Nous sommes le 13 février 2018
Après nos visites dans la Vallée des rois, nous partons pour le site de Deir el-Bahari. C'est un complexe funéraire, composé de temples et de tombes, situé sur la rive gauche du Nil face à la ville de Louxor (anciennement Thèbes) et des temples de Karnak, légèrement au sud de la vallée des rois, adossé à la paroi rocheuse de la montagne de Thèbes en Haute-Égypte.
Le nom arabe de ce site (دير البحري;, dayr al-baḥrī, « le couvent de la Mer ») rappelle l’existence du couvent copte élevé dans ce lieu.
La falaise de la chaîne Libyque dessine un vaste amphithéâtre qui marque le centre de la nécropole thébaine.
Au pied de la montagne trône le temple funéraire d'Hachepsout, magnifique réalisation que les anciens égyptiens nommaient « djéser djéserou » soit « le magnifique des magnifiques » ou
le « sublime des sublimes ». Il est construit à proximité de celui de Montouhotep II (pharaon de la XIe dynastie).
Hachepsout est une reine-pharaon, cinquième souverain de la XVIIIe dynastie. Elle est la fille du pharaon Thoutmôsis Ier et de la Grande épouse royale Ahmès.
Son époux est Thoutmôsis II, fils de Thoutmôsis Ier et d'une épouse secondaire, Moutnofret Ire.
Le couple a une fille, Néférourê.
Hachepsout monte sur le trône vers 1478 av. J.-C. Elle règne conjointement avec Thoutmôsis III, le fils de son époux et d'une épouse secondaire de celui-ci, Iset.
Selon l'égyptologue James Henry Breasted, elle est connue pour être la « première grande femme dont l'histoire ait gardé le nom ».
Ce temple a été commandé par Hachepsout à son ministre-architecte, Senenmout pour son père Thoutmôsis Ier.
Elle a choisi le lieu elle-même et le temple a été creusé dans la montagne à tel point qu'il semble englouti par la falaise.
Il est construit en trois terrasses et est composé de colonnades en parfaite harmonie.
Une rampe qui menait à la 1er terrasse était bordée de 120 sphinx et d'obélisques. Cette première terrasse était fermée au fond par un portique.
Il ne reste que quelques vestiges de sphinx.
De la 1er terrasse partait une autre rampe qui conduisait à la seconde terrasse, elle aussi fermée par un portique.
De gauche à droite , la première salle est le sanctuaire dédiée à la déesse Hathor représentée sous la forme d'une vache sacrée.
Des colonnes et piliers hathoriques (chapiteaux à têtes de femme et à oreilles de vache) marquent l'entrée de la chapelle.
Sur le mur de la chapelle, la déesse Hathor avec l'astre solaire entre ses cornes, accueille en son sein le soleil couchant et l'âme des morts.
On lui offrait des fleurs, des fruits et des coupes avec, au centre, une grenouille, symbole de résurrection.
Nous voyons Hatshepsout, assise sous un dais, qui tend la main vers la vache qui lui lèche les doigts.
et Hathor allaitant Hachepsout
Sur le mur nous voyons également un dessin polychrome représentant une armée tenant des rameaux d'olivier.
Dans la deuxième salle sur une des parois, des bas reliefs représentent l'expédition militaire que la souveraine a conduit dans le mystérieux pays de Pount.
(Le Pays de Pount, également appelé Ta Nétjer qui signifie « Pays du dieu », est un site commercial qui apparaît dans les récits de l'Égypte antique, dont la localisation est encore incertaine. La majorité des auteurs situent aujourd'hui le site sur la côte africaine de la mer Rouge, allant des confins érythréo-soudanais au nord de l'actuelle Somalie. D'autres plus rares ont proposé une localisation de part et d'autre de la mer Rouge incluant le sud de la péninsule arabique, ou encore le Levant.)
L'expédition est représentée comme une bande dessinée, composée de reliefs et de peintures.
Si l'on s'en tient aux sculptures de girafes, de singes, de peaux de panthère et de plantes et arbres ramenés de l'expédition, sur les parois, le pays de Pount devait bien se situer en Afrique
On peut aussi voir des poissons des crocodiles et même de des langoustes.
En hauteur on voit des petits personnages dont une femme atteinte d'éléphantiasis (grossissement anormal des membres).
Le portique de l'ouest, dit le « portique de la naissance » est très important car il justifie l'origine divine du Pharaon Hachepsout.
Les scènes montrent sa conception et sa naissance divine.
Tout d'abord nous voyons le mariage sacré du dieu Amon-Rê avec Ahmès (la mère d'Hachepsout), ensuite Ahmès enceinte et sur la chaise d'accouchement donnant naissance à Hachepsout et enfin Amon-Rê qui déclare Hachepsout comme sa fille qui doit être respectée comme reine de descendance divine.
C'est la transsubstantiation divine d'Hachepsout.
A l'extrémité du portique de la naissance, à l'opposé du sanctuaire d'Hathor se trouve le sanctuaire d'Anubis.
Anubis est un homme à tête de chacal. C'est le guide des morts, qui connaît les secrets du vent, de l'eau et de la pierre. C'est Anubis, qui guide la reine dans l'au-delà.
La terrasse supérieure ou troisième terrasse du temple n'était accessible qu'à quelques personnes. Il fallait être initié, être passé par l'enseignement d'Anubis et d'Hathor, avoir déjà franchi de nombreuses portes pour être admis dans le dernier cercle.
Cette terrasse a souffert. Il y avait un portique composé de vingt-deux piliers dits « osiriaques», car ils représentaient le dieu Osiris momifié.
La reine Hatshepsout, est représentée en statue "osiriaque". Elle tient dans ses mains les deux sceptres du dieu Osiris, héka (le crochet) et nekhakha (le flagellum). Elle tient aussi le signe de vie (l'ankh), et son complément ouas (à tête de canidé), qui évoque l'action vivifiante du soleil.
Le visage féminin et souriant d'hachepsout est parfaitement sculpté.
Le nom d'Hachepsout a été martelé après sa mort sans doute à l'initiative de son neveu et beau-fils, Thoutmôsis III.
Le martelage du nom d'Hatchepsout a presque causé sa disparition des archives écrites et archéologiques d’Égypte.
Quand les égyptologues du dix-neuvième siècle ont commencé à étudier les textes inscrits sur les murs du temple de Deir el-Bahari, leurs traductions ne leur ont pas semblé cohérentes.
Jean-François Champollion s'est senti troublé par le conflit évident entre les mots et les images : « Si j'éprouvai quelque surprise de voir ici et dans tout le reste de l'édifice le célèbre Moeris [Thoutmôsis III], orné de toutes les marques de la royauté, céder ainsi le pas à
cet Aménenthé [Hatchepsout] qu'on chercherait en vain dans les listes royales, je dus m'étonner encore davantage, à la lecture des inscriptions, de trouver qu'on ne parlât de ce roi barbu, et en costume ordinaire de Pharaon, qu'en employant des noms et des verbes au féminin,
comme s'il s'agissait d'une reine. En parcourant le reste de ces ruines, la même singularité se présenta partout. »
Le temple funéraire a été reconstitué par une équipe égypto-polonaise qui travaille sur le site depuis 1961.
Après la visite du temple Hatchepsout, nous restons sur le site de Deir El Bahari et visitons le temple de Ramose.
Ramose était Vizir sous les règnes successifs d'Aménophis III (1390-1352 av JC ) et d’Akhenaton (1352-1338 av JC), et gouverneur de la ville de Thèbes.
Sa tombe est inachevée et nous ne pouvons voir que la 1er salle avec ses colonnes en forme de lotus.
La décoration répond aux deux styles artistiques, celui d'Aménophis III et celui d’Akhenaton. Les bas reliefs sont d'une incroyable finesse.
Nous voyons des gravures d'une grande beauté sur les parois de part et d'autre de la porte d'entrée.
D'un côté, Ramose aux côtés de sa femme recevant des offrandes de canards, de fleurs, de fruits...
de l'autre le convoi funéraire avec les porteurs du matériel funéraire, les pleureuses...
La décoration de la paroi en face n'est pas achevée et dénote le style amarnien d’Akhenaton avec la déformation des visages.
La scène est martelé mais nous pouvons voir Akhenaton et son épouse Néfertiti en train de présider une cérémonie de remise de récompenses à Ramose . Au-dessus de leur tête, le soleil (dieu Aton ) darde ses rayons vers le couple royal.
Vous pouvez cliquer sur le lien pour voir la magnifique décoration de l'intérieur du temple de Ramose
Nous déjeunons face au temple de Ramsès III.
Après ce bon déjeuner en terrasse, nous rejoignons notre hôtel, et récupérons enfin nos valises attendues depuis 3 jours.
et.........un peu de relaxation au bord de la piscine !
Demain nous traverserons le Nil et nous rendrons à Abydos pour voir le magnifique temple d'Isis, et ensuite nous irons à Denderah pour voir le temple d'Hator.
Texte de Paulette Gleyze
Photos de Paulette et Gérard Gleyze
une belle leçon d'une histoire particulièrement complexe; mais on peut se demander pourquoi une telle civilisation arrivée à un tel degré de perfection culturelle et politique a pu disparaitre aussi vite...
RépondreSupprimerPaul Valery a dit dans "regards sur le monde actuel" : "nous civilisations savons maintenant que nous sommes mortelles..."
SupprimerMais de la civilisation des Pharaons ne reste-t--il rien ? Le débat est ouvert...