dimanche 21 mai 2023

Exposition Le monde en scène_François-Auguste Biard_Musée Hébert_07 mai 2023


Le musée Hébert de La Tronche (Isère) expose les oeuvres de François-Auguste Biard sous le libellé "Le monde en scène" du 07 avril au 04 septembre 2023.
Nous visitons cette exposition le 7 mai 2023.

François-Auguste Biard naît en 1799 et décède en 1882.
Après une formation aux Beaux-Arts de la ville de Lyon, il a des envies de voyage : à 26 ans il part en Italie avant de s’engager deux ans plus tard comme professeur de dessin sur une corvette qui sillonnera le bassin méditerranéen.

Mais le voyage qui va profondément influencer son art est une expédition au Spitzberg et en Laponie en 1839.
À la fin des années 1850, il part pour le Brésil puis il se lance dans un vaste périple qui le conduit de la Province d’Espirito Santo au Rio Madeira en passant par Manaos et le Rio Negro, dont il a fait le récit dans "le Pèlerin de l'Enfer Vert".

Je reprends la présentation du musée Hébert sur François-Auguste Biard :

"Peintre inclassable et facétieux, François-Auguste Biard est injustement tombé dans l’oubli, lui qui fut adulé de son vivant par le grand public

Il a souvent été raillé par les critiques littéraires et par Baudelaire qui le détestait.

Destiné par ses parents à une carrière ecclésiastique, il fréquente l’École des Beaux-Arts de Lyon, mais s'émancipe rapidement du style troubadour qu’on lui a enseigné.

Les mendiants, les fous et les laissés-pour-compte sont les sujets graves de ses premières œuvres qu’il travaille d’après nature, à la manière de Théodore Géricault.

Fin observateur, il porte aussi un regard critique et cocasse sur ses contemporains, perceptible dans les scènes de la vie quotidienne qu’il représente avec malice.

En quête de nouveaux horizons, le peintre explore des territoires inconnus et fascinants. De l’Orient méditerranéen aux profondes forêts amazoniennes en passant par les étendues glacées de Laponie, il part à la rencontre des peuples qui y vivent."

Plus de cinquante œuvres sont exposées de manière thématique qui mettent en lumière les multiples facettes de l'oeuvre de Biard, : scènes de genre, marines, paysages exotiques ou sujets sur l’esclavage.
Portrait de François-Auguste Biard_anonyme

Alexandre Barbier, au Salon de 1889 à Paris, écrivait : "Si vous aimez la vérité, la franchise, la verve, l'esprit, le rendu, la joie bruyante, le rire intelligent, la comédie, le vaudeville, le drame, arrêtez-vous longtemps auprès de M. Biard et laissez-vous faire.

Créé à la fin du XVIIe siècle à Paris, le Salon de peinture et de sculpture est une véritable vitrine qui permet aux artistes vivants d'exposer et de se faire connaître.

Entre 1824 et 1882, François-Auguste Biard participe à de nombreuses éditions parisiennes, mais aussi à des Salons de Province, exposant ainsi 170 tableaux.

Les visiteurs, qu'ils soient avertis ou néophytes, s'empressent de venir découvrir les créations de Biard : sujets burlesques, dramatiques ou historiques, marines ou portraits, paysages ou commandes officielles.

Il est apprécié par Prosper Mérimée et Alfred de Musset, mais Charles Baudelaire ne l'aime pas.

Malgré ses détracteurs, le public afflue pour découvrit ses nouvelles oeuvres.

Attentif à ses contemporains, François-Auguste Biard se plaît à représenter des scènes quotidiennes et pittoresques avec beaucoup d’humour.

Exposée au Salon de Lyon en 1828, l'oeuvre est achetée par la ville en l'honneur du peintre que l'on croyait mort à l'étranger. Biard apprend l'achat de cette oeuvre alors qu'il vient de débarquer à Marseille. Dans cette oeuvre, Biard, s'inspire d'un épisode du roman de Walter Scott, "l'officier de fortune" publié en 1828.
C'est un sanglant règlement de compte entre clans qui se déroule en Ecosse au XVIIe siècle. Le sujet très en vogue à l'époque évoque une scène de genre autour de la figure d'une diseuse de bonne aventure.
Intérieur d'un ménage de diseuse de bonne aventure_épisode de l'officier de fortune de Walter Scott_1823_Huile sur toile_Musée des beaux Arts de Lyon

