dimanche 18 décembre 2022

Exposition Munch, un poème de vie, d'amour et de mort_Musée d'Orsay_11 novembre 2022





Musée d'Orsay extérieur et intérieur

Du 20 septembre 2022 au 22 janvier 2023, le musée d'Orsay de Paris en collaboration avec le musée Munch d’Oslo, accueille l'exposition Munch.

Nous avons eu la chance de voir cette exposition le 11 novembre 2022.

Elle a pour volonté de montrer l'ampleur de la production artistique de Munch (1863-1944) en 60 ans de création. "Sa production des années 1880 jusqu'à sa mort reflète une vision du monde marquée par une dimension symbolique".

Le parcours proposé, que je suivrai dans ma présentation de l'exposition, ne suit pas un fil chronologique mais propose une vision globale de son œuvre avec la notion des cycles.

Munch est convaincu que ses oeuvres prennent plus de sens si on les associe, et une présentation sous forme de séries doit les rendre plus compréhensibles.

Pour Munch, l'humanité et la nature sont unies dans le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance. Cette vision revient dans son œuvre avec certains motifs qu'il produit de façon régulière.

Edvard Munch (1863-1944) est un peintre et graveur expressionniste norvégien.

Il est considéré comme le pionnier de l'expressionnisme dans la peinture moderne. et est considéré en Allemagne et en Europe centrale comme appartenant à une nouvelle époque artistique.
Autoportrait_1882_Musée Munch_Oslo.


Autoportrait à la cigarette_1895_huile sur toile

Les œuvres de Munch les plus connues sont celles conçues au début des années 1890, la plus célèbre est "Le Cri".

Ses premières expositions déclenchent des scandales.
A Berlin en 1892, alors qu'il expose une cinquantaine de ses oeuvres, de vives réactions entraînent la fermeture de l'exposition au bout d'une semaine.
Il ne va connaître le succès dans les pays nordiques qu'à partir de 1909, grâce à la grande exposition rétrospective organisée par son ami Jappe Nilssen (1870-1931), journaliste et critique d'art norvégien, à la fois écrivain et historien d'art, et par Jens Thiis, directeur de la galerie nationale d'Oslo.

Portrait de Jappe Nilssen peint par E Munch en 1909_photo empruntée au net

Edvard Munch est absent pour cette exposition, il est en convalescence dans une clinique privée de Copenhague après des troubles graves du comportement tant physiques que nerveux.

Le jeune Edvard Munch n'a pas suivi de formation artistique académique. Il pratique dès l'enfance le dessin et la peinture avec sa tante qui l'élève depuis le décès de sa mère.
A l'âge de 17 ans, il suit pendant quelques mois les cours au collège royal de dessin d'Oslo et expose deux ans plus tard.
En 1885, une bourse d'études lui permet de séjourner une première fois à Paris. Il s'intéresse aux Impressionnistes qui font scandale en France. Il leur emprunte leur traitement libre des couleurs.

Munch peint des portraits de ses proches principalement ses sœurs Inger et Laura ou de ses amis.
Ces scènes intimistes peintes à partir de 1890 apportent à son œuvre sa singularité.

Inger était la plus jeune sœur de Munch. Le peintre la représente ici sur la plage d'Asgardstrand, un petit village de pêcheurs au sud du fjord d'Oslo où la famille séjourne régulièrement.
Nuit d'été, Inger sur la plage_1889_huile sur toile

Inger en noir et violet_1892_huile sur toile


Rouge et blanc_1899-1900_huile sur toile


Heure du soir_1888_huile sur toile


Hans Jaeger_1889_huile sur toile

Munch écrit dans un de ses carnets : "La maladie, la folie, et la mort étaient les anges noirs qui se sont penchées sur mon berceau..."

