À l’occasion des 500 ans de la mort de Bayard, les Archives Départementales de l'Isère proposent de septembre 2024 jusqu'au 28 mars 2025, l'exposition "Bayard, illustre et méconnu."
Nous visitons cette exposition le 11 janvier 2025.
Le grand hall d'accueil des Archives de l'Isère
Dans le grand Hall d'accueil des Archives Départementales de l'Isère, se trouve un immense tableau, "La Tour des mémoires" de L'artiste, Philippe Cognée, réalisée en 2020 sur huit châssis de 2 x 2 m. L’œuvre assemblée mesure 32 m².
Philippe Cognée écrit à ce sujet : "J'ai voulu une architecture bien plantée sur sa base, sur le territoire, une forme conique qui s'élève vers le ciel puis qui se retourne, qui s'évase et se diffracte.
Une architecture qui soit percée de mille fenêtres pour permettre la circulation de l'énergie de l'intérieur vers l'extérieur et inversement, et sur le sommet, cette éruption, une façon de disperser le savoir contenu dans cette forme, de fertiliser le territoire.
Je voulais ce tourbillon qui puisse être lu comme une fabuleuse énergie qui continue de faire grandir cette tour en allant toujours plus haut vers le ciel."
La Tour des mémoires, de Philippe Cognée. Encaustique sur toile marouflée sur bois - 2020
L'exposition a pour objectif de distinguer la réalité historique de la légende en présentant l'homme d'armes, ses compagnons et les enjeux de son époque, située entre le Moyen Âge et la Renaissance.
Pierre Terrail, seigneur de Bayard, plus connu sous le nom de Bayard ou chevalier Bayard, est né en 1473 ou 1474 au château Bayard à Pontcharra (Isère), et mort le 30 avril 1524.
Portrait de Pierre Terrail, seigneur de Bayard, provenant de la galerie des hommes illustres du Palais Cardinal (actuel Palais Royal)_Atelier de Philippe de Champaigne ou de Simon Vouet_Vers 1630-1635_Peinture à l'huile sur toile_Collection particulière
Il se rend célèbre par sa bravoure et son courage durant les guerres d'Italie. Il se distingue à Marignan en 1515, suite à quoi François Ier veut être armé chevalier de ses mains après la bataille.
En 1522, malgré ses prodiges, c'est la défaite de La Bicoque en Lombardie.
Sa mission a été d'assurer la retraite de l'armée. il réussit à lui faire passer La Sesia mais il est mortellement blessé d'un coup d'arquebuse, le 30 avril 1524.
à Romagnano Sesia en Italie dans le Piémont.
Il est à l'origine du personnage qui symbolise les valeurs de la chevalerie française de la fin du Moyen Âge.
Une de ses devises est « Accipit ut det » qui signifie « Il reçoit pour donner ».
L'exposition comprend des archives, des tableaux, des portraits et divers documents iconographiques, dont certains inédits.
Le premier volet de l'exposition s'intitule "Bayard, illustre et méconnu".
Bayard est un infaillible héros national. Rues, places, établissements scolaires et enseignes portent son nom, des statues et des effigies jalonnent la France.
Mort du chevalier Bayard_Attribué à Charles Parrocel_vers 1742_Pierre noire ou fusain encre brune, sanguine, lavis brun_Musée du Louvre, paris
Monument funéraire placé au XVIIe siècle dans le choeur de l'église des Minimes de la plaine (Saint Martin d'Hères) et en 1803 dans la cathédrale St André (Grenoble)_Emile Duchemin, photographe_Entre 1890 et 1914_Plaque de verre 13*18_Ville de Grenoble, Bibliothèque municipale
Petrus Bayard Eques (Pierre Bayard chevalier)_François Bignon et Zacharie Heince_Planche extraite des portraits illustres françois qui sont peints dans la gallerie du Palais Cardinal de Richelieu par M de Vulson, sieur de la Colombière, Paris_Estampe sur papier
En vue d'élever un monument commémoratif, Joseph Chinard est mis en concurrence avec Antonio Canova et Auguste Pajou. Le projet qu'il soumet, associe à l'accolade entre Bayard et François Ier à l'issue de la bataille de Marignan, deux scènes historiées, sa générosité à l'égard de ses hôtes à Brescia et sa mort, encadrées des vertus cardinales, la Prudence au miroir, La Tempérance voilée, et la Force casquée et la Justice qui est à l'arrière.
