lundi 14 juin 2021

Exposition Giorgio Morandi au musée de Grenoble



Merci à Geneviève B. de l'Association ARDDS, grâce à qui, nous avons pu avoir une visite guidée de l'exposition Giorgio Morandi, ce mardi 08 Juin 2021

La visite est richement commentée par Eric, guide passionnant.

Ce texte s'inspire grandement de ses commentaires, qu'il en soit remercié.

Giorgio Morandi, est un peintre et graveur de la première moitié du 20e siècle.

Il est né à Bologne en 1890 dans une famille de cinq enfants et est mort à Bologne en 1964.

Il est le peintre de la modernité, il a une notoriété mondiale dans le monde de l'art.

Barack Obama à son arrivée à la Maison Blanche a demandé un tableau de Giorgio Morandi pour la nouvelle décoration.

Giorgio Morandi est assez particulier dans sa création, dans sa manière de travailler et dans son mode de vie. Il n'a presque jamais quitté Bologne, a vécu toute sa vie dans le même appartement avec sa mère, et était très discret. Les seuls voyages qu'il ait entrepris c'est en Suisse.

Morandi enseigne le dessin dans les écoles élémentaires de Bologne. En 1930, il devient titulaire de la chaire de gravure à l'Académie des beaux-arts de Bologne.

Il a une manière bien à lui de travailler; il est lent, il est dans la réflexion et la contemplation.

Il a une notoriété qui grandit au fil des années dans le monde entier.

De son vivant, ses œuvres ont été exposées à Venise, Berne, Buenos Aire, San Francisco, Rome, Paris, Zurich, New York, Bruxelles, Londres, Sao-Paulo... sans qu'il s'y soit lui-même rendu.

Néanmoins, Giorgio Morandi reste peu connu en France et très peu représenté dans ses musées nationaux.

C'est un peintre à part dans l'histoire de l'art du 20e siècle, il n'a peint ou gravé quasiment que des natures mortes et beaucoup de paysages.

Il ne peut être rattaché à aucune école de peinture spécifique.

Nous devons cette exposition grâce au prêt par la Fondation Magnani-Rocca de 50 œuvres de l’artiste, et par d'autres prêts de musées français.

Luigi Magnani fait la connaissance de Morandi en 1941. C'est un grand amateur de l’œuvre de Morandi. Il va acheter régulièrement ses œuvres et va même continuer à en acheter après la mort de l'artiste.

Une correspondance riche s'installe entre eux. Magnani publie un livre "il mio Morandi", non traduit en français, dans lequel il fait état de ses relations avec l'artiste.

La Fondation Magnani-Rocca qui regroupe la collection de Luigi Magnani-Rocca, se trouve à Traversetolo en Italie. Luigi Magnani (1906-1984), qui a fait fortune dans le parmesan, était un mécène et critique d'art. Il possédait cinquante œuvres de Morandi, mais aussi des œuvres de Filippo Lippi, Dürer, Rubens, Van Dyck, Goya et aussi Monet, Renoir, Cézanne, De Chirico, des sculptures de Canova, Bartolini ...

Pour reprendre les mots du livret de l'exposition : "cette exposition qui se veut avant tout une introduction intimiste à l'univers de Morandi et qui n'a pas l'ambition d'être une rétrospective, permet d'illustrer toutes les facettes de la recherche du peintre : une recherche placée sous le signe de Cézanne, entièrement tournée vers la résolution du mystères des apparences dans une quête solitaire et obstinée de la "vérité en peinture".

La première salle est consacrée à des photos de la chambre de 9m² que G. Morandi a occupé toute sa vie et qui lui a servi d'atelier.

Cet atelier est conservé en l'état. Sa maison est devenu un musée et peut se visiter à Bologne.

Les photos sont de Luigi Ghirri (1943-1992). Il est originaire de Modène en Italie. Il est le précurseur de la couleur avec Stephen Shore et William Eggleston. C'est un ancien géomètre. Il se fait connaître par des séries de photos comme Modena en 1972, fruit de ses déambulations dans sa ville natale.

