mercredi 26 février 2025

A l'assaut des châteaux forts_exposition au Musée de l'Ancien Evêché de Grenoble


Au Musée de l'Ancien Évêché à Grenoble se tient, du 15 novembre 2024 au 21 septembre 2025, l'exposition "À l'assaut des châteaux forts ! Les archéologues racontent".

Elle met en lumière 50 ans de recherches archéologiques sur les fortifications en Isère, offrant une nouvelle perspective sur les châteaux médiévaux du Département.

Nous visitons cette exposition le 16/02/2025.

L'imaginaire collectif a longtemps réduit le Moyen Âge aux cathédrales, aux chevaliers et aux imposants châteaux forts seigneuriaux.

Le Moyen Âge qui s'étend sur près de mille ans (Ve-XVe siècles) de 476 (fin de l'empire romain) à 1492 (découverte de l'Amérique), a connu beaucoup d’événements et d'évolutions.

L'exposition propose un récit chronologique avec comme fil conducteur les châteaux forts.

Environ 180 sites de châteaux forts sont été recensés en Isère, même s’ils n’ont pas tous laissé de traces.

Les travaux menés par les archéologues montrent que les appellations "fortification" ou "site fortifié" évoquent des réalités très variées.

Dès les années 1970, ils se sont intéressés aux premiers sites fortifiés sur les hauteurs de l'époque carolingienne, aux maisons fortes en passant par les châteaux de pierre, les bâties et les bourgs fortifiés.

Au début du Moyen âge, du Ve au IXe siècle, il existe des sites fortifiés sur les hauteurs.
Les connaissances à leur sujet sont encore modestes. Douze sites ont été identifiés avec certitude et un seul a bénéficié de fouilles archéologiques, celui de Larina à Hières sur Amby.

Juché sur des éperons rocheux ou des falaises, ces sites fortifiés ont leurs accès défendus par des abrupts naturels.

Ils sont souvent implantés dans des lieux stratégiques permettant le contrôle des voies d'accès.

Ils sont occupés par les élites issues de l'aristocratie gallo-romaine ou franque.

Un petit groupe de population s'y est installé et on y trouve souvent une église et un cimetière.

Pour la période du VIe au VIIIe siècle c'est le site archéologique de Larina, situé à Hières-sur-Amby en Isère, qui est présenté.
Il est perché sur un plateau dominant la vallée du Rhône, naturellement défendu par des falaises abruptes et par une enceinte qui prenait la forme d'une levée de terre.

Il fait partie du Parc naturel régional du Pilat et offre à la fois un panorama exceptionnel sur la vallée du Rhône et des vestiges archéologiques remarquables.

Fouillé de 1977 à 1995, c'est un site de référence pour l'archéologie de la période mérovingienne.

On y a découvert des traces d’occupation remontant à plus de 5000 ans, notamment des outils et des restes de structures attribués aux premiers agriculteurs et éleveurs du néolithique de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer.

On y trouve des vestiges de fermes gallo-romaines qui montrent que le plateau était exploité pour l’élevage et l’agriculture.

C'est au Haut Moyen Âge (Ve - IXe siècle) que le site atteint son apogée avec la construction d’un hameau fortifié, comprenant des maisons, des greniers et une église.

Ce grand domaine agricole, appelé villa était probablement, comme l'indique la qualité des objets trouvés, la propriété de riches aristocrates francs.

L'étude des ossements montre que les habitants étaient originaires du monde germanique et que certains étaient des guerriers.

Après des siècles d’occupation, le site a été progressivement abandonné au IXe et Xe siècles, probablement en raison de l’instabilité politique et des invasions.

Les fouilles sur le site ont permis d'identifier deux types d'occupation. Le premier est composé de bâtiments ruraux modestes construits en pans de bois sur une assise de galets (milieu du IVe siècle-fin du Ve siècle), le second d'un grand bâtiment d'habitations en pierre et toiture de lauze.

Il reste aussi un système défensif rudimentaire, montrant que la population cherchait à se protéger des raids et pillages.

Construit au début du VIe siècle, il est abandonné à la fin du VIIIe siècle, tout comme l'église et le cimetière.

Aujourd’hui, le site est un espace archéologique en plein air, où l’on peut observer les fondations des habitations en pierre et en bois datant du Haut Moyen Âge, une église et une nécropole mérovingienne (VIe - VIIIe siècle) où des sarcophages en pierre ont été découverts, des greniers surélevés et des enclos pour le bétail.
Restitution du grand bâtiment d'habitation du VIe siècle_Dessin aquarellé_Perrin Keller_Recherches : Patrick Porte_Collection musée dauphinois, département de l'Isère

Parmi les objets retrouvés, cette bague révèle le haut niveau social de son propriétaire. Il s'agit d'un travail d'orfèvrerie très raffiné, produit probablement dans le monde germanique.
Bague à corbeille pyramidale_or et aigue-marine, VIe VIIIe siècle

L'agrafe à double crochet sert à attacher les manteaux. Elle apparaît au Ve-VIe siècle et est utilisé jusqu'au XIe siècle.
Agrafe à double crochet_Bronze, fin du VIIe début VIIIe siècle

Agrafe à double crochet_bronze, VIIe siècle

Pour la période du XIe siècle on nous présente le site de Colletière à Charavines.

C'est un site archéologique majeur du Moyen Âge situé au bord du lac de Paladru. Il a été entièrement fouillé de 1972 à 2009.

Il était construit sur une légère éminence séparé de la rive que l'on franchissait par une passerelle.

Il correspond à un habitat fortifié, probablement construit vers 1000-1050, en pleine période de réorganisation féodale après l’effondrement de l’Empire carolingien.

Il était occupé par une petite communauté de chevaliers paysans et d’artisans, qui vivaient dans des maisons sur pilotis ou à même le sol, en bois.

Des vestiges en bois et en matériaux organiques ont pu être conservés de façon exceptionnelle grâce à l'immersion du site dans les eaux du lac.

Le site se composait de trois bâtiments de bois défendus par une haute palissade.

Le bâtiment central était, à en juger par la qualité de sa construction, le mobilier archéologique et les restes alimentaires trouvés lors des fouilles la demeure de la famille dominante, une famille de cavaliers armés.

Si la montée des eaux a provoqué l'abandon des trois habitats fortifiés, elle a aussi permis d'en conserver la trace. La fouille archéologique en plongée a permis de retrouver de nombreux objets, armes, outils et matériel de cavalerie, monnaies, jeux et instruments de musique.
Vue générale du site de Colletière à Charavines_Fouilles conduites par Michel Colardelle et Eric Verdel

A l'intérieur de la palissade, trois bâtiments étaient construits, le bâtiment central était celui de la famille principale, les deux autres étaient occupés par les familles aux ordres de la première. 
Celui de gauche servait d'annexe agricole avant d'être transformée en habitation. 
Le bâtiment de droite disposait d'un four à pain.