Projet pour un monument en l'honneur de Bayard_Attribué à Joseph Chinard (1788)_Papier bleuté, dessin à la plume rehaussé de blanc_Musée Grand Curtius, Liège
Le Chevalier Bayard_Jean marie Pirot dit Arcabas_peinture murale acrylique_Lycée du Grésivaudan, Meylan
500 ans après sa mort, qui en connaît les prouesses ? Qui encore l'identifie à Pierre de Terrail fidèle serviteur de trois rois de France, Charles VIII (1470-1498, roi de France de 1483 à 1498), Louis XII (1498-1515), et François Ier (1515-1547) ?
Le tableau de Bayard dit tableau d'Uriage, représente un homme en habit d'apparat et arborant un collier de l'ordre de St Michel, dans lequel Bayard est reçu en 1521.
Ce portrait est admis comme la figuration la plus ancienne et la plus vraisemblable. Ses traits concordent avec les descriptions de ses contemporains.
Portrait présumé de Pierre Terrail, seigneur de Bayard (vers 1473/1476-1524)_XVIe siècle_Peinture à l'huile sur bois
Portrait de Charles VIII_Copie d'après Jean Perréal_XVIe siècle_Peinture à l'huile sur bois
Portrait de Louis XII (1462-1515)_roi de France de 1498 à 1515_Copie d'atelier d'après Jean Perréal_XVIe siècle, vers 1510-1534_Peinture à l'huile sur bois
Portrait de François Ier (1494-1547), roi de France de 1515 à 1547_D'après Jean Clouet_XVIe siècle, vers 1515-1520_Peinture à l'huile sur bois
Le deuxième volet de l'exposition s'intitule "Un Héros cent figures".
Nous pouvons interpréter dans deux sens, les mots "cent" et "sans"
"Un héros cent figures" suggérerait que Bayard a plusieurs facettes, qu'il incarne différentes valeurs et peut être vu sous plusieurs angles.
Bayard est aussi souvent considéré comme un héros "sans figure" dans le sens où son image dépasse l’individu historique pour devenir un symbole de chevalerie idéale.
Connu sous le nom de "le chevalier sans peur et sans reproche", il incarne les valeurs de courage, de loyauté et d'honneur chevaleresque.
Bayard est connu avant tout comme un modèle de vertu. Son image a été façonnée par la littérature et l’histoire .
Les ouvrages publiés amène à voir combien chaque époque a adapté ce héros, dont l'histoire a sans cesse été retouchée.
Au XIXe et XXe siècle, les livres scolaires ou ceux destinés à la jeunesse ont dressés des images d'Epinal.
Dans les années 1760-1790, on peut voir un Bayard démocratisé.
Dans les années 1610-1650, il est posé comme le parfait exemple de la noblesse en Dauphiné et enfin à l'origine, il a été loué comme l'épique et fameux chevalier sans peur et sans reproche par Jacques de Mailles en 1527, et par Symphorien Champier en 1525, et ceci à des dates proches de la mort du héros en 1524.
Jacques de Mailles, qui était l'un de ses compagnons d'armes, raconte la vie de Bayard dans l'ouvrage "la Très joyeuse et très plaisante histoire du gentil seigneur de Bayart, le bon chevalier sans peur et sans reproche"
Dans cette section, les documents, ouvrages et oeuvres sont présentés par période de la plus récente à la plus ancienne.

Images et récits d'histoire de France_Cours élémentaires, 10e et 9e_Testes de Martial et Solange Chaulanges, illustrations de Pierre Rousseau_Paris, librairie Delagrave, 1963 (1ère édition 1957)_archives départementales de l'Isère

- Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche_Jacques Sogno-Bezza_1940-1941_estampes sur papier buvard_Archives départementales de l'Isère
- Ecusson souvenir du groupe "Bayard" (Yonne)_M Thérèze_seconde moitié du XXe siècle_Tissu brodé_Musée de la Résistance, groupe Jovinien Bayard, Joigny
- brassard de combattant du groupe "Bayard" (Yonne)_1944_Toile imprimée_Musée de la Résistance_Groupe Jovinien Bayard, Joigny.
