Outre les collections permanentes, la Fondation Vasarely accueille des expositions temporaires dans les espaces qui peuvent être configurés, souvent dans les alvéoles, à l’étage ou en zone dédiée.
Du 14 juin 2025 au 15 février 2026 se tient l’exposition « Claire Vasarely, une vie dans la couleur ».
Nous la visitons le 21 septembre 2025 lors de notre séjour à Aix-en-Provence, après :
La découverte d'Aix-en-Provence :
La visite de l'exposition Cezanne et le Jas de Bouffan au musée Granet :
La visite de l'exposition Niki de Saint Phalle à l'hôtel Caumont :
La visite de la Fondation Vasarely :
Claire Vasarely est née en 1909 en Hongrie, comme son mari Victor Vasarely, elle étudie au Műhely à Budapest, une école d'art créée sur le modèle du Bauhaus à Weimar. Elle se forme à l'art graphique réalisant des affiches et des publicités et rencontre Victor Vasarely en 1929, lui aussi étudiant dans cette école.
Ils s’installent à Paris et se marient en 1931.
Dans les 1930, elle poursuit à Paris son activité de graphiste publicitaire, peint et dessine des motifs textiles pour les soieries de Lyon.
Contrainte de quitter la France pendant la seconde guerre mondiale, elle retourne à Budapest et continue son activité de journaliste de mode initiée à Paris en écrivant dans des journaux et magazines hongrois sur la mode et le monde culturel hongrois et parisien.
A son retour à Paris, tout en continuant son travail de dessinatrice de motifs textiles elle se lance dans la réalisation de tapisseries et initie un collaboration avec les ateliers Tabard à Aubusson.
Elle mène une carrière artistique propre jusqu’à la fin des années 1950, puis devient davantage l’administratrice et gardienne de l’œuvre de son mari. Elle décède en 1990.
Malgré cette production, elle reste longtemps éclipsée dans l’histoire de l’art, souvent perçue comme « l’épouse de » plutôt que l’artiste à part entière.
La grande exposition rétrospective qui lui est consacrée à la Fondation affiche l’intention de « réparer » un oubli historique et de remettre en lumière l’œuvre d’une femme artiste majeure du XXᵉ siècle.
On remarque que son influence sur le travail de Victor Vasarely est de plus en plus reconnue, certains motifs de Victor auraient été inspirés ou co élaborés avec Claire.
Sa pratique graphique initiale (années 1930) est marquée par l’art moderne, l’Art Déco, le graphisme publicitaire. Elle utilise la couleur, le motif, le textile comme support de modernité ; ses tapisseries mêlent abstraction géométrique et motifs figuratifs ou décoratifs.
Son parcours traverse plusieurs disciplines, ce qui la distingue de beaucoup d’artistes de son époque.
Elle incarne à la fois l’avant-garde hongroise de l’entre-deux-guerres et la modernité textile et graphique de l’après-guerre, et elle offre un regard sur la situation des femmes artistes et sur le travail souvent invisible ou mis en retrait.
Sa redécouverte permet de mieux comprendre l’écosystème artistique autour de Victor Vasarely, mais aussi d’élargir la notion d’art graphique, textile et décoratif au XXᵉ siècle.
A partir de 1929, Claire Vasarely, qui est encore Klara Spinner, se forme au Mühely, créé par Sandor Bortnyik, un ancien du Bauhaus et figure du modernisme hongrois.
Elle réalise dans cet esprit, de nombreux projets de dessins pour des publicités et des affiches et présente son travail dans diverses expositions : Salon de printemps, Salon d'automne du Salon national de Budapest, Nouvelle Société des Artistes, Exposition du livre et du design publicitaire, Musée des Arts Décoratifs...
A cette même période elle effectue un premier séjour à Paris et rencontre le peintre Tsugouharu Foujita (1886-1968) avec lequel elle réalise un entretien publié en octobre 1929 dans le journal hongrois Pesti Naplo, en retour il dessine son portrait.
Claire vasarely_Etude Bauhaus_1930_
Scène, intrigue, forme sonore ou colorée en mouvement_gouache sur papier_17,4*22,4cm
Voilà ! art classique, artiste sculpeur_gouache et collage sur papier_19*15cm
Musée Janus Pannonius, Pècs.
Claire vasarely_Etude Bauhaus_environ 1930_
Champion, gouache sur papier, 20,8*14,8cm
Le prédicateur, gouache sur papier, 18*11,1cm
Automne, gouache sur papier, 18*11,1cm
Miss Europa, gouache sur papier, 22*11,1cm
Musée Janus Pannonius, Pècs.
Claire Vasarely_Etude Bauhaus_1930-1931
Haukland : 2 génération, édition atheneum,
Le triple livre du soir
Jenö Mende : le physicien apprivoisé
C Anet : Ariane
Gouache sur papier_25*18cm
Musée Janus Pannonius, Pècs.
