mercredi 20 décembre 2017

Hokusai et autres paysages japonais et 113 Ors d'Asie au Musée Guimet à Paris

Lors de notre dernier passage à Paris en septembre dernier, nous avons eu la chance de voir deux belles expositions au musée national des arts asiatiques aussi appelé musée Guimet :
- Hokusai et autres paysages japonais
- et 113 Ors d'Asie

L’art de l’estampe est né dans l'empire chinois au VIIIe siècle, sous la dynastie Tang.

Au Japon, l’installation du gouvernement à Edo l’actuelle Tokyo en 1602, marque la fin des guerres incessantes entre les seigneurs, et le début d’une longue période de paix.
Face aux samouraïs une nouvelle classe sociale nait composée de d’artisans et de commerçants...

Les marchands fortunés accèdent à l’art grâce à l’estampe, (art qui permet de reproduire une œuvre en plusieurs exemplaires et d’en diminuer le prix).

L’estampe d’abord utilisée pour illustrer des livres, acquiert son autonomie grâce au peintre Moronobu, qui, vers 1660, publie des illustrations sous forme de feuillets détachés, indépendants et sans texte, sur lesquelles il ajoute sa signature.

Au XIXe siècle, grâce aux expositions universelles, les Occidentaux découvrent l'art japonais, et les estampes, peinture sans perspective.
Par le biais du Japonisme, Hokusai influence de nombreux artistes : Toulouse-Lautrec, Van Gogh en passant par Gustave Moreau ou Claude Monet.
Les impressionnistes collectionnaient les estampes (Van Gogh en possédait 400) et s'en sont fortement inspirés pour leurs œuvres.

Ils reprennent à leur compte les techniques de l'estampe :

Tout d'abord le cadrage par le démantèlement de la nature et le 'hors champs",
Ensuite ils utilisent la technique du plongeant avec une chose tronquée en 1er plan,
Mais aussi la formation en hauteur,
Les piliers,
Le quadrillage,
Les codes d'attitude et de mouvements,
Les ponts...
Katsushika Hokusai est né le premier jour du cycle sexagésimal du neuvième mois de l'année métal-aîné-dragon de l'ère Hōreki (le 31 octobre 1760) à Edo (actuel Tokyo),
et mort le dix-huitième jour du quatrième mois de l'ère Kaei, an II (le 10 mai 1849) dans la même ville.
C'est un peintre, dessinateur spécialiste de l’ukiyo-e, graveur et auteur d'écrits populaires japonais surtout connu sous le nom de Hokusai, ou à partir de 1800, de son surnom
Gakyōjin, « le Fou de dessin ».

En 1814, il publie son Manga regroupant croquis et dessins.
En 1831, La Grande Vague de Kanagawa est la première des 46 estampes composant les Trente-six vues du mont Fuji, l'une des œuvres majeures de Hokusai.
Le peintre japonais laisse derrière lui près de 30 000 dessins.

L'ukiyo-e est un mouvement artistique japonais qui apparaît au Japon au 17e siècle. Les estampes racontent la vie du monde "du monde flottant". Les dessins sont gravés sur du bois puis imprimés. C'est le début des techniques de l'estampe qui permettent une reproduction sur papier moins coûteuse que les peintures.
Les thèmes de l’ukiyo-e sont nouveaux : des jolies femmes, des courtisanes, des scènes érotiques, des lutteurs de sumo, des créatures fantastiques, des paysages célèbres.
L'ukiyo-e appartient à deux époques majeures de l'histoire artistique du Japon :
- la période Edo (1603-1868) avec une peinture populaire et narrative et surtout les estampes japonaises gravées sur bois.
- puis l'ère Meiji qui se poursuit jusqu’en 1912.

Au musée Guimet, l'exposition dont le thème est "Hokusai et autres paysages japonais" expose des estampes d'Hokusaï mais aussi des estampes d'autres grands maîtres japonais comme Utagawa Kuniyoshi, Kitagawa Utamaro, Utagawa Hiroshige...