- Histoire de Pierre Terrail, seigneur de Bayard_Auguste Prudhomme_Tours, Alfred Marne et fils_1879_Archives départementales de l'Isère- Manuscrit autographe de l'Histoire de Pierre Terrail_Auguste Prudhomme_Vers 1877-1879_Archives départementales de l'Isère
Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche_Imagerie d'Epinal n° 641_Pellerin et Cie, imprimeur-éditeur, 1896_Lithographie colorée au pochoir_collection du Musée Départemental d'Art Ancien et Contemporain, déposée au Musée de l'Image d'Epinal
Histoire de Pierre Terrail, dit le chevalier Bayard, sans peur et sans reproche_Guillaume François Guyard de Berville, Paris_Ménard et Desenne fils, 1816_Archives départementales de l'Isère
Trois auteurs par ordre de mérite sont couronnés pour leur éloge historique du chevalier Bayard : Louis Gautier, notaire Grenoblois, Romain Gagnon, avocat au Parlement de Grenoble et Jean Baptiste Dochier avocat à Romans.
Recueil contenant les trois éloges historiques du Chevalier Bayard primés à l'issue du concours organisé par la Société littéraire de Grenoble_Grenoble, 1789_Archives départementales de l'Isère
Numéros des Affiches de Dauphiné évoquant Bayard et la campagne menée en faveur de l'érection d'un monument en son honneur_Grenoble, Veuve Giroud et fils, 1788-1789_Archives départementales de l'Isère
"Histoire du Chevalier Bayard, lieutenant general pour le Roy au gouvernement de Dauphiné, et de plusieurs choses mémorables advenues en France, Italie Espagne et Pays Bas, du règne des Roys, Charles VIII, Louis XII et François Ier, depuis l'an 1489, jusques a 1524"_Jacques de mailles, introduit, adapté, annoté et indexé par Théodore Godefroy, Paris, Abraham Pacard, 1619_Archives départementales de l'Isère
"Histoire du Chevalier Bayard, et de plusieurs choses mémorables advenues sous le règne de Charles VIII, Louis XII et François Ier, avec son supplément par Mme Claude Expilly, Président au Parlement de Dauphiné et les annotations de Theodore Godefroy, augmentée par Louis Vidal_Jacques Mailles, Theodore Godefroy, Claude Expilly, Louis Vidal_Grenoble, Jean Nicolas, 1650_Archives départementales de l'Isère
La Biographie que Symphorien Champier a consacré à Bayard est très connue. Le supplément qui l'accompagne dans le présent volume parait en revanche unique. Après une épître dédicatoire à Laurent Alleman, Champier revient en 5 brefs chapitres sur certains points déjà évoqués dans son ouvrage. Ces feuillets souligne le goût de l'auteur pour les anecdotes et les louanges.
"Compléments et annotations des Gestes et hystoires du noble Chevalier Bayard, cahier de 8 feuillets formant supplément aux gestes ensemble la vie du preulx chevalier Bayard"_Symphorien Champier (Lyon, Gilbert de Villiers, 1525)_Archives départementales de l'Isère
Cet éloge relate la vie d'un autre valeureux serviteur de Charles VIII, Louis XII et François Ier en Italie, bien oublié aujourd'hui, Louis II de la Trémoile (1460-1525)
Le Panégyric du chevalier sans reproche_Jean Bouchet_Poitiers, Jacques Bouchet et Enguilbert de Marnef, 1527_Ville de Fontainebleau, Médiathèque municipale
Symphorien Champier continue en 1509, cette fois ci en français, d'entretenir le renom du "capitaine Bayard dit Pierre Terrail du Dauphiné, ung aultre Roland en force et en victoire".
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"Le Triumphe du très-Chrestien Roy de France (Louis XII) de ce nom, contenant l'origine et la déclination des Véniciens avec l'armée dudit Roy et celle desditz Véniciens_Symphorien Champier_Lyon, Claude Davost, 1509_Bibliothèque Nationale de France. |
La section suivante décrit les sièges et batailles de Bayard.
Pierre Terrail n'aurait jamais été connu sans les guerres d'Italie qui pendant 65 ans de 1494 à 1559 qui ont vu les Valois revendiquer leurs droits dynastiques sur Naples et le Milanais.
Sa carrière va de jeune page (1486) à capitaine de sa propre compagnie (1523).
Les nouvelles sont transmises par les correspondances institutionnelles ou privées, par les poèmes et les chansons.
L'imprimerie naissante concourt à diffuser l'actualité.
Le Dauphiné menacée sur ses frontières est traversé par le roi et ses armées qui franchissent les Alpes.
Ses habitants contribuent à sa défense par l'impôt, les corvées ou le guet. Ils subissent aussi la charge de fournir vivres et fourrage aux troupes.
Bayard s'est illustré dans les guerres d'Italie et de
nombreux sièges et batailles.
