vendredi 7 novembre 2025

La Fondation Vasarely à Aix en Provence


Après la découverte d'Aix en Provence :

La visite de l'exposition Cezanne et le Jas de Bouffan au musée Granet :
 
La visite de l'exposition Niki de Saint Phalle à l'hôtel Caumont :

Nous avons visité la Fondation Vasarely le 21 septembre 2025.

Depuis les années 1950, Vasarely militait pour un art intégré à la vie quotidienne, qu’il appelait l’art pour tous. Il souhaitait rompre avec la conception élitiste de l’œuvre d’art isolée dans les musées, et imaginait au contraire un art plastique universel, accessible et intégré à l’urbanisme moderne.

Pour réaliser cette vision, il conçoit une « cité polychrome du bonheur », où la couleur, la forme et la lumière structurent l’espace de vie. La Fondation Vasarely est la première concrétisation de cette utopie esthétique et sociale.

Le 16 février 1976, en présence de Victor Vasarely pionnier de l’art optique (Op Art), du 1er ministre Jacques Chirac, de nombreuses personnalités artistiques et politiques, ainsi que du public, a eu lieu l’inauguration officielle de la Fondation Vasarely.

Cette journée marque l’aboutissement de plus de dix années de réflexion et de travaux menés par l’artiste pour concrétiser son rêve d’unir art, architecture et technologie dans un même espace, de créer un « centre architectonique » où l’art, la science et l’architecture se rejoignent.

L’architecture a été conçue par Vasarely lui-même avec l’architecte Jean Sonnier et les ingénieurs Claudio Vasarely (son fils) et Dominique Ronsseray.

Le bâtiment en forme alvéolaire est constitué de 16 modules hexagonaux imbriqués, des "alvéoles" de 14 mètres de haut, abritant chacune des intégrations architectoniques monumentales réalisées à partir de ses recherches plastiques.
En construction.

Les façades alternent aluminium, verre et béton noir et blanc, créant une impression de vibration.

Ce bâtiment se veut à la fois musée, centre d’étude et laboratoire d’idées Il est une œuvre d’art, il est une création unique, ce qui en fait une destination autant pour les amateurs d’art que pour ceux intéressés par l’architecture moderne.

A l’intérieur, les vastes alvéoles sont ornées d’une vaste collection d'œuvres monumentales colorées et géométriques de Vasarely.

La Fondation devient rapidement un haut lieu de l’art contemporain en Europe, accueillant des expositions, des conférences et des projets interdisciplinaires. Elle abrite aujourd’hui plus de 500 œuvres de Vasarely, des maquettes, des projets d’urbanisme et de nombreux documents d’archives.

Dans son discours inaugural de 1976, Victor Vasarely dit :

« L’art doit sortir du cadre du tableau.
Il doit s’unir à l’architecture et devenir une part intégrante de la cité.
L’artiste du futur sera un programmateur de beauté collective. »

La Fondation est classée « Monument historique » et a obtenu l’appellation «Musée de France» en décembre 2020.
Victor Vasarely est l’un des artistes majeurs du XXᵉ siècle, connu comme le père de l’art optique (Op Art). Il expérimente des illusions d’optique avec les surfaces qui semblent bouger, se creuser ou se gonfler, simplement grâce à des motifs géométriques répétitifs et des contrastes chromatiques.

Il  est né à Pécs, en Hongrie, en 1906, il étudie à l’école artistique Műhely de Budapest inspirée du Bauhaus, où il découvre la puissance du design, des formes simples et des contrastes.

Il s’installe à Paris en 1930, où il travaille d’abord comme graphiste et publicitaire.

Il meurt à Paris en 1997, laissant derrière lui une œuvre immense et une philosophie artistique humaniste. Il croyait profondément à l’art pour tous, sa maxime était « L’art doit être pour tous. »

Il voulait sortir l’art des musées pour l’intégrer dans l’espace public (façades, architecture, mobilier urbain) afin de créer des « cités polychromes du bonheur ». C’est dans cet esprit qu’il a conçu la Fondation Vasarely à Aix-en-Provence, lieu où dialoguent l’art, la science et l’architecture.

C'est un précurseur du design graphique moderne et du minimalisme visuel, inspirateur de nombreux artistes et architectes des années 1960–1970.

Son travail a influencé la publicité, la mode, et même l’architecture contemporaine.

Il a exposé dans les plus grands musées du monde (Centre Pompidou, MoMA, Tate Modern…)



Nous assistons avant la découverte des oeuvres à une répétition musicale dans une des alvéoles du rez de chaussée.


Nous débutons ensuite, la visite en circulant d’alvéole en alvéole afin de découvrir les pièces monumentales de Victor Vasarely.

Chaque alvéole est un hexagone (qui est une forme que Vasarely affectionnait) conçu pour accueillir les monumentales œuvres de Vasarely intégrées à l’architecture.

L’agencement, la scénographie et la lumière naturelle qui entre par les coupoles vitrées, participent à l’effet visuel.

Les formes semblent bouger, vibrer, se gonfler ou se creuser alors qu’elles sont statiques.

Certaines oeuvres mesurent près de 8 m de haut pour environ 6 m de large.

Alvéole 2
Salle 2_"Okta"_500*500_1972_Intégration composée de reliefs en staff sur fond de staff (structure en bois et acier). Peinture à base d'encres sérigraphiques appliquée au pistolet, fini satiné, fond jaune.

Salle 2_"Cleo"_710*395_1958_Intégration murale sur fond de staff _Relief staff. Creux staff avec réservation dans le gros oeuvre_ Peinture glycérophtalique satinée appliquée au pistolet_Fond gris foncé.

Salle 2_"Hexa"_548*527_1971_Intégration composée de reliefs en staff (structure en bois et acier). Peinture à base d'encres sérigraphiques appliquée au pistolet, fini satiné, fond mauve.

Salle 2_"Dell"_800*600_1972_Intégration mixte sur fond de béton redressé au plâtre_ Relief haut et bas en staff . Creux haut et bas en staff par réservation dans le béton. Grille réalisée en éléments de fer demi rond, soudés. Peinture glycérophtalique noir mat pour la grille. Fond en blanc satiné.

Alvéole 3
Salle 3_"Leyre"_800*600_1956_Intégration murale sur fond de staff. Peinture glycérophtalique satinée appliquée au pistolet

Salle 3_"Leyre"_800*600_1956_Intégration en émaux de Briare, 24 mm * 24 mm,  réalisée à partir de deux grammes de huit nuances chacune. Découpée et collée en atelier sur panneaux de bois, puis assemblée sur châssis bois en place. Peinture glycérophtalique satinée gris clair.

Salle 3_"Manipur"_644*535_1956_Intégration composé de grès Briare mat 24*24 mm blanc et noir, découpée et collée en atelier sur panneaux de bois, puis assemblée sur châssis bois en place. Fond en peinture glycérophtalique satinée gris clair.

Alvéole 4


Salle 4_"Kroa"_140*140*140_1967_Sculpture pivotante composée d'éléments en aluminium traités par anodisation et appliqués sur un support en bois_Structure de l'ensemble en bois et métal.

Salle 4_"Centauri"_347*306_1965_Intégration composée d'un ensemble de trois glaces: un glace de 15mm d'épaisseur, fixée à la paroi extérieure dépolie par sablage, diffusant la lumière du jour; deux glaces intérieures de 15 mm d'épaisseur encadrées d'acier et suspendues, celles-ci ont sur leur face postérieure, un motif identique gravé au jet de sable et laqué noir pour l'une et en bleu pour l'autre

Salle 4_"Tukoer"_584*484_1967_Intégration en forme d'accordéon verticale avec des plaques d'aluminium anodisées de 180*180mm  et appliqués sur un support en bois, avec une structure en bois et acier. Fond en peinture glycérophtalique satinée gris clair

Salle 4_"Pyr-Dac"_594*594*110_1967_Intégration formée d'un relief prismatique en éléments d'aluminium mince de 155*155 mm, traitée par anodisation et appliqués sur un support en bois, avec une structure en bois et acier. Fond en peinture glycérophtalique satinée gris clair

Salle 4_"Colonne MC"_770*80*80_1968_Colonne compose d'éléments en aluminium traité par anodisation et appliqués sur un support en bois-Structure de l'ensemble en bois et métal_Miroir haut à ossature légère_Miroir bas classique

Alvéole 6
Salle 6_"OND"_606-558_1968_Tapisserie réalise à Aubusson_Suspendue directement au mur par jeu de bandes Velcro_Cousues sur l'oeuvre et collées au mur_Fond gris foncé

Salle 6_"Vega-Zett"_585-585_1971_Tapisserie réalise à Aubusson_Suspendue directement au mur par jeu de bandes Velcro_Cousues sur l'oeuvre et collées au mur_Fond gris foncé

Salle 6_"Cheyt-Stri"_600-553_1971_Tapisserie réalise à Aubusson_Suspendue directement au mur par jeu de bandes Velcro_Cousues sur l'oeuvre et collées au mur_Fond gris foncé

Salle 6_"Vega-Anneaux"_582-582_1969_Tapisserie réalise à Aubusson_Suspendue directement au mur par jeu de bandes Velcro_Cousues sur l'oeuvre et collées au mur_Fond gris foncé

Salle 6_"Tupa"_562-505_1972_Tapisserie réalise à Aubusson_Suspendue directement au mur par jeu de bandes Velcro_Cousues sur l'oeuvre et collées au mur_Fond gris foncé

Alvéole 7
Salle 7_"Tau-Ceti"_554-554_1955_Savonnerie de la manufacture nationale des Gobelins_Suspendue directement au mur par jeu de bandes Velcro_Cousues sur l'oeuvre et collées au mur_Fond ocre

Salle 7_"Axo"_522-522_1968_Intégration murale par cartons de 7 mm d'épaisseur_Composé d'unités axonométriques découpées à l'emporte-pièce_Peinture base d'encres sérigraphiques avant pose_Traçage codé au mur et collage direct_Fond laque et application spéciale or

Salle 7_"Gestalt"_575-550_1969_Intégration murale par cartons de 7 mm d'épaisseur_Unités en losanges 60/120 degrés, découpés à l'emporte-pièce_Peinture à bases d'encres sérigraphiques avant pose_Traçage codé au mur et collage direct_Fond laque glycérophtalique noir mat.

Salle 7_"Dia-or"_554-554_1956_Savonnerie de la manufacture nationale des Gobelins_Suspendue directement au mur par jeu de bandes Velcro_Cousues sur l'oeuvre et collées au mur_Fond gris

Alvéole 8

Salle 8_"Sonora"_665-402_1973_Intégration murale sur fond de staff. Traçage manuel d'après maquette a 1/10e. Peinture à base d'encres sérigraphiques appliquée au pistolet_Serties noires, fond vert.

Salle 8_"Tridim"_692-400_1968_Intégration murale sur fond de staff. Traçage manuel d'après maquette a 1/10e. Peinture à base d'encres sérigraphiques appliquée au pistolet_Serties noires, fond vert.

Salle 8_"Gamma"_800-600_1958_Intégration murale sur fond de staff. Traçage manuel d'après maquette a 1/10e. Peinture glycérophtalique satinée_application traditionnelle, noir et blanc.

Salle 8_"Tridim blanc"_600-360_1968_Intégration murale par éléments d'isorel. Composée d'unités axonométriques, découpées à la scie. Peinture spéciale Nextel à deux composants, appliquée à chaque élément avant assemblage. Pose par traçage codé au mur et collage direct. Fond laque glycérophtalique satiné blanc.

Au sol une oeuvre de Lucien Bitaux

"Bibémus"_2025_Aluminium poli et imprimé, moteurs

Le bâtiment est conçu comme une « cité polychrome du bonheur » (expression qu’utilisait Vasarely) où l’art et l’architecture fusionnent.
L’imbrication des alvéoles hexagonales crée un format unique et modifie la perception. Les matériaux utilisés comme l’aluminium anodisé, le verre sérigraphié renvoient de la lumière et accentuent l’illusion.
Même à plat, une œuvre peut sembler avoir du relief ou du mouvement. C’est une invention de Vasarely.

Au premier étage, le parcours intitulé “Vasarely Plasticien” donne une vue d’ensemble de l'oeuvre de Victor Vasarely et permet de suivre l’évolution de l’artiste, de ses débuts graphiques jusqu’à ses grandes œuvres d’intégration.

Doté d'une renommée internationale, Victor Vasarely a réalisé une centaine d'intégrations dans le monde entier.
En pleines trente glorieuses, Vasarely est préoccupé par les effets dévastateurs de la construction de masse : "La laideur ambiante de certaines banlieues en particulier atrophie douloureusement leur sensibilité" écrit-il.
Durant sa carrière, il n'aura de cesse de chercher un équilibre entre ses intégrations parisiennes et en province.
Son rêve socialiste commence à s'exaucer dès 1954 lors de sa collaboration avec l'architecte Carlos-Raul Villanuevs, deux compositions murales en céramiques et une spatiale en aluminium dynamisent la Cité Universitaire de Caracas.
Treize ans plus tard c'est l'université de Jussieu qui bénéficie d'une intégration. Puis ce sera deux frises à la gare Montparnasse en 1971, une sculpture Signal à Neuchâtel en Suisse puis de nombreux immeubles d'entreprises, des centres de vacances...au palais des congrès de Monaco...


L'oeuvre de Victor Vasarely est une traversée du XXe siècle dans l'histoire de l'abstraction.
Au départ, il fait des études de médecine à Budapest, puis élève au Mühely, une école inspirée du Bauhaus, la peinture de chevalet est dépassée, l'art se veut fonctionnel, à portée de tous.
Rompu à ces préceptes, Vasarely part à Paris, capitale des avant-gardes, tenter sa chance.
Il gagne sa vie comme graphiste publicitaire. Il procède à des expérimentations plastiques, grammaire de formes et de couleurs et acquiert un sens de l'efficacité visuelle.
En 1939, il fait la rencontre de Denise René. A la libération ils cofondent da galerie, rue de la Boëtie. C'est le début d'une série d'expositions personnelles et collectives menant à l'exposition historique, "Le Mouvement" en 1955.
Vasarely rédige une partie du "Manifeste Jaune" qui abat la stabilité perspective et une idéologie bourgeoise de l'art.
Les années 1960, lui apportent la consécration avec l'exposition "The Responsive Eye" au MoMa de New York.
Victor Vasarely est alors considéré comme le père de l'Op Art, abréviation qui qualifie ce nouvel art cinétique virtuel, d'art optique.
La voie est tracée et des groupes d'artistes essaiment partout en Europe, le GRAV à Paris, le Gruppo T  à Milan, Zero à Düsseldorf... Ils font les mêmes choix,  géométrie abstraite, matériaux industriels, production en série, refus du génie romantique.
Vasarely lance les Intégrations Architecturales.

On lui  doit le logo de Renault, la façade du siège historique de RTL à Paris et beaucoup d'autres interventions dans le monde.
Ce succès international a été la source de récupérations par la mode, l'architecture, les grandes enseignes, le design, le cinéma et la télévision.

A l'occasion de "Mouvement", l'exposition pilote de l'art cinétique, Vasarely fait éditer le "Manifeste Jaune", de la couleur du papier imprimé.

Ce document confère à l'évènement une qualité inaugurale. Ils sont trois auteurs à se partager la surface, Victor Vasarely, Pontus Hulten et le critique Roger Bordier.
Ce dernier relie l'art cinétique de type mécanique à l'art optique, dont le mouvement est virtuel car il se joue dans l'oeil.
"Nous sommes devant des oeuvres d'art transformable, qu'il s'agisse de la mobilité de la pièce elle-même ou du mouvement optique. En fait l'oeuvre d'art devient indéfiniment recréable".

Texte écrit par Victor Vasarely à Arcueil en décembre 1954 qui préfigure de ses idées développées dans le Manifeste Jaune

Autoportrait_1940_Huile sur papier_49*335,8cm_Collection particulière en dépôt à la Fondation Vasarely

Etude 5, présentoir 3 : le Brevet des formes "historique"_1975_techniqque mixte_82-76cm_Vasarely Aix en Provence

Ter-F2_1969-2009_Acrylique sur bois_120*72*24cm_Edition n° 3/4_Collection particulière

Dans "Expansions-Compressions", la série des Vega s'apparente à une poussée élastique dans la géométrie euclidienne.
La gradation croissante et décroissante du diamètre des éléments sphériques offre des effets expansifs et régressifs évocateurs de la matière de l'univers :"Le prodigieux édifice de l'univers, avec ses infiniment grands, avec sa tranche à l'échelle de l'homme, puis le monde de ses infiniment petits, repose sur l'unité à deux charges contraires et complémentaires."
Relat-if_1969_gouache sur toile_45*45 cm_collection particulière

Vasarely joue à perturber notre perception, en détournant les principes fondamentaux de la Gestalt théorie. 
Née au XIXe siècle, cette science allemande établit que notre vision traite spontanément les phénomènes de façon structurée.
Il suffit de connaître les règles et de les subvertir.
Ainsi ces losanges semblent s'emboîter grâce à un remarquable usage du cube de Kepler. La palette des couleurs créé un jeu particulièrement sophistiqué de clair-obscur.
Axo II_1968_gouache sur carton_48*48 cm_Fondation Vasarely Aix en Provence

Meta est une partition visuelle sur les figures impossibles. La continuité de deux cubes au niveau de la tranche engendre plusieurs lectures possibles fondées sur le cube de Kepler. L'arrête paraît pleine ou vide en fonction des dispositions du cerveau. Le pattern à carreaux clairs et foncés, et de gamme bleue ou rouge, creuse de cavités optiques les surfaces du cube que le cerveau voudrait lire comme plate.
Etude Meta_1970_gpeinture glycérophtalique sur métal_50*31 cm_Collection particulière

Vasarely est très réceptif à la perspective axonométrique, celle qui fait voir un carré en mouvement dans l'espace temps, et dans une réversibilité possible du plein et du creux.
Zoeld_1966_Peinture acrylique sur carton_32*32 cm_Fondation Vasarely Aix en Provence

Acquis à l'abstraction Vasarely décide d'incorporer une nouvelle donnée : l'expérience cinétique de la couleur. C'est la mise en place de l'Alphabet plastique.
Le principe est élémentaire, '1=2; 2=1". Cette équation s'exprime en diverses unités. Chaque unité comprend deux éléments s'emboîtant l'un dans l'autre. Un carré jouant le rôle de fond accueille une forme géométrique qu'il peut contenir : triangle, rectangle, cercle, ellipse, losange carré.

la couleur joue un rôle éminent, car elle délimite le fond de la forme. Elle est sans nuance, traitée en aplat, et indissociable de la forme. Ce principe est breveté en 1959 sous le nom "d'unité plastique".

L'alphabet plastique autorise des combinaisons infinies. "Il est d'une richesse inépuisable, tout comme l'alphabet du langage, lequel avec 26 lettres peut combiner une infinité de mots et véhiculer un maximum de messages."

 Ce principe "permutationnel" ouvre la voie à des analogies avec la théorie de la relativité restreinte d'Albert Einstein. Le Vasarely "visionnaire" se plaît en 1966 à rêver d'un ordinateur programmant et renouvelant des nuanciers de couleurs : chaque version apparaîtrait sur l'écran de contrôle.
Orion noir_1970_Eléments de Luran collés sur plaque plastique_105,8*100,9*2,5 cm_Edition n° 12/34_Fondation Vasarely Aix en Provence

Etude 5, présentoir 3 : Brevet des formes "historique"_1975_technique mixte_82*76 cm_Fondation Vasarely Aix en Provence

Etude sur carton pour relief noir et blanc_env 1965_Graphite et encre sur papier_64*46 cm_Fondation Vasarely Aix en Provence

Bellatrix 2_ 1957_Peinture à l'huile sur carton_53*49 cm_Fondation Vasarely Aix en Provence

Naissance C_1952_Dessin et encre sur papier calque_20*20 cm_Collection particulière en dépôt à la Fondation Vasarely Aix en Provence

Quand Vasarely entre au Mühely en 1928, il a 22 ans. Son maître, Sändor Bortnyik, est un ancien du Bauhaus de Dessau. Il le forme aux techniques picturales et façonne ses convictions idéologiques, celles d'un art anti-bougeois sans représentation utilitaire. 

Sändor Bortnyik disait "l'art pour l'art, non ! l'art fonctionnel, oui..."
Vasarely quitte Budapest pour Paris en 1930 et se fait embaucher par des agences publicitaires dont Havas et met au point des recherches graphiques. 
L'artiste fréquente Montparnasse et La Ruche, acquis à l'abstraction géométrique et gestuelle, qui constitue à l'époque l'Ecole de Paris
Etude 2, Etude verte et étude de perspective, période de "Jalons du passé"_1975_Collage de reproductions couleurs sur carton_82*76 cm_
Fondation Vasarely Aix en Provence

Etude de matière_1938_Huile sur carton collée sur papier gaufrré_31,5*30 cm_
Fondation Vasarely Aix en Provence

Zèbres-A_1938_Huile et encre de chine sur papier_49*60 cm_
Fondation Vasarely Aix en Provence

Lorsque la guerre éclate, Vasarely met sa famille à l'abri à Budapest puis à Saint Ciré dans le Lot. Il connait la pénurie, caractérisée dans son cas par la fin des contrats publicitaires. Il ne s'engage pas dans l'armée, revient à Paris et prend part à la vie créative du quartier Saint Germain. Au café Flore, il croise Simone Signoret, Jean-Paul Sartre, Picasso et Denise René.
Sensible à la guerre, Vasarely s'adonne à la peinture symbolique, presque réaliste. Un registre qu'il déclassera après 1946 au statut de "fausses routes".

Durant l'hivers 1943, la famille Gauthey à Etang sur Arroux dans le Morvan, protège Vasarely de l'armée allemande. Elle l'héberge quelques jours, sachant que son fort accent étranger laisse présager le pire en cas d'interpellation.
Ce coffret peint par l'artiste, est un cadeau pour la fille de la famille, Régine. Dans ses écrits, Vasarely évoque une peinture qui sèche à base de poudre de verre. Ce coffret a été signalé par l'artiste lors d'une visite de la famille à Anet sur Marne, quarante ans plus tard.

Coffret_1943_Huile et poudre de verre sur boite en carton_18*18*6,5 cm_Collection particulière

La bougie_1946_Huile sur toile_23*27 cm_Collection particulière

La guerre et la mort_1944_gouache sur papier_18*28 cm_Collection particulière

Dauvillier_1938-1961_Collage de photo sur carton_45*35,5 cm_Fondation Vasarely, Aix en Provence

Catch III AB_1945_Technique mixte_30*45 cm; 29,7*46 cm_Fondation Vasarely, Aix en Provence

Le chemin vers l'abstraction est emprunté en plusieurs temps par Vasarely. 
En 1946, il soutient les premiers artistes de la galerie Denise René tels Polianoff, Hartung, Dewasne, Deyrolle...
Il organise l'exposition "Peintures Symboliques" à l'occasion de laquelle Jacques Prévert lui écrira le poème "Imagineoires" pour le catalogue de l'exposition.
Pourtant à ses yeux ses propres oeuvres ne sont pas dignes des peintres abstraits. 
Un séjour en 1947 sur les plages bretonnes de Belle-Isle le sensibilise aux formes ellipsoïdales des galets. Vasarely y reconnaît "la géométrie interne de la nature".
En 1948, il trace de mémoire, à la plume, les lignes que lui avaient inspiré, 10 ans plus tôt les craquelures des carreaux en faïence blancs qui parent les murs de la station de métro Denfert Rochereau à Paris.
En 1951, en photographiant ses études à la plume, il obtient des épreuves négatives et positives aux effets décuplés.
Ces recherches le mènent à la découverte du losange en tant que version cinétique du carré (hommage à Malevitch, 1952), c'est à dire vu de biais en mouvement dans l'espace-temps.
Caycan_1951_Peinture à l'huile_30*38,4_Fondation Vasarely, Aix en Provence

BangorII_1951-1952_Peinture à l'huile sur bois_60*43,6_Fondation Vasarely, Aix en Provence

Aquila (Prototype départ)_1949_Huile sur carton fort sur panneau_42*38_Collection particulière

"Loi physique : Toutes les couleurs ensemble = blanc lumière, toutes les anti-couleurs ensemble = noir. Par conséquent une oeuvre "noir et blanc" est la plus colorée, la plus dense et la plus différente de la nature environnante, elle même multicolore"
Antarès_1959_Huile sur carton_58*35_Fondation Vasarely, Aix en Provence

La Fondation Vasarely n’est pas seulement un musée, c’est une expérience sensorielle, une plongée dans un monde où l’art dialogue avec la lumière et la géométrie.

Ce lieu unique, à la croisée de l’art, de la science et de l’architecture, nous invite à repenser notre rapport à la perception et à la modernité.

Avant de quitter la Fondation, nous admirons une fois encore l’architecture du bâtiment, elle-même une œuvre d’art.

Texte de paulette Gleyze

Photos de Anne, Paulette et Gérard Gleyze