dimanche 22 janvier 2023

Voyage au Maroc, Marrakech, un peu d'histoire et ses monuments.


Du 04 au 13 janvier 2023, nous sommes partis avec un couple d'amis, Anne-Marie et Denis, pour un séjour à Marrakech et à Essaouira.

Nous prenons notre vol pour Marrakech à l'aéroport Saint Exupéry à Lyon.

Nous voici en vol quelque part au dessus de la France

Sur les Pyrénées



sur le détroit de Gibraltar

Nous survolons la côte au nord de Tanger

Trois heures après notre décollage, nous nous apprêtons à nous poser sur le sol marocain.

Nous distinguons Marrakech au loin

Nous arrivons à la résidence Miramar située près du marché, où nous allons loger pendant 10 jours.

Denis connaît parfaitement Marrakech, il va nous guider tout au long de notre séjour, nous faire découvrir la vie des Marrakchi et nous donner l'occasion de rencontrer ses amis et leurs familles dans leurs magnifiques riads. C'est un excellent guide qui connaît parfaitement la vie des Marrakchi et Marrakech.

Grâce à lui, nous ne nous sommes jamais perdus dans les souks labyrinthiques, où il convient d'être extrêmement prudent car des vélos, des vélomoteurs, des charrettes à bras, des petits véhicules l’envahissent et circulent en tous sens dans un bruit pétaradant.

Dans la ville, la circulation est très dense et quelque peu anarchique, c'est néanmoins une ville sûre où nous n’avons jamais eu la moindre inquiétude d’insécurité.
La pauvreté est partout avec sa pléthore de mendiants de tout âge.

Aujourd’hui encore les ânes servent de moyen de transport et sillonnent la ville.

Ainsi que des véhicules en tous genres.

Les chats l'envahissent, ils sont souvent faméliques.



Cinq grandes périodes ont façonnées la ville.

La première période est la fondation de Marrakech en 1052, par l’Émir Youssef Ben Tachfine, chef de la dynastie des Almoravides. Il l'a érigé en capitale de son empire.

Les Almoravides sont une confrérie de moines guerriers, Berbères sahariens qui, au XIe siècle, sous la direction spirituelle de Abd Allah ibn Yasin établissent des écoles de théologie coranique et conquièrent tout le Maghreb central jusqu'à Alger, et étendent leur domination sur l'Andalousie en 1086.

Cette période va voir un fort développement grâce à l'eau amenée dans la ville par les Khettara ou canaux souterrains en terre cuite.

C'est le sultan Almoravide, Almohade Abdelmoumen qui après avoir conquis Marrakech fait construire une première mosquée en 1148. Cette mosquée ayant été détruite il en fait reconstruire une deuxième de taille semblable vers 1158, c'est la Koutoubia.

Elle est considéré aujourd'hui comme un repère urbain et un symbole important de Marrakech. Quand on est perdu, on cherche le minaret de la mosquée de la Koutoubia et on s'y retrouve toujours à peu près.

C'est Yacoub Al-Mansour qui finalisera la construction du minaret vers 1195. Il est haut de 77 mètres et est surmonté d'une flèche métallique.

Les parties hautes du minaret comportent une belle frise aux motifs géométriques en carreau émaillé bleu turquoise.

La mosquée a une superficie de 5 300 m2 et comporte 17 nefs et 11 coupoles ouvragées.
La Koutoubia est considérée comme un important exemple de l'architecture almohade et est le prototype des mosquées marocaines.
La Koutoubia
Son nom qui signifie Mosquée des Libraires, vient du mot arabe kutubiyyin, qui signifie «libraires». Le bâtiment était implanté l'époque de son édification près du souk des marchands de livres et de manuscrits.





L'entrée principale de la mosquée de la Koutoubia



Près de la Koutoubia, il y a un charmant jardin, véritable coin de verdure en pleine ville.
Agréablement dessiné, par des allées, il regorge de palmiers et d'orangers, il est aménagé de fontaines, d'un kiosque, de bancs où il est agréable de se poser pour savourer la verdure, le calme et le doux soleil en ce début de mois de janvier.
Les habitants de Marrakech aiment y amener leurs enfants et prendre le goûter dans ce parc à l'ambiance bon enfant.
Il est ouvert tous les jours, l'accès est libre et gratuit.