Les plus marquants sont :
- La bataille de Fornoue (1495) où il participe sous Charles VIII. Les Français
affrontent la Ligue de Venise. Il va montrer un courage exceptionnel en
protégeant la retraite française.
- Le siège de
Gênes (1507) les Français assiègent Gênes pour mater une révolte sous Louis
XII. Bayard s’illustre pour sa discipline, ce qui lui vaut la reconnaissance du
roi.
- La bataille d'Agnadel (1509) est un conflit
contre Venise où Bayard joue un rôle clé dans la victoire française. Il combat
en première ligne et contribue à la prise de la ville fortifiée.
- Le siège de Padoue (1509), Bayard
participe au siège mené par Maximilien d’Autriche contre les Vénitiens. Malgré
des combats acharnés, la ville ne tombe pas.
- Le siège de Brescia (1512) est un moment
héroïque de Bayard. Il est blessé mais réussit à capturer la ville quasiment
seul en s’infiltrant avec une poignée d’hommes. Son humanité transparaît quand il
protège les habitants contre les pillages.
- La bataille de Marignan (1515) est l’un
des plus grands exploits de François Ier contre les Suisses. Bayard adoube
François Ier sur le champ de bataille, marquant un moment symbolique de la
chevalerie.
- La défense de Mézières (1521), avec
seulement 1 000 hommes, il défend héroïquement la ville contre 35 000 soldats
impériaux de Charles Quint. Son exploit est célébré dans toute la France.
- Sa dernière bataille – La
retraite de Romagne (1524). Il est blessé mortellement par un tir
d'arquebuse lors de la retraite française. Il meurt dignement en refusant
d’être déplacé et disant à ses ennemis : "Je ne suis pas un traître, je
meurs en homme d’honneur."
Copie inédite dérivée de la généalogie imprimée vers 1690 de la maison de Rabot, éphémère chancelier de Naples (1495).
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Généalogie de la maison Rabot_1690_Archives départementales de l'Isère Hôtel Rabot, 17 rue Jean jacques Rousseau à Grenoble_fin XVe-XVIIe siècle_Archives départementales de l'Isère
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Cousin de Bayard, Soffrey Allaman, baron d'Uriage, est plus connu sous le nom de capitaine Mollard.Nommé lieutenant général pour le roi en Dauphiné en 1505, il s'est surtout illustré dans les guerres d'Italie. Il y est capitaine général des gens de pieds de l'armée du roi, comme Gaston de Foix.
Il meurt devant Ravenne le 11 avril 1512.
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Armes des Alleman d'Uriage (XVe siècle)_Pierre sculptée, remployée au lavoir de Revel
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Armes des Monteynard_XVIIe siècle, avant 1651_Planche issue d'un recueil de blasons gravés_BnF
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Vue d'Asti_Détail d'une planche extraite du Nouveau théâtre du Piémont et de la Savoye, La Haye, Rutgert Alberts_1726-1726_Archives Départementales de la haute Savoie
Cette montre est le plus ancien témoin des services de Pierre de Bayard dans l'armée régulière que forment alors les compagnies d'ordonnance. Son nom figure en 36e position au bas de la première colonne
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Montre d'armes des 40 lances (40 homme d'armes et 80 archers) de la compagnie d'Yves de Tourzel, baron d'Allègre, pour le paiement de la solde du quartier de Janvier à mars 1494_Chezelles, 15 juin 1494_BnF |
Le dédoublement de l'ancienne compagnie de Lorraine, qu'il commande en second de 1515 à 1521, procure à Bayard sa propre compagnie. Son recrutement est de qualité : la noblesse dauphinoise jusqu'à ses plus grands noms fournit le tiers de ses effectifs.
Montre d'armes des 100 lances (99 hommes d'armes et 200 archers) de la compagnie de Bayard pour le paiement du quartier de janvier à mars 1523_Cassano (Lombardie), 24 octobre 1523_BnF
L'image représente simultanément Bayard au corps à corps avec l'ennemi dans trois situations différentes, affiche sa bravoure en toutes circonstances : en duel contre Alonso Sotomayor (1503), en combat réglé contre celui des 13 français contre 13 espagnols (1503), dans la mêlée des grandes batailles, avec les piétons dont il a eu le commandement (1509)
Bayard au combat_frontispice des Gestes ensemble de la vie du preux chevalier Bayard de Symphorien Champier, Paris_Veune Janot_1525_Gravure sur bois, impression bicolore rouge et noir_München Bayerische Staatsbibliothek
Figuration imaginaire du Mont Inaccessible (Mont Aiguille) et éloge d'Antoine de la Ville, seigneur de Domjulien, premier à en avoir atteint le sommet en 1492.
