L'après midi du 09 mai 2025 est consacrée à la visite de Notre Dame de lorette et de Recanati,
Notre dame de Lorette est un lieu de pèlerinage majeur, troisième sanctuaire marial d’Europe après Lourdes et Fatima, avec environ 4 millions de visiteurs par an.
Loreto est perchée sur une colline, avec une belle vue sur la mer Adriatique.
La Basilique della Santa Casa est un sanctuaire marial qui abrite la Santa Casa, la maison de la Vierge Marie, transportée selon la tradition de Nazareth à Loreto au XIIIᵉ siècle par des anges ou des croisés en 1294.
Cette maison est aujourd'hui conservée dans une basilique monumentale construite entre 1468 et 1587.
La basilique est une œuvre majeure du gothique tardif, avec la participation d’architectes tels que Giuliano da Sangallo et Donato Bramante.
L’édifice mesure 93 m sur 60 m, avec un campanile culminant à 75,6 m.
Le sanctuaire est un haut lieu du catholicisme et a attiré des pèlerins célèbres comme Galilée, Descartes, ou encore Jean-Paul II.
La visite commence par la la Piazza della Madonna.
Elle se déploie au sommet de la cité, au bout du Corso Boccalini, et constitue le centre artistique et religieux de Loreto, entourée.
C'est une place vivante, un lieu de rencontres, de repos et de marche, elle est animée par des pèlerins, les Madonnari (artistes de rue au pastel), ainsi que par des cafés et boutiques de souvenirs et produits régionaux (vins, artisanat).
Elle symbolise l’équilibre entre spiritualité (basilique), art (fontaine, monument) et vie urbaine séculaire.
A l’est de la majestueuse Basilique de la Santa Casa, se trouve le Palais apostolique, bâtie du XVe au XVIIe siècle dans un style gothique Renaissance, œuvre collective de Bramante, Baccio Pontelli et d'Antonio da Sangallo.
Aujourd'hui, il a une fonction religieuse, esthétique, architecturale, sociale (il accueille les pèlerins), muséale et administrative.
Le campanile Vanvitilliano se dresse à côté de la basilique, visible depuis toute la place. C'est un chef d'oeuvre construit entre 1750 et 1754 par l’architecte Luigi Vanvitelli.
Il est le plus haut de la région des Marches, avec une hauteur de 75,60 m, et figure parmi les quarante‑huit plus hautes tours campanaires d’Italie.
Il s’élève sur cinq niveaux bien distincts. Les deux premiers tiers sont à base carrée et intégrés au Palazzo Apostolico, le troisième niveau est octogonal, le quatrième niveau circulaire et au cinquième niveau il y a une balustrade surmontée d’un bulbe baroque à croix.
Les côtés nord et ouest sont fermés par le Palazzo Apostolico, conçu par Bramante dès 1507‑1509, prolongé par Sangallo le Jeune, Boccalini et enfin Vanvitelli.
Au centre de la place trône la Fontana Maggiore, chef-d’œuvre baroque construit entre 1604 et 1614 par Carlo Maderno et Giovanni Fontana, avec une ornementation bronze (putti, tritons…) des frères Jacometti.
Au sud, se trouve le Collegio Illirico, un bâtiment latéral d'origine inachevée, initialement destiné à prolonger l’arcade du Palazzo.
Sur le côté est-ouest de la basilique de Loreto, se trouve la Chiesa della Natività et ses tours.
Trois frontons et une tour centrale élancée, soulignent l’axe est-ouest du bâtiment. Cette tour présente quatre ordres superposés : base carrée, étage octogonal et sommet circulaire qui porte le beffroi, ce qui donne une élégance et une légèreté visuelle.
La Piazza della Madonna, dominée par la basilique, le palais apostolique et la fontaine baroque, est le véritable cœur historique et symbolique de Loreto, à la fois monument monumental, lieu de dévotion et espace de vie locale. La Chiesa della Natività à Loreto, avec ses tours baroques disposées selon l’axe principal, complète le panorama architectural du sanctuaire.
Trois superbes portes en bronze de style maniériste réalisées entre la fin du XVIᵉ et le début du XVIIᵉ siècle ornent la façade principale.