Reproduite dans plusieurs journaux de l'époque, cette toile exposée au Salon de 1846 montre le goût de Biard pour l'autodérision. Prenant une pose de guerrier romain, il s'y représente vêtu d'une redingote à la mode et d'un casque à la longue chevelure rouge.
Peintre Classique_1846_Hile sur toile_Galerie La Nouvelle Athènes, Paris

Peintre de portrait_1836_huile sur toile_Collection M R..._Rhône

Dans cette scène d'atelier, confuse et agitée, l'artiste se prend comme modèle pour peindre le soldat d'une scène héroïque.
Mon atelier_François-Auguste Biard_1866__Huile sur toile_Collection M R..._Rhône

L'antre de l'artiste_1866_reproduction numérique_Widener University Art Collection and Alfred O. Deshong Collection, Chester, Etats Unis

La renommée de François-Auguste Biard est alimentée par les reproductions gravées de son oeuvre.
La revue L'Artiste écrit :"M. Biard est aussi un homme d'esprit, dont la verve bouffonne amuse et fait rire aux éclats tous les oisifs qui hantent nos salons annuels de peinture. C'est un privilège que personne n'a le droit de lui disputer."
Charles Joseph Traviès de Villers (1804-1859)_Salon de 1842_Enthousiamse impossible à décrire devant le tableau de M Biard "La traversée du havre à Honfleur"_La Sysphide_Collection particulière

Bertall (1820-1882)_Le Salon de 1857 dépeint par Bertall : "Un Biard réussi, corrigé avec soin par Paul Delaroche_Journal amusant, 5 septembre 1857_Fac-similé

Cham (1818-1879)_Le salon pour rire : "Père de famille devant le tableau de M Biard_L'Illustration, 24-31 janvier 1851_Fac-similé

Bertall (1820-1882)_Les impressions de voyage de la famille Ballot au musée :"Dieu de Dieu, que ce môssieur Biard est farce, mais qu'il est donc farce :"_L'Illustration, 15 mai 1847_Fac-similé

Jules Platier_Promenade au salon : "La foule arrêtée devant un tableau comique de M Biard"_Musée ou Magasin comique de Philipon, huitième livraison,1842_Fac-simlé

Les scènes de genre, tableaux aux thèmes anecdotiques ou familiers, sujets burlesques ont fait la notoriété de François-Auguste Biard. Biard peint avec beaucoup de dérision la société : Garde Nationale, Clergé, petite bourgeoisie...

Avec l'abdication du roi Louis Philippe en 1848, Biard perd son protecteur. Les changements de régime et les goûts artistiques vont évoluer et les scènes de genre de Biard vont de moins en moins plaire.

La garde Nationale était une force civile organisée dans chaque commune et considérée comme une milice bourgeoise. Biard s'amuse à représenter cette troupe défilant fièrement sur la place du village. Le charme de cette scène réside dans la présence incongrue d'une petite fille qui accompagne les gardes.
Garde Nationale de campagne, défilant devant le maire_1836_huile sur toile_Musée de l'Armée_Hôtel National des Invalides, Paris

Ce baptême est un rite initiatique organisé lors du premier passage de la ligne de l'Equateur par un marin ou un voyageur. La vie à bord se transforme alors en carnaval. Les initiés bizutent les néophytes déguisés pour l'occasion. Neptune roi de la mer et ses tritons, animent la cérémonie.
Le Baptême sous la ligne, scène de la vie maritime_1834_Huile sur toile_Collection M R..., Rhône

Chute à la sacristie_Non daté_Huile sur toile_Courtesy galerie Michel Descours, Paris

Le Halage_Non daté_Huile sur toile_Tomaselli collection, Lyon

Biard représente un vieillard, une jeune mère et son nourrisson dans leur modeste logement. Le mobilier est en train d'être saisi pour être vendu afin de payer les créanciers. Biard délaisse l'humour et la dérision pour un sujet social, la misère du petit peuple.
La saisie immobilière_1857_Huile sur toile_Collection Elvire de Maintenant, Paris

Cette scène se passe dans l'hôpital lyonnais des Antiquailles, fondé en 1803, qui servait d'asile pour les mendiants et les aliénés. Excepté Théodore Géricault, peu de peintre peignent la folie.
L'hôpital des fous. Une jeune fille ne reconnait pas ses parents_1833_huile sur toile_Galerie de Bayser, Paris

F.A Biard représente des marines historiques, des scènes de naufrages ou des batailles navales. Le roi Louis Philippe lui passe de nombreuses commandes. C'est grâce à son expérience de peintre voyageur en Méditerranée, en Atlantique et dans l'Océan Glacial Arctique qu'il enrichit ses peintures de scènes vécues.