Le parc de la Koutoubia, abrite un bassin financé par la princesse Lalla Hassna. Elle est la plus jeune fille du roi Hassan II et de sa seconde femme, Lalla Latifa Hammou. Elle est la sœur du roi actuel, Mohammed VI.

Ce bassin constitue l'une des composantes hydrauliques du jardin.
Il est construit de forme carrée (10m*10m) et traditionnellement en pisé et revêtu d'un enduit de sable et de chaux.
Trois arcs s'ouvrent dans trois de ses parois constituant des ouvertures servant à alimenter le jardin en eau à travers des canaux souterrains en terre cuite.

Ce bassin revêt une grande importance historique dans la mesure où il témoigne d'une technique traditionnelle (le khattara) ingénieuse méthode d'irrigation adoptée dans les jardins historiques de Marrakech depuis la période almoravide au XIIe siècle.

Le khattara est un système d'irrigation souterrain traditionnel composé d'un tunnel voûté qui relie des puits d'eau et leurs sources.

Nous sommes en janvier, les agrumes sont prêts à être cueillis. 













La menace que les Almohades font planer sur Marrakech, dans les années 1120, pousse l'Emir almoravide Youssef Ben Tachfine à édifier le rempart en pisé de 9 km de long entourant la ville. C'est un ensemble de murs défensifs qui protègent les quartiers historiques de Marrakech.
Selon le texte fondateur, La Chronique anonyme des dynasties almoravide et almohade rédigée en 1381, (extrait traduit par Hamid Triki) en l'an 520 (1126 de notre ère), "l'Emir des musulmans Ali Ibn Youssouf Ibn Tashfin commença à entourer la cité de Marrakech d'une muraille... qui malgré l'étendue imposante de la ville fut achevée en 8 mois...On dit que pour se faire il dépensa 70 000 dinars d'or."

Les murs mesurent entre 6 et 8 mètres de hauteur et sont fortifiés tous les 25 à 30 mètres par des tours carrées ou des bastions.
Leurs épaisseurs varient entre 1,4 et 2 mètres alors que l'épaisseur des tours varie entre 8 et 14 mètres.

À l'origine, les murs étaient surmontés d'un chemin étroit (chemin de ronde) qui était protégé par des remparts.

Les murs ont depuis été agrandis plusieurs fois par l'ajout de la Kasbah au sud à la fin du XIIIe siècle et par l'extension ultérieure des murs pour englober les quartiers situés au nord de la zaouia de Sidi Bel Abbès.






Les remparts sont percés de plusieurs portes défensives plus ou moins monumentales.

La porte principale et historique de la Kasbah de Marrakech, Bab Agnaou, a été construite par le calife almohade Ya'qub al-Mansur entre 1185 et 1190 et présente une forme de fer à cheval, elle est décorée d'inscriptions coraniques.
La porte Bab Agnaou

En 1146-1147, Marrakech est assiégée par les Almohades, dynastie berbère issue d’un groupe religieux formé au début du XIIe siècle.

Ils renversent les Almoravides, ce sera la deuxième période du développement de Marrakech.

Ils leur succèdent à la tête d’un grand empire comprenant l’Afrique du Nord et l’Espagne musulmane. Leur nom arabe, al-muhawwidûn, fait référence à "l’unité divine" qu’ils proclament comme concept religieux.

L’époque des Almohades correspond à une période de rayonnement pour Marrakech. Ils vont régner du milieu du XIIe siècle et au XIIIe siècle.

La bibliothèque Ben Youssef, conserve les manuscrits et leurs enluminures de cette époque. Le quartier de la Koutoubia comptait une centaine de libraires et calligraphes à cette époque.

Les remparts délimitent la vieille ville de la nouvelle. A l'intérieur se trouve la Médina qui va devenir sous les Almohades un important centre de commerce.
Etant située le long de la route commerciale du Sahara, les convois y passaient pour se rendre dans les régions sahariennes ou en revenir.
La popularité de ce centre de commerce augmentant, les marchands ont commencé à venir de diverses régions du pays à Marrakech avec leurs caravanes afin d'acheter et de vendre des marchandises. C'est pour les accueillir que de nombreux caravansérails vont être construits dans la Médina.

