la chapelle haute (1240–1248), la rosace n’est pas médiévale du XIIIᵉ siècle, elle date du XVe siècle, probablement sous Charles VII (vers 1485).

Elle remplace à cette époque une fenêtre gothique plus simple.

Elle appartient au gothique flamboyant, reconnaissable à ses courbes en forme de flammes, son tracé extrêmement nerveux, ses ajours très découpés, son effet général de mouvement, presque “tourbillonnant”.

La rosace illustre les visions de l’Apocalypse de Jean avec les 24 Vieillards, les Anges trompettistes, les Cavaliers (Victoire, Guerre, Famine, Mort), la Femme de l’Apocalypse, le Dragon, la Nouvelle Jérusalem

Ces scènes sont disposées dans les 86 ajours et lobes qui composent la rosace.

L’ensemble raconte l’annonce de la fin des temps et la victoire finale du Christ.

Elle mesure environ 9 mètres de diamètre, contient 87 panneaux et s’inscrit dans un tracé spiralé, typique du flamboyant tardif

Le Christ en gloire occupe le centre.

On retrouve les dominantes de la Sainte-Chapelle à savoir les rouges profonds, les bleus denses, et les jaunes d’argent.

La rosace a été endommagée pendant la Révolution et réparée au XIXᵉ siècle sous l'initiative de Viollet-le-Duc, et restaurée récemment (2008–2014) pour consolider les barlotières (traverses de fer d'un châssis de vitrail) et nettoyer les verres.

Elle est importante parce qu’elle montre l’évolution de l’art gothique, du gothique rayonnant (XIIIᵉ siècle) pour la chapelle haute et le gothique flamboyant (XVe siècle) pour la rosace.

Le style appartient au gothique rayonnant avec des meneaux réduits à l’essentiel, avec une prépondérance du bleu et du rouge, typiques du XIIIᵉ siècle.

Les couleurs intenses sont obtenues par adjonction de métaux, le bleu au cobalt, le rouge à l’or ou au cuivre.





A la sainte Chapelle, l’architecture s’efface au profit du vitrail pour faire de la lumière un véritable langage théologique.

Les baies, organisées en un vaste cycle iconographique, constituent un véritable récit visuel qui articule histoire biblique, théologie royale et affirmation du sacré.

La verticalité des volumes, la délicatesse des supports et la disparition apparente de la paroi de pierre sont dans une logique d’élévation qui est à la fois esthétique et spirituelle.

La Sainte-Chapelle se distingue comme l’un des accomplissements majeurs du gothique rayonnant.

Elle incarne la fusion parfaite entre art, architecture et spiritualité.

Elle est un monument qui montre la puissance capétienne et la capacité du Moyen Âge à transformer la foi en expérience lumineuse.


Texte de Paulette Gleyze

Photos de Anne, Paulette et Gérard Gleyze




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