samedi 27 juillet 2019

Voyage en Sicile_jour 1_ Découverte de Palerme


Le 12 juillet 2019, nous nous envolons de Lyon pour la Sicile pour un circuit de 8 jours avec Arts et Vie.

Deux heures plus tard nous voilà à Palerme.

La Sicile est une région autonome d'Italie. Son chef-lieu est Palerme, sa langue officielle est l'italien, mais elle a sa propre langue parlée et écrite, le sicilien.

Avec une superficie de 25 708 kilomètres carrés, c'est la région la plus étendue de l'Italie, et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités.

Les 9 anciennes provinces siciliennes sont abrogées par la loi du 19 mars 2013 votée par l'Assemblée régionale sicilienne. Elles sont remplacées par des syndicats libres de communes.
Les anciennes provinces sont :
Agrigente (Agrigento)
Caltanissetta
Catane (Catania)
Enna
Messine (Messina)
Palerme (Palermo)
Raguse (Ragusa)
Syracuse (Siracusa)
Trapani

Elle est la seule région italienne à compter deux des dix villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane.

La Sicile est bordée au nord par la mer Tyrrhénienne. Au large et à une trentaine de kilomètres de la côte, se situent les îles Éoliennes, qui forment un archipel volcanique. Parmi elles, l'île de Stromboli, avec son célèbre volcan. La Sicile est séparée au nord-est, de la Calabre et donc de la péninsule par le détroit de Messine, large d'un peu plus de 3 kilomètres.

A l'est, elle est baignée par la mer Ionienne et au sud par la mer méditerranée.

Le drapeau de la Sicile, la gorgone à trois jambes (Trinacria), représente les trois pointes de l'île, pointe ouest de Trapani-Marsala, pointe nord-est de Messine et pointe sud-est de Syracuse.

Palerme se situe dans une baie sur la côte nord-ouest de l'île et est l’héritage des peuples qui se sont succédés : Grecs, Romains,Normands, Arabes, Espagnols…

Palerme est la plus grande ville de la région Sicile avec environ 650 000 habitants, et environ 1 million d'habitants avec sa banlieue.

Sitôt le transfert de l'aéroport à l'hôtel Vecchio Borgo, nous partons à sa découverte.

Ce ne sera qu’une prise de contact car la visite de la ville est prévue le lendemain avec notre guide.

Nous abordons le quartier des magasins de luxe, des banques et des beaux immeubles.

La banque de Sicile au style architectural fasciste facilement reconnaissable.

De beaux immeubles aux magnifiques façades

et des entrées majestueuses

Nous arrivons sur la place Ruggero-Settimo où se trouve le Teatro Politeama qui est une salle d'opéra.
Son nom officiel est Garibaldi, il peut contenir 950 spectateurs et a été construit de 1865 à 1891.
C'est le banquier Carlo Galland qui finance la construction du Politeama.
Il est inauguré en 1874 alors qu'il est inachevé et sans toit (il sera terminé en 1877). Les derniers travaux d'embellissement sont réalisés en 1891 à l'occasion de la grande exposition nationale qui se tenait à Palerme. Des travaux de rénovation sont réalisés en 2000. Depuis 2001, il est le siège de l'Orchestra Sinfonica Siciliana.

Nous continuons notre balade pour arriver devant le Teatro Massimo Vittorio Emanuele. C'est le plus grand théâtre d'Italie et le troisième plus grand d'Europe après l'Opéra Garnier à Paris et le Staatsoper de Vienne. Construit entre 1875 et 1891, il peut accueillir 1 640 spectateurs et la scène peut réunir 700 acteurs.
À son inauguration, en raison de sa dimension (plus de 7700 m²),
le roi Humbert Ier d'Italie commet un impair et déclare : « Palerme avait-elle besoin d'un théâtre aussi grand ? »

A partir de 1975, le bâtiment est laissé à l’abandon, les travaux de rénovation sont ralentis par des affaires de corruption. En 1997, enfin, après avoir fait peau neuve, le théâtre Massimo réouvre ses portes.

Depuis son inauguration, le théâtre Massimo a mis en scène les grands classiques de l’opéra comme Madame Butterfly, la Traviata, La Bohême, le Mariage de Figaro, Tristan et Yseult, le Barbier de Séville ou encore le Casse-Noisette...