Page extraite des des Gestes ensemble de la vie du preux chevalier Bayard de Symphorien Champier, Lyon, Gilbert de Villiers, 1525_Archives Départementales de l'Isère
L'infanterie Suisse, suivie à cheval par son commandant, le cardinal Schiner, et dominée par les drapeaux aux armes des différents cantons (crosse de Bâle, taureau d'Uri...) affronte près de Milan, les 13 et 14 septembre 1515, les armées françaises et vénitiennes : artillerie, infanterie et cavalerie.
Au centre et au 1er plan, François Ier, identifié par une tunique et un caparaçon fleurdelisés, mène la charge.
La bataille de Marignan_Nathalie Datti_XVIe siècle, après 1515_Dessin rehaussé en couleurs_Musée Condé, Chantilly
Le roi est assis sur un trône surmonté d'un dais. Couronné, vêtu d'une dalmatique, d'un manteau fendu et d'un camail, il tient une main de justice et un sceptre. Le champ est écartelé des armes des rois de France et de celles des rois de Jérusalem. La légende gravée " S KAROLI : DEI : GRACIA FRANCORVM ET JERUSALMEM ET CICILIE REGIS" (sceau de Charles, par la grâce de dieu, roi des Francs, de Jérusalem et de Sicile)
Sceau de majesté employé par Charles VIII de mars à mai 1495 pour authentifier ses actes émis en qualité de roi de Naples et de Jérusalem_Moulage d'après une empreinte appendue à un acte de 15 mars 1495_Archives Nationales de France_Centre de sigillographie et d'héraldique
Le duc casqué, vêtu d'une cotte et d'une jupe de plate, brandit épée et bouclier. Cotte, écu et caparaçon de son cheval sont aux armes avec trois fleurs de lys, un porc épic et un carnail insignes de l'ordre de chevalerie créé par son aïeul. La l2 gende : "SIGILL LUDOVICI DVCIS AURELIANT MEDIOLANI ET VALESIE COMITIS BLESSIS PAPIE ACBELLIMONTS ASTENQUE DOMNI" (sceau de Louis duc d'orléans, de Milan et de Valois, comte de Blois, de Pavie et de Beaumont et seigneur d'Asti)
Grand sceau employé par Louis, duc d'Orléans (futur roi Louis XII) de 1484 à 1498, revendiquant les droits hérités en Milanais de sa Grand-%ère, Valentine Visconti_Moulage d'après une empreinte appendue à un acte du 2 février 1486_Archives Nationales de France_Centre de sigillographie et d'héraldique
Le roi couronné, arborant sceptre, globe et collier de l'ordre de St Michel, trône vêtu d'un dalmatique et d'un manteau aux armes de France (fleurs de Lys) et de celles de Naples. la légende : "LVDOVICVS DEI GRACIA FRANCORVM? NEAPOLOIS ET HIERVSALEM? REX DVX MEDIOLANI". Louis par la grâce de dieu roi des francs, de Naples et de Jérusalem duc de Milan)
Couvercle de la boîte qui avait protégée le sceau de Louis XII appendu au traité secret de Grenade, signé avec Ferdinand II d'Aragon en 1500 et prévoyant le partage entre eux du royaume de Naples_Pièce d'orfèvrerie en or_BnF_Département des monnaies, médailles et antiques
Etat des dépenses causées par la construction et la destruction après usage des ponts flottants jetés sur l'Isère en aval de Grenoble, achat de matériaux, salaires des ouvriers, rétribution des gardes... La double page présentée est dédiée à la location de 7 bateaux du 10 août au 13 septembre 1523, soit 35 jours à raison de 3 sous par jour et par bateau.
Le papier des pons fes sur l'Izerz pour le passage des gens d'armes_décembre 1523_Archives municipales métropolitaines de Grenoble
Le registre courant des affaires d'intérêt général de la Chambre des Comptes du Dauphiné contient de nombreux feuillets consacrés à la bataille de Ravenne : ordre de bataille, épitaphe de Gaston de Foix duc de Nemours, gouverneur du Dauphiné, copie s'attardant sur sa mort adressée par Bayard, présent sur place, à Laurent Alleman, à Grenoble.
