jeudi 26 octobre 2017

Voyage en terres Balkaniques : l’Albanie_10e jour_ Korça-Tirana


C'est le 10e jour de notre voyage en Albanie.
Le programme de la journée est une visite au marché de Korça avant de quitter cette agréable ville.
Nous visitons ensuite un musée des icônes, nous passons par le cimetière des soldats français morts lors de la 1ère guerre mondiale.
Après cela, nous partons pour Tirana en traversant de superbes paysages montagneux.
Nous nous arrêtons en route à Progadec; sur les bords du lac Ohrid, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Nous visitons donc le vieux marché (pazari tradicional)
Il s'inscrit dans la tradition des marchés des siècles passés lorsque Korça était un lieu d'échange pour des marchandises provenant de Turquie, de Grèce, de Trieste et de Venise.
Dans les ruelles du vieux quartier de Korça se trouvent des échoppes qui proposent des produits traditionnels et touristiques
On peut aussi y trouver quelques produits de l'artisanat local.
Une halle moderne avec de beaux magasins a été construite au milieu de ce vieux quartier et jure avec les anciennes échoppes.
Quelques enjambées plus loin se trouve le marché traditionnel de fruits et légumes mais aussi avec des produits plus inattendus comme des balais, de la laine à carder, des boulons, des écrous.....

Le musée national d'art médiéval (muzeu kombëtar i artit mesjetar)
Le musée est situé dans un bâtiment moderne à l'emplacement de l'ancienne cathédrale orthodoxe Mitropolia détruite par un tremblement de terre dans les années 1930.
Ouvert en 1987, il abrite la plus grande collection d'icônes du pays et des Balkans.
Elles proviennent pricipalement du sud de l'Albanie mais aussi de Korça. Le musée en déteint environ 6 500, mais seulement 200 sont exposées en permanence.
Sont également exposée une cinquantaine d'objets liturgiques, bibles, croix...) sur les 1500 que possède le musée.
Les œuvres les plus anciennes datent du XIIIe et XIVe s. Nous pouvons voir la magnifique icône de saint Michel de l'église Saint-Ritso, l'icône de saint Nicolas (XIIIe s.)
provenant du monastère Saints-Côme-et-Damien de Vithkuq et les icônes du XIVe s. de l'église rupestre de la Vierge Theotokossur l'île de Maligrad.
Le musée compte surtout plusieurs icônes du plus grand peintre d'art religieux albanais, Onufri, fondateur au XVIe s. de l'école de peinture de Berat et reconnaissable à son rouge vif, appelé "rouge Onufri ".
Parmi les oeuvres du grand maître se trouvent les portraits de saints Constantin et Hélène, la résurrection de Lazare, le baptême du Christ et la Transfiguration.
Parmi les oeuvres des grands peintres des XVIIe et XVIIIe s.,nous voyons des icônes de l'école crétoise, ainsi que Couronnement de la Vierge et le Baptême du Christ
de Kostandin Shpataraku, influencés par la Renaissance italienne.
La période du XIXe siècle est bien représentée avec les grands maîtres de la région de Korça tels que Ioannis Çetiri et les frères Kostandin et Athanase Zografi, qui,
comme Onufri trois siècles plus tôt, ont été influencés par l'art vénitien.
La collection comprend aussi des iconostases, notamment celle de l'ancienne cathédrale Mitropolia.
Les photos sont interdites mais si vous le désirez vous pouvez voir ces œuvres sur internet.

Le cimetière militaire français de Korça (varrezat franceze)
Ce cimetière rappelle la présence française dans la ville entre 1916 et 1920.
Il abrite les sépultures de 640 soldats métropolitains, malgaches, marocains, algériens, tunisiens, burkinabés, guinéens, sénégalais et vietnamiens tombés pour la France,
notamment lors de la prise de Pogradec en septembre 1917 par le 1er régiment de spahis marocains, unité de cavalerie la plus décorée de l'armée française.