Ghirri est un familier de l’œuvre de Morandi, dont il montre avec ses photos aux teintes douces et pastels, les objets dont s'inspirait l'artiste : bouteilles, coquillages, fleurs ainsi que le chevalet recouvert de poussière...

L'exposition est chronologique et permet de voir les étapes marquantes de son travail et de sa recherche pendant plus de 50 ans.

Tout au long de sa vie, le paysage va tenir une bonne place dans son œuvre. Morandi peint les lieux qu'il aime.
Dans ses eaux-fortes, les traits épousent les volumes et donnent corps aux formes .

Bologne lui inspire sa 1ère composition (2e salle) :
"Le pont sur la Savena à Bologne"_1912_collection Fondation Magnani-Rocca

La famille choisit dès 1913 Grizzana un petit village dans les Apennins Emiliens comme lieu de villégiature.

Ce village va grandement inspirer l'artiste.

Paysage (Grizzana)_eau-forte sur zinc_1913_Paris, Centre Pompidou Musée National d'Art Moderne.

En 1914, Morandi découvre le cubisme à travers la revue "La Voce" et il prend part à plusieurs expositions futuristes.

Il voue une grande admiration à l’œuvre de Cézanne qui l'a influencé.

Dans cette œuvre emblématique de ses débuts, la couleur est réduite à quelques bruns, gris et verts.
Les objets sont difficiles à discerner : une bouteille, une boîte, un livre, une cruche, un miroir ? Il annonce ici sa peinture à venir.

Nature morte_1914_huile sur toile_Paris centre Pompidou

Eau-forte sur cuivre_Nature morte avec bouteilles et pichet_1915

Chef d’œuvre de sa période métaphysique, cette œuvre de 1918 se situe au début de sa collaboration avec la revue Valori Plastici qui associe les anciens futuristes comme Ardengo Soffici ou encore les frères Chirico.
Giorgio Chirico définit la peinture de Morandi comme "métaphysique des objets du quotidien".
Il écrit aussi dans la Fiorentina Primaverile de Florence en 1922: "Morandi regarde avec l’œil de l'homme qui croit, et le squelette intime de ces choses mortes pour nous, parce qu'immobiles, lui apparait dans son aspect le plus consolant : dans son aspect éternel".

De courte durée cette période ouvre les portes à l'artiste sur sa recherche lente et patiente de son œuvre. Il fera 12 tableaux métaphysiques.

Nature morte métaphysique_1918_huile sur toile_Fondation Magnani-Rocca

Les travaux de Morandi sont publiés pour la première fois dans la revue "Valori Plastici" en 1919. La même année il va rencontrer Chirico à Rome.

Dans la salle suivante, nous voyons des tableaux et eaux-fortes des années 1920.
Cette année là, il reprend son activité de graveur qu'il avait interrompue quelques années plus tôt.

Il visite la biennale de Venise où une salle est consacrée aux œuvres de Cézanne dont il restera très marqué.
L'univers de l'artiste s'affirme : des coquillages, des objets de curiosité donnent lieu à un travail complexe sur la forme et la lumière.

Nature morte avec sucrier, coquillage et fruits_1921_eau forte sur cuivre

Il note précisément avec beaucoup de délicatesse et de précision l'emplacement de chaque objet pour chaque composition.

Nature morte au panier à pain_1921_eau-forte sur zinc_fondation Magnani-Rocca

La figure humaine est quasi inexistante dans l’œuvre de G Morandi.
Seuls six autoportraits on été réalisés entre 1914 et 1930.
Morandi se montre de face, derrière son chevalet, en manches de chemise et gilet avec ses attributs de peinte, palette et pinceau.
Dans son choix de couleurs, le peintre révèle ici sa passion pour l’œuvre de Corot.
Il le dit lui même : "dans les années 1920-1930, j'ai aussi commencé à m’intéresser beaucoup à Chardin, Vermeer et Corot"

Après un dernier autoportrait en 1930, il abandonne définitivement l'art du portrait pour se consacrer exclusivement aux natures mortes et aux paysages.