Sa vie est semée de deuils et de drames, il perd sa mère à l'âge de cinq ans, sa sœur aînée Sophie avait 6 ans, son frère Peter Andreas était âgé de 3 ans, ses sœurs Laura-Cathrine avait 1 an et Inger venait de naître.
Il perd sa sœur Sophie, 10 ans plus tard.
Son père, pour surmonter ses épreuves pratique une intense dévotion et instaure une atmosphère austère dans le foyer.
A l'âge adulte sa sœur Laura-Cathrine est internée suite à des troubles psychologiques. Son frère Andrea décède à l'âge de 25 ans juste après son mariage.

E. Munch avait une santé fragile et a connu des déceptions amoureuses.
Tout cela a entrainé chez lui des crises de mélancolie, et il est aussi devenu alcoolique.
Sa production artistique en a été influencée.

« La plupart des personnages de Munch ne sont pas fous, mais paralysés par des sentiments immenses de chagrin, de jalousie, de désir ou de désespoir que bien des gens ont trouvés choquants en raison de leur érotisme, de leur style cru ou des signes d'instabilité mentale ».
 
Munch évoque dans plusieurs de ses peintures le décès de sa sœur aînée, Sophie, ici allongée sur le lit blanc. Autour d'elle, tous les membres de sa famille.
Au 1er plan, il évoque le souvenir de sa mère décédée depuis dix ans. A ses côtés son père en prière, son jeune frère Andreas et ses sœurs Laura et Inger.

Munch réalise de nombreuses déclinaisons du même sujet.

Près du lit du mort_1896_Lithographie


Près du lit du mort_1896_huile sur toile

Il reprend vingt ans plus tard la composition du tableau "Près du lit de mort".
Les couleurs sont violentes, les personnages sont stylisés, les visages désincarnés.

La lutte contre la mort_1915_huile sur toile

Munch a débuté sa carrière à une période où l'art scandinave est dominé par des intérieurs bourgeois et des paysages sereins.
 
Il va produire une autre peinture qui lui ressemble davantage et qui est le reflet de son intériorité.  
 
Il écrit en 1889 dans ses carnets : "Je peindrai des personnes vivantes qui respirent et ressentent, qui souffrent et qui aiment... Je vais faire une série de tableaux dans cet esprit; il faudra que l'on comprenne ce qu'ils contiennent de sacré, et que les gens se découvrent devant eux comme s'ils se trouvaient dans une église".

Son style va évoluer de façon radicale, les formes vont devenir plus stylisées. Une ligne cerne les figures, les torsions, déformations et distorsions apparaissent.
Il prend le chemin du symbolisme avec "Mélancolie" (1891).

"Mélancolie" ou encore "Soir", "Jalousie", "Le Bateau jaune" ou "Jappe sur la plage" est un thème que Munch a représenté dans cinq tableaux peints entre 1891 et 1896 et deux gravures sur bois, en 1896 et 1902.
"Mélancolie" traduit les sentiments de jalousie qu'éprouve l'écrivain Jappe Nilssen quand son amante Oda Krohg le quitte pour rejoindre son mari, le peintre Christian Krohg.
C'est aussi le reflet de sa propre liaison passée avec une femme mariée.
"Mélancolie" est considéré comme l'un des premiers tableaux symbolistes du peintre norvégien ; il fait partie de sa "Frise de la Vie".

Au premier plan, un homme est assis sur la plage, la tête appuyée sur sa main. En arrière-plan, un couple marche sur un ponton et se prépare à une excursion en bateau.

Les couleurs soulignent l'ambiance mélancolique de la scène.

Munch puise certains sujets de "La Frise de la Vie" dans sa propre expérience et de dans celle de ses amis.

Mélancolie_1894-1896_huile sur toile

Les premières présentations publiques de ses oeuvres ayant suscité critiques, étonnements et scandales, Munch va inventer une nouvelle manière de présenter son art pour en souligner la cohérence.

Il regroupe ses motifs dans un vaste projet qu'il appelle "La Frise de la Vie". Cette aquarelle présente un plan d'accrochage pour "la Frise de la Vie".

Croquis de la Frise de la Vie_1917-1924_aquarelle et crayon sur papier vélin


Carnet avec croquis d'accrochage de La Frise de la Vie_1902_Crayon sur papier vélin

Il organise ses peintures autour de l'amour, l'angoisse, la jalousie, la solitude, le doute et la mort. Il livre sa vision du monde où la vie et la mort sont étroitement liées, et où la nature joue un rôle essentiel pour la diffusion de ses émotions.

