mardi 20 mai 2025

Chefs d'oeuvre inconnus de Dürer à Fantin-Latour_estampes du musée de Grenoble


Le Musée de Grenoble met en lumière du 8 mars au 9 juin 2025 une partie méconnue de ses collections à travers l'exposition "Chefs-d'œuvre inconnus, de Dürer à Fantin-Latour". Cette exposition présente environ 150 estampes issues du vaste fonds du musée estimé entre 15 000 et 20 000 œuvres, couvrant une période allant du XVIe au XIXe siècle, dont une grande partie n'avait jamais été exposée auparavant.​
Commencé dès la fondation du musée en 1798, il s'enrichit progressivement grâce notamment à des legs comme celui de Léonce Mesnard (1826-1890) en 1914, de plus de 5000 dessins et estampes

 Nous pouvons voir des artistes renommés comme Albrecht Dürer, Jacques Callot, Giovanni Battista Piranesi, Eugène Delacroix, Camille Corot, Félix Bracquemond et Théophile Steinlen.

Elle permet également de redécouvrir des maîtres moins connus aujourd'hui mais très appréciés en leur temps, comme Giovanni Benedetto Castiglione, Jean-Jacques de Boissieu, Stefano della Bella ou Louise-Magdeleine  Horthemels.

Nous visitons cette exposition organisée par l'association Entendre 38 et présentée par notre guide Eric Chaloupy, le 22 avril 2025.

L'exposition se tient dans 14 salles du musée.

Les estampes peuvent jouer plusieurs rôles qui varient selon les époques, les contextes et les intentions de l’artiste ou de l’éditeur.

Très pédagogue Eric nous explique les différentes techniques et la chronologie dans l'histoire de l'estampe.


La salle 1 intitulée "Des origines de la gravure au cabinet des estampes du musée de Grenoble" va nous permettre de découvrir la gravure.

Les gravures sont d’abord un moyen d’expression artistique à part entière. Des artistes comme Dürer, Rembrandt ou Goya l’ont utilisée pour expérimenter des effets de lumière, de texture et de composition. C’est une œuvre originale, conçue pour être multipliée, contrairement à la peinture qui est unique.

Elles ont eu une fonction de reproduction, car avant la photographie, elles servaient à reproduire et diffuser des images : œuvres d’art célèbres, scènes religieuses, portraits royaux, événements historiques… Cela permettait à un large public d’accéder à l’art ou à l’information visuelle.

Certaines estampes ont une valeur historique ou ethnographique : elles documentent des paysages, des costumes, des techniques, des batailles ou des faits de société.

Elles peuvent avoir une fonction pédagogique, utilisées dans des manuels ou publications pour illustrer des récits, des connaissances anatomiques, botaniques, géographiques, etc.

Relativement peu coûteuses, elles étaient souvent utilisées au XIXe siècle pour décorer les intérieurs.

Entre 1623 et 1629, Georges Lallemant collabore avec Ludolph Büsink pour créer 23 xylographies en clair-obscur. Les sujets sont majoritairement religieux. Seuls deux abordent des thèmes populaires dont ce joueur de flûte vêtu d'un pourpoint à manches larges et d'un chapeau orné de plumes qui s'inspire de l'école caravagesque d'Ultrecht.

Ludolph Büsinck (Allemagne vers 1590-1669)_D'après Georges Lallemant (1575-1636)_Le joueur de flûte, 1623-1629_Xylographie_Editeur Melchior Travernier, Paris

Ludolph Büsinck (Allemagne vers 1590-1669)_D'après Georges Lallemant (1575-1636)_Moïse avec les tables de la loi, 1623-1629_Xylographie_Editeur Melchior Travernier, Paris

Dès les premières années de son activité, le peintre vénitien Le Titien s'est attaché à diffuser ses créations par l'estampe et collabore avec de nombreux graveurs. Au milieu des années 1530 jusque vers 1550, le graveur sur bois d'origine allemande Giovanni Britto devient l'un de ses principaux associés.

Cette adoration des bergers interprète une composition de Titien déclinée en de nombreuses variantes.
Giovanni Britto (Allemagne 1531-1550)_D'après Tiziano Vecello dit Titien (1478-1576)_xylographie_troisième état sur quatre

Antonio da Trento conçoit six gravures en clair obscur dans l'atelier du Parmesan à Bologne entre 1527 et 1530. L'épisode est issu de l'Odyssée d'Homère et montre la magicienne Circé donnant à boire aux compagnons d'Ulysse. Pour d'autres il s'agit de la sorcière Circella qui a métamorphosé ses victimes en animaux parmi lesquels un griffon plutôt qu'en porcs comme dans l'épopée homérique.
Attribué à Antonio da Trento (1508-1550)_D'après il Parmigianino (1503-1540) _xylographie_Editeur Andrea Andreani

Bien qu'il pratique l'eau forte, Guido Reni a préféré faire traduire certains de ses dessins par la gravure sur bois, malgré la disparition progressive de cette technique au XVIIe siècle. De 1627 à 1642, Coriolano va créer 24 xylographies à partir des dessins fournis par le peintre. Cette gravure appartient à un groupe de 4 représentant des sibylles, des prophétesses antiques qui auraient annoncé la venue du christ.
Bartolomeo Coriolano (vers 1599-vers 1676)_D'après Guido Reni (1575-1642) et d'après Raphaël (1483-1520) _Sybille portant une tablette avec un putto ailé à sa droite, vers 1640_xylographie

Cette estampe est la sixième sur neuf qui reproduisent le cycle peint par Mantegna, à partir de 1485, pour le duc de Mantoue et conservé dans ls collections royales anglaises. Elle illustre le défilé triomphal des troupes de Jules César à leur retour de la guerre des Gaules.

Au moins quatre années ont été nécessaires au graveur pour achever les trente trois matrices en bois qui ont servi à imprimer ce triomphe.

A cela s'ajoutent deux planches comportant des pilastres d'ordre corinthiens destinés à être placés entre les scènes, formant ainsi une frise de près de quatre mètres de long.

Andrea Andreani (vers 1559-1629)_D'après Andrea Mantegna (1431-1506)_D'après Bernardo Malpizzi (vers 1556-1623) _Les porteurs des trophées, sixième planche du "triomphe de Jules César sur les Gaulois", 1529_xylographie

Cette estampe s'inscrit dans les oeuvres de jeunesse de Dürer. Elle montre le sort subi par l'armée d'un prince païen, Acace, qui s'était engagé avec ses 9000 mercenaires pour servir les empereurs romains Hadrien et Antonin.

Au centre de la gravure est sans doute représenté Acace attaché à un arbre avec trois compagnons. Un évêque venu réconforté les soldats trouve la mort en bas à droite. Dürer cite cette oeuvre comme exemple dans ses écrits théoriques sur l'art, pour évoquer le difficile problème d'intégrer des figures dans un paysage et faire harmoniser les différents personnages aux positions variées dans une même composition.

Albrecht Dürer (1471-1528)_Le martyrs des dix mille chrétiens, (1497-1498) _xylographie_tirage posthume

Les salles 2 et 3 s'intitulent "Un immense potentiel de diffusion : l'estampe au service de la renommée des artistes".

La technique du papier inventée en Chine au IIIe siècle avant notre ère se répand en Europe au XIIIe siècle, 

C'est grâce à la production du papier en Europe que la gravure a pu commencer son développement. Les usages principaux du début de la gravure européenne sont la dévotion et les cartes à jouer.

La chronologie des estampes suit à la fois l’évolution des techniques d’impression et les courants artistiques.

C’est vers 1400 que se développe en Europe notamment en Allemagne et en France, la Xylographie c’est-à-dire la Gravure sur bois qui permet de multiplier les images à l’identique. Les premières estampes sont à but religieux. Les premières impressions sont la bible des pauvres.

Vers 1420, les allemands s’inspirent des techniques de l’orfèvrerie pour tracer un dessin sur une plaque de métal qui, une fois encrée permet le transfert sur une feuille de papier, c’est le procédé de la gravure au burin.

Sur la période 1471-1528, L’estampe devient un véritable art grâce à des artistes comme Albrecht Dürer, Marcantonio Raimondi ou Lucas van Leyden. Albrecht Dürer allie technique et inventivité en diversifiant les thèmes.

Au XVIe siècle, l’estampe est connue de toute l’Europe, notamment en Italie, en France et aux Pays-Bas. Elle devient dès lors le principal moyen de diffuser les images.

