Le 15 mai 2025 sera notre dernier jour de visites et de découvertes dans les Marche.
Après un sympathique petit déjeuner nous partons pour Urbino.
Urbino se situe à environ 35 km de la mer Adriatique, elle se trouve sur une colline, entourée de collines verdoyantes, ce qui lui donne un aspect très pittoresque.
Urbino a connu son âge d’or à la Renaissance, surtout sous le règne de Federico da Montefeltro (1444-1482), duc humaniste et mécène éclairé. Grâce à lui, la ville est devenue un centre artistique et culturel majeur, attirant peintres, architectes et intellectuels.
Elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998 pour son architecture Renaissance remarquablement préservée, connue pour son Palais Ducal (Palazzo Ducale) et pour être le berceau de Raphaël.
Ses sites emblématiques sont :
- Le Palazzo Ducale (le Palais Ducal), joyau de la ville est un palais Renaissance magnifique qui abrite aujourd’hui la Galerie Nationale des Marche, avec des œuvres de Piero della Francesca, Raphael, Titien…
- La Casa Natale di Raffaello (La Maison natale de Raphaël) l’un des maîtres de la Renaissance.
- La Cathédrale d’Urbino qui est bel édifice néoclassique.
- Les ruelles médiévales pentues sont pleines de charmes
Urbino est aussi une ville universitaire dynamique. Son Université, fondée en 1506, attire encore aujourd’hui beaucoup d’étudiants italiens et étrangers ce qui donne à la ville une atmosphère jeune et animée.
Comme beaucoup de villes médiévales et Renaissance, Urbino était protégée par des murailles fortifiées pour défendre la ville contre les invasions et contre les rivalités entre seigneuries.
Ils datent essentiellement du Moyen Âge, mais ont été renforcés et réaménagés à l’époque des ducs Montefeltro, notamment sous Federico da Montefeltro, grand stratège militaire.
Ils épousent les contours de la colline, en entourant la vieille ville de murs de briques rouges et de bastions. Certaines portes monumentales subsistent encore, comme la Porta Valbona ou la Porta Lavagine, qui marquent les anciens accès contrôlés à la cité.
Les remparts donnent à Urbino son caractère de « ville forteresse », typique des cités italiennes de colline et racontent l’histoire militaire et défensive d’Urbino.
Le Palais Ducal d’Urbino (Palazzo Ducale di Urbino) est l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture de la Renaissance italienne.
Construit principalement au XVe siècle sous le règne de Federico da Montefeltro, duc d’Urbino, l’un des plus grands mécènes de la Renaissance qui voulait faire d’Urbino une cité idéale, à la fois raffinée et imprenable.
Son palais en est le symbole.
Federico da Montefeltro, duc d’Urbino, peint par Piero della Francesca vers 1473–1475. Cette œuvre est conservée à la Galerie des Offices à Florence_ photo google
C’est un édifice vaste, à l’allure élégante, parfaitement intégré aux pentes de la colline d’Urbino.
Célèbre pour ses torricini, les deux tours jumelles à l’arrière.
L’intérieur abrite des cours harmonieuses, des escaliers raffinés.
Aujourd’hui le Palais abrite la Galleria Nazionale delle Marche, l’une des plus importantes collections d’art de la Renaissance en Italie.
L'art de la Renaissance (XIVᵉ–XVIᵉ siècle) est un renouveau artistique, scientifique et culturel né en Italie. Elle marque le passage du Moyen Âge à la modernité avec le retour aux sources antiques (Grèce, Rome), dans la foi en l’homme, à la nature, à la science avec une recherche de l’harmonie, de la beauté et du réalisme.
Cet art nait en Italie centrale, à Florence avec Brunelleschi, Masaccio..., puis à Urbino, Ferrare, Mantoue, Rome, Venise.
Il se diffuse dans toute l’Europe avec Albrecht Dürer en Allemagne, avec les primitifs flamands comme Van Eyck.
Ce qui change dans l'art de la Renaissance c'est l'apparition de la perspective qui va créer un espace tridimensionnel réaliste (Della Francesca),
c'est le réalisme du corps humain avec l'étude de l’anatomie, du mouvement, de la lumière (Léonard de Vinci, Michel-Ange), ce sont les décors crédibles et détaillés.
L’individu est mis au centre, on cherche son âme, pas seulement sa fonction religieuse.
Ex. : Raphaël, Léonard, Titien.
Les thèmes sont religieux, mais aussi mythologiques, allégoriques, humanistes.
L’art devient un outil de prestige pour princes, papes et marchands.
La Renaissance fascine encore parce qu’elle incarne l’alliance de l’art et de la science, une vision optimiste de l’homme, des chefs-d’œuvre intemporels.
Le duché d’Urbino, avec Federico da Montefeltro, est un foyer humaniste où se côtoient peintres italiens, flamands, espagnols.
La galerie abrite des chefs-d’œuvre de la peinture italienne du XVe et XVIe siècles, des retables, des portraits, des panneaux décoratifs, des fresques détachées, des œuvres qui illustrent l’humanisme et le mécénat de la cour d’Urbino.
Les salles sont aménagées pour évoquer l’atmosphère d’une cour ducale humaniste. La scénographie respecte les volumes et la lumière naturelle du palais, mettant en valeur la beauté des plafonds à caissons, des sols en terre cuite et des vues sur la campagne des Marche.
Quelques représentations ici de la grande richesse des oeuvres exposées.
Vittorio Crivelli Vittorio Crivelli (vers 1430/1435 – 1501) est un peintre italien du XVe siècle, actif surtout dans les Marche (région située entre l’Ombrie et la mer Adriatique).
Il représente la persistance du style gothique dans les Marche, alors que la Renaissance prospère à Florence et Urbino.
Il pratique la tempera sur toile et sur bois.
Saint Jacques de la Marche (San Giacomo della Marca) est un franciscain du XVᵉ siècle, natif de Monteprandone.
