William Klein (1926-2022) était un photographe, réalisateur et artiste américain célèbre pour son approche innovante et avant-gardiste de la photographie et du cinéma.
Né en 1926 à Manhattan, tout près d’Harlem, il arrive à Paris en 1947.
Il rencontre Jeanne Florin qui devient son épouse et sa muse et va l'accompagner tout au long de sa carrière.
Il étudie la sociologie à la Sorbonne et la peinture à Montparnasse, chez André Lhote, puis Fernand Léger.
Ce dernier le pousse à sortir de l’atelier et à explorer de nouveaux médias.
Ce sera la photo, avec un coup de maître en 1956, avec son livre sur "New York" qui le rendra célèbre, (titre original "Life is Good and Good for You in New York").
C'est un livre novateur de photographies urbaines.
Il sera suivi par d'autres ouvrages de photographies sur Rome, Moscou et Tokyo.
Il fréquente le cercle des jeunes artistes peintres américains installés à Paris.
Fort de sa connaissance des avant-gardes européennes de l'entre-deux guerres, il développe une peinture non figurative.
Il délaisse rapidement cette peinture géométrique et colorée mais elle marquera toute son oeuvre à venir, photos, films, graphismes.
Son travail a marqué l'histoire de la photographie de la mode,
du photojournalisme et du cinéma documentaire.
Il a travaillé entre autre pour la revue Vogue dans les années
1950-60.
Il s’est distingué aussi dans la peinture et le graphisme,
avec des œuvres inspirées du mouvement abstrait.
Il a une grande influence dans la photographie contemporaine
et dans le cinéma documentaire et expérimental.
Il porte un regard spontané
en capturant le mouvement de la vie à New York avec des images soignées et
élégantes, il fait un usage audacieux du flou, du grain et du grand-angle.
Il montre une métropole brute, bruyante, peuplée de
passants, d’enfants espiègles, de vitrines criardes et de rues bondées.
À sa sortie, le livre "New York" a fait scandale car
il choquait les puristes de la photographie et du reportage.
L'approche de Klein est alors perçue comme trop anarchique, trop éloignée des standards esthétiques et journalistiques, cependant, son style va influencer profondément des générations de photographes de rue et de photojournalistes.
Au départ, le livre n’a pas été publié aux États-Unis, car il était jugé trop subversif, il a été publié en France sous le titre "Life Is Good & Good for You in New York : Trance Witness Revels."
À cette époque, l’Union soviétique est très fermée aux Occidentaux.
Klein est autorisé à circuler dans Moscou et d’autres villes soviétiques, notamment Leningrad (Saint-Pétersbourg), Kiev et Géorgie.
Il y capture des scènes du quotidien soviétique, il s’intéresse aux gens ordinaires, travailleurs, enfants, couples, passants. Il photographie des scènes de rue, des stations de métro, des événements publics, des visages expressifs...
Son style est bien affirmé avec les gros plans, les images granuleuses, les compositions dynamiques, un regard spontané et presque cinématographique sur la ville.
Il offre un portrait nuancé de l’URSS en pleine Guerre froide.
Ces photos prises vont servir de préparation à son futur livre "Moscow" (1964).
Il est invité par l'éditeur Zokeisha qui lui propose d'éditer son livre "Moscow" et l'incite à photographier Tokyo.
Il va capter l’effervescence de Tokyo à travers des rues bondées, des néons, des foules pressées.
Il photographie des scènes de vie quotidienne, des manifestations, des enfants jouant dans les ruelles, des yakuzas, des sumos.
Il oppose les temples et les gratte-ciels, les kimonos et les costumes occidentaux.
Engagé par Vogue dans les années 1950, Klein impose
rapidement sa vision novatrice.
Il a révolutionné la photographie de mode dans les années
1950 et 1960 avec un style audacieux, anticonformiste et très dynamique, en
rupture totale avec les codes classiques de l’époque.
Il introduit des
cadrages dynamiques et déséquilibrés, souvent en contre-plongée, du
mouvement, en photographiant ses mannequins en pleine action, en extérieur,
dans les rues.