Claire Vasarely quitte Budapest en 1932 et rejoint Victor Vasarely à Paris. Ils se marient la même année et s'installent à Arcueil en 1935 où ils restent jusqu'en 1961.
cette décennie est une période très fertile. Claire réalise des oeuvres diverses : publicités, peintures et motifs textiles.
Ses peintures sont des autoportraits seule ou avec son fils André et des portraits de Victor Vasarely ou encore des doubles portraits.
Elle travaille aussi comme graphiste pour la maison d'édition et d'impression Tolmer à Paris et commence à dessiner des motifs textiles pour les soieries de Lyon.
Claire Vasarely_autoportrait (Moi, l'artiste graphique/peintre d'affiches) _1929-1930_technique mixte sur papier_22,5*18,2cm_collection particulière.
Claire Vasarely_autoportrait _1934_crayon graphite, aquarelle et encre de chine sur papier_27,5*23cm_collection particulière.
Claire Vasarely_Portrait de Victor et Claire Vasarely_1932-1934_gouache sur papier_27,2*18,5cm_collection particulière.
Claire Vasarely_Portraits de Victor Vasarely_environ1933_Gouache et aquarelle sur papier (30,8*22,8cm) (25,3*21,5cm) _collection particulière.
Claire Vasarely_Modistes_1935_Gouache vernie sur carton (45,5*30,5cm) _collection particulière.
Claire Vasarely_Dimanche_1944_Gouache sur carton 29*40cm) _Musée Janus Pannonius, Pècs.
Claire Vasarely_Cahier et planches de la revue de presse "journalisme Budapest"_1940-1941_papier journal collé sur feuilles canson pliées (50*32,5cm fermé) (50*64,5 ouvert) _collection particulière.
Claire Vasarely_Sans titre (scènes de la vie quotidienne à Budapest)_1942_Encre de chine sur papier_82*76 cm (planche)_collection particulière.
Claire Vasarely_Sans titre (scènes de la vie quotidienne à Paris)_1945_Encre de chine, crayon graphite_82*76 cm (planche)_collection particulière.
Entre le début des années 30 et la fin des années 50, Claire Vasarely dessine un grand nombre de motifs textiles dont l'exposition présente un ensemble accompagné d'échantillons.
Oscillant entre motifs floraux et motifs géométriques, ils sont réalisés pour les soieries de Lyon mais aussi pour des entreprises de textile de Paris, d'Allemagne et des Etats-Unis.
Elle produit des œuvres personnelles qui oscillent entre figuration, abstraction, et géométrie ; motifs sériels, effets optiques, couleurs vives.
Dans certains cas, elle associe plusieurs variantes créant des compositions richement colorées aux motifs démultipliés qui anticipent avant l'heure les recherches cinétiques de Victor Vasarely.
Il soulignera d'ailleurs que c'est elle qui l'a poussé à abandonner le noir et le blanc et d'utiliser la couleur dans le développement de son expérience cinétique.
Claire Vasarely_Sans titre (étude de motifs pour textiles)_1955_Encre de chine, gouache sur papier_82*76 cm (planche)_Fondation Vasarely, Aix-en-Provence.
Claire Vasarely_Carnet personnel d'échantillons de motifs textiles et de références fournisseurs)_1952-1957_Encre de chine, gouache sur papier_22,3*19,5 cm (fermé); 22,3*36,5 cm (ouvert)_collection particulière.
Claire Vasarely_Sans titre (étude de motifs pour textiles)_1955_Gouache sur papier_82*76 cm (planche)_Fondation Vasarely, Aix-en-Provence.
Claire Vasarely_Sans titre (étude de motifs pour textiles)_1953-1955_Gouache sur papier_82*76 cm (planche)_Fondation Vasarely, Aix-en-Provence.
Claire Vasarely_Sans titre (étude de motifs pour textiles)_1953-1955_Encre de chine, gouache sur papier_82*76 cm (planche)_Collection particulière.
Claire Vasarely_Sans titre (étude de motifs pour textiles)_1955_gouache sur papier_82*76 cm (planche)_Fondation Vasarely, Aix-en-Provence.
Plusieurs réalisations témoignent d'une porosité de la création et des jeux d'influence dans le couple.
Des études de filles-fleurs et des filles-fleurs signées Victor Vasarely ont probablement été signées par Claire. On retrouve ces mêmes figures féminines aux coiffures florales dans ses dessins, cartons à tapisseries et tapisseries.
Pour ses nombreuses études de tapisserie souvent restées à l'état de projets non réalisés, Claire Vasarely s'inspire des motifs liés au folklore hongrois, mais aussi à ceux des contes médiévaux féériques et des légendes transylvaniennes de sa Hongrie natale.
Claire et VictorVasarely_Sans titre_1935_Huile sur carton_42*78,5 cm_Collection particulière.