Dans la 2e moitié du XVIe siècle la technique de l’eau forte se développe dans toute l’Europe. C’est une technique de gravure à l'acide sur une plaque de métal, généralement du cuivre, du zinc ou de l’acier. Elle permet de créer des images très détaillées, souvent avec un style proche du dessin.

Le XVIIe siècle voit l’apogée de l’estampe comme outil de diffusion des œuvres des grands peintres.

Développement de l’eau-forte expressive par Callot et Rembrandt qui est considéré comme le grand maître de l’eau forte.

Cette technique est utilisée pour illustrer des livres, diffuser des portraits, des scènes religieuses ou mythologiques.

Au XVIIIe siècle, différentes améliorations permettent des rendus plus proches du dessin. On voit un essor de l’estampe dans les salons bourgeois avec des sujets galants, des paysages, des scènes de genre.

La lithographie apparaît à la fin du siècle (1796) avec des grands noms comme Giovanni Battista Piranesi, François Boucher, Jean-Baptiste Greuze. (La lithographie est un procédé d'impression à plat basé sur le principe de répulsion entre l'eau et la graisse. Elle permet de reproduire un dessin tracé avec une encre ou un crayon gras sur une pierre calcaire ou, aujourd’hui, sur une plaque métallique. Contrairement à la gravure, la lithographie ne creuse pas le support : l’image est réalisée à la surface de la pierre.)

L’estampe devient aussi un outil politique et satirique (ex. : Hogarth en Angleterre).

Le XIXe siècle est l’âge d’or et de la diversification avec une explosion des techniques : lithographie, aquatinte, manière noire, pointe sèche.

De grands graveurs apparaissent comme Goya, Daumier, Delacroix, Fantin-Latour, Whistler, Toulouse Lautrec.

L’estampe devient populaire grâce aux journaux illustrés. Apparait aussi l’estampe japonisante et des échanges avec le Japon (Ukiyo-e influence Monet, Toulouse-Lautrec…).

Au XXe siècle, les avant-gardes explorent la gravure comme un moyen d’expérimentation : expressionnisme allemand, cubisme, surréalisme. On trouve des grands noms comme Picasso, Matisse, Miró, Chagall, Soulages.

L'estampe de Dürer s'inscrit dans la dévotion de son temps. La Vierge assise dans un beau paysage est accompagnée d'un singe enchaîné qui incarne le mal dompté par l'arrivée de l'enfant Jésus. L'âme dans la main symbolise l'âme libérée.
Dürer grave ici une oeuvre qui s'inspire de la "Vierge à l'enfant" du quattocento italien. Le paysage quant à lui montre des affinités avec l'art flamand.
Albrecht Dürer, 1471-1525_La Vierge au singe, vers 1498_Burin_Tirage posthume 

Depuis le quattrocento, les artistes tentent de reconstituer ls célèbres peintures de l'antiquité disparues dans leur totalité mais connues par leurs descriptions détaillées.
Une centauresse allaite ses petits. Elle nourrit un de ses enfants comme une humaine alors que l'autre tète à la façon des poulains. Le centaure tient un lionceau dans sa main qu'il élève au dessus de sa tête comme pour amuser ses petits.
Jan Collaert II, 1561/1566?-1628_D'après Ian Van der Straet dit Stradano (1523-1605)_Une famille de centaures, seconde moitié du XVIe siècle_Burin_Editeur Philps Gelle

Lucas Vosterman est un graveur d'interprétation, notamment au service de Rubens. En 1622, une dispute sépare les deux artistes. Il semble que Vosterman n'ait pas supporté l'autorité artistique absolue qu'exerçait Rubens sur les membres de son atelier.
Dès 1630, Vosterman a tissé des liens avec Van Dyck et de nombreuses oeuvres de ce dernier sont gravées par lui. Il représente ici Jacomo de Cachiopin, un noble portugais flamand établi comme marchand à Anvers.
Lucas Vorstermann (1595-1674)_Iacobus de Cachiopin, 1645_D'après Antoon Van Dyck (1599-1641)_Eau forte

Cette gravure est comparable à deux autres estampes de Lucas de Leyde, Vénus, Mars et Amour et Loth et ses filles, datées toutes les deux de 1530
Ces trois compositions se consacrent au pouvoir de séduction. 
Lucas de Leyde (1489 ?-1553)_Le péché d'Adam et Eve, 1530_Burin

Lucas de Leyde est un prodige admiré dans les Pays-Bas. Malgré sa courte carrière il a laissé une empreinte profonde dans l'art néerlandais.
Vers 1510, il réalise une série consacrée au christ et aux douze apôtres. Il cherche ici la plus grande sobriété. Saint Thomas prédomine dans le jeu des drapés.
Lucas de Leyde (1489 ?-1553)_Saint Thomas, vers 1510_Burin

En 1636, Rembrandt âgé de 30 ans, marié avec Saskia depuis deux ans, jouit d'une reconnaissance de plus en plus grande et les commandes de portraits affluent.
Saskia apparait ici en pleine lumière, dessinée avec beaucoup de tendresse, alors que Rembrandt a une partie du visage plongé dans la pénombre.
Rembrandt Harmensz Van Rijn dit Rembrandt (1606-1669)_Rembrandt et Saskia, 1636_Eau forte_tirage posthume

L'estampe montre le moment où le christ ressuscite Lazare quatre jours après sa mort.
Rembrandt Harmensz Van Rijn dit Rembrandt (1606-1669)_La grande résurrection de Lazare, 1632_Eau forte et burin_Editeur Henri Louis Basan entre 1789 et 1808

Matham est formé à Haarlem par son beau-père, Hendrick Golzius qui lui enseigne l'art de la gravure.
Le dieu Amour est en train de remporter la bataille contre Pan. Junon symbolise la fidélité au mariage malgré son mari volage. Elle tient une couronne dans la main destinée à Amour. A côté d'elle, Vénus lève le bras pour couronner son fils. C'est une allégorie des bienfaits du mariage.
Jacob Matham (1571-1631)_D'après Giuseppe Cesari dit il Cavaliere d'Arpino (1568-1640)_Cupidon luttant avec Pan, 1590-1600_Eau forte_Editeur Hendrick Golzius et Clément De Jonghe

Le gouverneur des Pays-Bas, Frédéric-Henri d'Orange, a commandé à Rembrandt cinq scènes autour de la Passion du christ, sujet peu courant dans l'art hollandais.
Rembrandt Harmensz Van Rijn dit Rembrandt (1606-1669)_la grande descente de croix, 1633_Eau forte et burin_Editeur Justus Danckers_tirage posthume

S'intéressant toute sa vie au sujet mariologique, Rembrandt achète aux enchères le fameux cycle sur bois de la vie de la Vierge d'Albrecht Dürer en 1638.
Datée de 1639, cette gravure figure parmi les oeuvres les plus ambitieuses réalisées par Rembrandt. Il interprète la mort de Marie avec dignité.
Rembrandt Harmensz Van Rijn dit Rembrandt (1606-1669)_La mort de la Vierge, 1639_Eau forte et pointe sèche_tirage posthume

Cette gravure figure parmi les oeuvres les plus célèbres de la période maniériste de l'artiste.
Hendrick Goltzius (1558-1617)_La chute d'care, 1588_burin

Le combat d'Ulysse et Irus a été réalisé d'après un modello peint par Cornells Cornelisz, Van Haarlem, l'un des proches amis de Goltzius. Homère dans son Odyssée raconte que le terrible mendiant Irus tente d'interdire à Ulysse, revenu discrètement chez lui à Ithaque après dix ans d'errance, l'accès à son propre palais. Ce dernier le jette par terre à coups de poing devant les prétendants au trône, prêts à se marier avec Pénélope.
Jan Harmensz Muller (1571-1628)_D'après Cornells Cornelisz, Van Haarlem (1562-1638)_Le combat d'Ulysse et d'Irus, 1589_Eau forte_collection particulière

L'oeuvre de Jacob Jordaens a été très largement diffusée par les graveurs d'interprétation. Daté de 1638, le tableau dont Bolswert s'inspire est la plus ancienne version connue du thème que Jordaens a traité de nombreuses fois : l'influence des actes des adultes sur le comportement des enfants. Le message moral, éducatif et pédagogique assure la grande popularité de ce thème.
Schelte Adamsz Bolswert (1581/1586 ?-1659)_Comme les vieux chantent, les enfants piaillent, vers 1640_Burin_Oeuvre associée : Jacob Jordaens, les enfants fredonnent la chanson du père, 1638, huile sur toile, Anvers, musée royal des beaux-arts