Par exemple, un cliché célèbre où le mannequin pose en plein
milieu de la rue avec une attitude presque théâtrale, tandis que des badauds
l’observent.
Ses images racontent une histoire et s’apparentent presque à
des scènes de cinéma.
Son approche de la photographie de mode a ouvert la voie à des générations de photographes comme Helmut Newton ou Peter Lindbergh, qui ont poursuivi cette recherche de spontanéité et d’authenticité dans l’univers du luxe.
Il écrit "J'ai toujours été étonné de me voir faire des photos de mode. Je n'y connais rien et le milieu me pompe l'air. Je trouve les mannequins assez drôles, pas les robes. Ce qui m'intéressait en dehors de l'argent était la possibilité d'apprendre la photographie "riche". Les photos que je faisais pour moi étaient volontairement "pauvres" : un ou deux objectifs, pas d'assistant, pas de couleur, pas de mise en scène".
"Paris Play-Sport" est une série de
photographies où il capture l’énergie du sport dans les rues de Paris.
Il transforme le sport en un spectacle urbain, loin des
représentations et des événements sportifs traditionnels.
Il photographie des scènes de sport dans l’espace public, des
enfants qui jouent au football sur les pavés de Paris, des coureurs et
cyclistes en pleine vitesse, capturés avec des angles exagérés, des matchs
improvisés, des acrobaties et des performances physiques prises sur le vif.
Avec cette série, Klein ne s’intéresse pas uniquement à la
performance athlétique, mais à l’interaction entre les sportifs, les
spectateurs et l’environnement urbain.
Il souligne le côté populaire et spontané du sport, loin des
grandes compétitions officielles.
"Paris Play-Sport" s’inscrit dans la lignée des travaux de Klein sur le chaos organisé et l’énergie des villes.
William Klein a réalisé une série de photographies sur Muhammad Ali et édité un livre, « the Greatest » (1969).
C' est une œuvre majeure sur la boxe et la figure du champion.
Ce n’est pas un livre
classique de photographie sportive, il mélange images, séquences, et
typographies éclatée qui donnent une vision totale du phénomène Ali, à la fois
sportif, politique et culturel.
Il a capturé
l’intensité de ses combats et son charisme hors du ring et a raconté son
histoire avec des photos en noir et blanc qui accentuent la puissance du
boxeur.
Des
cadrages parfois
flous ou déséquilibrés pour renforcent l’énergie des combats.
Il a immortalisé l’homme derrière le champion, avec des photographies en
coulisses, à l’entraînement et dans sa vie quotidienne.
Il l'a aussi immortalisé lorsqu’il est devenu
champion du monde pour la première fois.
Il l'a capturé l’engagement d’Ali, son lien avec la Nation of Islam et son
opposition à la guerre du Vietnam.
William
Klein a largement contribué à façonner l’image mythique de Muhammad Ali.
William Klein a réalisé 21 films, courts, moyens et longs métrages dans le domaine de la fiction et du documentaire, auxquels il faut rajouter quelques 250 publicités.
Le cinéma sera pour lui un espace de liberté où il mettra en scène ses visions prophétiques de la modernité.
Avec l'agilité d'un Mohammed Ali sur le ring, il passe d'un style à l'autre, combinant même parfois au sein d'un même film plusieurs genres de la comédie musicale à la télé-réalité avant l'heure.
Face à Ali, est exposée une figure, celle de Mister Freedom entièrement issue de l'imagination de Klein.
Freedom est une autre figure de lutte, celle qui représente un libérateur fantoche incarnant, à l'heure de la guerre au Vietnam, l'impérialisme américain et sa propagande.
"Mister Freedom" est un film exubérant, entre bande dessinée et et cinéma-vérité dans lequel il insère des plans qu'il a filmé des manifestations de 1968 (qui donneront lieu à son documentaire "Grands soirs, petits matins").
L'exposition montre les dessins d'étude des dessins sur photographies pour les costumes réalisés par William Klein, une peinture de Jeanne Klein, sa femme, collaboratrice de tous ses films pour le film "Mister Freedom".
Nous voyons aussi une affiche monumentale aux traits naïfs et un collage de l'artiste.
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