Il n'y a pas de version définitive de "La frise de la vie".

"Le cri" est rattaché à un de ces cycles, comme beaucoup de ses oeuvres majeures peintes durant les années 1890 et le début des années 1900.

A l'exposition de la Sécession à Berlin en 1902, Munch accroche ses oeuvres comme un véritable discours, en insistant sur le cycle perpétuel de la vie et de la mort.

Il écrit : "La Frise de la Vie a été pensée comme une série cohérente de tableaux qui doivent donner un aperçu de la vie. J'ai ressenti cette fresque comme un poème de vie, d'amour, de mort..."_La frise de la vie _1919.

Le titre de ses oeuvres parlent d'elles mêmes : Le cri, Anxiété, Jalousie, Désespoir... Son œuvre reproduit toutes les passions et la vie côtoie la mort en permanence.

"Désespoir" est la première peinture aboutie d'une série consacrée à un motif devenu iconique : "Le Cri". On retrouve tous les éléments constitutifs; le ciel rougeoyant, la forte diagonale de la balustrade, le personnage au premier plan. Ce tableau trouve son origine dans la vie même de Munch lorsqu'il était malade et fatigué et observait un coucher de soleil.
Munch qualifie ce tableau de premier "cri".

"Je marchais sur le chemin avec deux amis. Le soleil était en train de se coucher
Le ciel est devenu soudain rouge-sang.
J'ai éprouvé comme une bouffée de mélancolie.
Je me suis arrêté, me suis penché sur la rampe, mort de fatigue.
Le fjord bleu-noir et la ville, mes amis ont continué. J'étais là, tremblant d'épouvante et j'ai ressenti comme un grand cri infini à travers la nature." - Carnet de croquis_22 janvier 1892.

Désespoir, humeur malade au coucher du soleil_1892_huile sur toile

Munch explore l'âme humaine, la réalité se mêle à ses hallucinations. C'est comme cela que naît "Le cri", œuvre expressionniste, personnage au visage déformé sous un ciel flamboyant.
il existe cinq versions (deux peintures, un pastel, un au crayon et une lithographie) réalisées entre 1893 et 1917, elle est considérée comme l'œuvre la plus importante de l'artiste. Le paysage en arrière-plan est le fjord d'Oslo. L'une des cinq versions a été vendue par Sotheby's à New York pour un montant de 120 millions de dollars.

Il s'agit de la première version imprimée de l'oeuvre dont chaque exemplaire était rehaussé à la main. L'oeuvre n'est plus la représentation d'une expérience personnelle mais une allégorie universelle de la peur et de l'angoisse. L'inscription reprend des mots du texte qu'il a composé autour de ce thème "J'ai ressenti comme un grand cri infini à travers la nature". "Le cri" reprend le motif du désespoir mais transforme le personnage en une silhouette hurlante. C'est une allégorie de la peur et de l'angoisse.

Le cri_vers 1898_crayon et pinceau sur papier vélin




Tête de cri et mains levées_vers 1898_crayon et pinceau sur papier vélin

C'est entre 1892 et 1896 qu'il crée certaines de ses plus célèbres compositions : Le Cri, Vampire, Puberté, Madone...

"Il capte les vibrations les plus subtiles et les plus délicates de l'âme" selon Pzrybyszewski.

Le sentiment amoureux et la souffrance cohabitent dans l’œuvre d’Edvard Munch, qui montre la femme à la fois sensuelle et dangereuse. En 1895, il peint «Vampire». Ce tableau, d'abord intitulé «Amour et douleur». Il met en scène une femme qui tient un homme dans ses bras. Il nomme ensuite ce tableau "Vampire" après qu'un de ses amis y voit l'image de la femme vampire qui aspire la force vitale de l'homme.

