lundi 11 septembre 2017

Voyage en terres Balkaniques : l’Albanie_6e jour_Butrint


Le site archéologique de Butrint, autrefois connu sous le nom de Buthrotum est situé au sud de l’Albanie à environ 20 kilomètres de Saranda et près de la frontière grecque tout près d’Igoumenitsa.

Depuis Saranda, la route qui nous conduit à Butrint a été construite en 1959 pour accueillir Nikita Khrouchtchev.

Les ruines de Butrint sont inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1992.

Le parc national de Butrint s'étend sur 86km2 et a été créé en 2000. Le parc est classé zone humide d'importance internationale_convention de Ramsar) depuis 2003. Cette zone abrite un grand nombre d'espèces menacées comme le caret, le courlis à bec grêle, la tortue cuir, le phoque moine méditerranéen.

Le site a été habité depuis les temps préhistoriques, et a été successivement le siège d’une tribu grecque (les Chaoniens), prise par les Romains en 167 avant JC, puis occupée par l'Empire byzantin et la république de Venise, avant d'être abandonnée à la fin du Moyen Âge.

Butrint a inspiré Virgile. Dans dans l'Énéide il fait allusion aux anciennes portes de la ville qui rappellent à Énée celles de la ville de Troie : les portes Scées.
C'est sous le nom de Buthrot, que Racine situe l'action de sa tragédie Andromaque.
Eugène Delacroix y a déposé son chevalet.


Le circuit en 18 points est marqué par des panneaux explicatifs enrichis d'illustrations.



A l’entrée du site nous longeons un petit lac et nous voyons les montagnes qui sont sur le territoire grec.
 


En longeant la berge, on parvient au premier panneau qui indique l'emplacement des plus anciennes habitations du site ainsi que la présence des vestiges de thermes romains.


 Juste derrière ceux-ci se dresse une haute tour vénitienne (2) percée de fines meurtrières. Construite au début du XVIe s., elle rappelle que Butrint, alors dépeuplée, servait de poste avancé pour défendre et nourrir l'île voisine de Corfou tenue par les Vénitiens (1386-1797), puis brièvement par les Français.
 



Nous empruntons une allée bordée d'arbres puis un chemin qui longe une forte concentration de monuments.
 Ils constituaient le coeur de la cité antique avec la source sacrée et le sanctuaire d'Asclépios (3 et 4). (Au  IVe s. av. J.-C. la tribu grecque des Chaoniens vouait un culte à ce dieu guérisseur fils d'Apollon. On venait ici pour se purifier à la source réputée miraculeuse et pour organiser des cérémonies où les esclaves étaient affranchis. Butrint est le second site connu après Delphes à avoir pratiqué l'affranchissement des esclaves).

Sur le côté gauche de la scène, des inscriptions grecques sont gravées dans la pierre, il s'agit d'actes d'affranchissement d'esclaves.  
 


 Le sanctuaire se composait d'un temple, d'une stoa (galerie), d'une pièce fermée où était enfermé le trésor, de bâtiments accueillant les pèlerins, et le théâtre .









Le théâtre est le monument le plus célèbre de Butrint où se tient chaque année un festival. Édifié au IIIe siècle avant J.-C., il accueillait jusqu'à 1 500 spectateurs. La scène, reconstruite au IIe s. av. J.-C., comporte un mur orné de six niches qui abritaient des statues de marbre. C'est là qu’a été découverte la statue de la déesse de Butrint, exposée au musée national d'Histoire, à Tirana.

 
 
La partie basse est sous les eaux et fait le bonheur des tortues.
 

 

Près du théâtre, se trouvent les ruines romaines. La transformation de Butrint en colonie par Auguste en 31 av. J.-C. s’est traduit par l'expansion de la ville de part et d'autre du canal, la construction de nombreux monuments publics, d'un forum et d'un aqueduc qui alimentait les thermes
 




En tournant à gauche, on parvient au forum romain.

 Découverte en 2005, cette place pavée de 20 m de largeur et 52 m de longueur a été érigée sur l'ancienne agora grecque. Elle était ornée de statues de marbre.







  Édifié au VIe s., le baptistère est l'un des plus beaux exemples connus de baptistères paléochrétiens en Méditerranée centrale. 
Il se compose de deux rangées de piliers en granit et d'un fond baptismal au centre. Son sol est pavé d'un ensemble huit mosaïques polychromes (rouge, noir et blanc) développant le thème du Salut des âmes - le chiffre 8 étant lui-même le symbole du Salut dans la tradition chrétienne - avec 64 médaillons à figures animales.

 Ces mosaïques sont le plus souvent recouvertes de sable et de terre pour assurer leur conservation.








À côté du baptistère se trouvent les ruines de thermes et un nymphaion (grande fontaine rituelle aux nymphes) doté de niches qui accueillaient des statues.




 



L'édifice actuel de la grande basilique remonte à la période vénitienne. Elle a été construite à l'emplacement de la première basilique du VIe s. Cette dernière était composée de trois nefs séparées par des colonnades dont certains éléments réutilisés apparaissent dans les murs.

 Autrefois décoré de mosaïques polychromes (encore visibles en certains endroits) réalisées par les mêmes artisans que celles du baptistère, le sol a été plus tard recouvert de dalles de pierre.
 




 
 


 



On longe ensuite le lac où un homme pêche des huîtres. Nous avons une vue sur le mont Mile et  la colline de Kalivo (fortifiée à l'âge de bronze). 




Peu après, en descendant quelques marches, la pointe nord de la péninsule est marquée par la présence des imposantes fortifications grecques du IVe s. av. J.-C. 


 Le mur sont construit de pierres taillées comporte une étroite ouverture surnommée " porte Scée ". 
Elle évoque, selon le poète Virgile (Ier s. av. J-C.), les portes Scées de la mythique Troie. Celles qu'ouvrirent les occupants du cheval de Troie pour faire pénétrer les soldats grecs dans la ville. 




Nous empruntons un sentier et arrivons à la porte du Lion. Elle doit son nom à son linteau en pierre orné d'une sculpture représentant un animal à corps de lion et tête de sanglier.
 Cette pierre rectangulaire a été ajoutée au Ve s. pour abaisser le niveau de la porte et rendre la défense plus aisée. 



De la porte du Lion, le sentier monte ensuite au sommet de la colline jusqu'à l'ancienne ville haute où se tenait l’acropole. 

A cet endroit il ne subsiste quasiment rien des anciennes fortifications et des bâtiments antiques.



Sur la partie ouest, un fort a été ajouté au XIIIe s. par les Vénitiens. Celui-ci a été rénové dans les années 1930 pour abriter les découvertes de la première mission archéologique italienne. 

Dans la partie souterraine de la tour se trouve un petit musée. 


 Sur, la terrasse très bien fleurie, nous pouvons voir une statue. Il s’agit d’une tête, qui a la particularité d’avoir un profil d’homme et un profil de femme. 


 



De cette terrasse nous avons un extraordinaire panorama sur l'embouchure du canal et sur l'île de Corfou. 


Butrint est un lieu quasi magique avec l’alliance de l’archéologie et de la nature méditerranéenne. 


Nous le quittons cependant pour nous rendre à la non moins magique et incroyable fontaine de Syri i Kaltër 
et à Girokastra, la ville natale d’Ismaël Kadaré.

Ceci fera l’objet d’un prochain article.
 

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