"Lettres de l'effaict de ladite bataille de Ravenne escriptes par Monsieur de Bayard, cappitaine des cent lances de Monsieur de Loreyne, à monseigneur l'evesque de Grenoble, son oncle_Au camp devant Ravenne, 14 avril 1512 (copie)_Archives Départementales de l'Isère"
Quittance délivrée par jean Martin, marchand de Grenoble, à Georges Murguet de la somme de 4 florins 4 sous pour la fourniture de 26 torches à bâton pour la venue du roi de France, venant du pays de Savoye. L'entrée du roi se fait en soirée. Des "histoires" sont jouées sur des "échafaudages" à la lueur de ces flambeaux.
Liasse des pièces justificatives des dépenses faites par Georges Murguet dit Debut, receveur de la ville de Grenoble, pour l'année 1513, dont quittance liée à la réception à Grenoble du roi, François Ier et de la reine Claude de France, le 23 juin 1516_1516_Archives municipales métropolitaines de Grenoble
L'enregistrement de la lettre royale en français, est annoncé par un titre à l'initiale ornée et accostée d'un dauphin : "Naissance du seigneur dauphin, prince sérénissime, fils de notre seigneur, roi de France, qui vient de voir le jour par la grâce de dieu, comme le contiennent les lettres missives ci-dessous transcrites". Le dauphin n'a pas régné, il est mort à 18 ans à Tournon le 10 août 1536.
Lettres du roi françois Ier annonçant au Consuls de la ville de Vienne la naissance de son premier fils, le dauphin François à Amboise, le 28 février 1518_Amboise, 28 février 1517 (copie)_Archives Départementales de l'Isère
Une dernière partie met en lumière les membres de sa famille et ses compagnons, et leur rôle joué dans son ascension.
Vallée du Grésivaudan, vue des restes de l'ancien château de Bayard situé sur la rive gauche de l'Isère à trois lieues de Montmélian_1820_dessin à la plume et encre de chine, aquarelle et rehauts de blanc_BnF
Les parents de Pierre du Terrail, seigneur de Bayard, étaient Aymon du Terrail et Hélène Alleman.
Le père, Aymon du Terrail était un Seigneur du château de Bayard près de Pontcharra.
Il était issu d'une famille noble du Dauphiné, les du Terrail, qui possédaient des terres et étaient vassaux du duc de Savoie puis du roi de France.
Aymon du Terrail était chevalier, mais ne semble pas avoir eu une carrière militaire marquante. Il est mort quand Bayard était encore jeune, ce qui a conduit la famille à compter sur d’autres figures influentes pour l’avenir de leurs enfants.
La mère, Hélène Alleman était issue de la famille noble des Alleman de Laval, qui était une famille influente du Dauphiné.
Cet inventaire recense trois quittances, aujourd'hui perdues, remises à Henri ou Charles Alleman, seigneur de Laval, par le père de Bayard, Aymon Terrail. C'est la seule source qui permet de rattacher la date de son mariage avec Hélène Alleman (avant le 27 février 1467) et le montant de la dot ou "verchière" de cette dernière (égal ou supérieur à 290 florins et 30 écus)
Inventaire des titres de Charles et Laurent Alleman, fils héritiers, mineurs et en bas âge, de Charles Alleman, fait par ordre de leur oncle et tuteur Laurent Alleman, évêque de Grenoble_1499_Archves départementales de l'Isère
Ses Grands-parents paternels sont Jean du Terrail, seigneur de Bayard et Jeanne de Châbons.
Ses Grands-parents maternels sont Louis Alleman, seigneur de Laval et Jeanne de Luyrieux.
Pour mettre fin aux dissensions entre les différentes branches, Cham, Uriage, Séchilienne, Beauvoir, Rochechinard, et rameaux de la famille Alleman, Siboud Alleman, évêque de Grenoble convoque en son palais épiscopal 25 de ses parents. Un accord est trouvé et un traité signé pour conserver l'honneur de la maison et de chacun de ses membres. L'un des 9 articles du Pacte stipule qu'une réunion annuelle se tiendra pour décider des unions et de l'aide à s'apporter mutuellement.
Pacte de la famille Alleman_1er mai 1455 (copie collationnée, 1612)_château de Sassenage_Parchemins
Pierre du Terrail avait plusieurs frères et sœurs, Philippe, Georges, Jeanne…
Fait chanoine du chapitre cathédrale de Grenoble (et pourvu des revenus afférents) en 1494, Philippe Terrail en est élu le doyen le 5 septembre 1516.