Vampire_1895_huile sur toile

Munch reprend plusieurs décennies plus tard le motif peint en 1895. Le couple est représenté dans un paysage luxuriant. L'ambiance rendue par la forêt dense évoque l'amour destructeur.
On retrouve ce paysage dans d'autres tableaux peints à la même époque et qui représente des couples désunis.

Vampire dans la forêt_1924-1925-Huile sur toile

Munch qui accompagne régulièrement son père dans ses visites, rencontre une jeune malade dont les souffrances lui font revivre le décès de sa sœur Sophie. Pour tenter de conjurer ce moment, il reprend le motif toile après toile rendant la violence de la scène dans la manière de peindre.
Entre 1885 et 1926, Edvard Munch peindra cinq versions de «L’enfant malade».
La première version de ce tableau provoque un scandale lors de sa présentation en 1886.

L'enfant malade_1896_peinture sur toile
L'enfant malade I_1896_lithographie rehauts de gouache

Munch peint ici l'habitude prise par la bourgeoisie d'Oslo (Kristiana) de se promener chaque après-midi sur l'artère principale de la ville. Il donne à cette scène banale une atmosphère angoissante. Un seul homme marche à rebours, probablement une représentation de lui-même.

Soirée sur l'avenue Karl Johan_1892_huile sur toile

La version gravée renforce l'impression de spectres ambulants et le sentiment d'angoisse.
 
Angoisse_1896_gravure sur bois, rehauts d'aquarelle

"Madone" est l'un des personnages les plus ambigu de Munch. Il écrit : "Le clair de lune glisse sur son visage chargé de toute la beauté du monde - et de peine"... Elle a un sourire de cadavre...".
Munch, a peint 5 versions de "Madone" entre 1894 e 1897. Elle représente une femme dans une posture lascive, reprenant les codes de l'iconographie religieuse avec une connotation macabre.

Madone_1894_pointe sèche et brunissoir

Dans ce tableau de "Madone" il rajoute une frise de spermatozoïdes et de fœtus. La vie et la mort dansent autour le la Madone.

Madone_1895-1896_lithographie, rehauts de gouache et d'aquarelle

Dans les Frises de la Vie Munch peint aussi "Les vagues de l'amour"
"J'ai symbolisé la communication entre les êtres séparés à l'aide de longs cheveux ondoyants. La longue chevelure est une sorte de fil téléphonique" - Projet de lettre à Jens Thïïs.
Un lien sentimental ou spirituel unit les êtres entre eux. Munch symbolise ce lien par la chevelure de la femme, qui relie, attache ou sépare. Les figures empreintes de sensualité sont toujours chez Munch une source de danger ou de souffrance.

Danse sur la plage 1899-1900_huile sur toile

Danse sur la plage est destinée à décorer la chambre des enfants du mécène, le docteur Max Linde. La toile lui est rendue car elle ne correspondait pas aux termes de la commande.

Danse sur la plage_1904_huile sur toile

"Il y a toujours une évolution et jamais la même, je construis un tableau à partir d'un autre" projet de lettre à Axel Romdahl, 1933.

Munch comme beaucoup d'artistes de son époque pratique la reprise des motifs. Il garde des tableaux qui sont le creuset de ses réalisations futures. Il peint aussi des tableaux qui sont la reprise de motifs d'une composition.. Cette pratique, pour lui, fait partie de la nature cyclique de son œuvre. Cette technique lui permet aussi d'approcher un peu plus l'émotion qu'il cherche à provoquer.

Le motif "Les jeunes filles sur le pont" est à l'origine de nombreuses oeuvres peintes et gravées entre 1890 et 1935. Le groupe de jeunes filles évoluent en âge avec le temps, et s'inscrit dans le cycle de la vie et de la mort.

Le motif s'oppose parfois à un groupe de figures masculines, dont les habits noirs contrastent avec les robes colorées.

