C'est le 10e jour de notre voyage en Albanie.
Le programme de la journée est une visite au marché de Korça avant de quitter cette agréable ville.
Nous visitons ensuite un musée des icônes, nous passons par le cimetière des soldats français morts lors de la 1ère guerre mondiale.
Après cela, nous partons pour Tirana en traversant de superbes paysages montagneux.
Nous nous arrêtons en route à Progadec; sur les bords du lac Ohrid, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Nous visitons donc le vieux marché (pazari tradicional)
Il s'inscrit dans la tradition des marchés des siècles passés lorsque Korça était un lieu d'échange pour des marchandises provenant de Turquie, de Grèce, de Trieste et de Venise.
Dans les ruelles du vieux quartier de Korça se trouvent des échoppes qui proposent des produits traditionnels et touristiques
On peut aussi y trouver quelques produits de l'artisanat local.
Une halle moderne avec de beaux magasins a été construite au milieu de ce vieux quartier et jure avec les anciennes échoppes.
Quelques enjambées plus loin se trouve le marché traditionnel de fruits et légumes mais aussi avec des produits plus inattendus comme des balais, de la laine à carder, des boulons, des écrous.....
Le musée national d'art médiéval (muzeu kombëtar i artit mesjetar)
Le musée est situé dans un bâtiment moderne à l'emplacement de l'ancienne cathédrale orthodoxe Mitropolia détruite par un tremblement de terre dans les années 1930.
Ouvert en 1987, il abrite la plus grande collection d'icônes du pays et des Balkans.
Elles proviennent pricipalement du sud de l'Albanie mais aussi de Korça. Le musée en déteint environ 6 500, mais seulement 200 sont exposées en permanence.
Sont également exposée une cinquantaine d'objets liturgiques, bibles, croix...) sur les 1500 que possède le musée.
Les œuvres les plus anciennes datent du XIIIe et XIVe s. Nous pouvons voir la magnifique icône de saint Michel de l'église Saint-Ritso, l'icône de saint Nicolas (XIIIe s.)
provenant du monastère Saints-Côme-et-Damien de Vithkuq et les icônes du XIVe s. de l'église rupestre de la Vierge Theotokossur l'île de Maligrad.
Le musée compte surtout plusieurs icônes du plus grand peintre d'art religieux albanais, Onufri, fondateur au XVIe s. de l'école de peinture de Berat et reconnaissable à son rouge vif, appelé "rouge Onufri ".
Parmi les oeuvres du grand maître se trouvent les portraits de saints Constantin et Hélène, la résurrection de Lazare, le baptême du Christ et la Transfiguration.
Parmi les oeuvres des grands peintres des XVIIe et XVIIIe s.,nous voyons des icônes de l'école crétoise, ainsi que Couronnement de la Vierge et le Baptême du Christ
de Kostandin Shpataraku, influencés par la Renaissance italienne.
La période du XIXe siècle est bien représentée avec les grands maîtres de la région de Korça tels que Ioannis Çetiri et les frères Kostandin et Athanase Zografi, qui,
comme Onufri trois siècles plus tôt, ont été influencés par l'art vénitien.
La collection comprend aussi des iconostases, notamment celle de l'ancienne cathédrale Mitropolia.
Les photos sont interdites mais si vous le désirez vous pouvez voir ces œuvres sur internet.
Le cimetière militaire français de Korça (varrezat franceze)
Ce cimetière rappelle la présence française dans la ville entre 1916 et 1920.
Il abrite les sépultures de 640 soldats métropolitains, malgaches, marocains, algériens, tunisiens, burkinabés, guinéens, sénégalais et vietnamiens tombés pour la France,
notamment lors de la prise de Pogradec en septembre 1917 par le 1er régiment de spahis marocains, unité de cavalerie la plus décorée de l'armée française.
Nous quittons Korçà pour la ville de Progradec qui fait partie de la préfecture de Korça.
Elle se trouve à 7 km à l'ouest de la République de Macédoine (rive ouest du lac d'Ohrid), sur les rives du lac d'Ohrid.
