jeudi 5 avril 2018

Exposition H de Toulouse-Lautrec à la Belle Epoque-French cancan à la Fondation gianadda à Martigny-Suisse


Ce mercredi 28 mars 2018, A et M T organisent via l'UIAD, une sortie à Martigny à la Fondation Gianadda pour voir l'exposition Toulouse-Lautrec à la Belle Epoque-French Cancan. Cette exposition se tient du 01/12/2017 au 10/06/2018.
Nous passons par Chamonix et cela nous permet d'apprécier de magnifiques paysages.

Quatre heures de voyage en car et nous voilà arrivés à la Fondation.

Henri de Toulouse-Lautrec est un peintre, dessinateur, lithographe, affichiste et illustrateur français, né en 1864 à Albi et mort en 1901 à l'âge de 36 ans, au château Malromé, à Saint-André-du-Bois.
H de Toulouse-Lautrec à 13 ans

Il va grandir au château du Bosc, demeure de ses grands parents maternels. Ses parents se sont séparés alors qu'il était très jeune, il reste avec sa mère.
Il va dès l'âge de 10 ans avoir de fortes fièvres, des douleurs, des migraines. En fait il a une maladie due à la consanguinité de ses parents (ils étaient cousins germains), qui empêche la croissance de ses os, qui sont fragiles.
A l'âge de 14 ans il tombe de sa chaise et se casse le col du fémur; Il est alité de longs mois, il dessine beaucoup.
Sa mère s'installe avec lui à Paris où il suit des cures. Il est élève au lycée Condorcet, il échoue en 1881 au baccalauréat à Paris, mais il est reçu à Toulouse à la session d'octobre.
Après son bac il décide de devenir artiste. Soutenu par son oncle Charles et par René Princeteau, un ami de son père peintre animalier, il convainc sa mère.
autoportrait au journal_verso de l'affiche Divan japonais_1898_encre sur papier_collection fondation P Gianadda

De retour à Paris, il étudie la peinture auprès de René Princeteau, dans son atelier au 233, de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, puis en avril 1882 dans l'atelier de Léon Bonnat,
et en novembre 1882 dans celui de Fernand Cormon où il reste jusqu'en 1886.
Il y fréquente Van Gogh, Émile Bernard, Louis Anquetin...

En 1884, il ouvre un atelier à Montmartre au 19 bis, rue Fontaine, pas très loin de chez Degas qu'il admirait.
Montmartre est un creuset de l'art : Millet, les Impressionnistes, Picasso......
Toulouse-Lautrec fréquente les casinos, les cabarets, les cirques, les maisons-closes...il croque et dessine tout ce qu'il voit avec un regard sans jugement.

Avec la loi du 29 juillet 1881 qui consacre la « liberté de la Presse » et proclame le libre affichage, l’affiche connaît un large développement.
Jules Chéret, peintre et affichiste introduit et développe l’usage de la couleur dans la lithographie.
La première affiche « Moulin-Rouge, la Goulue » est un succès, ce qui va inciter Henri de Toulouse-Lautrec à créer des affiches et des lithographies.
Entre 1891 et 1900, il crée 31 affiches et près de 325 lithographies ce qui va développer sa notoriété.
Toulouse-Lautrec prend pour thèmes les scènes de café-concert, les scènes de théâtre, les acteurs et les actrices. Il a aussi des commandes de journaux.

L'exposition que nous voyons, couvre presque toute la période de sa production de lithographie de 1891, année de la première litho "Moulin Rouge-la Goulue" à 1899.
Elle est composée de lithographies et d'affiches qui appartiennent à une collection privée.

L'affiche Moulin Rouge-La Goulue met en scène Louise Weber dite la Goulue et Valentin le désossé.
Joseph Oller et Charles Zidler ouvrent le cabaret Le Moulin Rouge en 1889 mais celui-ci souffre de la concurrence du grand Casino.
En 1891, Zidler organise un concours d’affiches pour célébrer ses danseuses. Pierre Bonnard, Toulouse-Lautrec...participent à ce concours.
Toulouse-Lautrec était un habitué du Moulin-Rouge. C’était son cabaret préféré et il y allait presque tous les soirs pour dessiner, croquer sur le vif.
C'est son affiche qui remporte le concours, il montre la Goulue, Louise Weber, qui danse le chahut avec Étienne Renaudin, surnommé Valentin le désossé en raison de ses capacités de contorsionniste.
C'est presque une caricature, les couleurs sont posées en aplat, Toulouse-Lautrec utilise toujours la même technique, il fait un dessin préparatoire au fusain sur carton, puis il peint avec une peinture très diluée à l'essence qui donne un effet d'aquarelle.
Il invente aussi une technique en utilisant une brosse à dents pour donner plus de variété aux couleurs et casser l'unité des fonds : c’est la technique du soufflé ou du crachis.
La dernière étape est le passage sur les pierres lithographiques.
Cette affiche a été tirée à environ 3 000 exemplaires.
Moulin Rouge-La Goulue_1891_litho 4 couleurs