La porte centrale (1590–1611), présente six grandes scènes tirées de l’Ancien Testament (création, chute, drame d'Adam et Ève, etc.), avec une statue de la Vierge à l’Enfant dans une niche au-dessus réalisées par la famille Lombardi (Antonio, Girolamo et ses fils), issus de la scuola di scultura de Recanati (école de sculpture de Recanati).
La porte de droite, initiée par Antonio Calcagni en 1590 et terminée vers 1600 par Tarquinio Jacometti et Sebastiano Sebastiani, comporte des scènes bibliques comme le sacrifice d'Abel, le Déluge, l’Arche de Noé, etc.
À gauche, la porte par Tiburzio Vergelli et Giovan Battista Vitali (1590–1596) offre dix panneaux dont la création d’Adam et Ève, Joseph en Égypte, le passage de la Mer Rouge...
Ces portes ont été commandées pour le Jubilé de 1600 sous le cardinal Antonio Maria Gallo, dans un désir de guider spirituellement les pèlerins vers le mystère de l’Incarnation.
Elles sont un exemple exceptionnel de sculpture maniériste, associant, des reliefs narratifs fins et jouant sur la profondeur et des scènes bibliques préparant à l’entrée dans le lieu sacré.
La basilique est conçue comme une grande croix latine, avec une nef centrale et deux collatéraux, un transept à gauche et à droite, la Santa Casa au centre de l’édifice, sous la coupole et des chapelles latérales réparties le long des murs, et dans les sacristies nord et sud.
Au cœur de la basilique se trouve la Sainte Maison (Santa Casa).
La Santa Casa est la maison où la Vierge Marie aurait vécu à Nazareth, et dans laquelle se serait déroulé l’Annonciation (quand l’archange Gabriel lui a annoncé qu’elle allait concevoir le Christ).
Selon la tradition catholique, en 1291, lorsque les croisés quittent la Terre Sainte, la maison est transportée miraculeusement par les anges (ou, selon des archives, par la famille Angioine d’Épire).
Elle aurait d’abord atterri à Trsat (Croatie), puis à divers endroits dans la région des Marches, avant de s'établir définitivement à Loreto en 1296.
C'est une petite bâtisse rectangulaire mesurant environ 9,5 × 4 mètres. Trois murs sont en pierres brutes (Il n'y a pas de quatrième mur car la maison est adossée à la grotte de Nazareth). Ces pierres proviennent de Nazareth et sont faites d’un calcaire typique de Galilée, différent des pierres locales italiennes. Les murs présentent encore des restes de fresques byzantines des XIIIᵉ‑XIVᵉ siècles.
Autour de cette humble maison, le pape Jules II a commandé en 1507 une revêtement monumental en marbre blanc, confié à Donato Bramante (architecte de la basilique Saint-Pierre à Rome).
C’est un chef-d’œuvre de la Renaissance italienne qui représente des scènes de la vie de Marie sculptées en haut-relief.
On y retrouve des médaillons, angelots, cartouches et colonnes corinthiennes ornées de motifs floraux et mariaux.
À l’intérieur, l’espace est très sobre, avec un petit autel et la statue très vénérée en bois de cèdre de la Vierge noire de Loreto.
On lit l’inscription : "Hic Verbum caro factum est" (Ici le Verbe s’est fait chair) rappel du mystère de l’Incarnation.
C'est un lieu de prière intense, de recueillement et d’offrandes. De nombreux pèlerins y entrent à genoux, en signe d’humilité et de vénération. Des prières mariales, notamment les Litanies lauretanes, y sont récitées depuis des siècles.
La Santa Casa est l’un des sanctuaires mariaux les plus importants au monde, comparée à Lourdes ou Fátima. Elle a inspiré la congrégation des Pères de la Sainte Maison de Lorette et donné naissance à des dizaines de sanctuaires "Loreto" dans le monde. Elle est aussi le lieu de prière des aviateurs, la Vierge de Loreto étant la patronne de l’aviation en raison de la tradition du transport aérien de la maison.
Quelques sculptures de la Santa Casa.
Installée à l’intérieur de la Santa Casa, la Vierge noire est une figure centrale de la piété mariale en Italie. Elle est le cœur du pèlerinage à Loreto, les fidèles prient devant elle, font des offrandes, déposent des ex-voto, et récitent les litanies laurétaines.
Elle est dite "noire" en raison de la couleur sombre de son bois, mais aussi par sa symbolique et son histoire.