Nous quittons Korçà pour la ville de Progradec qui fait partie de la préfecture de Korça.
Elle se trouve à 7 km à l'ouest de la République de Macédoine (rive ouest du lac d'Ohrid), sur les rives du lac d'Ohrid.
L'ancien dictateur Enver Hoxa, y possédait une villa qui a été rebaptisée vila art dans le petit parc du Drilon.

Le lac d'Ohrid ou lac d'Okhrid aux eaux profondément bleues, a une superficie de 358 km2, il est commun à l'Albanie et à la Macédoine. C'est le lac le plus profond des Balkans (288 m) mais aussi un des plus vieux du monde, avec le lac Titicaca et le lac Baïkal.
Il est alimenté par le lac Prespa et s'évacue par le Drin noir qui se jette dans la mer Adriatique. Il est connu pour son eau claire, qui est quelquefois transparente jusqu'à une profondeur de 22 mètres, et pour sa faune riche et variée, qui comprend des espèces endémiques.
Il est entouré par quelques plages et des monastères byzantins. Il a été classé au Patrimoine mondial de l'humanité en 1979 pour son caractère naturel exceptionnel , puis, en 1980, le label a été étendu afin de classer également des lieux historiques et culturels.

En direction de Tirana, à 70km de Pogradec, au centre de l'Albanie, nous visitons Elbasan.
Au cours de la Première Guerre mondiale, Elbasan a été successivement occupée par les Serbes, les Bulgares, les Autrichiens et les Italiens. Le développement industriel de la ville a commencé à la période du roi Zog 1er avec des usines de tabac et de boissons alcoolisées.
La ville avait alors de beaux bâtiments publics, des jardins publics, des magasins en bois. Elle a été détruite lors de la Seconde Guerre mondiale.
Après la guerre, la période communiste a fortement développé l'industrie dans la région et a même construit avec l'aide des chinois un énorme complexe métallurgique.
Enver Hoxha l'avait surnommée « la deuxième libération nationale de l'Albanie » mais les émissions de polluants dangereux ont rendu les terres impropres à la culture alors que la la zone était particulièrement prospère auparavant .
Elbasan est riche de son château et de sa mosquée.

L’enceinte de la citadelle a été construite sous l’empereur Dioclétien (305/258) sur le modèle des camps militaires romains de forme orthogonale (308 x 348 m). La citadelle comporte différentes périodes de construction, la fin de la période romaine, le début de la période byzantine et de la période ottomane.
A l’intérieur de la citadelle se trouve la mosquée la plus ancienne d'Albanie, elle a été construite par le sultan Bayazit II vers 1482-1485, c'est la mosquée du roi (Xhamia Mbret) ou mosquée du sultan Bayezid. .
Elle est devenue monument culturel de l'Albanie en 1948.

Nous reprenons notre route pour Tirana et plus précisément pour le centre mondial des Bektashi, dans la banlieue nord-est de Tirana où se trouve un vaste Tékké (mosquée, église ou temple selon la religion).
Tirana est le centre mondial du bektashisme depuis 80 ans.
Le Bektashisme est née en Turquie au 13ème siècle et s’est ensuite propagé dans tout l’Empire ottoman dont l’Albanie faisait partie.
L'ordre de Bektashi est une secte de Babas (prêtres- derviche en Turquie) proche du soufisme qui se situe entre le sunnisme et le chiisme.
C'est un mélange unique de croyance islamique et de philosophie. Cette confrérie compte 7 millions de fidèles de part le monde.
Cet ordre était très en avance sur son temps et l’on retrouve bon nombre de ses principes dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948.

l'Ordre Bektashi a été interdit par les autorités ottomanes en 1826, puis il réapparait plus tard au 19ème siècle pour être à nouveau interdit par Mustafa Kemal Atatürk peu après la fondation de la République de Turquie en 1923.
Cette interdiction en Turquie a conduit l'ordre à déplacer son siège en Albanie en 1925.
Le Tekké est orné de haut en bas de mosaïques marbrées dans la plus grande variété de couleurs et de motifs. Il a été entièrement restauré et inaugurée le 8 septembre 2015 en présence des chefs de toutes les communautés religieuses d'Albanie.