Du côté de l'entrée, à l'extérieur, une zone de stabulation étaient réservées aux animaux.
Restitution de l'habitat fortifié de Colletière_Recherches et dessins de Michel Paulin, 2024

L'arçon de selle est du même type que ceux retrouvés sur le site fortifié de Colletière, habité par les cavaliers armés.
Cavalier de l'apocalypse_Enluminure de la bible de l'abbaye de Saint Sever_Commentaires de l'apocalypse de St Jean, XIe siècle_BnF

Au Xe-XIe siècle, autour de l'an 1000, un nouveau type de fortification apparait : la motte.

C’est une butte de terre artificielle (ou naturelle renforcée), haute de 5 à 20 mètres, sur laquelle se trouvait une tour en bois ou en pierre.

Au pied de la motte, est aménagée une plateforme appelée basse-cour. C’est un espace entouré d’une palissade et servant de lieu de vie pour les habitants (artisans, paysans, soldats).

L'ensemble est entouré d'un fossé souvent rempli d’eau afin de renforcer la défense.

Une telle construction nécessite un savoir technique et une main d'oeuvre nombreuse.

Présente dans l'Europe entière, la motte n'a cependant été repérée en Isère que depuis les années 1970.

La construction des mottes répondait à un besoin de protection rapide car à l’époque féodale les seigneurs devaient défendre leurs terres contre les pillages et rivalités locales.

L’avantage c'est qu’une motte pouvait être construite en quelques semaines.

Elle était construite en un point stratégique, placée sur une hauteur ou près d’un passage clé (rivière, route), ce qui permettait de surveiller les environs.

Sa forme particulière, tour sur une butte entourée d'une enceinte et basse-cour réservée aux dépendances et aux activités domestiques, constitue un marqueur de pouvoir et de puissance et annonce l'organisation du château de pierre qui va lui succéder.
Dès le XIIe siècle, les mottes en bois ont été peu à peu remplacées par des châteaux en pierre.

Près de 160 sites ont pu être recensés mais pour beaucoup d'entre eux. des incertitudes demeurent en particulier sur leur période d'occupation.

 Les 160 sites incluent les mottes mais aussi d'autres types de fortifications : des sites perchés ressemblant à ceux de la période précédente, des sites de collines ou de plaines attestées par les archives.

Cette carte a été établie à partir d'informations issues des archives et des observations sur le terrain.
L'habitat du Châtelard ressemble beaucoup à celui observé sur le site de Colletière à Charavines.

La motte-enceinte du Châtelard à Chirens_Maquette_Réalisation : C Haudebourg, Recherches et fouilles : Chantal Mazard_Collection Musée Dauphinois, Département de l'Isère.

Le relevé en courbes de niveau d'un site fortifié permet de visualiser le relief, l'ampleur des pentes, l'organisation générale du site, et l'implantation des édifices s'il y en avait

Au Châtelard les courbes de niveau montrent que le sol intérieur du grand bâtiment n'était pas horizontal, ce qui imposait la présence de planchers. 
De la même manière, l'emplacement des trous de poteaux indique que l'habitation comportait trois nefs.
La présence d'un grand silo destiné à la conservation des grains et d'un foyer pour la cuisson des aliments, était situé à l'extérieur du bâtiment.
La motte enceinte du Châtelard de Chirens_Maquette_Réalisation V Haudebourg_Recherches et fouilles : Chantal Mazard_Collection Musée Dauphinois, Département de l'Isère

Fouillé de 1983 à 1988, le site du Châtelard à Chirens (Isère) constitue un exemple original de motte-enceinte.

La fortification était défendue par un large et profond fossé qui entourait un rempart de terre et de galets.

Celui-ci, plus élevé du côté d'où pouvait venir une attaque, formait une butte qui l'apparente à une motte.

A l'intérieur, la basse-cour était pratiquement entièrement occupée par un grand bâtiment d'habitation à structure en bois, aux murs en torchis et au toit de chaume ou de bardeaux.

les informations fournies par la fouille ainsi que les objets découverts sur le site, incitent à reconnaître dans ce grand édifice la résidence d'un ou plusieurs cavaliers armés et de leur famille.
La motte du Châtelard à Chirens_Service du patrimoine culturel, Département de l'Isère - On distingue ici le fossé d'enceinte

Les objets issus de la motte du Châtelard à Chirens, sont le résultats des fouilles conduites par Chantal Mazard. Ce matériel est composé essentiellement d'éléments de parure, d'équitation et d'armement. 
Il nous renseigne sur le niveau social des occupants. 
Il y a quelques objets relatifs à l'agriculture et à l'artisanat.
1_fragment de fer à cheval_fer_de nombreux fragments de fer à cheval ont été trouvés au Châtelard, témoignant de la fonction cavalière des habitants. 2_Bouclette d'éperon_fer_Cette bouclette servait pour la fixation de l'éperon sur la cheville du cavalier. 3_Poinçon ou alène_fer_objet utilisé pour percer des trous dans le cuir. 4_clé_fer_cette petite clé était probablement celle d'un coffre. 5_Poignée de coffret_fer_provient d'un mobilier domestique

6_épingle de parure_alliage cuivreux. 7_décor de coffret ou de couteau_os. 8_Perle côtelée_verre_d'origine gallo-romaine cette perle a été réutilisée par les habitants du Châtelard. Elle pouvait être montée en collier ou en pendeloque

9_Element de harnais_fer. 10_carreau d'arbalète-fer_l'usage de l'arbalète se développe au XI e siècle. Le carreau est la pointe métallique de la flèche dont le corps était en bois. 11_élément de nuquier_bronze_Ce morceau de cotte de mailles était accroché au casque pour protéger la nuque du guerrier

Houe_fer_placée à l'extrémité d'un manche en bois, la houe servait à de nombreux travaux agricoles ou pour effectuer des terrassements

Cette célèbre tapisserie illustre la conquête de l'Angleterre par Guillaume le conquérant, duc de Normandie. Certaines scènes font référence aux fortifications et notamment au mottes. De gauche à droite : l'abattage des arbres à la cognée, la construction d'une motte, la motte avec sa tour, son fossé et levée de terre.
Tapisserie de Bayeux, XIe siècle_Collection, musée de la tapisserie de Bayeux_Ministère de la culture, médiathèque du patrimoine et de la photographie

A partir du XIIe siècle, les mottes sont parfois abandonnées, parfois réutilisées pour élever un château.

La pierre devient le matériau privilégié pour améliorer la défense.
Entre le XIIe et le XIVe siècle on construit des châteaux forts en pierre moins vulnérables aux incendies et aux sièges que les mottes en bois.