Autoportrait_1925_huile sur toile_Fondation Magnani-Rocca

Le paysage est peint de sa fenêtre, il n'y a pas de personnages.
Terrain de tennis aux jardins Margherita, Bologne_1921_eau-forte sur zinc_Paris Centre Pompidou
 

A partir de 1927, Morandi connaît une période d'activité sans précédent dans le domaine de la gravure. Il confie : " Je viens seulement d'atteindre la maturité".

L'attribution en février 1930 de la chaire de gravure à l'Académie des beaux-arts de Bologne confirme sa reconnaissance dans le domaine.

Inspiré par Cézanne cette œuvre est atypique dans le travail de Morandi.

Nature morte avec fruits_1927_huile sur toile_Fondation Magnani-RoccaNature morte avec poires et raisins_1927_eau-fort sur cuivre_
Fondation Magnani-Rocca

Il peint des bouquets de fleurs qui montrent toute sa sensibilité, sa discrétion et sa solitude; ce sont de petits bouquets disposés dans un vase dans un espace indéterminé.


Les fleurs provenaient de son jardin qu'il cultivait rue Fondazza, mais il utilisait aussi des fleurs séchées.

Ces bouquets disposés dans des vases étaient surtout destinées à être offerts à ses proches.

Jean Leymarie (historien d'art) a écrit en 1971 dans "Préface", "Aucun peintre, ni Renoir, ni Bonnard, ni Redon n'a su rendre les fleurs avec autant de ferveur primitive et de sensibilité moderne"

Fleurs dans un vase blanc_1929_eau-forte sur zinc_Fondation Magnani-Rocca

Fleurs sauvages_1930_eau-forte sur zinc_Fondation Magnani-Rocca

Botte fleurie_1932_eau-forte sur zinc_Fondation Magnani-Rocca

Zinnias dans un vase_1932_eau-forte sur zinc_Fondation Magnani-Rocca

Dans la salle 4, les tableaux montrent que l'univers de l'artiste se définit un peu plus et s'affirme.

C'est aussi une période sombre avec le spectre de la guerre qui menace.

Le procédé technique est inédit, l'eau-forte, avec un passage à l'acide et l'utilisation d'une pointe sèche éraflant la préparation, lui permet d'obtenir un fond d'encre homogène sur lequel les objets se détachent avec force. L'influence de Chardin est particulièrement visible dans le traitement du clair-obscur.

Il joue également sur la lumière.

Nature morte avec deux objets et un drap sur la table_1929_eau-forte_Fondation Magnani-Rocca

Nature morte avec six objets_1930_eau-forte sur cuivre_Fondation Magnani-Rocca

Grande nature morte à la cafetière_1933_ eau-forte sur cuivre_1933_Fondation Mantegna-Rocca

Les ombres allongées ajoutent au caractère sombre. Ils évoquent la mélancolie, la tristesse.

Paysage (plaine de Bologne)_1929_eau-forte sur zinc_Paris centre Pompidou

Paysage(Chiesanuova)_1924_eau-forte sur cuivre_1924_Fondation Mantegna-Rocca

Paysage de Grizzana_1932_eau-forte sur cuivre
_Fondation Magnani-Rocca

Les coquillages apparaissent pour la première fois dans quelques peintures et gravures au début des années 1930. Morandi s'inspirant des gravures de Rembrandt.

De ce tableau émane une grande force métaphysique à une époque où Morandi est imprégné de la philosophie de l'ermetismo. Les formes des coquillages évoquent l’étrangeté du réel.

Les coquillages, objets de curiosité, sont prétextes à un travail complexe sur la forme et la lumière.

Nature morte aux coquillages_eau-forte sur cuivre_1930_Centre Pompidou Paris

Coquille et autres objets_vers 1924_eau-forte sur cuivre_Paris Centre Pompidou

Cette nature morte marque un sommet dans la carrière de graveur de Morandi. Au début des années 1930 il se consacre entièrement à la gravure. En 1932 il participe à la "Prima Mostra dell' Incisione Italiana Moderna" à Florence.

Cette œuvre montre sa maîtrise parfaite de l'eau-forte. Les objets ont l'aspect d'apparitions. Il fait un usage extraordinaire du blanc. "chaque objet vit de façon indépendante mais n'existe que grâce à la proximité des autres".