L’ancienne statue (aujourd’hui disparue) aurait été sculptée dans du bois de cèdre du Liban, assombrie par les siècles et la suie des cierges. Elle était de style gothique tardif, avec un visage serein, souvent représentée assise, tenant Jésus sur ses genoux.
Le 23 février 1921, un incendie accidentel dans la Santa Casa la détruit. Cet événement bouleverse les fidèles, car la statue était l’objet d’une immense vénération.
La statue actuelle a été réalisée en 1922, par le sculpteur Enrico Quattrini (d’après les modèles anciens).
Elle est taillée dans du bois de cèdre du Liban, comme l’originale, et recouverte d’une couche noire à des fins symboliques et traditionnelles.
Elle est représentée couronnée, drapée dans une robe stylisée, assise sur un trône, portant l’Enfant Jésus également couronné. Le style est solennel, hiératique, presque byzantin. Elle est couronnée solennellement par l’Église en 1922 avec l’approbation du pape Pie XI.
La mère et l'enfant portent des vêtements dorés ornés, souvent recouverts de riches habits brodés en fonction du calendrier liturgique.
La couleur noire n’est pas d’abord liée à l’origine ethnique, mais au mystère, à la souffrance, à l’universalité.
Des milliers d’églises et chapelles de par le monde (Italie, Amérique latine, Philippines…) ont une copie ou une dévotion à Notre-Dame de Lorette.
La Basilique de la Santa Casa de Loreto abrite plusieurs chapelles latérales et sacristies d’un grand intérêt artistique et spirituel. Elles s’organisent principalement autour de la nef, du transept et dans les sacristies accessibles aux pèlerins.
La chapelle Saint Ignace de Loyola est l’une des chapelles latérales les plus remarquables de la basilique de la Santa Casa de Loreto, à la fois pour son importance spirituelle, sa connexion avec les Jésuites, et sa richesse artistique.
Ignace de Loyola est le fondateur de la Compagnie de Jésus (les Jésuites) en 1540 et grand promoteur des pèlerinages à Loreto. Il y est venu à pied, en 1535, dans une démarche de conversion et d'humilité.
Elle est de style baroque italien du XVIIe siècle, richement décorée,
L’œuvre centrale est attribuée à Andrea Sacchi ou Pompeo Batoni, deux grands peintres baroques.
Cette chapelle est très fréquentée par les pèlerins jésuites.
Les Jésuites ont été les grands diffuseurs du culte de Loreto dans le monde entier, notamment en Amérique latine et en Asie. Ils ont fondé de nombreuses églises "Notre-Dame de Lorette" dans le monde.
La chapelle de saint François d’Assise est l’une des chapelles latérales les plus anciennes et les plus marquantes du sanctuaire. Elle témoigne de la forte présence franciscaine à Loreto depuis les débuts du pèlerinage marial.
Bien que saint François d’Assise (1182–1226) soit mort avant l’arrivée supposée de la Santa Casa à Loreto, les Franciscains ont été les premiers gardiens du sanctuaire à partir du XIVe siècle, il était donc naturel de lui dédier une chapelle, en tant que pèlerin humble et modèle de pauvreté.
La chapelle est décorée dans un style Renaissance tardive, avec des ajouts baroques plus récents.
Saint Michel est aussi honoré, notamment via une chapelle ou tableau en mosaïque inspiré d’une œuvre de Guido Reni, appelée San Michele Arcangelo.
La Cappella Tedesca (chapelle allemande) située dans l'abside de la basilique, a été décorée entre 1892 et 1902 par Ludovico (Ludwig) Seitz, peintre d'origine germano-italienne.
Elle présente un vaste cycle de fresques sur des thèmes de Marie, notamment une splendide scène de l’Adoration des Mages, très colorée et richement dorée.
La composition architecturale de la chapelle est typique d’un choeur polychrome, encadrée par des dorures et des boiseries ouvragées, mettant en valeur chaque tableau.
Cette chapelle offre un aperçu fascinant de la diversité culturelle et religieuse réunie à Loreto, reflet de l’universalité du pèlerinage.
La chapelle du Saint Sacrement de la basilique de la Santa Casa de Loreto est l’une des plus importantes chapelles latérales du sanctuaire, à la fois par sa fonction liturgique et sa richesse artistique.
On l'appelle parfois aussi «Cappella del Santissimo Sacramento», ou encore «Cappella dell’Adorazione».