Ces châteaux forts en pierre avaient plusieurs caractéristiques typiques. Ils possédaient un donjon c’est-à-dire une tour principale servant de dernier refuge, une enceinte fortifiée avec des murs épais et souvent crénelés, des douves c’est-à-dire des fossés remplis d'eau pour ralentir les assaillants, un pont-levis qui était un moyen d’accès contrôlé et des meurtrières et mâchicoulis pour défendre le château avec des projectiles.

Au fil du temps, notamment au XIVe siècle, certains châteaux commencent à allier fonction défensive et résidentielle, avec des aménagements plus confortables.

Le château fort est propriété du châtelain et est le siège politique et administratif d’un territoire appelé châtellenie ou mandement.

C’est aussi le lieu où sont perçues les redevances et où s’exerce la justice.

En Isère, dans une période de prospérité qui dure jusqu’à la peste noire en 1348, les seigneurs disposent de moyens suffisants pour faire construire des fortifications imposantes en pierre ou en brique dans la région de la Côte St André.

Du château dépendent les habitants de la châtellenie. Le territoire peut être modeste comme à Morêtel de Mailles en Grésivaudan qui comprenait trois paroisses, ou plus importante comme celle de Vizille.

La population versait de nombreux impôts et taxes au Seigneur qui en contrepartie devait lui assurer refuge et protection en cas d’attaque.

Une châtellenie dans la vallée de la Varaita (affluent du PÔ, sur le versant italien des Alpes)_Château Dauphin au 15e siècle, Dauphiné.
En bas à gauche se dresse le château dont on distingue une tour ronde élevée, coiffée d'un toit en éteignoir et surmontée d'une tourelle de guet. Sur les pentes, l'alternance de couleurs matérialise les terres de labours (taches brunes), les prés (taches vertes), les seigles ou orges (taches jaunes) à proximité des villages. Plus haut, les murettes des "jasses", les parcs à moutons rappellent l'importance de l'élevage ovin dans cette vallée_Plan colorié sur parchemin, 100*70 cm_Archives Départementales de l'Isère

Le château de Bressieux, dominant la vallée de la Bièvre, est un château médiéval en ruines qui date du XIIIe siècle. Il a été construit en brique rouge, ce qui est assez rare pour l'époque, car la plupart des châteaux forts étaient en pierre.

Le château de Bressieux_Emmanuel Breteau_Service du patrimoine culturel, Département de l'Isère. L'enceinte du château de Bressieux relie le haut donjon circulaire (à gauche) aux deux tours de châtelet d'entrée (à droite). Accessible par une porte placée au premier étage, le donjon pouvait servir de refuge en cas d'attaque.

Le château de Bressieux_Peinture sur toile-Antoine Merle, 1907_Collection Musée dauphinois, Département de l'Isère

Il a été construit par la famille de Bressieux, une lignée noble importante du Dauphiné.

Il a perdu son importance au fil des siècles et a été progressivement abandonné à partir du XVIIe siècle.

Il est aujourd'hui en ruines mais reste un site historique intéressant et accessible au public.

Il est entouré d'un rempart de forme rectangulaire, comporte quatre tours rondes aux angles, dont certaines encore partiellement debout.

Le donjon circulaire qui reste l’élément central du site est bien conservé et date de 1276. Il n’est pas situé au centre la cour mais en avancée sur le rempart,

Nous pouvons encore voir des traces de fenêtres à meneaux et des restes des anciens logements seigneuriaux.

Les Bressieux apparaissent dans les actes dès le XIe siècle. Le premier membre de la famille à porter le nom est Adhémar entre 1070 et 1076. 

La lignée se termine vers 1400 sans héritier mâle. Une des filles, Alix de Bressieux apporte alors la seigneurie à son mari, Guillaume de Grolée. 

Vers 1450, leur descendant s'allie avec Béatrix de Mévouillon. Ces différents alliances expliquent la présence des armoiries des trois familles sur ce bloc sculptée trouvé lors de fouilles.

La famille de Bressieux était une grande famille indépendante qui ne dépendait d’aucun autre seigneur.

Pierre sculptée armoriée de la famille Grolée Bressieux Mévouillon_Pierre calcaire, fin XVe, début XVIe siècle_Collection Musée dauphinois, Département de l'Isère_dépôt au musée Bressieux.


Le Plan du RDC du château de Bressieux_Dessin Pierre-Yves Caron_Recherches, Yvonne Harlé-Sambet_Service du patrimoine culturel, département de l'Isère

En haut : évolution du châtelet d'entrée (porte principale du château)_restitution, Pierre-Yves Caron_Recherches, Yvonne Harlé-Sambet, Raymond Moyroud_Service du patrimoine culturel, département de l'Isère.
En bas, chemin de ronde du château de Bressieux, Recherches, Yvonne Harlé-Sambet, Raymond Moyroud_Service du patrimoine culturel, département de l'Isère.

Une description du château datée de 1721 a permis de connaître la fonction de chacun des bâtiments dégagés par la fouille.
Adossés au mur d'enceinte et dégageant une grande cour de 400m2, les bâtiments étaient organisés en trois ailes, le logis central abritait salles, chapelle et chambres, 
 dans les ailes latérales étaient répartis la cuisine, les celliers, les resserres, les caves et les fours 

L'étude architecturale a permis de distinguer trois grandes étapes de construction. Les deux tours crénelées qui entourent le passage ont d'abord été surélevées et dotées d'un hourd (échafaudage) en bois, lequel a été remplacé dans un troisième temps par un machicoulis en briques.

Pour le chemin de ronde, de simples échelles permettaient de passer d'un niveau à l'autre pour circuler. Les tours du châtelet d'entrée (à gauche) sont dites "ouvertes à la gorge", c'est à dire qu'elles ne sont pas fermées du côté de la cour, de telles sorte que les assaillants ne pouvaient s'y retrancher.



 Cette miniature évoque la société féodale et son système hiérarchique.
Dans la partie supérieure figurent les plus puissants : le pape à gauche, le roi à droite. Dans la partie inférieure : le seigneur et la noblesse à gauche et les paysans et ceux qui travaillent à droite. Des rapports de dépendances complexes unissent les plus démunis aux seigneurs laïcs ou religieux qui possèdent la terre. clergé, la noblesse et les paysans_enluminure, manuscrit Des cas des nobles hommes et femmes_XVe siècle_BnF

Le site de Bressieux a bénéficié de neuf années de fouilles. 
Le mobilier archéologiques trouvés évoque la vie quotidienne dans un château. 
Les ustensiles de cuisine ou de table côtoient les objets de parures et d'atours. 
Tous ne sont pas luxueux car dans cette forteresse cohabitaient le seigneur et ses chevaliers, hommes d'armes à cheval qui l'entourent et le protègent, mais aussi un certains nombre de dépendants, artisans et domestiques.

Clés, fer XIVe-XVe siècle_Serrures,métal, XVe XVIe siècle_Objets issus des fouilles du site du château de Bressieux_Fouilles conduites par Yvonne Harlé-Sambet et Raymond Moyroud_Collection Musée dauphinois, Département de l'Isère_dépôt au musée Bressieux.

 N° 3 : Agrafe de ceinture, cuivre et or, XVe siècle ?
N° 4 : bague, alliage métallique indéterminé, XVe siècle
N° 5 : Pièces de jeu d'échecs (cavalier, roi ou reine, tour, andouiller de cervidé, XIIIe siècle. Au Moyen Âge le jeu d'échecs est réservé à l'élite noble. Les premières pièces de jeu connues en occident ont été trouvé sur des sites du XIe siècle, dont celui de Colletière à Charavines

Le château de Beauvoir-en-Royans, situé dans la commune éponyme en Isère, est un ancien château fort du XIIIᵉ siècle.

De 1258 à 1350, avant que le Dauphiné ne soit rattaché au royaume de France, Beauvoir était une des résidences favorites des trois derniers dauphins.

Humbert II, dernier Dauphin du Viennois, a fait édifier ce château somptueux, surnommé le "Versailles du Dauphiné". Il aurait compté jusqu'à 1 000 fenêtres et abrité plus de 2 000 personnes.

A partir de Jean II (1307-1319), les dauphins séjournent régulièrement à Beauvoir.

Portrait du dauphin Jean II et de Beatrix de Hongrie son épouse_Dessin au crayon pour illustrer l'album du Dauphiné, Alexandre Debelle_Collection Bibliothèque Municipale de Grenoble.

De gauche à droite : Denier de billon, Jean II dauphin de Viennois (1307-1319_ Florin or, Guigues VIII, dauphin de Viennois (1319-1333)_ Florin or, d'Humbert II, dauphin de Viennois (1333-1349)_Monnaies delphinales_Collection Bibliothèque Municipale de Grenoble.

Parmi les dauphins, Humbert II accorde au château des sommes considérables. De 1335 à 1342, il fait réaliser des aménagements conséquents dont la construction de vingt arcades "le long du mur de la grande galerie et sur la place"

Le château offrait une vue imprenable sur la vallée de l'Isère et les falaises du Vercors.

Après la cession du Dauphiné à la France en 1349, le château a été progressivement abandonné et est tombé en ruine.

La cession du Dauphiné à la France en 1349_Peinture sur toile (esquisse)_Alexandre Debelle, 1849_Collection Musée Dauphinois, Département de l'Isère

  Du prestigieux et monumental château de Beauvoir où les dauphins aimaient réunir leur cour, il ne reste en 1842 que ces quelques ruines. 

Les textes anciens mentionnent la présence de quatre tours d'enceinte, deux ou trois grandes salles d'apparat, des bâtiments annexes reliés par des galeries en bois.

Aujourd'hui, les vestiges incluent des parties du mur d'enceinte, le donjon, la grande chapelle delphinale, le pont de pierre donnant accès au verger du prince et les portes et enceinte du bourg attenant.

Ruines du château de Beauvoir en Royans_Peinture sur toile, Jean-Alexis Achard, 1842_Collection Muée de Grenoble, Ville de Grenoble

Les ruines sont classées au titre des monuments historiques depuis 1927.

De plan presque carré, le donjon avait cinq niveaux. Les deux du bas, accessibles par des trappes et des échelles abritaient probablement les réserves, les deux suivants des pièces d'habitation comme le montre la présence de fenêtres, placards, latrines.

Sous la toiture, les combles avec des baies carrées évoquent un crénelage.
Donjon_Dessin en vue éclatée, Pierre-Yves carron-Recherches, Anouk Clavier_Service du Patrimoine culturel, département de l'Isère

Guiron devant le château de Calinan_Enluminure, manuscrit Guiron le Courtois_1380-1390_BnF

L'exposition continue avec les bâties , des forteresses dans la guerre. 
Les recherches effectuées par Anouk Clavier, et jean Pierre Moyne ont recensé cinquante deux sites en Isère.

Les bâties et les forteresses ont joué un rôle crucial dans l’histoire de la guerre, notamment au Moyen Âge.

Le terme bâtie désigne généralement une fortification temporaire ou un avant-poste construit rapidement dans un contexte militaire. 

Elles étaient souvent en bois et servaient de points de contrôle sur un territoire, notamment pendant des campagnes de conquête ou pour protéger une frontière.

Les forteresses, quant à elles, étaient des constructions solides et permanentes, souvent en pierre, destinées à résister aux assauts ennemis. Elles pouvaient être des châteaux forts, des citadelles ou des bastions.

Protégées par des murs épais, des tours, des douves elles avaient un rôle défensifs et étaient conçues pour résister aux attaques.

Elles avaient aussi un rôle offensif et servaient aussi de base d’opérations pour mener des raids ou des sièges contre des ennemis.

Entre 1282 et 1355, les deux Etats voisins du Dauphiné et de la Savoie connaissaient des conflits répétés.

Les deux principautés avaient leurs territoires enchevêtrés à plusieurs endroits : la Côte St André et Voiron sont savoyard. Tout proche, St Etienne de St Geoirs, Voreppe et Moirans appartiennent au Dauphiné.

 La guerre est souvent rallumée,  aussi, les princes font fortifier bourgs et villages et commandent la construction de châteaux parfois accompagnés de bourgs nouveaux ou la construction de fortifications secondaires appelées bâties (bastida en latin).

Une bâtie est constituée d’un tertre quadrangulaire entouré d’un fossé profond, où sont construits des bâtiments en bois ou en pierre.
Les occupants sont essentiellement des hommes d’armes.

En cas de menace ennemie, des renforts y sont envoyés depuis les châtellenies voisines.

C'est le traité de Paris de 1355 qui met fin à ces guerres d’usure et de pillages.

Scènes de bataille_Enluminures, manuscrit Grandes Chronique de France jusqu'à l'avènement du roi Jean XIVe siècle_Bibliothèque Municipale de Grenoble

Bataille de Cassel en 1325__Enluminures, manuscrit Grandes Chronique de France de Charles V, XIVe siècle_Bibliothèque Municipale de Grenoble

Le château de La Perrière, situé à Saint-Julien-de-Ratz en Isère, est un ancien château fort édifié au XIIIᵉ siècle par les comtes de Savoie.

Il occupait une position stratégique sur une colline culminant à 764 mètres d'altitude, surveillant ainsi le passage entre Voreppe et Saint-Laurent-du-Pont.

Cette forteresse, dotée de quatre tours, faisait partie des places frontières des comtes de Savoie, aux côtés du vieux château de Voiron et du fort de Saint-Denis de Tolvon.

Site de La Perrière à Saint Julien de Ratz (La Sure en Chartreuse)_Service du patrimoine culturel, Département de l'Isère_On devine ici le fossé d'enceinte
Site de la Perrière à Saint Julien de Ratz_relevé de courbes de niveau, Pierre-Yves Carron_Recherches Jean-Pierre Moyne_Service du patrimoine culturel, Département de l'Isère. Le site est installé sur une crête protégé par deux fossé successifs que sépare une levée de terre.

Une tour ronde et un bâtiment sont seuls identifiables sur le site abandonné depuis longtemps.

Cette gravure est une représentation d'imagination du site. 
Les armures des assaillants sont celles du XVe siècle. Le texte dit : "Coment les dauphinens cuyderent escheller la perryere et que le dauphin y mourust." (Comment les français voulurent assaillir au moyen d'échelle La Perrière et comment le dauphin y mourut).
La mort du dauphin Guigues VIII au siège de la Perrière (1333)_Gravure tirée de l'ouvrage de Frédéric Emmanuel Bollati, Geste et chronique de la maison de Savoye par jean Servion (XVe siècle), Turin, 1879

Au début de l'été1333, le Comte de Savoie Amédée V s'est emparé du château de Paladru, possession des Clermont et alliés du Dauphin Guigues VIII.

Buste de Guigues VIII_Albâtre, début du XVIe siècle_Collection département de l'Isère

Guigues VIII, décide une opération de représailles, mais trouve la mort lors de l'assaut du château de La Perrière.

La légende raconte qu'il a rendu l'âme dans une grange proche du lieu de l'assaut, qui a été par la suite transformée en pavillon de chasse au XIVᵉ siècle.

Aujourd'hui c'est une propriété privée qui abrite un centre de pneumologie.

Les châteaux à la différence des forteresses sont souvent accompagnés par un habitat pour les nobles et les paysans. 

L'habitat se développe dans la basse-cour ou à l'extérieur, en contrebas. 

Le village est protégé par des murailles d'enceintes. Les habitants qui bénéficient d'avantages grâce aux chartes de franchises, en assurent la garde par quartier.

On distingue deux types de villages fortifiés : installé au pied du château qui le domine, le village est relié à celui-ci par de grandes longueurs de murailles qui descendent droit vers la plaine. C'est le cas de Voiron et Châtonnay.

Ou alors, les fortifications du bourg et celles du château constituent un ensemble, une ligne de défensive unifiée comme Beauvoir ou Quirieu.

La peste de 1348 porte un coup d'arrêt à ce développement.

Crémieu est un petit bourg qui s'est développé du XIIIe au XVe siècle dont l'aspect médiéval est bien conservé : maisons anciennes parfois avec boutiques, église des ermites augustins avec son décor d'origine, halle datée de 1433 est un vaste marché couvert en pierre et en bois. 

L'enceinte ouverte de plusieurs portes, défendues par des tours en avancée évoque son caractère fortifié.

La ville s'étend en deux points. Le point haut avec le château delphinal et le premier bourg étagé dans la pente avec un prieuré bénédictin fondé en 1317.

 Plus bas, une ville neuve aux ruelles pavées perpendiculaires créés par le dauphin Jean II après 1315, protégé par une enceinte et un fossé en eau.

Aujourd'hui encore Crémieu accueille chaque année en septembre, la grande fête médiévale avec costumes, animations et spectacles.

La cité de Crémieu au pied du château delphinal_Musée de l'Ancien évêché, Département de l'Isère. Sur cette photo on distingue bien en partie basse, la ligne droite que forment les maisons adossées au rempart que longeait le fossé en eau. Le clocher de l'église dressé sur le mur d'enceinte pouvait servir à la défense. A l'arrière les vestiges du château delphinal dominent une pente aujourd'hui sans bâtiments où s'étendait le premier bourg.

La charte de franchises fixe les droits et privilèges es habitants de la ville. Elle définit les pouvoirs du châtelain, représentant du dauphin, en matière de taxes et de police et ceux des syndics qui administrent la communauté.

Extrait de la charte de franchises de Crémieu_Original sur parchemin, 1315_Archives départementales de l'Isère_Transcription ; Anouk Clavier et Jean-Pierre Moyne à partir de l'article de R Delachenal "Charte Communale de Crémieu" Bulletin de l'Académie delphinale, 1885

Nobles dans un jardin_Enluminure, Parchemin Regnault de Montauban, XVe siècle_BnF_Département de l'Arsenal

A partir de 1250, les textes d'archives mentionnent un nouveau type de fortifications où résident des nobles. Elles sont appelées "maisons fortes, "forteresses" ou "tours".

Ce sont des édifices à mi-chemin entre le château fort et la demeure seigneuriale. Elles servaient à la fois d’habitation et de défense pour les petites seigneuries locales. On les retrouve principalement dans les campagnes et les zones vallonnées de l’Isère.

Leurs architectures sont simples mais robustes, souvent construites en pierre avec des murs épais. Elles avaient peu d’ouvertures et une tour carrée ou rectangulaire.

Elles ont des éléments défensifs comme des fossés, des murs d’enceinte, des mâchicoulis ou des meurtrières.

Elles étaient habitées par la petite noblesse locale ou les notables, parfois alliés aux grandes seigneuries et sont souvent situées sur des hauteurs ou à proximité de routes importantes pour contrôler un territoire et dans la campagne, au centre d'un domaine agricole qui lui procurait un revenu.

En 1329, une enquête qui dresse un état des terres du Dauphin, les recense. A titre d'exemple sur le territoire de la Tour du Pin qui compte 14 paroisses se trouvent quarante-deux maisons fortes.

Il en existe aussi autour de certains châteaux. Les châteaux de Vizille et de Theys en abritent entre trois et six.

Ces bâtisses ne sont pas aussi imposantes que les grands châteaux, mais elles offrent un témoignage fascinant sur la vie seigneuriale en Dauphiné. Certaines ont été transformées en habitations privées ou en sites touristiques.

Quelques exemples de maisons fortes en Isère :

La tour du Treuil à Allevard est une massive tour de plan carré de 18 mètres de hauteur et de 8 mètres de côté, avec des murs épais de 1,5 mètre à la base.
 Elle a conservé ses trois niveaux de planchers d'origine et sa charpente à quatre pans avec une toiture en lauzes. 
À l'origine, seules les parties supérieures étaient pourvues de fenêtres, et l'accès aux différents niveaux se faisait par un escalier situé dans l'épaisseur des murs.

Les prélèvements sur les poutres pour la dendrochronologie faite en 1994, les datent de 1352.

Un acte de partage entre Félix et Marc de Crouy mentionne « actum in turre Trollii» (rédigé ou signé dans la tour du Treuil), indiquant l'existence de la tour à cette époque.

 En 1316, Jean II de Viennois inféode la moitié de la tour à « noble Pierre Barral » d'Allevard contre la somme de 100 livres et un cens annuel de 5 sols. 

Aujourd'hui, la Tour du Treuil est une propriété privée restaurée et n'est pas ouverte au public, 
La tour du Treuil, Allevard_Musée dauphinois, Département de l'Isère

Relevé, Pierre-Yves Carron_Recherches, Anouk Clavier_Service du patrimoine culturel, département de l'Isère_Escalier dans l'épaisseur du mur, niveau de combles imitant un crénelage avec ses ouvertures sous toiture la tour du treuil possède encore quasiment tous ses aménagements médiévaux

Le château de Murat-Lestang est une ancienne forteresse qui a connu au fil des siècles, de nombreuses transformations architecturales.

D’après les archives il a été construits entre 1394 et 1413. Ses tours d’angles, rondes et basses surveillaient et protégeaient le bac qui traversait le Rhône.

A l'origine, le château appartenait aux comtes de Roussillon. En 1512, par le mariage de Marguerite de Roussillon avec Aymar de Murat de Lestang, la propriété passe à la famille de Murat de Lestang.

La famille de Murat de Lestang a marqué l'histoire du château pendant plusieurs siècles.

Château Murat de Lestang, Sablons

Aujourd'hui, bien que le château ne soit plus dans son état d'origine, certaines structures subsistent qui témoignent de son passé historique. 

Le château de Bon Repos est une ancienne maison forte, édifiée au XVe siècle aux alentours de 1450 par Guillaume Armuet.

C'est un bâtiment massif avec des tours d'angles circulaires.

De 1673 à 1811 il a été la propriété de la famille d'Auberjon de Murinais. Il a ensuite été acquis par Jules Jouvin (gantier grenoblois) en 1874.

 Le château a subi de graves dégradations, notamment avec la chute du toit en 1917.

La commune de Jarrie a racheté le château aux descendants de la famille Jouvin en 1976.

Une association est créée en 1978 pour sa restauration et son animation. 

Il a été remanié aux XVIIe et XIXe siècles. Les vestiges de l'enceinte datent des XIIe et XIIIe siècles. Le château est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 8 octobre 1986.

Il présente un haut logis rectangulaire flanqué de quatre tourelles d'angle. Il comprend également une chapelle castrale de style gothique qui date du XVe siècle.

L'extérieur du château est accessible en permanence. 

Château du Bon Repos à Jarrie_Relevé, Pierre-Yves Carron d'après Bruno Virot_Recherches, Anouk Clavier et Cécile Randon_Service du patrimoine culturel, département de l'Isère

Des visites gratuites, libres ou commentées, sont proposées le troisième dimanche de chaque mois.

La Maison forte de Montagnieu située à Soleymieu a été édifiée au XIVᵉ siècle, elle a traversé les époques en subissant diverses transformations architecturales.

Cette maison est mentionnée pour la premières fois en 1347, avec Henri de Montagnieu comme seigneur. 

Au fil des siècles, la propriété passe entre les mains de plusieurs familles nobles, dont les La Poype au XVᵉ siècle. (La famille de La Poype est une ancienne famille noble dont la filiation remonte au XIIᵉ siècle. Elle a joué un rôle notable dans l'histoire régionale et nationale, elle est au service du Roi de France à partir de la guerre de Cent Ans.)

Au XVIIIᵉ siècle, des modifications notables sont apportées, notamment l'ajout d'un four daté de 1734 accolé à la façade. 

Le mur d'enceinte est partiellement démoli pour permettre la construction de pavillons, et une nouvelle clôture est érigée en 1778. 

Au début du XXᵉ siècle, la famille Camel de Montgolfier entreprend des aménagements intérieurs, dont la grande salle du premier étage décorée dans un style médiéval.

La bâtisse principale est de forme rectangulaire, flanquée d'une tour carrée en saillie sur la façade sud, abritant un escalier en colimaçon desservant les trois étages.

Les murs sont construits en moellons de calcaire, et la toiture est couverte de dalles de calcaire. Un cadran solaire du XVIIIᵉ siècle orne également la façade méridionale. 

Les façades et la toiture sont inscrites à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis le 18 octobre 1979.

Depuis 1976, la Maison forte de Montagnieu est la propriété de la Communauté du Chemin Neuf, une communauté chrétienne. 

Elle est utilisée comme maison d'accueil spirituel, proposant des retraites et des sessions de guérison intérieure. Des bâtiments modernes ont été ajoutés pour accueillir les visiteurs, et l'ancienne grange a été restaurée en chapelle.

Maison forte de Montagnieu, Soleymieu_Eric dessert et jean Michel Refflé, 1996_Inventaire Général du patrimoine culturel, Région Rhône Alpes Auvergne

Le Château Vieux de Vertrieu a été construit au XIIIᵉ siècle, probablement vers 1230, et avait pour objectif le contrôle du passage entre la Savoie et l'Isle Crémieu. 

Il servait donc de forteresse militaire, et sa position sur une colline escarpée lui permettait d'avoir une vue imprenable sur les alentours, notamment sur le Rhône.

Au fil des siècles, le château subit des modifications et restaurations. 

Au XVIᵉ siècle, il a été partiellement abandonné, au XIXᵉ siècle, des restaurations ont été effectuées notamment sur le corps de garde de la bassecour. Le château conserve malgré tout, son aspect de ruines.

Il est classé monument historique, et est ouvert au public lors des Journées du Patrimoine.

Chateauvieux, Vertrieu_Service de patrimoine culturel, Département de l'Isère

La construction de la tour d’Arces sur la commune de St Ismier est attribuée à Louis d'Arces (1160-1242), seigneur de la Tour d'Arces, au début du XIIIᵉ siècle. Elle servait de fortification avancée pour surveiller la vallée et protéger les possessions de la famille d'Arces.

La tour présente un plan quadrangulaire avec des murs épais de 1,5 à 2 mètres à la base. Elle est répartie sur trois niveaux, dont un souterrain, et était dotée de fenêtres étroites pour la défense. Il u avait également une chapelle dédiée à Sainte Catherine.

 Après la famille d'Arces, la tour est passée entre les mains de plusieurs propriétaires, dont Paul Aymon de Franquières en 1640 (notable du XVIIᵉ siècle), et François Berlioz en 1794.

En 2020, le propriétaire en fait don à la commune de Saint-Ismier.

La Tour d'Arces est en ruines, mais elle reste un témoignage important du patrimoine médiéval de la région. Elle est accessible au public via un chemin forestier et est ouverte lors des Journées du Patrimoine. 

Des travaux de restauration ont été entrepris pour préserver et valoriser le site.
Tour d'Arces, Saint Ismier

Tour d'Arces, Saint Ismier_Relevé laser 3D, Catherine Pichat, société ATFF_Sercice du Patrimoine culturel, département de l'Isère. Le relevé en trois dimensions permet de bien visualiser le modelé du site, avec la tous posée sur son tertre chemisé par un mur de soutènement et les terrasses en contrebas.

Tour d'Arces, St Ismier_Relevé pierre à pierre, Pierre-Yves Carron_Recherches, Chantal Mazard_Service du Patrimoine culturel, Département de l'Isère. Ce relevé montre que la maçonnerie a été construite en une seule campagne de construction. Les petits moellons en calcaire du mur sont remplacés, aux angles, par des blocs plus monumentaux qui assurent la stabilité de l'édifice.