Les caravansérails, aussi appelés fondouk au Maghreb, sont des lieux de halte et un lieu d'échange pour le commerce.
Le caravansérail est fortifié et comporte à la fois des écuries pour les montures, des magasins pour les marchandises et des chambres pour les gens de passage. Les magasins se trouvent souvent au rez-de-chaussée et les chambres au premier étage.

Il subsiste de nombreux caravansérails à Marrakech. Certains ont conservé leurs grandes balances servant à peser les marchandises.

Ces caravansérails sont aujourd'hui occupés par des commerçants, des galeries d'art, des salons de thé...
Un caravansérail







Un caravansérail où se trouve la galerie d'Hamid, ami de Denis et Anne-Marie



L'étage du caravansérail donnant accès aux chambres





La Médina est le cœur historique de Marrakech, elle accueille les souks qui sont inscrits au Patrimoine Mondial de l’Unesco, mais aussi des hammams, des riads, des mosquées, des restaurants...

Les souks sont un véritable labyrinthe d'échoppes et d'ateliers artisanaux.
Ils sont organisés par quartiers et par métiers et regroupent plus de 2600 artisans marocains dans une vingtaine de corporations. Ils fabriquent et vendent leur production d'artisanat marocain traditionnel : bijoux, vases, théières, lanternes, chaudrons, plateaux, tapis, cuir, objets artisanaux en bois, caftans, tapis, soins du corps, vêtements, étoffes, tissus, poterie, parfums, alimentation, pâtisserie marocaine, épices ...
Chaque souk a sa spécialité, les tissus et vêtements, la dinanderie et les épices, les selliers, les vanniers et tourneurs sur bois, les bijoutiers, le marchés de djellabas, les caftans, les maroquiniers, les tissus et laines, les potiers, les forgerons, les lustres et lampes en fer forgé, les menuisiers, les tapis, les teinturiers, les babouches ...

L'artère centrale est bordée d'une succession d'échoppes, souvent minuscules mais abondamment achalandées pour se nourrir (pain, galettes) pour faire la cuisine (tajines, couscoussiers poteries...)
pour se vêtir (babouches, djellabas, écharpes, robes), des parfums mais aussi des menuisiers, des ferronniers, des réparateurs de vélos. On trouve aussi des boulangers et leurs fours où l'on vient faire cuire son pain...
une entrée du souk




































Dans la médina se trouve la célèbre place Djemaa el Fna, littéralement, la place des trépassés. Elle donne sur les souks et se situe à quelques cent mètres de la Koutoubia.

Ce haut lieu traditionnel populaire et animé attire des millions de visiteurs chaque année.
Elle est inscrite au patrimoine culturel immatériel depuis 2008 et au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1985.

Au XIIe siècle, la place Jemaa el Fna étaient un lieu de justice ou les peines étaient appliquées. Dès le XVIe siècle, elle devient un lieu d'échange commercial. Au XVIIe siècle, elle est un lieu de spectacle.

Au XXe siècle, des bâtiments sont construits tout autour, et lui donnent son aspect actuel. C'est une véritable cour des miracles animée toute la journée mais surtout la nuit. On y trouve des forains, des camelots, des musiciens, des tatoueuses au henné, des montreurs de singes, des charmeurs de serpents, des diseuses de bonne aventure... des stands de restauration.
La place, c'est aussi les odeurs, le bruit, la musique, la foule compacte...

La place est déserte le matin. Elle a été nettoyée au petit matin.
La place Jemaa el Fna le matin


Elle s'anime à partir de 10h, les camelots s'installent.





Et grouille de monde la nuit
La place Jemaa el Fna la nuit









Le 28 avril 2011, un attentat est perpétré dans le restaurant Argana donnant sur la place Jemaa el Fna. L'attentat ciblait les touristes, il a fait 17 morts et 20 blessés.


Le long de la route qui mène de la place Jemaa el Fna à la Koutoubia, nous n'avons que l'embarras du choix pour choisir son attelage pour faire un tour de ville.


La troisième période correspond à la dynastie des Mérinides. En 1230, al-Maymun de la dynastie des Mérinides aidé de Ferdinand II, a conquis Marrakech. Peu après, son frère Abu Yusuf chasse les Almohades qui avaient gouverné durant deux siècles.