Elle est dédiée au culte eucharistique, avec une exposition régulière du Saint Sacrement.
L’autel est orné d’un tabernacle doré, encadré par des colonnes de marbre polychrome.
Des peintures ou fresques représentent la Cène, le Sacrifice d’Abraham (préfiguration du sacrifice du Christ), ou des anges adorateurs entourant l’hostie.
La chapelle a été aménagée entre la fin du XVIᵉ et le XVIIᵉ siècle, puis remaniée aux XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles.
La “Cappella dell’Ultima Cena” est en réalité la Salle du Trésor. Elle donne accès à ce que l’on appelait autrefois le trésor de la basilique. C'est l'ancien espace de conservation des ex-voto et dons précieux offerts à la Vierge, d'où son nom de salle du Trésor.
Entre 1605 et 1610, l’artiste Cristoforo Roncalli, dit il Pomarancio, a peint un cycle de fresques représentant la vie de la Vierge, entourées de prophètes, sibylles et symboles marials (Les lys blancs sont des symboles marials de pureté, le bleu céleste est une couleur traditionnellement mariale et dans l’art gothique, les rosaces peuvent être des symboles marials.
La voûte en berceau et les murs sont décorés de scènes telles que l’Annonciation, la Nativité, la Fuite en Égypte, la Présentation au Temple, etc.
Napoléon a dépouillé la salle lors du sac, et beaucoup de reliques et objets ont été emportés.
Aujourd’hui, ce qui reste du trésor original se trouve dans le Musée Pontifical de la Santa Casa, attenant à la basilique.
La Cappella de l’Immacolata (Immacolata Concezione) est dédiée au culte marial. La chapelle abrite deux peintures d’Alfonso Di Spigna, représentant la Nativité et la Présentation de Marie.
Le style est influencé par la fin du XVIᵉ et XVIIᵉ siècle, mêlant stucs décoratifs, peintures sur toile et orfèvrerie du baroque tardif.
La Basilique possède plusieurs coupoles remarquables, chacune avec son histoire, son style, et sa fonction.
La grande coupole centrale construite entre 1499 et 1500 surmonte la Santa Casa, le cœur du sanctuaire.
De forme octogonale, elle s’élève sur un haut tambour percé de fenêtres, avec un lanternon terminal. Les fresques originales du Pomarancio (Cristoforo Roncalli), ont été remplacées entre 1895 et 1907 par Cesare Maccari.
Les thèmes sont la Trinité et la Vierge.
Marie entourée de chœurs angéliques, les Litanies Lauretanes.
Cette coupole est l'une des plus vastes d'Italie après Florence, le Panthéon et Sainte
Sophie.
Autour de la nef et du transept, on trouve quatre coupoles secondaires, plus modestes mais riches en décorations.
Elles couvrent, le transept nord (chapelle de la Crucifixion), le transept sud (chapelle de la Nativité), deux chapelles dans la nef latérale gauche et droite
Ces coupoles sont décorées dans un style baroque ou néo-classique, selon les périodes de rénovation.
On y trouve des fresques mariales, des scènes de la Passion, ou des symboles eucharistiques.
La coupole de la Sacristie (Chapelle du trésor) est une merveille artistique et architecturale, érigé entre 1498 et 1500 par Giuliano da Maiano et Giuliano da Sangallo.
À l’époque, il s’agissait de la troisième plus grande coupole d’Occident, après Florence et Constantinople.
Elle repose sur un tambour octogonal, et s’insère dans un chevet composé de 13 chapelles absidiales et d’un hémicycle typique du gothique tardif.
Elle est décorée de stucs, fresques et peintures retraçant la vie de la Vierge.
La basilique de Loreto est bien plus qu’un lieu de culte, c’est une étape incontournable pour tout voyageur curieux de découvrir le riche patrimoine spirituel et artistique de l’Italie.
Entre la majesté de son architecture, la beauté de ses fresques, et l’émotion des visiteurs autour de la Sainte Maison, nous repartons avec un souvenir unique. Que l’on soit croyant ou simplement en quête de lieux inspirants,
Loreto est un moment de découverte intense pour les passionnés d’art, d'architecture et d’histoire.
Nous quittons Loreto et partons pour Ricanati situé à 7 km de Loreto.