Canonisé peu après sa mort (1476), il est souvent représenté par les frères Crivelli dans des retables commandés par des couvents franciscains locaux.
Crivelli le peint typiquement en habit de moine, tenant un livre et un crucifix, parfois avec un démon écrasé sous ses pieds, symbole de son combat contre l’hérésie.
La silhouette est hiératique, la figure allongée, les traits délicats.
Certaines versions se trouvent à Urbino, à Monteprandone, à Ascoli Piceno, ou encore au Louvre.
Vittorio Crivelli, 1430/1435-1501_San Giacomo della Marca_1475-1500_tempera sur toile
Le Christ en Piété est un thème fréquent au Moyen Âge et au début de la Renaissance. On y voit le Christ mort, présenté à mi-corps, montrant ses plaies, entre la Vierge et saint Jean l’Évangéliste.
Vittorio Crivelli, 1430/1435-1501_Christ en piété avec la Vierge et saint Jean l'Evangéliste_1476-1482_tempera sur bois
Lorenzo d’Alessandro est un peintre italien actif surtout à San Severino dans les Marche, d’où son surnom il Severinate.
Il est contemporain de Vittorio Crivelli, et appartient à la tradition gothique, malgré la Renaissance florentine et ombrienne.
Il est probablement l'élève de Niccolò di Liberatore (l’Alunno) et de Carlo Crivelli.
Il est considéré comme l’un des derniers représentants majeurs du gothique dans cette région.
La Piétà de 1496, représente la Vierge tenant le corps du Christ mort, soutenu ou entouré d’anges ou de saints.
C'est un thème traditionnel de la dévotion chrétienne à la fin du Moyen Âge.
Le peintre souligne la souffrance de la Mère et le sacrifice du Fils.
La composition est hiératique et frontale, les visages sont stylisés, les poses élégantes, la palette est lumineuse. Les émotions sont contenues mais expressives, pour favoriser la méditation et la compassion.
Lorenzo d'Alessandro, dit le Severinate, 1444/1449-1501_Piétà-1496
Francesco de Vecchi, dit Rizzo di Santa Croce est un peintre originaire de Santa Croce, actif entre la fin du XVe et le début du XVIᵉ siècle, probablement formé dans l’entourage des Crivelli ou de Pietro Alamanno.
Le surnom « Rizzo » viendrait d’un surnom local (cheveux frisés, « riccio » en italien).
C'est un peintre de la Renaissance tardive des Marches, transition entre gothique décoratif et naturalisme renaissance.
« Ambito » désigne soit son atelier direct, soit des peintres proches de son style.
La Vierge tient l’Enfant Jésus, à côté se trouve saint Crescentino, soldat et saint protecteur très populaire dans les Marche.
Le style est encore hiératique, les figures posées de face. Les drapés sont amples,
Saint Crescentino en position protectrice.
Ambito di Francesco de Vecchi (de Galizzi) dit Rizzo de Santa Croce, 1475/1475_1508_Madonne à l'enfant et saint Crescentino_premier quart du XVIe siècle
Ambito di Francesco de Vecchi (de Galizzi) dit Rizzo de Santa Croce, 1475/1475_1508_Madonne à l'enfant et saint Crescentino, sainte Claire, et le pape Sylvestre et saint François_premier quart du XVIe siècle
Lorenzo Lotto est un peintre vénitien, formé dans la mouvance de Giovanni Bellini, influencé par Giorgione et Titien, mais avec une touche très personnelle. Il travaille beaucoup dans les Marche, la Vénétie et la Lombardie.
Il est célèbre pour son style original, à la fois profondément spirituel, émotionnel et psychologique.
A la fin de sa vie, Lotto vit pauvrement et devient oblat (membre laïc) d’un sanctuaire à Loreto, où il réalise encore des œuvres religieuses.
Saint Roch est le protecteur des pestiférés et des malades. Il est généralement représenté en pèlerin, montrant une plaie sur sa cuisse, symbole de sa guérison miraculeuse.
Il est souvent accompagné d’un chien qui lui apporte du pain. Ici, Lotto le représente dans une attitude pieuse, en prière ou en contemplation.
L'expression du visage est intense, et traduit la compassion et foi.
Il porte les vêtements du vêtement de pèlerin (chapeau, bâton, coquille).
La Palette est riche et chaude. Cette œuvre est un exemple du style maniériste tardif.
Lorenzo Lotto,1480-1556_Saint Roch_1549-1550_huile sur toile
Piero di Benedetto de’ Franceschi, grand maître de la Renaissance italienne, est souvent considéré comme le peintre des formes pures et de la lumière mathématique.
Il est peintre, mais aussi mathématicien et théoricien de la perspective. Il est reconnu pour sa maîtrise de la perspective, il a apporté à la peinture une rigueur géométrique exceptionnelle.
Il est reconnu aussi pour sa lumière cristalline, ses tableaux sont baignés d’une lumière douce et rationnelle, presque intemporelle.
Ses compositions sont calmes et équilibrées, des figures immobiles, idéales, dans des espaces clairs et ordonnés.
Il a écrit plusieurs ouvrages sur la géométrie et la perspective (De Prospectiva Pingendi, Trattato d’Abaco) et a contribué à diffuser les innovations de la Renaissance florentine vers les cours princières d’Italie centrale.
La Vierge est représentée tenant l’Enfant Jésus, entourée de deux anges. C’est une œuvre marquée par la lumière douce et la géométrie rigoureuse, l’atmosphère est intime et silencieuse, avec une grande attention aux effets de lumière qui entrent par une fenêtre, symbole de pureté et de grâce divine.
On y voit aussi des détails symboliques comme le linge blanc et la perle, liés à la virginité de Marie.
Piero della Francesca, vers 1412-1492_Madonne de Sengallia
Giovanni Santi est surtout connu aujourd'hui comme le père de Raphaël, mais c’était lui-même un peintre respectable de la cour d’Urbino.