Jeunes filles sur le pont_1927_huile sur toile


Jeunes filles sur le pont_1905_gravure sur bois à la gouge et au burin


Jeunes filles sur le pont_1918_zincographie


Jeunes filles sur le pont_1918_gravure sur bois et zincographie


Neige fraîche sur l'avenue_1906_huile sur toile


Enfants jouant dans une rue d'Asgarfstrand_1901-1903_huile sur toile


Les dames sur le pont_1934-1940_huile sur toile


Jeunes femmes sur la plage II_1907_pointe sèche


Sur le pont_1912-1913_lithographie


Munch isole l'un des éléments de composition des toiles des "Jeunes filles sur le pont" pour en faire le sujet principal de son tableau.

Nuit d'été à Asgardstrand_huile sur toile

Munch a peint le Baiser en 1897. Il est une partie de la série "La Frise de la Vie", qui illustre les étapes d'une relation entre une femme et un homme, Le "Baiser" est la peinture d'un thème sur lequel Munch expérimentait depuis 1888-1889 : un couple qui se donne un baiser, leurs visages se fondant ensemble pour symboliser son unité.
Le couple s'embrasse et semble fusionner en une seule personne, leurs visages étant une unique forme sans traits.
Munch a traité le thème du baiser d'un couple plusieurs fois, tant en peinture qu'en gravure sur bois, dès 1888-1889.


"Le baiser, deux lèvres brûlantes contre les miennes. Le ciel et la terre disparurent, et deux yeux noirs plongèrent dans les miens" Extrait de Carnet de croquis_1930-1935.

Le Baiser_1897_Huile et détrempe sur toile


Le Baiser_1895_pointe sèche et brunissoir


Le Baiser_1894-1895_Pinceau et crayon sur papier vélin


Le Baiser I_1897_Gravure sur bois à la gouge et à la scie


Le Baiser III_1898_Bois gravé


Le Baiser IV_1902_Gravure sur bois à la gouge et à la scie

Munch s'initie à la gravure au milieu des années 1890. Il trouve par ce procédé un grand terrain d'exploration pour pousser ses oeuvres à toujours plus d'expressivité.

La broche, Eva Mudocci_1903_lithographie


Salomé_1903_lithographie


Femme rousse aux yeux verts. Le péché_1902_lithographie


Séparation I_1896_lithographie


Séparation II_1898_lithographie


Jalousie II_1896_lithographie rehauts de gouache et d'aquarelle

Munch pratique l'autoportrait tout au long de sa carrière. Il montre un artiste sûr de son talent et s'affiche souvent comme un artiste bohème. Ses autoportraits ne l'idéalisent pas pour autant, ils le montrent avec tous ses doutes intérieurs.

Munch exprime à travers cet autoportrait "souviens toi que tu vas mourir" En inscrivant dans le miroir ses initiales, insiste sur le sens de son œuvre.

Autoportrait au bras de squelette_1895_lithographie


Autoportrait à la lyre_1897_gouache et crayons sur papier vélin

Autoportrait en enfer_1903_huile sur toile


Nuit blanche autoportrait au tourment intérieur_1920_huile sur toile


Autoportrait après la grippe espagnole_1919_huile sur toile


L'artiste et son modèle_1919-1921_huile sur toile


Autoportrait, le promeneur nocturne_1923_1924_huile sur toile

Au soir de sa vie, il ne recours plus à l'allégorie et fait face au grand âge et à la mort. C'est un autoportrait sans concession où il se représente en vieillard, dont les habits deviennent le squelette. l'ombre derrière lui représente un portrait souvenir de son allure passée.

Autoportrait_1940-1943_huile sur toile

Munch s'intéresse beaucoup au théâtre de ses contemporains et côtoie des dramaturges.
Il est l'ami d'August Strindberg depuis le début des années 1890.
August Strindberg_1896_lithographie

En 1896, il collabore avec Aurélien Lugné-Poe, directeur du Nouveau Théâtre de l’œuvre à Paris, avec Peer Gynt et John Gabriel Borkman.

Peer Gynt_progamme de théâtre_1896_lithographie


John Gabriel Borkman_programme de théâtre_1897_lithographie

et avec le dramaturge Henrik Ibsen.

Henrik Ibsen au Grand Café_1902_lithographie

Surtout il va collaborer avec Max Reinhardt, fondateur des Kammerspile à Berlin.