Il cumule avec cette charge celles de membre de la chapelle de Louise de Savoie ou de Claude de France et à compter de 1520, d'évêque du petit diocèse de Glandèves (Entrevaux, Alpes de haute Provence)
Collation de bénéfice de prébende de chanoine pour Philippe Terrail, frère de Bayard, inscrite au protocole de jean Perrot, secrétaire du chapitre de la cathédrale de Grenoble_31 mai 1494_Archives départementales de l'Isère
Bayard aurait eu une descendance, Jeanne, fille illégitime.
Pour aller plus loin sur la descendance de Bayard
Après la mort d’Aymon du Terrail, c’est sa mère, Hélène Alleman qui a joué un rôle clé dans l’éducation de Pierre et dans ses débuts en tant que chevalier. C’était une femme vertueuse et forte, qui a su encourager son fils dans la voie militaire. C’est elle qui a veillé à ce qu'il puisse entrer au service du comte de Ligny à l’âge de 13 ans, ce qui a lancé sa carrière chevaleresque.
Bien que noble, ce n'était pas une famille riche, et Bayard a dû faire ses preuves principalement grâce à son mérite militaire.
La maison du Terrail, était ancienne et respectée mais ne faisait pas partie des plus grandes familles aristocratiques du royaume, ce qui explique pourquoi Bayard a dû gagner sa renommée à la force de son épée plutôt que grâce à des alliances prestigieuses.
Il a côtoyé de nombreux compagnons d’armes tout au long de sa carrière militaire, notamment durant les guerres d’Italie (1494-1524).
Ses compagnons étaient des chevaliers, des capitaines et des nobles engagés dans les conflits de l’époque, souvent au service du roi de France. Ils faisaient partie des plus grands noms de la chevalerie et du commandement militaire français du début du XVIe siècle.
Ses compagnons les plus marquants ont été :
- Louis de La Trémoille (1460-1525), grand capitaine
et l’un des principaux généraux de Charles VIII, Louis XII et François Ier. Il a
participé à plusieurs campagnes des guerres d’Italie, entre autre à la bataille
de Fornoue (1495), où il a combattu aux côtés de Bayard. Il était connu
pour sa loyauté et son habileté militaire.
- Jacques de La Palice (1470-1525), célèbre maréchal
de France qui a été l’un des plus proches compagnons de Bayard. Ils ont combattu
côte à côte lors de nombreuses batailles, dont celle de Marignan (1515),
où ils jouèrent un rôle déterminant dans la victoire française.
Son nom est à l’origine du terme "lapalissade" en
raison d’une épitaphe maladroite disant qu’"un quart d'heure avant sa
mort, il était encore en vie".
- Charles II d'Amboise
(1473-1511), était Gouverneur de Milan et lieutenant général des armées
françaises en Italie. Bayard a combattu sous ses ordres à plusieurs reprises,
notamment lors de la prise de Gênes (1507). Il était un protecteur et un
commandant apprécié par Bayard. Il est mort prématurément en 1511.
- Gaston de Foix
(1489-1512), neveu du roi Louis XII est l’un des généraux les plus
prometteurs de son époque. Il a mené les armées françaises en Italie et a remporté
la bataille de Ravenne (1512), où Bayard y a joué un rôle décisif. Il est tué lors de cette bataille, ce qui
a été un coup dur pour Bayard et les troupes françaises.
- Odet de Foix, vicomte de
Lautrec (1485-1528) a combattu en Italie et devient l’un des chefs
militaires de François Ier. Bayard et lui ont participé ensemble aux guerres
contre les Impériaux et les Espagnols.
- François Ier (1494-1547)
entretenait un profond respect pour Bayard qui a participé à la bataille de
Marignan (1515) sous son commandement et qui a été l’un des artisans de la
victoire française.
- Anne de Montmorency (1493-1567), qui a été l’un des jeunes compagnons de Bayard dans les campagnes italiennes. Il devient plus tard connétable de France et un conseiller influent sous François Ier et Henri II. Bayard l’aurait influencé dans sa vision de la chevalerie et du combat.
La sollicitation n'a pas eu d'effets mais atteste d'une part, une relative familiarité entre les deux compagnons d'armes, ensemble défenseurs de Mézières en 1521 et d'autre part, la réciprocité des services entre Bayard parvenu au faîte de sa carrière et ses parents Alleman.
