samedi 1 décembre 2018

Jour 8 _ Abou Simbel


Le 18 février 2018.
Les temples d’Abou Simbel sont situés à 280 km au sud d’Assouan, et à 80km au nord de la frontière avec le Soudan.

Ramsès II (1279-1212 av. J.-C), dans les années 26 à 34 de son règne, y fait construire, tout près de la rive du fleuve, ces sanctuaires "pour l'éternité".

Nous partons très tôt en bus et traversons des zones désertiques extraordinairement belles mais hélas souvent dénaturées par des pylônes et des lignes électriques suite à la construction du barrage.

Le site d'Abou Simbel était ignoré des touristes avant les années 1960. Il doit sa popularité à la campagne menée par l'UNESCO pour le sauver des eaux du barrage Nasser.

En effet, la construction de ce barrage a obligé le démontage pierre par pierre des deux temples pour les déplacer de 200m et les surélever de 60m.

Il a fallu d'abord reconstituer la montagne, et les deux temples ont été ensuite découpés en blocs de 15 tonnes. Les 1042 blocs ont été numérotées, acheminés par camions et remontées.

L'architecture interne des temples a ensuite été reconstituée.
Le grand temple a un volume de 100 000 m3 et le petit temple 26 500 m3.

Ce travail "pharaonique" a nécessité le savoir-faire de 3000 personnes pendant quatre ans et demi.
Le site a été inauguré le 22 septembre 1968 avec vingt mois d'avance sur le calendrier des travaux.

A noter que si fort heureusement, le temple a été sauvé, 46 villages nubiens ont été hélas engloutis sous les eaux du barrage.

Arrivés sur le site, nous avançons et arrivons à l'arrière de la montagne reconstituée et bénéficions d'un superbe panorama sur le lac Nasser.

Nous contournons cette montagne et arrivons sur l'esplanade où nous pouvons voir les deux temples : le grand temple de Ramsès II et le temple d'Hathor (le temple de la reine)

Les deux temples sont situés sur une terrasse face au lac Nasser et tournés vers l'est, de telle manière que les statues regardent le soleil levant.

Le grand temple d'Abou Simbel, impressionnant avec ses 33 mètres de hauteur et 38 mètres de large, est entièrement consacré à Ramsès et dédié au grand dieu Amon-Rê et au dieu soleil Rê-Horakhty

Quatre statues colossales, placées sur une terrasse, hautes de 20 mètres représentent le pharaon Ramsès II, assis sur un trône.

Quelques dimensions des statues : le front : 0,59 m; le nez : 0,98 m; l'oreille : 1,06 m;
la bouche : 1,10 m; la largeur du visage d'une oreille à l'autre : 4,17 m.

Ces colosses portent les attributs du pouvoir de Pharaon, à savoir la double couronne (le pschent) sur la tête, le voile royal (le nemès) et l'uraeus (le cobra prêt à frapper, symbole de la puissance brûlante du soleil et de la force royale), au menton la barbe postiche et il est vêtu du pagne à devanteau.
Le nom de Ramsès II apparaît sur la poitrine, sur le bras et entre les jambes des colosses.

A côté et entre les jambes du pharaon, nous voyons de petites statues, qui représentent les membres les plus importants de sa famille.
Mouna notre guide nous énumère les personnalités que les archéologues ont identifiées.
A gauche de l'entrée et de gauche à droite : Nebettaouy (fille de Ramsès), Isis Nofret (seconde épouse), Bent Anat (fille aînée d'Isis Nofret), Mout-Touy (mère de Ramsès), Amon-her-Khepechef (fils aîné de Néfertari) et Néfertari (principale épouse).

À droite de l'entrée et de gauche à droite : Néfertari (principale épouse), le prince Ramsès (fils d'Isis Nofret), Baket-Mout (fille de Néfer­tari), Méritamon (fille aînée de Néfertari), Néfertari II (fille préférée de Néfertari) et Mout-Touy (mère de Ramsès).
 

Un des colosses situé juste à gauche de l'entrée s'est effondré. Selon les archéologues il serait tombé en raison d'un séisme qui se serait produit du vivant de Ramsès.
La partie supérieure est à terre et toutes les statues qui étaient placées à ses pieds ont été pulvérisées.

Au-dessus de la porte d'entrée, dans une niche, se trouve une statue de Ramsès-Soleil représenté avec une tête de faucon au dessus de laquelle se trouve le disque solaire de Rê.

Tout en haut de la façade, une corniche sculptée dans la montagne représente vingt-trois babouins (il en manque une partie) levant les mains en signe d'adoration vers le soleil levant qu'ils saluent.
 

Le dieu faucon Horus veille sur le sanctuaire
 
Aux pieds du premier colosse se trouve un bas-relief représentant les prisonniers et les peuples vaincus d'Asie et des pays du nord (peuples sémite et hittite).
Les captifs sont attachés par le lien floral qui symbolise l'Égypte et ont un genou à terre.
A l'opposé, une autre frise montre des prisonniers venant des pays du sud.
 