Durant l’époque Mérinide, entre 1269 et 1521, Marrakech est abandonnée comme capitale au profit de Fès, ainsi Marrakech tombe dans l’oubli. Il n'y a aujourd'hui aucun vestige de cette époque.

La dynastie de Mérinides a été suivie par celle des Wattassides.

De métropole d'Empire, Marrakech devient capitale du sud au XIVe siècle, puis chef-lieu d'une principauté régionale au XVe siècle. Au début du XVIe siècle, très affaiblie elle devient la cible des Portugais installé dans le port de Safi.

La quatrième période débutera avec les Saâdiens, ou Zaydanides, ou Chérifs, de 1521 à 1669.
Marrakech redevient alors la capitale du Maroc et à la fin du XVIe siècle, capitale d'un empire africain qui s'étend jusqu'à Tombouctou. Elle abrite des monuments de cette époque, la mosquée de Bab Doukkala, de Mouassine et de Saïd Al-Jazouli, la médersa Ben Youssef de 1570, le tombeau du saâdien Al-Mansour et sa famille , les ruines du palais El Badiî (qui fera l'objet d'un prochain article), les fontaines de Mouassine et le mellah (quartier de la communauté juive).

Les Chérifs sont les descendants du prophète Mahomet par sa fille Fatima, mariée à Ali. 
Ali, gendre de Mahomet, a donné naissance à la dynastie alaouite. Il s’agit de la dynastie à laquelle appartient l’actuel roi du Maroc.

Entre 1669 et 1912, sous le règne de la dynastie alaouite, Marrakech va partager le rôle de capitale avec Fès.

Au XVIIIe siècle, le Sultan Sidi Mohamed Ben Bdallah (1757-1790) en fait sa résidence et fait construire le palais Royal et aménager des jardins intérieurs.

Le XIXe siècle verra le renouvellement de la ville, avec la reconstruction de la mosquée-université Ben Youssef, la replantation des jardins de l'Agdal et de la Ménara et la construction du palais El Bahia (qui fera l'objet d'un prochain article).

Des fabriques de poudre, de coton et de sucre se développent pour fournir les pays européens.

En 1911, Rabat devient la capitale du Maroc, relayant Marrakech au second plan.

La cinquième période commence avec l'entrée de la colonne Mangin et le début de l'occupation française en septembre 1912.

L'indépendance marocaine est proclamée en 1956 et met fin à quarante-quatre ans de protectorat français et espagnol.
Le Maroc va devenir une monarchie constitutionnelle dotée d'un parlement élu.
Le pouvoir exécutif est partagé entre le gouvernement et le palais. Le pouvoir législatif est partagé entre le gouvernement et les deux chambres du parlement, la Chambre des représentants et la Chambre des conseillers.
Le roi Mohammed V accède au trône en 1956. Il règnera jusqu'en 1961. Son fils Hassan II lui succède jusqu'en 1999.
A sa mort c'est son fils le roi actuel Mohammed VI qui lui succède.
Nous pouvons voir sa photo de partout, dans les échoppes, les restaurants, les hammams, les bureaux de change, dans les souks.... et même dans les maisons particulières.
Photo officielle du roi Mohammed VI, empruntée au net

Aujourd’hui, Marrakech vit principalement du tourisme, de produits agricoles, de conserves de fruits et légumes qu'elle exporte en Europe.
Elle est aussi au centre du transport des fossiles et des minéraux extraits de l’Atlas.
On y extrait de la barytine qui est utilisée dans l'industrie (plusieurs millions de tonnes de barytine sont extraits chaque année), de la fluorine utilisée pour réaliser des lentilles transparentes aux ultraviolets et comme fondant en métallurgie, elle sert aussi à la préparation du fluor, de l'azurite et des améthystes utilisées en bijouterie, de l'aragonite, utilisée en laboratoire pour prévenir et soulager les cas de déminéralisation, de fragilité osseuse et diminuer les douleurs arthrosiques.


Texte de Paulette Gleyze
Photos de Paulette et Gérard Gleyze

2 commentaires:

  1. merci de nous faire partager ce beau et instructif voyage

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  2. Par ce temps maussade, la balade est réjouissante et bien documentée.

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