La tour d'Étapes, située au Versoud est une ancienne maison forte médiévale datant du XIIIᵉ siècle, voire de la fin du XIIᵉ siècle.  Des datations réalisées sur des poutres permettent de situer sa construction à 1269.

Elle a été construite par la famille de Commiers, qui la tenait en fief des Comtes de Genève.  

En 1290, Rodolphe de Commiers rend hommage aux Comtes de Genève et y est adoubé chevalier.

La tour présente une structure carrée de 9 mètres de côté et s'élève à 12,5 mètres.

Des études archéologiques ont confirmé sa construction homogène autour de 1269.

Au fil des siècles, la tour a subi des dégradations, mais des efforts de restauration ont été entrepris. 

En 2019, elle a été labellisée "Patrimoine en Isère".

 Les travaux de rénovation se sont poursuivis, et en mai 2024, la commune du Versoud a célébré la fin des travaux.

La tour d'Etapes, Le Versoud_Service du Patrimoine culturel, Département de l'Isère
Tour d'Etapes, le Versoud_Relevés et recherche, Cécile Randon. L'étude archéologique a permis de restituer quatre niveaux dont, trois étages sur plancher. Le rez de chaussée et le premier étaient accessibles depuis l'extérieur : une porte au niveau du sol et une porte haute. Les autres étages devaient être servies par des échelles intérieures.

Aujourd'hui, elle  est accessible au public. Un chemin aménagé permet d'y accéder facilement, et un escalier en bois intérieur conduit aux étages, offrant une vue panoramique sur la vallée du Grésivaudan. 

Le Château du Carre, aussi appelé "maison forte Le Berlioz", est situé dans la commune de La Terrasse. 
Édifié au XIVᵉ siècle, il présente une architecture typique des maisons fortes de l'époque, avec une cour centrale entourée de quatre ailes habitables.

Au XVe siècle, des tours rondes ont été ajoutées pour renforcer sa structure défensive.

Au XVIIᵉ siècle, le propriétaire de l'époque, Antoine de Chaulmes, a entrepris des modifications qui ont atténué l'aspect militaire du château, notamment en supprimant les murs d'enceinte reliant les tours. 

Le château et ses terrasses sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 2 janvier 1995.

Au XIXᵉ siècle, le château a été partagé entre plusieurs copropriétaires avant d'être acquis en 1927 par Henri Fabre, célèbre pour avoir construit le premier hydravion au monde.

Depuis quelques années, ses descendants ont entrepris des travaux de restauration pour préserver ce patrimoine familial. 

Château du Carre, La Terrasse_Sercice du Patrimoine culturel, Département de l'Isère

Bien que le château soit une propriété privée, il est possible de visiter les extérieurs lors des Journées du Patrimoine. 

La Maison forte de Brotel, également connue sous le nom de "Nid d'Aigle de Botrel", est une ancienne forteresse située à Saint-Baudille-de-la-Tour, sur un site vertigineux.

Édifiée au XIIIᵉ siècle, elle se dresse au sommet d'un éperon rocheux perché sur un piton rocheux des falaises de l'Isle Crémieu, dominant le Val d'Amby, offrant une position stratégique pour surveiller l'unique accès menant au château.

L'histoire de cette résidence débute en 1247, lorsque la famille Laure rend hommage pour la seigneurie de Brotel.

Au XVIᵉ siècle, la maison forte subit des remaniements, se composant alors d'un logis principal à l'est, protégé par une terrasse à deux niveaux et deux portes fortifiées assurant l'accès à la cour.

Au XXᵉ siècle, la Maison forte de Brotel devient la résidence d'Édouard Herriot, homme politique français et ancien maire de Lyon, qui choisit ce lieu pour passer la fin de sa vie.

Maison forte de Brotel, Saint Baudille de la Tour_Eric Dessert, jean-Marie Refflé_Inventaire général du Patrimoine culturel, Région Rhône Alpes

Des reconstitutions médiévales sont occasionnellement organisées sur ce site, permettant aux visiteurs de découvrir ce patrimoine historique. 

La tour Saint-Cierge est une structure médiévale située à l'entrée nord de la ville de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs. Cette tour carrée, s'élève sur quatre niveaux. 

Elle a gardé bon nombre de ses aménagements d'origine,  portes, fenêtres, poutres, placard mural, traces d'escalier intérieur. 

Elle a la particularité de se trouver à l'intérieur de la ville neuve de St Etienne de St Geoirs, fondée en 1304 par le Dauphin.

Elle est un exemple rare de l'architecture défensive urbaine du Moyen Âge. Elle fait partie d'un ensemble bâti comprenant également une extension en "L" datant du XVIIᵉ siècle, remaniée au XIXᵉ siècle.

Agrandie par la famille de Boniface au milieu du XVIᵉ siècle, la propriété appartient depuis 1779 à la famille Veyron La Croix. 

Tour Saint Cierge, St Etienne de St Geoirs_Service de patrimoine culturel, Département de l'Isère

Cet ensemble est remarquable par l'harmonie de ses proportions. 

La Maison forte des Allinges est une ancienne demeure fortifiée du XIVᵉ siècle, située à Saint-Quentin-Fallavier

L’édifice est construit sur un plan régulier, quadrilatère de vingt sept mètres de côté cantonné de deux tours carrées légèrement saillantes.

Le donjon résidentiel haut de quatorze mètre est une tour pigeonnier.

 Édifiée entre 1355 et 1369 par Guillaume de Septème, a été ensuite transmise à sa fille Jeanne, épouse de Louis Lambert.

 La propriété est restée dans la famille Lambert jusqu'en 1561, date à laquelle elle passe, par mariage, à la famille de Solignac.

Cette construction homogène du XIVᵉ siècle, remaniée au XVᵉ siècle pour plus de confort, est dominée par un donjon et un pigeonnier, constituant un ensemble fortifié remarquable.

Maison forte des Allinges, St Quentin Fallavier_Service du patrimoine culturel, Département de l'Isère

Restauré par la commune de Saint Quentin Fallavier, elle abrite un centre culturel et a bénéficié de fouilles archéologiques en 2022.

Un château ou une maison forte n'est pas seulement un édifice défensif mais aussi un lieu d'habitation.

 Les fenêtres sont pourvues de coussièges c'est à dire de petits bans de pierre logés dans l'épaisseur des murs, les cheminées sont agrémentées de tablettes pour poser les lampes à huile.

 Ils sont pourvus de poêles et fourneaux, de latrines isolées et fermées de ventaux, des niches à lampe, des placards muraux, des lavabos et éviers.
Un espace est réservé à la pratique religieuse, cela va d'un simple oratoire à une chapelle.