Pour la bonne conservation des estampes elles sont exposées avec une lumière tamisée et faible, d'où le manque de qualités de mes photos.
lieux célèbres de la capitale de l'est_Utagawa Kuniyoshi (1797-1861) époque Edo 1833-1834

Nichiren à Tsukahara dans l'île de Sado_Utagawa Kuniyoshi (1797-1861) époque Edo 1831-1835

Utagawa Kuniyoshi (1798-1861)_53 relais Tokaido

le port et la crique_Utagawa Hiroshige (1797-1858)

sélection de 6 espèces florales : chrysanthèmes et rivière_Utagawa Hiroshige (1797-1858)_époque Edo 1856

vue enneigée dans l'enceinte du sanctuaire Kanda Myojin à shiba_Utagawa Hiroshige (1797-1858) époque Edo 1840

vue enneigée dans l'enceinte du sanctuaire Kanda Myojin à shiba_Utagawa Hiroshige (1797-1858) époque Edo 1840

procession vers le sanctuaire de la divinité Benzaïten_Utagawa Hiroshige (1797-1858) époque Edo 1851

voyage au fil des cascades des différentes provinces_chutes d'eau de Kirifuri au Mont Kurokawi_Katsushika Hokusai (1760-1849) époque Edo 1832-1833

Passereau et magnolia_Hokusai (1760-1849) époque Edo 1849

hirondelle et pie-grièche au dessus de fraisiers et bégonias_Hokusai (1760-1849) époque Edo 1849

Tant au japon qu'en Chine, la peinture du paysage (montagne et eau) montre la conception taoïste de l'Univers en opposant le yin et le yang.

Les 36 vues du Mont Fuji (montagne sacrée) de Katsushika Hokusai, et de la vague est la démonstration de cette conception.
Trente six vues du Mont Fuji par Hokusai (1760-1849)

vent frais par matin clair_Kajikazawa dans la province de Kaï_époque Edo 1831-1832

Le Fuji vu de la terrasse du sazaido, temple des cinq cents Rakan_époque Edo 1831-1834

Mont Fuji au-dessus des nuages_issu d'une suite de 3 surimono décrivant "3 rêves superstitieux pour la nouvelle année"_ Totoya Hokkei (1780-1850)



Le musée Guimet présente une deuxième exposition : "113 Ors d'Asie".

 

Elle montre 113 œuvres composées de sculptures, de bijoux, de poteries ou vêtements, ayant tous en commun le métal le plus précieux.

Ces 113 chefs-d’œuvre ont été choisis parmi la collection du musée. Certains ont même été restaurés pour l'occasion.

Les pièces exposées viennent de Corée, du Japon, du Vietnam, de la Chine, du Tibet ou du Népal.

Elles montrent la place qu'occupait l'or dans le continent asiatique qui était un métal rare et qui était utilisé avec parcimonie.

L'Avalokiteshava (compassion infinie), provenance du Vietnam est de l'époque Lê (fin 18e siècle-début 19e siècle), est en bois recouvert d'une couche de laque d'or.

Légende tirée de L'image Bouddha Avalokiteshvara :
L'origine d'Avalokita à 1000 bras remonte à un épisode très populaire de la vie du bodhisattva.
Lorsqu'il entreprit d’œuvrer pour le bien des êtres, il fit, en présence d'Amitabha le vœu suivant :
"Aussi longtemps qu'un seul être n'aura pas atteint l'éveil, j’œuvrerai pour le bien de tous.
Si je venais à manquer à cet engagement que ma tête éclate en dix morceaux, que mon corps se brise en mille parties!"
Pendant une durée incalculable, le corps d'Avalokita émit six rayons de lumière qui produisirent d'innombrables émanations travaillant à soulager les souffrances.
Après avoir ainsi œuvré durant des kalpas, Avalokita regarda s'il restait encore beaucoup d'êtres à libérer dans le samsara.
Hélas! Il lui sembla que leur nombre avait à peine diminué; découragé, il jugea sa tâche inutile, mieux valait arrêter.
Cette pensée ruina sa promesse.
Aussitôt, son corps et sa tête se brisèrent.
La douleur fut grande. Il appela Amitabha à son secours. Celui-ci apparut immédiatement devant lui et l'exhorta à reprendre son activité bénéfique.
Pour lui donner plus de puissance encore, il recomposa sa tête en lui donnant dix visages, neuf paisibles et un irrité, afin qu'il puisse poser son regard de compassion dans toutes
les directions simultanément et il couronna l'ensemble d'une réplique de sa propre tête pour signifier qu'il serait toujours chez lui.
Prenant ensuite les morceaux du corps, il en fit un nouveau corps d'où rayonnaient mille mains marquées de mille yeux de compassion."
Cet Avalokiteshava de l'époque Koryo, 10e-11e siècle provient de Kyongsangbuk-do en Corée.


