mardi 3 septembre 2019

Voyage en Sicile_jour 2_Excursion à Palerme


Début d'après midi ce 13 juillet 2019, nous voilà restaurés nous pouvons reprendre notre visite.
Ce sera la visite du centre historique de Palerme.
Palerme est la capitale de la Sicile, elle se situe au nord ouest dans une baie au bord de la mer Méditerranée.
Avec sa banlieue elle compte environ 1 million d'habitants.

Des gravures et peintures rupestres retrouvées dans les grottes d’Addaura en 1953 par l'archéologue Bovio Marconi attestent de la présence de l'homme à Palerme depuis la préhistoire.
La ville a été fondée aux alentours du VIIIe siècle av. J.-C. par des commerçants Phéniciens. Elle a été un important bastion pour Carthage jusqu'à sa conquête par les Romains en 245 av JC.
Le nom latin d'où est issu "Palerme" était Panormus qui signifie « Havre de sûreté universelle ».
Les Vandales fondent leur empire en 439, avec Carthage pour capitale, et tentent plusieurs fois d'annexer Palerme en l'envahissant.
En 535, la ville passe de nouveau aux mains des Romains d'Orient.
Sous l'Empire byzantin, Palerme connaît une période florissante, qui va durer deux siècles.
De 831 à 1071 elle passe sous la domination des musulmans et devint alors la capitale de l'île.
Les dirigeants musulmans ont lancé un vaste programme de développement agraire avec la culture des agrumes, du papyrus et du coton. La ville devint un port commercial important.
A partir de 1072, sous les Normands des monuments exceptionnels sont construits.
En 1130, Roger II roi de Sicile, accueille des savants arabes à la cour.
A cette époque la ville était un carrefour entre l’Orient et l’Occident pour l'art, la culture et le commerce.

En 1194, Palerme passe sous la domination des Hohenstaufen.
Frédéric II transforme la ville en lieu de résidence avec une riche vie culturelle où les cultures grecques, musulmanes et latines cohabitent.
Par la suite, la ville a été occupée par les Aragonais, les Autrichiens et les Bourbons.
Les Bourbons unissent la Sicile au royaume de Naples en 1734 et Palerme devient une simple ville de province, son palais est délaissé.
La cour est déplacé à Naples.
En 1860, l'expédition des Mille de Garibaldi arrive à Palerme et annexe la Sicile au Royaume d'Italie, nouvellement unifié. A cette occasion Palerme redevient le centre administratif de la Sicile.
En 1947, la Sicile devient une région autonome et Palerme retrouve le siège du Parlement.
Depuis le début du XXe siècle, la mafia a fortement ralenti les activités économiques, sociales et culturelles de la ville. Dans les années 1960 des maires comme Salvo Lima et Vito Ciancimino, proches des Corleonesi ont permis une spéculation immobilière en autorisant la destruction de bâtiments historiques et l'urbanisation des champs d'agrumes de la Conca d'Oro.
Palerme est à cette époque tristement célèbre pour ses règlements de compte entre clans et pour les assassinats de journalistes, de politiciens, de policiers, de magistrats. (préfet Carlo Alberto Dalla Chiesa), de juges (Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, assassinés en 1992).
Sous l'égide de l'ONU la Convention des Nations Unies contre la criminalité internationale organisée est signée à Palerme en 2000 en hommage au juge Falcone .

Nous sommes dans le quartier historique de Mandamento Tribunali, plus communément appelé de son ancien nom Kalsa qui dérive de l'arabe al Khalisa, et qui signifie pur ou l'élu. Le nom provient de la présence de l'ancien tribunal de l'Inquisition situé dans le quartier, bâtiment historiquement connu sous le nom du palais Chiaramonte-Steri.
Ce quartier passablement dégradé a fait l'objet de restauration ces dernières années.

C'est dans ce quartier que se situe le 1er commerce de Palerme qui a refusé de payer son tribut à la mafia. Depuis, des étudiants ont lancé le mouvement Addiopizzo, afin de convaincre commerçants et industriels de ne plus céder au racket, source de financement de Cosa Nostra.

Nous nous dirigeons vers l'oratoire saint François qui se trouve près de l'église Saint-François d'Assise.

La construction de l'église date du 13e s. Elle a été restructurée aux XVIe et XIXe siècles. Elle possède un très beau portail et une rosace gothique, tous deux d'origine.

L' Oratoire baroque San Lorenzo (saint Laurent) a été construit dans la seconde moitié du XVIe siècle sur une chapelle préexistante dédiée à San Lorenzo.
Il a été donné aux frères franciscains du couvent voisin afin qu'ils propagent le culte de saint François et de Saint Laurent.
C'est Giacomo Serpotta qui, en 1699, réalise le décor en stuc avec
les statues représentant les 7 Vertus : la justice, la prudence, la force, la tempérance, la foi, l'espérance et la charité; et huit théâtres sur les murs qui racontent l’histoire des deux saints.
L'oratoire et ses décorations ont été sérieusement endommagées en 1943 lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale.
Ils ont été restaurés et reconstitués en 1945 par Filippo Mignosi .

