Le 12 Mai 2025, après la visite, de Ripatransone, Offida et Ascoli Piceno nous partons pour Montecosaro et Sant'Epidio al Mare.
Montecosaro se trouve dans la province de Macerata, à environ 10 km de la mer Adriatique.
Le bourg historique est perché sur une colline à environ 250 mètres d’altitude, offrant de très belles vues sur la campagne et jusqu’à la mer.
Montecosaro est classé parmi les « Borghi più belli d’Italia », c’est-à‑dire un des plus beaux villages d’Italie, grâce à son centre historique bien préservé avec ses remparts, ses ruelles médiévales, ses palais et ses églises remarquables :
- Santa Maria a Pie’ di Chienti : une splendide abbaye romane, à l’extérieur du bourg, l’un des plus beaux exemples d’architecture romane des Marches.
- San Lorenzo : l’église paroissiale du centre.
Nous visitons Santa Maria a Pie’ di Chienti également nommée Santissima Annunziata est un joyau roman des Marches.
Elle est située dans la vallée du Chienti, ce qui explique son nom : « à Piè di Chienti » qui signifie littéralement « au pied du Chienti », le fleuve qui traverse cette zone.
La première mention de l’église remonte au IXᵉ siècle, à l’époque carolingienne. Elle était initialement un prieuré bénédictin dépendant de l’abbaye de Farfa, l’une des plus puissantes abbayes d’Italie centrale. Elle servait à la fois de lieu de culte et de centre agricole et administratif pour la mise en valeur des terres alentour.
Au Xᵉ- XIᵉ siècles, l’église subit plusieurs remaniements et extensions. Elle est reconstruite après des destructions probables liées aux invasions ou aux tremblements de terre fréquents dans cette région.
L'église actuelle a été consacrée en 1130 et est de style roman lombard.
Délaissée pendant un temps, elle est restaurée aux XIXᵉ et XXᵉ siècles pour préserver son architecture et ses fresques.
La façade sobre en pierre de brique met en valeur ce monument national classé en 1902.
L’arrière de la basilique, met en évidence les absidiolets rayonnantes autour de l’abside.
On distingue clairement l’abside semi-circulaire principale, entourée de trois petites absidioles (chapelles rayonnantes), typiques d’un déambulatoire roman.
C'est un ensemble robuste, ponctué de colonnes engagées, d’arcs aveugles et de petites fenêtres romanes.
L’intérieur est sobre, typique du style roman, mettant en valeur la pierre nue.
La basilique présente un plan basilical à trois nefs (nef centrale plus deux bas-côtés), typique de l’architecture romane.
Les nefs sont séparées par des rangées d’arcs en plein cintre reposant sur des colonnes simples et des pilastres.
La hauteur est modérée, et la lumière entre par des fenêtres hautes et étroites, créant une atmosphère de pénombre..
La nef centrale est plus large et plus haute que les bas-côtés, avec une élévation qui met en valeur la sobriété du style roman.
Nef centrale
Nef latérale gauche
Nef latérale droite
Le plafond est constitué de bois apparent (charpente à fermes), renforçant le caractère rustique et authentique de l’église.
L’abside est dotée d’un chœur élevé par rapport à la nef, avec déambulatoire (une galerie circulaire derrière le maître-autel), élément typique des grandes églises de pèlerinage romanes en France mais très rare en Italie.
Autour du déambulatoire, plusieurs absidiolets rayonnants s’ouvrent en forme d’éventail, ce qui permettait aux pèlerins de vénérer simultanément différentes reliques, sans interrompre l’office au chœur principal.
(Une abside est la partie semi-circulaire ou polygonale d’une église qui termine le chœur ou la nef principale. Elle se situe à l’extrémité est du bâtiment, derrière l’autel. Les absidiolets sont de petites absides secondaires).
Cela souligne l’importance de Santa Maria a Piè di Chienti comme étape de pèlerinage médiévale, probablement reliée à la Via Lauretana.
La Via Lauretana est une route spirituelle et historique, tracée au Moyen Âge, qui part souvent de lieux religieux importants (comme Rome, Assise, ou d’autres villes) pour rejoindre Loreto, où se trouve la Maison de la Vierge Marie (la Santa Casa).
Déambulation derrière l'autel
Les chapelles autour du déambulatoire, dans les absidiolets rayonnants
L’abside semi-circulaire accueille un Christ Pantocrator peint en fresque, symbolisant la majesté divine.