Nature morte aux traits légers_1933_estampe, eau forte sur cuivre_Fondation Magnani-Rocca

En 1941, il rencontre le collectionneur Luigi Magnani à Parme. Ce dernier grand amateur de musique classique lui commande un tableau et lui apporte les instruments qu'il veut voir représenter : un ancien luth vénitien, deux flûtes indiennes, et d'autres instruments prêtés par un ami.

Morandi est embarrassé par la requête de son nouveau collectionneur car il n'est pas habitué au travail sur commande. Il honore néanmoins sa demande mais en choisissant d'autres instruments trouvés aux puces qui l'ont inspiré davantage.

Magnani reconnaitra a postériori s'être trompé et ne pas avoir compris à ce moment là la démarche artistique du peintre, concentré et toujours dédié aux mêmes objets. Il ne commandera d'ailleurs plus d'œuvre à Morandi.

Nature morte aux instruments de musique_1941_huile sur toile_Fondation Magnani-Rocca

A travers carafes, pots, verres, vaisselles, Morandi est désireux de percer le mystère de l'être et de l'existence. Il déplace les objets, les aligne, les superpose, les peint sur fond gris dans une ambiance dépouillée donnant un aspect métaphysique aux objets.

En 1939, Morandi peint six natures mortes et deux paysages. Ce nombre de création correspond à son rythme de recherche.
Pour Jean-Christophe Bailli certaines natures mortes font penser aux moines poètes du Japon :"...comme si la peinture devenait une sorte de cérémonie du thé, mais pour les yeux - un art de laisser infuser les feuilles de la sensation dans l'eau du détachement".

Œuvre pleine d'émotion et de calme. A la couleur terre de sienne de la composition, la carafe rouge du 1er plan tranche. Cette couleur va ensuite disparaître de la palette du peintre.

Nature morte_1939_ huile sur toile_Musée de Grenoble

Nature morte_1942_Fondation Magnani-Rocca

Nature morte_1942_huile sur toile_Fondation Magnani-Rocca

Les fleurs traduisent la sensibilité de Morandi. Ce bouquet évoque Renoir. Dans les années 40, Morandi peindra de nombreux bouquets.

Fleurs_1942_huile sur toile_Fondation Magnani-Rocca
 

Pendant la 2e guerre mondiale, Morandi poursuit son travail sur les objets quotidiens. Dans une demi obscurité se côtoient de grands flacons aux formes étirées et deux boîtes. Énigmatique ambiance. Pour Philippe Jaccottet "Morandi nous dit la conscience, très lucide et très douloureuse, qu'il a de la misère de l'homme".

Nature morte_1942_ huile sur toile_Fondation Magnani-Rocca

Quand la 2e guerre mondiale éclate, Morandi est arrêté par la police en raison de ses liens avec le parti d'Action. Il est libéré rapidement, il se réfugie dans la campagne de Grizzana avec une de ses sœurs. Il continue son activité de peintre.

Avec cette œuvre on a l'impression de regarder au travers d'une serrure un monde d'autrefois.

Grande Nature Morte avec dix objets_1942_eau-forte sur cuivre_Fondation Magnani-Rocca

Cette œuvre de 1944 fait partie des rares natures mortes que Morandi a réalisé pendant les années de guerre passées à Grizzana.

La composition se divise en deux plans de couleurs tranchées, il privilégie le blanc qui est aussi une couleur de deuil.

Nature morte_1944_huile sur toile_Paris Centre Pompidou.

Pendant les années de la 2e guerre mondiale qu'il passe à Grizzana il va peindre 27 paysages qui représentent les lieux qu'il aime.

Les paysages comportent parfois des maisons sans fenêtre. Ce sont des lieux dormants, inaccessibles, sans présence humaine.

Paysage_1943_huile sur toile_Fondation Magnani-Rocca

Paysage_1942_huile sur toile_musée d'Orsay déposé au musée Granet à Aix en Provence.

En 1948, il remporte le premier prix de peinture de la 29e biennale de Venise.
Il n'aura alors de cesse de déplacer les mêmes objets et de trouver, dans un dispositif minimal, des variantes.
Il n'y a pas ou presque pas d'ombres dans ces tableaux, et "les couleurs sont écrasées par la lumière".