Le Kammerspile est un courant de l'histoire du théâtre et du cinéma allemand des années 1920. Le nom signifie « jeu (au sens du jeu d'acteur) de chambre » et évoque la musique de chambre (Kammermusik).

Le Kammerspiel respecte le principe des trois unités : unité de lieu, unité de temps, unité d'action.
Munch réalise à la demande de Max Reinhardt, les éléments de décor de deux pièces d'Ibsen, "Les Revenants" et "Hedda Gabler".
Les personnages d'Ibsen ou de Strindberg le renvoient à ses propres tourments.


Au début Munch puise son inspiration dans sa vie familiale, son père, sa tante, ses frères et sœurs.
Le premier décor est un intérieur sombre dans lequel surviennent les premiers drames.

Cette oeuvre fait partie d'une série de six tableaux intitulés "La Chambre verte". Munch reprend ici les partis-pris scénographiques de Reinhardt et de son théâtre intimiste.

La meurtrière_1907-huile sur toile

Entre 1909 et 1916, Munch répond a un concours national organisé à l'occasion du centenaire de la Norvège et réalise sa grande oeuvre en matière architecturale, un décor pour la salle d’honneur de l’université de Kristiana (Oslo). Edvard Munch remporte le concours, malgré les premières réticences du jury. L’un des thèmes se référant à la puissance génératrice de la lumière, il a imaginé un monumental soleil.

Munch articule son cycle de peintures pour la salle de réception de l'université autour de trois motifs : "Alma Mater", "Histoire" et "Le soleil". Le soleil occupe la place centrale de la décoration. Munch "veut y représenter la puissance régénératrice de la lumière, l'espoir qui naît avec le jour nouveau et l'éblouissement de l'éveil au savoir".

Alma Mater_1929_huile sur toile


Histoire_1914-huile sur toile


Vers la lumière_1914_lithographie


Le soleil_1912_huile sur toile

La "Montagne humaine" fait partie du projet de décor initial pour l'université de Kristiana, finalement rejeté par le jury. Munch choisit cette iconographie, un enchevêtrement de corps s'élevant vers le ciel, pour symboliser l'élévation des étudiants vers le savoir. Elle prend tout son sens quand elle est mis en regard avec "Vers la lumière", l'homme nouveau au sommet de la montagne, éclairé par la connaissance.

La montagne humaine_1909-1910_huile sur toile

Outre ses dessins, ses peintures, ses aquarelles, ses sculptures, Edward Munch laisse plus de treize mille pages manuscrites, partagées entre journaux intimes, correspondances, carnets de création artistique et annotations, notes et croquis commentés parfois sur feuilles volantes.
Les manuscrits sont agrémentés de dessins et d'esquisses.

Sans héritier, Munch fait don en 1940 de la plus grande partie de sa collection personnelle à la mairie d'Oslo. Elle est composée d'environ un millier de tableaux, 4 500 dessins et aquarelles et six sculptures.
Le legs définitivement finalisé en1944 après son décès, comprend aussi la totalité de l'œuvre graphique, photographique et cinématographique, les collections personnelles (cartes postales, livres, revues), ainsi que les propriétés et les biens fonciers, c'est-à-dire les maisons, les résidences secondaires et les terrains de l'artiste.

Pour conserver ces oeuvres un premier musée Munch a été construit à Oslo en 1963. Il rassemblait près de 1 200 peintures, 3 000 dessins et 18 000 gravures.

Plus tard, sa sœur, Inger Munch, offre au musée la totalité de la correspondance de son frère ainsi que d'autres peintures et schémas.

Pour faire honneur à l'héritage de Munch, la ville d'Oslo fait ériger un nouveau musée Munch. Il est construit par le cabinet d'architectes espagnol Herreros, en bordure de fjord, derrière l'opéra. Il a été inauguré le 22 octobre 2021.

C'est l'un des plus grands musées du monde consacré à un seul artiste.



Texte : Paulette Gleyze


Photos : Anne, Gérard et Paulette Gleyze



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