L'ancien dictateur Enver Hoxa, y possédait une villa qui a été rebaptisée vila art dans le petit parc du Drilon.
Le lac d'Ohrid ou lac d'Okhrid aux eaux profondément bleues, a une superficie de 358 km2, il est commun à l'Albanie et à la Macédoine. C'est le lac le plus profond des Balkans (288 m) mais aussi un des plus vieux du monde, avec le lac Titicaca et le lac Baïkal.
Il est alimenté par le lac Prespa et s'évacue par le Drin noir qui se jette dans la mer Adriatique. Il est connu pour son eau claire, qui est quelquefois transparente jusqu'à une profondeur de 22 mètres, et pour sa faune riche et variée, qui comprend des espèces endémiques.
Il est entouré par quelques plages et des monastères byzantins. Il a été classé au Patrimoine mondial de l'humanité en 1979 pour son caractère naturel exceptionnel , puis, en 1980, le label a été étendu afin de classer également des lieux historiques et culturels.
En direction de Tirana, à 70km de Pogradec, au centre de l'Albanie, nous visitons Elbasan.
Au cours de la Première Guerre mondiale, Elbasan a été successivement occupée par les Serbes, les Bulgares, les Autrichiens et les Italiens. Le développement industriel de la ville a commencé à la période du roi Zog 1er avec des usines de tabac et de boissons alcoolisées.
La ville avait alors de beaux bâtiments publics, des jardins publics, des magasins en bois. Elle a été détruite lors de la Seconde Guerre mondiale.
Après la guerre, la période communiste a fortement développé l'industrie dans la région et a même construit avec l'aide des chinois un énorme complexe métallurgique.
Enver Hoxha l'avait surnommée « la deuxième libération nationale de l'Albanie » mais les émissions de polluants dangereux ont rendu les terres impropres à la culture alors que la la zone était particulièrement prospère auparavant .
Elbasan est riche de son château et de sa mosquée.
L’enceinte de la citadelle a été construite sous l’empereur Dioclétien (305/258) sur le modèle des camps militaires romains de forme orthogonale (308 x 348 m). La citadelle comporte différentes périodes de construction, la fin de la période romaine, le début de la période byzantine et de la période ottomane.
A l’intérieur de la citadelle se trouve la mosquée la plus ancienne d'Albanie, elle a été construite par le sultan Bayazit II vers 1482-1485, c'est la mosquée du roi (Xhamia Mbret) ou mosquée du sultan Bayezid. .
Elle est devenue monument culturel de l'Albanie en 1948.
Nous reprenons notre route pour Tirana et plus précisément pour le centre mondial des Bektashi, dans la banlieue nord-est de Tirana où se trouve un vaste Tékké (mosquée, église ou temple selon la religion).
Tirana est le centre mondial du bektashisme depuis 80 ans.
Le Bektashisme est née en Turquie au 13ème siècle et s’est ensuite propagé dans tout l’Empire ottoman dont l’Albanie faisait partie.
L'ordre de Bektashi est une secte de Babas (prêtres- derviche en Turquie) proche du soufisme qui se situe entre le sunnisme et le chiisme.
C'est un mélange unique de croyance islamique et de philosophie. Cette confrérie compte 7 millions de fidèles de part le monde.
Cet ordre était très en avance sur son temps et l’on retrouve bon nombre de ses principes dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948.
l'Ordre Bektashi a été interdit par les autorités ottomanes en 1826, puis il réapparait plus tard au 19ème siècle pour être à nouveau interdit par Mustafa Kemal Atatürk peu après la fondation de la République de Turquie en 1923.
Cette interdiction en Turquie a conduit l'ordre à déplacer son siège en Albanie en 1925.
Le Tekké est orné de haut en bas de mosaïques marbrées dans la plus grande variété de couleurs et de motifs. Il a été entièrement restauré et inaugurée le 8 septembre 2015 en présence des chefs de toutes les communautés religieuses d'Albanie.
Nous rejoignons notre hôtel. Demain sera le dernier jour de notre voyage en Albanie et sera consacré à la visite de Tirana.
Texte de Paulette Gleyze
Photos de Paulette et Gérard Gleyze
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