Si vous souhaitez assister à une représentation vous pouvez réserver votre place pour la Traviata de Verdi. Les représentations commencent le 13 septembre 2019.

Les escaliers monumentaux sont gardés par des lions qui encadrent l'accès au théâtre.

Histoire de se donner le frisson, le théâtre Massimo serait fréquenté par le fantôme d’une religieuse, qui erre dans les coulisses et dans le foyer.
C’est sur les marches de ce théâtre qu'a été tournée la scène finale du film « Le Parrain » de Coppola.

Devant le théâtre nous pouvons admirer les kiosques de réservations qui ne sont plus utilisés à cet usage aujourd'hui..

Nous continuons notre promenade et découvrons le palais della vittoria construit en 1933, restauré et transformé en galerie

des rues touristiques

des marchés,

des passages étroits,

des portes insolites et de belles décorations ...

Sans oublier les magasins d'arancine.
Les arancini (en sicilien arancini ou arancine) sont une spécialité culinaire de Sicile. Ce sont des boulettes de riz, panées et frites, de 6 à 8 centimètres de diamètre, farcies de divers ingrédients, comme du ragù en sicilien (viande bovine cuite à l'étouffée avec de la sauce tomate) et de petits pois. Ils sont en général confectionnés avec du riz. Le nom vient de leur couleur et de leur forme, rappelant celles d'une orange (arancia signifiant « orange » en italien). Impératif d'en déguster si vous allez en Sicile, c'est succulent.

Andrea Camilleri, écrivain et metteur en scène italien (1925- 2019), nous a laissé dans un de ses romans la recette des arancini de Montalbano ;

Andrea Camilleri a connu un succès énorme avec ses romans mettant en scène le commissaire Montalbano.

Adelina, la cuisinière du commissaire Montalbano, confectionne de mémorables arancini, le plat le plus aimé du commissaire Montalbano

En voici la recette dans « La démission de Montalbano", édition Fleuve Noir, traduction Catherine Siné et serge Quadruppani :

"Doux Jésus, les arancini d’Adelina ! Il ne les avait goûtés qu’une fois : un souvenir qui lui était certainement passé dans l’ADN, dans le patrimoine génétique.

Adelina y mettait bien deux bonnes journées, à les préparer. Il en connaissait par cœur la recette. La veille, on fait un aggrassato, mélange de veau et de porc en gelée et en parties égales, qui doit cuire à feu très bas pendant des heures avec l’oignon, tomates, céleri, persil et basilic. Le lendemain, on prépare un risotto, de ceux qu’on appelle « à la milanaise » (sans safran, par pitié ! on le verse sur une planche, on le mélange à l’œuf et on le fait refroidir. Pendant ce temps, on cuit les petits pois, on fait une béchamel, on réduit en petits morceaux quelques tranches de salami et on fait toute une préparation avec la viande en gelée, hachée avec le hachoir demi-lune (pas de mixeur pour l’amour de Dieu !). La sauce de la viande se mélange au riz. A ce point, on prend un peu de risotto, on l’arrange dans la paume d’une main tenue en forme de conque, on y met dedans l’équivalent d’une cuillère de la préparation, et on le recouvre de ce qu’il faut de riz pour former une belle boulette. Chaque boulette est roulée dans la farine, puis on la passe dans le blanc d’œuf et la chapelure. Ensuite toutes les arancini sont glissées dans une cuvette d’huile bouillante et on les fait frire jusqu’à ce qu’elles prennent une couleur vieil or. On les laisse s’égoutter sur le papier. Et à la fin, ringraziannu u Signuruzzu, Grâce soit rendue au petit Seigneur, on les mange !"

Nous marchons jusqu’au croisement décoré par quatre fontaines baroques considéré comme le cœur de Palerme. C’est le croisement entre le Corso Vittorio Emanuele, qui correspond à l’ancien Cassaro, qui reliait le palais des émirs à la mer, et la via Maqueda. Ce croisement est la jonction entre les quatre quartiers historiques de Palerme : l’Albergheria, le Capo, la Loggia et la Kalsa.