Au moulin Rouge_La Goulue et sa sœur_1892_ lithographie 6 couleurs

L'anglais au Mouln Rouge_1892_litho couleur sur vélin

La clownesque, Mademoiselle Cha U Kao apparaît de nombreuses fois dans l'oeuvre de Toulouse-Lautrec. Il est impressionné par cette femme qui a choisi un métier d'homme. Danseuse, contorsionniste, clownesque au Nouveau Cirque et au Moulin Rouge. Il la montre au repos après le spectacle, lasse le regard complice. L'immense collerette jaune tranche avec le noir du pantalon.
Elle choisit ce nom japonisant de Cha U Kao en référence à la danse du chahut, dans acrobatique dérivée du french cancan et kao en référence au chahut qu'elle suscitait lorsqu'elle rentrait en scène.
La clownesque assise_Mademoiselle Cha-U-Kao_1896_lithographie à 5 couleurs sur vélin

Henri de Toulouse-Lautrec remarque Yvette Guilbert en 1890 au "Divan japonais" mais ne fait sa rencontre qu’en 1892.
Elle est chanteuse, conteuse de textes plein d'audace.
Toulouse-Lautrec la représente Yvette Guilbert pour la première fois dans l’affiche qu’il réalise en 1893 à l’occasion de la réouverture du café-concert, le Divan Japonais.
Figurée la tête coupée par le haut de l’affiche, Yvette Guilbert est reconnaissable à sa seule silhouette et à ses mains gantées.
Divan Japonais_1892-1893_affiche litho 4 couleurs sur vélin

Dans les affiches qu'il fera d'elle par la suite, il met en avant sa silhouette longiligne et ses mains gantées.
En 1894, l'artiste lui propose un fusain qu'elle rejette avec ces mots : « (...) Mais pour l’amour du ciel, ne me faites pas si atrocement laide ! un peu moins… ! (...).
Elle avait surnommé Toulouse-Lautrec le quasimodo de l'art.
Yvette Guilbert saluant_1894_planche 16 de l'estampe originale_litho en vert olive sur vergé.

Aristide Bruant (1851-1925), écrivain, poète, chanteur a commencé sa carrière au "chat noir", puis il crée son propre cabaret "le Mirliton".
Théophile-Alexandre Steinlen (1959-1923)_tournée du chat noir_1896


Le soir de l'ouverture du Mirliton, il n'y a que trois clients et Bruant, dépité, se met à les invectiver. Ce sera sa manière d'accueillir ses clients ce qui va finir par faire sa renommée.

Les affiches qu'il commande à Toulouse-Lautrec vont réciproquement les rendre célèbres tous les deux.
Toulouse-Lautrec va le décliner en de nombreuses affiches.
Théâtre des Ambassadeurs_Aristide Bruant_1892_lithographie 5 couleurs sur vélin

Aristide Bruant à l'Eldorado_1892_lithographie 5 couleurs

A Bruant au Mirliton_1893_Affiche

A Bruant au cabaret_1893_Affiche

Albert Caudieux, né Ferdinand Célestin Caudieux (1850 -1917 ou 1918) est un artiste de la Belle Epoque qui a laissé peu de traces mais qui est passé à la postérité par l'affiche de Toulouse-Lautrec du cabaret la Scala. Affiche tout en mouvement, le noir est souligné par un trait vert (propre à Toulouse-Lautrec). Le jaune de la boutonnière renvoie aux lettres.
Caudieux_1893_affiche lithographie 3 couleurs

Joze Dobrski de Jastzebiec dit « Victor Joze », (1861 - 1933) ) est un écrivain et journaliste d'origine polonaise. Il contribue à La Revue indépendante, La Lanterne, Le Radical, Jean qui rit, Le Figaro, le Mercure de France, et est correspondant en Russie pour Le Temps et Le Courrier franco-russe.
Il est rédacteur en chef du journal Fin de Siècle (1893) et de L'Avenir républicain du Lot (1899).
Victor Joze demande à Toulouse-Lautrec une affiche pour lancer son roman "reine de joie". Le motif est repris pour la couverture du livre.