Peintre de la Renaissance tardive, il a travaillé sous le duc Frédéric de Montefeltro, le grand mécène de la Renaissance.
Il était aussi poète et chroniqueur : on lui doit un poème en l’honneur de Frédéric de Montefeltro qui est une source précieuse pour l’histoire de l’art de l’époque.
Moins novateur que Piero della Francesca ou son propre fils Raphaël, il reste un témoin du style gothique tardif qui se mêle aux influences renaissantes.
La Vierge Marie est représentée assise sur un trône, tenant l’Enfant Jésus, autour d’elle se tiennent Saint Jean-Baptiste, le précurseur du Christ, Saint François d’Assise, reconnaissable par l’habit franciscain et les stigmates, Saint Jérôme (Girolamo), souvent représenté en cardinal, traducteur de la Bible en latin, Saint Sébastien, jeune et souvent percé de flèches (martyr chrétien).
En bas, les membres de la famille Buffi, les donateurs, sont agenouillés en prière, signe classique de dévotion et de mécénat à l’époque.
Son style est influencé par le gothique tardif, mais avec des éléments renaissants (perspective plus marquée, trône architecturé).
Giovanni santi est moins audacieux et lumineux que Piero della Francesca. Il reste fidèle à un style plus décoratif et narratif.
Cette œuvre illustre le climat de la cour d’Urbino à la fin du XVe siècle.
La famille Buffi faisait partie de la bourgeoisie ou de la petite noblesse locale, commanditaire de retables pour chapelles privées ou églises.
Giovanni Santi, av 1439-1494_Madonne avec l'enfant en trône et les saints st Jean Baptiste, François d'Assises, Girolamo, Sébastien et la famille Buffi_1489
Zanino di Pietro (env. 1389–1442), Zanino est le diminutif dialectal de Giovanni - Jean en français, fils de Pierre.
La Vierge trône avec l’Enfant Jésus sur ses genoux, sainte Dorothée est identifiable à ses attributs (paniers de roses ou de fruits).
Les figures sont allongées, les visages doux et hiératiques.
Jehan Charlier (Giovanni di Pietro Chevalier) dit Giovanni de France ou Zanino di Pietro, env 1389-1442_Madonne et l'enfant et sainte Dorothée-1410-1420
Maestro del Trittico di San Bartolomeo est un maître anonyme actif entre la fin du XIIIᵉ et le début du XIVᵉ siècle en Italie, probablement en Émilie-Romagne ou en Vénétie, mais son identification précise reste incertaine.
Son nom de convention (“Maestro del Trittico di San Bartolomeo”) vient d’un retable — un triptyque dédié à Saint Barthélemy, qui constitue l’œuvre de référence pour regrouper d’autres panneaux de style similaire.
C’est une pratique courante en histoire de l’art, quand on ignore le nom d’un peintre mais que l’on repère un style homogène autour d’un chef-d’œuvre, on lui attribue un nom d’usage basé sur ce tableau ou triptyque clé (Maestro di …).
La Vierge allaitant l’Enfant Jésus, entourée d’anges est un thème marial fréquent au XIVᵉ siècle, représentant la Vierge Marie allaitant l’Enfant Jésus, symbole d’humanité et de maternité divine.
Maestro del trittico di San Bartolomeo, entre 1300 et 1400_Madonna del Latte e Angeli_1406
Timoteo Viti est un peintre important de la Renaissance à Urbino. Il est surtout connu pour avoir travaillé dans le cercle du jeune Raphaël, dont il a probablement été un mentor ou collègue.
Formé à Bologne, il ramène à Urbino un style influencé par Francesco Francia et le classicisme raffiné du milieu bolonais. Il a collaboré à la décoration du Palais Ducal d’Urbino et à d’autres commandes prestigieuses.
Son style mêle encore des réminiscences du gothique tardif et une douceur raphaélesque.
Il dirige un atelier prospère, où l’on peint pour des églises, des confréries, et des oratoires.
Saint Sébastien est un des saints martyrs les plus populaires de la Renaissance. Il est presque toujours représenté attaché à un arbre ou une colonne, le torse nu, percé de flèches, symbole de sa foi et de sa résurrection spirituelle.
La représentation de son corps idéalisé, est influencé par la redécouverte de l’antique et par Raphaël. Le visage est doux, les traits réguliers, la pose élégante.
Entre 1510 et 1520, Urbino reste un foyer actif, Raphaël est déjà à Rome, mais ses premières influences continuent d’irriguer l’école locale.
Les Saint Sébastien pouvaient être commandés comme ex-voto contre la peste, car saint Sébastien était invoqué comme protecteur contre les épidémies.
Ambito di Timoteo Viti, 1469–1523_Saint Sébastien_ env. 1510–1520
Berto di Giovanni est un peintre ombrien actif principalement à Pérouse.
Il était élève ou collaborateur de Pietro Perugino, maître de Raphaël. Il fait partie de la génération qui perpétue le style péruginien avec des couleurs claires, des figures sereines, la douceur et équilibre de la composition.
On lui attribue plusieurs œuvres religieuses conservées dans des églises et pinacothèques de l’Ombrie.
Naissance de la Vierge ; Donazione della sacra cintola ; Sposalizio della Vergine est un cycle narratif de trois scènes majeures de la vie de la Vierge.
La naissance de la Vierge, Sainte Anne, la mère de Marie, est représentée alitée après l’accouchement, et entourée de servantes, sage-femme, et figures domestiques, un sujet où l’on voit la dimension intime et quotidienne.
Don de la ceinture sacrée (Sacra Cintola) est un épisode dérivé d’une légende populaire : la Vierge, au moment de l’Assomption, confie sa ceinture à saint Thomas comme preuve de sa montée au ciel.
Sposalizio della Vergine (Mariage de la Vierge), Joseph place l’anneau nuptial au doigt de Marie devant les prêtres.