Nous revenons sur nos pas et rentrons à notre hôtel où nous avons RDV sur la terrasse au 9e étage, avec notre guide Giuliana, notre accompagnatrice Jeannine, et le groupe Sylvie, Domenico, Simone, Annie.

En raison de leurs arrivées tardives, nous ferons la connaissance de Lysiane, Aude, Catherine et Bernard le lendemain matin.

Nous dégustons un Prosecco bien frais offert par la maison, en bénéficiant d'une vue à 360° sur la ville de Palerme, ses montagnes, son port...

RDV est pris pour demain 8h30 pour visiter Monreale et Palerme
Aujourd'hui nous avons marché 7,5km.

Et pour finir un poème de Charles de NUGENT (1820 - 2018)

Palerme
Palerme ! sur tes monts déserts
Que la fraîcheur du soir descende,
Et que son ombre se suspende
Comme une gaze dans les airs.

Prodigues de leur riche offrande,
Tes aloès, tes myrtes verts,
Exhalent, au souffle des mers,
Tous les parfums de leur guirlande.

Aux bruits des flots mêlant ses bruits,
La brise alors redit aux nuits
Un chant que le jour fera taire.

C'est l'heure où brillent à tes yeux
Les fleurs, étoiles de la terre,
Et les étoiles, fleurs des cieux.



Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette, Anne et Gérard Gleyze


























































































































































































jeudi 4 juillet 2019

Visite d'Arles


Le 17 mai 2019, Nous voilà AM, D G et moi à Arles pour visiter ses importants vestiges romains (amphithéâtre, théâtre antique…), son église St Trophime et son cloître, le cryptoportique et son musée de l’Arles et de la Provence Antiques.
Nous nous garons sous les platanes boulevard Georges Clemenceau, et nous voilà partis à la découverte de cette ville colonisée par les grecs dès le 6e siècle avant JC et nommée Arelate.
Après la prise de Marseille par César en 49 avant JC, Arelate devient une colonie romaine prospère et un grand port fluvial.
Colonie des vétérans de la 6e légion, la ville reçoit le privilège de construire un rempart.
Un forum, des temples, des thermes un aqueduc et un théâtre y sont édifiés.
La ville devient prospère, Constantin s’y installe.
Au 8e siècle, la ville entame son déclin avec les Francs et les Sarrasins.
Il faut attendre le 12e siècle pour que Arles amorce un renouveau.
L’empereur Frédéric Barberousse se fait couronner roi d’Arles dans la toute nouvelle cathédrale Saint Trophime, en 1178.
Le Rhône assure la prospérité à la ville jusqu’à l’avènement du chemin de fer.

Après une visite (traditionnelle) à l'office du tourisme nous flânons dans les rues, passons devant la mairie, la place du forum, l'église Saint Trophime, des maisons aux belles façades... pour nous rendre au théâtre antique.

La place de la République

La mairie


L'église Saint Trophime

La porte de l’hôtel de la Lauzière du XVIIe siècle encadrée de colonnes torses est caractéristique du style "maniériste" du début du XVIIe siècle
 

L’hôtel-Dieu est construit au XVIe et au XVIIe siècles.

En 1835, trois ailes sont surélevées afin d’ouvrir de nouvelles salles, suite à une très grave épidémie de choléra.

L’hôpital reçoit à la fin de XIXe siècle, Vincent Van Gogh qui l’a représenté dans plusieurs de ses toiles.

L’établissement fonctionnera jusqu’aux années 1970-1980.

En 1986, commencent les travaux afin de transformer l’hôpital en un espace culturel.

Un joueur d'orgue de barbarie devant le théâtre antique.

Le théâtre antique d'Arles fait partie des monuments inscrits à la liste de 1840 dressée par Prosper Mérimée.

Depuis 1981, il figure sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité établie par l’Unesco.

Le théâtre a été construit vers 37-25 avant JC.

Il a servi de carrière au Moyen-Âge et a disparu ensuite sous les habitations. Il a commencé à être dégagé à partir de 1828 sous l’impulsion du maire de l’époque, le baron de Chartrouse.

En 2009 a eu lieu l'inauguration de la restauration du théâtre dans le cadre du plan patrimoine antique.