La main de Bouddha du 5e-7e siècle provient d'Afghanistan. Elle est modelée en terre et dorée. Elle proviendrait de Bamiyan, un centre monastique qui se situait sur la route de la soie.
Boudha assis du Japon, fin de l'époque Heian (2e moitié du 12e siècle), en bois laqué.

 

Un magnifique Cosmogramme du 18e siècle, de Chine du nord, avec au centre le Mont Meru.
Un Cosmogramme est un mandala d'offrande au monde, il se compose d'un tambour avec
au centre le Mont Meru, montagne mythique considérée comme le centre du monde dans la cosmologie bouddhique. Elle est surmontée d'un stupa et entourée d'un ensemble de divinités dansantes, symboles de la lune et du soleil. Les douze petits édifices regroupés par trois représentent les quatre continents-îles selon la tradition indienne du monde. Les océans sont gravées autour.

Kannon Basatsu compte parmi les divinités vénérées au Japon. Debout sur un socle il tient dans la main gauche la fleur de lotus. Il représente les vertus de complaisance et de compassion. Provient du Japon, de la 2e partie de l'époque Heian, 1er moitié du 12e siècle. Bois de cyprès, recouvert de feuille d'or.

Virupaksha, roi gardien de l'Ouest, dont la cuirasse est étincelante d'or, de turquoises et de lapis-lazuli. Il provient du Tibet, 15e siècle. La technique utilisée est un amalgame d'or et de mercure chauffé jusqu'à évaporation du mercure et ne laissant que l'or. Cette technique est extrêmement nocive à la santé, mais donne un résultat étincelant. Elle a été pratiquée dans les zones himalayennes.
 
Bouddha de Chine, dynastie Ming (1368-1644). 

C'est une divinité du bonheur, de la prospérité et de l'abondance.
Souriant, le ventre bedonnant il est toujours porteur d'un sac de pièces, d'un bâton et parfois d'un chapelet et d'un éventail.

"Le bouddha Amida s'en venant accueillir l'âme d'un fidèle mourant". Amida est entouré de Kannon Bosatsu et Seishi Bosatsu. Œuvre provenant du japon de l'époque de Lamakura, 14e siècle, recouverte de feuille d'or.

Bouddha Maravijaya, art Thaï de Bangkok, de la 1ère moitié du 19e siècle. Cette représentation montre le Bouddha au moment de l'éveil; victorieux de Mara (la mort et l'ignorance) appelle la terre à témoin de sa victoire en la touchant de sa main droite.

Nous voyons également des objets, fastes du pouvoir.
Un bonnet en textile recouvert d'or, de perles et de pierres précieuses. Provenant d'Inde du début du 19e siècle.
 

Un ornement de turban, provenant du Punjab du début du 19e siècle. Il est en or, diamants, émeraude et émaux colorés.
 

En provenance d'Inde du sud, un magnifique pendentif en forme d'oiseau aux ailes déployées. Il date de la première moitié du 18e siècle. Nous voyons là une technique de sertissage Kundan, avec or, rubis, diamants, émeraudes et perles
 

 Poignée d'épée à décor d'éléphant et de tigre d'Inde Rajasthan du 19e siècle. En acier avec des incrustations d'or et de rubis.
 

Tête de lance en forme de faucille en acier avec des incrustations d'or. Provient d'Inde-18e siècle

L'exposition montre aussi des pièces de monnaie en or, des bijoux finement sertis, des vêtements d'apparat et des kimonos de mariage en soie et satin finement brodés au fil d'or, des boîtes à encens, des tables incrustées, des écritoires décorés...
La liste est longue de toutes ces superbes pièces exposées, en provenance de divers pays d'Asie et de différentes périodes.

Les deux expositions étaient absolument extraordinaires par la beauté, la qualité et la diversité des œuvres.


Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze

1 commentaire:

  1. tiens, voilà du boudha ! merci, étant désorienté, pour ces images orientales. bonnes fêtes à vous aussi. bises àbientôt. éric

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