L 'intérieur du temple est entièrement taillé et excavé dans la masse de la falaise.
Sa profondeur est d'environ 55 m.
Le plan est classique : une première salle avec huit piliers osiriaques, une deuxième salle à piliers, une salle transversale munie de niches et enfin le sanctuaire.

La première salle à piliers, d'envi­ron 16 mètres de large et de 18 mètres de longueur est taillée dans le rocher.
Elle comporte deux rangées de piliers osiriaques de neuf mètres de hauteur représentant Ramsès II.

L'iconographie du temple est riche des exploits de Ramsès II dans son rôle de Protecteur du Pays.
Le roi qui abat les ennemis "asiatiques"; des scènes qui relatent une campagne syrienne; Ramsès qui conduit son char et fonce en direction d'une forteresse ennemie; le roi qui rentre triomphalement du pays de Kouch et qui défile avec ses prisonniers.
 

Au centre du sanctuaire, il y a un support taillé dans le rocher, c'est là que devait être déposée la barque sacrée. Les murs sud et nord représentent l'encensement par le roi de la barque d'Amon.

Dans le sanctuaire au fond du temple, se trouve quatre grandes statues taillées dans la paroi rocheuse et assises sur une banquette.
Ce sont de gauche à droite :
- Ptah ,
- Amon-Rê,
- Ramsès II,
- Rê-Horakhty (Horus), à tête de faucon.
Le Pharaon figure donc au même niveau que les trois dieux les plus importants.

Les statues sont disposées de telle manière que toutes, sauf Ptah qui n'est pas un dieu solaire mais un dieu démiurge, recevaient la lumière du soleil sur leurs visages aux solstices.

Le 20 octobre, au levé du soleil les rayons pénétraient dans le sanctuaire et éclairait le visage de la statue d'Amon puis celui du roi.
Le 20 février au matin les rayons du soleil touchaient la statue d'Horus puis celle du roi.

Cette subtilité des prêtres-orienteurs avait pour but de revivifier l'intensité des forces de chaque silhouette divine afin de revigorer la statue de Ramsès.

Un peu au nord du grand temple, Ramsès II avait fait creuser dans la colline d'Ibshek, un second sanctuaire plus petit, qu'il a consacré à la déesse Hathor et à sa représentante la Grande Épouse Royale Néfertari, son épouse favorite.
C’est la première fois qu'un édifice religieux est consacré à une épouse de pharaon.

Sur les 6 statues de la façade, 2 représentent la reine et 4 Ramsès II.

En façade, six statues colossales debout, de dix mètres de hauteur, sont disposées dans des niches de telle sorte que de chaque côté de l'entrée une figure de la reine soit encadrée par deux figures du roi ; toutes sont tournées vers le soleil.
À gauche, le roi est coiffé de la mitre blanche du sud, celle d'Osiris, tandis que la reine à sa gauche possède une coiffure dominée par des rémiges de rapace entourées de deux hautes cornes et tient contre sa poitrine le sistre hathorique.
Aux pieds des grandes statues s'en trouvent de plus petites qui représentent les enfants du couple royal, les fils ont les pieds joints, les filles sont représentées dans l'attitude de la marche.

A l’intérieur les peintures ont gardé toutes leurs vivacités.

Ces peintures représentent des scènes d’offrandes, le couronnement de Ramsès II par le dieu Horus (le bien) et le dieu Seth (le mal).

Les piliers sont ornés de têtes d’Hathor.

Ces deux temples absolument magnifiques avaient pour fonction de veiller sur l'arrivée de la crue du Nil au moyen de magie et de rites.

Citons Christiane Desroches Noblecourt, célèbre archéologue, qui allait faire du sauvetage du site l'affaire de sa vie :

"Ces deux grottes sacrées, essentiellement complémentaires, concrétisent par leur emplacement, leur forme et leur message, l’arrivée de l'inondation en Nubie égyptienne : c'est l'instant béni du jour de l'An égyptien où Pharaon réapparaît sur son trône à l'issue de la cérémonie jubilaire annuelle, comme un soleil rajeuni garant du renouveau de l'Égypte, avec le retour du flot impétueux. Ce phénomène se produit aux environs du 18 juillet.

À l'aube, l'étoile Sothis qui avait disparu du ciel pendant soixante-dix jours, se montre à l'horizon oriental quelques instants avant que le soleil ne se manifeste. Les Égyptiens appelaient ce prodige le "lever héliaque de l'étoile Sothis", fêté dans le pays tout entier; cela constituait aussi le premier jour du calendrier de 365 jours 1/4 dont nous avons hérité."


Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze

2 commentaires:

  1. 😍😍😍😍😍 sublime et incroyablement documenté ! Merci !

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  2. Merciiii pour ce beau et gentil commentaire !😍😍😍😍😍

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