Nous rejoignons notre hôtel. Demain sera le dernier jour de notre voyage en Albanie et sera consacré à la visite de Tirana.


Texte de Paulette Gleyze


Photos de Paulette et Gérard Gleyze

samedi 21 octobre 2017

Voyage en terres Balkaniques : l’Albanie_9e jour_ Voskopoja et Korça


Aujourd'hui nous partons pour le sud-est du pays par la route des montagne.
Nous ferons un arrêt au tumulus de Kamenica et nous continuerons jusqu'au village de Voskopoja, où nous visiterons des églises orthodoxes renfermant de magnifiques fresques.
Et nous terminerons notre journée à Korça (Korçë).

Nous partons avec le conciliabule des hirondelles sous un ciel parfaitement pur.

Nous croisons un marché aux bestiaux typique sous un sous-bois.

Triste !
Après cette halte imprévue, nous repartons pour le tumulus de Kamenica.

Le Tumulus de Kamenica est un site archéologique important situé dans le côté des collines de Kamenica, dans le côté sud de la plaine de Korçë , à 8 kilomètres de Korçë .

Nous commençons la visite du site par la visite du musée consacré à la préhistoire de l'Albanie et de la région environnante.

Des panneaux illustrent l'histoire de l'excavation.

Nous pouvons voir l'illustration de la chirurgie d'un crâne mâle, réalisée au 6ème siècle av. J.-C., qui montre les connaissances médicales avancées de la communauté qui vivaient dans la région à ce moment-là.

Le musée comprend également deux répliques de tombes avec les restes d'origine, et notamment le squelette d'une femme enceinte et de son enfant à naître datant de 3000 av. J.-C.

Le tumulus a été fortement endommagé pendant la guerre civile de 1997.
Un gros travail de restauration et de recherche a été effectué au début des années 2000 par l'Unité d'archéologie de sauvetage d'Albanie de l'Institut albanais d'archéologie.

La fin des fouilles a montré que le Tumulus de Kamenica représente le plus grand monument funéraire de ce genre par rapport à 200 tumuli excavés en Albanie et dans les pays voisins des Balkans.

La tombe centrale, qui remonte à l’âge du bronze (13ème siècle av. J.-C.), est entourée de deux grands cercles concentriques contrairement à d'autres tumuli découverts en Albanie.

Le tumulus comportait 40 tombes à l’âge du bronze tardif (1200-1050 av. J.-C.) et à 200 au début de l'âge du fer (1050-750 av. J.-C.).

Le tumulus a progressé jusqu'au 7ème siècle av. J.-C. jusqu'à ce qu'il prenne une forme elliptique.

Au cours de la campagne d'excavation des années 2000, plus de 400 tombes, 440 squelettes et 3 500 objets archéologiques ont été trouvés.

Nous partons pour Voskopoja qui se situe à 18 kilomètres de la ville de Korçë dans la région de l'Épire du Nord.
Nous mettons du temps pour y arriver car une mauvaise route serpente entre les montagnes.

Voskopoja a été un haut lieu de l’histoire économique, artistique et culturelle des Balkans.

C’était aussi un carrefour important sur l’itinéraire terrestre qui assurait la liaison entre Constantinople et Venise. Plusieurs chemins en partaient qui menaient à Berat et à Durrës (au centre de l’Albanie], à Vlorë [sur la côte sud] et à Korçë, puis à Ohrid en Macédoine.

Durant cette période, Voskopoja possédait une académie, une bibliothèque, une imprimerie, un hôpital.

Des textes du Moyen Age et de l’époque classique, du XIIe au XVIIIe siècle, décrivent ses richesses, ses beautés naturelles, ainsi que son climat vivifiant.

