lundi 8 novembre 2021

Le musée Hansi à Colmar



Le 16 août 2021, pour le dernier jour que nous passons à Colmar nous le consacrons à la visite du musée Hansi.

Le Village Hansi et son Musée est située au cœur de la vielle ville de Colmar, dans une maison au joli nom de « au nid de cigogne ».

C'est une magnifique reconstitution de village typiquement alsacien. Cet endroit féérique semble tout droit tiré de l'imagination de l'artiste avec ses rues pavées et ses maisons colorées rappelant ses œuvres.

Au rez de chaussée se trouve le marché de l'Oncle Hansi qui est une marque régionale de la gamme du Marché de l'Oncle Hansi , mettant à l’honneur les produits alsaciens.
 
 
Et au 1er étage se trouve le musée qui expose plus de 100 œuvres de l’artiste : des dessins, des aquarelles, des affiches, des objets, des menus...emblématiques de l'Alsace, créés par Hansi qui a restitué sa vision d’une Alsace idéale.
son atelier

Les effets et objets ayant appartenu à Hansi

Jean-Jacques Waltz est né le 23 février 1873 à Colmar. A cette date, l'Alsace et la Moselle n'appartiennent plus à la France suite à la guerre de 1870 qui a vu la défaite de Napoléon III face aux Prussiens. Cette situation va perdurer jusqu'au Traité de Versailles du 28 juin 1919 qui rend l'Alsace et la Moselle à la France.

Malgré l'euphorie d'après guerre, le "malaise alsacien est sensible en raison du bilinguisme, de la nationalité, des particularismes hérités de la gestion allemande. Moins d'un an après le début de la 2e guerre mondiale, l'Alsace et la Moselle sont annexées au Reich, lequel va enrôler de force beaucoup de jeunes hommes, les "malgré nous". Ce n'est qu'à la fin de la guerre que ces deux régions redeviendront françaises.

Jean-jacques Hansi grandit à Colmar dans la culture de l’histoire et de l’art, notamment alsacien transmise par son père, le conservateur du musée Unterlinden. Mauvais élève, il quitte l'Alsace en 1894 pour se former au métier de dessinateur industriel à Lyon. Parallèlement il suit les cours des arts décoratifs à l'Ecole des Beaux Arts.

A la fin de ses études, il revient en Alsace exercer le métier de dessinateur industriel à Cernay puis à Logelbach.
A cette période, il dessine ses premières cartes postales sur lesquelles se confondent les villages alsaciens et les caricatures anti-allemandes, qu’il signe sous le pseudonyme de Hansi, contraction allemande de ses deux prénoms "Hans" pour Jean et le "I" de Iacob pour Jacques.

Suivront de nombreux recueils de caricatures anti-germaniques dont le célèbre « Professor Knatschké », qui lui vaudront plusieurs condamnations devant les tribunaux allemands.

Dès 1908, il décide de se consacrer entièrement au dessin. Il enseigne l'aquarelle et répond à des commandes publicitaires.

Le 4 août 1914, il s'engage dans l’armée Française dans le 152e R.I.

Après la guerre, il produit de nombreuses illustrations de l’Alsace, publiées sous forme de cartes postales et de livres illustrés, ainsi que des menus et des publicités.

En 1923, au décès de son père, il lui succède au poste de conservateur bénévole au musée Unterlinden.

En 1939, Hansi est activement recherché par la Gestapo, il est contraint à l’exil en France, puis en Suisse. Il fuit en Bourgogne et dans le sud de la France. Il est retrouvé à Agen, battu et laissé pour mort. Il fuit alors en Suisse jusqu'en 1946.

Durant la guerre il réalise des affiches pour l’armée Française.


De retour en Alsace en 1946, il se consacre à nouveau au musée Unterlinden et publie le 3ème tome de "l'art héraldique"et poursuit sa carrière d'artiste.

En 1948, il est fait citoyen d'honneur de la ville de Colmar. Il s'éteint néanmoins dans la misère le 10 juin 1951, après une vie consacrée à son art.

Il a exploré toute la palette des supports publicitaires et réalisé des thèmes aussi divers que la Misère et la Mort pour les Annales Anti-Alcooliques.
 

Il produit des affiches pour les Emprunts de guerre.
 

pour la société commerciale des Potasses d'Alsace dont il créé le logo en 1929.

Il exécute une série d'affiches lithographiques pour la Banque d'Alsace Lorraine, pour le Chemins de fer de l'Est, pour les bières d'Alsace, qui lui donnent la notoriété.