Le 29 juin 1694, la bataille navale du Texel oppose un groupe de vaisseaux hollandais au corsaire Jean Bart. Ce dernier est missionné par le roi de France pour reprendre aux Hollandais une centaine de navires chargés de blé, afin de nourrir le peuple français en proie à la famine. Scène chaotique et foisonnante éclairée par les lueurs éparses des incendies et des coups de feu.
Abordage d'un vaisseau hollandais par Jean bart_1843_reproduction numérique_Musée du Louvre, Paris

Afin de s'affranchir de sa réputation de peintre de genre, Biard s'attaque à des sujets historiques. Il s'inspire d'épisodes maritimes célèbres comme celui de de l'héroïque sauvetage d'un navire en détresse par le capitaine Pléville en 1770. Au coeur de la tempête, alors qu'un bateau menace de s'écraser sur les rochers au large de Marseille, le valeureux capitaine, surnommé "le corsaire à la jambe de bois" porte secours aux naufragés.
Le capitaine Pléville venant en aide au vaisseau du capitaine Jervis_vers 1874_huile sur toile_collection particulière, Courtesy galerie de la Nouvelle Athènes, Paris

Compartiment réservé pour la tranquillité des dames seules_1877_Huile sur toile_Collection particulière

À partir de 1825, F.A Biard entame une série de longs voyages.
Il découvre d'abord l'Italie avec son ami Jean baptiste Corot.
Il a un engouement pour l'Orient, il s'engage comme professeur de dessin dans la Marine Nationale et navigue pendant un an dans le bassin méditerranéen. Il fait escale en Grèce, à Malte, à Chypre, en Égypte et dans l'empire Ottoman.
Dès son retour en 1828, il n'aspire qu'à voyager à nouveau et repart en Angleterre, Ecosse, Allemagne, Suisse, Espagne et songe à des contrées plus lointaines et plus difficiles d'accès.
De ses voyages, il revient toujours avec plusieurs centaines d'études, dont très peu sont parvenus jusqu'à nous.
Celles qui sont exposées montrent un peintre soucieux du détail et de la vérité.
Soldat turc_1828_aquarelle sur papier_collection M R..., Rhône

Chameliers en Egypte_1828_aquarelle sur papier_collection M R..., Rhône

Marin turc_1828_hile sur toile_collection M R..., Rhône

Femme grecque_1828_aquarelle sur papier_collection particulière

Le joueur de saz_1828_aquarelle sur papier_collection particulière

Jeune muletier d'Aboukir_1828_Huile sur toile_collection particulière

Sultane dans un intérieur_1835_huile sur toile_musée Sainte-Croix_Poitiers

Scène sur le Nil, famille attaquée par un crocrodile_Non daté_huile sur toile_collection M R..., Rhône

Chameliers en Egypte_1828_aquarelle sur papier_collection M R..., Rhône

En 1839, F.A Biard participe à l’expédition dirigée par l’officier de marine Paul Gaimard en Laponie et au Spitzberg.
Il partage ce voyage avec Léonie d’Aunet qui deviendra sa femme en 1840.
Léonie d'Aunet a rendu compte, en 1854, de ce périple dans son très beau livre "Voyage d'une femme au Spitzberg".

Il s'imprègne de ces paysages uniques baignés par la lumière du soleil de minuit, il en ramène des centaines d’études, d'esquisses, de dessins, de paysages, de botanique, de la vie quotidienne et de portraits du peuple Samis.

Ce voyage va profondément influencer son art. Les esquisses qu'il a ramenées lui permettront de réaliser des tableaux sur le Grand Nord qui feront sa réputation.

Les paysages qu'il peint sont si fascinants et effrayants qu'ils sont parfois jugés peu vraisemblables.

Léonie d'Aunet écrit : "Ces îles flottantes sans cesse minées par la mer, changent de forme à chaque instant."