Son style est un héritage du Pérugin, les figures élégantes, les poses douces les ciels limpides et les perspectives claires
Les tons bleus, roses, ors légers sont délicats.
C'est la commande typique pour un retable ou un polyptyque pour un autel secondaire. Il souligne l’importance de la vie mariale dans la dévotion populaire et montre comment l’art ombrien restait fidèle à la douceur péruginienne, même après la révolution stylistique de Raphaël à Rome.
Berto di Giovanni,1488-1529_Naissance de la Vierge; donazione della sacra cintola; sposalizio della Vergine_1506-1507
Raphaël (Raffaello Sanzio) formé dans l’atelier de Pietro Perugino est une figure majeure de la Haute Renaissance.
A ses débuts (1499–1504 env.), il travaille surtout entre Urbino, Pérouse et Florence.
Cette période est marquée par une forte influence de son maître Perugino : figures gracieuses, palettes douces, poses calmes, paysages clairs.
Sainte Catherine d’Alexandrie est une martyre chrétienne très populaire au Moyen Âge et à la Renaissance. Elle est représentée en jeune femme noble avec ses attributs typiques, la roue dentée (instrument de son supplice) et l’épée (arme de sa décapitation).
Elle est souvent montrée debout, le regard tourné vers le ciel ou dans une posture méditative, dans la version de Raphaël, elle est légèrement penchée, dans un geste d’abandon gracieux.
On y voit l’influence directe de Perugino : douceur des traits, expression sereine. paysage lumineux à l’arrière-plan, typique de l’école ombrienne.
Elle annonce les grandes figures féminines de ses retables florentins, puis de ses Madones romaines.
Rafaello Sanzio, 1483-1520_Santa Caterina d'Alesandria_1503 |
Comme pour la Mona Lisa, le mystère de son identité a fasciné des générations.
C'est peut-être une noble d’Urbino, peut-être Giovanna Feltria della Rovere, ou une autre dame de la cour ducale. L’absence d’inscription ou de document empêche de trancher.Le portrait est de trois-quarts, la pose est noble et sobre.Le regard est direct, presque énigmatique.C’est l’un des plus beaux exemples du Raphaël portraitiste avant son départ pour Rome.
Le Palais ducal d’Urbino possède plusieurs triptyques remarquables, témoins de la richesse artistique de la région.
Ce sont des œuvres d’art très importantes à la Renaissance, souvent utilisées comme retables d’autel dans les églises ou comme pièces maîtresses dans les collections princières.
Dans le palais ou la chapelle ducale, ils servaient à la dévotion privée ou publique.
Le style se situe entre le gothique avec des détails raffinés, des dorures et la Renaissance italienne avec la perspective et l' humanisation des personnages.
Ce sont des oeuvres à tempera sur bois avec parfois des dorures et des ornementations précieuses.
Ils sont exposés dans différentes salles du palais.
Maestro del Trittico di San Bartolomeo est un maître anonyme actif au XVe siècle (probablement vers la seconde moitié du XIVe ou le début du XVe).
Son nom vient d’un triptyque consacré à Saint Barthélemy qui est son œuvre la plus connue. Ce type de dénomination est typique pour les artistes médiévaux ou primitifs dont on ne connaît pas le vrai nom.
Il est rattaché au courant gothique tardif ou pré-Renaissance, avec des influences de l’art byzantin et siennois.
Ce triptyque représente Saint Barthélemy au centre, entouré de saints et scènes de la vie du Christ ou de la Vierge sur les volets latéraux.
Les figures sont élancées, les fonds dorés et les détails ornementaux raffinés.
L’œuvre est précieuse pour étudier le passage du style gothique aux premières expérimentations naturalistes. Elle témoigne de la piété privée et des commandes locales avant les grands mécènes comme Federico da Montefeltro.
Maestro del trittico di san Bartolomeo |
Antonio di Guido da Ferrara, un peintre encore relativement méconnu aujourd’hui mais important pour comprendre la peinture gothique tardive dans le nord de l’Italie.
Il appartient à l’école de Ferrare, qui mêle influences gothiques et tradition byzantine.
Son style est raffiné, ses fonds sont dorés, ses saints élancés et les détails précieux.
Dédié à San Donato (Saint Donat), évêque et martyr, figure populaire dans certaines régions d’Italie.
Antonio di Guido da Ferrara,1397-1447/1449_Politico di san donato-1438 |
Antonio di Guido da Ferrara,1397-1447/1449_Madonne à l'enfant et sainte Catherine d'Alexandrie-1436 |
Bartolomeo Tommaso, originaire de Foligno était actif dans la région de l’Ombrie et des Marche. Il est l’un des principaux représentants du style gothique tardif.
Son style est marqué par le début de naturalisme avec des figures douces, des drapés fluides et des détails raffinés.
Bartolomeo Tommaso, 1408/1411_1454_Madonne avec l'enfant et sans Jean baptiste, Madeleine, Christophe et Dominique
Giovanni Antonio Bellinzoni, aussi connu sous le nom de Giovanni Antonio da Pesaro est un peintre important pour la région des Marche, actif au milieu du XVe siècle, à la charnière du gothique tardif et de la première Renaissance.
Il appartient à la tradition des maîtres régionaux encore marqués par le gothique, mais déjà sensibles aux premières innovations naturalistes (perspective, profondeur).
Le sujet central est la Vierge Marie tenant l’Enfant Jésus sur ses genoux.
Les saints autour sont Saint Jérôme (San Girolamo) : souvent représenté en cardinal ou en ermite, il tient parfois un lion, Saint Benoît (San Benedetto), fondateur de l’ordre bénédictin, vêtu de l’habit noir, Saint Étienne (Santo Stefano), premier martyr chrétien, reconnaissable aux pierres sur sa tête ou tenues dans la main, Sainte Hélène (Elena), mère de l’empereur Constantin, célèbre pour avoir trouvé la Vraie Croix.