Correspondant de journaux francophiles, il édite le "Professor Knatschké" et réalise des caricatures.

Grâce à son esprit frondeur, ses caricatures espiègles du professeur Knatschké se sont progressivement transformés en dessins et publications qui bravent l'autorité allemande. Il est condamné plusieurs fois pour diffamation.

Au travers d'une dizaine de salles d'exposition nous découvrons les
les paysages alsaciens peints par Hansi, avec leurs traits à la fois naïfs et incisifs.

Les représentations nocturnes tiennent une place particulière dans toutes les techniques que Hansi a développé : gravures, lithographies, aquarelles, peintures à l'huile. L'artiste nous plonge dans l'ambiance des soirs d'été mais aussi des soirs d'hiver. Il utilise des techniques pointillistes.

Il a excellé dans la technique de l'eau-forte aquatinte pour la restitution des nuits. Avec l'Auberge des boulangers, les remparts de Colmar, la place de la Sinn, la profondeur des nuances captent le regard.


Hansi a dédié une grande partie de son oeuvre à Colmar, sa ville natale.
Les représentations se trouvent sur des cartes postales, des eaux-fortes, des aquarelles et dans le livre "Colmar-en-France" réalisé en 1923. Cet ouvrage comprend une centaine de représentations qui montre la passion qu'avait Jean-Jacques Waltz pour sa ville natale. Il reproduit les marchés, les habitations, les boutiques, les hôtels particuliers...les ruelles étroites, la Collégiale...

Les images du livre "Mon Village, Ceux qui n'oublient pas" édité pour Noël 1912, sont les plus connues de Hansi.

Les illustrations de ce livre que l'on croit destiné aux enfants sont bien différentes de ses aquarelles et eaux fortes.

Ce village est imaginaire mais c'est Oberseebach dans le Nord de l'Alsace qui a servi de référence. Les planches représentent les scènes traditionnelles d'Alsace. Mélange du passé avant annexion et du présent, garçons et filles en costumes traditionnels et vétérans médaillés de la guerre de 1870. La symbolique de cet album servira de toile de fond à toutes les représentations ultérieures des enfants d'Alsace, Yerri, Gretel et Liesel.

Hansi se définissait comme "un imagier populaire" et rappelait à ses visiteurs ne m'appelez pas maître, çà m'agace". Il avait mis cette mise en garde à la porte de son atelier.

Son oeuvre loin des peintures académiques a suscité un véritable engouement. Simple et issue de la culture populaire, l'imagerie de Hansi est facile de lecture. Les messages exprimés sont à la portée de tous.. Il a imaginé de nombreux produits dérivés comme des services de vaisselle, des poupées, des tissus, des jouets, du linge de maison.


Les dessins de Hansi se trouvent partout en Alsace, son imagerie est massivement utilisée dans le commerce.

Malgré son talent, la fin de sa vie est triste. En janvier 1951 il écrivait : « Voici l'hiver et la vieillesse inséparables – et le froid, la neige, les courtes journées sombres et les interminables nuits blanches, et l'anémie, l'arthritisme, les autres infirmités – et les médecins. A présent, plus de promenades du soir dans les vieilles rues, plus de tournée au Musée et plus de regard de déférente admiration et de reconnaissance pour le chef-d’œuvre , mais le soir, dans l'ombre de l'atelier on devine l'affreux cafard, l'ennemi du joyeux et divin travail... »

Robert Heitz écrivait une semaine après sa mort : « Trop fier pour récriminer, veillant jalousement à son indépendance, il a payé son intransigeance au prix d'une solitude frisant l'oubli et d'une vie matérielle pénible. Aussi bien, quand demain, sur sa tombe les officiels vanteront avec force trémolos les mérites et la gloire d'un des meilleurs serviteurs que la France ait eus en Alsace, ceux qui savent ne seront pas dupes. On a eu beau le couvrir de médailles et de cravates rouges, il n'en reste pas moins que la France officielle, sans imagination et sans cœur, n'a pas su trouver la formule qui eût évité à ce vieillard de vivre dans une gêne matérielle qui, sans le concours discret de quelques amis fidèles, eût été la misère pure et simple. »

Une statue lui a été érigé dans le parc de Colmar.



Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette, Anne et Gérard Gleyze


























1 commentaire:

  1. superbe expo merci pour la visite et comme à l'accoutumée : colle mare colle mare ! ne dit on pas le lac d'Hansi ?

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