La scène d'intérieur représente une mère de famille qui prépare des crêpes. Plusieurs détails originaux animent la composition et lui donnent une certaine fraîcheur comme la jeune fille qui se tourne vers la porte voyant un vieillard entrer ou comme le jeune garçon heureux avec sa crêpe à la main.
Cornelis III Visscher (1628/1629?-1658)_Scène d'intérieur, famille préparant des crêpes, vers 1651_Eau forte et burin

Cornelis Visscher est apprécié pour ses portraits dessinés d'après modèles et pour de belles compositions de genre. Il est aussi un graveur d'interprétation réalisant des scènes bibliques d'après les maîtres italiens, des portraits d'après Van Dyck et des scènes de genre de paysages hollandais d'après les peintres hollandais.
Cornelis III Visscher (1628/1629?-1658)_D'après Nicolaes Pietersz (1620-1683)_Paysan près d'une femme assise sur un âne, vers 1657-1658_Eau forte

Boëtius Adams Bolswert séjourne à Amsterdam puis s'installe à Anvers vers 1617. Le tableau original a été détruit par les armées françaises en 1695. Le thème est le jugement du fils de David et de Bethsabée.
Boëtius Adams Bolswert (vers 1580-1633) d'après une oeuvres de Pierre Paul Rubens (1577-1640)_Le jugement de Salomon, vers 1630_Eau forte_Editeur Boëtius Adams Bolswert

Jan Witdoeck travaille pour Rubens à partir de 1634, après avoir été formé par Lucas Vorsterman et Cornelius Schut. La peinture a traité à plusieurs reprises la rencontre entre Abraham et Melchisédek qui préfigure l'eucharistie pour les premiers chrétiens.
Jan Witdoeck (1615-1639/1642?)_D'après l'oeuvre de Rubens (1577-1640)_Abraham et Melchisédech, 1638_Eau forte

Cornelis Schut s'est surtout distingué comme peintre d'histoire à Anvers et figure parmi les artistes baroques flamands ls plus novateurs de la première moitié du XVIIe siècle. Il travaille à Rome entre 1624 et 1627. Ce séjour lui a permis de s'inspirer du baroque italien. Dans ces deux estampes sur la vie de Saint Paul, converti par l'apparition du Christ, Schut montre une grande virtuosité.
Cornelis Schut (1597-1655)_La décapitation de St Paul_première moitié du XVIIe siècle_Eau forte

Cornelis Schut (1597-1655)_La conversion de St Paul_première moitié du XVIIe siècle_Eau forte

Waterloo est un graveur, dessinateur et peintre originaire de Lille et qui a passé son enfance à Amsterdam où sa famille faisait partie de l'église wallonne. Il voyage en Allemagne dans les années 1650. Ses paysages gravés ont inspiré ce genre aux XVIIIe et XIXe siècles.
Cette gravure s'inscrit dans une série de cinq de grands paysages forestiers des années 1680.
Anthonie Waterloo (1609-1690)_Le petit bossu, vers 1680_Eau forte_Don de Jean Achard en 1877

Schelte Adamsz Bolswert s'installe à Anvers vers 1617 avec son frère Boëtius. Avec près de 84 gravures connues de sa main, il est l'un des plus productifs graveurs d'après Rubens. Il excelle dans les paysages. Il représente ici un paysage idyllique.
Schelte Adamsz Bolswert (1586-1659)_D'après Pierre Paul Rubens (1577-1640)_Paysage avec un berger et son troupeau_première moitié du XVIIe siècle_Eau forte_oeuvre associée de P P Rubens, un paysage avec un berger et son troupeau vers 1620, huile sur bois, Londres, National Gallery

Reinier Nooms dit Zeeman (marin en néerlandais) est un peintre-graveur de marine hollandais. Cette estampe fait partie d'une série de huit feuilles.
Reinier Nooms dit Zeeman (1623-1667)_Vue de pêcheurs, d'un ketch et de deux petits bateaux sur la côte, vers 1656_Eau forte_Editeur Dancker Danckerts, Amsterdam

Jacob Isaacsz Van Ruisdael est un des plus grands paysagistes hollandais mais il n'a réalisé que treize eaux fortes.
La chaumière pittoresque qu'il représente ici est caractéristique de la Basse Saxe à la frontière germano-hollandaise. Marquée par le temps qui passe, envahie par une nature débordante. La maîtresse de maison est visible dans l'embrasure de la porte. Des retouches posthumes sur la plaque de cuivre ont été effectuées par une main inconnue. C'est une pratique courante pour les gravures rééditées afin de corriger l'usure des plaques.
Jacob Isaacsz Van Ruisdael (vers 1628-1583)_Le petit pont, 1650_Eau forte

Les salles 4 et 5 s'intitulent "l'estampe, un objet de propagande royale en France". 

Au XVIe siècle, la gravure sur cuivre française connait un développement important grâce au foyer lyonnais et l'école de Fontainebleau.
(L'École de Fontainebleau désigne deux périodes majeures de l'histoire de l'art français aux XVIe et XVIIe siècles, centrées autour du château de Fontainebleau. Elle a joué un rôle essentiel dans l'introduction et l'adaptation du maniérisme italien en France, donnant naissance à un style raffiné et ornemental qui a influencé l'art français de la Renaissance.

La première École de Fontainebleau (vers 1530–1570) se caractérise par l'utilisation d'éléments décoratifs tels que les stucs, les fresques et les grotesques, une iconographie complexe mêlant mythologie et allégories.
La seconde École de Fontainebleau (vers 1590–1610) a été relancée par Henri IV.
Cette seconde phase, poursuit l'esthétique établie par la première école. Parmi les artistes notables figurent Ambroise Dubois, Toussaint Dubreuil et Martin Fréminet. Leur travail se caractérise par des compositions plus narratives, souvent inspirées de la littérature antique et une influence persistante du maniérisme, tout en annonçant les tendances baroques et classiques.)

C'est au XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV, que l'estampe connait le plus grand succès. Le roi, conscient de la capacité de la gravure pour mettre en avant la monarchie inaugure "le cabinet du roi" en 1667 et établit un atelier de graveurs à la manufacture des Gobelins. (La Manufacture des Gobelins est une institution historique française, fondée en 1662, par Jean-Baptiste Colbert. Elle est célèbre pour sa production de tapisseries d’art destinées à la décoration des palais royaux.)

Parallèlement, l'Académie royale de peinture et de sculpture fondée en 1648 tente d'organiser et de réglementer cet art.
Le prestige de la gravure augmente avec l'entrée de nombreux graveurs à l'Académie et grâce à l'achat par le roi de la collection de Michel de Marolles (120 000 estampes).
Néanmoins, l'originalité de la gravure diminue en raison du contrôle permanent de la monarchie et de l'influence de l'académie.

Jacques de Bellange est un peintre, dessinateur et graveur à mi-chemin entre le maniérisme et les débuts de l'art baroque. Artiste officiel à la cour ducale à partir de 1602, il est "peintre pensionné" du duc de Lorraine. A sa demande il participe à de nombreux décors du château de Fontainebleau.
Il observe la réalité et représente souvent des personnes modestes.
Jacques de Bellange (avant 1575-1616)_Le mendiant à la vielle vers 1595-1616-Eau forte et burin 

Jacques Callot est un maître graveur lorrain dont le talent et l'imaginaire ont été souvent copiés. La halte fait partie d'une suite de quatre petites estampes gravées après 1621. On découvre dans ses estampes un foisonnement de petites scènes servis par de nombreux personnages et animaux.
Jacques Callot (1592-1635)_La halte des bohémiens , les diseuses de bonne aventure, 1621-1625_Eau forte et burin
et Bohémiens en marche, XIIIe siècle_Eau forte et burin

Deux oeuvres associées : Simon Vouet, le christ debout tendant le bras droit, XVIIe siècle, dessin au musée de Grenoble et saint Antoine apparaissant à saint Antoine abbé, vers 1638-1639, huile sur toile au musée de Grenoble.
Michel d'Origny (1616-1649) d'après Simon Vouet_Le christ apparaissant à saint Antoine, abbé_Eau forte_don d'Alexandre Debelle en 1858

Cette oeuvre a été commandée à Simon Vouet vers 1638 pour orner l'autel d'une chapelle privée dans l'église de l'oratoire de Paris. Cette oeuvre correspond au programme de renouvellement religieux souhaité par la Contre-Réforme au moyen d'images puissantes.
Simon Vouet (1590-1649) _Le christ apparaissant à saint Antoine, abbé, vers 1636-1639_huile sur toile

Gravée par Picart et son atelier, cette estampe représente le plafond de la chapelle du château de Sceaux. Elle offre un aperçu du décor peint par Charles le Brun, disparu lors de sa destruction en 1801.
La décoration de la chapelle est confiée au peintre entre 1672 et 1674 par JB Colbert. Ce dernier fait construire une chapelle dédiée à st Jean Baptiste. Le sujet commandé à Charles Le Brun pour la coupole est le triomphe de la nouvelle loi chrétienne sur la précédente et la victoire du nouveau testament sur l'ancien. Dieu se trouve au centre de la composition soutenu par des angelots, accompagnés de quatre anges symbolisant la loi naturelle, la loi de Moïse, la loi des évangiles et celle de la grâce
Bernard Picart et atelier (1673-1733)_d'après Charles Le Brun (1619-1690)_Coupole de la chapelle du château de Sceaux, 1724_Eau forte et burin

Cette peinture est visible dans la salle 10 du musée de Grenoble.
Originaire de Bruxelles, Van der Meulen s'installe à Paris en 1664.. Il travaille sous la direction de Charles Le Brun aux Gobelins à la réalisation de cartons de tapisserie illustrant l'histoire du roi, cette peinture s'inscrit dans ce contexte. Il est apprécié pour sa capacité à retenir les moments importants de l'histoire du royaume et de rendre avec vérité des scènes  peuplées de nombreux personnages. 
Le sujet de ce tableau se réfère au "Lit de justice" du 22 décembre 1665, où Louis XIV réduit le parlement de Paris à l'obéissance.
Adam Frans Van Der Meulen (1632-1690)_Marche du roi accompagné des ses gardes passant sur le pont neuf et allant au palais, vers 1666_Huile sur toile

La marche du roi fait partie d'un album factice de douze estampes de grand format. Cette composition a été gravée par Jan Van Huchtenburgh, collaborateur et ami de Adam Frans Van Der Meulen.
Elle est constituée de trois planches et atteint presque 1 mètre.
Jan Van Huchtenburgh (1647-1733)_d'après Adam Frans Van Der Meulen (1632-1690)_Marche du roi accompagné des ses gardes passant sur le pont neuf et allant au palais, vers 1666_Eau forte_Editeur Adam Frans

C'est l'une des pièces les plus élégantes et poétiques des quarante gravures qui composent l'oeuvre de Laurent de la Hyre.
Au cours de son apprentissage auprès de son père puis dans l'atelier de Georges Lallemant, il étudie d'abord la peinture à la manière maniériste de l'école de Fontainebleau. Il se détourne rapidement de ces modèles pour puiser l'inspiration dans une vision idéalisée de l'antiquité grecque.
Laurent de la Hyre (1606-1656)_La vierge, l'enfant jésus et saint Jean prosterné, 1640_Eau forte et burin-Editeur Herman Weyen

Sébastien Bourdon a une jeunesse nomade. Vivant de sa peinture, il séjourne à Rome avant de s'installer à Paris. En 1648, il entre à l'Académie Royale de peinture et de sculpture et est considéré comme l'un des peintres majeurs du classicisme français (composition équilibrée, couleurs simples).
Il représente ici un épisode du Nouveau Testament.
Sébastien Bourdon (1616-1671_Le songe de saint Joseph, 1632-1658_Eau forte et burin_Editeur, Pierre Mariette

Gabriel Perelle travaillait avec ses deux fils, Adam et Collignon. Il a réalisé plusieurs centaines de gravures tant d'après ses propres dessins que de ceux d'Israël Silvestre, Jacques Callot, Michel Corneille l'ancien.
Gabriel Perelle (1604-1677)_L'esté_XVIIe siècle_Eau forte_Editeur Nicolas de Poilly

Fils du graveur Gabriel Perelle, Adam travaille dans l'atelier familial. Avec son frère Nicolas, ils produiront plus de 1300 paysages. Bénéficiaire du titre de graveur du roi, il enseigne aussi le dessin et la peinture dans la haute société.
Adam Perelle (1640-1695)_Paysage avec tours_XVIIe siècle_Eau forte_Editeur Nicolas de Poilly

La salle N° 6, nous montre comment La Renaissance italienne se diffuse en Europe.

La diffusion de la Renaissance italienne en Europe s'est faite progressivement entre le XVe et le XVIe siècle, par plusieurs canaux.

D’abord par les guerres et les contacts politiques, par le commerce, les marchands et les banquiers, par l’imprimerie , par les Académies et Universités et par les artistes et les intellectuels.

Dès les années 1470, la gravure joue un rôle essentiel dans la diffusion des idées de la Renaissance italienne. 

D'abord pratiquée sur le bois, elle évolue rapidement vers la gravure au burin, permettant de reproduire peintures et décors. 

Des artistes comme Mantegna contribuent à son développement facilitant la propagation de l'esthétique italienne en Europe.

Dès le XVe siècle, des graveurs romains reproduisent les oeuvres de Raphaël et Michel Ange. Les estampes deviennent un outil essentiel pour la formation des artistes.

Au XVIIe siècle, la gravure évolue en un art d'interprétation.


Dès les années 1530, François Ier rassemble à Fontainebleau de nombreux artistes italiens, français et des Pays Bas, afin de transformer la forteresse médiévale en palais de la Renaissance.

les peintres italiens, Rosso Fiorentino et le Primatice jouent un rôle clé dans a décoration du château, créant plusieurs ensembles décoratifs. Un important atelier de gravure voit le jour pour diffuser les décors réalisés par les peintres.

Fantuzzi est le graveur le plus important de cette école, il grave à l'eau forte, technique qui fait son apparition en France et sera le principal interprète des décors de Rosso Fiorentino et du Primatice et des dessins de Jules Romain et du Parmesan.

Antonio Fantuzzi_D'après Girolamo Francesco Maria Mazzola dit Il Parmigianino (1503-1540)_Le supplice de Marsyas, vers 1542-1548_Eau forte_Oeuvres associées : Il Parmigianino, le supplice de Marsyas, 1525-1530, plume et encre  brune et noire avec lavis brun, rehauts de gouache blanche sur papier Washington, National Gallery of arts, Il Parmigianino, Esquisse pour le supplice Marsyas, Florence, Galerie des offices

Dès son inauguration en 1541, la fresque du jugement dernier suscite une diffusion rapide sous forme de copies peintes et gravées qui circulent dans toute l'Europe.
Fils d'un orfèvre parisien Léonard Gaultier s'est probablement formé dans l'entourage du peintre Antoine Caron. Il s'établit comme graveur rue saint Jacques, où se concentre le marché de l'estampe parisienne du XVIe au XVIIIe siècle. Il a produit près d'un millier de gravures d'une grande variété de sujets, incluant des portraits, des images religieuses et mythologiques et des illustrations d'ouvrages
Léonard Gaultier (vers 1560-après 1635)_D'après Michelangelo Buonarroti dit Michel-Ange (1475-1564)_Le jugement dernier_fin du XVIe début du XVIIe siècle_Eau forte_Oeuvre associée à Michel-Ange, le jugement dernier, chapelle sixtine

Stefano della Bella (1610-1664)_La galère dont le pont est couvert de voiles_vers 1654_Eau forte

Giovanni Castiglione est l'un des peintres graveurs les plus originaux du XVIIe siècle. Dans sa peinture comme dans ses graphiques il privilégie les scènes champêtres, les sujets religieux et les compositions symboliques.
Cette gravure est l'une des plus énigmatique et des plus exceptionnelle de Castiglione. Elle fait allusion à la nature éphémère de la vie. L'inscription latine pourrait évoquer la permanence de la temporalité humaine après la mort. Les monuments, les trophées d'armes et les bas-reliefs qui entourent les personnages pourraient participer à cette signification.
Giovanni Benedetto Castiglione dit il Grechetto (1609-1664)_Temporalis Aeternitas (les quatre savants), 1645_Eau forte et burin_Editeur, Giovanni Domenico De Rossi

Réalisée à la fin des années 1640, la suite des Grandes têtes témoigne de l'intérêt de Castiglione pour les eaux fortes de Rembrandt. Chaque tête de la série est traitée de manière unique, dans différentes postures et costumes.