Giovanni Antonio Bellinzoni dit Giovanni Antonio de Pesaro_Madonne avec l'enfant entre san Gerolamo, Benedetto Stefano e Elena_1465-1470
Alvise Vivarini est l’un des peintres les plus importants de l’école vénitienne de la fin du XVe siècle.
Héritier d’une dynastie de peintres, il a été un pont entre le gothique tardif vénitien et la Renaissance avant Giovanni Bellini.
Il se distingue par ses figures solides, ses couleurs claires, et un sens de la lumière inspiré par l’école vénitienne.
Alvise Vivarini, 1446/1451-1504/1505_Madonne avec l'enfant et saint françois, saint Pierre, Saint Paul, et Saint JeanBaptiste_1476 |
Moins connus que les peintures de la Renaissance, le palais possède une très belle collection de tapisseries précieuses (françaises ou flamandes) acquises à la même époque, souvent commandées ou offertes par de grandes cours européennes.
À la Renaissance, les tapisseries étaient un symbole de prestige et de richesse. Elles servaient à décorer les vastes murs de pierre et isoler du froid, à manifester la puissance du commanditaire grâce à des scènes religieuses, mythologiques ou héroïques, à être transportées d’un palais à l’autre (elles étaient roulées et suivaient le seigneur), elles affirmaient ainsi la richesse et le goût humaniste du Duc.
Les tapisseries flamandes étaient très prisées par les cours princières de la Renaissance italienne. Federico da Montefeltro, comme d’autres grands mécènes, importait directement ces pièces somptueuses depuis les ateliers flamands (Bruxelles, Bruges, Anvers).
La Flandre, était alors le centre majeur de production de tapisseries de luxe.
Ces tapisseries mettaient en scène des épisodes bibliques (Vie de la Vierge, scènes de l’Ancien Testament), des sujets antiques (histoire de Scipion, Alexandre le Grand), des motifs floraux ou héraldiques pour marquer l’identité du commanditaire.
Les archives et les inventaires de la cour de Montefeltro mentionnent plusieurs ensembles de tapisseries flamandes, qui ornaient la Sala del Trono (Salle du Trône), la Studiolo (cabinet d’étude), les appartements privés du duc.
Il y a aussi des tapisseries des Gobelins arrivées au XVIIᵉ siècle, souvent offertes comme cadeaux diplomatiques ou achetées pour rehausser le prestige du palais.
Ces tapisseries sont exposées dans des grandes salles du palais, où elles recréent l’atmosphère fastueuse de la cour ducale.
Beaucoup ne sont plus à Urbino, mais dispersées, vendues ou transférées au Musée du Vatican ou dans des collections royales européennes.
Manufacture Flamande de Bruxelles (?)_Annonciation_1476-1480_194*123cm
Manufacture des Gobelins_La mort d’Ananie, d’après un carton de Raphaël ou de son école_1662-1680
Manufacture des Gobelins_La pêche miraculeuse _1653-1661_420*480cm
Manufacture Flamande_Lutte entre animaux_ XVIe siècle_162*103 cm
Federico da Montefeltro avait un rêve, faire d’Urbino un phare de culture et de raffinement.
En parcourant le Palais Ducal, nous avons traversé bien plus qu’un château.
Nous avons exploré un véritable symbole de la Renaissance italienne.
C'est un palais ouvert, harmonieux, l’art, la peinture, la sculpture l'occupent en entier pour en faire un lieu unique au monde
Piero della Francesca, Raphaël, et bien d’autres maîtres dont il est impossible ici de tous les nommer et les exposer, y ont laissé une empreinte d’élégance et d’humanisme.
A Urbino, la beauté ne se referme pas sur le Palais Ducal, elle se prolonge dans les ruelles, dans la lumière qui baigne ses places, dans ses bâtiments, dans son architecture.
Après cette belle et riche visite, il est l'heure de passer à table au restaurant "la taverne du duc".
Voici le menu de l'un
La cathédrale d’Urbino, appelée Duomo di Urbino (ou Cattedrale di Santa Maria Assunta), est le principal édifice religieux de la ville.
Elle se trouve juste à côté du Palais Ducal avec lequel ils forment un ensemble architectural remarquable.
Un premier édifice religieux existait déjà au VIᵉ siècle mais il a été reconstruit de nombreuses fois.
Une première fois en 1021, reconstruit entre 1474 et 1488 sous Federico da Montefeltro, d'après Francesco di Giorgio Martini, et achevé vers 1604, incluant une coupole dessinée par Muzio Oddi.
Deux tremblements de terre (1781, 1789) ont gravement endommagé la façade et provoqué l’effondrement de la coupole.
La reconstruction (1789‑1801), confiée à Giuseppe Valadier, a abouti à une majestueuse cathédrale néoclassique à plan en croix latine avec trois nefs et une coupole à caissons.
En 1859, l’escalier d’accès a été rehaussé et doté d’une balustrade; des statues de san Crescendino (à gauche) et du bienheureux Mainardo (à droite) y ont été ajoutées.
Achevée au début du XIXᵉ siècle, elle présente un style néoclassique élégant et sobre.
L’intérieur, en styles néoclassique et sobre, comprend des nefs voûtées, un transept et la coupole, décorée aux pendentifs par les évangélistes (école romaine, XVIIIᵉ siècle)
La coupole, posée sur la croisée, est ornée de caissons et de tondi (quatre tableaux ronds placés aux coins de la base de la coupole) représentant les quatre évangélistes, œuvres de la fin du XVIIIᵉ siècle.
L'Altar principal (maître-autel), est rehaussé de bronze par Camillo Rusconi, surmontés d’une grande toile de Cristoforo Unterberger représentant « la Vierge entre saint Crescentino et le bienheureux Mainardo » (datée de 1794.