Il a un diamètre de 102m et s’appuyait initialement sur un portique extérieur de 27 arches. Du mur de scène ne restent que deux colonnes.
Nous pouvons voir la scène, l’orchestre et les gradins.

Dans le théâtre, se passaient des spectacles avec des comédiens; il s’agissait de tragédies, comédies, mimes et pantomimes romaines ou grecques.

Ces spectacles avaient lieu lors de fêtes données en l'honneur des dieux. Ils étaient gratuits.

Aujourd’hui, il accueille entre fin juin et fin août, les Fêtes d'Arles et du costume, les Rencontres Internationales de la Photographie, le festival "Les Suds", le festival des Escales du Cargo et le Festival du film péplum.

Nous nous dirigeons ensuite vers l'amphithéâtre.

Les Arènes d'Arles sont un amphithéâtre romain construit sous Tibère César Auguste vers 80 après J.-C, dans le cadre des extensions flaviennes de la ville.

Elles sont construites sur le modèle du Colisée de Rome : une scène centrale de forme elliptique entourée de gradins, des arcades sur deux niveaux, un système d'évacuation par de nombreux couloirs d'accès.

L’amphithéâtre a une longueur de 136m de longueur sur 107m de largeur, il pouvait accueillir 25 000 spectateurs sur un espace composé de 24 gradins divisé en 4 sections. Haute de 21m, la façade a deux niveaux de 60 arcades. L’arène quant à elle, a une longueur de 69m pour une largeur de 40m.
Dès l'antiquité, l'édifice sert de carrière ce qui entraine la disparition de la plupart des gradins et des niveaux supérieurs.
L'édifice devient une ville dans la ville au Moyen Âge. Sous les arcades, sous les gradins et sur l'arène centrale se dressaient plus de 200 maisons et 2 chapelles construites avec des pierres de l'édifice.
En 1538, François 1er, venu à Arles repousser Charles Quint, se plaint aux Consuls du mauvais état des arènes. En 1609, Henri IV demande la démolition des maisons, cette demande reste lettre morte. En 1735, le Conseil de la ville décide de ne plus autoriser la reconstruction des maisons dans l'enceinte des arènes.
La Révolution retarde les projets de déblaiement.
Il faudra attendre 1825 pour que le monument soit dégagé et restauré.

Gravure de l'amphithéâtre en 1686 par J Peytret.
 
 Dans les arènes avaient lieu des courses de chars, des combats de gladiateurs entre eux ou contre des fauves, aujourd'hui se tient (hélas) la tauromachie.

Les arènes ont inspiré de nombreux peintres, comme Vincent van Gogh ou Picasso.

Nous continuons notre balade par la visite du cloître saint Trophime.
L’accès se fait par la cour du bâtiment situé à côté de l'église.

L’édification du cloître Saint Trophime de l’ancienne cathédrale d’Arles débute peu après 1150 avec la construction de la galerie nord qui sera suivie de peu par celle de la galerie est. Il faudra attendre la fin du XIVe siècle pour voir l’achèvement du cloître avec les constructions de la galerie ouest puis de la galerie sud qui sera terminée sous l’épiscopat de Jean de Rochechouart (1390-1398).
Du fait du délai de la construction, Il en résulte deux styles différents. Style roman pour les galeries nord et est, et style gothique pour les galeries ouest et sud.
Les chapiteaux et les piliers de la galerie est évoquent la vie du christ et du nouveau testament et ceux de la galerie ouest sont consacrés à l’ancien testament et à des thèmes provençaux comme Sainte Marthe et la tarasque.
Ce bâtiment était destiné aux chanoines attachés à la cathédrale.
L’emplacement de ce cloître est inhabituel car il n’est accolé ni à la nef ni au transept. Il communique avec le chœur au moyen d’un escalier de vingt-cinq marches.
Il a une forme approximativement rectangulaire de 28 m de long sur 25 m de large
Nous pouvons accéder à la terrasse qui surplombe le cloitre et qui donne sur le robuste clocher en pierre de l'église Saint Trophime.
Le cloître Saint Trophime fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 1846. Il est également inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des monuments romains et romans d'Arles depuis 1981.

Nous poursuivons notre découverte d'Arles par l'église Saint Trophime située sur la place de la République, tout proche de la mairie.

C'est une église romane qui présente une nef et des bas-côtés voûtés qui datent du milieu du XIIe siècle. Le chœur et le déambulatoire datent du XVe siècle.

Au Ve siècle, Saint Trophime, premier évêque d'Arles, transforme en cathédrale une basilique primitive, alors dédiée à Saint Etienne.
Prosper Mérimée la fait classer au titre des monuments historiques sur la liste de 1840. Elle est également inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des monuments romains et romans d'Arles depuis 1981.
Le portail sculpté a été réalisé vers 1180-1190.

Le site du patrimoine de la ville d'Arles nous propose une description de la statuaire :

La nef centrale mesure 40 m de long, 15 m de large et 20 m de haut. Elle est divisée en cinq travées. Elle date du second quart du XIIe siècle.

Elle est éclairée par de hautes fenêtres au-dessus des grandes arcades.

Les neuf fenêtres du chœur, murées à la Révolution, ont fait l’objet à la fin du XIXe siècle d’un ambitieux programme qui envisageait la mise en place de vitraux dans toutes ces fenêtres mais faute de moyens, seuls trois vitraux seront réalisés en 1877 par Maréchal ; ils représentent au centre la Vierge et saint Trophime, à gauche saint Étienne et saint Virgile et à droite saint Honorat et saint Genés.

Cette église est riche en pièces historiques.

Un magnifique sarcophage paléochrétien datant du milieu du IVe siècle occupe la seconde travée nord. Il provient de St Honorat des Alyscamps où il servait de maître autel jusqu'au XVIIIe.

Dans le centre supérieur, le christ accompagné d'un coq, annonce à Pierre à droite son reniement. A l'extrême gauche la multiplication des pains. A l'extrême droite, Daniel empoisonne le dragon des babyloniens. A côté, la guérison de l'aveugle.
Dans le registre inférieur, au centre l'Orante. A l'extrême gauche, la source que fait jaillir Moïse, à l’extrême droite, les noces de Cana.
 
Dans le petit côté droite, en bas, l'adoration des mages et l'entrée triomphale du christ à Jérusalem.

Dans le petit côté gauche, en haut l'offrande de Caïn et Abel à Dieu. Au milieu le christ devant le figuier stérile. En bas, les 3 hébreux refusant d'adorer l'idole de Nabuchodonosor.

Le bas relief qui orne l'autel dans la chapelle St Genès est un sarcophage du IVe siècle. La scène représente la traversée de la mer rouge par le peuple hébreu guidé par Moïse. Sur la gauche, l'armée égyptienne qui poursuit les hébreux. Sur la droite les juifs qui traversent la mer. Moïse avec son bâton ordonne à la mer de se refermer.
St Genès était un greffier sous l'empire romain qui a refusé de consigné les écrits qui ordonnaient de persécuter les chrétiens.

Dans la chapelle du Saint-Sépulcre se trouve, au-dessus du sarcophage de Geminus, une sculpture en pierre du XVIe siècle représentant la Mise au tombeau. Elle est classée au titre immeuble par destination par les Monuments Historiques dans la liste de 1840.

Cette œuvre est composée de dix personnages : au premier plan, le cadavre du Christ étendu sur un linceul est entouré par Joseph d’Arimathie et Nicomède; derrière eux la Vierge entourée de Marie Salomé et Marie épouse de Cléophas; à droite sainte Marie Madeleine porte un vase à parfum et à gauche saint Jean tient la couronne d’épines; deux anges portant les instruments de la passion encadrent le groupe.
 

Dans le croisillon sud, nous pouvons voir une peinture sur bois de la fin du XVIe siècle qui représente un concile provincial d’évêques placé
sous le patronage de la Vierge, de l’enfant Jésus et de saint Étienne pour juger l’évêque de Riez, le sixième à partir de la gauche,
qui avait dilapidé l’argent de l’église.
Ce panneau est classé au titre objet par les Monuments Historiques depuis le 6 juin 1902.
 

L’ancien clocher de l'église est remplacé au début du XIIIe siècle par la tour carrée actuelle haut de 42m dont le dernier étage a été refait au XVIIe siècle.

Nous continuons notre visite d'Arles par l'hôtel de ville et les cryptoportiques.

L’hôtel de ville d'Arles, situé sur la place de la République, a été achevé en 1676.

La plus grande partie est classée monument historique.

Au rez-de-chaussée le vestibule comporte une voûte exceptionnelle de 15m de haut formée de deux berceaux à angle droit. Nous sommes devant un chef-d'œuvre absolu d’architecture.

L'escalier d'honneur qui conduit à la salle du conseil, est encadré par deux lions sculptés par Jean Dedieu. Il est orné dès l'origine de la Vénus d'Arles, une antique statue gréco-romaine découverte au théâtre antique d'Arles, mais aujourd'hui il s'agit d'une copie de l'œuvre modifiée par Girardon dont l'original se trouve au Louvre.

Par le hall de la mairie nous accédons aux cryptoportiques d'Arles. Ce sont des galeries construites sous la place du forum, place publique centrale de la ville romaine fondée en 46 avant J.C.

Ils forment le soubassement du Forum afin de compenser la pente naturelle du terrain et assurer la stabilité des constructions au-dessus.

C’est un socle sous portiques et colonnades, large de 8,5m en trois galeries en forme de U. les galeries nord et sud mesurent 90m et la galerie ouest 60m.

Au début du Ve siècle, les cryptoportiques ont été cloisonnés pour servir de caves aux particuliers.

Entre 1939 et 1944, ils servent d’abris contre les bombardements.

Nous quittons le centre historique de Arles pour nous rendre au Musée de l'Arles et de la Provence Antique dit « le Musée bleu » construit en 1995, et conçu par l'architecte Henri Ciriani. Il a été construit sur la presqu'île où se trouvait l'ancien cirque romain pour abriter les collections d'archéologie, auparavant disséminées dans les divers musées de la ville.

Nous sommes accueillis par le lion de l'Arcoule (1er s avant JC). Ce lion assis réalisé dans du calcaire de la région a été découvert au XIXe siècle près de la fontaine de L'Arcoule. C’était généralement un élément d'un complexe funéraire.

Les collections sont divisées en différentes périodes :
- la Préhistoire : poinçons, haches polissoirs,colliers...

Des Cippes ont été mis à jour.
Ces quatre cippes ont été découvertes au XIXe siècle dans l'oppidum des Caisses de Saint jean à Mouriès. Ils datent du Ve-IVe siècle avant JC.
Les fûts portent des représentations de chevaux. Les chevaux avaient pour vocation de conduire le mort dans l'au-delà. Ces cippes servaient peut-être de support à un objet votif ?

- la Protohistoire : période comprise entre la fondation de Marseille par des marins grecs venus de Phocée en Asie mineure vers 600 av. J.-C. à celle d'Arles par Jules César.
Cette période se caractérise par l'introduction progressive du fer utilisé pour l'armement et la bijouterie, puis ultérieurement dans l'outillage.
Cette période se caractérise comme passage du mode de production autarcique à un mode de production plus diversifié et plus complexe.
L'âge du fer est la véritable période de la protohistoire des gaulois du midi.
Les découvertes ont été faites au Castellet de Fontvieille et aux Caisses de saint Jean de Mouriès et aux Baux de Provence.
Des échanges commerciaux avaient lieu sur fleuve et sur la mer. Les amphores ont joué un grand rôle dans le transport des divers produits alimentaires (huile, vin, poissons, olives...). Leur contenance pouvait aller de 5 à 60 litres.

Des coupes du dernier quart du VIe siècle avant JC, et un brûle parfum en forme de tête féminine (Déméter ou Koré) du début du IIe siècle av JC.

- le Haut et le Bas-Empire : de la fondation de la ville en 46 av. J.-C. à la chute de l'empire romain en 476.

En 49 avant JC, César qui voulait prendre la cité de Marseille qui soutenait son adversaire Pompée, a fait construire à Arles 12 vaisseaux de guerre.

Ces vaisseaux sont achevés et armés en 30 jours. César attaque Marseille et est vainqueur de Pompée. Pour remercier Arles pour son aide, il y fonde une colonie de droit romain dotée d’une partie des territoires marseillais en 46 av JC. Il y installe les vétérans de la VIe légion qui lui sont restés fidèle pendant la guerre civile, d’où le nom de la nouvelle colonie : Colonia Julia paterna Arelate Sextanorum. Ceci permit aux Arlésiens libres de devenir citoyens romains. Buste de césar

Tête colossale d'Auguste en marbre blanc du 1er s av JC, découverte en 1987 au large de Fos. Sa taille indique que la statue complète devait mesurer entre 3,5 à 4m de haut. Le but d'une telle œuvre envoyée par Rome était de servir la propagande impériale

La tête de l'empereur d'Hadrien (?) en marbre blanc du IIe s av JC.

Portrait de l'empereur Tibère en marbre de carrare du Ier s av JC. Il a été le successeur d'August

- l'Antiquité tardive : période comprise entre le IVe et le VIe siècle, avec une remarquable collection de sarcophages paléochrétiens.
Sarcophage de Licinia Magna en marbre retiré du Rhône au pied des murailles du grand prieuré de malte en 1858. Il date de la e2 moitié du IIe siècle av JC.
Au centre de la face principale un cartouche contient l'épitaphe en latin "Aux dieux mânes des son épouse licinia Magna, Lucius Severus, Titus Julius Valentinus, Julia Valentina, les membres de sa famille et Titus Licinus Rusticus, centurion de la Légion III Augusuta, son mari.

Sarcophage double, conçu pour recevoir un couple. Il date du IVe siècle av JC et est en calcaire

Sarcophage de "la Trinité" ou "des époux" en marbre blanc découvert en 1974 à Trinquetaille dans un fossé de la route de ste marie de la Mer. Il date de la 1er moitié du IVe siècle av JC

Un autel-cippe de T. Carsius Certinus di IIe siècle. découvert en 1875 à Trinquetaille lors de la gare maritime. Elle porte la même inscription sur les deux faces. " Aux dieux mânes de Titus Carsius Certinus de la tribu Teretina, vétéran de la XX Valeria Victrix. Carsia Titia, sa fille à son père plein de vertu".
La légion XX doit ses surnoms de Valeria Victrix à une victoire remportée en 6 en Illyrie sous le commandement du légat Valérius Messalinus.
 

Deux danseuses en marbre blanc de la fin du Ier siècle avant JC. Elles proviennent du théâtre antique. Elles décoraient avec deux autres le mur de scène du théâtre antique.
 

Copie de la Vénus d'Arles en plâtre (l'original est en marbre). Le marbre de la Vénus d'Arles a été découvert en 1651 dans le théâtre antique, brisé en 3 morceaux. Seuls les bras n'ont pas été retrouvés. Ce serait la réplique d'une œuvre de Praxitèle dite l'Aphrodite de Thespies qui daterait de 360 ans ac JC environ. Elle est restée plus de 30 ans à Arles et a plu à Louis XIV qui la fait déplacer à Versailles.en 1683. Elle est maintenant au musée du Louvre.

Pour abriter le chaland antique de 31 mètres, découvert dans le Rhône en 2004, le bâtiment reçoit une aile rectangulaire de 800 m2 sur sa face nord-ouest. Commencée en 2012, cette aile a été inaugurée en octobre 2013. La barge, dont les bois étaient gorgés d'eau, a fait l'objet d'une conservation-restauration à l'atelier ARC-Nucléart de Grenoble pour permettre son exposition.
Le chaland est positionné au-dessus d’une fosse, donnant ainsi l’impression qu'il flotte. Une grande partie des objets prélevés lors de l’opération de fouilles de l’épave Arles-Rhône est exposée autour de lui.

Pour tous les passionnés de l'antiquité je vous invite à visiter ce musée d'une très grande richesse.
Des maquettes, des mosaïques, des stèles, des sarcophages, des statues, des amphores, des pièces de monnaies, des bijoux, le tout en très grandes quantités, très bien exposés de manière aérée et le tout très bien documenté et expliqué par des affiches et des documentaires.
Cette journée à Arles fut un grand moment !


Texte de Paulette Gleyze

photos de Paulette et Gérard Gleyze