Giovanni Benedetto Castiglione dit il Grechetto (1609-1664)_Vieillard à grande barbe, 1640-1645_Eau forte, 1645_Eau forte et burin_Editeur, Giovanni Domenico De Rossi

A la fois peintre, graveur, poète, acteur et musicien Rosa est une des personnalités les plus extraordinaires de l'Italie du XXVIIe siècle. Dans ses peintures comme dans ses gravures il fait preuve d'une imagination riche et fantasque.
Les gravures et le style de Rosa ont eu une grande influence sur les artistes dès la fin du XVIIe siècle et au cours du XVIIIe siècle dans toure l'Europe
Salvator Rosa (1615-1676)_Le sauvetage de l'enfant Œdipe, 1663_Eau forte

Wenceslaus Hollar est un graveur productif qui signé plus de 2700 estampes. Ses premières estampes témoignent de sont intérêt pour les peintres graveurs du XVIe siècle. Il copie Albrecht Dürer notamment. Après son départ de Prague pour l'Allemagne en 1627, il réalise de nombreuses eaux fortes à caractère populaire, des topographies des villes, des caricatures, des cartes, des portraits et des estampes de mode.
Au cours de sa période anglaise il se met au service de plusieurs collectionneurs et se spécialise dans l'interprétation de la peinture.
Ce portrait appartient à une série de dix eaux fortes d'après des portraits italiens.
Wenceslaus Hollar (1607-1677)_D'après Tiziano Vecello dit Titien (1488-1576)_Portrait du poète Pietro Aretino, 1649_Eau forte_Editeur Franciscus van den Wyngarde_oeuvre associée d'après Titien, portrait de Pietro Avetino, huile sur toile, 1516_Collection Koelliker

Joannes Galle (1600-1676)_D'après Jan Van der Straet (1523-1605)_L'atelier d'un imprimeur d'estampes à la fin du XVIe siècle_Eau forte_Musée Plantin -Moretus, Anvers

Diana Scultori (1547-1612)_D'après Giulio Pippi dit Giulio Romano (1499-1546)_Le corps de Patrocle retiré du combat entre les grecs et les troyens_2e moitié du XVIe siècle_Gravure au burin


La salle 7 nous parle des ateliers de gravure qui au XVIIIe siècle étaient très souvent des affaires de famille, particulièrement dans les grandes capitales artistiques comme Paris, Rome, Amsterdam ou Londres.
Les techniques de gravure (burin, eau-forte, aquatinte, etc.) nécessitaient des années d’apprentissage, souvent débutées très jeune, de ce fait les fils (et parfois les filles) d’un graveur apprenaient directement à l’atelier, souvent dès l’adolescence.
Le métier et le style se transmettaient, ce qui permettait de la sorte la pérennité artistique et économique de l’atelier.
Des dynasties de graveurs illustrent le développement de la gravure en taille douce et son organisation familiale.
On peut citer les Tardieu (France) qui est une dynastie de graveurs réputés, actifs à la cour.

Les Audran qui est une autre famille française spécialisée dans la gravure d’interprétation de peintures.

Les Remondini (Italie, Bassano del Grappa) tiennent une  maison d’édition et d’imagerie religieuse et populaire, très prospère, fonctionnant en entreprise familiale.

Les Sadeler (Pays-Bas puis Allemagne) qui est une dynastie active sur plusieurs générations à travers l'Europe.

Issu d'une lignée de peintres et graveurs talentueux, Benoît II Audran  est formé par son père Jean. Il a produit de nombreuses planches pour les recueils de gravures d'interprétation.
Benoît Audran (1698-1772)_D'après Paolo Caliari dit Véronèse (1528-1588)_Les pèlerins d'Emmaüs, 1754_Eau forte Editeur Benoît Audran .

Benoît Audran le Vieux (1661-1721)_D'après Eustache le Sueur (1616-1655)_Le martyr de st Laurent (fin du XVIIe, début du XVIIIe siècle)_Eau forte et burin_Editeur Benoît Audran, Boughton House, Kettering, Angleterre

La dynastie Audran compte cinq générations de graveurs, d'ornemanistes et de peintres français au XII et XVIIIe siècle, implantées à Paris et à Lyon, dont le plus réputé est Gérard Audran.
La gravure d'Audran réalisée vers 1690, d'après le tableau de Nicolas Poussin montre que le tableau était déjà célèbre et se trouvait sans doute à Paris à ce moment là.
Gérard Audran (1640-1703)_D'après Nicolas Poussin (11594-1665)_L'empire de Flore, vers 1690_Eau forte _Editeur Gérard Audran_Oeuvre associée : Nicolas Poussin, l'Empire de Flore, 1631, huile sur toile, Dresde, Gemäldegalerie Alte Meister

Louis Audran élève de son oncle Gérard a laissé peu de gravures mais les Œuvres de miséricorde d'après Bourdon constituent ses plus belles pièces.
La série est dédiée à Colbert et a été exécutée pendant les dernières années de vie de Bourdon. 
Louis Audran (1670-1712)_D'après Sébastien Bourdon (1616-1671)_Les oeuvres de miséricorde : Job soulage les pauvres et leur fait distribuer de l'argent et des vêtements_Vers 1670-Eau forte et burin

Poussin a réalisé Moïse frappant le rocher pour Stella en 1648. En 1657, la mort de ce dernier, sa mère et héritière universelle fait choisir à ses neveux et nièces un tableau parmi les originaux peints par Poussin que Stella possédait. Antoine Bouzonnet-Stella choisit le frappement du rocher qui lui a été remis le 23 août 1658. A la mort d'Antoine le tableau passe à sa soeur Claudine Bouzonnet-Stella qui la grave et l'édite en 1687.
Claudine lègue à son cousin Michel de Masso la totalité des planches de cuivre gravées par elle et ses sœurs ainsi que l'ensemble des impressions qui en avaient été faites.
Le cuivre a été ensuite achetée par l'Académie Royale et est aujourd'hui conservé à la Chalcographie du Louvre.
Claudine Bouzonnet-Stella (1636-1697)_D'après Nicolas Poussin (1594-1665) et d'après Antoine Bouzonnet-Stella (1637-1682)_Moïse frappant le rocher, 1687_Eau forte_Editeur Claudine Bouzonnet-Stella _Oeuvre associée ; Nicolas Poussin, Moïse frappant le rocher, 1649, huile sur toile, Saint Petersbourg, musée de l'Ermitage

Antoine Bouzonnet-Stella (1637-1682)_D'après Nicolas Poussin (1594-1665)_Moïse frappant le rocher, vers 1650_Huile sur toile

Daté de 1629, saint Jean Baptiste au désert est une des premières productions gravées par Melan. C'est un de ses chefs-d'oeuvres
Claude Mellan (1598-1688)_Saint Jean Baptiste au désert, 1629_Eau forte et burin

La famille Sadeler est la plus importante des dynasties de graveurs, éditeurs et marchands d'estampes flamands, dominants le marché en Europe du Nord du XVIe siècle au XVIIe siècle sur trois générations, dans le Saint empire germanique, en italie en Bohême et en Autriche. Installé à Prague à partir de 1597.

Jan I Sadeler dit Sadeler l'Ancien (1550-1660)_D'après Jacopo Bassano (1515-1592)_L'appel d'Abraham, 1595-1598_Burin


Les salles 8, 9 et 10 sont consacrées au XVIIIe siècle considéré comme l'âge d'or de la gravure en France qui se caractérise par le collectionnisme et une période d'expérimentation technique et esthétique.
A cette période, la gravure garantissait aux artistes des revenus stables et favorisant la diffusion artistique et intellectuelle. D'abord centrée sur la littérature, l'illustration évolue vers des images scientifiques après 1750.
Le marché de l'art se développe avec l'augmentation du nombre des collectionneurs influencés par les ventes aux enchères et les conseils d'experts. Le développement de la gravure est marqué par des innovations techniques comme la "manière au crayon" et "l'aquatinte", inventée en 1762. L'aquatinte est une technique de gravure utilisée en eau-forte pour produire des zones d’ombre et des effets de tons et de textures dans une image.
L'estampe est devenue un outil essentiel de la diffusion de l'art et des idées en Europe. 
Elles illustrent des évènements historiques, représentant les grands de ce monde reproduisant des oeuvres d'art et à proposer  des images religieuses.
La gravure d'interprétation domine largement en France au XVIIIe siècle et connait un haut degré de perfection.
La publication des estampes, annoncée dans le Mercure de France, permet aux artistes de bien gagner leur vie et les peintres bénéficient d'une forte diffusion de leurs oeuvres par l'image imprimée.
Les peintres se voient confier l'illustration des grands textes littéraires comme ceux de Molière ou de La Fontaine.
A partir de 1750, des images à caractère scientifique accompagnent les ouvrages encyclopédiques comme l'histoire naturelle de Buffon et l'encyclopédie de Diderot.