L’autel lui-même, en marbre polychrome, présente des bas-reliefs dorés, et abrite les reliques de san Crescendino, offertes par le pape Clément XI.Dans la cathédrale se trouve la Cappella del Sacramento (chapelle du Saint Sacrement) qui contient deux peintures majeures de Federico Barocci : Saint Sébastien (1557) dans la nef droite, et sa célèbre Dernière Cène (1590‑99) dans la chapelle, considérée comme son chef-d’œuvre .
Federico Barocci (1535–1612), peintre majeur de l’école d’Urbino, est une figure de transition entre le maniérisme et le baroque.
Le Saint Sébastien peint vers 1557–1558 ce qui en fait une œuvre de jeunesse de l’artisteest une œuvre remarquable, à la fois pour son histoire et son style.
Saint Sébastien est un soldat romain martyrisé pour sa foi chrétienne. Selon la tradition, il est lié à la protection contre la peste : il est souvent représenté attaché à un arbre ou une colonne, le corps percé de flèches.Barocci représente Saint Sébastien dans une posture élégante, attaché à un tronc d’arbre. Le corps du saint est idéalisé, légèrement torsadé (contrapposto), typique de l’influence maniériste.Contrairement aux images dramatiques de la Renaissance tardive, Barocci donne à Sébastien une expression douce, presque sereine, accentuant la dimension spirituelle du martyr.L’œuvre est lumineuse, avec des tonalités délicates : chairs claires, fond sombre qui fait ressortir le corps, draperies légères.Cette peinture est souvent citée comme un exemple du nouveau naturalisme que Barocci a développé : une piété douce, une composition équilibrée et une grande attention à l’émotion.
Elle marque aussi le début de son style, qu’il affinera dans sa célèbre Dernière Cène dans la nef gauche qui est l’un de ses chefs-d’œuvre. C'est une pièce maîtresse de la cathédrale.
Réalisée entre 1590 et 1599, commandée pour la Cappella del Sacramento (Chapelle du Saint Sacrement) cette œuvre monumentale (plus de 4 mètres de large) est l’un des sommets de l’art religieux de la Contre-Réforme.
Elle illustre parfaitement le style de Barocci : un maniérisme adouci, annonçant le baroque.
Jésus est représenté au centre de la table, entouré des douze apôtres, au moment où il annonce qu’un d’eux va le trahir.
Elle a inspiré de nombreux artistes baroques, dont Rubens, qui admirait Barocci pour sa capacité à unir le dessin maniériste et la sensibilité nouvelle du XVIIᵉ siècle.
Elle reste aujourd’hui l’une des œuvres les plus admirées de la cathédrale.
Autres peintures de prestige :
Dans l’une des chapelles latérales peu éclairée se trouve un tableau de Sainte Cécile représentée avec un orgue portatif, symbole de sa patronne des musiciens.
Dans cette œuvre, elle est accompagnée de saints musiciens.
Il s’agit d’un retable ou d’un tableau latéral parfois Giovanni Santi, père de Raphaël, d'autres l'attribuent à un peintre local du XIXᵉ siècle, restaurée après le séisme de 1789.
Iacopo Negretti detto Palma il Giovane, 1548-1628_L'Imperatore Eraclio porta la croce_1619_peinture sur toile
Antonio Viviani detto il Sordo, 1560-1620_La visitation de Marie_fin XVIe siècle_peinture sur toile
Raffaello Motta da Reggio, 1550-1578_Annonciation_1550_Peinture sur toile
Claudio Ridolfi dit Veronese, 1570-1644_St Charles Boromée_1636-39_Peinture sur toile
Dans la cathédrale une sculpture représentant Raphaël, don de la ville d'Urbino en 1847.
L’intérieur du Duomo di Santa Maria Assunta est un magnifique mariage de l’économie de moyens néoclassiques de Valadier avec la richesse artistique du XVIᵉ au XVIIIᵉ siècle.
Trois nefs, une coupole lumineuse, un maître-autel somptueux, et des chefs-d’œuvre picturaux comme La Dernière Cène de Barocci font de ce lieu un témoignage précieux de l’art et de la foi à Urbino.

L'église Saint Dominique est située sur la Piazza Rinascimento, en face de l’entrée principale du Palazzo Ducale.
Devant son portail gothique s’étend un petit espace ouvert, souvent perçu comme une petite cour ou parvis, séparé symboliquement du reste de la Piazza.
Cette zone servait historiquement de lieu de rassemblement pour les dominicains, de départ de processions et de réunions civiques.
Fondée au XIVᵉ siècle par l’ordre dominicain, l’église actuelle date en grande partie de 1365–1440, mais a subi plusieurs restaurations.
Elle a été consacrée en 1365, grâce au soutien du duc Federico da Montefeltro, mécène majeur d’Urbino.
Elle est de style Gothique tardif et Renaissance.
La façade relativement sobre en brique, avec un magnifique portail gothique avec une lunette représentant La Vierge à l’Enfant avec saints, en pierre blanche (vers 1450), est attribué à Masuccio di Federico.
L’intérieur est à nef unique, avec des chapelles latérales ajoutées au fil des siècles.
Il est plutôt sobre, mais on y trouve des peintures du XVIᵉ et XVIIᵉ siècles notamment une Crucifixion attribuée à Giovanni Santi (le père de Raphaël).
Le maître-autel abrite des retables consacrés à Saint Dominique et d’autres saints dominicains.
Une chapelle latérale contient un retable représentant la Vierge et saint Dominique, œuvre de l’école urbaine (XVᵉ-XVIᵉ).
L’église Saint Dominique a longtemps servi de siège pour la prédication dominicaine à Urbino.
Son emplacement stratégique près du Palais Ducal reflète l’importance de l’ordre dans la vie intellectuelle et religieuse de la ville.
Elle vaut le détour, ne serait ce que pour son portail gothique, l’un des plus beaux de la région et grâce à son acoustique il est possible d'y assister à des concerts.