Cette toile a été exposée à la biennale de Venise en 1954 puis au Gemeentemuseum de Rotterdam et au New York Burlington Galeries de Londres. Dans l'immédiat après-guerre Morandi entame une nouvelle phase de sa recherche. Les objets sont représentés sur un plan semi circulaire.

Nature morte_1948_huile sur toile_Fondation Magnani-Rocca

Nature morte_1948_huile sur toile_fondation Magnani-Rocca

Nature morte_1949_Huile sur toile_Fondation Magnani-Rocca

Au début des années 1950, Morandi continue sa méditation sur les objets quotidiens.
Dans cette nature morte minimaliste sont réunis trois bouteilles blanches et quelques boîtes sombres. A partir de cette date, les objets ne projettent plus d'ombre et des vases de formes carrés font leur apparition.

Nature morte_1953_huile sur toile_Fondation Magnani-Rocca

Nature morte_1955_huile sur toile_Fondation Magnani-Rocca

Nature morte_1955_huile sur toile_Fondation Magnani-Rocca

Paysage_1958_aquarelle sur papier_Fondation Magnani-Rocca

La dernière période de sa vie, Morandi est affaibli par la maladie et il privilégie l'aquarelle.

En 1970, Gaëtan Picon a écrit dans "admirable tremblement du temps" : " Les derniers tableaux sont quelquefois ceux où le peintre commence à parler... Ils inaugurent le temps. ils sont les tableaux d'une naissance"

A partir de 1954, il retrouve un véritable intérêt pour la peinture du paysage, alors qu'il avait délaissé ce genre pendant presque 10 ans.
Il nous fait découvrir la vue depuis sa chambre-atelier de l'appartement où il vivait avec sa mère et ses sœurs, via Fondazza à Bologne.
Le tableau est coupé en deux, une moitié représente le mur beige qui anime la partie droite. Morandi s'inspire du réel pour s'en abstraire.

Cortile di via Fondazza_1954_huile sur toile_Fondation Magnani-Rocca

De 1959 à 1964, sa palette adopte des tons de gris et de bruns. Sa dernière oeuvre offre une exécution évanescente.

Fleurs_1956_huile sur toile_Fondation Magnani-Rocca

Sans titre_1959_aquarelle_musée Cantini, Marseille

Nature morte_1960_aquarelle sur papier_fondation Magnani-Rocca

Dans cette aquarelle qui frôle l'abstraction, avec une palette de couleur restreinte, Morandi ne renonce pas à la figuration. Trois objets semblent en suspension. Même s'ils sont simplement suggérés les volumes conservent leur force.
Il atteint l'essence des choses grâce à la technique définit par Cesare Brandi (historien d'art) de "la colore di posizione"( la couleur de position) consistant à appliquer des variations de la même couleur à un objet.

Nature morte_1963-aquarelle sur carton_Fondation Magnani-Rocca

Au centre du tableau, trois vases aux contours mouvants dans les tons de camaïeu, se détachent sur un objet noir-bleuté en arrière-plan.
Il crée des "fantômes-d'objets". Les couleurs sont éteintes

Tout est ici en suspens ... pressentiment de sa mort ?

Il a de plus en plus de difficultés à peindre et à graver.

Nature morte_1963_huile sur toile_Fondation Magnani-Rocca

A partir de 1963 il abandonne complètement la peinture, il meurt le 18 juin 1964 à Bologne.

Cette exposition au musée de Grenoble permet de découvrir cet artiste silencieux qui se situe en dehors de tout mouvement pictural mais dont les œuvres sont d'une grande beauté.
Le parcours nous offre la découverte de ses étapes marquantes, son cheminement et sa recherche pendant plus de cinquante ans.

Giorgio Morandi a dit dans un entretien avec Peppino Mangravite pour The Voice of America" en 1957 : "Je suis convaincu qu'il n'y a rien de plus surréel ou de plus abstrait que la réalité même".

Ceci résume parfaitement la quintessence de son œuvre.
Cette exposition est prolongée jusqu'au 04 juillet 2021.


Texte : Paulette Gleyze

Photos : Paulette et Gérard Gleyze

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