Cette estampe a été commandée pour le recueil Crozat ou recueil d'estampes, d'après les plus beaux tableaux et d'après les plus beaux desseins qui sont en France dans le cabinet du roi, dans celui de Monseigneur le Duc d'Orléans et dans bien d'autres.
Divisé suivant différentes écoles, avec un abrégé de la vie des peintres et d'une description historique du tableau.
C'est un catalogue d'oeuvres reproduites en estampes et édité en deux parties en 1729 et 1742. L'éditeur fait appel à de nombreux graveurs pour de projet d'importance.
François Joullain (1697-1778)_D'après Véronèse (1528-1588)_Apollon écorchant Marsyas, 1742_Eau forte_Editeur, imprimerie royale 

Comme de nombreux graveurs de la première moitié du XVIIIe siècle, Dupuis participe à la réalisation du recueil Crozat.
Pierre Crozat, un financier parisien, voulait faire reproduire par l'estampe sa riche collection de tableaux ainsi que celle du duc d'Orléans. Il veut publier huit volumes illustrant toutes les écoles de peintures présentes dans les deux collections.
Finalement seuls deux volumes paraissent, le premier est consacré à l'école romaine et le second à l'école vénitienne, dont cette gravure est issue.
Afin de reproduire les oeuvres avec fidélité, Crozat demande aux 36 artistes qui participent au recueil, de graver directement devant l'oeuvre.
Nicolas Gabriel Dupuis (1698-1771)_D'après Paolo Callari di Véronèse (1528-1588)_L'adoration des Mages, 1742_Eau forte et burin_Editeur, imprimerie royale de Paris

Après avoir été reçu membre de l'académie de Copenhague, Nicolas de Launay est agréé de l'académie royale de peinture et de sculpture en 1789, puis devient graveur du roi.
Dans un modeste intérieur paysan, une jeune femme guide les pas d'un enfant qui tient un fouet à la main. A droite une fillette regarde son reflet dans une casserole.
Nicolas de Launay (1739-1792)_D'après Sigmund Freudenberger (1745-1801)_La complaisance maternelle, 1775_au forte

A la tête d'un important atelier, Le Bas forme de nombreux graveurs de l'âge d'or de la gravure française au XVIIIe siècle. Il a produit plusieurs centaines d'estampes dont la plupart étaient gravées à l'eau forte par ses élèves et terminées par lui au burin. Weisbrod fait parti des petites mains de l'atelier, qui malgré son nom gravé sur la plaque de cuivre, est aujourd'hui tombé dans l'oubli. Il a néanmoins participer à de nombreux chantiers comme le recueil d'antiquités romaines ou Voyage en Italie édité par Bassan en 1769, le recueil d'estampes gravées d'après les tableaux du cabinet du duc de Choiseul (1771) et la galerie des peintres flamands, hollandais et allemands de le Brun (1792).
Carl Wilhem Weisbrod (1743-1806) et Jacques Philippe le Bas (1707-1783)_D'après Nicolaes Pietrersz Berchem (1621/1622?-1683)_Le retour à la ferme, 1775_Eau forte et burin

Jean-Charles Le Vasseur (1734-1816)_D'après Jean-Baptiste Greuze (1725-1805)_La veuve et son curé_Fin du XVIIIe siècle_Eau forte et burin_Editeur Levasseur Paris

Dominique-Vivant Denon (1747-1825)_D'après Constantijn Van Renesse (1626-1680_Le bon samaritain, 1795_Eau forte_oeuvre associée, Constantijn Renesse, la parabole du bon samaritain, vers 1650, musée du Louvre

Cette estampe est une collaboration entre le buriniste Le Bas et l'aquafortiste Martini.
Jacques Philippe Le Bas (1707-1783) et Pietro Antonio Martini (1739-1798)_D'après David II Teniers le jeune (1610-1690)_Le marché à faire, 1774_Eau forte, burin, pointe sèche_Editeur Pierre-Jean_Oeuvre associée, David Teniers le jeune, le marché à faire, huile sur toile8Hazebrouk, musée des augustins

Lempereur devient en 1776, membre de l'académie royale de peinture et de sculpture après sa nomination comme graveur du roi. Il grave d'après de nombreux artistes avec un prédilection pour ceux du XVIIIe siècle français.
L'estampe est dédiée au Comte de Clermont, Louis de Bourbon-Condé, grand protecteur des arts.
Lempereur suit la mode de son temps qui met en scène la joie de vivre et la richesse des Flandres.
Louis-Simon Lempereur (1728-1817) D'après David Teniers (1610-1690_Les délices des Flamands, vers 1750_Eau forte

Piranesi a une double formation d'architecte et de graveur qui le conduit à privilégier des thématiques autour de l'architecture.
Il a 25 ans quand il commence à travailler sur le thème des prisons imaginaires.
La série "Le Carceri d'invenzione" paraît pour la première fois vers 1749-1750 et comporte 14 planches dont fait partie cette feuille.
La seconde édition en 1761, est remaniée et compte deux planches supplémentaires.
Déployant un imaginaire très personnel, Piranesi nous amène dans des geôles démesurées à l'atmosphère sombre et minérale où errent des silhouettes fantomatiques des prisonniers.

Adolphe Appia_Une mare (environ de Roussillon)_1967_détail_gravure à l'eau forte_Musée de Grenoble

Le nombre de collectionneurs augmente à Paris au XVIIIe siècle .
La publicité et l'organisation des ventes aux enchères donnent à partir de 1730, un élan considérable au marché de l'art.
Le commerce s'intensifie et donne un nouveau goût pour la collection.
Les marchands comme Mariette et Le Brun prospèrent.
Dans ce contexte les collectionneurs ne sont plus de simples amateurs mais des connaisseurs de l'estampe.
Le plaisir de collectionner est cependant réservé aux plus fortunés.
L'aristocratie et la bourgeoisie financière concurrencent le mécénat royal pour les commandes et les influences artistiques.

On peut constater que les collectionneurs d'estampes n'hésitaient pas à couper les marges des feuilles pour les adapter aux dimensions des albums.
Album d'estampes constitué par un collectionneur_XVIII-XIXe siècle

Gaveur, imprimeur et marchand d'estampes puis libraire, Jean Mariette (1680-1742) faisait partie d'une importante dynastie de marchands et d'amateurs d'estampes. Il était réputé pour être le meilleur connaisseur de l'époque.
Antoine Pesne (1683-1757)_Portrait de Jean Mariette, 1723_Collection musée Carnavalet, Paris

Le lyonnais Jean Jacques de Boissieu est l'un des graveurs français les plus connus de la fin du XVIIIe siècle. Il se consacre à la gravure en imitant les graveurs néerlandais du XVIIe siècle avec une préférence pour le paysage, la scène de genre et le portrait.
les estampes de Boissieu rencontrent un grand succès en raison de leurs qualités techniques et leurs thématiques proche de la sensibilité de l'époque. Cette estampe est une des plus célèbre de l'artiste. Il l'offre au musée de Grenoble au moment de sa fondation.
Dans cet autoportrait, De Boissieu affirme sa qualité d'artiste.
Jean jacques de Boissieu (1736)1810)_Jean Jacques de Boissieu portrait de l'auteur, 1795_Eau forte, pointe sèche et roulette sur chine appliqué

Peintre et graveur, Fragonard est le principal représentant du style rococo français. Il pratique l'eau forte de manière occasionnelle. 
Cette eau forte fait partie d'une série de 16 réalisée par Fragonard à partir des dessins qu'il avait fait en Italie quelques années plus tôt.
Jean Honoré Fragonard (1732-1806)_D'après Jacopo Robusti dit il Tintoretto (1518)1594)_Les disciples au tombeau, 1764_Eau forte_Oeuvre associée, Jacopo Robusti, église san Rocco à Venise