F.A Biard et Léonie d'Aunet partagent leurs impressions et font un récit relayé par la presse.
Baie de la Madeleine, au Spitzberg, par le 79°35m latitude nord_1841_huile sur toile_centre national des arts plastiques, Paris

Vue sur l'Océan glacial : pêche aux morses par des Groënlandais_1841_huile sur toile_Château-musée, Dieppe

Inuits en fuite_Non daté_huile sur toile_collection particulière

Navires explorateurs dans les mers polaires_vers 1841_huilse sur toile_musée des Beaux-Arts et d'Archéologie, Troyes

Parmi ses tableaux les plus connus, deux figurent à Versailles.
Ces toiles mettent en scène le Duc d’Orléans qui avait fait un voyage en Laponie en 1795 accompagné du comte de Montjoie pour fuir la Révolution française. Sous les pseudonymes de Müller et Froberg, ils font un long voyage qui les mène le long de la côte norvégienne jusqu’au Cap Nord, avant de traverser la Laponie.

Biard compose un hommage au roi Louis Philippe, commanditaire de l'oeuvre. Il représente le souverain comme audacieux et ouvert au monde. Le duc est reçu par les Samis sous une tente traditionnelle.
Biard utilise les esquisses réalisées lors de son séjour en Laponie. Il représente la vie domestique et l'organisation matérielle de ce peuple nomade. Il peint les costumes lapons avec précision, détaillant les fourrures, peaux, ornements.
Le duc d'Orléans recevant l'hospitalité sous une tente lapone, août 1795_1841_reproduction numérique, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles

Après être allé jusqu'au Cap Nord, le duc d'orléans descend le fleuve Muonio, entre Suède et la Finlande, pour rejoindre Stockholm. Biard représente le passage périlleux de la cascade de l'Eijanpaikka. Au milieu des passagers terrifiés par le danger, le duc demeure imperturbable. Biard salue un roi courageux.
Le duc d'Orléans descendant le grand rapide de l'Eijanpaikka sur le fleuve Muonio (Laponie), août 1795_1841_reproduction numérique, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles

Les portraits des Samis montrent l'attention que l'artiste leur porte. Il représente leurs costumes, leurs bijoux, leurs artisanats.
A partir des dessins et esquisses, Biard, de retour de voyage réalise des peintures grands formats.
Benjamin Roubaud (1811-1847)_Panthéon charivarique; "Monsieur Biard est peint en ours_1840, le Charivari, Paris

Biard peint des portraits de Samis dans différentes attitudes. Il les représente avec considération et réalisme, détaillant leurs traits marqués par la rudesse du climat et rend compte avec précision de leurs tenues traditionnelles.
Sami debout appuyé sur un bâton_1839_huile sur papier marouflé sur toile_Galerie Talabardon et Gautier, Paris

Vieux lapon nomade dans la neige_1839_Huile sur papier marouflé sur toile_collection Chantal Klener, Paris

Femme Sami en costume d'été, île Tromso_1839_Huile sur toile marouflé sur toile_Galerie Talabardon et Gautier, Paris

Sami en costume d'hiver_1839_Huile sur papier marouflé sur toile_Collection Impossible Gallery

Ecrivaine, dramaturge, Léonie d'Aunet (1820-1879) est l'une des rares femmes occidentales à avoir franchi le cercle polaire arctique.

Après sa rencontre avec F.A Biard, elle aménage dans son atelier alors qu'elle n'a pas 18 ans.
En 1839, elle se lance avec lui dans l'expédition en direction du grand nord malgré l'interdiction aux femmes de voyager à bord des navires de la marine nationale.

De retour à Paris, le couple officialise leur union et auront deux enfants.

En 1843, Léonie rencontre Victor Hugo avec qui elle aura une liaison pendant plusieurs années. Les deux amants sont pris en flagrant délit d'adultère en 1845. Léonie d'Aunet fera quelques mois de prison.

Sa liaison avec Victor Hugo lui permet d'intégrer les cercles littéraires et elle se lance dans l'écriture. Son premier récit, "Voyage d'une femme au Spitzberg" en 1854, enrichi d'informations scientifiques et historiques, retrace son épopée avec Biard.