C'est une charmante cité perchée sur une colline à environ 296 m d’altitude, offrant un panorama splendide sur la mer Adriatique et les Apennins et le Cornero, site emblématique des marches "Le Monte Cornero" qui culmine à 572 mètres au-dessus de la mer.
Recanati a été fondée vers 1150, au XIIᵉ siècle, à la suite de la fusion de plusieurs petits bourgs fortifiés situés sur les collines de la région. Cette union concernait notamment Monte Morello, San Vito et Castelnuovo (ou Volpino).
À cette époque, la région est instable en raison des rivalités papales et féodales.
Les petites communautés cherchent sécurité et autonomie et l’unification permet la naissance d’un centre urbain organisé, avec une muraille commune, un pouvoir civil centralisé et un développement commercial.
En 1290, Recanati obtient le statut de ville libre (Comune autonomo), avec son propre gouvernement communal. Elle commence à organiser une grande foire internationale qui attire des commerçants de toute l’Europe et devient alors un centre de commerce prospère avec le vin, les tissus et l'huile.
Elle devient influente dans les affaires ecclésiastiques grâce à ses liens privilégiés avec Rome et les États pontificaux.
Elle connaît l’occupation napoléonienne en 1798 et rejoint l’Italie unifiée après la bataille de Castelfidardo en 1860.
Elle est aujourd’hui une ville d’art et de culture, très appréciée pour son patrimoine, ses musées, son ambiance poétique et ses vues splendides sur les collines des Marches.
Elle attire les passionnés de littérature italienne, de musique et d’histoire. Giacomo Leopardi (1798–1837), né à Recanati. est un poète majeur du romantisme italien. Sa maison natale, la Casa Leopardi, est aujourd’hui un musée.
Beniamino Gigli (1890–1957), un des plus grands ténors du XXᵉ siècle, est aussi originaire de la ville.
Le parking est en périphérie et nous accédons au centre historique par un ascenseur.
Nous arrivons sur la Piazza Giacomo Leopardi, cœur du centre historique de Recanati.
Sur la place se trouve le Palazzo Comunale (hôtel de ville) .
Construit entre 1872 et 1898 sur l’emplacement de l'ancien Palazzo dei Priori et du couvent des Dominicains il a été inauguré le 29 juin 1898, pendant le centenaire de la naissance de Leopardi, en présence du poète Giosuè Carducci.
Il est de style néo renaissance / néoclassique en brique claire, avec des portiques, un fronton central et deux ailes en "C" enserrant la place.
Au rez-de-chaussée se trouve un vaste portique d’arcades à piliers.
Le 1er étage est percé de grandes fenêtres avec frontons avec un avant corp central. Le bâtiment a été restauré après les séismes de 2016.
Outre les services municipaux, le palais accueille le centre culturel, expositions temporaires et parfois la Galerie d’art municipale .
Les élégants portiques abritent des boutiques, des cafés et des galeries.
Au centre de la place se dresse la statue du poète, érigée en 1898 pour célébrer le centenaire de sa naissance. Elle le représente pensif, les yeux baissés, capturant l’essence de sa poésie mélancolique.
Le poème le plus célèbre de Giacomo Leopardi est sans doute « L'infinito », écrit en 1819. C’est une méditation profonde sur la nature, le silence et l’immensité de l’univers, vue depuis une colline à Recanati.
Il est souvent considéré comme l'un des chefs-d'œuvre de la poésie italienne, à la fois pour sa beauté formelle et la richesse de sa réflexion philosophique.
L'infinito (extrait original en italien)
Sempre caro mi fu quest’ermo colle,
E questa siepe, che da tanta parte
Dell’ultimo orizzonte il guardo esclude.
Ma sedendo e mirando, interminati
Spazi di là da quella, e sovrumani
Silenzi, e profondissima quiete
Io nel pensier mi fingo…
Traduction (extrait)
Toujours chère m’a été cette colline solitaire,
Et cette haie, qui cache à mes regards
Une si grande partie de l’horizon lointain.
Mais assis là, à contempler, j’imagine
Des espaces sans fin au-delà, et des silences
Surhumains, et une paix profonde.
A quelques encablures de cette place se trouve la Torre del Borgo appelée aussi Torre Civica.
Elle est de plan carré de 36 m de haut, couronnée de créneaux gibelins
Elle a été construite vers 1160 et symbolise l’unification des trois anciens châteaux, Monte Morello, Monte Volpino et Monte Muzio.