Ce détail d'une gravure représente deux musiciens sculptés par Coustou dans la chapelle saint Grégoire du dôme des Invalides. Elle fait partie d'un livre intitulé L'histoire de l'hôtel royal des invalides, publié en 1736 et illustré de 104 planches.
Un ensemble de 39 dessins préparatoires, conservés au musée de Grenoble, témoigne du processus de gravure de Cochin père. 
la majorité sont des contre-épreuve permettant au graveur d'inverser sa composition.
Il couvre ensuite le revers de sa feuille de sanguine, puis incise le dessin retourné pour le reporter sur le cuivre verni.
Après cela il peut commencer le travail de gravure à l'eau forte en suivant les traits.
Charles Nicolas Cochin père (1688-1754)_D'après Nicolas Coustou (1658-1733)_Deux anges musiciens, 1736_Eau forte et Deux anges musiciens, avant 1736, dessin à la sanguine

L'essor de la gravure au XVIIe siècle s'accompagne de nombreuses expérimentations comme la manière de crayon imitant la pierre noire et la sanguine, ou la manière de lavis. Parmi les nouvelles techniques, l'aquatinte est celle qui est le plus inscrite dans la durée.
Inventé en 1762, c'est un procédé de gravure en creux permettant de créer des ombres et des dégradés sur un plaque de métal. L'artiste applique de la résine en poudre sur la plaque, puis l'acide y crée des textures produisant des effets ressemblant à des lavis ou des ombres.
La gravure sur bois décline avec l'arrivée de la gravure sur cuivre.
 A la fin du XVIIIe siècle un graveur anglais développe la gravure sur bois de bout. Elle consiste à utiliser un bloc de bois de buis perpendiculairement aux fibres du bois et à le graver avec des burins. Cela permet d'obtenir des images avec des détails d'une grande finesse. Cette technique sera très utilisée dans la presse et l'édition.

En 1756, Charpentier invente la gravure en aquatinte imitant le lavis. Les traits principaux du dessin sont tracés à la pointe sur le cuivre, puis on le recouvre d'une fine couche de résine. L'acidité versé sur la planche attaque le métal, dans les intervalles entre les grains de résine. Le résultat donne un ton uniforme et doux.
L'aquatinte permet à Charpentier de reproduire des dessins à l'encre de Fragonard et de Boucher.
Cette invention lui vaut le titre de "mécanicien du roi", ainsi qu'un logement au palais du Louvre.
François Philippe Charpentier, 1734-1817_D'après Giovanni Francesco Barbieri dit le Guerchin (1591-1666)_La décollation de Saint Jean Baptiste_deuxième moitié du XVIIIe siècle Aquatinte

Palmieri dessine et grave des scènes de la vie quotidienne, des paysages, des batailles. Il travaille en Italie puis à Paris à partir de 1773, avant de retourner en Italie. Il pratique l'aquatinte.
Pietro Giacomo Palmieri le Vieux, 1737-1804_L'occupation champêtre, vers 1773_Aquatinte en manière de lavis

Gilles Demarteau, 1722-1776,_D'après Carle Van Loo (1705-1765)_Soldats armés de pique devant une barque, 1756-1776_Gravure en manière de crayon

S. Magdelin_D'après Firmin Gautier (1838-1877_Granoble au XVIIIe siècle, 1868_xylographie sur bois de bout_Imprimeur Dardelet, Grenoble

Dans ses recherches autour de la gravure, Daubigny va tester différentes techniques comme l'eau forte, le verni mou et l'aquatinte.
Il réalise l'abreuvoir à l'époque où il travaille pour le compte de la chalcographie du Louvre (atelier d'impression d'estampes).

Charles François Daubigny, 1817-1878_D'après Claude Gellée dit le Lorrain (vers 1600-1682)_L'abreuvoir, 1849_Eau-forte et aquatinte

Ernest de Toytot_Voyage à Grenoble à la Salette_illustré par Etienne Dardelet_Edition Baratier frères et fils, Grenoble 1863

Papillon est un graveur sur bois parisien d'une lignée de graveurs originaire de Rouen. Il contribue au développement de la gravure sur bois dans toute la France.

Jean Baptiste Michel Papillon, 1698-1776_Traité historique et pratique de la gravure en bois_2 volumes, 1766_Bibliothèque d'Etude et du patrimoine, Grenoble

La salle 11 est consacrée au règne de l'image au XIXe siècle. La production d'estampes explose au XIXe siècle, grâce à la mise au point de deux techniques nouvelles, la lithographie et la gravure sur bois de bout.
Deux isérois, Henri Leriche en 1888 et Charles Dupont en 1900, se sont distingués à l'épreuve du prix de Rome.

Honoré Daumier, 1808-1879_L'amateur d'estampes, vers 1860_Huile sur toile_Paris, Petit Palais.

Henri Leriche est un peintre graveur qui s'exprime par le dessin, l'illustration, la peinture de chevalet et murale et différentes techniques de gravure.

Portrait de femme, vers 1920_Gravure au burin sur Chine appliqué_collection privée

Charles Henri Dupont est considéré à son époque comme un virtuose de la gravure de reproduction des peintres comme Watteau, Rubens ou Meissonnier. Il étudie à l'école de moulage artistique de Grenoble puis à l'école des Beaux Arts de Paris. Il a principalement travaillé pour des éditeurs d'estampes.

Charles Henri Dupont dit Carle Dupont, 1872-1930_Portrait du connétable de Lesdiguières_1907_Eau forte_Edition de la Société des amis de la gravure du Dauphiné

Auguste Delâtre a été un des plus importants imprimeurs d'art à Paris, particulièrement pour les peintres graveurs du courant impressionniste. Il a pratiqué la gravure comme terrain d'expérimentation pour l'estampe en couleur.

Alphonse Legros, 1837-1911_Portrait de Monsieur Auguste Delâtre, imprimeur_1855-1865_Eau forte, pointe sèche

Delacroix s'essaye à la gravure à l'âge de seize ans et à la lithographie trois ans plus tard.

La lithographie l'intéresse pour sa facilité après avoir vu celle de Guéricault et de Goya.

Eugène Delacroix, 1798-1863_Frédéric Villot, 1809-1875_Le Christ au roseau-1833_Eau forte_Leg de Leonce Mesnard, 1890

Félix Braquemond est à la fois peintre, céramiste décorateur et auteur, mais il est surtout connu comme l'un des plus importants graveurs de son époque. 
Il joue un rôle important dans le renouveau de la gravure, encourageant Manet, Degas et Pissaro à expérimenter cette technique.
Cette planche a été publié dans l'album de la Société des aquafortistes
Félix Braquemond, 1833-1914_Les cigognes-1866_Eau forte et pointe sèche

Les salles 12 et 13 sont consacrées aux peintres-graveurs et au renouveau de la gravure. 

Alfred Cadart fonde la Société des aquafortistes en 1862, avec l'ambition de redonner toute sa place à l'eau forte de peintres éclipsées par la lithographie.

329 planches inédites de 133 artistes sociétaires sont éditées entre 1862 et 1867.

A Bruxelles, Félicien Rops fonde en décembre 1869, la Société Internationale des aquafortistes.

Au XIXe siècle, la peinture de paysage prend une grande part dans les oeuvres des peintres. Elle cherche à rompre avec l'académisme et ses règles de composition.

L'étude en plein air se répand aidée par le développement des chemins de fer et l'invention de la peinture en tube.

les artistes comme Corot vont relancer la tradition du paysage gravé.

Louis Gaillac, 1849-1930_L'épreuve d'eau forte-1894_ Huile sur toile_Musée des Beaux Arts de Dijon

Jean Jacques de Boissieu a représenté à plusieurs fois ce monument antique qu'il a vu lors de son voyage à Rome en 1765-1766. Toutefois son approche n'est pas archéologique.

Jean jacques de Boissieu, 1736-1810_La tour de Metellus-1797_Eau forte, pointe sèche et roulette sur Chine.

Cette estampe de Charles François Daubigny a été publiée dans l'Album de la Société des aquafortistes en 1862.