A partir de 1948, Claire Vasarely débute ses premières tapisseries en collaborant avec l'atelier Tabard à Aubusson qui a relancé cette technique dans les années après la guerre.
Entre 1948 et 1952, elle réalise quinze tapisseries dont certaine, La Ville, Les Neuf Bougies, Conte de fées, font l'objet d'une deuxième édition en 1973.
A la fin des années 40, les premières tapisseries ont pour sujet les contes médiévaux féériques inspirés des légendes hongroises, tandis que celles du début des années 50 représentent un monde fantastique géométrique très vivement coloré.
Claire Vasarely se rend à plusieurs reprises à Aubusson pour étudier le tissage qui la passionne.
Elle cherche la juste interprétation entre la gamme chromatique utilisée sur le carton et sa retranscription en laine dans la réalisation finale de l'oeuvre.
Certaines de ses créations sont exposées en 1949 à Paris, à la galerie René Drouet et au 65e salon de l'Union des femmes peintres et sculpteurs.
Puis en 1952, à la galerie La demeure (Paris) suscitant l'intérêt de a presse artistique de l'époque.
Alors qu'elle se passionne pour cette technique, son activité artistique se termine à la fin des années 50.
Elle se consacre désormais à la carrière de son mari devenu figure centrale de l'art optique et cinétique.
Claire Vasarely_Lo-Las_1952_Tapisserie de laine d'Aubusson, éditée par l'atelier Tabard frères et soeurs_188*150 cm _Collection particulière.
Claire Vasarely_Etude pour la tapisserie "Les soeurs"_1951_Huile sur carton_49*39 cm _Musée Janus Pannonius, Pècs.
Claire Vasarely_Istamboul_1952_Tapisserie de laine d'Aubusson, éditée par l'atelier Tabard frères et soeurs_190*168 cm _Collection particulière.
Claire Vasarely_Nocturne_1950_Tapisserie de laine d'Aubusson, éditée par l'atelier Tabard frères et soeurs_242*203 cm _Musée Janus Pannonius, Pècs.
Claire Vasarely_Sans titre, tirage n°1_1951_Tapisserie de laine d'Aubusson, éditée par l'atelier Tabard frères et soeurs_224*205 cm _Collection particulière.
La diversité de la création de Claire Vasarely s’exprime à travers des disciplines multiples (graphisme, textile, peinture, tapisserie, arts décoratifs, mode), des techniques variées (dessin, collage, affiches, motifs textiles, tapisserie, peinture), des styles et références hybrides (modernisme du Bauhaus, graphisme publicitaire, folklore hongrois, abstraction géométrique, art décoratif).
Son oeuvre a une double dimension culturelle par sa formation hongroise et sa vie française, ce qui enrichit sa perspective visuelle.
Malgré son parcours riche, Claire Vasarely a longtemps été « dans l’ombre » de Victor Vasarely.
La rétrospective de grande ampleur qui lui est consacrée à la Fondation Vasarely (Aix-en-Provence) revalorise son œuvre.
Le catalogue de l’exposition souligne qu’il s’agit « de la première publication consacrée à l’artiste ».
Victor et Claire Vasarely ont été formé et profondément marqué par le Bauhaus.
Mais qu'est ce que le Bauhaus (1919 – 1933) ?
C'est une école d’art et d’architecture allemande fondée par Walter Gropius à Weimar, puis installée à Dessau et enfin à Berlin.
Son nom signifie littéralement « maison du bâtiment ».
Le Bauhaus voulait réunir art, artisanat et industrie pour créer un art utile, moderne et accessible à tous.
C’était une révolution contre la séparation entre « beaux-arts » et « arts appliqués ».
« L’artiste et l’artisan doivent travailler ensemble. » — Walter Gropius
Le but était de concevoir des objets, bâtiments et œuvres fonctionnels, simples, esthétiques et reproductibles par l’industrie.
L’école proposait une formation pluridisciplinaire en deux temps :
Cours préliminaire (Vorkurs) – apprentissage des bases : formes, couleurs, matériaux, composition (enseigné par Johannes Itten, puis Josef Albers).
Ateliers spécialisés – céramique, tissage, métal, mobilier, typographie, architecture, peinture murale, etc.
Chaque atelier était dirigé à la fois par un artiste et un artisan.
Le Bauhaus a profondément marqué le design moderne (mobilier, objets du quotidien), l’architecture fonctionnelle (formes simples, matériaux industriels), le graphisme et la typographie, l’enseignement artistique, fondé sur l’expérimentation.
Même après sa fermeture par le régime nazi en 1933, ses professeurs et idées ont essaimé dans le monde entier (notamment aux États-Unis, via le New Bauhaus à Chicago).
Avant de quitter la Fondation, un dernier regard sur le parc.
Texte de Paulette Gleyze
photos de Paulette, Anne et Gérard Gleyze
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