L'oratoire est surtout connu pour avoir conservé le retable de la Nativité datant de 1609 de Francesco d'Assisi de Caravaggio (le Caravage).

La toile a été volée dans la nuit du 17 au 18 octobre 1969.

Il y a quelques années, un repenti de la mafia a dévoilé où était la toile. Elle a été retrouvée dans un garage, roulée sur elle même et complètement moisie...il n'a pas été possible de la restaurer.
Une reproduction a été installée à son emplacement d'origine.

Nous reprenons notre marche à travers les rues du Palerme historique.

Nous arrivons place Croce da Vespri devant le Palais Valguarnera Gangi appelé palais Gangi au centre du quartier de la Kalsa.
De style baroque sicilien, il a été construit entre 1750 et 1780.

C'est dans plusieurs pièces de ce palais, en particulier dans la salle de bal et la galerie des Miroirs, que Luchino Visconti a tourné en 1963 la scène du bal du film le "Guépard" avec Alain Delon, Burt Lancaster et Claudia Cardinale.

Nous poursuivons en direction de place Bellini tout en admirant les belles façades.

Nous voilà place Bellini, l'une des plus belles places de la ville qui allie architectures orientales et occidentales.

Trois églises donnent sur la place :
Santa Maria dell'Ammiraglio (Sainte-Marie-de-l'Amiral appelée aussi la Martorana,
San Cataldo
et Santa Caterina.
Sainte-Marie-de-l'Amiral_La Martorana


L'église San Cataldo est d'architecture arabo-normande. Elle est rattachée à celle de Sainte Marie de l’Amiral_la Martorana.
Elle a été fondée entre 1154 et 1160 par Maion de Bari, lorsqu'il était l’Emir des émirs (amiral) du Roi Guillaume Ier de Sicile.

Elle a été abandonnée au XVIIIe siècle pour devenir un bureau de poste !
Elle a été réhabilitée au XIXe s.
C'est un cube, surmonté de 3 dômes, qui surplombent la nef centrale.

Santa Catarina se situe sur deux places, la Piazza Pretoria à l’ouest et la Piazza Bellini au sud. Elle a été construite à la fin du 16e siècle et possède une riche décoration baroque à l'intérieur.
Elle est surmontée d'une coupole.

Nous visitons l'intérieur de l'église Sainte Marie de l'Amiral_La Martorana , dédiée à Eloïse Martorana, qui a été la fondatrice en 1194 du couvant bénédictin tout proche.
Cette église en était la chapelle.
Son véritable nom est Sainte-Marie de l’Amiral.
Elle a été commencée en 1143 par Georges d’Antioche, amiral de la flotte de Roger II. Il a été le premier personnage à porter ce titre d'amiral qui vient probablement de son titre officiel : l’« émir des émirs ».
C'est une église en croix grecque.
L’intérieur est partagé en deux parties distinctes.

L'abside principale d'origine a été détruite à la fin du XVIIe siècle et remplacée par une chapelle baroque, appelée cappellone.
Cette abside est surplombée d'une coupole,et les murs sont décorés de marqueteries et de statues en marbre, de style baroque.

La partie la plus ancienne possédait un plan en forme de croix grecque.
Elle est couverte de mosaïques iconographiques byzantines en or.
Quatre colonnes portent une coupole centrale.

Les mosaïques byzantines sont de véritables chefs-d’œuvre artistiques.
Elles datent du XIIe siècle et recouvrent dans la partie ancienne murs et plafonds.

Dans la tradition chrétienne occidentale, les rois étaient couronnés par le pape ou par ses représentants.
Ici, on peut voir le roi Roger couronné par le christ lui-même.
Il est vêtu à la byzantine d'une longue robe brodée, le loros, d'une étole de légat apostolique, et il reçoit la couronne ornée de pendentifs, le kamelaukion, insigne impérial à Constantinople, des mains du Christ.
Roger se comportait en empereur et se faisait appeler « Basileus ».
En haut de la mosaïque une inscription en grec et en latin : « Rogerios Rex », le premier mot en grec et le second en latin.

Dans la coupole on retrouve un Christ pantocrator, c’est-à-dire un christ en gloire.
Les mosaïques se lisent par étages successifs en partant du sommet. Elles représentent :
- un Christ pantocrator, au centre,
- descendant sur les côtés, les quatre archanges : trois originaux (Gabriel, Michel et Raphaël) et un apocryphe (Uriel),
- sur le tambour les huit apôtres non-évangélistes : Simon, appelé Pierre; André, son frère ; Jacques, fils de Zébédée; Philippe; Barthélemy ; Thomas; Matthieu, le publicain ; Jacques, fils d'Alphée; Thaddée ; Simon le Zélote; et Paul, qui, bien que non-apôtre remplaça Judas l'Iscariote, celui qui a livré Jésus.
- Les quatre évangélistes Marc, Matthieu, Jean et Luc sont dans des niches à l'étage inférieur, alternent avec des baies lumineuses.

A quelques pas de la place Bellini nous arrivons sur la place Pretoria.
C'est à la limite du quartier de Kalsa, près de l'angle de Cassaro avec la Via Maqueda, à quelques mètres du Quattro Canti, le centre exact de la ville historique de Palerme.