Charles François Daubigny, 1817-1878_Parc à moutons, le matin-1860_Eau forte

Les premières gravures de Jean Alexis Achard sont exécutées d'après ses tableaux.

Jean Alexis Achard, 1807-1894_Les grands arbres_Eau forte

Johan Barthold Jongkind, peintre et graveur néerlandais, arrive à Paris en 1846. Il découvre l'Isère en 1873 à l'occasion d'une visite familiale et s'installe à la Côte st André en 1878.
En 1862, il publie le premier recueil de ses gravures "Cahier de six eaux fortes vues de Hollande". Son style très graphique ne fait pas l'unanimité. Il n'en réalisera qu'une vingtaine.
Johan Barthold Jongkind, 1819-1891_Sortie du port de Honfleur-1864_Eau forte_Legs de Léonce Mesnard en 1890

Daubigny devient à 17 ans restaurateur de tableaux au Louvre et au château de Versailles. Après un séjour en Italie, il entre à l'école des Beaux Arts. En 1848, il travaille à la chalcographie du Louvre où il simplifie le procédé de gravure à l'aquatinte.
Charles François Daubigny, 1817-1878_Les charrettes de roulage; souvenir du Morvan-1850_Eau forte et procédé dit "à la cravate" sur Chine.

Corot, chef de file des paysagistes réalistes est toujours à la recherche des beaux sujets. Dès les beaux jours, il quitte Paris pour rejoindre Barbizon, la Normandie, le Dauphiné ou la Provence. Ce n'est qu'en 1845, qu'il gravera à l'eau forte.
Comme Achard, Corot dessine d'instinct sur la plaque avec une grande liberté. En quelques traits rapides et succincts, tous les éléments du paysage sont en place.
Camille Corot, 1796-1875_Ville d'Avray. Le bateau sous les saules-1857_Eau forte

La lithographie, inventé à la fin du XVIIIe siècle en Allemagne par Aloÿs Senefelder va révolutionner l'histoire de la gravure.
C'est une technique d'impression à plat où un dessin est exécuté sur une pierre calcaire. L'encrage adhère uniquement sur les zones dessinées, permettant de reproduire le dessin sur du papier.
La lithographie permet ainsi un grand nombre de tirages sans que la qualité diminue.
Elle est utilisée pour illustrer les journaux, les livres, les publicités, affiches...

Nicolas-Toussaint Charlet, 17992-1845_Le marchand de lithographies_vers 1819_lithographie_Musée Carnavalet, Histoire de Paris

Godefroy Engelmann, participe à la diffusion de la lithographie en France dès 1815. Il développe un empire industriel à Mulhouse, Paris, Londres, Saint Petersbourg, pour répondre à une demande grandissante. Il est l'auteur du manuel du "Manuel du dessinateur lithographe ou description des meilleurs moyens à employer pour faire des dessins sur pierre dans tous les genres connus" 1823
Godefroy Engelmann, 1788-1839_Album contenant 104 lithographies_L'heureuse famille_première moitié du XIXe siècle_Lithographie_Don de la galerie Talabardon et Gautier en 2020

Peintre, sculpteur, graveur et caricaturiste, Daumier illustre par ses oeuvres la vie sociale, politique et juridique de son époque.
Ses premières lithographies paraissent dans le journal de la Silhouette en 1828 et il commence la caricature politique en 1830 pour la revue Caricature.
La loi sur la presse du 9 septembre 1835 qui autorise à réprimer "tout dessin, toute lithographie, toute gravure injurieuse à l'égard du roi, les chambres ou le gouvernement" ne lui permet pas de continuer sur cette voie.
Il se concentre alors sur les mœurs bourgeoises.
Il a produit plus de 4 000 lithographies.
Dans "le ventre législatif", il ridiculise trente cinq membres conservateurs de la Chambre des Députés, caricaturés mais parfaitement identifiables.
Honoré Daumier, 1809-1879_Le ventre législatif. Aspect des bancs ministériels de la Chambre improstituée de 1834_lithographie au crayon et au pinceau

Toulouse Lautrec découvre la technique de la lithographie après avoir vu l'affiche de Bonnard "France Champagne" de 1891.
Depuis la loi du 29 juillet 1889 qui autorise la liberté de la presse, les affiches se multiplient sur les murs.
"Le tocsin" est la seconde affiche que le directeur de La Dépêche de Toulouse commande à Toulouse-Lautrec pour lancer le roman feuilleton de Jules de Gastyne.
Henri de Toulouse-Lautrec, 1864-1901_Le tocsin ou la châtelaine_1895_Lithographie au pinceau et au crachis en deux couleurs

Le sujet de cette lithographie était destiné au programme du concert-conférence du 30 mars 1895 à l'occasion de la fermeture de la soupe populaire du 17e arrondissement de Paris.
Théophile-Alexandre Steinlen, 1859-1923_En attendantI_1895_Lithographie

Peintre, dessinateur, lithographe et photographe, Victor Cassien débute une production importante dans les années 1830. Il illustre notamment, l'Album du Dauphiné réalisé en collaboration avec Alexandre Debelle.
En 1842, il quitte Grenoble pour le sud de la France, puis voyage en Espagne et au Maghreb. En 1862, il s'installe définitivement à Grenoble où il exerce le métier de photographe.
Victor Cassien, 1808-1893_Paysage du Dauphiné_vers 1840_Lithographie

Gustave Doré, 1832-1883_A francs étriers-scène cosaque_1859_Lithographie_Don de Emile Guimet en 1908

La salle 14 est consacrée à Henri Fantin Latour.
Henri Fantin-Latour (1836–1904) est un peintre et lithographe français, reconnu pour la finesse de ses natures mortes, ses portraits de groupe et ses œuvres allégoriques inspirées par la musique. Bien que contemporain des impressionnistes et ami de certains d’entre eux, il est resté attaché à une approche plus traditionnelle de la peinture.
Né à Grenoble, il a toujours eu un lien particulier avec sa ville. Il a offert de son vivant de nombreuses oeuvres au musée. Après sa mort sa femme, Victoria Debourg a légué des estampes et des milliers de photographies de modèles collectionnées par son mari.

Près de l'artiste une pierre lithographique est posée sur un chevalet. Elle a été réalisée pour l'ouvrage d'Hector Berlioz : sa vie et ses oeuvres.
Henri Fantin Latour dans son atelier, 1904_Photographie Paul Cardon_Musée Carnavalet, Paris

Henri Fantin Latour, 1936-1904_L'anniversaire_Lithographie rehaussée de crayon lithographique, de craie, de gouache, travaillée au grattoir sur papier vélin plaqué sur papier vélin beige_Don de Victoria Fantin Latour en 1904

La scène devant un tombeau de marbre inspiré de l'architecture classique, sur lequel sont gravés la date et le nom de naissance de Berlioz. Les figures représentées représentent des personnages issus des oeuvres musicales du compositeur.
Henri Fantin Latour, 1936-1904_L'anniversaire_1876_Huile sur toile_Achat en 1900 avec la participation de la Société des Amis des Arts de Grenoble

Henri Fantin Latour, 1936-1904_Autoportrait à l'âge de 17 ans_1892_Lithographie_Don de Fantin Latour en 1899


Cette exposition offre une immersion captivante dans l'univers méconnu de l'estampe, révélant 150 œuvres rarement, voire jamais, exposées au public.

Cette sélection, est le fruit d'un chantier de redécouverte initié en 2020.

Elle met en lumière la richesse de l’art graphiques du musée, qui possède plus de 
10 000 estampes, dont l'inventaire n’est pas terminé.

Le parcours traverse quatre siècles de création, du XVIe au XIXe siècle, et présente des œuvres de maîtres comme Albrecht Dürer, Jacques Callot et Henri Fantin-Latour, aux côtés d'artistes moins connus mais tout aussi talentueux.

Les estampes exposées illustrent la diversité de thèmes, scènes mythologiques, religieuses, historiques, paysages et portraits et permettent de découvrir les différentes techniques de gravure utilisées au fil des siècles.

« Chefs-d'œuvre inconnus de Dürer à Fantin-Latour » permet d’explorer et découvrir un volet souvent négligé de l'histoire de l'art en révélant la richesse et la diversité de l'estampe européenne.


Texte Paulette Gleyze

Photos Gérard et Paulette Gleyze
















1 commentaire:

  1. Je n'ose même pas imaginer le temps de réalisation de ce blog!des techniques, de artistes et des commanditaires...

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