Lettre de Pierre Terrail, seigneur de de Bayard, à Anne de Montmorency, maréchal de France : intervention pour Lauren II Alleman, évêque de Grenoble, en vue de lui obtenir une place de conseiller clerc au Parlement de Toulouse_3 février 1523_BnF
Après la mort de Bayard en 1524, François Ier déclare : "Un
si grand capitaine ne devrait pas mourir ainsi !"
Beaucoup d’entre eux sont morts sur les champs de bataille, comme Bayard lui-même, qui est mort en 1524 lors de la retraite de Romagnano, après avoir été mortellement blessé par un tir d’arquebuse.
Laurent Ier Alleman, évêque de Grenoble et abbé de Saint Sernin de Toulouse fait don aux Minimes, créées par François de Paule (1416-1507), de terres épiscopales permettant à cet ordre pénitent de s'installer aux portes des deux villes : dès 1496 à la Plaine (Saint Martin d'Hères) et en 1503 dans la banlieue de Toulouse.
C'est au Couvent des Minimes de Saint Martin d'Hères qu'a été inhumé Bayard.
Inventaire des titres de l'évêché de Grenoble fait par ordre de Laurent Alleman, évêque, lettre F : actes concernant la Plaine de St Martin d'Hères._François Dupuis_1499_Archives Départementales de l'Isère
Après la mort de Bayard en 1524, la famille du Terrail a continué d’exister, mais son prestige a décliné.
Ces feuillets sont de rares preuves des derniers honneurs rendus à Bayard en 1524. Le 20 mai, lors de l'arrivée de son corps ramené d'Italie en passant par le Piémont et le briançonnais, l'évêque était absent. Rentré le 24 juin, Laurent II Alleman, que l'on avait attendu, pourvoit dès que possible à des cérémonies tardives, plusieurs mois après la mort de son parent survenue le 30 avril.
Pièces justificatives des dépenses engagées par l'évêque de Grenoble pour un office funèbre de l'inhumation de Bayard au couvent des Minimes de la Plaine (Saint Martin d'Hères)_Juillet-septembre 1524_Archives départementales de l'Isère
"Parcelle" ou facture détaillée, montant à 14 florins 6 sous, des 36 paires de chaussures, grandes, moyennes et petites fournies par François Damours, couturier de Grenoble, pour les pauvres ayant assistés aux funérailles de Bayard le 24 août 1524 conformément à l'usage qui voulait qu'on fournisse alors un habillement neuf; mandat de paiement et quittance (6 et 8 septembre 1524)
Etat de paiements faits pour un "chanter" pour l'âme de Bayard, et autres messes (juillet 1524). Ces articles de compte fournissent sur l'office solennel chanté le 5 juillet 1524 quelques détails concernant son déroulement (messes, exaudi, salve), son décor (26 écussons aux armes de Bayard) et les clercs présents (prêtres en nombre pour dire les messes. Chantres de la collégiales saint André de Grenoble pour les hymnes). Les frais, partiellement consignés dépassent 30 florins.
Cette vue légèrement anachronique de Grenoble permet d'imaginer la ville et sa banlieue au temps de Bayard. Il faut pour cela faire abstraction des nouveaux ramparts ponctué de bastions et, à côté du haut clocher de la collégiale Saint André, de l'Hôtel de Lesdiguières édifié à partie de 1602. Au sud (à gauche du dessin) se trouve le château de la Plaine (Saint Martin d'Hères), bien épiscopal sur les terres duquel est édifié à compter de 1496, le couvent des Minimes où Bayard a reçu sa sépulture.
Paisage_Jean de Beins_Début XVIIe siècle_Encre, lavis et aquarelle sur papier_The British library, Londres
L’exposition a permis de redécouvrir Bayard avec une mise en lumière de la vie et des exploits du chevalier Pierre Terrail, dit le Chevalier Bayard, figure emblématique du Dauphiné.
Loin d’être un simple héros de légende, il a été un homme d’armes exceptionnel, un stratège et un modèle de vertu chevaleresque.
Les documents d’archives, ouvrages et objets exceptionnels présentés, soulignent son importance dans l’histoire locale et nationale. Bayard reste un symbole de courage et d’honneur.
Si son nom est célèbre, sa véritable histoire reste parfois méconnue. Cette exposition invite donc à aller au-delà du mythe pour mieux comprendre l’homme et son époque.
Texte de Paulette Gleyze
photos de Gérard Gleyze
Bravo, chère P., bravo, voilà un travail de recherches bien menées et bien organisées. Vraiment, bravo!!!
RépondreSupprimerJe ne soupçonnais pas une telle vie au natif de Pontcharra sur Bréda...