Les Quattro Canti est une place monumentale de style baroque de forme octogonale. Ses côtés sont quatre rues et les façades concaves des quatre bâtiments qui l'entourent.
Chacune des quatre façades concave est divisée en trois parties, illustrant une ascension de la terre au ciel.
Chaque niveau reprend de bas en haut un de trois styles architecturaux classiques : dorique, ionique et corinthien.

Au niveau de la rue, les fontaines (ajoutées en 1630) représentent les quatre cours d'eau anciens de la ville (l'Oreto, le Kemonia, le Pannaria et le Papireto ).
Chaque fontaine est décorée d'une statue représentant une allégorie des quatre saisons (statues d'Éole, Vénus, Cérès et Bacchus et surmontée d'un blason gravé d'un texte en latin au sujet du roi qui la surplombe).

Les niches du deuxième niveau abritent les statues de quatre rois espagnols de Sicile (Charles Quint, Philippe II, Philippe III et Philippe IV).

Les niches du dernier étage abritent les statues de quatre saintes palermitaines protectrices des quartiers qui se rencontrent à cet endroit (Agathe, Nymphe, Olive et Christine).

Chacun des édifices est couronné du blason monumental des rois espagnols.

Au centre de la place Pretoria, se trouve une fontaine construite par Francesco Camilliani à Florence en 1554, destinée au palais de saint Clément à Florence.
En 1573, le Sénat de Palerme achète cette fontaine avec l'intention de la positionner sur cette place.

Elle est transférée à Palerme en 1574.
Elle est composée de seize statues nues, de nymphes, de sirènes et de satyres.
Depuis le XVIIIe siècle, la fontaine a été
considérée comme la représentation des municipalités corrompues, et Palerme a surnommé la place « Place de la honte » (Piazza della Vergogna) du fait de
la nudité des statues.

Pour faire la place à cette réalisation monumentale, conçue pour un lieu ouvert, plusieurs maisons ont été démolies et la fontaine a été réadaptée au site avec l'ajout de nouvelles pièces. En 1581 ont lieu les travaux d'hébergement de la fontaine sur la place.

Sur trois de ses quatre côtés la fontaine est entourée par le palais prétorien (la mairie) construit au XIVe siècle, l'église Sainte-Catherine (de la fin du XVIe siècle), et deux palais : le palazzo Bonocore et le palazzo Bordonaro.
Sur le quatrième côté se trouve un escalier qui descend vers la Via Maqueda .

Nous continuons notre chemin et nous rendons à la cathédrale de Palerme dédiée à Notre-Dame de l’Assomption.
Elle a été commandée au XIIe siècle par l'archevêque normand de Palerme Gautier Ophamil et construite à l'emplacement d'une ancienne basilique de l'empire romain, transformée en mosquée au IXe siècle par les Arabes.
L’édifice d’origine est de style arabo-normand.
Les tours datent des XIVe et XVe siècles, la coupole et la nef baroque datent de la fin du XVIIIe siècle.
Elle est très imposante à l'extérieur mais beaucoup plus classique et sobre à l'intérieur.
Elle abrite de nombreuses chapelles, une crypte et des sépultures royales

On entre dans la cathédrale en passant sous un portique à arcades de style gothique-catalan du XVe siècle
Sur sa colonne de gauche, issue des anciens édifices, est gravé un verset du Coran. La mosaïque de la vierge au dessus du portail est du XIIIe siècle.

La cathédrale comprend une nef principale et deux nefs latérales.
Le chœur, de style gothique-catalan, date du 15ème siècle.

C'est dans cette cathédrale qu'a été couronné Roger II en 1130, 1er roi de Sicile.
Il est le second fils du Comte Roger de Hauteville, premier Comte normand de Sicile, et d’Adélaïde de Montferrat.
Roger II est le fondateur du royaume de Sicile et du royaume d'Afrique. Il unifie toutes les conquêtes des Normands en Italie et en Afrique sous une seule couronne.
C'est dans la chapelle latérale de cette cathédrale que se trouve sa sépulture ainsi que celles du roi Frédéric II et de son épouse Constance d’Aragon ;
de celle de Constance de Sicile, née en 1154, reine de Germanie puis impératrice du Saint-Empire et enfin reine de Sicile. Elle est la fille posthume du roi Roger II et de Beatrix de Rethel.
On voit aussi le tombeau d'Ophamil qui a fait construire cette église en 1185
Les tombeaux sont imposants et recouverts de somptueux baldaquin.

Ce sarcophage romain est le tombeau de Constance d'Aragon, épouse de Frédéric.

Après toutes ces belles visites nous terminons notre découverte de Palerme en passant par le port.

La nuit tombe, nous rejoignons notre hôtel.

Nous avons parcouru 8km à pieds aujourd'hui.

Demain nous nous rendrons au village médiéval d'Erice, puis nous irons à Ségeste, à Sélimonte et à Porto d'Empédocle.


Texte de paulette Gleyze

Photos de Paulette, Anne et Gérard Gleyze


































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