Les décors agrémentent les murs et les plafonds, les sols sont revêtus de carreaux de terre cuite.

La Maison forte des Loives est une ancienne maison forte située sur la commune de Roybon.

Édifiée entre le XIIIᵉ et le XVIIIᵉ siècle, elle se compose d'un vaste ensemble de bâtiments juxtaposés, témoignant de plusieurs phases de construction.

Initialement, cette maison forte était une dépendance agricole de l'Ordre des Antonins, dont la maison mère se trouvait à Saint-Antoine-de-Viennois. On y cultivait du blé, de l'avoine, et on y élevait des volailles et des bovins. On y produisait aussi du beurre pour subvenir aux besoins de la communauté et des hôpitaux.

Au XIVᵉ siècle, sous l'impulsion de l'abbé de Lobet, la Maison des Loives a été partiellement aménagée pour servir de lieu de négociation diplomatique entre seigneurs dauphinois et savoyards, œuvrant ainsi en faveur de la paix dans la région.

Vue extérieure_Yves Bobin, Service du Patrimoine Culturel, Département de l'Isère
_La maison forte des Loives se présente comme une juxtaposition de bâtiments construits en majeure partie au XIVe siècle. A gauche, le haut donjon.

Le long d'un mur d'enceinte crénelé ont été adossés, vers 1340, un haut donjon et un vaste bâtiment en longueur. 

L'étage du bâtiment était occupé par une vaste salle de réception de 110m2 au décor remarquable. Sa réalisation a été datée entre 1344 et 1349.

La vaste salle de quinze mètres sur sept conserve une impressionnante série de peintures murales datant du XIVᵉ siècle, représentant notamment 39 blasons des premières familles nobles du Dauphiné et des scènes de tournois illustrant les conflits de l'époque entre le Dauphiné et la Savoie.

Charpente et décor de l'aula_Reconstitution, Pierre -Yves Carron_Recherches, Chantal Mazard_Service du patrimoine Culturel, Département de l'Isère

La haute tour quadrangulaire de vingt mètres de haut s’élève sur cinq niveaux, dont les trois premiers portent encore des peintures, décors géométriques pour le rez de chaussée qui devait servir de salle de garde ou de cellier. Dans les deux étages suivants le décor est composé de draperie et de décors géométriques.

Le donjon de la maison forte des Loives-Reconstitution, Pierre-Yves Carron_Recherches Chantal Mazard_Service Pu Patrimoine Culturel, Département de l'Isère. 

Aujourd'hui, la Maison forte des Loives est une propriété privée et ne se visite pas.

Pour sa dernière étape, l’exposition présente une vidéo qui conte l’histoire du chevalier Perceval et sa quête du graal qui se passe dans la grande salle du Châtel de Theys.

Voici l'histoire : Perceval est souvent présenté comme un jeune homme naïf, élevé loin du monde chevaleresque par sa mère, qui voulait le protéger des dangers de la chevalerie. Mais un jour, il croise des chevaliers et, fasciné, décide de rejoindre la cour du roi Arthur.

Il devient un chevalier talentueux mais encore inexpérimenté. Son destin bascule lorsqu'il arrive au château du Roi Pêcheur, un souverain mystérieusement blessé. Là, il assiste à une procession où apparaît un objet sacré : le Graal. Perceval, trop respectueux ou naïf, ne pose pas de questions sur cet artefact et sur la souffrance du Roi Pêcheur. Ce silence est une grave erreur, car s’il avait posé la bonne question, il aurait pu guérir le roi et restaurer son royaume.

Après avoir compris son erreur, Perceval se lance dans une quête du Graal. Selon les différentes versions de la légende, il devient un chevalier plus sage et pieux, trouvant enfin le Graal et accomplissant sa destinée.






Le Châtel de Theys, situé à 650 mètres d'altitude sur les contreforts du massif des Sept Laux, dans la commune de Theys en Isère offre une vue imprenable sur la vallée de l'Isère.

C'est une maison forte attestée au début du XIIᵉ siècle classée monument historique depuis 1993, principalement en raison de sa grande salle de réception ornée d'un décor peint exceptionnel de 150 m², illustrant l'histoire du chevalier Perceval et sa quête du Graal.

Elle a appartenu au Comte de Genève qui possédait une tour dressée sur une haute motte. Dans la bassecour s'élevaient plusieurs maisons nobles dont une seule subsiste aujourd'hui, appelée le châtel. Elle a longtemps été la propriété de la famille de Bellecombe.

A droite, le bâtiment daté de 1325-1330 a été diminué en hauteur et couvert en partie en bardage de bois. A l'arrière se trouve l'aula abritant le décor peint.

Les bâtiments sont aujourd'hui la propriété de la commune de Theys
Le châtel

Dessin perspective, Séverine Penon_Recherches, Anouk Clavier_Service du Patrimoine Culturel_Département de l'Isère_Avant la construction du second bâtiment les archéologues supposent qu'il existait un système d'escalier en bois qui permettait d'accéder à la porte haute de l'aula.

Panorama depuis le château de Theys

Au premier étage se trouvait la grande salle de reception, l'aula, avec sa cheminée et son lavabo et ses grandes fenêtres à coussièges. Le plancher de cette pièce a été datée par dendrochronologie de 1279 et le plafond de 1283.

Les murs portent encore un décor peint de vives couleurs. Il raconte l'histoire de Perceval, le Chevalier de la table ronde, héros du roman de Chrétien de Troyes.
Perceval tout de rouge vêtu, part pour la cour du roi Arthur_Médaillon peint (détail) de la grande salle de réception, fin du XIIIe siècle_Patrick Avavian_Service du Patrimoine Culturel_Département de l'Isère


La grande salle de réception seigneuriale a conservé ses aménagements d'origine, notamment une cheminée monumentale, un évier en pierre, des latrines et des fenêtres à coussièges, reflétant l'architecture et le mode de vie médiévaux.



Cette exposition est une immersion captivante dans l'univers médiéval des fortifications en Isère.

Elle s'appuie sur une cinquantaine d’années de recherches archéologiques et offre une nouvelle perspective sur les châteaux forts.

Le parcours, chronologique, couvre près de mille ans d'histoire, du Ve au XVe siècle et met en lumière la diversité des constructions défensives, depuis les premiers sites fortifiés perchés sur des hauteurs jusqu'aux maisons fortes et bourgs fortifiés.

Il permet de la sorte de découvrir l'évolution architecturale et stratégique des fortifications médiévales en Isère.

La reconstitution immersive en fin de parcours, de la grande salle du Châtel de Theys permet de plonger dans l'ambiance médiévale du Châtel de Theys, en découvrant ses décors peints tels qu'ils étaient au XIIIᵉ siècle, ce qui nous offre une occasion unique d'apprécier l'architecture et l'art médiéval.


Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze




1 commentaire:

  1. une bien belle découverte. Nous irons certainement voir l'exposition. A la prochaine

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