Nichée dans une ruelle paisible du centre historique d’Urbino, se trouve la maison natale de Raphaël, l’un des plus grands peintres de la Renaissance italienne né en 1483.
C'est une demeure bourgeoise de la Renaissance, sobre et élégante, typique des demeures urbaines du XVe siècle, transformée aujourd'hui en maison musée,

Dans cette demeure simple mais empreinte d’histoire, on découvre l’atmosphère intime de l’atelier familial où le jeune Raphaël fit ses premiers traits sous l’œil de son père, Giovanni Santi, peintre et poète.
C'est lui qui initié son fils très tôt à l’art.
S Gualdesi_XIXe siècle_Buste de Giovanni Santi_Terre cuite au soleil
Raffaello Sanzio da Urbino est né le 6 avril 1483 et sera orphelin à 11 ans.
A cet âge il est déjà reconnu comme un enfant prodige.
Il aura une formation à Pérouse où il travaille avec Le Pérugin. Il découvre à Florence de 1504 à 1508 les œuvres de Léonard de Vinci et de Michel-Ange, qui influencent profondément sa peinture.
Il réalise alors ses premières Madones, devenues mondialement célèbres (Madone à la chaise, La Belle Jardinière, etc.)
Appelé par le pape Jules II, il devient le peintre officiel du Vatican de 1508 à 1520.
Il peint les célèbres Chambres de Raphaël (Stanze di Raffaello) dans le Palais apostolique, dont la plus fameuse est L’École d’Athènes, un chef-d’œuvre célébrant la philosophie antique avec des portraits idéalisés de Platon, Aristote, Socrate, etc.
Il travaille aussi comme architecte (succédant à Bramante à Saint-Pierre de Rome), urbaniste, dessinateur de tapisseries et même archéologue amateur.
Il meurt prématurément à 37 ans, le 6 avril 1520 (le jour de son anniversaire) à Rome.
Sa mort est perçue comme une tragédie. Il est enterré avec honneur au Panthéon de Rome, sur sa tombe est inscrit : "Ci-gît Raphaël ; vivant, la nature craignait d'être vaincue ; mort, elle craignit de mourir avec lui."
Il sera célèbre pour l'’harmonie et l’équilibre de ses compositions, sa capacité à exprimer la grâce, la douceur, la clarté.
Il a un sn style limpide, souvent vu comme le sommet de l’idéal classique de la Renaissance.
Leopoldo Costoli_1877_Buste de Raphaël jeune_Bronze
Sa maison est organisée sur plusieurs niveaux autour d’un petit escalier intérieur et d’une cour centrale.
Les pièces sont assez sobres mais bien restaurées pour restituer l’atmosphère d’un foyer d’artiste.
Au rez de chaussée se trouve la boutique librairie et une petite cour intérieure avec un puits. Elle donne une idée de la vie domestique à l’époque.
Au premier étage, près de la chambre et de la salle de réception, se trouve l'espace commun pour les repas, les discussions et parfois même pour l’étude ou la lecture.
Les murs sont sobres, décorés de quelques tableaux, le mobilier Renaissance avec une table en bois massif, bancs ou chaises simples, coffre de rangement, une cheminée pour chauffer la pièce.
Dans une maison comme celle de Giovanni Santi, le repas était un moment culturel important.
On y recevait parfois des amis, artistes ou intellectuels de passage.
Raffaellino del Colle_Sacra famiglia_XVIe siècle
Giovanni Santi_Martirio di san Sebastien
Giulio Romano_sacra familglia_XVIe siècle
Giovanni Santi_Tobbias et l'archange Raphaël
Giovanni Santi_Saint Roch
Artiste toscan_XVe siècle
La chambre à coucher de Giovanni Santi est l'une des pièces les plus émouvantes et symboliques du lieu car c’est dans cette chambre que Raphaël serait né, le 6 avril 1483.
On peut y voir aujourd’hui un mobilier Renaissance reconstitué, avec lit en bois, coffre, chaises rustiques.
Sur l’un des murs, une fresque représentant une Vierge à l’Enfant.
La Vierge est représentée de façon douce et méditative, tenant l’Enfant Jésus dans une pose tendre. L’œuvre dégage une grande sérénité, typique de l’art ombrien de la fin du XVe siècle.
Longtemps attribuée à Giovanni Santi, le père de Raphaël, des spécialistes estiment aujourd'hui qu’elle a été peinte par le jeune Raphaël lui-même, peut-être vers l’âge de 15 à 17 ans.
La fresque montre l’influence du Pérugin, maître du jeune Raphaël, par la douceur des traits et la clarté de la composition. Elle annonce déjà le sens du volume et de l’équilibre qui fera la grandeur de Raphaël.
La fresque est conservée sur son mur d’origine, et c’est l’une des très rares œuvres in situ de la jeunesse de Raphaël.
Fresque Madonna col bambino_XVe siècle
Orlando Merlini_Incoronazione della Vergine e santi Antonio Abate, Giovanni Battista, Giacomo e Lorenzo
Giovan Francesco da Rimini_San Vincenzo
Peinture flamande_San Pietro e Paolo_XVe siècle
La "sala grande" (ou grande salle) est l'une des pièces les plus importantes et évocatrices du lieu.
Elle servait probablement de salle de réception ou de salle commune dans la maison de la famille Santi. Elle représente le cœur vivant de la maison, un lieu de rencontres, de discussions artistiques et d’éducation humaniste.
Elle reflète le statut cultivé et relativement aisé de Giovanni Santi, père de Raphaël, artiste et homme de cour.
La pièce abrite quelques fragments de fresques et des tableaux typiques de la fin du XVe siècle. Certaines parties pourraient avoir été exécutées par Giovanni Santi lui-même, ou par des artistes de son atelier.
On dit que c’est dans cette salle que le jeune Raphaël aurait observé les activités de son père et peut-être même fait ses premiers dessins.