Cette œuvre monumentale représente le Christ dans un geste de bénédiction, entouré d’anges et inséré dans une mandorle ovale.
Elle est attribuée au Maestro di Offida, un peintre actif au début du XVe siècle.
Cette fresque est un exemple remarquable de l’art religieux de la fin du Moyen Âge dans les Marches, mêlant influences byzantines et éléments locaux.
La plupart des fresques conservées dans l’abside et le chœur datent du XIVᵉ siècle, période où l’église a connu un regain d’activités artistiques.
Certaines parties pourraient être un peu antérieures ou avoir été retouchées plus tard.
Elles ont été réalisées a fresco, directement sur l’enduit humide.
Elles sont des exemples précieux de l’art religieux du Moyen Âge, avec des couleurs sobres et une iconographie claire.
Elles représentent des scènes bibliques et des saints.
Un crucifix en bois du XVe siècle est suspendu dans l’arc triomphal qui sépare la nef du chœur.
L'intérieur est à double niveau, la basilique inférieure avec abside circulaire et déambulatoire, ainsi qu’un espace supérieur réservé aux moines.
La particularité de cette église c'est qu’elle conserve une tribune supérieure ou matroneum (galerie intérieure) qui longe les bas-côtés.
C’est une caractéristique assez rare dans les églises romanes de cette région.
La disposition de cette basilique, crypte, chœur surélevé, matroneum, témoigne de l’importance liturgique de l’abbaye à l’époque médiévale.
Elle était un centre religieux et un point de halte pour les pèlerins.
Après Montecosaro nous allons à Sant’Elpidio a Mare, dans la province de Fermo à environ 9 km de la mer Adriatique.
Son nom est dérivé de « Sancto Elpidio Majore », lié à Sant'Elpidio dont les reliques ont été apportées ici au 7ᵉ siècle.
Sant’Elpidio a Mare se trouve sur le site de l’ancienne ville romaine de Cluana, détruite au Ve siècle par les invasions barbares.
Après cette destruction, la population s’est regroupée autour de l’abbaye bénédictine de Santa Croce al Chienti, fondée en 887. Celle-ci a été à l’origine du bourg médiéval.
Au Moyen Âge, la ville s’appelait Castello di Sant’Elpidio. Elle était protégée par d'imposants remparts d’environ 3 km de long, percée de 7 portes.
Aujourd’hui, seulement trois portes subsistent : Porta Canale, Porta Marina et Porta Romana.
Le bourg a connu de nombreux pillages, par les Monteverde au XIVᵉ s. et les Sforza au XVᵉ s.
Sant’Elpidio a Mare a prospéré grâce à l’agriculture et à l’artisanat, notamment la fabrication de chaussures, qui reste un pilier économique de toute la région de Fermo aujourd’hui.
Sur la place principale, Piazza Giacomo Matteotti, de Sant’Elpidio a Mare se trouve la Basilique Lateranense di Maria Santissima della Misericordia, érigée à partir de 1575.
Elle domine la place avec sa façade Renaissance.
Elle abrite deux orgues historiques, un Callido (1785) et un Nacchini (1757) et est aujourd'hui le siège de l’Académie d’orgue.

Sur la façade il y a deux méridiennes bien visibles depuis la place..
L'une indique l’« ora italica » (heure italienne) : un système ancien qui comptait les heures à partir du coucher du soleil, typique avant l’unification des fuseaux horaires, l’autre l’« ora astronomica » (heure moderne), calculée en fonction du midi solaire local.
Ce type d’horloge était courant sur les églises et bâtiments civiques dans les Marches et en Émilie-Romagne au XVIᵉ et XVIIᵉ siècle, elle servait à régler l’heure des offices religieux, car avant les horloges mécaniques précises, les cadrans solaires faisaient foi pour rythmer la journée.

Sur la place se trouve également la Torre Gerosolimitana ou Torre dei Cavalieri di Malta, (tour des chevaliers de malte).
C'est une tour emblématique érigée au point le plus élevé de la ville, culminant à environ 28 mètres de hauteur, avec une base carrée d’environ 8,2 × 8,2 m de 28 m.
Sa base quadrangulaire présente une architecture intérieure en croix grecque et un portillon sculpté d’un Christ en bas-relief .
Elle servait aussi à surveiller les environs, notamment pour se prémunir des raids de pirates ottomans, et fonctionnait en réseau local avec d’autres tours, comme à Porto Sant’Elpidio.