Après la démolition de l'ancien Palazzo Comunale en 1872, elle se détache et devient un bâtiment autonome.
Elle est compartimentée en sept étages reliés par un escalier raide, éclairé par des fenêtres étroites,
l'horloge en pierre blanche date de 1562.
Depuis 2016, elle abrite le MUREC (Museo di Recanati) .
Si vous gravissez les 147 marches vous atteindrez la terrasse panoramique.
Vous aurez alors, une vue spectaculaire allant des Monts Sibyllins jusqu’à la mer Adriatique.
Situé près du centre historique, à deux pas de la Piazza Leopardi, le théâtre s'appelle le Teatro Giuseppe Persiani, un joyau de l’architecture théâtrale italienne du XIXe siècle.
Il a été inauguration en 1840 et dédié à Giuseppe Persiani, compositeur né à Recanati (1799–1869), célèbre pour son opéra "Inès de Castro".
Il est conçu dans le style néoclassique avec une façade élégante et sobre.
L’intérieur présente un parterre et trois rangées de loges, surmonté d’une galerie.
Le plafond est décoré d’une fresque centrale évoquant les arts, la musique et la poésie.
Il accueille aujourd’hui des opéras, des concerts, du théâtre classique et contemporain, des conférences.
A proximité se trouve l'église historique San Domenico.
La façade principale en brique gothique est dotée d’un élégant portail en pierre d’Istrie conçu par Giuliano da Maiano vers 1481. Il comporte deux colonnes à chapiteaux corinthiens et un riche décor en frise et de grandes arcades et fenêtres à meneaux.
Fondée vers 1272 par les moines dominicains, elle remplace l’ancienne église dédiée à saint Grégoire.
Remaniée entre le XIVe et le XVIIIe siècle, elle combine un style gothique extérieur et une décoration intérieure plus baroque .
L'intérieur est lumineux, avec une seule nef bordée d’arcades et voûtes en berceau, avec de nombreuses œuvres religieuses.
L'église Sant’Anna est une petite église de quartier construite à la fin du XVe siècle et remodelée au XVIIIe siècle.
La façade actuelle, composée de brique rouge, a été reconstruite entre 1741 et 1771, sous la direction de Vanvitelli, avec l’ajout de colonnes torsadées.
Ses portes en bronze ont été conçues par le sculpteur Tommaso Gismondi et installées sur ordre de Gaetano Rosanova, évêque local, en 1982.
Leur iconographie est riche, les scènes bibliques et l’évocation de sainte Anne soulignent les liens profonds entre l’Ancien Testament (Anne, Marie, Jésus), la mission évangélique et le rôle de la Vierge, les raisins et épis renvoient à l’Eucharistie, au pain et au vin...
Sant'Anna reproduit à l’identique, avec la même taille et le même matériau, la Santa Casa di Loreto telle qu’elle était avant l’incendie de 1921, permettant aux fidèles locaux d’y rendre hommage sans se rendre jusqu’à Loreto.
Les trois murs originels de la Santa Casa, sont soigneusement reproduits reproduits.
Elle possède une statue de Sante Anne tenant Marie, en bois polychrome, typique des cultes populaires baroques.
Elle possède également une ancienne image de la Vierge, vénérée dans un contexte marial, une toile du XVIIe siècle, intitulée « Vierge à l’Enfant entre saint Joachim et sainte Anne », attribuée à Cavalier Perugino alias Gian Domenico Cerrini.
Au centre, la Vierge Marie, tenant l’Enfant Jésus sur ses genoux, à gauche, sainte Anne, mère de Marie, symbolisant la lignée sacrée, à droite saint Joachim, père de Marie.
L’ensemble forme une sacra conversazione (une réunion sacrée) de figures saintes dans une même scène, évoquant l’unité familiale et la transmission de la foi.
La promenade dans la ville nous fait découvrir de belles bâtisses.
Nous terminons cette belle journée en dégustant un verre en terrasse accompagné de petites spécialités régionales, olives, pecorino...
Recanati ne se visite pas, elle se ressent.
Elle laisse un souvenir de calme, de beauté et de poésie (esprit de Giacomo Leopardi?).
« Una città piccola, ma con un’anima grande. » C'est une petite ville avec une grande âme.
Texte de Paulette Gleyze
Photos de Paulette et Gérard Gleyze