A Tirana, les archives nationales d’Albanie, conservent deux manuscrits grecs,ainsi que trois fragments qui proviennent de Voskopoja.

Ville florissante des Balkans aux XVIIe et XVIIIe siècles, Voskopoja possède une unité architecturale et des décors post-byzantins exceptionnels, réalisés par les meilleurs artistes de l'époque.

Elle conserve aujourd’hui encore six splendides édifices construits à partir du 15ème siècle et qui ont partiellement échappé à la volonté d’Ender Hojxa d’éradiquer toute forme de culte et de détruire tous les édifices où le culte était consacré.
Au XVIIIes la ville comportait 24 bâtiments religieux.

Aujourd’hui les édifices sont hélas dans un état de grande précarité et, dommage pour nous, pour protéger les magnifiques fresques byzantines les photos sont interdites à l’intérieur .

Parmi les bâtiments sauvegardés, nous voyons l’église de Saint-Nicolas et St Michel (Shën Kolli et Shën Mëhilli), située au centre du village. Elle est en travaux et nous ne pouvons pas la visiter. Cette église est décorée de fresques du XVIIIe et XIXe siècle.

Tout près se trouve, l'église de St Michel et St Gabriel, son cimetière et ses fresques extérieures. L'intérieur est entièrement décoré de fresques byzantines du XVIIe siècle.
La restauration de ses fresques devient impérative

Après le déjeuner, nous allons visiter l'église de saint Anastase. Elle a été construite dans les années 1721/1724 et était l’église du cimetière du village. Elle a beaucoup souffert mors du tremblement de terre de 1964. Les fresques du cloître datent de 1745. Elles sont très endommagées mais leurs beautés vous laissent imaginer la beauté de celles à l’intérieur de l’église.

Il est possible de visiter d’autres églises orthodoxes de l’époque byzantine :
L’église de Shën Mëria (Sainte-Marie), la plus ancienne et la plus grande.

L’église de Shën Premte (du Vendredi-Saint), partiellement en ruine.

Le monastère de Shën Prodhomi (Saint-Jean-Prodrome), où se trouve la tour d’un clocher construit en 1632.
l’église de Shën Ilia (Saint-Elie), mais aussi le pont Shën Premte, le pont Kovaçi (du Forgeron), qui sont des monuments classés.

Nous quittons Voskopojaqui est un véritable écrin de l'art byzantin, pour Korça.
Korça est une belle ville au sud-est du pays, non loin de la Grèce et de la Macédoine.

Elle est surnommée le « petit Paris » car elle a été placée sous administration française pendant la Guerre de 14/18, et a été une région autonome appelée la République de Koritsa. Le premier lycée français du pays, a ouvert ses portes en 1917 et reste une institution phare de la ville. De part son histoire Korça est renommée pour son attachement à la francophonie.
Les tremblements de terre de 1931 et 1960 ont détruit l'ancienne cité.

Après l'installation à notre hôtel nous partons découvrir la ville.

C'est une ville agréable où il fait bon y flâner. Elle a de larges allées bordées de maisons colorées et de tout style.
C'est une ville multiculturelle aux influences françaises et ottomanes, avec ses marchés, ses monuments, ses édifices religieux variés notamment des mosquées et des églises (datant du début byzantine et ottomane).

La mosquée Iljaz Mirahori a été construit en 1494 par Iljaz Hoxha (également connu sous le nom d'Iljaz Bey Mirahori), ancien combattant de la Conquête d'Istanbul et fondateur de Korça.
Son minaret a été démoli pendant la dictature communiste et reconstruit en 2014.
 

La tour de l'horloge ottomane de Korçë devant la mosquée a également été reconstruite.
 

l'église orthodoxe de St Georges

L'intérieur est vaste lumineux et richement décoré de fresques et de tableaux de peintures byzantines.
 

 Demain nous quittons cette charmante ville pour Tirana. La boucle de notre voyage sera bouclée.


Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze