jeudi 7 décembre 2017

Les trésors cachés du XVIIe siècle à Grenoble


L'architecte a conçu la façade sur le modèle de l'église de Jésus à Rome construite en 1569.

Avec un guide de l'office du tourisme de Grenoble nous découvrons des lieux patrimoniaux grenoblois du XVIIe siècle habituellement fermés au public.

Nous voyons tout d'abord la chapelle des Jésuites, à l'intérieur du Collège et Lycée Stendhal qui était le collège des jésuites au XVIIe siècle. La chapelle du XVIIe a conservé sa jolie façade classique construite avec de la pierre de Sassenage et de l'Echaillon.
Les Jésuites s'installent à Grenoble en 1623. Ils construisent le collège en 1661 et ils entament la construction de la chapelle en 1660 avec l'aide financière des seigneurs dauphinois et de Louis XIV. Elle est terminée en 1666.
La façade a été construite construite au début du XVIIIe siècle par Hoste de 1705 à 1707 , mais les niches, les volutes, les chapiteaux corinthiens, le fronton triangulaire... sont dans le style des canons de l'architecture du XVIIe siècle.
Dans les niches de la façade il y avait avant la Révolution , les statues des quatre évangélistes, de Ignace de Loyola et de Saint-François-Xavier, les fondateurs du mouvement jésuite.Façade de la chapelle est inscrite aux monuments historiques depuis le 26 février 1964.

Nous pouvons parfaitement voir les ornements classiques du XVIIe siècle sur la porte d'entrée de l'escalier monumental :
le décor avec les oves, le décor floral, les feuilles d'acanthes, les feuilles de chêne (symbole de la force et de la puissance), les feuilles d'olivier (gloire et victoire). La porte est l’œuvre de Pierre Jourdan, hélas peinte lors du dernier ravalement.

La voûte d’arête de l'entrée est typique du XVIIe siècle.

Outre la chapelle, le collège des Jésuites abrite une horloge solaire datant de 1673 réalisée par l'astronome, le père Bonfa.
Cette horloge, unique en son genre, est un extraordinaire cadran à réflexion (avec 2 petits miroirs fixes) fournissant de très nombreuses informations, dont une grande partie est liée à l'astrologie.

Cette fresque restaurée en 1984 est classée au titre des monuments historiques en 1920.

La chapelle abrite aujourd'hui le centre de documentation et d'information du collège/lycée Stendhal.
En 2000, des travaux sont entrepris dans la chapelle pour remettre à jour le plafond d'origine. En effet le plafond était si haut qu'en 1802, la municipalité de Grenoble décide d'installer un étage. Au rez de chaussée ce sera le gymnase du collège de jeune fille et à l'étage on y installe le musée.

La destruction de ce plancher a permis de mettre à jour les frises à rinceaux qui étaient cachées pas le plancher.
La chapelle était sobre avec beaucoup de majesté, construite sur le modèle de la chapelle de Conflans en Savoie. Elle a été consacrée le 31/12/1664
Elle était constituée de 6 chapelles financées pas des notables grenoblois qui utilisaient aussi ces chapelles comme tombeaux pour leurs familles. Le retable en bois était de Pierre Jourdan.

Nous nous rendons à quelques pas de là, Rue Voltaire, pour visiter la chapelle de l'Adoration mais aussi dite chapelle des Pénitents. Elle est spécialement ouverte pour nous.
A la fin du XVI° siècle, le duc de Lesdiguères fait bâtir une nouvelle enceinte à la ville de Grenoble transformant ainsi l'ancien quartier Très Cloître en un quartier intra-muros. Dans ce secteur protégé, on construit alors au XVIIe et XVIIIe siècle une suite de rues neuves bordées de belles maisons et d'édifices religieux.
Sur la rue neuve des Pénitents, l'actuelle rue Voltaire l’ordre des pénitents du Gonfalon construit en 1657, la chapelle des Pénitents Blancs.
Intégrée dans l’immeuble, la chapelle ne se discerne que grâce à son portail sculpté.

Les Pénitents sont des catholiques, principalement des laïcs qui ont choisi de vivre leur foi au travers de règles spécifiques.
Les sources diffèrent concernant l'origine des Pénitents. Pour certains ils sont apparus à la fin du XIIe siècle, pour d'autres ils ne se constituèrent que dans les années 1400,
après le Concile de Trente.
Les Pénitents sont organisés en confréries d’hommes, de femmes ou mixtes. Contrairement à un ordre, chaque groupe est indépendant et placé sous l’autorité de l’Évêque du lieu.
Ils fonctionnent sous le système de l'espionnage. Ils doivent rapporter au Recteur tout manquement à l'ordre par l'un d'entre eux. Le recteur est élu par les membres; il est secondé par des 8 officiers
Ce sont des Communautés de prière et d’entraide, leurs actions sont charitables. A Grenoble les Pénitents blancs s'étaient donné pour mission de soutenir les condamnés à mort. Ils doivent visiter les condamnés à mort deux fois par semaine et doivent leur donner une sépulture descente.
Le lien entre frères subsiste au-delà de la mort, les Pénitents enterrent leurs défunts souvent dans leur chapelle jusqu’à l’interdiction des inhumations en milieu urbain,
et prient régulièrement pour eux.
La messe était obligatoire à 6h du matin en été, à 7h en hiver.

En 1739, l'ordre est rattaché à celui des Pénitents blancs .
Par la suite la chapelle a accueilli la Société de Charité chrétienne, la congrégation des pères de la Salette, les frères des Ecoles chrétiennes et les Œuvres de l'Adoration Réparatrice.
Aujourd'hui le culte russe orthodoxe de Grenoble y est célébré.

la chapelle a conservé son retable du XVIIe siècle, sculpté dans le bois.
Le maître-autel en marbre orné de têtes d'anges et de guirlandes de roses est aussi d'origine.

Les stalles en bois gothiques du XVe siècle proviennent de l'ancien couvent des sœurs cisterciennes de Crolles. Elles comportent des miséricordes finement sculptées.
Une miséricorde, appelée aussi patience ou crédence, est une petite console fixée à la partie inférieure du siège pliant d'une stalle de chœur.
Elle permet au clerc ou au moine qui participe à l'office divin de prendre appui sur elle lorsqu'il se tient debout et que son siège est relevé.

Nous continuons notre promenade et nous arrêtons devant le couvent sainte Cécile pour admirer le superbe portail du XVIIe siècle avec tous les attributs qui s'y rapportent : les flammes, les consoles,
les fruits, le fleurs, les feuilles d'acanthe de chêne...
Le couvent Sainte-Cécile a été fondé le 22 novembre 1624, jour de la Sainte-Cécile, qui donne ainsi son nom au couvent, pour les religieuses des Bernardines de Grenoble.
Le couvent Sainte-Cécile est aujourd'hui le siège social des éditions Glénat, de la Fondation et du Fonds de Dotation Glénat.

Une petite halte à la maison diocésaine pour admirer l'escalier en pierre du XVIIe siècle et ses balustres en fer forgé.

Nous poursuivons pour rejoindre rue Chenoise et nous visitons un ancien hôtel particulier l’hôtel de la famille Sautereau-Amal, Conseiller au Parlement.
Cette demeure construite vers 1500/1510 est caractéristique des édifices de la fin du Moyen-Âge avec ses fenêtres à meneaux. Lorsqu'on franchit la porte de l'hôtel
on débouche dans un passage voûté sur croisée d'ogives, puis sur une cour intérieure où l'on peut voir les galeries ouvertes de fenêtres à meneaux et une tourelles polygonale
qui loge l'escalier. Le bâtiment sur cour que nous allons visiter a été reconstruit au XVIIe siècle.
 
 Nous montons ces escaliers et traversons un long couloir avec un plafond à la française et débouchons sur l'appartement de la famille Sautereau-Amat, qui est aujourd'hui le siège de l'association Patrimoine et Développement.
Nous y voyons un magnifique plafond à la française du XVIIe siècle.
Les cartouches peints de paysage sont entourées de guirlandes avec ruban finement exécutées, mais aussi de palmes. Sur les traverses les peintures polychromes sont réalisées au pochoir. Nous pouvons constater l'état de parfaite conservation de ses peintures.

Nous terminons le circuit par la visite de la salle d'audience du Palais du Parlement du Dauphiné place Saint-André. C'est un bâtiment datant, pour sa partie la plus ancienne, de la fin du XVe siècle.
Il a été le siège du Parlement du Dauphiné jusqu'à la Révolution, puis palais de justice jusqu'en 2002.
Dans son architecture nous voyons du style gothique, du style renaissance et du style néo-classique.
Il est classé au titre des monuments historiques depuis 1889.
Nous visitons la salle d'apparat.

Le plafond en boiserie sculptée est un plafond typique du XVIIe siècle avec ses feuilles d'acanthes, ses sculptures et sa ronde de chérubins.

Sur les boiseries murales les sculptures représentent les feuilles de chêne, d'olivier, de lauriers...des palmes à la gloire du roi.
 

La tête du roi soleil en sculpture
 

La cheminée monumentale est d'époque Louis XIV

Nous pouvons aussi admirer une peinture monumentale de Philippe de Champaigne.

Philippe de Champaigne naquit le 26 mai 1602 à Bruxelles, et y étudia la peinture. En 1621, il arrive à Paris et est appelé en 1628 par Claude Maugis, intendant des bâtiments de Marie de Médicis pour laquelle il reçoit plusieurs commandes, notamment pour le Palais du Luxembourg.
Jusqu'en 1643, il travaille presque exclusivement pour le roi Louis XIII et le cardinal de Richelieu. A la mort de ses deux protecteurs, il devient portraitiste de la haute société ecclésiastique, noblesse d'épée et surtout parlementaire. Le tableau représente Abel Servien, ancien procureur du roi.

Cette salle d'apparat entièrement XVIIe siècle a servi de salle d'audience pour le Tribunal de Grenoble jusqu'en 2002 et aujourd'hui elle sert pour la réception de personnalités.

Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze




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