Une horloge mécanique, ajoutée au XVIIᵉ siècle.
Des travaux sont en cours pour assurer sa restauration et sécurisation suite au séisme de 2016.
Sur la façade, une plaque en bronze de 1893 honore Vittorio Emanuele II, Cavour, Garibaldi et Mazzini, héros de l’unité italienne.
Il Palazzo Comunale (l'hôtel de ville) également connu sous le nom de Palazzo dei Priori, se trouve sur la place juste à côté de la tour.
Il a été édifié à la fin du XIVᵉ siècle et a été plusieurs fois agrandi et restauré au fil des siècles.
Au XVIᵉ siècle, l'architecte bolognais Pellegrino Pellegrini a supervisé des travaux d'agrandissement, et au XIXᵉ siècle, l'architecte Ireneo Aleandri a donné à la façade un style classique .
Elle présente des éléments de style classique, avec des arcades au rez-de-chaussée et des fenêtres à arc surmontées de corniches.
Le palazzo abrite une collection de portraits d'illustres personnages, ecclésiastiques et laïcs, originaires de Sant'Elpidio a Mare et des Marches.
Ces œuvres ont été rassemblées en 1871 pour honorer et préserver la mémoire de ces personnalités.
Y son aussi conservés des œuvres remarquables comme "Polittico dell'Incoronazione della Vergine", Un retable de la fin du XVᵉ siècle attribué à Vittore Crivelli, composé de 18 panneaux représentant des scènes religieuses et le "Trittico della Crocifissione", un triptyque illustrant la Crucifixion et des saints, également attribué à Crivelli.
Nous terminons par la Collegiata di Sant’Elpidio Abate, attenante, du XIIIᵉ siècle.la Collegiata di Sant’Elpidio Abate.
Une collégiale désigne une église desservie par un collège de chanoines, à la différence d'une cathédrale qui est le siège de l'évêque.
Elle naît au XIᵉ siècle comme « pieve » (église rurale), attestée dès 1030 dans les archives de Farfa, puis transférée à l’intérieur des murailles entre 1285 et 1424, date de consécration de la Collegiata actuelle.
En 1590, elle devient « collegiata semplice », (simple collégiale) puis élevée au rang de Collegiata insigne (collégiale illustre) en 1591 par le pape Grégoire XIV, (c’est un titre honorifique qui rehausse le prestige d’une collégiale qui est reconnue pour son importance historique, religieuse, artistique ou pour la valeur de ses reliques).
En 1857, elle est déclarée Perinsigne (Collégiale très illustre) par Pie IX, (cette distinction est accordé par le pape pour souligner l’importance exceptionnelle de l’église, soit pour sa richesse artistique, soit pour sa valeur historique ou spirituelle ou pour la vénération de reliques importantes).
Cela place la collégiale au sommet du prestige pour une église non épiscopale.
L'intérieur est aménagé en croix latine à trois nefs, avec un décor néoclassique.
L'autel baroque principalun de 1721 est construit autour d’un sarcophage romain (III–IVᵉ siècle) représentant une chasse au lion.
Il renferme les reliques de Sant' Elpidio et de ses disciples Ennèsio et Eustasio.
Un grand autel dédié à la Madone de Lorette, sculpté en 1702 par Angelo Scoccianti, est le plus imposant dans la région.
Il se trouve dans une chapelle latérale ou un bras du transept et attire les fidèles pour la prière privée ou pour des processions mariales.
Il est en bois sculpté et doré. On y trouve aussi du marbre et du stuc polychrome.
C’est l’un des plus grands autels baroques de la région, avec une ornementation riche, des colonnes torsadées, des décors en feuilles d’acanthe, des putti (angelots), des dorures abondantes.
Il abrite une reproduction de la vierge noire de Loreto.
Un Orgue historique est Installé au-dessus de l’entrée, il s’agit d’un Callido (vers 1765–1782), œuvre du célèbre facteur de l’époque .
Sant’Elpidio a Mare, est un village discret, mais riche de trésors, où chaque pierre, chaque ruelle, chaque bâtiment raconte une histoire et invite à revenir.
C'est un bijou caché des Marches.
Après la visite de la basilique romane de de Montecosaro, le village de Sant'Elpidio al Mare et sa collégiale nous avons le sentiment d'avoir savouré des moments histoire.
Texte de paulette Gleyze
photos de Paulette et Gérard Gleyze
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