Le dessin est très stylisé, les couleurs sont en aplat et le noir souligné de vert.
Reine de joie_1892_lithographie 3 couleurs

 

Après "Reine de joie", Victor Joze écrit "Babylone d'Allemagne", un livre sur les mœurs berlinoises. Un risque d'incident diplomatique avec l'Allemagne empêche la sortie de l'affiche mais l'image servira de couverture au livre.
Babylone d'Allemagne_litho en vert olive sur vélin_1er état

Babylone d'Allemagne_1894_litho 5 couleurs sur vélin

C'est Henri de Toulouse-Lautrec qui a rendu Marcelle Lender (1861-1926) célèbre. C'était une chanteuse et actrice qu'il est allé voir 20 fois en représentation.
Affiches en lignes douces, en arabesques. Elles se rapprochent des estampes japonaises.
Mademoiselle Marcelle Lender debout_1895_lithographie sur vélin

Mademoiselle Marcelle Lender debout_1895_lithographie en vert olive sur vélin

Mademoiselle Marcelle Lender en buste_1895_lithographie 8 couleurs

Avec trois amies, Eglantine, Cléopatre et Gazelle, Jane Avril va s'aventurer en 1897à Londres. Elle demande à Toulouse-Lautrec de réaliser l'affiche de la troupe.
Il invente un nouveau style en dessinant une lithographie représentant les danseuses en enfilade, toutes lancées dans le même mouvement, mais dont chacune est un portrait bien distinct des autres.
La troupe de Mademoiselle Eglantine_1896_litho trois couleurs sur vélin

Chanteuse Irlandaise,May Belfort (née May Egan) débute dans les music-halls de Londres. Elle vient à Paris et fait sensation avec sa voix enfantine et un répertoire osé. Elle est vêtue avec des robes rouges ou pastel, amples, à manches bouffantes et avec un bonnet à fioritures., et a souvent un chat noir dans ses bras.
Elle chante au café-concert des Décadents. C'est Jane Avril qui lui fait rencontrer Toulouse-Lautrec en 1895 qui en sera très amoureux.
Elle chante quelque temps au Petit Casino, pour laquelle elle a commandé la célèbre affiche portant la robe rouge, puis se retire de la scène en raison de sa santé.
Miss May Belfort en cheveux_1895_litho en noir sur vélin

May Belfort_litho en vert olive sur vélin_épreuve d'essai

May belfort_1895_litho 5 couleurs sur vélin

May belfort_1895_litho 5 couleurs sur vélin

Miss May Belfort saluant_1895_litho sur vélin

May belfort_grande planche_1895_litho 2 couleurs sur vélin

Toulouse-Lautrec va également répondre à des commandes de journaux.
Cette affiche est commandée par le journal Le matin afin d'illustrer un roman feuilleton "au pied de l'échafaud", mémoires de l'abbé Faure, aumônier de la prison de la Roquette.
Au pied de l'échafaud_1893_Lithographie en couleur

Cette lithographie, "Le pendu" a été insérée dans une affiche pour le roman "Drames de Toulouse" d' A Siegel. Le motif représente l'affaire Calas.
Le pendu_1985_lithographie

Toulouse-Lautrec est passionné par le vélo malgré son infirmité qui l'empêche de le pratiquer. Il se lie d'amitié avec L B Spoke (alias Louis Bouglé) qui possède un petit magasin où il vend la chaîne Simpson. H de Toulouse-Lautrec en assure le lancement et représente, à l'arrière-plan, le père Simpson à gauche et Louis Bouglé à ses côtés.
La chaîne Simpson_1896_litho 3 couleurs sur vélin

Cycle Michaël_1896_litho en vert olive sur vélin

Toulouse-Lautrec avait été initié à l'équitation dès son plus jeune âge. Il s’intéresse à nouveau à l'équitation à la fin de sa vie. Il montre là, l'agilité des chevaux et l'habileté de leurs cavaliers. Montré par derrière, en mettant l'accent sur la silhouette, il capture la vitesse et la puissance de l'animal.

Il est impossible de montrer ici l'intégralité des affiches et des lithographies exposées.
Cette très belle exposition que l'on peut voir jusqu'au 10/06/2018 nous montre les affiches les plus spectaculaires d'Henri de Toulouse-Lautrec.
Pour faire suite à cette exposition, sont exposés des oeuvres de ses amis. Un prochain article leur sera dédié.

https://ballades-page3873.blogspot.com/2018/04/complement-de-lexposition-de-toulouse.html


Texte de Paulette Gleyze

Photos de Paulette et Gérard Gleyze

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