Elle publiera ensuite plusieurs romans, articles de mode et pièces de théâtre.
Léonie d'Aunet

Lettre de Victor Hugo(1802-1885) à Léonie_vers 1843-1845_fac-similé_maison de Victor Hugo

Ferdinand Bac (1859-1952)_Victor Hugo se sauve après le flagrant délit avec madame Biard_vers 1952_dessin à l'encre sur papier d'après un croquis de Mérimée_Collection particulière

Ce rébus amoureux s'organise autour des initiales des deux amants, L A et V H. Les inscriptions "Lea" (la lionne) pour Léonie et "Leo Victor Victus Leanena" (le lion victorieux vaincu par la lionne) rappelle l'histoire passionnée qui les a unis de 1843 à 1851. V. Hugo lui dédie ce dessin pendant son exil et signe que le poète ne l'oublie pas.
Victor Hugo_rébus amoureux pour Léonie D'Aunet_vers 1854-1855_fac-similé_Maison de Victor Hugo

En 1854, 15 ans après son voyage dans le grand nord, elle publie son aventure, sous forme de lettres adressées à son frère Léon de Boynest, disparu trois ans auparavant.
Léonie d'Aunet (1820-1879)_Voyage d'une femme au Spitzberg_1879_L. Hachette et Cie, Paris_collection particulière

En Avril 1858, François-Auguste Biard à bientôt 60 ans, a de nouveau des envies d’aventure : il s'embarque pour le Brésil où il est introduit à la Cour de l’Empereur Pedro II qui lui commande de nombreux portraits de son entourage. Le poste de directeur des Beaux-Arts lui ait proposé mais il décline l'offre.

Pendant deux ans, il s'enfonce de plus en plus loin dans la forêt amazonienne remontant le fleuve Amazone jusqu'à Manaus.
Il explore ensuite le Rio Negro sur un petit canot avant de terminer son périple sur les rives du Rio Madeira, territoire du peuple Mundurucu.
Malgré la fatigue et la maladie, il embarque pour l'Amérique du Nord et les chutes du Niagara.
A propos de ce voyage il écrit : "Je rapporte des souvenirs et des matériaux de travail pour le reste de ma vie."

L'oeuvre met en scène des indiens d'Amazonie fabriquant le poison (curare) aux vertus paralysantes utilisé notamment pour la chasse.
La fabrication de curare dans la forêt vierge du Brésil_1861_huile sur toile_Musée du nouveau monde, La Rochelle

Biard aurait assisté à cette scène sur les rives du la rivière Sangouassou.
Deux indiens en pirogue_vers 1860_huile sur toile_musée du quai Branly-Jacques Chirac, Paris

Chutes du Niagara, Amérique du Nord_après 1862_huile sur panneau_musée du quai Branly-Jacques Chirac, Paris

En 1791, les députés de la Convention décident d'abolir l'esclavage afin de calmer les révoltes à saint Domingue, mais Napoléon Bonaparte autorise à nouveau cette pratique en 1802. Il faut attendre le 27 avril 1848 pour qu'un décret abolissant définitivement l'esclavage dans les colonies françaises soit signé, libérant 250 000 esclaves. Cette scène met en valeur l'action du gouvernement représenté par la figure de Victor Schoelcher, sous-secrétaire d'Etat à la Marine et artisan de l'abolition, dont Biard était proche.
La représentation de l'esclavage est récurrente chez Biard. Il aurait été confronté au commerce d'êtres humains dans le bassin méditerranéen, en 1828.
En 1848, pour célébrer le décret abolissant l'esclavage, il peint une oeuvre monumentale que l'Etat achète.
Abolition de l'esclavage dans les colonies françaises_1849_reproduction numérique_musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles

Portrait d'un esclave libéré_1848_huile sur papier contrecollé sur toile_Galerie Thierry Mercier, Paris

Une vente d'esclave à Rio de Janeiro

À son retour, il produit moins d’œuvres que lors de son expédition dans le Grand Nord mais écrit un long récit avec beaucoup d’humour et dérision.

"Deux années au Brésil" relate son périple riche en rebondissement. Il est illustré de 180 gravures réalisées d'après ses dessins et ses photographies.




Ces œuvres, d’un style très différent de ses paysages et de voyages, font de lui un peintre apprécié mais aussi décrié. Elles ne suscitent plus le même engouement aux Salons.
Il est obligé de quitter son atelier, de vendre une partie de son oeuvre et de ses collections. 
Il meurt en 1882 d'une mystérieuse maladie ramenée du Brésil.

Biard a ramené de ses voyages plus de 2 000 dessins et esquisses peintes.
A son décès,  ses oeuvres ont été dispersées aux enchères. Il ne reste aujourd'hui que quelques dizaines d’œuvres en circulation.

On redécouvre aujourd'hui l'oeuvre prolifique et originale de ce peintre voyageur du XIXe siècle.
 
 
Texte de Paulette Gleyze
 
Photos de Paulette et Gérard Gleyze
 
 

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