La salle est meublée dans le style de la Renaissance : bancs, coffres (cassoni), et quelques objets décoratifs reconstituent l’atmosphère de l’époque.
Elle incarne le lien entre l’intimité familiale et l’environnement culturel stimulant qui a forgé la sensibilité du jeune Raphaël.
Elle sert aujourd’hui à exposer des œuvres d’art, gravures, dessins, dont des copies ou études d’œuvres de Raphaël.
Atelier de Raphaël Madonna della Palma_XVIe siècle
Raphaël Sanzio (copie)_Madonna col Bambini_XIXe siècle
Anonyme Madone avec l'enfant avec saint Jean et saint Ange_XVIe siècle
Annibale Ferniani (?)_Portrait de Raphaël Sanzio_XIXe siècle
Alessandro Massarenti_Raphël jeune, assis_1893
Raphaël Sanzio (copie) Madonna dell'Impannata_XVIe siècle.
La visite de la maison est un plongeon intimiste dans l’atmosphère familiale et créative qui a vu naître un génie. Le vrai trésor, c’est le lien tangible entre ces murs, l’enfant prodige et l’esprit de la Renaissance.
L’ensemble reste modeste, mais l’émotion vient surtout du fait d’être dans le lieu où le jeune Raphaël a fait ses premiers pas d’artiste.
Nous terminons la visite d'Urbino par la Chiesa di San Francesco, où reposent les reliques du bienheureux Giovanni Pelingotto.
Construite au XIVᵉ siècle, l'église a vu le jour sur les ruines d’anciens établissements romains. Originellement à deux nefs, elle a été profondément restructurée entre 1732 et 1751, devenant une église à trois nefs avec une croisée dotée d’une coupole aveugle.
Les reliques du bienheureux Giovanni Pelingotto qui se trouvent dans l'église était né à Urbino vers 1240.
Il était membre du tiers-ordre franciscain, et à sa mort a été enterré dans un premier temps dans le cimetière du couvent. (Le tiers-ordre franciscain est un ordre religieux laïc, fondé par saint François d’Assise au début du XIIIᵉ siècle, pour permettre aux personnes qui ne peuvent pas entrer dans un couvent, notamment les laïcs, hommes ou femmes, mariés ou non, vivant dans le monde, de vivre l’idéal franciscain dans leur vie quotidienne).
En raison de la vénération populaire dont il était l'objet, ses restes ont été exhumés et transférés dans l’église de San Francesco, où un autel a été construit sur sa tombe. Sa mémoire a été officiellement reconnue en 1918 par le pape Benoît XV.
Depuis le VIIᵉ centenaire de sa mort, l'église saint François est considérée comme un sanctuaire, toujours ouvert aux pèlerins.
Dans l’ancien cloître cimetière jouxtant l’église étaient inhumés de nombreuses personnalités d’Urbino, dont les parents de Raffaello Sanzio (Giovanni Santi et Magia Ciarla), ainsi que des artistes comme Federico Barocci, Timoteo Viti, et bien d’autres.
Aujourd’hui transformée en piazza San Francesco, la place conserve plusieurs sarcophages et plaques commémoratives à l’intérieur de l’église.
Les oeuvres d'art remarquables de l'église :
Le Perdono (Le pardon) d’Assisi de Federico Barocci (1574–1581), toile imposante placée dans l’abside, est l’œuvre majeure du lieu. Elle était destinée au maître-autel de l'église. Elle mesure environ 427 × 236 cm, la Chiesa di San Francesco à Urbino.
Exécutée entre 1574 et 1576, elle représente l’apparition du Christ triomphant, entouré de la Vierge et de saint Niccolò, qui apparaît à saint François agenouillé.
Barocci conjugue les influences de Michel-Ange, de Rafaël et du Titien dans le rendu du volume, des drapés et de la lumière divine.
Dans la Cappella Paltroni, on peut admirer une Pietà en marbre du XVe siècle de tradition allemande.
Il s'agit d'un groupe sculpté avec le Christ allongé sur un linceul, la Vierge est en pleurs.
Cette sculpture est extraite de l’ancien monument funéraire du comte Ugolino Bandi, puis déplacé dans la petite chapelle après la destruction du cloître cimetière.
Le long des nefs latérales, nous découvrons des toiles comme Saint Joseph de Giuseppe Ratti da Savona, Saint Pierre baptisant le centurion Cornelio de Andrea Procaccini da Roma, saint Pierre baptisant les centurions Processo et Martinano de Giuseppe Passeri.
Giuseppe Ratti da Savona_Saint Joseph_1777
Andrea Procaccini da Roma, 1671-1734_Saint Pierre baptisant le centurion Cornelio
Giuseppe Passeri_saint Pierre baptisant les centurions Processo et Martinano_huile sur toile de 680*340 cm
Il faut visiter Urbino pour son authenticité avec ses ruelles pavées, ses façades de brique baignées de lumière, ses clochers qui pointent vers le ciel où tout semble suspendu, hors du temps.
Urbino reste à l’écart du tourisme de masse, pour plonger dans l’art et l’architecture Renaissance dans un cadre intimiste.
Ainsi s'achève notre voyage dans les Marche.
Nous adressons un grand merci à nos amis qui nous ont accueillis de façon si généreuse et qui nous ont fait découvrir toutes les facettes de cette région magnifique, baignée de lumière, habité par son calme, par sa douceur, par son harmonie et par sa diversité.
C'est une région plurielle, discrète et profondément italienne, entre mer et montagne, villages secrets et trésors artistiques et architecturaux.
Nous avons rencontré des gens charmants, souriants, chaleureux, acceuillants.
Les Marche encore méconnue du grand tourisme nous ont offert un condensé d’Italie : art, gastronomie, nature, authenticité… loin des foules, mais riche en émotions.
Grazie tanto Amici !
Texte de Paulette Gleyze
Photos de Paulette et Gérard Gleyze
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